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Disclaimer : l'est pas à moi, l'univers HP... Je l'emprunte juste quelques instants à JKR.


On avait toujours dit de Filius Flitwick qu'il était émotif et sensible. C'était bien vrai, d'ailleurs. Nul n'aurait osé affirmer le contraire, surtout pas lui-même. En outre, physiquement, il n'était guère très impressionnant. Vu sous cet angle, être professeur et faire face à une horde d'élèves déchaînés ne semblait donc pas être le meilleur plan de carrière qui soit.

Mais les apparences étaient parfois bien trompeuses. Sa petite taille et ses airs angéliques ne l'avaient jamais empêché de devenir un duelliste redoutable, que ses adversaires avaient renoncé à sous-estimer très rapidement.

Ainsi, lorsqu'il était devenu professeur, il avait craint des difficultés pour se faire respecter de ses élèves. Il avait bien conscience que de prime abord, il ne semblait ni imposant, ni charismatique, ni quoi que ce soit d'autre qui puisse constituer un atout.

Il était arrivé à son premier cours avec le sourire, prêt à se montrer ouvert et compréhensif à l'égard de ces futurs adultes. Il avait l'intention de les écouter, de les guider. Il s'était refusé d'interpréter négativement les regards mi-moqueurs, mi-calculateurs des élèves qui le fixaient pendant qu'il parlait.

Mais bientôt, il n'avait plus pu ignorer le chahut, de plus en plus évident, jusqu'à en devenir presque humiliant. Tous, même les plus sages, finissaient par quitter leur place comme bon leur semblait ; certains le regardaient de haut, signifiant ainsi clairement que même face à de jeunes adolescents, les élèves dépassaient déjà le maître en terme de carrure ; d'autres lui parlaient avec une condescendance insupportable, comme si c'était lui l'enfant dont il fallait s'occuper.

Il avait cherché à rétablir son autorité par le dialogue, persuadé que les jeunes avaient besoin que l'on mette des mots sur les choses, convaincu qu'ils respecteraient davantage une explication calme qu'une fermeté nette et sans appel. Mais force était de constater que mêler son idéal à la réalité n'était pas si facile.

Filius ne se souvenait plus exactement à quel moment il s'était mis en colère, mais c'était certainement peu après la rentrée des classes. Il n'avait pas calculé son coup. Il n'avait rien prévu, ça lui était simplement venu comme ça. Il avait des grands dans son cours, sixième ou septième année. Comme d'habitude, il régnait dans sa salle un véritable foutoir. Il savait que Minerva McGonagall enseignait non loin de là. Elle devait probablement tout entendre et cette simple idée lui était insupportable. Sa collègue, à plusieurs reprises, lui avait demandé sèchement s'il avait besoin d'aide et l'avait regardé avec son inimitable air pincé lorsqu'il lui avait assuré que tout allait bien. Mais il avait l'impression qu'il en serait définitivement terminé de son autorité s'il se faisait aider par un autre professeur.

Il avait frappé auprès des leaders. Deux garçons qui se servaient de leurs baguettes pour se lancer des boulettes de parchemins, sous les rires et encouragements de leurs camarades. Il avait visé une boulette en plein vol, et lui avait fait prendre feu sous le regard effrayé et ébahi des deux agitateurs et de leurs nombreux spectateurs. Pendant plusieurs secondes, il avait fait grossir la boule de feu jusqu'à ce qu'elle soit suffisamment proche du visage des élèves statufiés pour que ça les impressionne ou leur fasse un peu peur.

Lorsque, passé l'instant de surprise, tous s'étaient finalement tournés vers lui dans le silence le plus total, il avait explosé. Il n'avait pas crié, mais avait fait passer tout son agacement dans son ton. Et pour une fois, personne n'avait ri de sa voix fluttée. Tous contemplaient sa tête haute, son regard flamboyant et sa baguette encore levée avec détermination. Tous, à ce moment-là, s'étaient souvenus que leur professeur avait été champion de duel avant d'affronter des gamins en mal de sensation. Et tous, à ce moment-là, avaient compris que la réputation de leur professeur dans ce domaine était loin d'être volée.

Bien sûr, tout ne s'était pas arrangé aussi facilement par la suite. La magie n'était pas toujours d'une grande aide. Sorciers ou moldus, tout professeur de la création se retrouvait confronté aux mêmes difficultés lorsqu'il s'agissait de faire respecter la discipline à des jeunes qui n'aspiraient qu'à la transgression.

Toutefois, les choses s'étaient considérablement arrangées. Il avait dû s'affirmer bien d'autres fois encore, mais ça faisait partie du jeu. Et aujourd'hui, aucun élève n'osait davantage se moquer de lui que de Minerva McGonagall, ce qui en disait long sur le chemin parcouru.

A présent, il pouvait rire des mésaventures liées à sa petite taille avec ses élèves sans craindre de s'enfoncer. A présent, il pouvait se placer de leur côté et prendre leur défense sans perdre sa légitimité d'enseignant à leurs yeux.

Et, aujourd'hui, le professeur Flitwick bénissait son métier. Déjà il y a trois ans, lorsque cet imposteur de Lockhart avait été nommé professeur, Filius et ses collègues s'en étaient donné à cœur joie pour le mettre en difficultés et l'évincer. Tant qu'à faire ils avaient choisi d'en rire, au cours d'une année qui avait été pour le moins éprouvante. Mais, il se souvient qu'à l'époque, sa principale satisfaction avait été de s'apercevoir que les élèves n'étaient pas dupes de la vantardise de ce bellâtre, pour la plupart d'entre eux en tout cas. Les jeunes filles fleur bleue de moins de treize ans avaient bien un petit faible pour son sourire charmeur, mais ça, c'était plus attendrissant que désespérant.

Et puis, là, à l'aube d'une période sombre, Filius avait étonnamment foi en l'avenir. Tous les enseignants de Poudlard se soutenaient pour tenir tête à Dolorès Ombrage, et cette solidarité lui donnait des ailes malgré la discipline dictatoriale en place et l'annonce du retour de Vous-Savez-Qui. Mais surtout, surtout, l'opposition des élèves, qu'elle soit discrète ou frontale, était tellement formidable !

Il fallait les observer, lorsqu'ils avaient décidé de ne pas se laisser marcher sur les pieds. Des regards fiers et durs, des airs méprisants à souhait, des ricanements moqueurs… Les plus timides ou les plus faibles n'avaient jamais été aussi soutenus par leurs camarades, les plus effacés ou les plus sages n'avaient jamais paru si vivants… Leur attitude avait de quoi mettre du baume au cœur.

C'était beau à voir, la conscientisation de la jeunesse. Et tant que cette jeunesse capable de se soulever et de se révolter existerait, Filius serait optimiste pour le devenir du monde.


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