Le 19 septembre 1979 à 07H07 précise, la plume magique s'éveilla brusquement et sautilla en dehors de l'encrier où on l'avait déposé. Dans de petites étincelles bleues elle s'envola vers un long parchemin jauni étalé sur un bureau où plusieurs étranges objets étaient déjà installés. La plume posa sa pointe fine et dorée sur le vieux parchemin et écrivit à l'encre noire, juste sous un certain « Finnigan, Seamus » :

Granger, Hermione

Un nom peu commun, pour un bébé peu commun qui venait tout juste de naître, de respirer son premier souffle. Ni lui, ni ses heureux parents ne pouvaient se douter un seul instant que, dans un sombre bureau, son nom avait été lié de façon indestructible au monde de la magie.

Persuadée d'avoir fait son travail, la plume replongea dans son encrier et s'endormie aussitôt.

11 ans plus tard…

Hermione Granger se réveilla d'un profond sommeil dans un sursaut qui la fit presque tomber de la chaise où elle s'était endormie, affalée sur son bureau. L'esprit encore embrumé, elle se demanda pourquoi elle était ici et non dans son lit. Après un rapide calcul tout en décollant le trombone qui s'était presque encastrer dans sa joue, elle en vint rapidement à la conclusion qu'elle s'était, une fois de plus, assoupie alors qu'elle lisait son livre favoris qui trônait toujours sur la table, ouvert à la page 112. Elle s'étira et bailla, jetant un œil par la fenêtre de sa chambre. Elle fut ravie de constater qu'il pleuvait des cordes. Elle adorait les jours de pluie, parce qu'elle n'avait pas besoin d'inventer d'excuses à ses parent pour passer la journée à bouquiner, pelotonnée près de la cheminée, en compagnie de ses plus proches amis : les livres ! D'ailleurs le temps gris et pluvieux était la raison principal de l'attachement que la jeune fille éprouvait vis-à-vis de la ville où elle habitait depuis toujours : Londres. Mais à son grand dam, quelques fois il faisait beau et ses parents l'éjectaient purement et simplement de la maison pour qu'elle aille « jouer avec ses amis ». Des amis elle en avait bien quelque uns, principalement des garçons chétifs et plus jeune qu'elle qui se cachaient des « grands » de l'école dans le CDI, mais elle sentait entre eux un immense fossé. Elle était différente des autres petites filles de onze ans, elle en était sûr. Les filles normale ne faisaient pas voler les objets dans tous les sens quand elle était en colère parce qu'on l'avait traité de castor. Elles ne pouvaient pas non plus faire tourner les pages d'un livre sans les toucher et encore moi léviter pour attraper un gros dictionnaire sur une étagère trop haute. Elle, elle en était capable. Pourtant quand Hermione s'approcha de la glace de son armoire, celle-ci ne lui renvoya que le reflet d'une fille ordinaire, aux grands yeux noisette, aux grandes dents et aux cheveux aussi broussailleux qu'indomptables. La jeune fille poussa un long soupir avant de sortir de sa chambre.

Il faut peut-être que j'arrête de me croire extraordinaire si je veux me faire des amis l'année prochaine au collège, dit-elle pour elle-même.

Elle traversa le couloir d'un pas endormi, mais s'arrêta brusquement quand elle entendît des éclats de voix qui semblaient venir du salon, juste derrière la porte close devant elle. Une dispute de ses parents ? Impossible ! Ses parents ne se disputaient jamais parce qu'ils étaient… dentiste tien ! Sur quoi pouvaient-ils bien ne pas être d'accord ? Hermione se mordit la lèvre inférieure. Espionner ce n'était pas bien, elle le savait. Mais aujourd'hui sa curiosité était mise à rude épreuve, d'autant plus qu'elle semblait entendre la voix d'une troisième personne… Elle s'empressa donc de coller son oreille contre la porte.

C'est impossible ! criait son père. Ma fille est tout à fait normale ! vous n'avez aucun droit…

« Ben tient, si papa s'y met aussi… » Pensa la jeune fille. Néanmoins elle était nerveuse, car visiblement elle était le sujet principal de la dispute.

Monsieur, disait une voix d'homme inconnu, vous n'y êtes pour rien et elle non plus… surement un ancêtre lointain… ça arrive souvent… C'est écrit dessus, on ne peut rien y changer…

Je suis désolé, reprit son père d'une voix forte, mais Hermione ira dans le collège où nous l'avons inscrite et nul par ailleurs ! Je ne veux pas lui imposer ce genre de chose, elle a déjà assez de difficultés pour s'intégrer…

Justement, fit l'homme, votre fille n'appartient pas ce monde-là, ici ce n'est pas chez elle…

Mais cette décision ne vous revient pas ! s'indigna le père d'Hermione. Et la nôtre ne changera pas, elle n'ira pas là-bas.

Hermione était bien incapable de comprendre le sens de cet drôle de conversation, mais ça semblais très grave parce que c'était la première fois qu'elle entendait son père crier si fort. Silencieusement la jeune fille baissa la poignée de la porte, tira doucement et passa un œil dans l'entrebâillement.

Sa mère était assise sur le canapé et tenait ses mains crispé sur son visage, elle semblait sur le point d'éclater en sanglot. Son père était debout, les bras croisé, et fusillait l'homme devant lui du regard. Hermione nota que l'homme était habillé de façon peu commune : il portait un chapeau pointu bleu nuit, et une cape noir dont les motifs semblaient bouger. Hermione avait beau se frotter les yeux, le hibou sur le tissu lui faisait bel et bien des clins d'œil ! L'homme tenait aussi dans une main un enveloppe et dans l'autre un vieux parchemin qu'il ne cessa de mettre sous le nez de son père. Les deux hommes continuèrent de se disputer sans qu'Hermione ne puisse vraiment comprendre de quoi il retournait. Elle savait que ça la concernait, elle et son avenir, mais le reste lui échappait totalement. C'était bien la première fois qu'elle ne trouvait pas la réponse à une question ! Elle poussa un petit grognement de frustration un peu trop fort car son père et l'inconnu cessèrent leur discussion et commencèrent à parcourir la pièce du regard à la cherche de la provenance du bruit. Hermione couru vers sa chambre le plus silencieusement possible, se jeta tout habillée sous ses couettes et ferma les yeux dans l'espoir qu'elle soit crédible en jeune fille innocente et profondément endormie. Mais personne ne vint avant plusieurs minutes, et quand quelqu'un la secoua doucement par l'épaule c'était sa mère qui était assise sur son lit. Celle-ci lui sourit faiblement avant de murmurer :

Ma puce c'est l'heure de se réveiller, papa et moi avons quelque chose à t'annoncer.

Hermione se redressa si brusquement que sa mère sursauta.

qu'est-ce qui se passe maman ? s'exclama la jeune fille avec anxiété. Est-ce que c'est grave ?

Sa mère esquissa un nouveau sourire mais Hermione voyait bien qu'il était forcé. Que se passait-il ? Et l'homme… qui était cet homme à la cape animé ? Sa mère ne lui répondit pas tout de suite et se contenta de remettre en place une mèche qui tombait sur le visage de sa fille.

Hermione, nous allons partir, il faut que tu fasses tes valises.

On part en vacance ? demanda Hermione avec espoir. Vous aviez dit qu'on irait en France faire du ski mais pas avant l'hiver prochain non ?

Malgré la pénombre Hermione vis un éclat de tristesse dans les yeux de sa mère.

Non ma puce, on ne part pas en vacance, on déménage.

Où ? demanda Hermione la gorge nouée.

Madame Granger attrapa la main tremblante de sa fille sur la couette et la serra fort.

Sur un bateau.