Cet OS a été écrit avec un petit jour de retard, pour la journée mondiale des enseignants qui a lieu le 5 octobre, dans le cadre d'un jeu du FoF (lien sur mon profil et dans mes auteurs favoris).

Disclaimer : persos pas à moi, à JKR.

Bonne lecture !


Ce lundi 5 octobre 1992 avait tout pour être un lundi parfaitement ordinaire au château de Poudlard. Il pleuviotait dehors, mais rien de surprenant à cela, on était en Ecosse après tout. A l'intérieur, les portraits des tableaux somnolaient, les élèves traînaient des pieds en regrettant la fin de leur week-end, et les professeurs s'apprêtaient, avec plus ou moins d'enthousiasme, à entamer une nouvelle semaine durant laquelle ils tenteraient de faire entrer quelques notions de sorcellerie dans les petites têtes blondes qui peuplaient leurs salles de classe.

« Têtes blondes ? Têtes vides et creuses, oui », grogna Severus Rogue lorsqu'il entendit sa collègue Chourave employer cette expression presque poétique.

« C'est une expression moldue », précisa obligeamment la professeur de botanique, sans toutefois espérer que ça n'attendrisse davantage le maître des potions (c'était juste histoire de converser, elle se sentait d'humeur joviale et sociable ce matin, encore plus que d'habitude).

« En parlant de moldus, j'ai quelque chose à partager avec vous, chers amis ! » Lança soudain une voix que tous reconnurent sans avoir besoin de se tourner vers leur interlocuteur.

Albus Dumbledore venait d'entrer dans la salle des professeurs, affublé d'une robe violette parsemée d'étoiles brillantes. Il souriait à pleines dents derrière sa longue barbe, comme s'il était porteur de la meilleure nouvelle qui soit pour ses employés.

« Quoi donc, Albus ? » Demanda Minerva, sans même feindre l'intérêt. Visiblement, elle s'attendait à une nouvelle lubie qui, contrairement à son mentor, ne la réjouirait nullement, elle…

Mais le directeur ne se départait pas de son sourire. Il attendit que tous le regardent, ce qui ne tarda guère à arriver : une nouvelle lubie, c'était probable, mais une fois annoncée, la curiosité des enseignants faisait son office, presque malgré eux.

« Figurez-vous qu'aujourd'hui », révéla-t-il enfin, « c'est la journée des enseignants ! »

Le silence le plus total lui répondit. Un silence perplexe…

Mais Dumbledore n'était pas homme à se laisser démonter pour si peu, lorsque quelque chose le réjouissait. Ainsi, le silence s'éternisait, et Dumbledore souriait toujours.

« La… Journée des enseignants ? » Répéta Sinistra au bout de quelques instants, dans l'espoir sans nul doute d'obtenir quelques précisions.

« Tout à fait, ma chère Aurora ! Comme quoi, même à mon âge, on apprend encore des choses. J'ai découvert, grâce à un vieil ami qui m'envoie régulièrement un journal moldu pour me divertir, que nos voisins dépourvus de magie dédient régulièrement un jour de l'année à des causes qui leur tiennent à cœur. Contre diverses maladies, pour la famille, contre la pauvreté… Et aujourd'hui, ils rendent hommage aux enseignants ! Aviez-vous connaissance de cette tradition, Charity ? » Demanda-t-il en se tournant vers la professeur d'étude des moldus, qui rougit instantanément d'être le centre de l'attention. Elle bafouilla une vague réponse, mais fut sauver par des interrogations plus pressantes que ses collègues désiraient adresser au directeur.

« Et à quoi cela sert-il, concrètement ? » Plusieurs voix avaient posé la question simultanément. D'autres en revanche ne se prononçaient pas, restant dubitatifs ou écoutant les débats en réservant leur jugement.

« Pourquoi vous faut-il toujours du concret ? Cela sert à se souvenir, à penser à certaines personnes, à leur mérite ou à ce qu'elles subissent. Cela sert à ne pas être centré uniquement sur soi, et à être conscient de ce qu'il se passe dans son environnement ! »

La façon dont Albus pouvait défendre avec fougue des choses qui semblaient totalement insignifiantes au commun des mortels ne cessait jamais de surprendre.

« Ainsi, aujourd'hui, le monde entier pense à nous et à ce que nous souffrons avec les élèves, c'est cela ? » Reformula Septima Vector, professeur d'arithmancie, non sans ironie.

« Non, le monde entier pense à vous et à ce que vous transmettez aux enfants, en terme de connaissances mais également en terme de valeurs pour leur future vie d'adulte ».

« Rien que ça ! » Rigola Brûlopot. « Enfin, à défaut de fonder autant d'espérances que vous dans cette banale journée, c'est au moins agréable de vous entendre parler de nos fonctions avec autant d'estime ».

Vector quant à elle ne se laissa guère attendrir par ces beaux discours. En bonne professeur d'arithmancie, elle restait pragmatique. « Comment peut-on instaurer une journée des enseignants un lundi ? Ce devrait être un jour non travaillé ! »

Sa remarque amena bon nombre d'exclamations d'assentiment. C'était bien vrai, ça.

« Et bien, je ne peux évidemment vous offrir cette journée et laisser les élèves livrés à eux-mêmes », répondit Dumbledore. « En revanche, j'ai contacté Mme Rosmerta pour une petite commande, aussi ai-je le plaisir de vous inviter ce soir à partager un moment ensemble autour d'un verre de jus de citrouille ou de bièraubeurre ».

« Ah, en voilà enfin une bonne idée ! » Réagit instantanément Mme Bibine, tellement spontanément qu'elle déclencha l'hilarité d'un certain nombre de ses collègues.

Et sur ce, tous commencèrent à rassembler leurs affaires et quittèrent l'un après l'autre la salle des professeurs, en direction de leur premier cours de la journée.

OoOoO

Pour McGonagall, la journée fut terriblement frustrante. Des jumeaux Weasley en grande forme, et bien sûr, impossible à canaliser. Un Olivier Dubois surpris à préparer les entraînements qu'il ferait subir à son équipe, plutôt que d'écouter son cours. Des filles de quatrième année punies pour ne pas s'être réveillées et avoir manqué les cours de la matinée, ayant une fois de plus privilégié leurs nuits de bavardage par rapport à leur assiduité scolaire. Des garçons de septième année appréhendés en train de se battre comme des sauvages, montrant ainsi le meilleur exemple qui soit aux plus jeunes. Par Merlin, ses gryffondors ne changeraient-ils donc jamais ?

Pour Sinistra, la journée fut d'un ennui mortel. Ses journées de cours étaient allégées, puisque presque chaque soir, il lui fallait donner des cours pratiques à la nuit tombée. Ce rythme lui convenait plutôt d'habitude, mais cela l'obligeait à louper systématiquement toutes les festivités qui avaient lieu en semaine. Alors, depuis que Dumbledore avait annoncé la petite sauterie de ce soir, donnant ainsi une perspective réjouissante pour le reste de l'équipe enseignante, la professeur d'astronomie avait quant à elle perdu le peu de motivation avec laquelle elle s'était levée ce matin.

Pour Vector, la journée fut bien énervante. Entre les cinquièmes année qui avaient fomenté une petite rébellion et décidé tous ensemble de ne pas rendre leurs devoirs, les sixièmes année qui n'avaient mis aucune bonne volonté pour comprendre la leçon du jour, et les troisièmes année qui semblaient totalement surexcités… Que se passait-il, aujourd'hui ? Etait-ce l'arrivée de l'automne qui les rendait si insupportables ? Ils n'étaient pourtant pas aussi pénibles, en général !

Pour Rogue, la journée fut… Comme d'habitude. Il retira quelques dizaines de points au trio Potter-Weasley-Granger, et eut même une pensée pour son directeur lorsqu'il décida que, en l'honneur de cette journée des enseignants, il profiterait encore davantage de sa position. Il terrifia un certain nombre d'élèves voire un nombre certain, et il favorisa honteusement ses serpentards devant tout le monde, sans toutefois jamais cesser de les surveiller étroitement dans l'ombre.

Pour Brûlopot, la journée fut… Trop longue. Elle commença mal, puisque, malgré sa connaissance des espèces qu'il faisait étudier à ses élèves, il se laissa malgré tout prendre par une horde de strangulots vivant dans le lac, qui tentèrent de l'étrangler avec leurs longs doigts de meurtriers. Il avait eu un mal fou à s'en dépêtrer, sous les rires moqueurs de l'assistance, bien entendu. Pas un seul n'avait bougé pour l'aider, et tous riaient encore sous cap à la fin du cours. Or, si Brûlopot détestait une chose, c'était bien qu'on se moque de lui. En outre, lorsqu'il était de mauvaise humeur, il mettait généralement plusieurs heures à s'en remettre, alors lorsque dès la première heure les choses tournaient si mal… Tout bien réfléchi, ça aurait probablement été plus humiliant encore si les élèves l'avaient aidé.

Pour Trelawney, la journée fut emplie de boules de cristal, de feuilles de thé, et de prédictions liées aux rêves, à la position de la lune et la configuration des étoiles. Journée des enseignants ? Quelle bonne blague. Elle n'était pas une enseignante, non. Elle était bien plus que cela. A quand une journée du troisième œil ? Il serait juste d'y rendre hommage, ce don était si rare, si précieux, et si mal considéré ! Elle ne cherchait qu'à rendre service, après tout, en avertissant les quidams de ce qui leur arriverait, et elle n'avait que le mépris pour seul remerciement. Non, définitivement, elle ne répondrait pas à l'invitation de Dumbledore ce soir.

Pour Babbling, la journée fut beaucoup trop stressante. Tout d'abord, elle était censée passer une bonne partie de la première heure à corriger le dernier devoir donné aux septièmes année, or elle avait oublié d'emporter leurs copies. A croire qu'elle se baladait sans sa tête en ce moment, car lors du cours suivant, elle s'aperçut que la semaine précédente, elle n'avait pas précisé aux élèves d'apporter leur dictionnaire de runes, or celui-ci était absolument indispensable pour la leçon du jour. Ensuite, dans l'après-midi, elle reçut un courrier d'un parent, qui se plaignait et remettait ouvertement en cause ses méthodes, car comment son petit chérubin de troisième année, si doué dans toutes les autres matières, pouvait-il n'avoir que des mauvaises notes avec elle ?

Pour Flitwick, la journée fut abominable. Il avait attrapé froid, toussait sans discontinuer et n'arrivait presque plus à parler. Or, ces satanés élèves n'avaient décidément aucune pitié pour un professeur mal en point et Filius avait passé son temps à crier. A essayer de crier, en tout cas. Rectification : ce n'est pas que les élèves n'avaient aucune pitié pour un enseignant malade, c'est qu'ils devenaient encore plus chahuteurs lorsqu'ils trouvaient une brèche dans laquelle s'engouffrer. Mais c'était de leur âge, n'est-ce pas ? Ca irait mieux demain, certainement…

Pour Chourave, la journée fut franchement mitigée. Elle s'était levée de bonne humeur, mais ça n'avait duré que jusqu'à midi, environ. Ensuite, ses poufsouffles de première année étaient venus la voir en délégation pour réclamer justice, face à ce qu'ils considéraient comme du harcèlement de la part du Professeur Rogue. Ils en avaient beaucoup parlé entre eux, et avaient visiblement fini par se monter la tête mutuellement, en dépit des conseils de leurs camarades des années supérieures qui leur affirmaient qu'il valait mieux ne pas y faire attention et sérer les dents. Pomona avait été bien en peine pour les rassurer et leur expliquer que non, elle ne pouvait rien faire contre les méthodes d'un collègue qui était par ailleurs l'un des meilleurs professionnels dans sa matière. Les petits s'étaient insurgés et étaient ressortis de son bureau, déçus quant à la confiance qu'ils avaient placé dans leur directrice de maison.

Pour Burbage, la journée fut un peu triste. Les élèves qu'elle avait eu ne s'étaient montrés que très peu enthousiastes face aux méthodes moldues qu'elle voulait leur faire découvrir. Elle avait notamment entamé le chapitre de l'électricité avec ses quatrièmes année, mais bon nombre d'entre eux avaient passé toute l'heure à soupirer en disant qu'ils n'y comprenaient rien, que c'était trop tordu… Or, l'électricité était indispensable pour aborder presque toutes les thématiques de cette année. Il lui faudrait donc retravailler sérieusement tout ça pour trouver un moyen de les y intéresser.

Pour Binns, la journée fut, ô surprise, parfaitement monocorde. D'ailleurs, quel jour étions-nous, au fait ?

En réalité, il n'y eut guère que Bibine pour rire un peu en ce lundi. Enseigner le vol à des premières année était toujours un grand moment.

OoOoO

En résumé, ça avait été leur fête, aujourd'hui, c'était le moins que l'on pouvait dire. Tout compte fait, les moldus avaient été bien inspirés d'instaurer une journée pour leur rendre hommage !

Ainsi, ce soir, ce fut bon nombre de soupirs de soulagement qui se firent entendre lorsque, les cours terminés, on se rejoignit dans la salle des professeurs et l'on prit place autour de la grande table, déjà couverte de boissons et de quelques mets appétissants à grignoter. Pour l'occasion, l'ensemble du personnel de Poudlard avait été invité. Deux elfes avaient insisté pour rester faire le service, aussi n'y avait-il plus qu'à s'asseoir et se détendre…

Les conversations allaient bon train. A propos de cette journée, qui aurait dû être rebaptisée « journée des déboires de l'enseignement » ; de Poppy Pomfresh, qui demandait à Dumbledore si une journée des infirmières existait, parce que les professeurs n'étaient pas les seuls à souffrir dans une école remplie de casse-cous et de petits plaisantins ; d'Irma Pince qui, dans ce cas, voulait elle aussi une journée des bibliothécaires, pour être quotidiennement confrontée à des adolescents qui ne respectent rien ; de Rusard, qui aurait probablement adoré le concept d'une journée des concierges, mais qui n'était pas là pour le dire puisqu'il avait refusé de venir, arguant que si tout le monde faisait la fête, qui est-ce qui allait maintenir la discipline dans ce château ?

Hagrid, quant à lui, ne réclamait rien du tout. Un verre aussi grand qu'un seau à la main, il avait les yeux brillants et semblait simplement heureux d'être là, honoré par l'invitation du directeur.

Ce moment convivial se poursuivit ainsi dans une joyeuse agitation, au milieu de discussions multiples qui partaient dans tous les sens entre les uns et les autres. On n'était que lundi soir, mais déjà on ressentait le besoin de souffler, de ne pas penser à ce qui nous attendait encore avant le prochain week-end.

C'est alors qu'un professeur que plus personne n'attendait, que tous avaient oublié avec bonheur pour être honnête, fit son entrée. Gilderoy Lockhart salua l'assistance d'une voix forte et pédante, comme si sa présence avait manqué à la fête avant cet instant.

« Excusez-moi pour mon retard, je devais répondre de toute urgence à certaines de mes fans qui s'inquiètent pour moi depuis que je suis professeur. Alors, il paraît qu'une petite célébration est organisée aujourd'hui ? Justement, je me suis déjà à plusieurs reprises fait la réflexion que ce genre d'événements manquait cruellement à Poudlard. En ce qui me concerne, quels que soient les pays dans lesquels je me suis rendu, les habitants des villages ont toujours organisé régulièrement des rassemblements en mon honneur. Il faut dire que sans moi, qui sait ce que ces pauvres gens seraient devenus ? Je les ai après tout débarrassé de bon nombre de dangers. Oh, et je ne vous parle même pas de Sorcière Hebdo, qui n'a pas son pareil pour les événements festifs. En étant cinq fois lauréat du sourire le plus charmeur, j'ai eu tout le temps d'en juger puisque j'étais au centre des réjouissances ! »

Tout au long de son monologue, les membres du personnel de Poudlard s'étaient tournés les uns après les autres vers lui et le regardaient d'un air totalement ahuri. Ils avaient beau côtoyer Lockhart depuis un bon mois maintenant, il leur semblait pourtant encore, à chaque fois qu'il ouvrait la bouche, que sa prétention atteignait des sommets jusqu'alors inexplorés.

Minerva McGonagall, qui n'avait même pas attendu une semaine avant de lui témoigner son hostilité, lui répondit tout naturellement : « aujourd'hui, ce n'est pas pour des critères de beauté superficiels que nous sommes réunis, Gilderoy, mais pour célébrer notre travail auprès des élèves. Un travail qui suppose d'être tourné vers eux, et non vers soi. Par conséquent, je ne suis pas sûre que vous y ayez votre place, voyez-vous ».

A ces mots, toutes les personnes présentes, quel que soit leur caractère respectif, ricanèrent ou pouffèrent bien peu charitablement. Dumbledore quant à lui tenta d'afficher sa désapprobation, comme il le faisait par réflexe lorsque l'un de ses professeurs était décrié. Mais il échoua, car il savait que son adjointe disait vrai sur le fond, même s'il n'en appréciait pas la forme.

Evidemment, Lockhart sourit, comme toujours. Impossible donc de savoir s'il avait compris la pique mais tentait de garder la face, ou si au contraire il avait cru à une petite blague, destinée à un collègue que tous ne pouvaient qu'apprécier, bien sûr.

Finalement, ce n'était pas les élèves qui causaient le plus de cauchemars aux professeurs. Non, certains collègues généraient bien plus de frustration et de désespoir, avec en plus cette impression désagréable que eux, contrairement à des adolescents, ne pouvaient être changés. Et ces derniers temps, lorsque le dit collègue enseignait la défense contre les forces du mal, la migraine était quasiment assurée.

Alors, une journée des enseignants, d'accord. Mais encore faudrait-il préciser un minimum de quels enseignants on parlait, parce qu'il ne fallait pas mélanger les dragons avec les veracrasses. Car être mis dans le même panier que Lockhart avait de quoi déprimer même les plus endurcis.


Bon, voilà. Cet OS n'est pas ce que j'aie fait de mieux, mais je voulais clôturer ce recueil et la journée des enseignants me semblait être un bon prétexte pour le faire. N'hésitez pas à me donner sincèrement votre avis, et je vous dis à bientôt !