† Pioggia diluvio †

CHAPITRE I

Les temps sont éphémères, tout comme on est impuissant face aux jours qui défilent lentement, ne laissant derrière eux que du remord et des peines qui ne s'effacent pas. Aujourd'hui, je fête mon trente deuxième anniversaire, mais pour moi bien peu de choses ont changé. Depuis plus de dix ans déjà, je ne vis que pour le passé, rongé par de bien douloureux souvenirs qui restent sans cesse gravés dans mon esprit. Comme si je vivais un long rêve où on me forcerait à refaire toujours les mêmes erreurs. Xanxus… Est-ce que tu m'en veux encore ? Est-ce que tu m'en as déjà voulu ? Je le sais. Je sais que je t'ai déçu ce jour là, et cet autre jour aussi. Doucement, je me lève de ma chaise de bureau pour rejoindre mon lit et m'y installer. Je tends mon bras valide vers le tiroir de ma table de nuit et je l'ouvre pour en sortir un carnet assez épais. C'est un journal que Dino m'a offert à l'époque où nous étions ensemble à l'école de la Mafia. Je serre le livret contre moi, la main légèrement tremblante, avant de me redresser un instant en le posant à ma droite. De ma main active, je remonte la manche gauche de mon uniforme et défait le bandage autour de ma prothèse. Je retire la lame de son support pour la poser délicatement au pied du lit, pliant tant bien que mal d'une seule main le bandage pour le poser avec. Reprenant le journal contre mon torse, je m'allonge sur le matelas et ferme les yeux, laissant une vague de nostalgie me submerger. Te souviens tu, toi aussi, Xanxus ? Depuis tout ce temps, mon visage est resté froid, ne laissant personne apercevoir ce que j'ai à l'intérieur de moi. Et ce soir je suis là, seul dans ma chambre, à espérer que quelque chose finira par changer. Ouvrant juste un œil pour atteindre l'interrupteur, j'éteins la lumière. La lune transperce la fenêtre d'un large faisceau blanchâtre, offrant presque autant d'éclairage que le soleil. Au moins, c'est suffisant pour lire. J'ouvre le second œil et, hésitant, je dénoue le petit nœud du ruban en tissu qui sert à fermer le carnet. J'écarte la couverture et observe la première page que j'ai devant les yeux. Lentement, minutieusement, comme si je découvrais une chose qui n'est pas mienne, je parcours les lignes écrites de ma plume. Tout commence il y a exactement seize ans…

• Mars 2005

Il y une semaine que mon anniversaire est passé, et j'ai reçu comme cadeau de la part de mon meilleur ami ce journal. Je l'ai frappé quand il me l'a donné avec son grand sourire idiot, parce que je trouvais ça vraiment stupide. Mais je l'ai quand même gardé et j'ai hésité tout ce temps avant de l'entamer. En réalité, je ne sais même pas pourquoi j'écris là dedans, parce que c'est vraiment un truc pitoyable. Le jour de mes seize ans, Bronco à insisté pour que je le suive dans un coin de la forêt afin de pique-niquer tranquillement. J'ai fini par céder parce que sinon j'aurais eu à supporter ses implorations trop longtemps, et il aurait fini dans le mur. Ou alors je l'aurais poussé du haut de notre refuge, le toit, comme je le fais souvent lorsqu'il m'exaspère trop. Le pire, c'est que ça à commencé tout bêtement cette affaire de le jeter du toit. J'ai juste voulu voir une fois ce que ça faisait, et puis c'est devenu une habitude quand j'ai la flemme de gueuler. Il faisait trop chaud en plus, enfin jusqu'à ce qu'on s'installe et qu'on commence à manger. D'ailleurs, il cuisine vraiment pas mal quand il veut, Bronco ! La pluie à commencé à tomber un peu après le dessert, et il s'est affolé dans tous les sens en piaillant qu'on allait être trempés. Je me suis bien foutu de sa gueule et j'ai même réussi à le faire bouder. Mais il a vite retrouvé sa bonne humeur. Ce jour là, il s'est passé quelque chose de vraiment étrange. Alors qu'on parlait de tout et de rien, qu'il se confiait à moi (l'inverse n'arrivant jamais), il s'est approché et il m'a embrassé. Bronco m'a embrassé ! Alors que c'est un garçon et moi aussi... Après ça, il m'a juste dit "C'est en toute amitié". Mais je ne connais personne qui ferait ça à un ami. Même à son meilleur ami. Le pire, c'est que ça m'a tellement surpris que je n'ai pas pu le repousser tout de suite. Ça m'a fait vraiment bizarre. Mais je ne lui en ai pas voulu, et j'ai continué à faire comme si de rien était. Lui aussi d'ailleurs, même si son sourire avec quelque chose de triste. Je n'ai jamais vraiment compris ce qui est arrivé ce jour là. Je pense que je n'ai pas vraiment cherché non plus. C'est le genre de chose dont je me fous complètement au final. Mais notre relation n'a pas changé, et j'étais toujours prêt à l'entraîner pour faire les quatre cent coups. On en a fait des belles, pendant nos études ! Et ça va continuer encore longtemps je pense. Bon, c'est vrai que la plus part du temps c'est moi qui fait les conneries. Ca me rappelle la fois où je lui ai attaché ses lacets ensembles pendant les cours. La gamelle qu'il s'est prit en se levant ! Moi en tout cas, je me suis bien marré. Et puis lui aussi au final.

• Avril 2005

En fait, je n'écrirais qu'une seule fois par mois dans ce stupide carnet. De toute façon, j'ai d'autres choses à faire, et puis je ne suis pas une fillette ! A vrai dire, il n'y aura pas grand chose à écrire cette fois-ci parce qu'il n'y a rien eu de trop inhabituel ou marquant. J'ai parfois séché les cours quand je trouvais ça vraiment chiant, et j'ai sauvé Bronco de quelques embrouilles avec d'autres élèves. Juste le fait de me voir arriver, et ils déguerpissent. Et puis après j'ai le droit à la mine pitoyable du blond pendant quelques heures avant qu'il ne retrouve son sourire. Mais j'ai l'habitude, et même si je n'aime pas que la routine s'installe, ce genre de chose fini par m'amuser un peu au fond. Parmi les choses les plus marquantes que je lui ai fait subir ce mois-ci, j'ai retenu le coup que je lui ai fait pendant le repas en mettant de l'aphrodisiaque dans son sandwich. En plus, on avait sport après, et je me suis foutu de lui pendant plus d'une heure parce qu'il n'arrivait pas à tenir en équilibre sur une poutre, et qu'il a mit une demi-heure avant d'y monter.

• Mai 2005

Il me semble que beaucoup de choses commencent à se tramer un peu partout. En effet, au milieu du mois, j'ai reçu la seconde demande de la Varia pour intégrer leur unité d'élite. J'ai hésité à en parler à Bronco mais au final c'est lui qui m'a encouragé à accepter cette requête. J'étais désormais promis au post de boss à la condition que je voulais me battre avec un certain épéiste. Tyr. Et après ma victoire époustouflante sur cet homme, j'étais l'objet convoité de toutes sortes d'organisations. Et derrière tout ça j'ai un meilleur ami qui me soutient. Je me suis mis à redoubler d'intensité dans mon entraînement, et au final, on ne me voit presque plus en cours. Mais je m'en fiche, je n'ai plus rien à y faire. J'ai suffisamment bien étudié pour me permettre d'arrêter là ma scolarité à l'école de la Mafia. Mais je vais quand même attendre la fin de cours qui est proche avant de lever l'ancre. Cette victoire que j'ai remporté sur l'empereur de l'épée a été jouissive pour moi. Trois jours éperdus de lutte et d'acharnement, et au final j'ai réussi à tuer cet homme et par la même occasion à le détrôner. Alors maintenant c'est moi, le nouvel empereur du sabre. A l'école, les autres ont peur de moi, et ils me respectent encore plus. Mais je m'en fiche, cette victoire vaudra toutes les autres. Le meilleur des meilleurs. L'élite des manieurs d'épée qui me valait l'admiration de beaucoup de gens, et surtout de mon meilleur ami. Mais pour parvenir à achever mon style de combat et comprendre celles de mon adversaire, j'ai du me séparer d'un membre. J'ai moi-même coupé mon bras gauche. J'ai eu vraiment mal, mais la douleur que j'ai ressenti a été très vite terrassée par une sensation d'extase. Oui, d'extase.

• Juin 2005

C'était la fin des cours, et une cérémonie a été organisée pour fêter l'arriver de certains mafieux dans le "monde des adultes". Beaucoup de gens y étaient convié, et avec Bronco, on a fini par être séparé et à se chercher pendant plusieurs heures. Au final, on a tous les deux abandonné, et puis de toute façon nous étions chacun occupés. J'étais souvent arrêté par de grand mafieux pour discuter de mon avenir dans la Varia, et pour féliciter le chemin que j'avais parcourut. Et ce jour là, j'ai rencontré un garçon âgé de deux ans de plus qui a changé ma vie. J'ai juste croisé son regard, et j'ai su que je ne pourrais pas le battre. Il m'inspirait presque de la crainte, mais de la crainte admirative. Dès le premier coup d'oeil j'avais cerné en lui beaucoup de choses. De la haine, de la puissance, du dégoût. Je me suis renseigné sur ce jeune homme, et on m'apprit qu'il se nommait "Xanxus". On me raconta toute son histoire, et mon admiration grandit encore pour lui. Quelques jours plus tard, j'ai pu le croiser à nouveau, mais cette fois-ci nous avons pu parler. Je me rappellerais toujours de notre premier échange.

/FLASHBACK/

« Oé.. déchet.

- VOI ! T'es quoi pour me dire ça ?

- Je vais détruire les Vongola.

- Et tu crois que tu vas y arriver seul, c'est ça ? Voi..

- Non. C'est pour ça que j'ai besoin de ton aide.

- Hé ? Tu veux que je conduise la Varia contre les Vongola ?

- C'est bien toi le futur boss, non ?

- Voi ! Bien sûr !

- Alors, veux tu me suivre ? »

/FLASHBACK END/

A partir de ce moment là, j'ai décidé de lui laisser ma place de boss au sein de l'unité d'élite d'assassin, et de le suivre tout le reste de ma vie. Il a réussi à recruter quatre autres membres, et nous avons commencé le plan pour mettre à terre le QG des Vongola. Nous allions prendre le dessus. Nous allions monter le coup d'état le plus grandiose !

/FLASHBACK/

« Vooooiii ! Xanxus ! Je te le promets ! Je ne couperais pas mes cheveux avant que ton plan ne soit réalisé !

- Ouai

- Tu devrais le promettre aussi. Ne coupe pas tes cheveux.

- Hm. Tellement stupide. Tu pensais pouvoir m'être utile avec ce bras que l'Empereur du Sabre a rendu inutile ?

-Vooii.. Ne te méprends pas. J'ai abandonné cette main pour comprendre les techniques de l'Empereur du Sabre à qui il manquait cette main. C'est la force de ma résolution pour t'accompagner. Contente toi de regarder, Monsieur l'Héritier. Un jour tu seras reconnaissant de m'avoir choisit comme allié. »

/FLASHBACK END/

Je n'ai pas voulu en parler à Bronco. Il ne devait pas savoir. Je devais le protéger de tout ça et en aucun cas le mêler à cette affaire. Par la suite, j'ai revu Xanxus plusieurs fois pour mettre au point notre plan. Ma vie était en train de prendre un tournant irréversible. Un tournant effrayant. Vais-je le regretter ? Aurais-je... peur ?

• Juillet 2005

La machine est lancée. Il ne reste que trois jours avant le coup d'état. La tension est palpable, et pour la première fois de ma vie j'ai un peu peur à l'idée d'une bataille. Mais Xanxus compte sur moi, et en aucun cas je ne voudrais le décevoir. En revanche, cette nouvelle vie me vaudra le pire des sacrifices. Je ne voulais pas que Bronco me suive, je ne voulais pas qu'il lui arrive quelque chose. Je ne voulais pas risquer de le perdre, même si d'une manière indirecte c'est ce que j'allais faire. J'ai regardé des photos de nous deux, et j'ai senti ma gorge se nouer. Ce que j'allais faire serait la chose qui tournerais définitivement la page de mon existence vers mon nouveau futur. Alors je me suis rendu sur le toit, comme tous les jours. Il était déjà là bas, et il m'attendait avec un petit air amusé mais un deuxième côté de son sourire était indéchiffrable. Je ne me suis pas assit à côté de lui. Je suis resté debout, à quelques mètres à peine. Est-ce que je tremblais ? C'est fort possible. Tout s'est passé très vite ensuite.

/FLASHBACK/

« Tu ne viens pas t'asseoir ?

- Non. Non et je ne viendrais jamais plus m'asseoir.

- P-Pourquoi ? Quelque chose ne va pas ? Tu peux me parler tu sais, même si tu ne le fais jamais..

- V-Voi ! Urusai ! Je veux plus te voir ! Je me suis assez servit de toi, maintenant tu n'es plus utile pour moi !

- Squalo.. tu... non ! Je ne te crois pas !

- VOI ! Je te dis que tu n'étais qu'un simple jouet et rien de plus !

- Squalo...

- Je ne veux plus jamais te voir ! J'en ai fini avec toi, alors ne me cause pas d'ennuis s'il te plait. »

/FLASHBACK END/

J'ai croisé son regard et j'ai senti mon âme se serrer à en disparaître. Il était mon seul ami. La seule personne que j'avais jamais aimé jusqu'à présent. Mon meilleur ami. Mais aussi la personne à qui je venais de briser l'âme. Je m'en voulais de faire ça, je me haïssait d'avoir agit de la sorte. Cette promesse à Xanxus, cet évènement, tout est vraiment arrivé trop vite. Et voilà que j'avais détruit la seule personne qui m'avais encouragé et suivit partout. La personne qui m'avait donné une certaine joie de vivre et un quotidien qui me plaisait peut être au final. Mais j'avais maintenant choisi la voie du mal, la voie où l'on ne s'attache pas. Alors j'ai ravalé mes sanglot, par fierté, mais aussi pour ne pas le laisser croire que je lui mentais. Les larmes coulaient sur son visage, mais il me souriait. Un sourire qui disait beaucoup de chose. Un sourire triste et déçu, plein de remords. Un sourire qui ressemblait un peu à celui du jour où il l'avait embrassé. Et quelque chose me disait qu'il savait quelque chose, une part de la vérité. Comme si il l'avait deviné. Comme si il se doutait.

Puis le jour J arriva enfin. La tension était là, mais nous étions prêt. Alors la bataille commença. Tout se déroula comme prévu, nous pûmes entrer sans problème dans la base. Ils barricadèrent les entrées, s'enfermant ainsi avec nous, leurs bourreaux, puisque nous étions déjà à l'intérieur. La mission s'effila comme elle le devait, et je me suis ensuite retrouvé avec Xanxus au sous-sol, là où le Neuvième se trouvait. Etant déjà un peu blessé, je n'ai pu résister bien longtemps au Nono et je me retrouvais vite au sol, inconscient. Ou presque. Parce qu'en réalité, même si je n'avais plus la force de bouger, je pouvais encore entendre. Et là j'ai appris la vérité sur son histoire. Son père adoptif, le fait qu'il aurai dû être le boss des Vongola mais que n'étant pas de même sang il ne pourrait jamais. Et à cet instant là, j'ai su que j'avais fait le bon choix en le suivant. Mais il se passa quelque chose qui alla contre toute attente. Xanxus aurait dû gagner. Il avait bien plus de force que ce vieux débris. Sauf que le Nono possédait une technique qui eut le dessus sur Xanxus. Et moi, à demi inconscient, je n'ai rien pu faire pour le sauver. Je n'ai pas eu la force d'aller l'aider. Aucun muscle ne réagissait. J'aurais même voulu hurler, mais c'était impossible. J'étais condamné à assister à la scène, impuissant. Lorsque Xanxus se retrouva complètement emprisonné dans la glace, j'ai senti les larmes rouler sur mes joues dans de longs traits fins. Puis j'ai perdu connaissance, emporté malgré moi par le remord. A cet instant précis, l'étau de métal qui menaçait mon coeur s'est refermé brutalement, enfermant pour l'éternité mon âme et mes sentiments. Je ne pouvais plus exister. Je n'avais plus le droit de vivre normalement après ça. Je ne le méritais pas, je n'étais pas à la hauteur. Je me haïssais.

• Octobre 2010

Je n'avais plus touché à ce carnet depuis l'affaire du berceau. A quoi bon ? Mais si j'ai pris la peine d'ouvrir de nouveau ces pages, c'est parce que quelque chose à brisé les longues années de mutisme et de remords destructeur qui s'étaient installées après cet l'évènement tragique. Moi et les quatre autres avions retrouvé Xanxus, et nous l'avions libéré de sa prison de glace. Je ne sais pas si ce fut la douleur ou l'attachement qui prit le dessus quand il revint enfin à la vie. Mes cheveux avaient bien poussé depuis le temps, c'était peut être la seule chose que j'avais entretenu tout ce temps. Symbole de ma promesse. Alors jamais je ne les couperais. Lorsque nous avons pu nous retrouver seul à seul, il m'a montré qu'il l'avait remarqué. Il a juste passé lentement sa main dans la volute argenté. Son air était indéchiffrable à cet instant. Mais c'est le genre de choses que je n'oublierais pas, ces choses qui tout comme le sourire de Bronco qui restent gravées dans mon esprit.

• Frévrier 2011

Xanxus n'a pas perdu l'esprit. Poussé par la rage, il veut se venger. Se venger auprès des Vongola. Se venger auprès de son père adoptif. Et pour cela il a décidé de récupérer à tout prix sa place de boss menacée par un certain Tsunayoshi. Alors il a tout mis au point pour qu'un combat ai lieu entre chaque gardien désigné. En tant que bras droit, je me devais de ne pas le décevoir une seconde fois. Nous sommes parti à Namimori, laissant au QG Italien un sosie du Nono. Xanxus avait eu la malicieuse idée de cacher le véritable corps de ce dernier dans le Gola Mosca qu'il avait pu obtenir. Des duels sans merci ont alors débuté, arbitrés par les Cervellos. Je ne les aimes pas, ces femmes là. Elles avaient beau être dans nos rangs cette fois-ci, elles dégagent quelque chose d'antipathique. Là bas, à Namomori, il y avait Bronco. A vrai dire, j'avais fini par fermer mon esprit suffisamment fort et suffisamment longtemps pour ne pas souffrir de le revoir. Mon adversaire était un gamin sabreur que j'avais mis à terre avec facilité deux semaine plus tôt, lorsque je suis parti récupérer les bagues qui étaient en fait des fausses. Seulement, une fois que je l'ai revu, j'ai compris dans son regard que quelque chose était différent. Mais cela ne fit qu'augmenter mon envie de me battre contre lui. Le combat promettait d'être remarquable. Juste avant que le conflit de la pluie débute, Xanxus m'a simplement dit quelque chose qui, avec l'intonation de sa voix en plus, me fit comprendre qu'il n'avait absolument pas confiance en moi pour cette bataille, et qu'il ne serait pas surpris de me voir perdre. Une ancienne plaie commença alors à se rouvrir doucement. Le combat eu lieu, et au moment décisif pour mon adversaire, je perdis la bague. J'avais bien sur la force de continuer et de récupérer la bague, mais ma fierté venait d'être salit rien qu'en la perdant. Je ne voulais pas être mauvais joueur comme Belphegor avait pu le faire. Je n'ai pas vu le visage de Xanxus à ce moment là, mais juste l'imaginer fit couler un flot de douleur de ma plaie de remords. Alors je me suis dit que c'était le moment ou jamais de mettre fin à l'existence non méritée et détestable que je menais. Sous les yeux de tout le monde, je me suis laisser engloutir par le requin qui avait était lâché dans l'Aquarion. Le requin, cette créature qui me ressemble maintenant en tout points. Agressif, tueur, sauvage, sans pitié. Tout aurait dû être fini par la gueule de cette créature. Seulement, c'était sans compter les hommes de Bronco qui étaient prêts à intervenir pour sauver la vie du jeune sabreur. Mais ce fut la mienne qui fut épargnée. Je me suis réveillé dans un petit hôpital dont l'étage avait été réservé par Dino. Lorsque je pouvais enfin parler, il me demanda de lui raconter ce qui s'était réellement passé. Toute la vérité depuis le début. Depuis le début de ma fin. Depuis cette événement il y a des années, cette rencontre avec un homme que j'ai juré de suivre. Je me suis tut. Je n'avais plus rien à dire. Ce qui était fait était fait, alors à quoi bon revenir sur ce traître passé ? Seulement, lorsqu'on m'amena devant le combat de Xanxus et du dénommé Tsunayoshi, le souvenir douloureux prit forme. La personne que j'avais juré de ne pas décevoir une seconde fois était sur le point de se faire envelopper dans la glace. Et cette fois encore, je n'avais pas pu le sauver. Je ne pouvais que sombrer d'avantage. Alors devant l'intensité de la vision que j'avais devant moi, j'ai dit à Xanxus devant tous les autres ce que je savais.

/FLASHBACK/

« Xanxus, je sais.

- Tu es vivant, déchet de requin. Tu sais ? Qu'est-ce que tu sais à propos de moi ? Ne me parle pas comme si tu comprenais !

- Non, je sais ! Je sais !

- La ferme.. Vas-y dis moi ! Dis-moi ce que tu sais sur moi ?

- …

- Quoi ? Tu ne peux pas le me le dire ?

- ..Ce jour, où tu as été gelé par le neuvième, j'étais encore conscient… »

/FLASHBACK END/

• Avril 2011

Il nous aura fallu deux mois pour nous remettre et nous reconstruire du conflit des bagues. Et maintenant nous ne pouvions que nous plier aux règles des Vongola. Et ainsi, la Varia redevint à part entière dans les Vongola. Xanxus et moi n'avions plus jamais retouché au sujet douloureux, et je pense que c'est mieux ainsi. Mais la douleur n'a fait qu'accroître la brûlure de mon âme. Pitoyable, n'est-ce pas ? Mais qu'est-ce que je pense vraiment de lui, hein ? Qu'est-ce que je ressens réellement à son égard au juste ?

• Mai 2011

La quotidien était bien instauré au sens de notre unité, et, enchaînant les missions, nous avions trouvé un équilibre intéressant. Mais il fallut que quelque chose d'autre arrive. La relation distante que Xanxus et moi entretenions connut une étrange issue. Un soir plutôt normal, nous n'étions tous les deux au Château parce que les autres étaient en mission. Je crois qu'aucun de nous n'a vraiment compris pourquoi est-ce que c'est arrivé. Mais nous avons connus une nuit passionnelle. Une nuit qui restera gravé sur la pierre qu'est mon cœur. Et après cette nuit que je ne détaillerais pas puisque aucun mot ne serait assez fort, plus rien n'est arrivé. Nous avons continué de nous croiser dans les couloirs, détournant simplement le regard dans les premiers jours, jusqu'à ce que je réalise que l'attachement que j'avais pour lui dépassait toutes les promesses et tous ce qui existe de vraiment fort sur cette terre.

• Août 2011

Les mois sont passés de la même manière, puis il a fallu que je fasse comprendre à cet homme que je ne pouvais pas taire plus longtemps mon désir pour lui. Etrangement, il ne m'a pas repoussé, et nos nuits ont commencées à être plus régulières. Plus fortes à chaque fois. Et même si il me fait mal, même si il n'est pas tendre, je prends plus de plaisir que pour n'importe quoi. Mais le rêve s'arrête souvent le matin, lorsqu'il dort encore et que je déguerpis de sa chambre pour ne pas avoir de problème avec lui comme c'est déjà arrivé. Il ne veut pas que je me réveille dans ses bras, il ne veut pas, le lendemain, avouer et assumer ce qui s'est passé. Alors il me repousse. Mais je m'en fiche, c'est comme ça que l'on vit maintenant, et ce sera comme ça jusqu'à ce qu'il décide de tout arrêter. Chose que je redoute vraiment de plus en plus.

Deux traits tièdes et humides traversent mes joues. Moi ? Le fier Superbi Squalo ? En train de pleurer ? L'Homme est faible, c'est de tout temps. A partir de quand les remords finissent par s'effacer, prenant avec eux la douleur de l'âme ? On dit que les blessures guérissent avec le temps, mais peut-être que certaines sont faites pour imprégner l'esprit à jamais. Mais je ne regrettes pas tout de la vie que j'ai mené, et même si en revanche je donnerais tout pour effacer mes erreurs, je suis persuadé que tout ce que j'ai vécu m'aura rapproché de lui d'une certaine manière. De lui tout entier. Pour tout dire, je connais maintenant chaque parcelle de son âme et de son corps, allant même jusqu'à le dessiner dans mon esprit en dormant. Lui aussi, il a couvert son cœur d'une cire noire, trop abîmé par son estime brisée et sa fierté rongée. Je referme le carnet en me jurant de continuer à me détester et à détester ceux qui lui ont barré la route, et je le range dans le tiroir que je referme correctement. Xanxus, est-ce que si je te disais tout tu saurais comprendre ? Je me lève du lit et quitte ma lourde veste que j'installe sur le dossier de la chaise que j'ai quitté il y a un moment. Sans faire trop de bruit, je quitte la pièce et marche dans le couloir pour rejoindre son bureau. J'ouvre discrètement la porte, rentre, et la referme de la même manière. À pas de velours, j vais jusqu'au meuble de travail, caressant sa chevelure brune posée sur une pile de dossiers. Je me penche sur son corps endormi et dépose un baiser au creux de son cou au teint hâlé. Du bout de doigts, j'effleure les cicatrices sur ses joues, lui provoquant un frisson qui dresse les poils sur toute sa peau. Sa bouche entrouverte d'où a coulé un très mince filet de salive se referme lentement, et se épaules se meuvent légèrement. Je contemple la scène qui s'offre à moi, ce visage presque doux lorsqu'il est avec Morphée. Qui a par moi a déjà pu capturer de telles émotions venant de lui ? Ce genre de moments est à mes yeux unique, magnifique. Je jette un rapide coup d'œil à la pendule qui trône dans un des coins de la pièce, puis je m'assois sur le bureau à côté de sa tête en décalant un tas de feuilles, passant tendrement ma main dans sa tignasse ébène. Je ferme les yeux pour inspirer d'ici son parfum enivrant, et sans vraiment m'en apercevoir, je m'assoupis dans cette position. Lorsque plus d'une demi heure plus tard je reprends mes esprits, deux yeux braise sont posés sur moi, silencieux. Une angoisse me sert le cœur je ne voudrais pas qu'il sache que je peux me montrer ainsi avec lui. Ma main est encore mêlée à ses cheveux et, les pommettes à peine rosées, je la retire pour la poser sur ma cuisse. Il se redresse sur son fauteuil, le regard toujours rivé sur moi. Il n'a pas dit un seul mot encore, et le silence devient pesant. Je fronce les sourcils lorsqu'une légère grimace vient déformer ses lèvres. Sans décrocher ses pupilles des miennes, il se lève et contourne le bureau pour aller jusqu'à la porte, finissant derrière moi en me tournant le dos pour attraper la poignée. Je l'entends presser l'objet vers le bas, puis je descends du bureau et sa voix glaciale vient rompre le silence.

« J'espère que t'as terminé ton travail, déchet. »

J'acquiesce brièvement, et sans un mot de plus il quitte les lieux. Je reste posé devant son bureau pendant plus de cinq minutes avec une mine aussi dépité qu'un chien qui reçoit sa raclée. Puis à mon tour je sors de la pièce. J'entends alors ses pas qui remontent les escaliers, et son ombre apparaît déjà sur le mur en face des marches. Sa silhouette se détache au fond du couloir, s'avançant dans ma direction –ou plutôt celle du bureau- avec assurance. Je frissonne lorsque son épaule droite frôle la mienne, savourant un instant le parfum subtil qu'il dégage. Me retournant légèrement sur son passage, je remarque une bouteille de bourbon dans sa main gauche. Tout en refermant avec force la porte de sa pièce de travail, il me jette froidement :

« Reste pas dans le passage, Kasusame. »

Je serre les poings et la mâchoire, mais je reste silencieux à ce que je considère comme une provocation. Sans un bruit, je retourne dans ma chambre. Je consulte le réveil sur la table de chevet et grimace de l'heure déjà bien avancée dans la nuit. Eclairé seulement par la lune, je m'avance à la fenêtre et appuie mon épaule contre l'encadrement. Je repense au journal et à tout ce que j'ai pu y lire. Non, vraiment, je n'avais rien oublié. Chacun des détails que j'y ai trouvé me paraissait récent de la veille. Ma mémoire était intacte, tout comme ce carnet, et elle s'éteindrait en même temps que moi. Je pose doucement ma tête contre un des carreaux vitrés et une goutte vient s'échouer de l'autre côté de la surface transparente. Bientôt, une autre vient la rejoindre, puis encore, et ainsi de suite jusqu'à ce que les sillons humides qui traversent le ciel sombre deviennent rapides et ré me décolle de la fenêtre pour pouvoir l'ouvrir et m'y pencher, visage vers dressé vers la nuit, la pluie tombant de plein fouet contre ma figure. Je tends mes mains pour recueillir l'eau fraîche qui s'écoule finement, et le vent finit par l'accompagner, la portant à mes cheveux. L'onde argentée que je garde par symbole de loyauté envers Xanxus se retrouve parsemée de petites perles humides et fragiles qui brillent légèrement sous la réverbération lune. Je ferme quelques instants les yeux pour apprécier les saveurs de la pluie et je recule d'un pas pour refermer la fenêtre. L'eau dégouline de mon visage et de mes cheveux, laissant à mes pieds une tâche humide sur le parquet vernis. Un frisson me fait tressaillir et je quitte ma chambre pour aller dans la salle de bain afin de me détendre. Avant cela, je fais un détour devant le bureau du boss pour tenter de savoir dans quel état il est avec tout l'alcool qu'il a dû avaler. Son poing percutant le bureau me fait sursauter légèrement, puis j'entends son doigt se poser sur la gâchette d'un de ses guns. Il crache une injure envers le neuvième et on ne sait qui d'autre, puis un léger déclic se faut entendre. La porte que je distançais d'à peine deux mètres se retrouve en cendre sous mon regard étonné quoi qu'habitué. Les yeux vermillon de Xanxus se posent sur moi alors qu'une grimace méprisante déforme son visage.

« T'es trempé déchet. Tu fous de l'eau partout. Où est-ce que t'as été traîner, Kasusame ?

- Voi ! Je n'ai pas bougé du château ! Après qui t'en as encore ? »

Il fixe quelques secondes un point imaginaire comme pour réfléchir, puis reporte ses yeux dans les miens pour poursuivre de sa voix rauque.

« La ferme. Vous me faites tous chier, tas de déchet.

- VOOOOI ! Ne me mets pas au même rang que tous les autres comme ça !

- La ferme j'ai dit, et arrête d'hurler ! »

En trois enjambées, il s'avance vers moi et me saisit les cheveux qu'il tire d'un coup sec vers le bas pour me cambrer vers l'avant, logeant brutalement son poing dans mes côtes. Je m'effondre à genoux en me tenant le ventre et en regardant le sol, mais il fait pression en sens inverse sur ma fierté argentée pour me forcer à le regarder. Quand il lâche enfin ma chevelure, son regard rouge sang toujours ancré dans mes yeux d'acier, je grimace et me relève à l'aide du mur.

« VOI ! Espèce d'enfoiré ! »

Un revolver se pose sur ma tempe et sa voix glaciale aurait dissuadé n'importe qui de lui résister.

« Retire tes mots, déchet.

- Je m'abaisserais jamais à ça ! »

J'entends qu'il déverrouille la sécurité de son arme. L'angoisse me saisit un instant l'intérieur de la poitrine, puis un léger sourire provocant parvient à glisser sur mes lèvres.

« Qu'est-ce que tu attends pour tirer ? »

Ses sourcils froncés se décrispent soudain légèrement, et sa bouche maintenant entrouverte à peine lui donne un air surpris et hésitant. Devant son manque de réaction et la lueur indescriptible de ses yeux, j'appuie doucement sur son poignet pour lui faire baisser son arme de mon crâne. Ce n'est que lorsque je m'éloigne légèrement qu'il se ressaisit et reprends son visage sévère. Je fais demi-tour vers la salle de bain où je voulais aller depuis tout à l'heure, lui tournant maintenant le dos. Un infime ricanement m'échappe, mais apparemment suffisamment fort pour atteindre ses tympans. Une détonation se fait entendre et je me retrouve au sol avec une douleur cuisante dans le mollet. Cet enfoiré vient de me tirer dans la jambe, puis il retourne dans son bureau avant de se souvenir qu'il a détruit la porte et d'aller dans sa chambre. Grimaçant et grognant, la mâchoire serrée, je me relève avec difficulté en prenant appuie d'une main sur le mur. Je boîte et gronde jusqu'à la salle de bain, y entrant et claquant le porte derrière moi. Trop préoccupé par ma jambe, je ne prends pas la peine de fermer à clef. Je déboutonne correctement ma chemise blanche que je fais glisser le long de mes épaules pour la voir finir sa course à mes pieds. Je déboucle la ceinture de mon pantalon et l'ouvre pour le baisser avec une lenteur infinie du côté de la plaie. Lorsque l'havit arrive enfin au sol, non sans grimacer, je vais m'asseoir sur le rebord de la grande baignoire. Je fais couler l'eau, et pendant ce temps je nettoie la plaie pour ne pas risquer une infection. Dans les placards il n'y a plus de désinfectant, alors j'attrape une bouteille d'alcool pur qui traîne au sol sans vraiment qu'on sache pourquoi elle est là. Je la vide sur la blessure, m'arrachant un grognement sourd. Lorsque le sang s'arrête de couler et que l'a douleur s'estompe un peu, je rentre dans le bai qui a fini de se remplir. J'ai choisit de l'eau tiède presque froide, comme toujours. Je m'allonge complètement, laissant le liquide envelopper tout mon corps jusqu'au nez. Du bout d'un doigt, je m'amuse à effleurer l'eau pour y dessiner des petites séries de cercles qui meurent aussitôt. Je frissonne doucement. Ce genre de frisson qui naît au cœur de la poitrine et qui saisit progressivement jusqu'aux jambes et à l'extrémité des phalanges. Je ferme les yeux, et doucement je me laisse bercer par la douceur de l'eau.