Résumé : Kurt se retrouve dans les ténèbres, au bord d'un précipice, sans quiconque pour l'en écarter. Attention, mention de tentative de suicide et de dépression.

Je précise que cette fanfiction n'est pas de moi, je ne fais que la traduire.

La version originale en anglais est de Emoryems.

J'espère que vous apprécierez tout autant que moi. Bonne lecture )

To be seen

Chapitre 1 :

Kurt est assis, le dos contre le mur, ses jambes serrées contre lui, du plus fort qu'il peut. Son corps est tremblant à cause de la trop grande tension qu'il ressent à l'intérieur de lui, et il sent son estomac se retourner comme s'il allait être malade, en plus de l'horrible mal de tête qui fait battre ses tempes. Les larmes qui s'écoulent de son visage mouillent depuis déjà longtemps son pull à capuche, et celui-ci lui offre une faible protection contre les pensées froides qui s'infiltrent en lui.

Il n'y a pas de musique, aucun bruit excepté sa respiration saccadée, inspire et expire, inspire et expire. Même l'étage au-dessus est silencieux. Personne n'est réveillé pour l'entendre, personne ne fait de bruit pour le distraire. Kurt sent la mélancolie l'attirer, et son visage se tord dans une grimace, et d'avantage de larmes s'échappent de ses yeux tandis qu'il les serre très fort.

Sa chambre est sombre, une couverture de fausse sécurité parce qu'il ne peut pas supporter de regarder un endroit pourtant si familier s'il est en pleine lumière. Quelque part sur son lit, quelques mètres plus loin, il entend son téléphone vibrer quand il reçoit un message, même si le son est étouffé par les couvertures. Il ne sait pas qui cela peut être, et il s'en fiche bien trop pour se lever et aller voir.

Kurt peut sentir son pouls dans sa poitrine battre sauvagement, si fortement qu'il pense que son dos pourrait tout aussi bien transpercer le mur si il ne bouge pas, mais il n'a pas la volonté de faire cela. Ses membres sont paralysés maintenant, à force d'avoir été assis si longtemps, et ses pieds tremblent de froid puisqu'il n'a pas pris la peine de mettre de chaussettes.

Il y a une petite boite posée à terre, sur sa droite, à quelques centimètres de sa hanche, et après avoir enfin desserré ses yeux, il la regarde. Cela à l'air innocent, comme si ce n'était qu'un autre objet qui trainerait là au hasard, au milieu de tous les autres éléments de sa vie dans cette chambre, mais ce n'est pas le cas c'est tout ce qui résulte de ces derniers mois –de l'année dernière. Et la seule chose qu'il a à faire est l'attraper.

Ce serait si facile. Il n'aurait plus aucune raison de pleurer, ni de s'afficher sous son meilleur jour pour simplement donner l'illusion qu'il va bien. Cela blesserait son père plus que tout, mais son père a Finn et Carole maintenant. Il n'aurait pas à souffrir durant des années du drame qui se prépare, il n'aurait pas à regarder son fils échouer dans tous les aspects de sa vie. Il n'aurait pas à regarder son fils finir en morceaux doucement, d'année en année au fur et à mesure que le monde le déchire encore et encore.

Et Kurt, et bien, il n'aurait plus à se sentir si seul. Il n'aurait plus à sentir quoi que ce soit.

Détachant ses mains, libérant du même coup ses jambes, il se penche légèrement vers la droite et tend une main tremblante pour s'emparer du petit cylindre. Cela à l'air petit et fragile entre ses mains, mais en l'approchant d'avantage, cela prend une apparence tout autre. Il peut presque le sentir lui parler, comme s'il lui disait « fais le ».

Laissant échapper une bouffé d'air, Kurt sent la panique à travers tout son corps, il se rassure alors comme il peut. « Tout ira mieux, je n'ai qu'à faire ça et ensuite, je n'aurais plus à penser à rien ». S'il fait cela, il ne pourra plus s'inquiéter de quoi que ce soit.

Mais à cet instant, il entend un petit bruit d'en haut, juste le parquet qui craque qui ne peut pas être causé par qui que ce soit, simplement les bruits d'une maison qu'on oublierait sans ces bruits qu'elle fait pour qu'on se souvienne d'elle. Cela le fait se sortir de l'état de léthargie dans lequel il est plongé depuis de longues heures, et il attrape le flacon, il entend le léger tintement des médicaments à l'intérieur et ne tarde pas à s'entourer de nouveau de ses bras tandis qu'un autre sanglot s'empare de lui.

Il laisse échapper un gémissement de douleur avant d'aller enterrer son visage entre ses genoux pour étouffer le bruit du mieux qu'il peut. Kurt sent de nouveau ce trop plein d'émotions s'emparer de lui. Elles sont fortes, et il lui semble qu'elles pourraient monter jusqu'à sa bouche, lui parcourir la gorge, le faire suffoquer.

Le même cycle se répète depuis des heures. Les émotions surgissent en lui et il sent les larmes venir sans fin, retournant son estomac et rendant sa respiration compliquée et douloureuse. Et là, il relève la tête et regarde sa solution en ressentant une sorte de calme monter en lui, se mélangeant à la douleur qui l'enserre. Il regarde le flacon, et celui-ci devient son sauveur. Quelque chose sur lequel il peut compter, quelque chose sur lequel il peut s'accrocher, peu importe à quel point sa journée a été horrible, peu importe à quel point sa vie a été horrible.

Bien trop tôt, le cycle se répétera, et avant d'avoir pu faire plus que d'examiner le flacon et de tourner sur le bouchon pour l'ouvrir il s'arrêtera.

Il est terrifié. Terrifié à l'idée de finir par le faire, de tout laisser derrière lui. Terrifié à l'idée de ne pas le faire, d'avoir à se lever dans quelques heures et de commencer une nouvelle journée. Il est si empli de peur qu'il ne peut décider de ce qu'il veut faire, ou de ce qu'il a besoin de faire.

Kurt a déjà ressenti ça avant, il est persuadé que tout le monde l'a déjà ressenti à un moment, mais les derniers mois, les dernières années, ont été bien trop lourdes à porter pour lui, et la pression n'a pas l'air de vouloir disparaitre. Rien de ce qui autrefois le rendait heureux, ne peut arriver à le calmer comme avant. Le shopping est devenu quelque chose qu'il fait par habitude, pas parce que cela lui fait plaisir. Chanter est un soulagement, mais seulement quelque fois. Certains jours, chanter lui semble trop compliqué, comme si chacun des mots qu'il laisse échapper le rapproche de plus en plus d'un précipice d'où il ne peut reculer.

Ce serait tellement, tellement simple. Tellement simple que cela lui fait peur de voir à quel point il le veut. Il veut aussi d'autres choses il veut avoir une vie, il veut un baiser de quelqu'un pour qui il compte plus que tout. Mais rien de tout cela ne semble prêt d'arriver.

Rejetant ses bras de ses jambes à nouveau, Kurt se penche et s'empare à nouveau de la boite de médicament. Il la tient fermement entre ses mains, la tournant dans tous les sens devant son visage. L'étiquette en bas commence à s'en aller, à cause de ce qu'il en fait depuis ces trois derniers mois, et les mots commencent à devenir flous. Il sait qu'il devra tous les prendre, et chaque petites pilules de 10 mg ne sera qu'un pas de plus vers son but. Bien sûr, elles ne suffiront pas –Kurt a fait ses recherches et il sait qu'elles ne seront efficaces que si elles sont mélangés à d'autres types de drogues. Ou il pourrait aller s'allonger dans sa baignoire –certes somptueuse- et laisser le poids des médicaments le tirer vers le fond.

Mais il est préparé, et le second flacon de médicament installé confortablement (à l'abri) sous son matelas peut en témoigner.

Retirant enfin le capuchon, Kurt tapote de son doigt la boite de médicament, et laisse trois pilules tomber dans sa main. Elles sont suffisamment petites pour qu'il n'ait pas besoin d'eau, ni qu'il n'ait besoin de quitter cet endroit précis sur le sol. Rassemblant ses pensées, il dirige la paume de sa main vers sa bouche ouverte, et laisse les médicaments glisser sur sa langue, les avalants à l'instant même où il les sent.

Ils ne restent pas collés et ne semble pas avoir de difficulté à passer –ils glissent doucement et disparaissent en une seconde. Alors qu'il répète le processus, Kurt pourrait presque sentir de la déception en voyant à quel point c'est facile.

Au moment où, après avoir fait glisser le reste des pilules dans ses mains il s'apprête à les avaler également, il entend au loin les vibrations de son portable, qui lui paraissent bien faibles.

Son lit à l'air bien. Il reflète beaucoup de douleur et de peine, et des heures à rester assis à pleurer l'ont rendu trempé à certains endroits. S'il était plus conscient de ce qu'il se passait maintenant, il irait se chercher un verre d'eau, mais la seule chose qu'il ait envie de faire, c'est d'aller s'enterrer dans son lit, enroulé dans ses couvertures, et se laisser partir.

En avalant rapidement deux autres pilules, Kurt referme le bouchon et enfouit la boite dans la poche du large sweat qu'il porte. Se relever s'avère difficile –il est resté assis dans la même position si longtemps que ses genoux craquent, et que son dos peut à peine supporter le moindre mouvement. Mais il se sent calme, bien plus calme qu'il ne l'a été depuis bien longtemps.

La distance qui le sépare de son lit est courte, et il s'y laisse tomber, se recroquevillant sur le côté, recouvert de ses couvertures. D'une main, il reprend la boite de médicament de sa poche, retire le bouchon, et commence à déverser de nouvelles pilules dans son autre main, les maintenant avec précaution devant son visage. Il fait tellement noir qu'il ne peut pas voir clairement, mais il arrive tout de même à discerner les contours de chaque pilule.

Il considère rapidement la possibilité de s'emparer de l'autre flacon sous son matelas, parce qu'il sait qu'il en aura bientôt besoin. Après un instant, il passe un bras en dehors de son nid de couvertures, sentant l'air froid sur sa chair, et la passe sous son matelas. Il sent alors le cylindre en plastique sur sa paume, et le ramène sous les couvertures avec lui, le serrant contre sa poitrine.

Prenant alors une des pilules sur sa paume avec son autre main, Kurt la place sur sa langue et l'avale. Il veut en finir ce soir.

Tandis qu'il s'apprête à en prendre une autre, Kurt est soudainement stoppé dans son action par un nouveau message que vient de recevoir son portable, vibrant face à lui sur le lit. Il relève le visage, et lorsque ses yeux se sont habitués à la lumière, il peut discerner le nom de Blaine sur l'écran.

En mettant doucement une autre pilule dans sa bouche avant de l'avaler, Kurt s'assure de n'en faire tomber aucune alors qu'il se redresse pour s'emparer de son portable.

Il est 2H23 et cela fait plus de huit heures qu'il a ignoré son portable, bien assez de temps pour que 20 nouveaux messages viennent s'accumuler. La plupart d'entre eux sont de Blaine.

En tapant avec une de ses mains sur l'écran du portable pour afficher les messages, Kurt lève son autre main, celle avec les pilules, et s'apprête à les avaler quand il remarque le message qui vient de s'ouvrir.

Courage. –Blaine.

C'est le même message que Blaine lui envoie depuis qu'ils se sont rencontrés, et bien que maintenant il ait été transféré à la Dalton académie, Blaine lui envoie encore très régulièrement. Ce n'est qu'un mot, et avant qu'il ne rencontre Blaine, il n'avait aucune valeur à ses yeux. Mais maintenant… Maintenant il signifie tellement de choses. Il signifie se battre au lieu d'être battu il signifie relever le menton et sourire quand tout ce qu'il veut faire c'est crier et pleurer. Il signifie affronter l'adversité. Il signifie vivre.

En jetant un regard à ses médicaments Kurt à un instant d'hésitation. Il ne veut pas recracher les médicaments qu'il vient d'ingurgiter, mais tout à coup il ne sait pas s'il veut prendre les autres. Il ne sait plus comment il se sent, ni comment il veut que les choses se passent.

Les conséquences ont soudain l'air grandes, bien plus grandes qu'il y a un instant quand il était calme et que tout lui semblait bien plus sûr. En baissant les yeux, il peut voir l'autre boite de médicaments, et il peut sentir sa main devenir moite au contact des pilules qui y sont toujours.

Son portable vibre à nouveau, et cette fois il le sent dans sa main. Le message s'affiche sur l'écran. Il est de Blaine.

David et Wes ont perdu l'esprit. Ce contrôle d'histoire est voué à l'échec. Tu pourrais me sauver? :P –Blaine.

Un fin sourire nait sur les lèvres de Kurt. Il resserre sa poigne sur les pilules, et alors que d'un côté il voudrait simplement les ingurgiter, il aimerait aussi faire retour en arrière et les enterrer de nouveau sous son matelas, là où elles avaient été cachées pendant si longtemps.

Il sent son cœur battre de plus en plus vite, et le calme commence à se dissiper. C'est comme s'il ressortait d'un brouillard, et que tout ce qu'il ressentait maintenant c'était de la douleur. Il se sent malade, et les larmes recommencent à couler.

Comme s'il réalisait soudainement avec quelle force il tient ces pilules, ces fichues pilules qui d'après ce qu'il pensait il y a une minute serait la solution à tous ses problèmes, Kurt relâche sa poigne. Les pilules restent collées à sa main pendant un instant, avant de tomber sur le drap en dessous sans bruit.

Avant que l'anxiété et les larmes ne se soient totalement emparées de lui, avant qu'il ne puisse de nouveau se calmer et sentir ce courage d'en finir dont il a tant besoin mais qui lui fait si peur, Kurt s'empare de son téléphone et appuie sur la touche appel, encore sur le nom de Blaine. Il le fait rapidement, il ne veut pas risquer d'avoir une seule seconde d'hésitation. S'il y pense, il raccrochera immédiatement. Il est presque sûr que c'est exactement le contraire du courage.

Il se recroqueville sur lui-même et appuie le téléphone contre son oreille en même temps. Son téléphone est collé contre lui tel un bandage contre une plaie artérielle. Il a vu ça une fois à la télévision. La force de la poigne, l'importance de celle-ci est presque la même.

Il ne s'écoule que trois sonnerie avant qu'une voix ne lui réponde.

- Hey Kurt ! Je ne t'ai pas réveillé, n'est-ce pas ? J'ai pensé que ton téléphone pourrait être coupé la nuit, je n'ai même pas pensé que…

- Blaine, coupa alors Kurt d'une voix bien plus tremblante que ce à quoi il s'attendait.

Il y eut un court silence de l'autre côté, et Kurt eut juste le temps d'entendre deux voix parler dans le fond avant que Blaine ne reprenne la parole.

- Hey, dit-il doucement, gentiment. Est-ce que tu vas bien ?

Kurt sent sa lèvre vibrer tandis qu'un sanglot commence à en sortir, et en un instant, ses yeux sont noyés par les larmes.

- Non.

Le mot sort, brisé, mis en mille morceaux par le soudain assaut d'émotions qui s'emparent de Kurt maintenant qu'il parle avec Blaine. Cela ne semblait pas aussi horrible quand il était seul et que tout était calme, mais maintenant, chaque émotion qu'il tente de gérer est amplifiée. Les sanglots qui s'étaient calmés reprennent le contrôle de lui, et peu importe combien il essaie de les ravaler, il semble décidé à s'échapper.

- Mon Dieu Kurt, es-tu blessé? As-tu besoin d'une ambulance ou quoi que ce soit? Où est ton père ?

La voix de Blaine à l'air affolée dans son oreille, et il peut presque voir l'inquiétude sur les traits du visage de garçon.

- Non, dit-il entre deux sanglots, je-je vais bien. J'ai juste…

Il s'arrête de nouveau, en essayant de reprendre sa respiration. Blaine lui donne l'impression d'être là avec lui, et puis tout à coup, il n'y a que cette couverture pour le réconforter.

- Kurt ? Dis-moi ce qu'il se passe.

Kurt ne peut plus retenir les sanglots, ils s'emparent de lui et lui prenne sa respiration. Il se sent paniqué, et la couverture qui lui apportait du réconfort est lourde sur ses épaules, et si chaude qu'il est sur de bruler. De la sueur coule sur son front bien qu'il sente des frissons parcourir son échine. L'anxiété grandit encore et encore, l'engouffrant plus que jamais.

- Kurt. Kurt ! Calme-toi maintenant. Hey, tout va bien. Tout va bien. Il faut que tu respires. Aller, écoute-moi Kurt, d'accord ? Respire avec moi. Aller, tu vas te rendre malade si tu continues comme ça.

La voix de Blaine résonne dans sa tête, et au bout de quelques minutes, Kurt parvient à rester concentrer suffisamment sur elle pour se calmer.

- Oui, c'est mieux. Respire doucement et écoute-moi, d'accord ?

Kurt peut encore sentir son cœur battre la chamade dans sa poitrine, et sa respiration est toujours saccadée. Mais tandis qu'il prend quelques respirations, il sent les sanglots s'estomper, tout en écoutant la voix douce et rassurante de Blaine.

- C'est bien. Bien, dit Blaine comme s'il essayait de se rassurer lui-même.

Kurt hoche doucement la tête, en prenant des petites respirations en l'écoutant.

- Ca va mieux ?

Kurt ferme rapidement ses yeux avant de répondre.

- Oui, je-oui.

- Que se passe-t-il ? Demanda doucement Blaine.

Mais Kurt ne sut que dire. Le silence dure pendant quelques secondes, puis Kurt entend le bruit de pas sur le sol, comme si Blaine se déplaçait. Une porte se ferme, puis un autre bruit, que Kurt identifie comme le signe que Blaine s'assoit quelque part.

Kurt s'apprête à reprendre la parole, il essaie d'articuler quand il réalise que ses membres sont bien trop lourds. Le bras tenant son téléphone contre son oreille perd de sa poigne, il ne le tient presque plus, et il peut sentir un calme artificiel s'emparer de lui, tandis qu'il pleure.

- Oh mon Dieu, murmure-t-il bien qu'il ne croit pas en lui. Blaine. Je –merde. Je n'arrive pas à croire que j'ai-merde !

Kurt sait qu'habituellement il n'est pas si grossier, mais les mots sortent sans qu'il n'y réfléchisse.

La panique réapparait dans la voix de Blaine, et Kurt l'entend bouger à nouveau.

- Que se passe-t-il Kurt ? Qu'est-ce qui ne va pas ?

- J'ai juste, commence Kurt avant de s'arrêter un instant. J'ai pris quelque chose.

La voix de Kurt se termine en un murmure, coupée par un sanglot.

- Kurt, où est ton père ? Peux-tu aller le chercher ? J'appelle une ambulance !

Kurt ressent une secousse en entendant cela.

- Non ! S'exclame-t-il. Attend ! Attend, Blaine –ne, ne fais pas ça. Tout va bien, je- je n'en ai pas pris assez pour que ça me fasse quoi que ce soit, je te le promets.

- Combien Kurt? Il faut que tu me le dises, où j'appelle le 911.

Essayant de repenser aux derniers instants, Kurt se rend compte qu'il ne peut y parvenir.

- Sept pilules. Juste sept. Pas assez pour me faire du mal -ce ne sont que des somnifères, je te le promets. S'il te plait, n'appelle pas d'ambulance –je n'ai pas besoin d'un hôpital. S'il te plait, supplie-t-il, se sentant soudain désespéré.

S'ensuit un silence, et la seule chose que Kurt peut entendre par son téléphone sont les respirations régulières mais déchirées. Il se dit alors que peut-être, Blaine ne sait pas quoi faire maintenant. C'est une pensée terrifiante parce que de tous ceux que Kurt connait –même son père depuis la crise cardiaque- Blaine est le plus résistant. Et il a plus de conseils que le placard de Kurt n'a de foulards.

Les effets des médicaments deviennent de plus en plus évidents, et Kurt se rend compte combien les tremblements dans ses bras, ses jambes et ses épaules se sont calmés, lui permettant de s'allonger plus confortablement.

- Kurt, dit Blaine d'une vois juste tremblante, juste assez pour que Kurt comprenne qu'il s'inquiète pour lui mais qu'il est encore sous contrôle. Kurt, j'ai besoin que tu fasses quelque chose d'accord ?

Comme Kurt ne répond pas immédiatement, il continue.

- Kurt ? Hey, il faut que tu me répondes là.

Kurt avala sa salive en léchant ses lèvres avant de murmurer.

- Je suis là. Quoi ?

Ses paroles sont tremblantes, alors il se reprend.

- Que veux-tu que je fasse ?

Kurt ne veux vraiment rien faire maintenant. Il aimerait simplement appuyer sur le bouton « pause » de sa vie, mais ce n'est pas une option envisageable.

- J'ai besoin que tu aille voir ton père. Tu peux faire ça pour moi ?

La voix de Blaine devient plus aigüe et brisée tandis qu'il prononce les derniers mots, et pendant un instant Kurt se demande même si ce n'est pas dû à un problème de réception.

Kurt envisage la demande de Blaine pendant un instant, et commence à se débarrasser de sa couverture quand il réalise qu'il est bien mieux ici. En plus, il se sent fatigué et ses membres lui paraissent lourds et paralysés. Remettant la couverture sur son corps frêle et retournant dans sa position recroquevillée, Kurt sent les pilules sur son drap. Elles sont devenues collantes à cause de la chaleur, et probablement aussi des larmes.

Secouant légèrement la tête, Kurt réalise que Blaine lui parle toujours avec de plus en plus de détresse dans la voix.

- Kurt. Kurt ? Hey-

- Je suis là, interrompt-il. Je n'ai pas vraiment envie de bouger maintenant, Blaine.

Il ferme ses yeux, et le noir est réconfortant, comme il l'a été toute la nuit. La sensation de calme qui l'habite entièrement est également réconfortante, même si elle est accompagnée d'un vague souvenir de peur. Même si à cet instant il ne sait pas vraiment pourquoi.

- Aller Kurt. Tu ne peux pas être seul tout de suite. Va chercher ton père –Je resterai en ligne, d'accord ?

En entendant cela, Kurt pense à ce qui pourrait se passer s'il allait effectivement le chercher. Ce n'est pas quelque chose qu'il veut tester, quand il pense à combien son père serait déçu de lui. Comme il serait bouleversé, et inquiet et stressé. Son père ne peut pas supporter le stress maintenant, pas après l'attaque cardiaque, et surtout pas à cause de lui. Kurt ne peut pas faire ça à son père, et il réalise à cet instant que même s'il le voulait, il ne pourrait pas. Son corps parait plus lourd que jamais, et son esprit est ralenti et si déconnecté qu'il a du mal à suivre ses pensées.

- Non. Non, je ne peux pas. Blaine, je ne peux pas –il –je, je ne peux pas lui faire ça. Je suis juste. Je suis tellement stupide.

Kurt sait qu'il a l'air mal –il sent lui-même la détresse de ses mots. Cela lui rappelle comment il était quand April l'avait fait boire. Toute son élégance vocale avait fichu le camp.

- D'accord, d'accord, calme toi. Ça va.

La voix de Blaine atteint un niveau que Kurt n'a jamais entendu avant la détresse à l'état pur. Il est responsable de ça, c'est à cause de lui que Blaine se sent comme ça.

- Oh mon Dieu Blaine. Ça ne va pas. Je –je suis tellement désolé. Tellement désolé.

Sa respiration saccadée entrecoupe ses paroles et sa voix finit par se briser.

- Je ne sais pas quoi faire, je suis tellement désolé.

Il entend une respiration douloureuse de l'autre côté de la ligne.

- Hey, non. Arrêtes ça, tout va bien. Tu sais ce que je veux que tu fasses Kurt ?

Kurt ferme les yeux et secoue sa tête sur son lit.

- Non.

- Je veux que tu me chantes une chanson.

- Quelle chanson ? Murmure-t-il en reniflant.

Le bras sur lequel il se tenait quand il était recroquevillé sur lui-même est totalement paralysé maintenant, et ses doigts le piquent inconfortablement. En se tournant pour être plus sur son dos que sur le côté, il sent la boite en plastique. Enroulant ses doigts autour du cylindre, il le ramène à sa poitrine, où il peut sentir ses battements de cœur.

- Peu importe ce qui te vient à l'esprit. D'accord ? Chante-moi juste quelque chose.

Kurt essaies de penser à quelque chose, quoi que ce soit, mais rien ne semble aller. Bien que ces derniers temps il ait trouvé que chanter était plus difficile, plus tendu, cela n'avait jamais été au point qu'il n'ait pas envie de chanter du tout. Il y avait toujours une chanson pour décrire comment il se sentait, mais tout de suite, dans cette situation, il n'avait pas la volonté d'en choisir une.

En se faisant cette réflexion, Kurt est si perdu dans ses pensées qu'il n'entend pas les changements au téléphone. Il manque les respirations de Blaine, tout lui parait loin et il y a plus de bruit dans le fond maintenant, tellement que Kurt se demande si Blaine n'a pas allumé la télévision avec David et Wes. Mais non, se souvient-il, ils étaient supposés travailler toute la nuit sur leur examen d'histoire de lundi.

- Kurt? Dit alors Blaine après un moment, ramenant Kurt à la réalité. Hey, je veux entendre ta voix.

Fermant les yeux, Kurt ferme les yeux une seconde, et puis répond du mieux qu'il peut.

- Non, je ne peux pas.

Frustré par son incapacité à articuler ses mots correctement, Kurt pinça les lèvres avant de laisser échapper un soupir.

- Je ne peux pas, Blaine.

Tandis que d'une main il joue avec la boite de médicaments, la remuant pour entendre le cliquetis des médicaments contre le plastique, il sent son esprit s'évader. Il se sent fatigué, extenué. Il veut fermer les yeux et ne jamais les rouvrir. Il veut sentir des bras chaud et protecteur autour de lui. Il veut se sentir bien. Ou ne plus rien sentir du tout. Tout est mieux que ce qu'il ressent maintenant.

Blaine n'a rien dit, et Kurt aurait pu penser qu'il avait raccroché s'il n'entendait pas les tapotements de l'autre côté, le bruit de fond constant qui résonné dans son oreille. Mais Blaine ne parle pas, et à chaque seconde où le silence règne, Kurt sent l'angoisse augmenter en lui.

Il aimerait pouvoir être assis dans le silence avec quelqu'un, et ne pas se sentir seul.

- Est-ce que tu es encore là ?

- Oui Kurt. Je suis encore là. Comment tu te sens ?

La voix de Blaine résonne dans sa tête, et peu importe combien il aime l'entendre chanter, sa voix ne lui a jamais paru plus belle que quand elle lui est directement adressée.

Haussant les épaules pour lui-même, Kurt sent la fatigue l'attirer.

- Je suis, dit-il avant de lutter pour sortir le reste de la phrase. Je suis fatigué. Tellement fatigué.

- Il faut que tu restes réveillé pour moi, d'accord ? Juste encore un peu.

- Je suis désolé Blaine. Je suis juste, désolé.

Kurt ferme alors les yeux.

- Hey, tu ne vas pas t'endormir et me laisser, dit Blaine d'une voix moins affolé mais toujours pleine d'inquiétude. Pourquoi est-ce que tu ne me raconterais pas ton weekend ? Tu devais aller faire du shopping avec Mercedes hier, n'est-ce pas ?

Kurt ressent un pincement au cœur en repensant aux derniers jours.

- C'était…

Il s'arrête, fait une pause pour respirer, puis murmure, presqu'à lui-même :

- C'était solitaire.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? Demande gentiment Blaine.

Aussi fatigué et indiffèrent qu'il soit en ce moment, la gorge de Kurt se serre et sa respiration devient plus laborieuse.

- Je me sens si horrible. Juste… Dégoutant et déprimé. Tout le temps.

Il se sent extrêmement stupide en avouant ça, surtout à Blaine, qui a été si gentil, et si formidable, et si fort.

- C'est juste que… Je suis tout seul, murmure-t-il.

Il sent alors deux larmes s'écouler sur ses joues.

Avant que Blaine n'ait pu dire quoi que ce soit, protester ou montrer son accord, ou quoi que ce soit que Kurt imagine qu'il puisse dire face à une telle confession, la porte en haut des escaliers s'ouvre à la volée, laissant infiltrer un faisceau de lumière. A travers le combiné, Kurt entend un vibreur signifiant que Blaine vient juste de recevoir un message.

Kurt entend des pas descendre les escaliers, et en émergeant de sous les couvertures, il voit Finn et entend également le soupir de soulagement de Blaine « enfin ».

La panique s'empare de lui, et Kurt réagit. Les membres lourds, il cherche à tâtons les autres pilules sur le matelas avant de mettre la seconde boite de médicaments à l'abri dans la poche de son sweat. Tout ce qu'il peut pour que rien ne puisse être vu.

Il ne peut pas laisser Finn être au courant de ça. Il ne veut pas ce genre d'embarras, il ne peut pas supporter cette simple idée. Mais ses mains ne l'écoutent pas comme il le voudrait, et les petites pilules sont dures à attraper. Ses doigts les frôlent plusieurs fois, mais même s'il sait que ce devrait être facile –il a toujours eu des doigts habiles-, cette fois c'est comme si ceux-ci avaient triplé de volume.

En voulant attraper la boite qui n'avait pas encore été ouverte, il se rendit compte qu'il n'avait plus aucun contrôle sur ses mains. Plutôt que de l'attraper, il ne parvint qu'à l'éloigner d'avantage, avant qu'elle ne tombe mollement sur le tapis. Le bruit fut couvert par l'épaisseur de celui-ci, autrement Kurt en aurait hurlé de frustration.

Kurt entend la voix de Blaine dans le téléphone, à l'endroit où il l'a laissé, et il entend également le grincement des marches tandis que Finn descend les escaliers. Abattant son oreiller sur les pilules, pour cacher celles-ci, Kurt se rallonge et rabat sur lui sa couverture, espérant qu'il fasse bien trop sombre pour que Finn l'ait vu, et qu'il ait été assez silencieux.

Les pas de Finn sont incertains mais précautionneux tandis qu'il traverse la chambre, et Kurt essaies de rester immobile en entendant Finn s'adresser à lui.

- Kurt ? Tu es réveillé ?

La voix n'est qu'à quelques mètres de lui, et Kurt espère de tout son cœur que Finn laissera tomber et s'en ira, il espère qu'il remontera dormir et qu'il oubliera tout ce qui vient de se passer.

Il y a un bref moment de silence avant que Kurt n'entende du bruit au moment où s'allume sa lumière, illuminant la pièce et éblouissant par la même occasion Kurt. Sa réaction tandis qu'il serre ses yeux étroitement fermés ne passe pas inaperçu, et elle est suffisante pour prouver à Finn qu'il est réveillé, et celui-ci s'approcha d'avantage, s'arrêtant au pied du lit de Kurt.

- Bon sang Kurt. Qu'est-ce qui se passe ? Demande Finn d'une voix hésitante. Je viens d'avoir un message de Blaine, et je suis descendu et… Qu'est-ce qui t'arrive mec ?

Kurt ouvre les yeux et voit Finn baisser le regard vers ses pieds, et quelque chose de gros s'installe dans son estomac, et il se sent soudain nauséeux. La boite de médicaments qu'il a malencontreusement fait tomber de son lit se trouve à présent juste à côté de l'orteil de Finn, et celui-ci la regarde, sourcils froncés.

Kurt ferme les yeux. Il ne sait qu'il ne peut pas mentir, qu'il ne peut pas faire comme si rien de tout cela n'était arrivé. Bientôt, Finn remontera à l'étage et ira chercher leur parents, il les ramènera ici et ils verront ce qu'a fait Kurt. Ils verront à quel point il est faible.

Kurt ne rouvre pas tout de suite ses yeux, se séquestrant dans l'obscurité derrière ses paupières en entendant Finn se pencher et attraper la boite. Il entend toujours la voix de Blaine au téléphone, il entend ses « Qu'est-ce qu'il se passe ? » à travers le combiné, tandis qu'il essaye maintenant de l'éteindre.

Le bruit sourd des pas de Finn tandis qu'il s'écarte et remonte les escaliers, la lourdeur de sa voix quand il appelle ses parents, tout cela donne envie à Kurt de disparaitre. Cela lui donne envie de se laisser glisser dans le sommeil, le néant.

Tandis que dans son esprit il énumère ses possibilités et ses volontés, son corps semble s'enfoncer dans le matelas et ses muscles semblent plus relaxés. Le son de pas précipités au-dessus de lui semble lointain, le monde disparait dans un profond abîme, emportant avec elle les derniers vestiges de ses pensées.