Je viens tout juste de me mettre à la réécriture de cette histoire. Mon dieu, il était temps! (27/08/14)
Je pourrais commencer cette histoire en vous disant que je suis comme n'importe qu'elle Lycéenne. Impopulaire, aillant deux meilleures amies, aimant les chats et étant en amour avec le garçon le plus populaire de mon école. Bien évidemment, il devrait être sportif, très beau et devrait être le petit copain de la plus grande blonde de toute l'école. Malheureusement, ou heureusement, ceci n'est pas moi, et ne le sera jamais. Parce que mon destin n'avait rien de rose, rien de banal, et il avait déjà été écrit bien avant ma naissance. Il se lisait au plus profond de mes yeux.
Ma mère me serra la main avant que je ne débarque de la voiture. Normalement, je me serais immédiatement détachée de sa grippe, mais là, présentement, je ne le sentais pas vraiment.
Oui, j'avais bel et bien accepté de venir à cette école sans faire d'histoires, et je m'attendais effectivement à m'y plaire. Du moins, mieux qu'à mes deux anciennes écoles. Mais ce ne fut qu'en apercevant l'impressionnent bâtiment qu'est Ashford, école privé depuis plus de cent ans, que je ressentis un stress qui me pris, aussi surprenant que cela puisse être, par surprise. Tout le voyage s'était passé sans problème. J'étais même impatiente d'enfin y arriver. Qui n'a jamais rêvé de dormir dans un château antique?
Bon, d'accord. Ce n'était peut-être pas le cas pour tout le monde, mais pour moi, qui se passionnait d'histoire, c'était plus que ce que je n'aurais jamais pu demander. Et cela en disait gros. J'étais, de nature, quelque peu cynique, et je me permettais que très rarement de me donner à des attentes positives. Grâce à mes seize ans et demi d'existence, j'avais réalisé avec le temps ce a quoi mon futur ressemblerait. Étant enfant, je me croyais destinée à un bel avenir. J'étais convaincue que si j'attendais, un jour mon histoire commencerait enfin, comme dans les livres. Disons simplement que des livres, j'en avais lu un peu trop. Enfin bref, maintenant, avec le peu d'expérience de vie obtenu, je me suis ouvert les yeux. J'ai vu la réalité en face et j'ai compris que ma vie ne serait pas plus différente de celle de mes parents, de mes voisins, et de tous ceux que je croiserais dans la rue; d'une tragique banalité.
C'est, comme on peut s'en douter, après avoir réalisé cela que je me suis de plus en plus renfermée sur moi-même. Aillant des parents qui se parlent à peine et qui ne s'aiment clairement plus, les voir ainsi me terrorise. Pas parce que je crains qu'ils ne se séparent, car sincèrement, aussi horrible que celui puissent sonner, qu'ils le fassent ou non ne changera pas grand-chose dans ma vie, mais uniquement parce que je ne veux pas devenir comme eux. Et pour être honnête, je ne crois pas non plus que ce ne soit différent dans d'autres foyers. Après s'être marié et d'avoir passé plusieurs années ensemble, il ne serait pas étrange de s'aimer moins, si ce n'est plus du tout. Je ne suis certainement pas assez naïve pour croire à quelque chose d'aussi utopique que l'amour véritable et éternel.
J'avançai en redressant ma jupe sous le grondement du moteur de la voiture qui quittait les lieux. Calmement et sans me presser, j'atteins le sommet des marches de pierres de l'énorme château –ancien palais.
À partir d'aujourd'hui, ce château sera ma nouvelle école.
Ne vous méprenez pas, mes parents ne sont pas particulièrement riches, et je ne suis ni assez douée, ni assez motivée pour réussir à obtenir une bourse scolaire. En fait, si je suis ici c'est uniquement parce que je n'étais pas parvenue à me rendre à l'un de mes examens finaux l'an derniers. Avec un nombre d'absences non justifiés battant le record de l'histoire de l'école, on m'a gentiment montré la direction de la sortie.
Je ne suis pas une enfant gâté, je crois simplement que mes parents ne savent pas comment réagir face à moi, il faut dire que j'ai vraiment changé en deux ans, après la mort d'Etta –ma grand-mère. Ce doit être pour cette raison qu'ils n'ont rien dit lorsque je leur ai annoncés que je n'irai à aucune autre école que celle-ci. Oui, bon, je ne m'attendais pas à ce qu'ils n'acceptent, c'est même mon grand-père qui leur a conseillé Ashford, et je suis très honnêtement persuadée que si ce dernier leur conseillait de ne pas se jeter du haut d'une falaise, ils y sauteraient de bon cœur. Mais ils acceptèrent quand même, heureusement pour J'ai fait, au total, deux écoles différentes durant mon adolescence, et j'ai eu beaucoup de problèmes grâce à cela. Lorsque je m'attache à quelque chose, il m'est difficile de m'y détacher, et cela marche aussi dans le sens contraire. J'avais donc décidé que, tant qu'à passer mes deux dernières années dans une école que je détesterais et qui me rendrait inconfortable juste à la pensé d'y retourner le lendemain, je les passerais dans un endroit un peu plus confortable. Et qu'a-t-il de plus confortable qu'un château ? C'est avec beaucoup de persuasion et de cirage de pompe que je parvins à me faire accepter dans cette école prestigieuse, là où seuls quelques adolescents aux parents puissants, ou au QI dépassant la normale, peuvent accéder.
Um, bon, d'accord, je l'admets, mon grand-père a peut-être eu quelque chose à faire avec ça.
S'il m'a aidé à entrer dans une telle école, il devait penser que mon cas était sérieusement désespéré. Il ne voulait probablement pas que je ne fasse honte à la famille en étant la seule Matthews à ne pas avoir pu finir sa scolarité dans une école privé. Puisque, au cas où je ne l'aurais pas mentionné jusqu'à maintenant, mon grand-père est un homme puissant. Très, en fait. Et surtout un ancien élève de cette école, ce qui aida sans doute grandement à mon admission.
- Avery Matthews? Me demanda la voix d'une fille, hautaine.
Je baissai les yeux de l'impressionnant château pour les poser sur une fille, juste devant moi, que je n'avais même pas entendue sortir.
Elle avait les cheveux bruns foncés, mais plus pales que les miens qui sont presque noirs. Ses cheveux, solidement attachés en forme de toque sans qu'une seule mèche ne dépasse, étaient presque irréalistes. Une teinte plus pâle et on l'aurait crus chauve. Elle me regardait à travers ses lunettes, de ses yeux noisette si durs que j'avais peine à croire qu'elle puisse avoir mon âge, ou près. Malgré son apparence stricte, sa forme faciale était presque parfaite. Je sais que c'est étrange de penser ainsi, mais c'est la première chose que l'on se disait en regardant son visage. D'énormes pommettes à en rendre jalouse n'importe qu'elle fille, un petit menton pointu et un visage presque parfaitement triangulaire, tel un mannequin du magazine Vogue. Sa taille était fine, mais elle portait son uniforme exactement comme le règlement l'exigeait. Ce qui aurait été évident normalement mais, une chose que l'on sait après avoir passé la moitié de son adolescence dans une école privé c'est que, normalement, personne ne le porte tel qu'il devrait l'être. Qui voudrait se faire asphyxier par ses boutons boutonnés jusqu'au col, son chandail rentré dans sa jupe, et sa jupe qui nous frappe les genoux tant elle est longue, presqu'au milieu du tibia? Habituellement, ces petits détails sont changés par les élèves, la jupe légèrement roulée, un ou deux boutons de déboutonnés et la chemise sortie. Elle me donnait presque l'impression de faire tout son possible pour se rendre moins attirante, ce qui devait être tout un défi puisque même avec ces petits détails, elle restait éblouissante. Le seul petit détail qui paraissait étrange chez elle était son bandage au poignet. Il semblait cacher une blessure sérieuse, mais je n'y pensai pas plus que ça. En toute honnêteté, je m'en fichais un peu.
- Suis-moi, me dit-elle en se retournant immédiatement, mon nom est Emily, je suis supposée te faire faire le tour de l'école, ajouta-t-elle, comme si elle cherchait à me préciser qu'elle ne faisait pas cela parce qu'elle en avait envi.
En même temps j'avais deviné.
- Il n'y a personne qui ne te force à le faire, lui dis-je en la suivant à travers la porte, le regard balayant chaque recoins du château, tu n'as qu'à me dire où j'ai besoin d'aller, je peux me débrouiller.
Je ne disais pas ça pour la délivrer du fardeau d'avoir à me présenter l'école. En fait, si l'on me donnait le choix, j'étais bien tentée par une aventure tel quel. Cela me donnerait l'occasion de prendre mon temps, de découvrir différents endroits par moi-même. Et je n'avais jamais été une grande fan des visites guidées, encore moins lorsque le guide se trouvait à être aussi déplaisant.
Elle se retourna vers moi en fronçant un sourcil.
- En fait, oui. Mon père est le principal et il n'y a personne d'autre que moi qui ne puisse le faire, attention à cette marche, on ne la voit pas tout le temps.
Je manquai de me casser la figure sur la marche qui précédait une autre pièce et manquai l'occasion de lui répondre.
C'est en m'appuyant contre le mur que je me massai le pied en jurant dans ma barbe. Non mais vraiment, quel imbécile d'architecte planifie une seule marche dans un endroit pareil.
- Allez, m'empressa Emily d'un ton étonnamment patient dans un écho curieux.
Je levai la tête dans sa direction et eu le souffle coupé.
Malgré le fait qu'il faisait gris aujourd'hui, quelques rayons de lumière parvenaient à se faufiler dans cette salle à travers les immenses fenêtres carrelés. Cette salle était si énorme que je ma personne semblait si minuscule, le claquement de mes chaussures si minime, que c'était carrément irréel. J'avais fait un pas dans le passé.
Du moins, j'en avais l'impression. Pour la première fois, je réalisai vraiment le fait des choses. Nous étions dans un vrai château, dans un vrai palais. Ici s'était trouvé la royauté il y a plusieurs centaines d'années de cela, et je me tenais, ici. Les murs de pourpre et de beige doré, étaient parsemés de différents motifs d'or et d'argent. Ces mêmes motifs impossible à décrire se trouvaient aussi sur les quelques colonnes majestueuses ici et là, collés contre le mur et parallèles l'une à l'autre. Je levai la tête. Parmi les multiples chandeliers d'or dansait des chevaliers et les cheveux de guerres dans plusieurs des tapisseries du plafond.
- Il y a d'autres marches juste ici, me prévint Emily.
La ton de sa voix s'était rapproché, non, je m'étais rapprochée s'en même l'avoir réalisé, pour la retrouver qui m'attendait dans un coin, devant une porte de bois sombre sur laquelle avait été sculpté d'autres motif luxueux.
Je baissai les yeux en sa direction et mon regard croisa deux chaises identiques en plein milieu, au sommet d'autres marches pas très hautes. Il n'y avait aucune question que ces dernières appartenurent au Roi et à la Reine dans le passé. Là aussi, il y avait de l'or, et bien qu'elles ne semblent pas particulièrement confortables, je dus lutter contre l'irrésistible besoin –oui oui, besoin, pas envie- d'y poser mon derrière et d'y rester jusqu'à ce qu'on ne m'y extirpe avec ardeur.
Lutte qui ne dura pas bien longtemps, étant donné que mon attention se centra sur quelque chose d'autre. Un énorme tableau, si ancien qu'il y avait de quoi à se demander pour quelle raison il se trouvait ici et non dans un musé. Mais il y était, et bien qu'il eut énormément vieillit, je retins mon souffle.
L'une des choses qui me fascinait tant des peintures antique était leur réalisme, et plus précisément, les yeux des personnages. L'ancienne famille royale était là, à me fixer de leurs yeux immortels. Les parents étaient assis sur un magnifique canapé antique bleu dans leurs vêtements extravagants, la main posé sur l'autre. Sur des petits coussins à leurs pieds s'y trouvait trois petites filles aux cheveux blonds comme leurs parents. Deux jumelles confortablement assises et le regard posé sur leur petite sœur qui semblait déterminée à détacher l'une des quatre extrémités de tissus décoratif pendant de l'un des coussins. Juste derrière elles, penché avec un bras dans le vide qui cherchait à les atteindre et un autre posé sur une petite table sur laquelle dormait un vase décoratif aux fleurs d'un bleu presque royal, se trouvait un jeune homme, blond comme le reste de sa famille, qui semblait veiller sur elles. Mon regard se déplaça vers la gauche du tableau, là où se tenait un autre jeune homme blond, appuyé d'une main contre le canapé sur lequel se reposaient ses parents. En fait, jeune homme n'était sans doute pas approprié. C'était un homme, d'une ou deux années de plus que son frère. Je l'estimai être dans le début de la vingtaine, et soudain eus la pensée la plus folle de toutes mes seize années d'existence; il était à couper le souffle. Mon dieu, étais-ce réel? Avais-je réellement des pensés pareilles pour un homme mort depuis autant d'années? D'un prince sur un tableau?
Je me mordis les lèvres afin de cacher mon expression à Emily. Oui, elle était toujours là, et elle devait sans doute me penser folle. Pas que je ne puisse la blâmer. Quoique.
À ma défense, beau était un euphémisme. Magnifique était insuffisant. Une star de cinéma aurait été inconfortable en sa présence. Un mannequin de renom aurait perdu l'usage de la parole. Une petite adolescente banale telle que moi se serait transformée en pierre.
Il ne souriait pas, mais son bonheur se lisait dans ses yeux, ce qui ne le rendait qu'encore plus époustouflant. Ses cheveux blonds formaient de légères boucles à la pointe. J'arrivais même à distinguer la carrure de sa mâchoire. Était-ce possible d'être aussi beau? Sans doute l'avait on embellit dans le procédé, ce qui, de ce dons je me rappelais, n'étais pas rare à l'époque. Aucun peintre ne souhaiterait offenser les nobles, et encore moins la royauté, en les faisant paraitre trop ordinaire, ou tout simplement laid.
- Si tu as fini j'aimerais bien en finir avec cette visite.
Je sursautai en silence.
Emily, qui était restée silencieuse tout ce temps, m'étudiait d'un œil étrange, au lieu de paraitre aussi exaspérée que ce don le ton de sa voix laissait entendre.
Embarrassée, je me mordis bêtement la lèvre et me détachai de ma transe. La suivant de derrière, je ne l'écoutai qu'à moitié. Toujours absorbée par le garçon de la peinture.
Nous passèrent la porte de bois qui menait jusqu'à un escalier étroit.
- Probablement que tu n'utiliseras pas ce chemin très souvent, les élèves ne passent pas normalement par l'entrée principale, nous avons une entrée qui nous est réservée dans l'escalier des élèves. Il est très grand mais le trafic entre les cours est cauchemardesque alors les enseignants en utilisent un autre la plupart du temps. Voilà, m'annonça-t-elle en passant la porte nous menant à un étage où la seule chose notable, mis à part les nombreux tableaux et décorations diverses, était l'énorme escalier de pierres à deux voix.
-…c'est l'escalier principal qui t'amènera jusqu'à n'importe quel étage du château, m'expliqua-t-elle en montant les marches.
Elle continua en me détaillant sur quels étages se trouveront les cours, les dortoirs ainsi que les bibliothèques –comme quoi il en avait plusieurs, et etcetera. Tout d'un coup elle s'arrêta.
- Le dernier étage est entièrement interdit d'accès, me dit-elle en me regardant droit dans les yeux, et se faire prendre à cet endroit résultera en une expulsion immédiate, est-ce compris?
J'haussai un sourcil sans répondre. Que diable pouvait-il y avoir à cet endroit qui nécessite un avertissement aussi intense? D'une certaine manière, ça ne me donnait que l'envie d'y aller.
- Nous y sommes, m'annonça-t-elle un peu plus tard sans une trace de fatigue en elle.
Je m'agrippai à la rampe tel ma grand-tante avec ses problèmes de dos en haletant.
Elle plissa les yeux.
- Ce n'est que cinq escaliers.
Je pinçai les lèvres en tirant mon sac comme si on y avait caché des blocs de brique à l'intérieur.
- Tu plaisante… j'espère…
Elle ne détourna pas le regard, et je cru honnêtement apercevoir de la pitié dans ses yeux.
- Tu t'y feras, me répondit-elle simplement en s'inclinant pour m'aider à trainer mon sac.
Je l'attirai un peu plus près de moi avec ma force d'écureuil.
- Ça… va, je vais y arriver…
Je détestais me faire prendre en pitié.
J'aurais sans doute dus accepter, je sentais que cette dernière n'était pas exactement la générosité incarnée, mais je ne regrettai pas ma décision. De toute façon nous étions déjà là.
Elle me présenta les dortoirs. C'était comme… un étage à l'intérieur d'un étage. Il y avait un autre escalier, mais il était ouvert et ne se rendait qu'à un seul mini étage sur lequel s'y trouvait plusieurs porte côtes à côtes, pareil à en bas; les chambres. Le dortoir des filles était très beau, bien qu'incomparable à la beauté de la salle de plus tôt. Contrairement à ce que j'avais vu avant, antique mais modernisé, sans, heureusement, perdre de sa rare beauté que seul les temps passés avaient employés. Quoi qu'il en soit, j'avais l'impression de me faire agresser par du brun foncé et du bleu royal. Il n'y avait que cela, partout. Même les petits fauteuils dans les coins n'y échappaient pas.
Emily me mena jusqu'à ma nouvelle chambre et me dis au revoir en me donnant mon horaire et mon agenda. Je déposai mon énorme sac sur le lit qui semblait m'appartenir –l'autre était désordonné et recouvert de vieux vêtements sales, et sortis immédiatement. J'aurai le temps de m'y attarder plus tard, pour le moment, je voulais voir la bibliothèque. Je savais qu'elle saurait dépasser toutes mes attentes et j'adorais les livres. Je pouvais déjà m'imaginer au calme dans un coin de la bibliothèque à lire paisiblement dans un fauteuil confortable.
Je montai les marches rapidement avec beaucoup plus d'énergie que plus tôt. Si je me rappel bien, je crois qu'elle m'avait dit que la plus grande se trouvait à l'étage d'après celui des dortoirs.
Arrivée là je me figeai et levai la tête.
Là-haut, deux escaliers de plus et je me trouvais au dernier étage. Sans réfléchir je posai la main sur la rampe.
Oserais-je? Elle avait clairement dit « expulsion immédiate », et une expulsion au premier jour ne ferait effectivement pas belle gueule sur mon dossier scolaire. D'autant plus que je désirais vraiment étudier ici.
Je resserrai ma grippe sans lâcher l'escalier des yeux. Mais n'était-ce pas le moment parfait pour le faire? Je savais que si je n'y allais pas maintenant, je serai déjà en train de planifier le prochain moment lors duquel je tenterai de m'y aventurer, et les autres élèves étant en cours, il ne pouvait y avoir personne pour m'arrêter. Après tout, dès demain je serai moi-même en classe, et n'aurai peut-être même pas d'autre occasion d'y aller sans me faire prendre!
Un sourire se posa sur mes lèvres. J'allai le faire. Je le faisais! Montant les marches rapidement et aussi silencieusement que possible, je débordais d'excitation. C'était cela, ma première aventure dans ce château, mon premier mystère. J'étais certaine qu'il en avait d'autre, peut-être même des passages secrets, qui sait! Et ça ne me rendait qu'encore plus heureuse. Je crois que je n'avais pas été aussi excitée à propos de quelque chose depuis vraiment longtemps.
Lorsque j'atteignis enfin le dernier étage, je m'arrêtai net. Il y avait quelque chose d'étrange dans l'air. Enfin, ça, et aussi le fait que je n'y voyais presque rien. Les immenses fenêtres avaient disparues, et le seul éclairage se trouvait à être un espèce de vieux chandelier électrique usé, dont la lumière était plutôt pitoyable; c'était comme se retrouver d'un coup en pleine nuit avec rien de plus qu'une faible lueur de bougie avec moi.
Je regardai derrière par-dessus mon épaule. Je n'avais pourtant traversé qu'un court couloir d'environ une dizaine de mètres, je pouvais toujours apercevoir la lumière du jour là-bas, mais lorsque je me retournais, j'avais l'impression d'avoir traversé un portail. Les murs de bois étaient presque nus à l'exception d'un ou deux bibelots et de quelque véritables chandeliers muraux inutilisés. La pièce était très petite, et consistait d'un foyer qui n'avait sans doute pas été utilisé depuis que le chauffage électrique ait été inventé. Au fond de la pièce, une simple table circulaire entourée de chaises de la même couleur d'un brun sombre et presque noir, probablement décoratif étant trop parfaitement placés pour qu'il n'en soit autrement. Je m'approchai avec hésitation. Je n'étais pas venue jusqu'ici pour tourner le dos sur tout ça. Bien sûr, c'était un peu effrayant, mais j'étais certaine que l'aventure en vaudrait la peine. Qu'avais-je à craindre, de toute façon? Je n'avais pas particulièrement peur du noir, et je ne croyais en rien de surnaturel. Tout avait une explication, je n'avais pas à avoir peur.
Je m'avançai donc et m'approchai de la porte du coin, si identique au mur que je la manquai presque. Je touchai le contacte froid de la poignée usée et la tournai pour traverser la porte. Étrange. Si cet étage était interdit, n'aurait-il pas été sage de le fermer à clé?
Ici, il faisait presque aussi noir que dans l'autre pièce. D'autres chandeliers muraux non-électriques reposaient sur les murs, mais cette fois-ci, ils étaient allumés dans un sombre et long couloir. Mais pourquoi? Pourquoi utiliser des anciens chandeliers tandis qu'il était possible, et surtout plus pratique, d'utiliser ce qui est accessible aujourd'hui? Ça ne faisait aucun sens.
Désormais beaucoup plus motivée par la curiosité que par le gout d'aventure, je me mise à avancer, touchant la surface du mur du bout de mes doigts, fascinée par la beauté de la tapisserie, marchant pas à pas sur un très vieux tapis vert qui avait connu de meilleurs jours. Plus je m'avançais, plus j'avais l'impression d'entendre une sorte de son, quelque chose de familier, j'en étais sure.
Était-ce…du piano? Mais je croyais que personne n'était autorisé à venir ici. D'autres élèves s'étaient-ils aventurés eux-aussi à cet endroit? J'oubliai rapidement cette idée. S'ils étaient prêts à manquer les cours juste pour venir ici, ce n'était certainement pas pour venir y jouer du piano.
Alors, qui donc?
La mélodie était si belle que je me surprise à fermer les yeux pendant quelques secondes. Elle était douce, mais triste à en briser le cœur. Jamais jusqu'à maintenant n'avais-je compris jusqu'à quel point un simple son pouvait faire ressentir autant d'émotions. J'étais en pleine admiration. Ce n'était pas uniquement la pièce, le pianiste jouait si délicatement, avec tant d'émotion qu'il était impossible de ne pas être touché.
Guidée par le son du piano, mes pieds m'aillant portés d'eux même, j'arrivai jusqu'au fond du couloir. Et de là, assis sur un banc de piano, sans interrompre sa pièce, s'y trouvait un homme. Dos à moi, il m'était impossible de distinguer son visage, mais je voyais déjà qu'il était grand, et que ses cheveux était d'un blond délicieusement pale. Pale, tout comme sa peau d'ailleurs, du peu que je pouvais le voir grâce au faible éclairage.
Que pouvait-il faire là? Vivait-il ici? Étais-ce pour cette raison que l'accès à cet étage était interdit? Je me sentis soudainement très mal. Venais-je réellement de m'infiltrer dans le foyer de quelqu'un? Je fronçai les sourcils. Quelqu'un pouvait-il réellement vivre dans un endroit pareil? Dans une école, d'autant plus?
Je me mise à regarder autour de moi. C'était surtout l'endroit le plus luxueux que je n'ai jamais vu. Miroirs, librairies, tapisseries, peintures diverses, vases, sculptures, un énorme foyer; il avait de tout. Et pas seulement ça. J'étais certaine que chacune de ces choses étaient une antiquité. C'était si, étrange. Encore plus que chacune des fenêtres du mur de face étaient recouvertes d'épais rideaux usés, ne laissant entrer aucune lumière.
Était-il malade? Je crois qu'il existait certaines maladies du genre, peut-être ne pouvait-il simplement pas se montrer sous la surface du soleil.
Mais ça n'expliquait pas tout.
Pourquoi est-ce que chacune des choses ici étaient-elles toutes antiques?
Je m'avançai d'un pas pour observer un tableau de plus près sans vraiment réfléchir et posai le pied sur quelque chose de mou sur le sol. Quelque chose de blanc. Je me baissai pour le ramasser.
Un bandage? Ici, par terre juste comme ça? Pas que ça ne soit particulièrement propre à cet endroit, la quantité de livres sur le sol était assez dur à manquer, seulement, quel genre de personne laissait ses vieux bandages trainer sur le sol? Ça ne pouvait clairement pas avoir été un accident, quelque chose d'aussi gros ne passait pas aussi inaperçu par la personne qui le port… La personne qui le porte? Ne savais-je pas qui c'était? N'avais-je pas aperçu Emily porter exactement le même bandage? Il me glissa des doigts lorsque je remarquai quelque chose que j'avais manqué avant de m'être approchée un peu plus dans la pièce. Un porte entrouverte menant jusqu'à une chambre, dans laquelle dormais paisiblement la même brunette qui m'avait présenté l'école. Emily.
Soudain, il n'y avait plus un son. Je tournai lentement la tête en direction du pianiste. Il me regardait, silencieusement, avec aucune expression sur le visage. Pas de « qu'est-ce que tu fais chez moi? » ou encore « t'es qui, toi? ». J'avais l'impression d'être l'une des peintures sur le mur. Le bandage me glissa des doigts et je me mise presque à bégayer comme une idiote, mais quelque chose chez lui attira mon attention. Ce visage, il m'était familier. J'étais certaine de l'avoir déjà vu à quelque part. Quelque chose dû cliquer chez lui, puisqu'il se leva soudainement. Je fis un pas vers l'arrière. J'aurais probablement fait plus si quelque chose ne me troublait pas autant chez lui, si je n'étais pas aussi préoccupée à chercher dans quel endroit je pouvais possiblement avoir vu quelqu'un pareil. Il faisait sombre, mais j'arrivais pourtant à le voir, à distinguer les traits de son visage. Il était si beau, comme… Je retins mon souffle. La réalisation fut comme recevoir un sceau d'eau froide en plein visage.
- Non, murmurais-je sans pouvoir m'en empêcher.
Ça ne se pouvait pas. Ça ne se pouvait tout simplement pas. L'homme qui se tenait droit devant moi, celui qui s'approchait calmement, cet homme, c'était le même que sur le tableau! Le portrait familial de la famille royale! Il ne pouvait y avoir d'erreur, ce n'était pas simplement quelqu'un qui lui ressemblait, c'était lui.
C'était le prince.
Je ne pris même pas le temps de mieux l'observer, de me demander s'il était aussi sublime que sur la peinture. Je fuis, purement. Mon cerveau réaliste ne pouvait tout simplement pas accepter ce qui était en train de se passer.
Ce n'était pas une aventure, c'était un cauchemar. C'était un roman d'horreur.
Okay juste pour clarifier les choses, c'est une réécriture, donc je ne sais pas quand vous lirez cette histoire, mais tant que je n'aurai pas réécrit les prochains chapitres, ils seront vraiment moins bons que celui-ci, à part peut-être les plus récents… Je vais faire de mon mieux pour me dépêcher en continuant à travailler sur le prochain en même temps, mais vous êtes prévenus! En tous cas, j'espère que cette histoire vous plait!