Lutte, chapitre 10

«-Je t'en pries, Bella… Continue d'espérer…»

La voix de Jacob retentissait dans la tête de Bella comme un écho lointain. Elle sentait des mains chaudes contre son dos, ainsi que le visage de l'indien dans son cou.

Qu'est-ce qui se passe…, Se disait-elle, comme si elle n'était que le témoin conscient de cette scène incongrue.

«-Je t'en supplie, ne perds pas espoir…»

Jacob se fondait en supplications. Bella ne comprenait rien. Tout ce qu'elle ressentait, c'était une envie irrépressible de pleurer. Mais pourquoi ?

«-Jake… Jake..! Qu'est-ce que tu racontes…?»

Mais Jacob n'entendait rien. Il ne faisait que continuer ses implorations. Bella se sentait impuissante, et se laissa aller à ses pleurs.

Tout était tourmenté, comme les tempêtes de naufrages. Tout se bousculait, tantôt de l'incompréhension, ensuite l'abandon et finalement le désespoir. Et moins Bella arrivait à comprendre, plus ses pleurs redoublaient. Jusqu'à ce que ça soit une véritable crise.

Elle criait, se retournait sur elle-même. Elle se griffait et se tirait les cheveux. Ce fut à ce moment qu'elle sentit, comme venant d'un autre monde, une main sur son épaule.

«-Bella, Bella!»

Elle ouvrit les yeux d'un coup, et s'engouffra dans les bras de Charlie, en larmes. Il resserra ses bras autour d'elle, lui disant que tout allait bien, qu'elle était en sécurité, que ce n'était qu'un mauvais rêve.

Pourtant, Bella n'avait pas cette impression. Plus elle repensait à ce rêve, plus elle sentait un vide en elle. Et plus ce vide s'intensifiait, plus elle pleurait. Charlie n'y comprenait rien, mais la rassurait tout de même. Il ne voulait qu'une chose, c'était que sa petite fille cesse d'avoir peur. Il voulait l'aider, il la voyait souffrir, et ça lui faisait du mal.

Après presqu'une quinzaine de minutes de pleurs intenses, elle s'endormit de fatigue dans les bras de son doux père. Par chance, ce fut d'un sommeil sans rêves.

Bella se rendit au lycée sans grand entrain. Ses yeux étaient boursouflés par sa crise de larmes de la veille. Sa main droite était dans le plâtre, ce qui allait l'empêcher d'écrire. À bien y penser, elle allait au lycée pour ne pas avoir d'absences, rien de plus. Mais pour ce qui était de ses devoirs, c'était une autre paire de manches. Parce qu'elle devait bien les faire, sans quoi elle perdrait trop de points pour sa note finale.

Elle avait pensé à demander à Charlie de l'aider, mais en même temps il était bien trop occupé par son travail pour jouer les scribes. Elle avait ensuite pensé à Jacob, mais… Elle était un peu embarrassée depuis qu'il l'avait vu nue, même si ça n'avait été qu'une petite seconde. C'était assez pour dire qu'elle se sentait très mal à l'aise face à lui…

D'ailleurs, elle repensa à sa réaction. Il avait paru TROP apprécier cette vue. Ce n'était pas le fait qu'il l'ait regardée, parce qu'en fait c'était un homme, alors de mater une fille nue, dans ce cas, c'était très normal. Mais… Ses choses qu'il lui a dites, par la suite : «Une fille sublime au corps exquis», ou quelque chose du genre. Ça la laissait perplexe, troublée. Et son expression… D'habitude, il essayait de ne pas la draguer, dans le sens sexuel de la chose. Il restait discret. Il savait que ça risquait de donner des faux espoirs à Bella. Pourtant, après cette soirée, qu'elle avait totalement oubliée, il avait agis… Étrangement. Étrangement trop intéressé.

Lui revint ensuite les images de son cauchemar. «Je t'en pries, Bella, ne perds pas espoir», disait-il. Mais pourquoi?

Ses sentiments étaient clairs et nets, c'était comme si elle avait éveillé en elle un vieux démon. Ce qu'elle avait vu, ressentis, tout ça existait. Elle se demandait juste d'où… Où avait-elle pu entendre Jacob dire ça? Peut-être que ce n'était qu'une terreur profonde, mais en même temps… En quoi est-ce que c'était triste? Il lui demandait de ne pas perdre espoir. C'était par rapport à son amour pour lui, elle le sentait. À quoi d'autre aurait-il pu référer, sinon?

Finalement, sortant de sa rêverie, elle stationna sa Chevrolet, et sorti pour se rendre en classe. Une pénible journée de classe après une rude fin de semaine. Décidément, rien ne l'enchantait ce jour-là.

Tous les cours étaient trop longs. Elle avait beau écouter le professeur, rien n'enlevait son impression d'insipidité face à tout. Il n'y avait qu'une chose qui réussissait à la face sortir de son état blasé : Jacob. Penser à lui, le voir, lui parler. C'était ce qu'elle désirait, la seule chose qui avait vraiment de l'importance.

Mais son malaise face à lui l'empêchait de même espérer la chose. Elle se sentait trop mal d'avoir vomi devant lui, de lui avoir demandé compulsivement de faire l'amour, de s'être montrée complètement nue, et surtout de ne pas se rappeler de plus de la moitié de ces évènements. Tout ça était humiliant.

Et soudain elle se demanda : Et si Jacob ne lui avait pas tout dit? Si pendant la nuit il l'avait tripotée ou quoi que ce soit… Il était saoul lui aussi, peut-être qu'il en avait profité. Peut-être qu'il avait fait mine d'oublier leur nuit, ou… Enfin, elle n'en savait rien. Mais elle senti une boule se former dans son estomac à cette idée. C'était stupide, mais possible. Surtout en pensant à l'attitude de Jacob le lendemain, comme si d'un coup il s'était transformé en… pervers?

Bella pensait à tout ça, elle cogitait inlassablement là-dessus. La simple éventualité la refroidissait énormément. Pas que son amour pour Jacob ait diminué (ça c'était tout simplement impossible), mais elle se sentait plus prude d'un coup.

Peut-être qu'elle y était allé trop fort avec lui, après tout… Elle sentait qu'elle le laissait croire qu'elle était prête à lui donner ce qu'il voulait quand il le voulait. C'était vrai, en partie… Mais elle ne lui donnerait jamais «ça» sans qu'elle ne reçoive d'amour en retour. Pour elle, le sexe avec lui était une preuve d'amour. Mais après avoir vu comment il avait été froid avec elle après leur moment intime, dans sa chambre, elle voyait bien qu'elle s'était trompée sur ça. Pour Jacob, ça n'avait rien qui puisse relater l'amour. Ce n'était que des impulsions.

Ce fut à lors qu'elle comprit que de jouer au chat et à la souris avec lui n'avancerait à rien, puisque son désir sexuel n'avait rien avoir avec l'amour qu'il pourrait ressentir, au contraire de Bella. Elle avait juste commis une erreur en pensant le contraire.

Mais t'inquiètes, Jake. Je ne la referai plus cette erreur, promis. Pensa-t-elle.

La cloche sonna soudain, et ce fut sur cette pensée qu'elle se leva pour quitter sa classe de biologie. Mais juste un quart de seconde avant de sortir de l'enceinte du local, elle se retourna, et regarda sa place.

Elle revoyait Edward assis à ses côtés, la regarder intensément. Elle se revoyait l'aimer à en mourir, ne désirer qu'une chose : devenir un vampire.

Mais en regardant son siège vide, elle ne ressentit rien. Sauf peut-être qu'il lui manquait en tant que personne, mais elle ne ressentait plus de peine à son égard. C'était bel et bien fini.

La première chose que Bella fit en passant le pas de la porte de son chez-soi fut de soupirer bruyamment. Elle se sentait exténuée, et surtout déprimée. En plus il y a avait ses stupides devoirs qu'elle n'arriverait même pas à faire à cause de son stupide poignet stupidement blessé.

Rhaaa la vie est dure… Pensait-elle, tandis qu'elle montait nonchalamment l'escalier pour se rendre à sa chambre.

Ses pieds traînaient sur le parquet, mais elle s'en foutait. De toute façon, ça ne dérangeait personne; Charlie était encore en train de travailler à l'extérieur.

Finalement, après de longues minutes à prendre son temps pour se rendre à sa chambre, elle atteignit la poignée, la tourna, et…

«-Salut Bell-

-WOuahahaaaaaaaAAHAAHAAA !» Hurla-t-elle, sous la surprise.

Jacob ria face à sa réaction, et se leva du lit où il était assis. C'est-à-dire celui de Bella. Il s'approcha d'elle et lui fit une accolade amicale.

«-Jake..! Mais… Qu… Qu'est-ce que tu fais-là..? Je… Tu m'as fait une de ses peurs…

-C'est ce que je vois…! Et pour répondre à ta question, je suis venu t'aider pour tes devoirs.

-Qu… Quoi? Mais… Je… J'peux très bien les faire toute seule… Bredouilla-t-elle, regardant le visage de l'indien si près du sien.

-Bella, avec ton plâtre, tu ne risques pas d'aller bien loin dans tes devoirs.»

Ses yeux étaient malins et son sourire intime. Elle tiqua en observant ses traits, tirés de façon si incohérente avec ses dires. Il parlait d'un plâtre et de devoirs, alors qu'il était presqu'écrit sur son visage «Je vais bien finir par t'avoir dans mon lit». Tout ça la mystifiait.

Pourtant, entendant un silence s'installer et le sourire du brun s'étirer, elle reprit contenance.

«-Je… Oui, j'avais oublié ce… Ce détail. Mon plâtre, mon poignet, écrire, mais comment t'as su que… Se perdait-elle, tentant de combler le silence et du coup effacer son malaise…

-C'est Charlie qui m'a demandé de t'aider» Chuchota-t-il, d'une voix sensuelle.

…Mais d'alléger l'atmosphère n'avait jamais été son fort… C'était plutôt celui de Jacob. Et malheureusement, ce malaise jouait en sa faveur.

Voyant que les choses ne bougeaient pas, c'est-à-dire elle et Jacob, Bella décida d'initier le mouvement :

«-Alors, hum… On commence?» Dit-elle, essayant tant bien que mal d'éviter le regard perçant de son ami.

Mais qu'est-ce qu'il a au juste… Se demandait-elle, embarrassée.

Il lui répondit un faible «bonne idée», et ils se déplacèrent vers son lit, où elle avait l'habitude de faire ses travaux. Elle sortit ses livres de sa main gauche, et les étala sur son lit. Tous les deux s'y couchèrent à plat ventre, feuilletant les pages de manuel et les notes de cours.

«-Bon. Pour commencer, J'ai la page cent-vingt à rempl-»

Bella s'était arrêtée d'un coup en sentant des doigts effleurer sa joue droite. Elle tourna la tête dans ce sens, et vit Jacob la regarder de ses yeux incandescents. Elle senti son ventre se réchauffer. Mais ce n'était rien, face au long frisson qui lui parcouru l'échine quand il prononça d'une voix rauque :

«-Tu avais une mèche de cheveux qui tombait sur tes feuilles…» Souriait-il.

Le cœur de Bella commença soudain à battre de plus en plus vite. Et elle maudissait Jacob de posséder une si bonne ouïe, parce qu'il pouvait savoir exactement à quel moment il la faisait chavirer. Cette fois ne fut pas une exception : Le sourire de Jacob s'étira.

Elle tenta néanmoins de garder son calme, et de continuer ce qu'elle disait.

«-Oui, donc. Hum… J'ai la page cent-vingt à remplir, ensuite je dois faire un commentaire sur le poème de Baudelaire «Le serpent qui danse», ensuite-

-Que j'aime voir, chère indolente
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante
miroiter ta peau.

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
aux flots bleus et bruns…» Avait commencé à dire Jacob.

Bella le regardait réciter ainsi la poésie de Baudelaire, et elle le trouvait si lointain… Comme une vague qu'on entend s'agripper à la rive, au loin, et qui nous berce de ses ondulations.

«-Tu… Tu connais Baudelaire?» Demanda-t-elle, absorbée par le visage de l'amérindien.

Il lui sourit, en répondit :

«-Je le connais, mais… Là je ne faisais que lire la première phrase, sur ton cahier. Murmura-t-il, étirant ses traits en un sourire moqueur.

-Oh…» Se désillusionna-t-elle, souriant tout de même devant sa naïveté, C'est vrai que je te vois mal connaître ce… genre de choses… Finit-elle, comme déçue.

Bella fut soudain surprise par la voix rauque de Jacob :

«- Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme
Ô Beauté ! Ton regard, infernal et divin
verse confusément le bienfait et le crime
et l'on peut pour cela te comparer au vin…»

Il fixait cette fois Bella dans les yeux, ce qui la fit rougir comme une pivoine. Il continua, un faible sourire en coin :

«-Tu contiens dans ton œil le couchant et l'aurore ;
Tu répands des parfums comme un soir orageux ;
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
qui font le héros lâche et l'enfant courageux…» Récitait-il, si doucement qu'il chuchotait presque.

Le son de la voix de Jacob lui rappelait la paix qu'elle avait ressentie au creux du ventre de la mer déchaînée. Un silence empreint de sérénité, enveloppé par la douceur de l'eau. Et comme lorsqu'elle mourait aux profondeurs des abysses, elle sentait son corps flotter dans un voile de soie. Elle se sentait quitter, déjà, un monde qui prenait tant plaisir à la désabuser.

«-Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien ;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien…»

Elle était ébahie devant ce côté qu'elle ne connaissait pas de Jacob. Il aimait la poésie…?

«-Tu vois, commença-t-il, je ne suis pas si inculte que ça…! Riait-il, se moquant surtout un peu de l'air hébété imprimé sur le visage de Bella.

-Jake, je… Je ne savais pas que tu aimais la poésie…

-Ce n'est pas tant la poésie… Baudelaire a disons…, commença-t-il, effaçant tranquillement son sourire pour laisser place à un ton plus sérieux : …Disons qu'il a le don d'exprimer les choses que je ressens.» Finit-il, ancrant ses pupilles dans celle de la belle.

Elle rougissait, et son cœur battait à tout rompre. Elle savait qu'il parlait des poèmes de Baudelaire en général, mais à l'entente de sa phrase, elle avait eu l'impression qu'il parlait de ce poème-même, celui où il déclarait son amour.

Elle détourna son regard de son homologue, soudain troublée pas la situation. Elle voulait écourter ce moment de malaise, où elle avait eu l'audace de se faire des idées.

«-Hum… Si on commençait mon travail…? Pendant qu'on parle de Baudelaire, autant y aller avec ça…

-Bonne idée… On le lis, alors?»

Bella commença la lecture :

«-Que j'aime voir, chère indolente
De ton corps si beau
Comme un étoffe vacillante
Miroiter ta peau.

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns

Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêle
L'or avec le fer…»

Elle continua de réciter son poète préféré, alors que Jacob la regardait. Il ne pouvait s'empêcher de penser que ses mots avaient été écrits pour elle. Que Bella n'avait jamais été aussi bien décrite, que même s'il pensait tous ses mots avec ferveur, il n'aurait jamais pu honorer aussi bien toute la splendeur de Bella. Il jalousait même Baudelaire de réussir à mettre des mots sur ses sentiments.

«-A te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D'un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau.»

Sa voix pure faisait sembler ses paroles comme les discours d'un ange, songeait Jacob. Et la lumière qui émanait d'elle ne faisait qu'amplifier cette impression.

Bella, elle, sentait le regard de son ami sur elle. Ses prunelles l'embrasaient d'une plaisante chaleur, si bien qu'elle prenait bien son temps pour dire chaque mot du magnifique poème, pour ressentir ce bienfait plus longtemps. Malheureusement pour elle, les deux dernières strophes arrivèrent bien assez vite :

«-Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de bohême
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D'étoiles… mon cœur.» Finit-elle, avant de poser ses yeux devant elle, comme dans le vide.

Elle se sentait étrange. La poésie avait ce petit quelque chose de magique, qui semblait rendre n'importe quel instant un peu plus spécial qu'à l'habitude. Qui rendait le monde et ses concepts un peu plus beaux. Sa vie et ses infortunes un peu moins lourdes. Et à cet instant précis, elle sentait ses propres malheurs s'envoler.

Elle se retourna vers Jacob, et l'observa. Il la regardait avec tendresse, et un léger sourire flottait sur son visage. Elle répondit à ce sourire en n'étirant que très peu ses lèvres. Ses yeux révélaient déjà à eux seuls toute l'affection que ce sourire aurait pu transmettre. Et même plus encore.

À ce moment précis, Jacob ne sut plus quoi faire. Il sentait le visage de Bella l'attirer comme la lune attire la marée : Inévitablement. Et que dire de la belle, qui se sentait flotter dans l'odeur de bois et de miel de son ami. Ils se sentaient tous les deux si déconnectés de la réalité et paradoxalement si unis l'un et l'autre, que ce fut plus fort qu'eux. Que leur conscience n'eut pas un mot à dire quand ils avancèrent leur visage vers l'autre, quand leur cœur battit à l'unisson, quand leur souffle se mélangea…

Ils étaient intensément liés, sans même en être conscients. N'importe qui ayant assisté à cette scène aurait cru en un coup de foudre. Mais c'était bien plus que ça…

«-BELLA ?» Cria soudain une voix lointaine, dans la maison, alors que les deux protagonistes étaient à un peu plus de deux centimètres l'un de l'autre.

C'était Charlie. Bella et Jacob se séparèrent instantanément, et la concernée répondit, encore confuse par les dernières minutes :

«-Je… J'SUIS DANS MA CHAMBRE, PAPA…! JACOB ET MOI ON… TRAVAILLE SUR MES DEVOIRS…!» Cria-t-elle à son tour, en guise de réponse.

Ils entendirent alors Charlie monter les marches quatre par quatre, et entrer dans la chambre. Il salua amicalement Jacob, lui posant les questions du genre «quoi de neuf», auxquelles Jacob répondait avec un grand sourire. Après quelques minutes de bavardage, il disparut de la chambre, laissant de nouveau la pièce dans le silence le plus total.

Bella et Jacob se regardèrent de nouveau, et quelques secondes plus tard, ils commencèrent à rire faiblement, mais franchement. Ils riaient du retour brutal à la réalité qu'ils avaient eu à cause de Charlie, mais aussi un peu à cause d'un malaise qui, pour une fois, était commun. Mais justement, c'était un malaise entendu, léger. Ce n'était pas un embarras insoutenable, c'était plus de la complicité qu'autre chose. Pourtant, un certain sentiment de flottement régnait dans la pièce. Comme si ni l'un ni l'autre n'avait réellement compris ce qui c'était passé. En fait, ils n'avaient pas vraiment réalisé la connexion qu'ils avaient eut. Comme si, d'une certaine façon, ça ne c'était jamais réellement produit…

«-Bon… On commence ce commentaire? Lança Bella, encore ce sourire complice au visage, voulant surtout revenir à la réalité.

-Bonne idée…!»

Jacob prit donc papier et crayon, et écrivit ce que lui dictait Bella. Il trouvait sa façon de parler de l'œuvre de Baudelaire des plus ravissantes :

«Baudelaire écrivait sur papier ce que lui chantait son cœur. Le serpent qui danse est l'observation de la beauté sublime; celle d'une femme qu'on aime. Qu'on aime pour toutes ses petites choses qui font d'elle ce qu'elle est, ce que nous sommes; ''Comme les flots grossis par la fonte des glaciers grondants, quand l'eau de ta bouche remonte au bord de tes dents, Je crois boire un vin de bohême amer et vainqueur, un ciel liquide qui parsème d'étoiles mon cœur'', à ce moment il parle de la salive qu'on goûte lorsqu'on embrasse avidement sa bien-aimée. Baudelaire rend le geste simple d'amoureux de s'embrasser en métaphores enivrantes, qui donnent tout simplement envie de… De…»

Un silence s'installa : elle hésitait à continuer sa phrase. Jacob, lui, n'était malheureusement pas du même avis :

«-De? Demanda Jacob, recyclé en scribe de service.

-… Qui donnent tout… tout simplement envie de…, commença-t-elle,… de se faire embrasser avec la même passion». Finit-elle, en diminuant sa voix au fur et à mesure.

Elle avait regardé Jacob en prononçant ses mots, ce qu'il avait remarqué. Mais aussi eut-elle finit sa phrase qu'elle détournât nerveusement son visage de l'indien.

Elle rougissait. Et il le savait. Il aimait la savoir rougir, ça lui faisait chaud au cœur. Il aurait très bien pu la narguer avec ça à ce moment-même, mais il s'en retint. La douceur de son amie était trop belle pour la ramener au monde réel.

«Monde réel…» Pensa-t-il. Quel monde réel. Celui où il la faisait souffrir…

Un voile de mélancolie vint de poser sur son visage. Il mourait d'envie de lui dire. Il mourait d'envie de la toucher, juste du bout des doigts, de toucher sa peau douce et fraiche. Simplement, poser sa main sur sa joue, la caresser. Voir dans ses yeux tout cet amour qu'il aime tant à voir. À lire. Contempler ses traits irréprochablement parfaits, ses yeux de biche perdue qui ne demande qu'à retrouver son chemin, son petit nez fin, ses lèvres roses et légèrement pulpeuses, ses joues rouges de gêne…

Bella retourna finalement sa tête vers lui. Voyant qu'il était pensif, elle lui demanda :

«-À… À quoi tu penses, Jake?»

«À toi», voulait-il dire. « À ta beauté, à la magnificence de ton esprit, à ton intelligence. À la perfection que tu es, qui me rend fou.» Il voulait lui dire toutes ses choses, mais c'était impossible.

Il devait s'en tenir au «plan», et continuer sa torture.

Il sortit donc le sourire le plus subjectif, avant de s'humecter sensuellement la lèvre, et de dire :

«-Je n'sais pas, je me disais que ce lit me rappelait de bons souvenirs…»Lança-t-il, insinuant le moment intense qu'ils avaient passés là, à s'embrasser comme des dingues.

Bella répondit cependant rapidement :

«-Un souvenir que t'as qualifié d'erreur, oui.» Rétorqua-t-elle, une certaine rancœur dans sa voix.

Cette phrase atterrit dans le ventre de Jacob comme un coup de poignard. Mais il ne le laissa pas paraître; le «plan» l'obligeait. Il se rapprocha donc du visage de Bella, qui le regardait sans scrupule : «-Mais, tu sais Bella…» Commença-t-il, tout en continuant d'approcher son visage de la dite Bella.

À chaque centimètre que Jacob transcendait, le visage de Bella s'adoucissait. Plus il s'avançait, plus le cœur de sa belle battait avec rapidité. Jacob pensa que c'était la plus belle musique à ses oreilles.

Finalement, ce ne fut qu'à environ un centimètre de ses lèvres qu'il finit, murmurant:

«-… Certaines erreurs valent la peine d'être commises…»

Chacun regardait les lèvres de l'autre avec une envie incommensurable. «Toujours la même chose, pensait Jacob, j'improvise sans arrêter et finalement je me laisse prendre à mon propre jeu… Comme si j'avais la force de résister à ses lèvres de toute façon…»

Il combla finalement le peu d'espace qu'il restait à franchir afin de sceller leurs lèvres. Ils s'embrassaient tendrement, et alors que Bella posa sa main gauche sur la nuque de Jacob, ce dernier en sentit un frisson d'excitation. Il savait que s'il ne s'arrêtait pas là, il n'allait pas réussir à s'arrêter. Sa Bella savait si bien comment le rendre fou, et même si c'était inconscient, ça ne faisait que prouver que leur corps étaient faits pour s'aimer.

Comment résister à une telle musique, cette de leur lèvres qui se disaient des mots d'amour, de leurs langues qui s'enlaçaient, de leur souffle qui s'entrechoquait, de leurs faibles gémissement qui valsaient…

Mais encore et toujours, le «plan» le rappelait à l'ordre.

Il se sépara donc de Bella, et, d'un sourire mesquin, il lui dit :

«-… Mais ça ne veut pas dire qu'il faut les répéter…!»

Il lui fit un clin d'œil, et se remit en place pour faire son travail de scribe. Mais ça ne suffisait pas à Bella.

«-J'peux savoir c'est quoi ton problème, Jacob Black?» S'offusquait-elle.

Le concerné leva les yeux vers elle, un sourire en coin pendu aux lèvres. Il jouait son rôle à merveille…

«-Je n'ai aucun problème, mais merci de t'inquiéter.

-Non mais écoutes-toi parler..! Tu… Tu m'embrasses, encore et… Et en plus tu insinues encore que c'est une erreur..? Pourquoi est-ce que tu me fais ça..?

-C'est que je te trouve magnifique quand tu es fâchée…

-Je… Ça… J…

-…Et aussi quand tu es toute rouge et que ton cœur palpite parce que je te complimente… Ça me donne encore plus envie de continuer de te complimenter….

-Je… Je sais que tu… Que tu entends mon cœur battre, mais c'n'est pas une raison de…

-De quoi? De te dire à quel point tu es magnifique et parfaite? D'essayer de te faire comprendre que tu n'as aucune raison d'être complexée sur ton corps, et… Crois-moi, je sais de quoi je parle…» Sourit-il, avant de lui faire un clin d'œil.

Elle savait qu'il essayait juste de l'embarrasser, mais elle n'en rougit pas moins. Elle tenta tout de même de répondre :

«-Jake, tu… Tu.…

-…Je…?

-…Tu… Tu fais chier!» Ragea-t-elle, rouge comme une pivoine, ce qui lui enlevait considérablement de la crédibilité.

Elle fit semblant de le bouder, mais ça ne dura pas vraiment. La vérité était que, malgré toute la force de caractère qu'elle pouvait posséder, elle n'arrivait pas à résister au sourire de Jacob, à sa voix, et même à ses compliments gênants. Elle fondait sous l'ardeur de ses yeux noirs… Elle y sombrait un peu plus chaque instant.

Quant à Jacob, lui, rit de vive voix, heureux d'avoir fait oublier sa colère à Bella. Enfin, pour le moment. Parce qu'elle n'allait pas tomber dans le panneau éternellement.

Jacob ne faisait qu'espérer que, le jour où il devra tout dévoiler, ce sera au bon moment…

À suivre…

Alors, un peu de Jacob, ça explique des choses ou c'est encore plus confus ? Mais ne vous inquiétez pas, ce cher Jacob finira bien par éclairer vos lanternes!

Je veux des reviews ! C'est obligé !

Merci !

Irisie xx