Disclaimer - Tous les personnages du "Doctor Who" appartiennent à la BBC etc. etc.
Avertissement - Cela se situe dans la saison 5, avant que Rory ne rejoigne le Tardis.
Note de l'auteur - Je ne suis pas encore habituée à Eleven et je ne sais pas si j'ai bien saisi le personnage.
Merci à Idontwanttogo, qui m'a fourni l'idée du départ pour cette épilogue.
- Qu'est-ce que c'est, Docteur?
En brandissant un petit carnet noir, Amy surgit dans la salle de pilotage, où le Gallifréen était occupé à effectuer quelques réglages sur la console du Tardis, comme à sa bonne habitude.
- Il est écrit dans une langue bizarre, poursuivit-elle en le feuilletant. Je croyais que votre vaisseau...
Elle fut interrompue par le Docteur qui le lui arracha pratiquement des mains. Elle le regarda, surprise: il semblait profondément irrité.
- Ne touche pas à ça. On ne touche pas à mes affaires sans ma permission. Et puis d'ailleurs, où l'as-tu trouvé? Je pensais que tu étais en train de dormir!
Elle plissa les yeux, intriguée par son attitude. Elle l'avait déjà vu énervé ou en colère - il était du genre assez soupe au lait - mais cette fois-ci, son irritation apparente cachait mal son embarras, éveillant ainsi la curiosité de la petite écossaise.
- C'est vous qui avez insisté pour que j'aille dormir. Moi, je m'ennuyais. J'attends toujours de visiter une planète, vous me l'aviez promis!
En fait, elle se fichait royalement de leur prochaine destination. Peu importe où ils allaient, pourvu qu'elle puisse voyager avec lui le plus longtemps possible. Elle le trouvait fascinant, bien plus fascinant qu'un millier de planètes réunies.
- Oui, Amy. Quand tu te seras reposée. Cela fait près de 24 heures que tu es debout et ce n'est pas très recommandée pour une jeune humaine. Alors j'insiste: va dormir.
- Vous êtes pire que ma tante!
- Il me semble que nous avons déjà eu cette discussion. Allez!
Elle battit lentement en retraite, comme une petite fille obéissante qu'elle n'était pas. Mais juste avant de sortir de la salle, elle se retourna pour lui lancer sur un ton plein de sous-entendu.
- Ce ne serait pas votre journal? Relatant toutes vos passionnantes aventures en tant que baroudeur de l'espace...
- Amy!
Elle abandonna le terrain, avec un petit rire amusé. S'il croyait qu'elle allait renoncer comme ça, il se mettait le doigt dans l'oeil! Elle allait le titiller jusqu'à ce qu'elle obtienne satisfaction. Si cela lui permettait de mieux le connaître, elle ne reculerait devant rien.
Après le départ d'Amy, le Docteur considéra pensivement le carnet, caressant d'un geste distrait la couverture en cuir. Rose lui manquait... encore. Contrairement à ce que croyait sa précédente incarnation, la régénération n'avait pas suffi à effacer ce sentiment de manque qu'il éprouvait face à son absence. Ce n'était pas juste: nouveau visage, nouvelles règles... Mais toujours les mêmes émotions!
- Rose Tyler, soupira-t-il. Tu es et resteras ma plus redoutable adversaire...
Il se mit à tourner les pages, en haussant les sourcils à certains passages qu'il trouva quelque peu grandiloquents. Son ancien lui s'épanchait trop, surtout sur les sentiments de culpabilité, de désespoir, etc. etc.
Peut-être qu'il devrait en corriger quelques uns... Et pourquoi ne pas écrire une nouvelle lettre à sa chère Rose? Cela lui servirait de thérapie, permettant de combler un peu ce vide qu'il ressentait toujours...
Ah, non! Il est hors de question que tu touches à une seule de ces lignes!
- Quoi?
Et ce n'est pas ta Rose! Tu ne l'as même jamais vue!
Interloqué par cette voix venue de nulle part, il lui fallut un moment pour comprendre qu'elle n'avait rien de matérielle: elle était à l'intérieur de sa tête. Allait-il, tout comme le Maître, se mettre à entendre des bruits qui n'existaient pas? Ce serait plus qu'inquiétant!
Mais peut-être était-ce l'écho de son double humain avec qui il avait gardé un lien psychique? Ce serait tout lui, ça, de se montrer jaloux pour un rien.
Soudain, il fut pris d'une irrésistible envie de voir Rose de ses propres yeux, de ses yeux actuels, tout beaux, tout neufs. Ce ne serait guère difficile: projeter son hologramme dans le monde parallèle et l'observer discrètement, sans annoncer sa présence. Il pourrait ainsi constater de visu si elle menait une vie heureuse avec son autre lui.
Bon, il ne restait plus qu'à trouver un soleil qu'il pourrait faire exploser, sans qu'il y ait de conséquence néfaste pour le reste de l'Univers...
Il la trouva quelque peu changée. Évidemment elle était toujours aussi belle et radieuse, mais elle donnait également l'impression d'avoir mûrie, grandie en quelque sorte. Cela se ressentait à chacun de ses mouvements et gestes: plus posés qu'auparavant, ils ne montraient plus ce petit côté impatient que certains adultes gardaient malgré leur sortir de l'adolescence.
Et le sourire qui illuminait son visage... S'il avait un peu perdu de sa fraîcheur innocente, il gagnait en ce charme mystérieux que seule une femme sûre d'elle-même pouvait arborer. Une arme plus que redoutable, qu'elle était en train d'user sans le moindre scrupule sur l'autre Docteur qui semblait d'une humeur plus que maussade.
- Rappelle-moi encore pourquoi nous devons aller à ce déjeuner, grommela ce dernier.
Tout en arrangeant d'une main experte la cravate à rayure de son compagnon, Rose répondit d'une voix raisonnable.
- Parce que c'est ce que font des gens normaux, mon Docteur. Quand des amis vous invitent...
- Justement. Ce ne sont pas les miens, pas plus que les tiens. Ce sont ceux de Jackie. Et elle va encore m'exhiber devant eux comme si j'étais une trophée.
- Va falloir t'y faire. C'est sa manière à elle de te montrer son affection.
- Ah, ces humains... Je ne comprendrai jamais le fonctionnement de leur esprit.
- Une race à laquelle tu fait partie, à présent. Et puis...
Avec une spontanéité qui le prit de court, elle jeta ses bras autour de son cou et approcha son visage dangereusement du sien.
- M'aurais-tu aimée autant si je n'étais pas humaine?
Leurs lèvres étaient si proches, au point de se toucher... Puis avec un petit rire en tout point diabolique, elle déposa un baiser retentissant sur sa joue avant de se dégager et de s'enfuir en direction du restaurant de l'autre côté de la rue.
- Je t'attends à l'intérieur!
Avec une mine assez déconfite, l'abandonné la suivit un moment du regard avant de murmurer:
- Quinze à rien.
Puis il se retourna vers le coin de l'immeuble où le Docteur s'était réfugié pour observer toute la scène.
- Tu peux sortir maintenant.
C'est ce qu'il fit, guère étonné de la perspicacité de son double. Ce dernier - devait-il l'appeler John? - le regarda de la tête au pied en haussant un de ses sourcils, avant de s'arrêter sur le noeud papillon qui ornait son col.
- Je constate que tu te rajeunis de plus en plus, au fil des régénérations.
- Hé! N'en rajoute pas. Ce n'est pas comme si j'exerçais dessus un contrôle quelconque. Si c'était le cas...
- Tu serais roux, à l'heure qu'il est.
Ils soupirèrent de concert, effaçant pendant un court moment la différence physique qui existait entre eux.
- Ce n'est sûrement pas pour que nous parlions de tes cheveux que tu as pris la peine de brûler tout un soleil, je suppose. Que fais-tu là?
Que répondre à ça? Qu'il avait simplement envie de la voir de ses propres yeux, avant de tourner définitivement la page? Ce "définitivement" lui laissait un goût amer dans la bouche. Définitivement? Non, pas encore. Pas tout-à-fait. Impossible.
- J'ai déjà ce que j'étais venu cherché, préféra-t-il éluder.
- Tu voulais t'assurer qu'elle était heureuse, sans doute. Que craignais-tu? Tu as tout fait pour qu'elle le soit. Et j'ai tout fait pour, aussi.
Oui, le Docteur avait tout fait pour que cela arrive. Mais alors, pourquoi ce pincement aux cœurs de voir Rose trouver le bonheur auprès de son double?
Il tenta de dissiper cette pointe de jalousie en adoptant un ton moqueur.
- Ouais, j'ai vu ça. Tout de même, ce "sauve-moi"... J'ai trouvé que tu en faisais un peu trop.
Évidemment, se dit John, le lien psychique fonctionnait dans les deux sens. Pas étonnant que l'autre ait eu vent de ce qui s'était passé sur la plage. Les sentiments avaient été assez exacerbés, ce jour-là...
- Nous avons une certaine image à préserver, bougonna le Docteur. De quoi avons-nous l'air, maintenant? Je me sens tout ridicule!
John haussa à nouveau les sourcils: il n'y avait pas que son physique qui avait rajeuni apparemment, son âge mental semblait également en avoir pâti. Il crut bon alors de remarquer sur un ton laconique.
- De toute façon, tu l'es déjà, avec ce nœud papillon.
- Quoi! Ça au moins, c'est cool! Ce n'est pas comme tes converses!
- Eh oh, je ne te permets pas!
Ils se fusillèrent du regard, ne se rendant absolument pas compte de la puérilité de leurs attitudes. Et cela aurait pu continuer ainsi encore longtemps, si l'hologramme ne s'était pas mis à clignoter, signifiant que leur temps touchait à sa fin. Le Docteur retrouva alors tout son sérieux.
- Veille sur elle.
- Comme toujours.
- Ah, et à l'avenir, évite de hurler dans ma tête à l'improviste. C'est très... perturbant.
- De quoi parles-tu?
- Hein?
Surpris, le Docteur allait ajouter quelque chose lorsqu'il se retrouva à nouveau dans le Tardis. Fin de transmission.
Les pieds sur la console du Tardis, le Docteur réfléchissait à cette voix qu'il avait entendue à l'intérieur de sa tête. Comme ça, son double ignorait de quoi il parlait? Pourtant il était absolument certain d'en avoir reconnu le ton. A moins que...
Etait-ce une manifestation de sa précédente incarnation? Il trouva cette pensée absurde. Ils ne formaient qu'une seule et même personne. Son ancien "lui" ne pouvait pas lui adresser la parole comme s'il était une entité indépendante!
- Est-ce que je souffrirais d'un dédoublement de la personnalité?
Il ne manquerait plus que ça. Un autre Seigneur du Temps psychopathe après le Maître. Super! L'Univers ne s'en relèverait pas.
Son regard tomba sur le carnet qui traînait sur la console. Il fallait qu'il trouve une bonne cachette pour le ranger. Tous ceux qui passaient dans le vaisseau finissaient par l'avoir entre les mains, c'était à se demander si le Tardis ne le faisait pas exprès pour le taquiner. Ou bien peut-être était-ce sa façon à lui de montrer que lui aussi, il n'oubliait pas Rose...
En tout cas, ça commençait à devenir gênant. Comme il l'avait dit tout-à-l'heure à son double, il avait une image à préserver, et certaines de ces lettres ne le mettaient pas particulièrement en valeur.
Et à nouveau, l'idée qu'il valait mieux en corriger quelques unes lui traversa l'esprit.
J'ai dit: pas touche!
Il se leva d'un bond de son siège et regarda autour de lui d'un air méfiant, comme s'il s'attendait à voir surgir d'un instant à l'autre sa précédente incarnation.
Peut-être que pour une raison inconnue son ancienne personnalité avait pris corps dans son esprit... Mais il était hors de question qu'il le laisse faire ce qu'il voulait à l'intérieur de sa tête!
- Toi, tu vas me ficher la paix! Et retourner gentiment avec tous les autres...
- Docteur?
- Ahah!
- Ah!
L'interpellé et l'interpellant avaient crié en même temps, se surprenant l'un l'autre.
- Qu'est-ce qui vous prend de hurler comme ça? Vous m'avez fait peur!
- Ah, c'est toi, Amy!
- Bien sûr que c'est moi! A qui attendiez-vous donc?
Fin
Note de l'auteur - L'idée que le "fantôme" de Ten hante Eleven en le rendant encore plus marteau qu'il ne l'est déjà me plaisait. Imaginez la pagaille que ce serait si tous les anciens Docteurs faisaient de même.
Merci à tous ceux qui ont eu la patience de lire jusqu'au bout mes petites délires. A bientôt - j'espère - dans de nouvelles fics!