Disclaimer : Les personnages appartiennent naturellement toujours à KURUMADA.

Auteur : Newgaia

Rating : T

Genre : Angst –Tragédie– Shonen-ai.


Mot de l'auteur : Je crois que je n'ai jamais écrit quelque chose d'aussi triste que ce chapitre. C'était prévu, dans le sens où le scénario original de Kurumada ne me laissait pas vraiment le choix, mais à la relecture, le résultat dépasse mes craintes, même si la fin ne me semble pas totalement désespérée. Enfin, ceux qui liront jugeront. Pour ma part j'espère simplement être parvenu à vous donner un regard un peu moins sévère sur Shaka et Aphrodite, qui sont deux personnages que je trouve parfois un peu injustement « catalogués ». J'avais envie de les réhabiliter^^.


CHAPITRE 8 : MA DERNIERE BATAILLE

Certains pensent que les évènements de notre vie défilent devant nous lors de notre mort. La mienne ayant eu lieu dans des conditions très particulières, mes pensées restèrent focalisées jusqu'au dernier instant sur le combat que je menais. Malgré tout, je peux attester que les souvenirs ne sont pas tous égaux dans notre esprit. Et celui de cette fin de matinée qui marqua ton altercation avec Milo reste gravée telle l'insupportable et indélébile cicatrice d'un fer rouge.

Tu rejoignis le Scorpion alors que celui-ci atteignait la sortie de ton temple. Milo marchait d'un pas déterminé, et bien que je perçus parfaitement les convulsions de désagrément de son cosmos, j'espérai un instant qu'il poursuive son chemin en se contentant de te fusiller de son mépris. Un mètre de plus et il serait hors de ta Maison. J'aurais alors l'entière liberté de te retenir. Camus le suivait, distant de quelques pas. Le fait que le Verseau ne soit pas à sa hauteur trahissait l'importance de l'irritation du Grec. S'il tolérait que son ami l'accompagne, à ta manière à mon égard, il ne lui accordait aucun droit d'ingérence. Canalisant ta propre colère, tu t'immobilisas près d'une des hautes colonnes qui soutenaient le naos. Debout derrière toi, je sentais avec inquiétude l'instabilité de ton propre cosmos. Mais face à la provocation du Scorpion, tu parvenais encore à conserver une relative maîtrise de toi. J'en conclus avec soulagement que notre précédente « explication » n'avait pas été inutile, et je me promis de tout faire pour que celle qui suivrait soit encore plus constructive. C'était sans compter sur l'esprit imprévisible de Milo. Trois pas avant d'atteindre la sortie, il se retourna pour te fixer sans aménité.

Des quatre chevaliers présents, tu étais le seul à ne pas porter ton armure. Pour avoir appris à lire en toi, je déchiffrais sans peine la raison de cette imprudence. Tu t'en voulais, et c'était le moyen d'expier ce que tu te reprochais. Même si en l'occurrence tu trouvais la réaction du Scorpion exagérée. Si la situation dégénérait, cela te plaçait d'office en position de faiblesse. Cette évidence flagrante me força à réagir. Tu lui laissais un avantage dangereux, et faisant fi de tes récriminations futures, je m'avançais d'un pas que je voulus tranquille pour m'interposer entre vous deux. Je me retrouvais exactement dans la position dont je t'avais menacé précédemment, ce qui était loin d'être une excellente option. Mais je bénéficiais d'un allié de poids. Camus avait stoppé en même temps que Milo pour ensuite reculer de quelques pas. Indéchiffrable et silencieux, à son habitude il ne manifestait aucune émotion, mais à sa façon de se tenir stratégiquement en retrait, je le devinais prêt à intervenir également au moindre dérapage. Néanmoins, la résolution de votre profond désaccord vous appartenait. Et si je m'en référais à la brutale saturation de cosmos autour de nous, aucun de vous deux ne semblait décider à s'incliner plus que nécessaire. Milo t'attaqua verbalement avec sa spontanéité coutumière.

« Le chevalier des Poissons daigne se montrer au grand jour, railla-t-il. C'est une nouvelle façon de me narguer, ou simplement parce que tu te sens en sécurité derrière ces deux-là ? »

Le visage si fermé que je voyais ta mâchoire se crisper, tu refusas de répondre à sa provocation évidente. Je t'adressais un encouragement à tenir bon par télépathie, et je surpris Camus à sermonner Milo de la même manière. Mais il en fallait davantage pour ramener un Scorpion irascible à la raison.

« Tu es le pire des lâches Aphrodite ! Et je ne te pardonnerais jamais de m'avoir rabaissé à ton niveau ! Par respect pour Camus et Shaka, je ne t'attaquerai pas ici. Mais pries Athéna que ma colère soit retombée la prochaine fois que nous nous rencontrerons. Car tu n'auras pas toujours autant de chance. Crois-moi. Et même si je ne peux pas démolir ta belle petite gueule d'enfoiré, vois-tu ce qui me console, c'est que je me dis que si un jour une guerre devait survenir, tu serais incapable d'y survivre. Non pas parce que j'en viens à douter de la réalité des forces que tu peux déployer à visage découvert. Ni parce que tu es avant tout un lâche de la pire espère, qui a besoin de se dissimuler derrière un autre pour attaquer. Mais car je sais que tu ne pourras jamais oublier l'expression d'Albior, lorsque ses yeux ont croisé les tiens quand il a compris ce qui lui arrivait. Il y a des regards plus mortels que le poison le plus efficace, et tu en feras les frais !

— Milo ! »

L'intervention du Verseau m'épargna une sortie tout aussi impérative malgré mon envie d'apaiser la tension entre vous. Tu conservais encore ton calme, mais tu étais plus pâle que la mort.

« Qu'il crève ! ragea le Grec, en ébauchant malgré tout un pas en arrière. Tu devrais mieux choisir tes amis Shaka. Celui-ci finira par te planter un poignard dans le dos. »

Et sans rien ajouter, il se détourna. Remerciant Camus d'un signe de tête, je préférai me taire. Le Scorpion disparaissait déjà dans les dernières volées de marche de l'escalier qui menait au Palais lorsque le français lui emboita le pas. Nous restions seuls à peu de distance l'un de l'autre, et j'espérais reprendre rapidement ce que nous avions interrompu. Au moins pour effacer de ton visage ce voile redevenu distant et presque dédaigneux, derrière lequel je sentais vibrer une douleur réelle. Mais les mots blessants de Milo semblaient avoir ravivé en toi tes pires instincts.

« Rentre chez toi Shaka», m'enjoignis-tu sans même me regarder.

Il y a des moments où il faut accepter de perdre un combat pour remporter une victoire. Ta froideur ne me trompait pas. Tu désirais de nouveau te pelotonner dans ta douleur. Incapable de lui échapper, mais nécessiteux de l'apprivoiser. Après la nouvelle épreuve que tu venais de subir je me voyais mal te refuser cette sorte de passage obligé. Colère, fierté, regrets enfouis et motivations inavouables, il fallait que tu composes avec tout cela.

« D'accord, prend le temps qu'il te faudra, te concédai-je avec réticence. Si tu le désires, tu peux me rejoindre quand tu veux dans la journée, sinon je repasserai ce soir. »

Mais la froideur de ta réponse me poignarda comme une lame.

« Tu n'as pas compris Shaka. Il n'y aura pas d'autres rencontres entre nous. Plus de cette sorte en tout cas. Milo a raison sur un point. Je finirai par t'entraîner dans ma chute.

— Nous n'allons pas revenir sur cette conversation, tentais-je alors que les battements de mon cœur s'accéléraient.

— Si, au contraire. Je n'aurais jamais dû te laisser me convaincre. Ni tout à l'heure, ni auparavant. Tu es très fort Shaka. Estime-toi heureux. Tu es le seul à être parvenu à me faire regretter celui que j'ai un jour été par le passé. Mais le passé est mort. C'est un fait que nous devons accepter tous les deux. Ni toi ni moi n'y pouvons rien. Et notre présent finira par nous dresser l'un contre l'autre si nous n'y prenons pas garde. C'est inévitable, terminas-tu avec une colère triste si sûre d'elle-même que j'en fus douloureusement ébranlé.

— Je t'aime Aphrodite, te rappelais-je en espérant que cette évidence vaincrait le dégoût où tu t'enfonçais.

— Moi aussi je t'aime, répondis-tu d'une voix atone qui me glaça. Mais ce n'est plus suffisant. Alors pour ton bien, ne m'approche plus jamais », achevas-tu avec un regard nettement menaçant.

Je percevais une telle amertume derrière tes paroles, qu'ignorant ta mise en garde, j'ébauchais un geste pour te rejoindre. La légère griffure d'une épine égratigna aussitôt ma joue. Surpris, je m'immobilisais. Milo avait tort sur un point. Tu étais parfaitement capable de te défendre. Cela je ne l'avais d'ailleurs jamais mis en doute. Mais que tu me prennes pour cible compliquait la situation. Et la façon presque furieuse dont tu me fixais à présent n'augurait rien de bon.

« Va-t-en Shaka. Je ne le répéterai pas. Ceci n'était qu'un avertissement. Mais la prochaine rose sera gorgée de poison. »

Tu ne plaisantais pas. Ce qui me convainquit de ton sérieux concernant ta précédente décision. Je demeurais une seconde effondrée, bien proche de me comporter comme l'adolescent qui t'obéissait aveuglément. Et pourtant tu m'aimais De cela je ne doutais pas. Je ne voulais pas te perdre. Et je commis l'erreur d'oublier que la marionnette cruelle que l'on avait faite de toi réagissait au quart de tour lorsqu'on la contrariait trop fortement. Je fis un nouveau pas dans ta direction. Cette fois-ci, je sentis une griffure profonde entailler ma pommette, tandis qu'une rose aux pâles reflets pourpres retombait sur le sol à mes côtés. La rapidité de ton attaque était stupéfiante. Même avec mes sens de chevalier d'Or, c'est à peine si je te vis bouger. Le regard dur, tu matérialisais déjà une autre fleur entre tes doigts.

« Ça, ce n'est pas toi Aphrodite, t'opposai-je tristement en essuyant de la main le sang qui coulait de ma joue.

— Alors c'est que tu ne me connais pas du tout, répliquas-tu sans manifester le moindre remords. Entre nous tout est terminé. Alors dégage ! »

Cette fois-ci, je battis en retraite. Ton chagrin était trop fort. Il nourrissait ta colère et il te forçait à nous punir injustement. Tu n'étais pas en état de m'entendre. Et puis le poison commençait à gagner mon organisme. Un indicible vertige troublait ma vue intérieure tandis que mes autres sens perdaient aussi nettement de leur précision. Tu n'avais apparemment pas lésiné sur la dose, te rassurant sans doute sur l'immunité partielle que tu m'avais autrefois accordée. Néanmoins je jugeais qu'elle serait à peine suffisante pour me permettre de regagner dignement ma propre Maison. Mais je ne voulais pas t'inquiéter, et encore moins alerter les autres sur notre différend.

Les jours qui suivirent demeurent flous dans ma mémoire. Je parvins jusqu'à mon logis pour m'effondrer son mon lit, malade comme cela ne m'était encore jamais arrivé. Je tremblais comme une feuille et je claquais des dents, tandis que mon corps se tordait sous des spasmes de plus en plus douloureux. J'eu le réflexe de bloquer mon cosmos fiévreux pour que personne ne se doute de ce qui m'arrivait, me privant ainsi volontairement des soins nécessaires. J'avais foi en la solidité de mon propre organisme, et je ne voulais pas attirer encore davantage d'opprobre sur toi. Mais l'on ne se remet pas aussi facilement de l'attaque destructrice d'un chevalier d'Or. Je crois que je sombrais dans une inconscience bienvenue tant la souffrance devenait intolérable au bout du deuxième jour. Lorsque je me réveillais, des draps propres remplaçaient ceux que j'avais trempés de sueur, on m'avait baigné et ma longue chevelure se déployait sur l'oreiller parfaitement démêlée. Je me sentais plus faible qu'un bébé, mais au moins mes muscles ne se tordaient plus en nœuds improbables. Assis sur mon couchage, je recherchais en vain durant de longues minutes un signe qui eut trahi l'identité de celui qui m'était venu en aide. Mais il avait su effacer toutes traces compromettantes. J'avais beau ressentir l'indifférence blessée que tu nourrissais à mon égard lorsque je laissais discrètement dériver mon cosmos vers ton temple, j'espérais que c'était toi. Mais les jours qui suivirent ne m'amenèrent aucun visiteur, et je perçus nettement la distance que tu instaurais entre nous.

Il était hors de question que j'abandonne. Je désirais me battre pour notre amour, te reconquérir, et surtout trouver le moyen de t'affranchir de ce rôle qui te détruisait. Comme toujours, je décidais de te laisser du temps. Je te connaissais suffisamment pour savoir qu'il ne servait à rien d'aller vers toi pour le moment. Tu devais d'abord évacuer ta rancœur. Face à tes colères, le temps avait toujours été mon meilleur allié. Je pensais pouvoir en disposer. J'ignorais que quelques jours plus tard, les Bronzes allaient fondre sur nous.

Mais avant, un incident majeur m'opposa au Lion. Mes fonctions m'amenaient à conseiller Saga dans ce que je jugeais le mieux pour le Sanctuaire, et la disparition de l'armure du Sagittaire suite à l'extravagant tournoi galactique n'allait pas sans me préoccuper. Je sentais un péril planer et je demeurais aux aguets. Mais je ne m'attendais pas à ce que la menace s'exprime sous les traits d'Aiolia. Lorsque je sentis un danger se manifester directement dans la salle du trône, je m'y transportai instantanément pour surprendre le Lion face au Grand Pope, qu'il accusait ouvertement de malversation. Venait-il à son tour de comprendre qui se cachait réellement derrière ce masque, et emporté par les évènements ne parvenait-il pas à faire la part des choses ? Impossible de le savoir car je débarquais en plein milieu de leur conversation. Mais l'agressivité du Grec qui allait porter la main sur le représentant d'Athéna était coupable et elle ne me lassait pas le choix. Je m'interposais donc.

« Ote-toi de là Shaka ! m'enjoignit le Lion. Il est plus que temps que quelqu'un se dresse enfin contre ce despote.

— Tu as perdu la tête Aiolia ? Lever la main contre le Grand Pope est une trahison, tentai-je de le raisonner, partagé entre la colère et l'embarras. »

— Tu prends parti pour lui ? Comme tu voudras. »

Et se mettant en garde, Aiolia du Lion fit appel à la force de son cosmos. Nous portions nos armures. Chacun se sentait sûr de son bon droit, déterminé, et prêt à en découdre au risque d'engager un combat de mille jours. Sans me poser plus de questions je monopolisai mon propre pouvoir. Puisque Aiolia semblait trop obtus pour se plier à la discipline, je me battrais pour assurer la pérennité du Sanctuaire. L'affrontement débutait à peine, lorsque je vis Saga profiter que le Lion lui tournait le dos pour le foudroyer d'une attaque qui stoppa immédiatement son agressivité. Je ne connaissais qu'imparfaitement les arcanes dont disposait le Gémeau, mais je devinais que celui-ci faisait appel à un puissant pouvoir de persuasion, quand Aiolia se détourna brusquement de ma personne pour s'incliner devant le Grand Pope auquel il jura fidélité. L'intervention de Saga venait d'épargner une vie, mais sa traîtrise me déstabilisait. Elle me rappelait désagréablement en écho celle qu'il t'avait obligé à adopter face à Albior. Le Gémeau dut percevoir mon trouble, car une fois que le Lion eut quitté la pièce, il me déclara avec une parfaite maîtrise de la situation.

« Ne soit pas surpris par mon geste Shaka. J'ai agi ainsi parce qu'il est hors de question que je perde l'un d'entre vous. Aiolia a besoin de se calmer avant que je puisse le raisonner. Et toi, malgré toute la puissance dont je te sais capable, je doute que tu sois assez remis pour subir un tel combat sans risque. Or j'ai besoin de vous deux en pleine possession de vos moyens. Les évènements l'exigent. Va-t-en à présent. »

Sa justification se tenait, mais je venais surtout de brusquement comprendre qui m'avait soigné. Cette information évacuait dans un coin de mon esprit toutes les autres questions. Saga était intervenu alors que tu n'avais pas levé le petit doigt, ou bien en tant que Grand Pope avait-il jugé que tu ne devais pas le faire, et te l'avait-il interdit ? L'heure n'était malheureusement pas à la discussion. Je conservais le maintien compassé du soldat pour prendre congé, mais intérieurement j'oscillais entre la désillusion, la surprise et la pire des incertitudes concernant ton état d'esprit.

Après cet incident le Sanctuaire vécut en état d'urgence, et je n'avais pas la possibilité de quitter mon temple pour aller forcer ton retranchement. A travers mon cosmos je tentais d'espionner le tien. Tu te méfiais, mais je parvins à lire ton profond désarroi. A quoi devais-je l'attribuer ? A notre séparation ? Aux paroles de Milo ? Ou à la menace bien réelle qui se profilait à l'horizon ? Je n'ai jamais eu la réponse, et la question me taraude encore aujourd'hui. Mais qu'elle qu'en était la raison, je la sentais te ronger de l'intérieur. Je décidais que sitôt la question des Bronzes rebelles réglée, je forcerais la porte de ton logis si nécessaire, mais que tu l'acceptes ou non, tu m'écouterais t'exposer la force de l'amour que je te portais.

Et puis le Sanctuaire subit l'assaut des vermisseaux qui le désavouaient. Mu leur céda le passage avec une facilité qui me désola pour lui, persuadé que j'étais qu'il subirait les foudres prochaines du Grand Pope face à sa désertion. La réédition d'Aldébaran m'étonna. Certes, il s'était battu, mais je concevais mal comment il pouvait s'en tenir aux codes d'un simple duel en s'inclinant sans plus de résistance face à son vainqueur. Un peu ébranlé, je m'amusais néanmoins de la surprise des Bronzes lorsqu'ils traversèrent le temple des Gémeaux. Ils ne s'attendaient visiblement pas à une poche de résistance aussi coriace à cet endroit. Connaissant la puissance redoutable de Saga, rien que lui aurait dû les arrêter. Mais contre toute attente, ils parvinrent à franchir l'obstacle, et je m'interrogeais. Je retrouvais plus de logique chez Death Mask. Il déployait la force et la volonté implacable d'un véritable chevalier d'Or. Il remontait d'autant dans mon estime, mais l'abandon de son amure qui le condamna à mort me sidéra. Comment la protection bénie par notre déesse avait-elle pu se désolidariser de son porteur à ce point au cours d'un tel combat ? Alors qu'ils se rapprochaient, je les sentais guidés et protégés par une force annexe qui me troublait. Aiolia sembla se réveiller d'un mauvais rêve à leur passage, alors que Saga n'avait aucune raison de le libérer à ce moment-là. Pourquoi maintenant ? Et si ce n'était pas le Gémeau, qui avait pu briser son emprise ? Je n'eus pas le temps de me poser bien longtemps ces questions avant que mon temple ne soit investi à son tour.

La vaillance et la jeunesse de mes adversaires m'incita à ne m'attaquer qu'à un seul d'entre eux en laissant filer les autres. Je ne doutais pas une seconde que les chevaliers d'Or suivant les arrêteraient. S'ils avaient pu arriver jusque-là, c'était simplement parce qu'ils avaient eu de la chance, et qu'ils avaient bénéficié d'incroyables concours de circonstance. Le fait que je parvienne pratiquement à supplanter Andromède me conforta dans mon idée, jusqu'à ce que s'immisçant dans notre combat, son frère n'intervienne pour m'empêcher de lui porter le coup de grâce. A ce moment précis, je ne doutais plus de défendre la justice, et notre affrontement fut aussi impitoyable que sanglant. Un élément pourtant me perturbait. Aussi fort et astucieux pouvait-il être, un Bronze n'était pas en capacité d'abattre un Or, du moins pas dans des conditions de lutte loyale. Or, malgré toute ma puissance et les difficultés existant pour contrer mes techniques, je peinais indubitablement pour achever le Phénix. Un élément étrange le soutenait et jouait contre moi. Le même dont je ressentais l'inflexible volonté et la tristesse depuis le début des affrontements, et cela n'allait pas sans me chiffonner. Alors que nous mettions nos dernières forces dans le combat meurtrier qui nous opposait, je décidais de déployer mon aura directement à la rencontre de cette force. Il était hors de question que je laisse franchir mon temple au Phénix pour autant, et déployant une attaque dont j'avais de grande chance d'être également la victime, je l'entraînais avec moi dans le néant. Mais alors que nos deux cosmos se dissolvaient de la réalité perceptible, la foi inébranlable de mon adversaire en la justesse de sa cause, me permit d'entrer directement en contact avec l'objet de son acharnement. Et là, je compris enfin où se trouvait la vérité.

Athéna me baigna de son amour et dissipa mon aveuglement. La mort de Shion, la tentative de meurtre sur un bébé divin, l'injuste élimination d'Aioros, la folie de Saga et les soubresauts de son âme tourmentée, tout s'agençait et m'apparaissait avec une précision cruelle, qui m'aurait arraché un cri de désespoir si je m'étais encore trouvé dans une strate humaine. Je devinais aussi qui était ton mystérieux amant, et malgré tout le mal qu'il nous avait fait, je ne parvenais pas à lui en vouloir. Car derrière le monstre insensible assoiffé de pouvoir et sûr de son bon droit, subsistait le véritable Saga, et j'étais paradoxalement le mieux placé pour savoir qu'il valait mieux que ça. Quelque part une épouvantable bataille se poursuivait, et j'aurais voulu avertir mes frères d'armes de son inutilité. Mais le temps s'écoule différemment d'un monde à l'autre, et lorsque je réussis enfin à revenir grâce à l'aide de Mu, il était trop tard. Les Bronzes étaient finalement parvenus au Palais. Rattrapé par les remords de sa véritable personnalité et le désir de mettre un terme à tout cela Saga s'était suicidé, tandis que la véritable Athéna inondait d'un cosmos apaisant un Sanctuaire hébété. Trois autres chevaliers d'Or avaient inutilement sacrifiés leur vie. Et parmi ceux-là, tu figurais avec Death Mask comme l'un de ceux qui seraient le moins regrettés. C'était un désastre et une tragédie.

En traversant les douze temples, Athéna perçut parfaitement la douleur égoïste qui m'habitait. J'avais beau me réjouir de son retour et du rétablissement de plusieurs vérités jusqu'alors ensevelies, je pleurais avant tout la perte d'un amour sincère. Il me serait désormais impossible de te confier tout ce que j'avais encore à te dire. Nous nous étions quitté de la pire des manières, et il n'existait plus aucun moyen pour que je rectifie la stupidité engendrée par les paroles de Milo. Avais-tu réellement cru que je puisse accepter que tout soit fini entre nous ? L'idée que je t'abandonne avait dû te déchirer le cœur, et que tu sois mort en pensant que j'avais fait mon deuil de notre amour m'accablait profondément. En passant près de moi, Athéna eut la délicatesse de faire mine de rien, et elle ne prononça jamais un mot en ta défaveur par la suite, alors que d'autres ne s'en privaient pas. Je la servis avec d'autant plus de dévotion. Elle, et le désir de venir en aide à l'humanité, il ne me restait plus que cela. Privée de la flamme du soleil de ta présence, ma sociabilité déjà fort timide finit de s'étioler. Je m'abstins dorénavant de tout commentaire ou de toute visite inutile. Je passais le plus clair de mon temps dans mon temple, à méditer sur nos erreurs passées tel un veilleur dont la seule raison d'être demeurait d'éviter celles du futur. Je conservais un détachement que beaucoup jugeait condescendant, et seul peut-être Mu, qui avait approché mon âme et ma conscience lorsqu'il m'avait arraché aux brumes qui me dissolvaient, se douta du l'immense vide et de l'inconsolable chagrin causé par ta perte. En tout cas, il rechercha ensuite régulièrement ma compagnie, me bousculant parfois dans ma solitude lorsque je m'isolais des semaines entières, et nous finîmes par devenir amis.

Fort ironiquement le destin plaça Milo exactement dans la même situation que moi. Sauf qu'il l'ignora. Sa relation avec Camus était apparemment plus forte que nous le supposions, et il souffrait incontestablement de la perte qu'il subissait. Son désespoir m'attrista profondément. Pas pour lui, mais pour le Verseau. Du côté du Scorpion, je voyais plutôt cela comme une punition justement méritée. Sans son intervention dévastatrice, nous aurions encore pu bénéficier de quelques jours de bonheur, et si elle avait malgré tout dû te prendre, la mort ne t'aurait jamais arrachée à moi en te laissant dans le doute des sentiments que je te portais malgré la violence de ton attitude. Et puis surtout, les dernières paroles qu'il t'avait lancées de manière haineuse tournaient en boucle dans mon esprit. Andromède avait beau être un jeune chevalier capable de prouesses, je l'avais gravement blessé, et je me demandais jusqu'à quel point tu ne t'étais pas laissé volontairement abattre, comme nous pensions que l'avait fait le Verseau. Mais si le sacrifice de Camus participait à sa rédemption, le tien disparaissait derrière l'image narcissique et méprisante que tu t'étais plu à composer de toi-même, et on parlait surtout de la faiblesse de ta prestation. Que l'on te méconnaisse à ce point me faisait mal, et indifférents aux commentaires étonnés que suscitait ce geste, je me rendais régulièrement sur ta tombe où je déposais des bouquets de ces simples violettes que tu aimais tant.

Les mois passèrent, et mis à part celui de Milo, les temples du haut demeuraient désespérément vides. Le retour d'Athéna lui-même ne comblait pas la tristesse de leur silence. Jamais aussi peu de chevaliers d'Or n'avaient été réunis alors que les prémices d'une nouvelles Guerre Sainte se profilaient. Avec une garde aussi réduite, serions-nous à la hauteur ? Prévoyante, Athéna nous interdisait dorénavant de poser un pied hors du Sanctuaire, et les Bronzes qui nous avaient vaincus lui servaient à présent de tête de pont à l'extérieur. Pas un d'entre nous n'avait hésité à donner son sang pour rénover et renforcer leurs armures mises à mal après nos affrontements fratricides, et une estime réelle existait maintenant de part et d'autre. Des cinq, le Phénix restait le plus sauvage et le plus imprévisible, mais pour l'avoir combattu, je connaissais la profondeur de sa loyauté. Avec Mu, il demeurait bizarrement le seul auprès duquel je me sentais encore un peu vivant. Sans doute car à l'instar du Bélier, il avait perçu ma détresse lorsque j'avais compris que la flamme de ta propre vie s'était éteinte. J'appréciais leur soutien discret, même s'il ne comblait en rien ton absence.

Lorsque les Spectres d'Hadès passèrent enfin à l'attaque, nous les attendions de pied ferme. Mais aucun d'entre nous n'imaginait la mauvaise surprise qu'ils nous réservaient. Nos sens sont aguerris, et nous avons tous rapidement détectés des cosmos étrangement familiers, mais si inattendus, qu'il nous fallut plus ou moins de temps pour que nous acceptions l'évidence. Hadès avait rendu des enveloppes charnelles, à vous, les âmes défuntes de nos cinq frères tombés quelques mois plus tôt. Ce qui faisait de vous des traîtres de la pire espèce, et des combattants émérites que nous allions devoir affronter. Après tout ce que nous avions vécu, je ne pouvais pas croire que vous alliez ainsi vous dresser contre nous. Le repentir de Saga semblait sincère. Celui de Shura ne faisait aucun doute à Shiruy. Si à un moment donné Camus s'était laissé aveugler, il avait toujours servi la justice. Les agissements précédents de Death Mask prêtaient à confusion, mais Mu qui avait sondé son armure savait que celle-ci s'était réconciliée post-mortem avec son porteur. Quant à toi, j'étais le mieux placé pour savoir combien tu avais trop souffert de la mascarade imposée par ta vie passée. Votre ralliement ne pouvait pas être celui de la rancœur. Il était dicté par autre chose. Il y avait une explication, et je devais la trouver avant que les évènements ne dégénèrent à nouveau.

En sentant ta présence et celle de Death Mask retenues aux abords du Temple du Bélier, je priais Bouddha de résoudre rapidement le problème. Vous tenteriez sans doute au départ de parlementer, mais je soupçonnais la puissance cachée du jeune Atlante lorsque la force brute parlerait. D'un autre côté, si tu joignais ton pouvoir à celui d'Angelo, je ne donnais pas cher de la peau de Mu. En songeant qu'il me faudrait peut-être t'affronter à mon tour, je fus pris de vertige. Cela me ramenait directement à la dernière leçon de mon Maître. Je connaissais le prix à payer pour devoir tuer celui que l'on aime, et je ne voulais pas revivre ce cauchemar. Mais alors que je réfléchissais à toute vitesse sur les implications véritables de votre participation à cette invasion, le Bélier vous attaqua en dépit du retour inopiné de son propre Maître. Je fus désagréablement surpris par la faiblesse de votre propre résistance. Comme si vous hésitiez à répliquer, ou que par ce moyen vous nous donniez un indice capital, que dans le feu de l'action et la détresse de se retrouver confronter à Shion, Mu ne discerna pas.

Vaincus avant même d'avoir pu contre-attaquer, vos âmes retournaient déjà dans les limbes qu'elles n'auraient jamais dû quitter, et je ne pus retenir un gémissement malheureux. Mais alors que la dernière étincelle de vie vous quittait, je sentis nettement ce qu'il restait de toi se tendre en un ultime espoir de parvenir à me rejoindre. Oubliant la plus élémentaire prudence, je te laissais approcher comme un enfant fasciné par le scintillement de la plus belle des étoiles. Mon étoile. Celle qui n'a jamais accepté de briller que pour moi. Parce que mon enseignement me permet de voyager au cœur de royaumes qui ne sont pas de ce monde, je perçus clairement la douceur de la caresse que tu me destinais, mais je me rendis aussi compte que ton âme se dispersa définitivement sans savoir que tu étais parvenu à m'atteindre. Comme des doigts qui essayent désespérément de se saisir, et qui alors qu'ils se frôlent, n'y parviennent finalement pas. Si proche, et une fois de plus incapable de te communiquer l'amour que je te portais toujours. Si des années de discipline ne m'avaient pas retenu, j'en aurais hurlé de désarroi.

Mais ce n'était pas le moment de me laisser distraire. Profitant d'une ouverture, Shura, Saga et Camus s'étaient engouffrés plus profondément sur le chemin au bout duquel se tenait Athéna. Notre déesse paraissait elle-même durement touchée par l'identité de ceux qui tentait d'attenter à sa vie, et un court échange me convainquit que tout comme moi, elle doutait de leur but affiché. Il fallait que je comprenne. Kanon parvint à les retarder dans la Maison des Gémeaux, et je gagnais du temps dans celle du Cancer, avant que Saga ne m'assène un de ses coups si puissants que nos quatre auras disparurent un instant. Enfin, je réalisais ce que cachait un tel acharnement, et lorsqu'ils débordèrent Aiolia en le laissant au prise avec d'autres Spectres, je les transportai directement dans le jardin des arbres jumeaux après m'être à mon tour débarrassé des intrus qui les suivaient. Ma décision était prise. Je devais m'opposer à eux pour tromper notre adversaire et enfin délivrer à Athéna le message qu'elle attendait. Mais je savais aussi que ce serait mon dernier combat. Je ne serais pas celui qui les arrêterait. J'eu une pensée compatissante pour Milo. La première depuis l'affrontement du Sanctuaire. Je me rendais finalement compte que même si cela me brisait, je préférais ne pas avoir eu à te revoir plutôt que de t'affronter. J'espérai sincèrement qu'Aiolia épargne cette épreuve au Scorpion.

Saga, le bourreau qui avait détruit nos vies se tenait debout devant moi, visiblement toujours en position de leader devant Camus et Shura. J'aurais voulu qu'ils fondent sur moi tels les trois aigles majestueux qu'ils étaient en réalité. Aider Athéna passait par le sacrifice de ma propre vie et il fallait que cela ressemble à la mort d'un guerrier fauché par plus fort que lui pour Hadès. Mais une fois face à face, je les vis hésiter, et je ne nourris plus aucun doute sur leurs intentions réelles. Leur double jeu les crucifiait et je me fermai avec la plus grande difficulté à la compassion que suscitait en moi les larmes que versaient leurs âmes déchirées. Ils s'attendaient vraisemblablement à ce que je trouve un autre moyen pour prévenir Athéna. Il n'y en avait pas, et je pris pour eux l'initiative d'engager un affrontement dont je ne devais pas me relever. Mais il ne serait pas dit que je leur mâcherai la tache non plus. Pour l'honneur de notre déesse, et aussi parce que je tenais à souligner leur vaillance, je décidai que mon dernier combat serait le plus acharné. Et je suis presque fier qu'ils aient dû user de l'Athéna Exclamation pour m'abattre. Presque. Parce que je sais que ce geste ne leur sera pas pardonné. Lorsqu'enfin je quittais ce monde, je leur indiquais le moyen de passer dans le Sombre Royaume en déjouant toutes les barrières d'Hadès. Par le pouvoir conféré par l'acquisition du huitième sens obtenu à travers la mort elle-même, Athéna pourrait librement combattre son oncle sur son propre terrain. Par ce bais, je me préparais déjà à la recevoir là-bas pour l'accompagner.

La suite conserve le goût d'une victoire amère. Je vécu comme un véritable échec le premier affrontement direct entre Athéna et Hadès, qui se solda par la disparition des deux Divinités à Elysion, où mon état de « mort apparente » ne me donnait pas accès. Athéna s'était mise en danger à cause de moi. Pour me protéger. Et parce que par stupidité j'avais cru vaincre moi-même un Dieu. Je m'acharnais en vain à essayer de briser le Mur des Lamentations, jusqu'à ce que Dohko rejoint par les trois autres Ors survivants, nous explique la manière de le détruire. Mais même à cinq, la force réunie de nos cosmos était insuffisante. Allions-nous échouer si près du but ? Avions-nous vraiment fait tout cela pour rien ? Il fallait pourtant que nous trouvions un moyen de faire passer les cinq Bronzes qui piaffaient d'impatience à nos côtés. Et c'est à ce moment qu'elles sont apparues. Les armures orphelines qui dormaient jusqu'à présent sagement au sein des temples abandonnés. Les unes après les autres, attendant que Kanon renvoie celle des Gémeaux, avant de toutes résonner d'un chant d'allégresse et d'espoir que nous entendions pour la première fois. Est-ce cela qui les a fait revenir ? Ou bien poussé par leur foi et un absolu dévouement ont-ils réussi à nous rejoindre par leurs propres moyens ? Peu importe, car sous nos yeux incrédules, nos pairs précédemment tombés au combat nous ont rejoint : Aldébaran, Saga, Death Mask, Aioros, Camus, Shura, et toi mon amour.

Le temps pressait et ne se prêtait pas aux effusions. Mais certains regards échangés valaient tous les discours du monde. Je croisais le tien durant une fraction de seconde, et j'espérai enfin te faire parvenir le message que je te destinais depuis si longtemps. Contre toute attente tu détournas la tête. Vainement je tentais de te contacter par télépathie. Tu te rétractas également à mon toucher mental. Je te sentais tendu, bourrelé de remords et malheureux malgré notre union. Ton ralliement ne lavait pas ta honte, et je me désolais de ne pas me trouver directement auprès de toi pour te saisir la main, et te forcer à lire enfin tout l'amour que je te portais et le pardon général accordé par les autres. Une fois de plus le destin se jouait de nous en sanctionnant notre rencontre d'une communication avortée.

Moins disciplinés, et conscients que cette fois-ci notre sacrifice serait définitif, les Bronzes ont encore échangé quelques mots avec nous avant qu'Aioros ne pointe sa flèche en direction du Mur réputé indestructible. Enflant nos cosmos a un point de fusion sans retour, nous les avons unis au sein de cette unique flèche qui devait ouvrir un passage. Je tentais vainement de saisir le tien pour l'envelopper du mien au dernier moment. Tout allait à présent trop vite, et une fois encore tu glissas loin de moi. Si proche, et pourtant, insaisissable.

Nous avons réussi. Du moins je veux le croire. Même si je n'ai aucun moyen de le vérifier. Mon dernier souvenir en tant que chevalier d'Athéna se brise sous le vacarme assourdissant d'une déflagration inouïe, tandis que mon corps disparait dans la souffrance brève mais vive de son démantèlement total. Ma conscience aurait elle aussi dû se désintégrer. Mais pour une raison que j'ignore, elle survit et dérive depuis ce jour dans un puits de ténèbres où il m'arrive parfois d'entendre un écho indistinct. Est-ce là la punition des Dieux pour avoir osé braver un de leurs interdits ? Devrons-nous expier éternellement sans espoir de repos ? Une chose est en tout cas certaine. Le fait qu'une partie de nous-même ait survécu, prouve que notre unité première demeure toujours en repos quelque part. Dans quel but ? Peu importe. De cette évidence, je ne veux retenir que l'espoir de ne pas être le seul à errer ainsi perdu dans la nuit. Je n'ai pas renoncé à pouvoir te dire un jour le message gravé en lettres d'or dans mon cœur. Tu as été, tu es, et tu resteras, la personne la plus importante pour moi. Et tant que mon esprit se battra contre l'oubli, je te chercherai. Inlassablement. S'il le faut j'y passerai le reste de l'éternité, mais je te retrouverai. Aphrodiite, chevalier d'Or des Poissons, je soignerai tes ailes brisées. Et tu pourras enfin reprendre ton envole. Mon ange.