Salut salut, ici Zod'a !

Cette fic est la première que j'ai publiée seule sur le site. Elle a été remaniée plusieurs fois depuis sa publication entre 2011 et 2013. La version originale est disponible sur HPF, sur le compte de LynnaStevens qui a eu la gentillesse de publier là-bas pour moi. Personnellement, je vous conseille la version ci-présente : c'est celle dont je suis le plus satisfaite. Il y a moins de fautes, j'ai supprimé des scènes que je trouvais sincèrement insupportables et j'en ai ajouté d'autres qui pourront vous surprendre si jamais vous vous relancez dans une relecture d'Amphi.

[Non, sérieusement, ne lisez pas l'autre, elle est vraiment nase...]

Disclaimer :

- La plupart des personnages de cette fic appartiennent évidemment à JKR.

- Certains chapitres sont ponctués de références à différents trucs que j'aime bien et qui m'ont fait rire. Vous pouvez vous amuser à les repérer.

- L'image, quant à elle, est de la formidable Malice Reglisse. On m'a envoyé pleins de fanarts super cools à l'époque où j'écrivais Amphi et vous n'imaginez pas à quel point c'était chouette de voir la façon dont vous vous représentiez mes personnages. Je fais des poutous à tous ceux/toutes celles, même, qui ont eu l'amabilité de me les partager !

EDIT 2017 : Désolée pour toutes les fautes que vous dénicherez. Cette fic est assez vieille, je n'étais pas toujours bien réveillée derrière mon écran en l'écrivant la première fois et c'est encore souvent le cas quand je repasse dessus pour corriger ce qui me tombe sous le nez.

Bonne lecture tout de même !


Septembre


Croyez-vous vraiment que Poudlard est une paisible école de sorcellerie dans laquelle les élèves écoutent sagement leurs professeurs ?

Que le Quidditch et les bavboules suffisent lorsqu'ils ont besoin de se défouler et que le soir après les cours ils s'attellent studieusement à leurs devoirs dans la salle commune ?

- Non ! Je m'écris en tapant du poing sur la table. Ça fornique dans tous les coins, ça pète, ça rote et ça se masturbe, et attendez j'ai pas fini : ça se balance des sorts dans les couloirs et ça rackette les premières années dès que les profs ont le dos tourné ! Et tant que j'y suis ça se taille aussi les veines de temps à autre, parce qu'on est des ados et qu'on se sent mal dans nos peaux, ou bien ça se fait porter malade quand il y a un devoir compliqué, ça copie sur les voisins, ça fait les voyeurs dans les vestiaires, NON JE N'AI PAS FINI - ça se gratte les fesses au détour des couloirs, ça demande des mouchoirs en plein cours juste pour le plaisir d'interrompre le prof, ça se raconte des blagues de blonde, ça pique les livres de cours des autres et ça les planque dans les toilettes de Mimi, et qui c'est qu'est obligé de se taper la conversation avec elle après, hein ? Pas moi ! Mais je parle en toute connaissance de cause car j'ai des amis moi monsieur, oui, j'ai des amis, et mes amis vivent parfois des choses épouvantables dans leur quotidien et non laissez-moi poursuivre parce que j'ai encore beaucoup à dire : ça se teint les cheveux en bleu pour faire style "Chuis un rebelle", ça se perce ses boutons d'acnés chaque soir devant le miroir, ça se branle en lisant Sorcière Hebdo, ça s'échange des petits mots en cours, ça fait des fêtes clandestines, ça fait des morpions en sortilège et des tournois de cartes en histoire, ça essaye de faire des régimes et ça court vomir son yaourt aux toilettes, ça fait le mur à Pré-au-Lard à peine le soleil couché, ça mange des biscuits en classe et ça fout des miettes partout, ça se tartine la figure de peinture et même, ÇA DEALE DE LA DROGUE ! Je m'exclame avec de grands moulinets de bras.

Avant de chuchoter, le visage grave :

- Moi ?

- Vous ? Me demande Dumby.

- Je fais partie de ces élèves et je vous l'avoue sans honte, ça m'arrive de me gratter les fesses en cachette quand personne ne regarde. Bah faites pas l'innocent, vous le faites aussi et le professeur McGonagall également. Je le sais, je l'ai surprise tout à l'heure en me promenant au mauvais endroit au mauvais moment. Et je me souviens encore de sa tête ! Elle était assez embarrassée cette vieille carne. Pourtant, c'est dans la nature humaine de se gratter et surtout à cet endroit. Donc assumons et mettons fin aux tabous. Cela n'a que trop duré !

- C'est ce que vous lui avez dit ? Comprend le directeur tout en triturant sa barbe.

- Oui, je lui réponds tristement. Mais on ne peut plus dire ce qu'on pense ici. Elle l'a mal pris et m'a mis une retenue.

- Tristesse, dit Dumby.

Ca oui. Mais heureusement les retenues peuvent avoir du bon.

On y fait des rencontres et on développe même quelques compétences en matière de nettoyage et de calligraphie. Si jamais, bien sûr, on écope d'une séance d'astiquage ou de lignes à recopier.

- Elle veut savoir si vous pouvez me prendre en retenue pour ce soir car elle a des choses à faire de son côté.

- Elle n'en peut déjà plus de vous voir ?

- Et oui. Alors même qu'on vient de commencer l'année. C'est un comble !

- ...

- Vous auriez des coloriages magiques ?


- Ça craint, j'ai déjà plus d'argent de poche ! Me geint ma voisine de paillasse tandis qu'on s'attelle à préparer nos potions.

C'est Philo, alias Philomène - ou peut-être Philosophie, même six ans après je n'ai toujours pas bien saisi -, et accessoirement l'une de mes amies.

Une fois, elle a failli m'amputer d'un œil en testant un sort de conjonctivite. Confondant sûrement les mouvements appropriés avec la méthode "Comment rendre aveugle un ennemi en lui enfonçant sa baguette dans l'œil". Histoire de vous donner une idée de ses compétences.

- Faut faire comme moi, je lui dis tout en réglant le feu sous mon chaudron. L'année dernière, j'ai trouvé un super moyen pour m'en faire.

- Ah ouais ? C'est quoi ?

- Je vole des chats.

- ...

- Bah quoi ? Après j'ai juste à attendre que le proprio s'en aperçoive et qu'il aille coller des affiches. C'est ce que j'ai fait une fois avec le chat de Mary Trucmuche.

- MacDonald ?

- Non. L'autre. Trucmuche !

- Tu les appelles toutes Trucmuche mais je tiens à te souligner qu'il y a beaucoup de Mary dans cette école.

- Oui bah on s'en fiche c'est pas l'important. L'important c'est que je l'ai coincé dans un couloir et que je lui ai lancé un Petrificus.

- A Mary Trucmuche ?

- Non, à son chat. Suis un peu. Et après il n'avait plus qu'à attendre tranquillement dans le placard de la salle de bain que sa maîtresse vienne le réclamer.

Bon après... il y avait peut-être une légère odeur de pipi de chat qui régnait. Mais quand on veut gagner de l'argent, il faut savoir faire abstraction des mauvaises odeurs. L'elfe qui s'occupe de récurer les chiottes vous le dira.

- Si je me rappelle bien, il y a quelques mois, mon chat a disparu et c'est toi qui me l'a rapporté, me dit soudain Philo, une lueur suspicieuse dans l'œil.

...

C'est pas moi !

- Simple coïncidence, je mens.

Et puis son chat est moche et il miaule tout le temps. Un de ces jours, je vais vraiment le buter et il ne faudra pas se poser de question.

J'accuserai le concierge. Vu la façon dont il traite son chat, m'étonnerait pas qu'il soit zoophile. Et de la zoophilie à la nécrophilie, y'a qu'un pas.

- Euh revenons-en au sujet. Tu n'as pas idée de ce que les gens sont prêts à offrir pour qu'on retrouve leur chat. Quand Trucmuche a mis son affiche, je suis allée la voir avec son chat. Et elle n'a rien vu venir, cette gourdasse.

- Mais t'as pas des problèmes de conscience, après ? Me demande Philo, toujours suspicieuse.

- Tu veux dire cette chose qui existe juste pour nous empêcher de faire ce qu'on veut ? Non je ne crois pas. Et quand on y réfléchit, c'est une forme de gardiennage que je pratique.

- Ouais mais imagine que Trucmuche en ait rien eu à faire de son chat ? Tu te serais retrouvée avec son matou sur les bras.

- Non. J'aurais toujours pu visiter ma grand-mère qui se spécialise dans la fabrication de moufles en poils d'animaux.

- Quel rapport entre ça et mon argent de poche ?

- Le rapport c'est que les gens perdent facilement leurs moufles quand la saison d'en porter arrive. Mais si. Combien de fois n'a t-on pas vu des gamins trouver rigolo de les enterrer dans le bac à sable et se mettre ensuite à chialer parce qu'ils sont trop cons pour les retrouver ? Moi je te le dis. Les moufles, c'est un marché florissant.

- Mouais, dit Philo après quelques minutes. Je ne suis pas sûre d'être prête à aller jusque là.

- C'est que tu ne sais pas saisir les bonnes occasions comme moi.

On se concentre de nouveau sur nos potions puis, quelques minutes plus tard, elle me balance son coude dans les côtes.

- T'as vu Rogue ? Elle me chuchote. Il n'a pas changé des vacances. Toujours aussi laid.

- Ca, c'est vrai qu'il a une sale gueule, j'acquiesce tout en remuant ma mixture. Un véritable délit de faciès.

Avec son gros nez et le rideau de graisse qui pend de chaque côté de son visage, brrr : on ne peut franchement pas dire qu'il soit à son avantage.

Et son regard... parlons-en. Chaque fois qu'il m'observe, je me sens sexuellement harassée et j'ai envie de lui balancer mon sac sur la tête.

Mais je me retiens.

Vous pensez bien que je n'ai pas envie de le salir !

... Et quand on y réfléchit, la plupart du temps, je n'ai pas mon sac sous la main. Avec tous ces grimoires qu'on nous oblige à mettre dedans, il est trop lourd et je suis contre la manutention académique.

- Ses cheveux, commente de nouveau Philo. C'est une catastrophe ! On dirait qu'il se rince la tête avec de l'huile de palme.

- Ou peut-être bien que c'est sa graisse capillaire qu'on retrouve dans nos pâtes à tartiner.

- Ew.

- Tu l'as dit.

Et avant que vous vous posiez la question : non, je ne passe pas mon temps à épier Rogue pendant les cours.

Je ne suis pas désespérée à ce point et le regarder trop longtemps me donne la jaunisse.

Philo, en revanche, n'a pas d'autre préoccupation en potion que de surprendre le moindre regard déplacé qu'il pourrait jeter sur les fesses de Lily Evans.

Qui a grossi d'ailleurs. On dirait qu'elle s'est rembourré le slip avec des pastèques.

- Bah tiens, renifle justement Philo. Regarde-la l'autre Sang-de-Bourbe comment qu'elle se dandine sous son nez. Folle de cul va.

J'abandonne ma contemplation de fesses pour jeter un coup d'œil inquiet sur sa préparation.

Elle devrait peut-être faire de même au lieu de jouer les commères. Parce que vu la couleur, ça va finir en désastre.

- Non mais comment qu'elle l'allume. J'y crois pas. Regarde-le, ce pauvre taré. Je suis sûre qu'il bande comme un cheval derrière sa marmite. Et ça m'étonnerait bien que ce soit sa potion qui l'excite autant.

- Hum hum, fait une voix par dessus son épaule.

Philo se tend et je me mets à siffloter l'air de rien. Lalalala, ce n'est pas moi... lalalala...

Le vieux Slugh s'est approché de notre paillasse en douce et fixe maintenant ma camarade avec de grands yeux exorbités, la bouche en cul de poule et le visage écarlate.

- Oui ? Fait bravement Philo, l'air légèrement mortifié.

Je rigole doucement. Slughorn quant à lui essaye de se redonner contenance. Il ouvre la bouche, tente de s'éclaircir la voix...

... mais c'est sans compter la mixture dégueulasse que Philo a réussi à concocter en une heure et demie de cours. Celle-ci se met lentement à tourbillonner et à émettre une fumée grisâtre, tandis qu'un sifflement strident s'échappe du chaudron.

Et là, c'est le drame.

De grands jets de potions se mettent à éclater dans tous les sens et Slughorn passe de l'écarlate au vert en un quart de seconde.

- TOUT LE MONDE DEHORS ! Baragouine t-il avant que toute la classe ne commence à s'agiter.

Il pépie dans tous les sens en faisant de grands moulinets de bras tandis que les élèves se barrent un à un du cachot en s'écrabouillant les uns les autres contre les murs. J'aperçois Rogue se presser devant moi et pour faire bonne mesure, je le pousse à l'intérieur d'un placard et l'enferme de l'extérieur.

Il me remerciera plus tard, j'aime aider mon prochain.

Et ça fait un élève de moins pour boucher la sortie.


Ça m'énerve les sorciers qui se la pètent parce qu'ils savent lancer des sorts mieux que les autres, qu'ils connaissent les sorts mieux que tout le monde, qu'ils ont eu des Optimals à leur BUSE... Par exemple, en deuxième année il fallait toujours qu'Evans me nargue en transformant son rat en verre. Moi, le mien, il n'y avait que la queue qui se changeait en verre. Et du coup, comme mon rat l'avait agité, bah un jour il s'est foutu sa queue en verre dans la gueule et le choc a annihilé toute forme de vie en lui.

Voilà.

C'était triste.

MAIS ON S'EN FOUT !

- Qu'est-ce que ça apporte de savoir changer un rat en verre ? Hein ? Ça va m'aider à devenir ministre de la magie ? Dans le cas bien sûr où je voudrais être ministre, parce que, euh... Je n'aimerais pas avoir leurs horaires. A la limite, je veux bien être femme de ministre. Tout ça pour dire que. Tout le monde s'en fout de ce sort ! Ça n'apporte rien. Alors qu'ils arrêtent de nous montrer à quel point ils sont doués, ces gens-là, c'est énervant. En plus, j'ai quand même un bon niveau en métamorphose.

- ...

- Bon d'accord, j'ai un niveau normal.

- ...

- Euh okay, j'ai un niveau deuxième année. Et alors ? C'est mon droit. Je vous pose des questions, moi, quand vous mettez votre pull à l'envers ? J'interpelle mon professeur de DCFM après avoir refusé de me battre correctement en duel pendant le cours.

Il serre les dents et se retient manifestement de me donner une bonne correction. Derrière lui, Sirius Black se frotte la joue. Il a un énorme coquart et la bosse sur son front commence déjà à virer au violet.

- Je peux changer de binôme monsieur ? Insiste t-il auprès du prof.

- Bah pourquoi ? Je m'offusque.

- T'es un danger public, m'apprend t-il avec un regard noir.

- C'est qu'il faut s'attendre à tout dans un combat. Tu es juste vexé de ne pas avoir su anticiper mes techniques novatrices.

- Tu m'as envoyé ta chaise dans la gueule. Ca n'a rien de novateur.

- Soit. Mais c'est une expérience à connaître au moins une fois dans sa vie. Histoire d'apprendre la modestie.

- Tu sais ce qu'elle te dit Modestie ?

- Que t'as une seule bobine ?

- Que rien du tout, coupe le prof avant que la situation dégénère.

Je lance un sourire goguenard à Black tandis que l'autre me prend à part.

- Vous aurez quand même compris, me dit-il, qu'une chaise ne suffira pas toujours à vous sauver la mise en cas de danger.

- Je me doute.

Et c'est pour ça qu'en cas d'impasse, je peux toujours me servir de mes poings et de mes pieds.

- Et qu'il va bien falloir que vous appreniez à vous servir de votre baguette.

- Mais si j'ai pas ma baguette ? On en revient au même problème, je lui rétorque avec un regard condescendant. Alors autant apprendre à se servir de ce que nous procure notre environnement.

- Mais bougre d'andouille ! Vous allez arrêter votre cirque ? Vous êtes une sorcière, sapristi ! On ne vous a pas inscrite à Poudlard pour vous apprendre à combattre à coup de tabourets !

- Et bien on aurait pu ! Je m'énerve juste histoire d'avoir le dernier mot.

Ce à quoi il répond en continuant de m'injurier et de me gueuler dessus et je lève les yeux au ciel.

C'est quand même pas ma faute, s'il a pas l'esprit pratique.


- Réparer l'injustice - il faut réparer l'injustice ! Je m'exclame plus tard en abattant mon poing sur le bureau de Dumby.

Comme d'habitude, il me regarde tout en se triturant la barbiche l'air de plus se soucier de son slip qui lui rentre dans les fesses que des réels problèmes dont j'ai à lui faire part.

- Voilà bien maintenant des centaines d'années que nous forçons, générations après générations, nos enfants à porter le chapeau !

- Le chapeau de quoi ? Me questionne t-il.

- Mais le chapeau de tout, quelle question ! J'essaie de continuer en m'efforçant d'ignorer ses bâillements. Des années de souffrance, à se gratter la tête, à crever de chaud et à passer pour un con les veilles de rentrées - sans parler que comme si on était déjà pas assez moche, il fallait encore que l'on se fasse gronder pour l'avoir perdu sans le faire exprès dans la cour de récré. Une honte !

Je me souviens encore de McGo et son regard enflammé en me voyant me pointer le jour de ma répartition une cagoule sur la tête.

Il me paraissait juste inconcevable de me ramener avec un chapeau de merde - je m'étais donc arrangée pour le laisser malencontreusement tomber dans la cuvette des toilettes et tirer la chasse derrière.

- Non mais, vous rendez-vous compte de l'impact subit ? Je m'exclame avec indignation. La jeunesse va mal, monsieur le directeur, je rajoute en levant les bras au plafond. Et je dirais même plus : c'est un monde qui s'écroule ! La routine nous a enfermés dans des meurs miséreux, et nous nous complaisons maintenant dans le port d'un couvre-chef ridicule et hautement démodée ! Tenez, hier encore, Maximus, un petit premier année, m'a pris au détour d'un couloir et a fondu en larmes sur mon épaule. Vous voulez que je vous répète ce qu'il m'a dit ?

Il ne répond pas et se contente de bidouiller dans son tiroir à la recherche d'une quelconque pastille au citron, mais j'en prends quand même gain de cause.

- "Je suis tellement soulagé que la réparation arrive enfin. Ça a été tellement dur pendant des années. Il a fallu que ma mère décède il y a deux ans pour que je me libère enfin de ce carcan de tissus. Mais je ne lui en veux pas personnellement. J'ai bien conscience que tout ça n'a été que le résultat de la société dans laquelle on vit." La société dans laquelle on vit, parfaitement, et cela, Maximus, douze ans, l'a parfaitement compris ! Parce que dans quelle société vivons-nous, aujourd'hui, monsieur le directeur ? Une société à l'écoute de ses contribuables ? Non ! Que nenni, mon petit ! Et pour cause, à en juger de la réaction tardive, face à l'ampleur des dégâts.

Il déballe sa sucette en me regardant avec attention.

- Il y a un énorme non-dit, dans ce Royaume que l'on dit uni, et cela depuis des siècles ! Tous les gouvernements, des plus conservateurs au plus réformateurs, tous ont commis l'impair de ne pas mettre fin à cette profonde injustice - et je remercie bien notre bonne Millicent Bagnold et son fidèle Gervey Calburth pour avoir enfin réussi à réparer cette erreur, au risque de raviver la souffrance collective - pire, de créer l'effervescence chez les plus tatillons ! Rassurez-moi monsieur le directeur, vous n'êtes pas tatillon ?

- A quel propos ?

...

- A propos de la souffrance collective.

- Ah !

- Oui, ah. Ca fait plaisir de se sentir écoutée par ici. Et donc, je reprends férocement, nous ne nous laisserons pas faire, vous entendez ? Le progrès est en marche, l'avenir appartient au changement ! Aujourd'hui, c'est une page qui se tourne, pour toutes les anciennes victimes du Chapeau de Sorcier ! Aujourd'hui, nous osons enfin lever les barrières et nous exprimer sur ce sujet devenu tabou ! C'est le terme de centaines et de centaines d'années de souffrance, qui prend fin en ce jour, avec cette décision courageuse du gouvernement de Millicent, mais c'est aussi la fin d'un scandale et la prise de conscience qu'il y avait un grave problème dans notre société, notamment entre les années vingt et les années trente, lorsque les fabricants ont décidé de rajouter de la dentelle sur le rabat du chapeau.

- Ah oui, belle époque, m'appuie Dumbledoudi, l'air brusquement songeur. Mais-

- Tut tut tut ! Je m'écrie en pointant un doigt accusateur sur lui. Ne commencez pas à nier vos torts dans l'histoire monsieur le directeur ! Vous mériteriez d'être incarcéré, vous et votre choixpeau magique ! Aujourd'hui, je suis donc venue au nom de tous pour demander réparation. Avec ce mode vestimentaire, dégradant et contraire à la dignité sorcière - que dis-je, à la dignité humaine ! - il me paraît évident que le préjudice moral apporté à bon nombre de citoyens sorciers doit aujourd'hui mériter dédommagement ! Parfaitement, chers monsieur, j'ajoute devant son air perplexe. Un dédommagement, qui, d'ailleurs, pourrait creuser une fois de plus les caisses de l'établissement, tant le dommage a été vaste et profond dans notre société. Car c'est possiblement des milliers et des milliers de sorciers qui pourraient être concernés par une telle opportunité, et en particulier nos chers Poudlardien. L'Office Nationale de La Santé Pyschologique et Public a d'ailleurs déclaré, dans une interview récente, que l'indemnisation serait proportionnelle à la durée de port forcé du fameux chapeau. Ainsi, l'indemnisation par personne pourrait bien aller de trente gallions par chapeau porté de force pendant des événements exceptionnels à potentiellement cent-mille gallions pour les plus coutumiers ! Comme c'est le cas pour Maximus, dont les parents sont très à cheval sur les traditions.

Et je plains le pauvre enfant qui n'a pas du avoir une vie facile.

En ce qui me concerne, j'attends encore de me faire indemniser pour avoir eu des chaussettes qui grattent, à cause des coutures intérieures.

- Alors, vous en dites quoi ? Je questionne en reprenant mon souffle.

Il finit de mâcher son bonbon, puis.

- Vous prenez également en considération le bonnet péruvien ?

- Comment ça ?

- Et bien vous l'avez toujours sur la tête. C'est imposé ou c'est seulement par goût personnel ?

- C'est mon père qui me l'a ramené du Pérou.

- Ca vous fait une tête rigolote.

- Euh... merci.

- ...

- C'était un compliment ?


- Alors ? Me demande plus tard Ryan tandis que je rentre chez les blaireaux et cours m'enfoncer dans un fauteuil.

- Raté, je fais d'un air mécontent.

Et histoire de préciser, Ryan, c'est mon meilleur ami.

Enfin. Le meilleur. C'est une façon de voir les choses.

Disons que c'est celui qui s'accommode le mieux de ma présence.

- En même temps, le chapeau, on ne le porte que deux fois dans l'année donc bon...

- Oui mais là n'est pas la question. Le changement, c'est maintenant ! Si on ne fait rien aujourd'hui, alors demain on se retrouvera à porter notre chapeau tous les jours ! Et alors là il ne faudra pas se plaindre !

Il lève les yeux au ciel.

Puis, après un temps de silence, il se lève subitement, saisit son livre encyclopédique, me prend par le poignet et commence à m'entraîner avec lui hors de la salle commune.

- C'est l'heure de manger ? Je pépie joyeusement en me laissant faire.

J'aime manger. C'est une activité que j'ai toujours su faire avec beaucoup de talent, mais c'est malheureusement un domaine dans lequel on reçoit peu de félicitations. Et c'est bien dommage, car ce sont toujours les domaines les plus agréables qui sont les plus méprisés.

Quelle société bancale.

- Non, celle d'aller à la bibli.

- AH ! NON ! Je glapis en me libérant de sa prise. Plutôt crever ! Ça pue le chameau moisi là-bas !

Et la dame de la bibliothèque ne peut pas me blairer depuis un certain évènement il y a un certain nombre d'années quand j'étais encore d'une certaine naïveté.

...

Ce qui veut dire grosso modo que quand j'étais en troisième année, et alors que je me baladais tranquillement entre les rayons, je suis tombée sur un couple de septième année en pleine fornication. Ils ont réussi à faire tomber pleins de livres dans leurs ébats et qui s'est fait surprendre toute seule sur la scène du crime quelques minutes plus tard, les lèvres tremblotantes et les petits yeux larmoyants ? Moi.

Encore aujourd'hui, je ne suis pas sûre que madame Machin arrêtera de me poursuivre son escabeau à la main si j'ose mettre un pied là-bas. Et j'avoue que parfois il m'arrive aussi de me demander pourquoi je ne me suis pas barrée en même temps que les deux septièmes années. Mais passons.

- Allez. Fais un effort, me demande Ryan en prenant un air de chien battu.

Pour les physionomistes qui me lisent, sachez qu'il a de courts cheveux châtains, des yeux verts très clairs, le visage couvert de cicatrices rougeâtres et un nez légèrement de travers à force de se faire taper dessus par Bakary Parkinson. Les cicatrices étant le résultat de longues soirées passées devant son miroir à exterminer les boutons qui ravagent sa beauté. Ou pas.

En réalité il a eu la varicelle il y a quelque temps. On a dû le mettre en quarantaine à l'infirmerie avant qu'il ne contamine toute l'école.

- Alleeeeeeez, il me supplie, de fausses larmes dans les yeux, t'avais promis qu'on réviserait les maléfices ensemble.

- Ca ça m'étonnerait je ne révise jamais. Va mourir ! Je fais en me jetant sur le fauteuil le plus près.

Ryan n'hésite pas deux fois. En quelques enjambés, il vient me rejoindre, me saisit par les pieds, et entreprend de me traîner derrière lui sur le tapis de la salle commune.

- Non, laisse-moi tranquille !

Je m'accroche telle une damnée aux pieds du fauteuil comme un moule à son rocher, et lui me lance un regard triomphant.

- Tu ne m'auras jamais ! Je suis invincible !

Et si je le connais assez bien, je sais qu'il n'aura pas assez de force pour me traîner avec le fauteuil. Il déteste faire des efforts.

Je le vois bander le peu de muscles qu'il a, rejeter sa tête en arrière... Et finalement me lâcher les pieds, m'arracher mon bonnet et s'enfuir en courant comme un dératé en direction de l'énorme tonneau qui régule les entrées et sorties des poufs dans leur salle commune.

...

- Sale botruc !


Vous ne devinerez pas qui j'ai vu en sortant des toilettes.

Severus Rogue !

En train de se rincer les mains d'un air grognon dans le lavabo.

Alors que bon. C'était les toilettes des filles. Je veux bien faire des efforts et tout mais quand même. C'est pas parce que les toilettes pour hommes du sixième étage sont défectueuses depuis que Potter a entrepris de faire sauter toutes les cuvettes qu'on peut nous piquer les nôtres. Non mais.

...

Okay j'admets. Je suis d'un naturel possessif. Surtout vis à vis des endroits où je vais faire mes besoins. Mais c'est pour des raisons sanitaires, hein. Je ne veux pas chopper les premières bactéries qui passent. On ne sait jamais dans quelle merde vont traîner les fesses des autres. Et c'est d'ailleurs pour ça que chaque année en partant à Poudlard, ce sont les toilettes de mon manoir que je regrette le plus. Au moins, là-bas, je peux prendre mon temps sans craindre de chopper une vilaine maladie. Et bon. Oui. J'admets encore. Quelques fois, il y a ma mère qui gueule et frappe comme une malade à la porte pour que je sorte. Mais ça fait partie du fond sonore.

Ce que je veux - pour en revenir à Rogue -, c'est qu'il le dise, hein, s'il aime juste traîner dans les chiottes pour fille.

Tout le monde sait qu'à défaut d'avoir des urinoirs, elles sont propres et elles sentent bon. Et on se sent toujours plus à l'aise pour faire ses besoins dans un endroit où la lunette des WC n'est pas toute éclaboussée et où ça ne sent pas le chou pourri. En plus, le PQ coule toujours à flot, c'est inespéré !

...

Quoique. Entre nous, il est tout rêche et laisse franchement à désirer. Chaque fois que je m'en sers, j'ai l'impression de me brosser le cul avec des brindilles. Mais est-ce que quelqu'un d'autre que moi semble se préoccuper de cet état de fait ? Non. A croire que je suis la seule à penser au confort de tous. Et c'est à se demander aussi où l'école va chercher ses fournitures. Est-ce que les elfes recyclent le parchemin ? M'étonnerait pas qu'on trouve les restes d'un devoir de méta en analysant plus attentivement le grain des rouleaux.

- T'as fini de me regarder ? Me demande Rogue après un certain temps.

Je ne réponds pas tout de suite. Mais je le suis quand même dans le couloirs tandis qu'il essaye de me distancer d'un pas pressé.

- Et bien figure-toi que je me posais une question donc tu connais peut-être la réponse. C'est à propos d'Hagrid, le garde-chasse.

- Oui je sais qui c'est. Merci.

- De rien. Donc ma question est... quand il sort et qu'il a une envie pressante... comment il fait ?

- ... Comme tout le monde j'imagine.

- Tu crois ? Parce qu'il doit avoir du mal à trouver des toilettes adaptées à sa morphologie, non ? Et je te parle des toilettes, mais s'il n'y avait que ça ! Qu'est-ce qu'il doit galérer quand il veut culbuter !

- ...

- Culbuter. Baiser quoi, j'explique à Rogue tandis qu'il me regarde avec des yeux vides.

- Ca va je ne suis pas stupide.

- On ne sait jamais avec les puceaux. Il faut prendre le temps de définir. Ou alors tu ne l'es plus et tu nous le caches bien, petit cachottier !

Il blêmit. Ou peut-être qu'il rougit. C'est difficile à dire, ses réactions cutanées ne sont pas très synchro.

- C'était quand ? Avec qui ?

- Ca ne te concerne pas !

- Je connais ?

- Lâche-moi les basques !

- Ta cousine ?

- Je n'en ai pas !

- Ton cousin ?

- Fiche-moi la paix !

- Ton cousin alors.

- Va t'en !


.

.

Voili voilou pour ce premier chapitre. Merci le Gorafi pour l'un de ses articles très intéressant sur le port des cagoules et petite référence à soda pour le rapt de chat (c'est loin d'être la série du siècle mais il y a tout de même des épisodes drôles).