Donc voilà, simple petite réédition. Belette a vite repris son poste de bêta. Vous reconnaitrez son style. Elle nous a même ajouté des allusions à Sherlock Holmes ! Je n'y avait pas pensé ! Honte à moi !

Encore merci à Ololz ou Salarai (je ne sais plus comment t'appeler toi du coup XD). Grâce à lui, vous avez eu le chapitre 1 en avance !

Aller, je me tais !

Bonne lecture.


Nouvelle mission lunaire

Cher Harry,

Comment se passent tes vacances ? Je suppose qu'Estelle est à tes côtés. Profite bien de tes dernières heures de liberté, l'école reprend dans une quinzaine de jours seulement ! Aurais-je le plaisir de te compter parmi les nôtres, cette année ?

Bonne nouvelle qui devrait te faire accepter à coup sûr : Estelle, Jones et Liva seront eux aussi de la partie. Je viens de recevoir un message du ministère m'en informant. Inutile de t'en dire d'avantage de ce côté, ta charmante petite amie recevra bientôt tous les détails de sa mission.

Passe-lui le bonjour de ma part,

Amicalement

Albus D.

Assit au bureau de sa chambre d'hôtel, Harry, tout sourire, venait de découvrir le pli de son ami et non moins fameux directeur de Poudlard.

Le professeur, enjoué par ces nouvelles s'empressa d'attraper un bout de parchemin et une plume qui traînait dans un des tiroirs, avant de commencer sa rédaction.

Cher Albus,

Tout se passe à merveille ! Les vacances sont splendides. Nous avons de la chance, partout où nous sommes allés, le soleil était au rendez-vous.

Comme tu l'as très bien deviné, Estelle est avec moi, enfin, actuellement elle est dans la salle de bain depuis une bonne heure maintenant. Tu sais comment sont les femmes le matin… désespérantes !

Tu peux compter sur moi. Je serai au rendez-vous pour la réunion de prérentrée. Le 31 du mois courant, c'est bien cela ?

Je viens justement de réceptionner une lettre du ministère à l'intention d'Estelle. Sûrement ses instructions pour l'année à venir. La lettre est arrivée en même temps que la tienne. Estelle l'ouvrira en sortant de la salle de bain (si elle en sort un jour, je commence par en douter…).

En attendant de te revoir,

Harry G.

Satisfait, le voyageur temporel plia son parchemin, le glissa dans une enveloppe et déposa sa lettre sur le bureau, en évidence, en attendant de la descendre à la réception.

Son travail terminé, il se laissa choir sur le lit tandis que, dans l'autre pièce, l'eau de la douche coulait encore.

Ces vacances avaient été merveilleuses ! Peut-être bien les meilleurs qu'il n'ait eu de sa longue existence.

Accompagné de son auror de petite amie, il avait visité l'Egypte, l'île de Pâques, l'Amazonie, le Japon, l'Australie, l'Amérique…

Il lui avait montré les endroits les plus intéressants de chaque pays, l'emmenant dans les lieux les plus merveilleux, oubliés de tous. Il l'avait guidé sur les routes des cités perdues d'Amazonie. Bien qu'en ruines, on y discernait encore leur gloire d'entant. Alors qu'Estelle imaginait les lieux à leur apogée, Harry n'avait qu'à se plonger dans ses souvenirs.

Il l'avait menée aux pieds des grandes cascades où l'eau scintillante, dans un bruit effroyable, se fracassait sur des rochers de diamant.

Ensemble, ils avaient contemplé, perchés sur les sommets les plus inaccessibles de ce monde, des couchers de soleil aux couleurs pastels et des aurores boréales flamboyantes.

Là où nul homme n'avait encore mis les pieds, ils s'étaient arrêtés au détour d'un arbre, admirant, impressionnés, la nature dans toute sa splendeur.

Estelle apparut enfin, arrachant Harry à ses souvenirs.

La jeune auror s'était finalement décidée à sortir de la salle de bain.

Harry bondit du lit pour voler un baiser à sa chérie.

- Au fait, j'ai reçut une lettre d'Albus, il te passe le bonjour. Il voulait savoir si j'étais intéressé pour reprendre mon poste de professeur de défense pour cette année. J'ai accepté. Oh, et le majordome est venu apporter une autre lettre, à ton adresse, cette fois.

Ce disant, il lui tendit l'enveloppe à son nom.

La jeune auror l'ouvrit avec hâte, pressée de prendre connaissance de sa nouvelle mission. Elle la lut à haute voix.

Chère Miss Deirdre,

Le ministère a décidé de renouveler votre mission de l'année précédente. Vous êtes donc cette année encore assignée à la protection de l'école de sorcellerie et de magie Poudlard du cinq septembre 1971 au trois juillet 1972. Vous serez responsable de la sécurité et de la défense du château.

Vos collègues, Liva et Jones ont reçu la même mission que vous.

En outre, la protection du château se révélant être une tâche relativement calme, nous vous signalons que vous pourrez, si nécessaire, vous voir assigner d'autres missions en parallèle.

Nous vous souhaitons une agréable fin de vacances,

Cordialement,

La Direction du Ministère de la magie.

Estelle ne put retenir son cri de joie.

- Splendide ! hurla-t-elle en sautant de joie. Je ne pouvais pas rêver mieux. Je reviens vivre avec toi au château !

- Et si je n'en ai pas envie ? objecta Harry, malicieux.

- Jones n'est pas mal non plus dans son genre, contra-t-elle avec répartie, lui passant la langue en même temps.

Le professeur, en entendant la réponse de son amie, devint quelque peu inquiet. Il leva un sourcil, incertain.

- Pardon ? Tu me quitterais vraiment pour aller avec Jones ? demanda-t-il le plus sérieusement du monde, une pointe d'appréhension et de jalousie dans la voix.

- Mais non gros bêta ! lui avoua-t-elle en le poussant gentiment. Je rigolais ! Qu'est-ce que tu peux être susceptible toi alors, quand tu t'y mets !

Rassuré, Harry retrouva son sourire légendaire.

- Bon, très bien, c'est le dernier jour de vacances, si je comprends bien… Demain on retourne à Londres faire les achats pour la rentrée.

- Oui, fit Estelle quelque peu attristée. Il va aussi falloir que je passe dire bonjour à mes parents, un de ces jours…

- Oh, joie… déclara Harry, faussement joyeux, levant les bras au plafond. J'en profiterai pour aller m'acheter deux ou trois ingrédients... J'ai dans l'intention de me remettre à la potion, cela fait longtemps, j'ai dû perdre la main, depuis.

- N'essaye pas de te défiler, Harry ! le prévient l'auror. Mes parents veulent faire ta connaissance.

- Ah non, ce n'est pas vrai ! contre-attaqua Harry. Je déteste rencontrer les parents. J'ai ça en horreur. Je t'en prie, Estelle, ne me fait pas ça, par pitié.

- Allez, tu es un grand garçon, je suis sûre que tu pourras y survivre. Et puis, tu vas faire la connaissance de ma petite sœur et de mon grand frère.

- Ah, parce que tu as un grand frère en plus ? fit-il sarcastique. Je n'ai rien contre les petites sœurs, mais par contre, les grands frères…

Il fit semblant de frissonner.

- Allez, tu as connu pire, lui signala-t-elle. On dirait que tu vas rencontrer la mafia.

- Mais…

« Les grands frères sont pire que la mafia ! » pensa-t-il, mais n'osa pas le dire.

- Le sujet est clos ! le coupa-t-elle, peu envieuse de commencer un débat. Alors, qu'as-tu prévu pour aujourd'hui ? Notre dernier jour de vacances...

La voix d'Estelle mourut en disant à voix haute que c'était le dernier jour des vacances. Harry retrouva tout l'entrain qui l'avait animé jusqu'alors.

- Et bien, comme c'est le dernier jour, on va finir en beauté ! lui promit-il avec des yeux qui pétillaient de malice. Et puis, je te l'avais promis donc, aujourd'hui, je te propose… La lune !

Estelle le regarda un instant, se demandant s'il n'avait pas perdu la tête.

- Tu es sérieux ? demanda-t-elle prudente.

Avec un pareil à Harry, il fallait s'attendre à tout.

- On ne peut plus sérieux ! Attends-moi un moment, je descends à la réception envoyer ma réponse à Albus, je remonte aussi sec et je t'emporte pour un voyage dans les étoiles.

Alors que son petit ami s'emparait de sa lettre et disparaissait dans le couloir de l'hôtel, Estelle resta seule avec ses pensées.

Harry était vraiment l'homme le plus extraordinaire qu'elle n'eut jamais rencontré.

Durant deux mois de vacances en sa compagnie, elle avait vu plus de choses qu'en vingt-trois ans. Et quelles choses. Avant cela, elle n'aurait jamais pensé, ne serait-ce qu'un instant à l'existence de tels endroits.

Avec lui, tout ce qu'ils faisaient sortait de l'ordinaire.

Le jeune homme en lui-même était épatant. Toujours de bonne humeur et souriant, toujours le mot pour rire, il se liait d'amitié avec n'importe qui. En outre, il avait été son guide partout où ils étaient allés. Il semblait connaître toutes les langues, toutes les histoires de chaque pays et ce, dans les moindres détails. Un homme plein de ressources, en somme.

Estelle ne parlait même pas de son physique plus qu'avantageux, avec ses cheveux noirs de jais, sans cesse en bataille, ses yeux émeraude et son charmant sourire.

Lorsque Harry remonta, il embrassa fougueusement sa bien-aimée qui, pour profiter de la sensation éprouvée, ferma ses yeux agates.

Lorsqu'elle rouvrit ses prunelles, le paysage avait changé du tout au tout, troquant la chambre d'hôtel contre un paysage peu ordinaire.

Le sol était jonché de pierres et de roches grises. La poussière était partout maître des lieux, dans cette semi obscurité.

Lorsque Estelle leva les yeux vers le ciel aussi sombre que de l'encre, elle vit d'une part le soleil, au loin, et d'autre part, une planète bleue : la Terre. Et ce silence... Quel silence.

C'était un paysage lunaire. L'auror en eut le souffle coupé. Elle n'avait même pas remarqué le déplacement.

Bouche bée, elle se tourna vers Harry. Le jeune homme la regardait, tout sourire, visiblement heureux de son petit effet.

- Nous sommes…, commença-t-elle se croyant victime d'une mauvaise blague.

- Sur la Lune, oui, confirma-t-il. N'est-ce pas génial ?

- Je suis en short et débardeur sur la lune ? s'étonna-t-elle en se remémorant à temps qu'ils ne risquaient pas de croiser d'autres promeneurs.

C'est alors que quelque chose revient à l'esprit de la jeune femme. Elle porta ses mains à sa bouche.

- Mais… On peut respirer… Comment est ce possible, il n'y a pas d'air sur la Lune ?

- Et bien maintenant, il y en a ! répondit Harry, tout sourire, ravi du bon tour qu'il venait de lui jouer. En tout cas, t'en que nous sommes là, il y en aura.

L'auror le regarda sans comprendre. L'Elu consentit donc à s'expliquer :

- Je te l'avais déjà expliqué au début des vacances. J'ai généré une force, une sorte de champ magnétique capable de retenir les atomes emportés avec nous lors du transplanage, recréant ainsi une atmosphère vivable, similaire à celle de la Terre. De cette bulle qui nous entoure, rien ne peut en sortir, aucun atome, aucun gaz, aucun métal, aucun solide, pas le moindre petit électron… Regarde.

Pour illustrer ses propos, le Survivant ramassa à ses pieds une petite pierre lunaire. Il la lança au loin. A une dizaine de mètre d'eux environ, la pierre ricocha sur le champ magnétique qui, jusqu'alors, restait invisible, et se tinta légèrement de bleu lorsque la pierre le percuta. La vague colorée se propagea sur le bouclier, dans sa totalité, telle l'onde de la pierre déformant la surface de l'eau, avant de disparaître totalement, comme si elle n'avait jamais existé.

- Tu vois, rien ne peut en sortir, déclama-t-il comme un professeur expliquant un précepte scientifique à un auditoire d'élèves. Ce dôme d'oxygène nous suivra où que nous allions.

- On ne risque pas d'en manquer ? fit-elle suspicieuse.

- Justement, enchaîna Harry, prêt à tout démontrer pour lui prouver la sécurité du système. Pour renouveler l'air, j'ai créé un passage, une sorte de passerelle qui nous relie à la Terre. Régulièrement, des molécules de carbone passent par ce tunnel en direction de la Terre. En échange, l'atmosphère de notre bonne vieille planète nous renvoie ses molécules d'oxygène. De quoi respirer de tout notre soûl !

- Ingénieux, le complimenta Estelle, applaudissant des deux mains.

- J'ai mis pas mal de temps à mettre au point ce procédé, avoua-t-il tout de même. Le tout n'était pas de trouver l'idée, mais de l'appliquer à la réalité !

Il se remémora tous les essais infructueux qu'il avait réalisé avant de trouver le juste équilibre.

- Donc, ce dôme est totalement hermétique ? l'interrogea Estelle, moins suspicieuse, mais dans le but d'avoir plus de renseignements.

« On est jamais trop prudent, pensa-t-elle. Avec les hommes, les meilleurs projets les plus sûrs étaient voués à l'échec dès le premier bloc de glace ».

- Rien ne peut en sortir, je te le confirme ! En revanche, il est possible d'entrer. Je n'ai pas jugé nécessaire d'imperméabiliser le champ dans l'autre sens. Après tout, la nature déteste le vide. Le gaz présent dans cette bulle voudra s'en échapper pour remplir le vide extérieur. Ce n'est pas le vide qui risque de rentrer. Et je n'ai encore jamais rencontré de Sélénites !

- C'est quoi, les Sélénites ? demanda Estelle quelque peu inquiète.

- Les habitants de la Lune, pardi !

A ces mots, sa petite amie éclata de rire :

- Oui, bien sûr, les extra-terrestres !

Puis, remarquant le sérieux de son compagnon, elle fut prise d'un doute.

- Non… Arrête, ça n'existe pas, les extra-terrestres ?

- Et bien…, fit-il, feignant la gêne.

Ne pouvant se retenir d'avantage, Harry se laissa aller à son fou rire.

- Non, bien sûr que non ! explosa-t-il de rire, satisfait de ses petits talents de comédiens. Pas sur la Lune, en tous cas. Ni même dans notre système solaire, je peux te l'assurer. Mais l'univers est vaste, tu sais...

Etrangement, cette dernière remarque ne rassura pas vraiment l'auror.

- Mais dis-moi, tu as visité d'autres planètes ?

- Mars, c'est plutôt pas mal, commença-t-il plein d'entrain, en énumérant sur ses doigts. Quoi que, un peu froid, mais au moins là-bas, il y a de l'eau. Sinon pour Mercure et Vénus, il ne faudra pas oublier la crème solaire. Je n'ai pas encore tenté les exo planètes, on verra peut-être un peu plus tard.

L'Elu leva les yeux au ciel, contemplant un instant la Terre avant de s'exclamer.

- Bon, évitons de prendre racine ici et partons visiter, s'engagea-t-il en commençant à marcher. Si je ne me trompe pas, nous sommes en Mare Tranquillitatis, « la mer de tranquillité ». Comme je ne me trompe presque jamais, c'est bien ici que nous sommes (Voyant Estelle faire une grimace, il ajouta). Modestie est mon second prénom. Donc, c'est une petite mer, à peine 873 kilomètres de diamètre.

- Petite mer ? ricana Estelle en essayant de calculer le nombre de jours qu'il faudrait pour parcourir la distance à pied.

Harry fit un geste dans une autre direction et continua son travail de guide de la Lune :

- L'Oceanus Procellarum ou « océan des tempêtes » mesure prêt de 2568 kilomètres ! Alors oui, comparée à lui, la mer que nous traversons est petite.

- J'aime bien ces noms : océan des tempêtes, mer de tranquillité… Il y aura bientôt la mer des Humeurs, si on continue sur cette voie.

- Mare Humorum, elle existe ! exulta Harry, tout fier de déclamer son savoir. Elle est plus au nord-est de notre position actuelle. Il y a aussi la mer des Crises, la mer du Nectar, le lac des Songes, le lac du Temps… Et bien entendu mon préféré : les marées de la putréfaction…

- Charmant, commenta Estelle dégoûtée. Mais qu'est ce qui peut bien passer par la tête des scientifiques pour donner de tels noms ? Qu'ajoute-t-on dans leurs cafés matinaux ? De la cocaïne pas assez diluée ?

- Assez bavardé, pouffa Harry en posant sa main devant sa bouche. Je t'emmène voir quelque chose de beaucoup plus intéressant. Viens avec moi.

Prenant la main de sa compagne, il la guida au travers la mer lunaire, épaisse couche de régolite.

Ils n'eurent pas à marcher longtemps pour trouver ce qu'ils cherchaient.

- Je te présente mon ami, Ranger 8 ! fit Harry dans un geste théâtral. Une sonde spatiale américaine de la NASA. Elle a atterri sur le sol lunaire le vingt février 1965. C'était la première tentative de photographier la Lune de près. J'en ai retrouvé neuf comme elle, éparpillées un peu partout sur la surface de ce rochet.

Se faisant, il tapota de sa main le métal froid de la sonde.

L'engin présentait deux panneaux solaires de 73 sur 154 centimètres à sa base. Sa tour, haute de plus de trois mètres comportait plusieurs antennes et…

- Six caméras, s'exclama Estelle, après avoir terminé son étude de la sonde américaine. Impressionnant.

- Et encore, les rangers ne sont pas toutes seules ici, expliqua Harry, qui semblait tout savoir sur la Lune. Il y a aussi les sondes « Luna », des soviétiques, les « Surveyor », des américains, sans te parler de la jeep lunaire de la mission Apollo 15 et une multitude de modules en tout genre.

Les deux sorciers restèrent un instant près de la sonde. Estelle finissait de l'examiner, poussant quelques exclamations appréciatrices en découvrant la technologie moldue. Harry la regardait faire, souriant, l'éclairant sur certains points lorsqu'elle ne connaissait pas les instruments présents sur Ranger 8.

Lorsque l'examen toucha à sa fin, Estelle revint vers son ami.

- Où allons nous maintenant ?

Harry réfléchit quelques instants, scrutant l'horizon à la recherche d'une destination.

- Et si… Et si nous allions voir le premier pas de l'homme, moldu j'entend, sur la Lune ?

Recevant l'approbation de sa compagne, Harry lui attrapa le bras en s'exclamant :

- Dans ce cas, il nous faut aller plus au sud et six degrés ouest !

Il transplana donc, emportant Estelle avec lui et son dôme protecteur.

- Nous voilà à l'endroit exact où s'est posé, le vingt juillet 1969, le module lunaire de la mission Apollo 11. A son bord, le commandant Neil Armstrong et le pilote du LEM, Edwin Aldrin. Le vingt-et-un juillet 1969, à 2h56, ces deux astronautes sont devenus les premiers hommes à marcher sur la Lune.

- Quoique, fit Estelle en se retenant de rire. Tintin était passé avant eux... En 1950, lui !

- Si tu trouves ses pas, je te paie des chocolats, rigola Harry. Bon, trêve de plaisanterie. Tu imagines un peu ? Un moldu sur la Lune ?

De ses yeux agates, la jeune femme contempla le site, se remémorant les images retransmises ce jour sur toutes les télévisions du monde moldu.

- Le drapeau américain ! fit-elle, le pointant de son doigt.

- Précisément, conclu Harry en regardant dans la direction.

- Mais pourquoi est-il couché ? l'interrogea-t-elle. Il n'y a pas d'atmosphère sur la Lune, donc pas de vent !

- Il a était planté trop prêt du LEM. Le souffle du décollage… éluda l'Elu d'un geste vague de la main.

Estelle s'en approcha pour le redresser.

Harry, pendant ce temps, accroupit, les yeux rivés sur le sol poussiéreux, semblait chercher quelque chose.

- Ah ! Te voilà, toi ! s'exclama-t-il comme s'il avait retrouvé une vieille chaussette sous le lit. Viens voir, cria-t-il ensuite à l'adresse de l'auror.

- Qu'est-ce que tu as trouvé ?

- La premier de l'homme sur l'astre lunaire ! Rien de moins.

Intriguée, la jeune femme se pencha sur l'épaule de son ami.

A l'endroit indiqué, la poussière avait été dérangé, montrant le pas d'un astronaute en combinaison : un pas lourd, imprimé profondément dans le régolite, poussière terrienne irradiée par les rayons gamma du soleil.

« C'est magnifique », pensa-t-elle en admirant cette empreinte toute simple, mais qui voulait dire tant de chose pour les moldus.

- « C'est un petit pas pour l'homme, mais un bond géant pour l'Humanité », cita-t-elle de mémoire, imitant la voix d'un commentateur de l'époque, ce qui amusa Harry. Mais au fait, comment peux-tu être sur que ce soit le premier pas d'Armstrong ? J'ai vu d'autres empreintes aux alentours...

Harry lui montra le pas, contournant l'empreinte de son index pour mieux lui expliquer sa déduction.

- La pas est légèrement recouvert par la poussière lunaire, fit-il pour lui démontrer son raisonnement. Une poussière qui a été soulevée lors du décollage. Les autres pas sont marqués de manières plus nettes dans le sol, ils étaient donc plus éloignés du module lunaire.

« Sherlock Holmes lui-même n'aurait pas fait mieux », pensa-t-il avec amusement.

- Et pourquoi ne serait-ce pas celui d'Aldrin ? essaya-t-elle de le déstabiliser dans sa déduction. Il a sauté plus loin qu'Armstrong en descendant du module.

- En effet, approuva Harry, pas démonté, parce qu'il avait vérifié tous les faits. Le pas d'Edwin est ici.

Ce disant, il pointa un pas, une vingtaine de centimètres plus loin.

- « Les gens voient, mais n'observent pas », dit-il en guise de conclusion, citant Holmes lui-même.

- Bravo, fit Estelle, bluffée.

Les deux amis, main dans la main, marchèrent un peu, profitant de la gravité réduite pour faire quelques saltos, explorant un peu le paysage accidenté avec ses vallées et ses cratères.

Leur exploration dura une bonne heure, jusqu'à ce qu'Harry ne se stoppe, frappé d'une illumination.

- Qu'est ce que je peux être bête moi alors ! fit-il portant sa main à son front. Les américains de la mission Apollo 15 ont laissé leur jeep lunaire sur place. Il suffit de l'emprunter pour visiter. Si mes souvenirs sont bons…26° 4′ 48″ N, 3° 39′ 36″ E !

Attrapant une nouvelle fois le bras d'Estelle, il transplana, suivant les coordonnées citées plus haut.

Lorsque les deux sorciers se dématérialisèrent, ils se trouvèrent devant le fameux véhicule.

La Rover lunaire était un véhicule tout ce qu'il y avait de plus rudimentaire : deux sièges sur quatre roues. Chacune propulsée par les batteries électriques indépendantes. Plusieurs rangements pour les outils de maintenance et les échantillons récoltés. Le véhicule présentait toutefois deux antennes et deux caméras, un boîtier de télécommunication ainsi qu'un tableau de bord avec un ordinateur de navigation.

- C'est bien beau tout ça, commença Estelle, mais je suppose qu'il n'y a plus d'électricité pour le faire démarrer…

-Tu oublies que nous sommes des sorciers, s'amusa Harry. La magie alliée à la technologie moldu fait des merveilles. Par contre, cette jeep a un problème : le mécanisme d'orientation avant ne fonctionne pas. Un simple problème de contact, une soudure qui a dû céder. Je vais réparer ça.

Après quoi, Harry s'allongea sous le boîtier de commande de direction à l'avant de la Rover, à la recherche de la soudure déficiente.

Plusieurs fois, la jeune femme l'entendit grogner. Il déconnecta des fils pour en connecter d'autres, puis, ne trouvant pas satisfaction refit machine arrière.

Tandis que son petit ami continuait son bricolage, elle examina l'arrière, ressortant de leurs rangements quelques outils abandonnés lors de la dernière expédition.

Elle effectuait son inventaire lorsqu'un bruit, derrière elle, l'alerta.

Elle se retourna promptement, se demandant ce qui pouvait bien produire du bruit dans ce désert de poussière et roches.

Devant elle, aux côtés d'une Rover en tout point identique à la leur, deux astronautes en combinaison leur faisaient face, les tenant en joue avec leurs pistolets.

Tous deux portaient leur combinaison blanche et leurs casques noirs et brillants. Sur leurs poitrines avait été cousu un insigne représentant un aigle perché sur un blason aux couleurs de l'Amérique. Ils arboraient, au niveau de leurs épaules, le fameux « Stars and Strips ». Sur leur dos, leurs bouteilles à oxygène et autres électroniques de survie devaient peser lourd, même sur ce rocher à la pesanteur réduite.

Face aux deux armes pointées sur elle, Estelle leva ses mains au dessus de sa tête tout en interpellant son compagnon.

- Harry, tu aurais peut-être du imperméabiliser le dôme dans le sens des entrées...

Toujours allongé sous son boîtier de commande, le son de sa voix paru comme étouffée.

- Pourquoi est-ce que tu dis ça ? demanda-t-il tout en essayant de réparer cette fichue installation.

- On a de la visite.

En entendant ces mots, le Survivant se releva d'un bon, tel un ressort pour tomber nez à nez avec les deux astronautes américains.

Il resta coi un moment. La Lune n'était pourtant pas très habitée, bon sang ! Il avait fallu qu'ils s'y trouvent au même moment qu'eux. Comment leur expliquer leur présence en ces lieux, sans casques et bouteilles d'oxygène, en plus.

Malgré ce manque de chance évidente, Harry ne pu s'empêcher de sourire. La situation était tout de même risible, à bien y réfléchir.

Puis le doute s'empara de lui. Quelque chose clochait, mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Il avait l'horrible impression que quelque chose ne collait pas dans toute cette histoire, quelque chose de très important, mais impossible pour lui de se souvenir.

Rejetant sa mauvaise impression et faisant fi des armes pointées sur lui, le sorcier s'approcha des cosmonautes, souriant et chaleureux, pour aller à leur encontre.

- Vous pouvez retirer vos casques, il y a de l'air ici, leur dit-il en souriant, comme s'il allait leur vendre des aspirateurs.

Les deux hommes se jetèrent un regard, méfiants.

- Allez, comment voulez-vous que je vive s'il n'y avait pas d'air ? leur demanda-t-il, s'attendant à une part de bon sens.

L'argument sembla fonctionner car un des astronautes stoppa son arrivée d'air avant de retirer son masque. L'autre tenta de l'en empêcher mais il était trop tard.

Même s'il avait retiré son casque, l'homme resta en apnée un moment, se demandant si son interlocuteur ne mentait pas.

Puis, il prit son courage à deux mains et, gardant son casque à proximité, prêt à le remettre en cas de problème, expulsa l'air qui lui restait dans les poumons.

Il reprit son souffle sans problème et, se croyant victime d'une hallucination, retenta l'expérience.

Voyant que les étrangers n'avaient pas menti, le deuxième retira à son tour son casque.

- Vous voyez, fit Harry tout sourire.

- Qui êtes vous ? demanda le premier, les menaçant toujours de son arme.

- Peu importe qui nous sommes, fit-il en balayant la question d'un geste vague de la main. Nous sommes sans importance. Par contre, vous, vous êtes importants. D'abord vous, fit Harry enthousiaste en se tournant vers le premier à avoir retirer son casque. Vous êtes John Watts Young, pilote du module de commande de la mission Apollo 10, membre de l'équipage de réserve d'Apollo 13 et enfin, commandant de la mission Apollo 16, votre mission actuelle. Vous êtes le neuvième homme à fouler de vos pieds le sol lunaire !

Ledit Young regarda Harry, méfiant tandis que ce dernier se tournait vers son collègue.

- Et vous, vous êtes jeune, très jeune, le plus jeune homme à marcher sur la Lune. Votre nom est Charles Duke. Vous êtes le pilote du module lunaire. C'est merveilleux de vous rencontrer en chair et en os. Jamais je ne l'aurais imaginé. Ah, mais bien sûr, il en manque un : le troisième et non moins important homme de l'équipe. Le pilote du module de commande chargé de garder un œil sur vous depuis l'orbite de ce rocher : Thomas Kenneth Mattingly II.

- Mais qui êtes vous, bon sang ! fit le dénommé Charles Duke, mal à l'aise.

- Oh, des humains, si c'est ce que vous voulez savoir…

- C'est impossible ! explosa le plus jeune. Dites nous la vérité ! Quel humain irait sur la lune comme s'il partait en vacances ? Regardez vous, vous êtes en t-shirt et en short, sans aucune combinaison, aucune protection. C'est tout bonnement impossible. Et cet oxygène ? Il n'y a pas d'oxygène sur la lune.

Harry ne leur répondit pas, se contentant de les regarder avec un mélange d'admiration et de tristesse.

- Vous êtes bien des humains… Et en ces termes, je vous admire réellement, commença-t-il, la voix vibrante de passion. Je vous ai regardé grandir, évoluer, vous perfectionner, apprendre à maîtriser le feu, découvrir l'agriculture, l'écriture… et survivre ! Je vous ai regardé survivre, tandis qu'à côtés de vous, les espèces animales, mammouths, tigre à dents de sabre, s'éteignaient les unes après les autres. Même les espèces animales disparaissaient, remplacées par d'autres. Mais vous, malgré toutes ces années passées sur cette Terre, vous êtes encore et toujours là, bien vivant, merveilleusement vivant !

Tandis qu'il parlait, les deux cosmonautes le regardaient, les yeux ronds, ne sachant à quoi ils avaient à faire. S'ils avaient été sur Terre, ils auraient pensé à un fou. Mais sur la Lune ? Sans oxygène et sans protection ? Et par quels moyens y étaient-ils parvenus, en plus ?

- Oh que oui, vous avez survécu en toutes circonstances, poursuivit Harry, bien lancé sur le sujet qu'il avait observé tout au long de sa très longue vie. Et tout cela parce que vous avez su évoluer et pourtant… Quelque chose en vous a subsisté, quelque chose que vos ancêtres possédaient aussi en eux… Cette hostilité, cette envie de conquête. Car non, vous ne vous contentez pas de ce que la nature vous offre, vous voulez toujours la posséder ! Vous pourriez vous contenter de la regarder, de l'admirer sans y toucher, d'en profiter en la conservant… Mais il faut qu'elle soit vôtre. Depuis le fond des âges, vous êtes animés par un esprit de conquête. Attila, César, Charlemagne, Napoléon, Christophe Colomb… Tous ont massacrés des peuples seulement pour avoir le contrôle des territoires. Mais vous, maintenant... Vous partez explorer une nouvelle planète, vous pourriez vous contenter d'y faire un saut, de l'admirer, d'en profiter, d'y faire des relevés, des prélèvements…

- C'est ce que nous faisons, se défendit John.

Harry sourit tristement, hochant la tête de gauche à droite.

- Alors pourquoi avoir apporté des armes avec vous ? Pourquoi en menacer les personnes que vous rencontrez sur ce nouveau territoire encore vierge ? Certes vous ne savez pas qui nous sommes et entre nous, nous n'avons rien à faire ici. Deux humains tels que nous n'ont rien à y faire… Mais au lieu de discuter avec nous, de tenter de comprendre, votre premier geste fut de nous menacer… Un héritage de vos ancêtres… Une partie de vous qui n'a pas su évoluer comme le reste. Il subsiste en vous cette envie irrésistible de conquête, tout comme cette peur de l'inconnu qui vous pousse à agir de la sorte… Vous êtes des créatures fascinantes et je ne cesserais de vous admirer…

Sa tirade terminée, Harry resta à les observer en silence. Aucun n'osaient prendre la parole, réfléchissant encore au discours de l'étranger. Lentement, ils laissèrent retomber leur bras portant l'arme contre leur corps.

Les paroles de l'homme en t-shirt étaient on ne peut plus vraies et en quelque sorte, touchantes à leurs yeux. Ils ne pouvaient nier que leur interlocuteur avait juste.

Mais quelque chose clochait. Il disait les avoir regardé grandir. Comment était-ce possible ?

Estelle aussi se posait des questions. Tout comme les deux astronautes, elle se remettait en question.

Le grésillement d'un appareil de télécommunication s'éleva soudain dans l'air du dôme. Young porta sa main à son oreillette pour répondre à l'appel.

- Alors, commandant ? Comment ça ce passe là en bas ? Aucun problème ?

Mattingly, du haut de l'orbite lunaire avait dû s'inquiéter du silence prolongé de ses camarades.

Young réfléchit un instant puis jeta un regard entendu à Duke avant de répondre.

- Tout se passe très bien. Rien à signaler, tout est calme sur le sol lunaire ! Et vous ? En haut ? Aucun souci ?

- Aucun. On aura plus de carburant que prévu pour le voyage de retour. Ne vous éloignez pas trop du LEM, cela fait déjà un moment que vous êtes dehors, votre oxygène s'épuise.

- Ne craignez rien de ce côté. Terminé.

Duke d'un signe de tête approuva son commandant.

- Il vaut mieux rien dire de tout cela, on nous enverrait chez les fous !

- Mais quelque chose cloche, bon sang, j'en suis pourtant sûr ! déclara soudain Harry, faisant sursauter les autres. Quelque chose de primordial. J'ai l'horrible impression que notre rencontre n'aurait pas dû arriver. Mais pourquoi ?

- J'ai la réponse : vous n'êtes pas sensé être sur la Lune en t-shirt, élucida Duke. Donc oui, en effet quelque chose cloche.

- Non, non, c'est autre chose ! Nom de Zeus, jura-t-il. Je le sais pourtant, mais je n'arrive pas à m'en souvenir.

Le jeune sorcier, d'énervement se frappa le front pestant contre sa « fichu cervelle de moineau ». Il sembla réfléchir à toute vitesse, tentant de comprendre l'incompréhensible.

Puis, il se rapprocha de sa compagne avant de s'adresser aux deux américains.

- Monsieur Young, monsieur Duke, commença Harry. Il se fait tard, nous allons vous laisser à présent. Réfléchissez bien à mes paroles. Et surtout, remettez vos casques, termina-t-il, retrouvant toute sa bonne humeur malicieuse.

Avant qu'aucun des deux ne puissent protester, Harry attrapa le bras de son amie, puis, claquant des doigts, il disparut, emportant Estelle avec lui, sous les yeux médusés des astronautes qui s'empressèrent de refermer leur combinaison.


Voilà, le chapitre se termine ici ! Harry va faire sa rentrée, tout comme nous… Les vacances sont terminés, j'hésite entre pleurer et aller m'acheter une corde…

Toutes les infos concernant le LEM, les sondes, la rover, l'histoire du drapeau couché… sont authentiques. Si vous voulez plus de précisions, je vous donne ma source qui n'est autre que le site de la NASA, site en anglais, allergique de la langue de Shakespeare s'abstenir. http: . gov/ (sans les espaces).

En espérant que sa vous a plu,

Kiss

Skarine