Chapitre 9
23 mai (lundi)
Harry avait gardé pour lui, l'ultimatum posé par Blaise. D'une part parce que cela lui semblait presque irréel qu'on veuille de lui à ce point et d'autre part, si Ron venait à le savoir, il était perdu. Il savait pertinemment que le rouquin ne leur laisserait plus un instant de répit.
Aujourd'hui il devait se rendre sur le chemin de traverse, pour voir George. Bien que celui-ci lui ait assuré qu'il n'ait nullement besoin d'entretien d'embauche pour reprendre son emploi, Harry voulait quand même, refaire un essai. Après avoir déposé Raphaël chez Molly, il transplana devant la boutique. Il remarqua qu'il y avait toujours autant de clientèle, ce n'était pas la franche bousculade, mais on s'apercevait rapidement que George semblait débordé. Il entra et le rejoignit derrière le comptoir, sous l'œil soulagé du rouquin.
- Tu es mon sauveur Harry.
- C'est la troisième fois que tu me le dis depuis qu'on se connaît George.
- Parce que c'est vrai, tiens encaisse ça, tu te souviens ?
- Oui, ça vous fera 1 gallion et deux morilles fit il en tendant le sachet contenant les achats d'une jeune demoiselle.
La matinée passa rapidement, sans aucun instant de relâche, quand arriva midi, George décida de fermer la boutique et d'inviter Harry au restaurant d'à côté.
Ils s'installèrent en terrasse et passèrent commande.
- Merci d'être venu, tu as toujours envie de retravailler ?
- Oui, ça m'a manqué.
- Comment va mon neveu ?
- Bien, Molly est ravie de le garder et lui, il adore courir dans le jardin après les gnomes.
- Et toi, comment ça se passe ? Tu comptes refaire ta vie un jour ?
- Depuis Ginny j'avais jamais eu me poser la question et là, c'est un peu compliqué. Et toi ?
- C'est le calme plat, la mort Fred a été la pire épreuve de ma vie. Alors aimer et risquer de perdre à nouveau, je ne veux plus, j'ai essayé mais ça n'a jamais marché.
- Ça fait déjà neuf ans George.
- Je ne veux plus voir mourir ceux que j'aime.
- C'est inéluctable, à moins de mourir avant.
- J'y ai pensé, avoua George. Tu dois me prendre pour un imbécile, grimaça-t-il.
- Non, je sais ce que c'est, mais heureusement mon fils a été une raison suffisamment motivante pour vouloir survivre, et la tienne ?
- La lâcheté, ricana-t-il.
- C'est une excuse valable, rit Harry à son tour.
- Qui est cette personne qui te complique la vie ?
- Blaise.
- Un mec ! Intéressant. Pourquoi lui ?
- Je n'ai pas choisi, je lui ai tapé dans l'œil et il m'a avoué m'aimer.
- Et toi ?
- Je l'aime bien, mais cela aurait été plus simple s'il avait été une femme.
- Homme ou femme, l'important c'est les sentiments, que vous soyez bien ensemble. Rien d'autre n'importe Harry.
- Tu parles en connaissance de cause ?
- Oui, j'aime les deux, c'est pourquoi je peux te rassurer, l'amour est identique seul l'acte est différent mais cela n'en est que plus plaisant.
- Ah ! Rougit Harry.
- C'est-ce qui te fait peur ? La première fois c'est déstabilisant, troublant et totalement différent de ce à quoi on s'attend.
- Blaise est adorable et Raphaël l'aime beaucoup.
- C'est bien, pour vous deux. Si tu doutes essaye, donne lui une chance de te prouver qu'on peut aimer une personne du même sexe sans en avoir honte. Dis lui tes peurs, il a sûrement eu les même avant toi.
- C'est bien joli de donner des conseils George, mais ce serait bien de les mettre en pratique toi-même.
- J'aimerais parfois trouver quelqu'un, mais quand on est pas prêt à aimer les gens vous fuis.
- Blaise m'a donné deux semaines pour me décider.
- Pourquoi deux ?
- Jusqu'à l'accouchement de Hermione, après il s'en ira.
- Et c'est-ce que tu veux ? Qu'il parte.
- Non ! S'exclama-t-il.
Cette réflexion s'en suivit d'un long silence pendant lequel, chacun d'entre eux se plongea dans la dégustation de leur dessert, seul le bruit des petites cuillères dans les assiettes, se faisait entendre. George souriait et Harry se demandait pourquoi ce non, avait fusé aussi rapidement.
- Dis le lui, reprit George en reposant sa petite cuillère.
- Trouve quelqu'un, lui répondit Harry aussitôt.
- Bien, je cherche quelqu'un si tu lui dis.
- C'est du chantage ! S'offusqua Harry.
- Tu as notre bonheur dans tes mains. Seras-tu à nouveau mon sauveur Harry ?
- J'ai quinze jours, commence déjà à chercher. À bientôt Georgie.
- Donne-moi rapidement une réponse pour le boulot.
- Je commence demain, cria Harry.
- A demain, soupira-t-il, et merde comment je vais faire pour me trouver un mec ou une nana ?
24 mai (mardi)
Les jambes en coton et les pieds échauffés, Harry se laissa lamentablement tombé sur une chaise de Molly. Il était 17 heures, il venait de travailler pendant six heures et il avait l'impression d'avoir à nouveau fait la guerre. Presque trois ans d'inactivité et il lui faudrait une semaine pour se remettre de cette journée.
Raphaël se jeta sur lui et ne le décolla pas d'une semelle, lui narrant en détail tout ce qu'il avait fait de sa journée. Il l'écoutait d'une oreille distraite, en observant Bill et Fleur assis non loin, qui s'embrassaient. Un flot de souvenirs lui revint, quelques années plus tôt, c'était Ginny et lui qui étaient installés à la même place, blottis dans les bras l'un de l'autre. Chaque recoin du Terrier lui rappelait des souvenirs, ils s'étaient embrassés près de cette porte et près de la table. Ils avaient partagés cette même chaise, avaient étrenné deux chambres de l'étage, dans le dos de leurs propriétaires à savoir Ron et Percy. Ils s'étaient retrouvés un nombre incalculable de fois dehors, en pleine nuit pour échapper à ses parents. Il pouvait sans se tromper désigner quel coussin du canapé avaient des ressorts défectueux et sous lequel il avait eu un jour à cacher le soutien-gorge de Ginny, quand ses parents étaient rentrés plus tôt que prévu d'une de leur sortie.
- Harry, fit Molly, ça ne va pas ?
- Quelques souvenirs qui me reviennent, sourit il les larmes aux yeux. On y va mon cœur ?
- A maison ?
- Oui, on va chez nous. Merci de bien vouloir le garder Molly.
- Tu plaisantes j'espère, à demain. Vous resterez peut être manger avec nous.
- On verra merci.
- Au voir mimi.
- À demain mon grand.
28 mai (samedi)
Un léger bruit le sortit de son sommeil, assis dans son lit Harry encore dans le gaz, tentait de mettre un nom sur le son qu'il avait entendu. Il tendit l'oreille, mais il n'entendit rien. Par habitude il se leva et se dirigea sans faire de bruit vers la chambre de Raphaël. Le petit dormait sur le ventre, les fesses en l'air, et il ne semblait pas faire de mauvais rêve. Il ressortit de la chambre et entendit à nouveau le bruit et se précipita dans le bas de la maison. Il n'avait maintenant aucun doute sur la nature du bruit, c'était un hibou et à moins d'une mauvaise blague, si on le dérangeait au beau milieu de la nuit, c'est que c'était urgent.
Il ouvrit rapidement la fenêtre et rejeta le volatile à l'extérieur sans prendre le temps de lui donner quelque chose à manger. Il décacheta l'enveloppe et reconnu l'écriture de Ron.
Harry,
Hermione a de violentes contractions, nous nous rendons à l'hôpital. Inutile de te préciser que je panique. Je te laisse car Mione me hurle dessus.
À très vite.
Ron W.
Harry remonta dans sa chambre et prit une douche rapide, il enfila un jean et un sweat prit au hasard dans son armoire. Il regarda sa montre, il était 3 h 37 et un problème se posait à lui, qu'allait-il faire de Raphaël ?
Il redescendit et tenta de contacter Molly par cheminette et se fut Fleur qui lui répondit.
- Harry, tu es au courant ?
- Oui, tout le monde est à l'hôpital ?
- Oui, sauf moi qui garde les enfants.
- Est-ce que je peux t'amener Raphaël ?
- Pas de problème je t'attends.
- Merci à tout de suite.
Sans le brusquer Harry prit son fils dans ses bras et tenta de jongler entre le doudou le sac de change. Une fois prêt, il transplana les bras chargés.
Il arriva à l'hôpital, il était 4 h 02. Un troupeau de rouquin tournait en rond dans la salle d'attente. Il fut accueilli par Ron qui lui sauta dans les bras en le remerciant d'être venu.
- On est arrivés vers 2 heures et demie, précisa Ron.
- Et tu n'es pas avec elle ?
- Non, le bébé est mal placé, ils vont lui faire une césarienne et je n'ai pas le droit d'y assister.
- Ils t'ont dit vers quelle heure ?
- Non, je n'ai pas de nouvelle, ça m'angoisse.
Harry lui enserra l'épaule pour le rassurer et Ron retourna faire les cent pas derrière les portes du service obstétrique. Deux heures s'écoulèrent sans qu'aucune nouvelle concernant l'accouchement ne passe les portes. Ron fulminait tandis que Molly et Bill, tentaient de le calmer.
Quand enfin les portes s'ouvrirent, seul Ron fut autorisé à entrer, les autres soufflèrent et se rassirent en attendant que Ron reviennent, avec des informations concernant l'état de santé de la mère et de sa petite fille. Il reparut une vingtaine de minutes plus tard, un grand sourire sur les lèvres.
- J'ai une petite fille.
- On le savait déjà Ron, fit George.
- Elle pèse 3 kg 630 et mesure 51 cm. Elle est belle comme tout.
- Et son prénom ? Demanda Molly.
- Joyce Lily Weasley.
Les félicitations fusèrent, puis tous, excepté Ron, repartirent. Hermione épuisée, avait besoin de calme et de repos, ils auraient le droit de la voir à partir de 14 heures.
Harry récupéra son fils qui ne s'était même pas rendu compte de sa balade nocturne et retourna se coucher des images plein la tête, celles de son fils, minuscule, dans ses bras à la maternité et la tête de Ginny quand elle daignait lui accorder un regard, chargé d'amertume.
O o o O
Harry n'annonça pas tout de suite la nouvelle à Raphaël préférant lui faire la surprise. Il savait aussi que s'il lui disait trop tôt, le petit le tannerait jusqu'à ce qu'il soit l'heure d'y aller.
Quand ils arrivèrent, il n'était pas loin de 15 heures, Harry avait voulu acheter une peluche pour ne pas arriver les mains vides. Raphaël avait boudé croyant que c'était pour lui et Harry dû vendre la mèche pour éviter une crise de larmes.
Seul Ron, Molly et Arthur se trouvaient au chevet de la jeune maman, Harry entra sans faire trop de bruit, mais c'était sans compter sur Raphaël qui traversa la chambre en courant pour se ruer sur le petit lit. Ron le porta et Raphaël manqua d'assommer le bébé en lui jetant la peluche presque aussi grosse que lui. Hermione pesta pour la forme, mais aucun d'entre eux ne pouvait se retenir de rire. Surtout quand Raphaël demanda à Harry, quand est-ce qu'il aurait la même petite sœur. Toute la famille défila et quand la chambre fut bientôt envahie, Ron proposa à Harry de venir boire un café. Il accepta, ravi de s'éloigner de la chaleur de la pièce due à la surpopulation.
- Je crois que tu vas devoir adopter mon fils, ricana Harry, car je vais avoir du mal à le ramener chez nous.
- Elle est magnifique, soupira Ron, je suis papa.
- Ça m'a rappelé des souvenirs, Raphaël était tout petit on aurait dit une crevette.
- Et encore ! Elle a accouché plus d'une semaine en avance, sinon elle aurait été plus grosse que ça.
- Toutes mes félicitations en tout cas.
- Merci Harry, tu veux bien être son parrain ?
- Oui, fit il ému, mais pourquoi moi avec tout tes frères ?
- Tu es mon frangin depuis seize ans maintenant.
- J'en serais ravi, merci de lui avoir donné le prénom de ma mère en second, ça me touche énormément.
- C'est Hermione qui l'a choisi pour toi.
- Merci beaucoup.
- Blaise est venu de bonne heure. Il ne m'a rien dit, mais il était bizarre.
- Il attend ma réponse.
- Hein !
- Quand on a mangé chez tes parents il m'a posé un ultimatum, j'avais jusqu'à la naissance pour lui dire si je voulais de lui, sinon il partait.
- Et !
- Je croyais avoir encore une semaine devant moi.
- Fallait le dire Hermione aurait attendu, plaisanta Ron. Je garde Raphaël va le voir, 8 impasse des pendus.
- Je n'ai pas oublié, avec un nom pareil.
Il transplana et arriva dans la rue. Étonné de ne pas se retrouver dans son salon, Harry monta les deux étages de l'immeuble et se retrouva à tambouriner à sa porte. Comme aucune réponse ne lui parvenait, il sortit sa baguette et ouvrit la porte d'un Alohomora.
La porte s'ouvrit facilement et il s'engagea dans l'appartement. Il tomba des nues quand il découvrit les pièces vides, si auparavant l'appartement lui avait semblé en piteux état, vidé de son mobilier il donnait envie de se pendre. Peut était-ce pour cela que cette rue s'appelait ainsi.
Il fit rapidement le tour de l'appart composé de trois pièces principales et fut attiré par une lettre posée à même le sol, près de la porte d'entrée.
Il la ramassa et vit son prénom sur l'enveloppe.
Harry,
Si tu lis cette lettre c'est que finalement tu es venu.
Je ne saurai donc jamais, si c'était pour me dire que tu voulais bien de moi ou le contraire et je devrai vivre avec ce doute, jusqu'à la fin de mes jours.
Je t'ai attendu chaque jour depuis le repas chez Molly et j'ai prié Merlin pour que tu daignes enfin frapper à ma porte ou apparaisses dans mon salon, mais rien n'y a fait.
J'y ai pourtant cru, je l'ai presque touché du doigt ce rêve, ou plutôt du bout des lèvres.
J'aurais adoré pouvoir t'aimer, te faire découvrir ce qu'est le vrai amour, celui où l'on partage tout, où l'on est tout l'un pour l'autre.
Tu as préféré t'en éloigner et je ne peux te blâmer d'avoir voulu vous protéger ton fils et toi-même. Après tout que pouvais je lui apporter de plus que toi. Il lui faut une mère, une femme auprès de lui.
Tu avais raison.
Je pars, car je ne supporterai pas de te voir avec une autre.
Parce que je suis lâche.
Je t'aime.
Blaise.
Après avoir relu la lettre une dizaine de fois, Harry la plia méthodiquement et retransplana à l'hôpital. Ron le vit arriver et se précipita vers lui. Harry n'avait toujours pas réagi, lui aussi venait de le quitter, il n'avait décidément aucune chance avec ceux qui l'aimaient, ils finissaient toujours par s'en aller. Ron l'attira à l'écart et attendit qu'il lui dise de quoi il en retournait. Mais Harry semblait perdu dans ses pensées. Il le secoua pour qu'il revienne sur terre et qu'il satisfasse sa curiosité.
- Harry, tu réagis ou je t'en mets une.
- Au point où j'en suis.
- Tu as vu Blaise ? Tu lui as dit non ? Oui ?
- Il est parti.
- Tu lui as dit non, soupira-t-il.
- Non, l'appart était vide, il s'est envolé avant que j'arrive.
- Déjà !
- Il m'a laissé ça, fit il en lui donnant la lettre. C'est peut-être mieux ainsi, puisqu'il est trop lâche pour entendre ma réponse.
- Il faut le retrouver, il dit qu'il t'aime.
- Je ne sais pas où il est parti et si tu crois que je vais suivre une chouette pour le localiser tu te trompes.
- Il m'a parlé de l'Irlande ou des Etats-Unis.
- On parle d'un mec qui a accepté de vivre dans un taudis pour ne pas à avoir à s'éloigner de Londres, tu crois qu'il peut aller se perdre à l'autre bout du monde, seul ?
- Malefoy, il est peut-être chez lui.
- Mon fils ?
- Je le surveille, de toute façon il s'est accaparé ma fille je vais peut-être devoir le garder. Oh ! Fit-t-il, si ça se trouve plus tard ils se marieront.
- T'aimes bien caser les gens toi ! Change de métier ouvre une agence de rencontre et tant que tu y es, trouves quelqu'un à George.
- George !
Harry transplana au Manoir Malefoy, il traversa le parc avant d'arriver à la grande porte en bois. Il tambourina de toutes ses forces et fut surpris de voir Drago en personne, lui ouvrir.
- Bonjour, tes elfes sont en RTT.
- En quoi ?
- Oublie, Où est Blaise ?
- Je n'en sais rien.
- Menteur !
- Un Malefoy ne ment jamais.
- Non, il enjolive la vérité, c'est pareil, grogna-t-il.
- Qu'est-ce que tu lui veux ?
- Le voir.
- Une photo devrait suffire alors.
- Arrête de jouer sur les mots, dis-moi où il est, s'il te plait.
- Tu l'as fait pleurer Harry, un Serpentard ! Un mec censé rester digne, je l'ai vu vider une boite de mouchoirs en papier. Tout ça parce que Mr Potter se croit trop bien pour lui.
- C'est du délire, je n'ai rien demandé moi. Il m'est tombé dessus, c'est incrusté dans ma vie. Il m'a fait ressentir des choses que je croyais morte au fond de moi et quand je vais le voir, je me retrouve avec cette putain de lettre, où est-il ?
- En Écosse, à Glasgow. J'y ai un appartement.
- L'adresse.
- 238 rue de la liberté, ne lui fait pas de mal.
- Merci et désolé d'avoir hurlé.
- Comme si tu étais vraiment désolé, ricana-t-il.
- À plus tard.
Il se concentra sur l'adresse et transplana devant les grilles du Manoir. Il arriva dans l'appartement, dans une pièce qui semblait être le salon. Il se retourna sur lui-même et constata que l'appartement était joli. Il était richement meublé et était propre.
Il déambula dans la pièce, s'arrêta près de la cheminée et regarda les cadres posés sur le manteau. Sur chacune d'elle, on voyait la famille Malefoy, Lucius, Narcissa et Drago à différents âges. Il prit l'un des cadres sur lequel Drago semblait n'avoir pas plus de 5 ans. Il chevauchait un petit balai et volait fièrement en faisant des coucous à la personne qui le photographiait. Il le reposa un peu mal à l'aise de rentrer ainsi dans sa vie privée. Il s'avança vers la cuisine, la traversa et ressortit par la deuxième porte qui menait à un long couloir. Une succession de porte se profila devant lui, si il devait vérifier chaque pièce il serait encore la dans une heure. Du bruit lui parvint de l'entrée et il commença à avoir mal au ventre.
Il retourna dans le salon dans l'espoir de voir Blaise mais il ne trouva que Seamus, vautré sur l'un des canapés. Il ne pouvait plus reculer, de toute façon il ne pouvait pas faire autrement que passer devant lui pour sortir de l'appartement. Il prit son courage à deux mains et s'élança vers le centre du salon.
- Harry, fit l'irlandais, qu'est-ce que tu fais là ?
- Je voulais voir Blaise, mais je ne veux pas vous déranger.
- Blaise est dans la chambre.
- Je ne veux pas le savoir, s'agita Harry. Ne lui dit pas que je suis venu.
- Attends, tu viens et tu repars comme ça !
- Je croyais qu'il était seul, je ne pensais pas qu'il se consolait déjà dans les bras d'un autre.
- Moi et Blaise ! Grimaça Seamus, on est amis rien de plus. Je suis passé lui amener de quoi manger, il est entrain de dépérir depuis une semaine.
- Vous deux alors …
- On est amis, 3ème porte sur la gauche.
- Merci.
Il fit demi-tour et s'engagea dans le couloir, compta machinalement les portes à voix haute et s'arrêta devant la troisième. Il frappa et entra aussitôt, la pièce était plongée dans la pénombre et Blaise gisait sur le grand lit. Il tournait le dos à la porte et semblait endormi.
Il referma la porte doucement et s'approcha de lui sans faire de bruit.
- Seamus, grogna Blaise, je t'ai dit d'arrêter de me materner.
- Ce n'est pas Seamus, répondit Harry.
Blaise se retourna violemment et manqua de tomber du lit. Ils se regardèrent en silence et Harry pu voir les larmes sur ses joues. Il semblait fatigué, au bout du rouleau.
- Je voulais te voir mais je n'ai trouvé que ta lettre. Pourquoi es-tu parti si vite ?
- Je ne voulais pas t'entendre dire que tu ne voulais pas de moi.
- J'ai beaucoup réfléchi et ça n'a pas été simple. Tu as tout chamboulé dans ma vie, tu as mis à mal toutes mes certitudes. Tu as débarqué avec tes gros souliers et tu as piétiné mes croyances, celles qui me faisaient dire que deux hommes ne peuvent éprouver autre chose, qu'une amitié entre eux. Tu m'as prouvé qu'on peut être pareil tout en étant différent, si on le veut vraiment.
- Assieds-toi, fit Blaise en tapotant son lit.
Il se leva et tira les rideaux pour laisser entrer la lumière et vint rapidement prendre place à côté de Harry. Celui-ci le regarda et vit que la douleur pouvait faire de gros dégâts.
- Tu as maigri et tu es boursouflé, fit-t-il en désignant ses yeux.
- Ça rend moche d'aimer, ricana le métis.
- Tu es toujours aussi beau, ne t'en fais pas.
- Donc tu as réfléchi et ?
- Je tiens à toi et je ne veux pas que tu me quittes.
- Je ne peux pas te quitter puisqu'on n'a jamais été ensemble.
- C'est un truc de Serpentard de jouer constamment sur les mots, râla Harry. Je veux que tu reviennes à Londres et qu'on sorte ensemble, qu'on fasse des trucs comme aller au restaurant, au cinéma, au parc.
- En tant qu'amis ?
- Oui, si tu veux ou comme petits amis, murmura-t-il.
- Il semblerait que le légendaire courage des Gryffondor vienne de se faire la malle, le railla Blaise, je n'ai pas bien compris la fin de ta phrase.
- J'ai dit ou en tant que petits amis, rougit Harry.
- Je peux réfléchir, se moqua-t-il.
- Oui, fit sincèrement Harry, je comprendrais que tu en aies marre de mon indécision et que tu veuilles du temps.
- T'es dingue comme mec, tu sais ça ! Fit-t-il en se rapprochant. Je t'aime et je serais encore plus dingue que toi si je te laissais me filer entre les doigts, chuchota-t-il en se collant à lui. Je vais t'embrasser Harry, ajouta-t-il en plantant ses yeux dans les siens.
- Oui, souffla Harry.
Un immense sourire s'étala sur le visage du métis et il dû se contenir pour ne pas lui sauter dessus. Il savait que rien n'était encore gagné et qu'il faudrait du temps à Harry pour s'habituer à lui, mais du temps il en avait à revendre, surtout depuis qu'il avait donné sa démission au Ministère.
- Harry.
- Oui.
- Tu crois que Ron pourrait intercepter une lettre pour moi au Ministère ?
- De quoi tu parles ?
- J'ai envoyé ma démission croyant ne plus revenir à Londres.
- On verra ça lundi.
- Oui, peut-être qu'Arthur pourrait …
Le reste de sa phrase resta en suspend lorsque Harry, qui attendait toujours le baiser promis, posa ses lèvres sur les siennes. Blaise ne se fit pas prier et le bascula sur le lit, avant de se retrouver à quatre pattes au-dessus de lui. Ils s'embrassaient pour la deuxième fois, mais cette fois ci, il n'était nulle question de baiser d'adieu. Il scellait le début de leur histoire.
04 septembre (lundi)
- Dépêche-toi Raphaël on va être en retard.
- Oui papa.
- Blaise tu as vu son doudou ?
- Tiens, il était sur le canapé.
- Merci mon amour, je ne sais pas ce que je ferais sans toi.
- Tu m'as appelé mon amour, Harry, fit Blaise en l'attirant à lui.
- Je t'aime, l'embrassa-t-il, je sais que ce n'est pas très romantique comme déclaration, sourit-il.
- Tu peux pas savoir comme je suis heureux, répondit-il en l'embrassant à son tour.
- Bisous, rigola Raphaël.
- Allez, on y va, fit Harry rouge de confusion.
- Faudra peut-être qu'on lui dise un jour, proposa Blaise.
- Chaque chose en son temps, fit Harry.
- Viens dans mes bras Raphaël on transplane, dit le métis.
- D'accord.
- Harry, on t'attend.
- J'ai failli oublier son goûter, souffla Harry.
- Il rentre à la maternelle Harry, il ne part pas en voyage.
- Mon petit bout s'émancipe ça me fiche un coup.
- Il n'a pas encore 3 ans, il mange comme un cochon, il dort avec des couches et il pleure quand il ne trouve plus son doudou, alors de là à parler d'émancipation, Harry, il y a de la marge.
- Tu verras quand il aura 17 ans et qu'il nous dira qu'on est des vieux cons, il n'aura plus besoin de nous.
- J'aurai toujours besoin de toi moi, ajouta Blaise.
- Tu dis ça pour me faire plaisir.
- Oh non ! Je t'aurai tout à moi.
- Papa, on va.
- Oui, on y va mon cœur.
- Promet moi de ne pas pleurer, demanda Blaise.
- Il est trop petit il ne peut pas te promettre ça.
- C'est à toi que je parle Harry.
- Imbécile.
- Bécile, répéta Raphaël.
- Raphaël pas de gros mots. Imagine si il dit ça à la maîtresse, gémit Harry.
La rentrée se fit dans les larmes, du moins pour Harry qui vit partir son fils vers ses nouveaux camarades, sans un regard pour lui. Heureusement, en prévision de la catastrophe annoncée, Blaise avait pris sa matinée, ce qui ne fut pas de trop pour lui remonter le moral.
O o o O
Et se fut ainsi chaque année, jusqu'à sa rentrée à Poudlard, à Serpentard, pour le plus grand plaisir de Blaise, qui au bout de 8 ans le considérait comme son fils.
Ron avait fait le voyage jusqu'à la gare avec eux, par nostalgie, mais aussi pour montrer le Poudlard Express à ses enfants. Il avait emmené Joyce désormais âgée de 8 ans et Sacha âgé de 5 ans, afin que Hermione, enceinte de 7 mois puisse en profiter, pour souffler un peu.
FIN