Salut à tous les lecteurs !

Ce chapitre marque la fin du tome 4 d'Hypothèses. Pour vous faire passer le temps avant que Link et moi ne mettions le 5 en ligne, je me permets de vous recommander un petit détour par La Plume et l'Epée (section Alexandre Dumas), ainsi que la fic X-Men que j'aurai bientôt terminée (oui, Mel, je parle de toi :D, tu as déjà laissé une revue..)

Le sondage est toujours en cours, avec un net avantage pour La Maison des Pères. Vous avez jusqu'au 31/12 pour voter ! A vos souris !


Chapitre 36 : le Commencement de Tout

Harry ne garda que deux souvenirs des jours qui suivirent : à peine fut-il sorti de l'infirmerie que Théodore lui demanda sans ambages si son père avait fait partie des mangemorts réunis autour de leur maître. Harry fut bien obligé de répondre que oui. Nott le remercie froidement, puis saisit sa plume et un parchemin pour écrire à ses oncles, qui séjournaient à Londres en attendant le début des vacances scolaires, et leur annoncer que désormais, il passerait tous ses congés chez eux.

L'autre entrevue fut plus déplaisante encore pour le Serpentard. Il dut rencontrer la mère de Cédric. Contrairement à son mari, elle n'accusait personne et se rangeait avec résignation à la version que Dumbledore lui avait donnée : Voldemort était de retour et le pauvre Cédric en avait fait les premiers frais.

- Il n'a pas souffert ? demanda la malheureuse femme.

Et quand Harry lui eut assuré que non :

- Mon garçon est mort en pensant remporter le tournoi. Il devait être très heureux. Je te remercie de nous l'avoir ramené. Maintenant, il faut que je m'occupe d'Amos. Prends bien soin de toi.

Harry avait hoché la tête, à peine capable d'articuler un mot.

Après le départ de Mrs Diggory, Harry regagna les quartiers de Serpentard. Pour une fois il fut fort reconnaissant à Dumbledore d'avoir demandé aux autres élèves de le laisser tranquille et de ne pas lui poser de questions. Dans les couloirs qu'il traversa pour rentrer dans la salle commune, de nombreux étudiants se détournaient de lui, faisaient des écarts pour ne pas l'approcher de trop près. Beaucoup devaient croire ce que racontait cette vieille peste de Skeeter, mais Harry ne s'en souciait guère. Sans doute un petit nombre devait-il être convaincu qu'il avait effectivement tué Cédric... Il ne songea même pas à aborder le sujet. « Ne vous expliquez jamais vos amis n'en ont pas besoin et vos ennemis ne vous croiront pas de toute façon. » Les choses marchaient comme ça.

A sa grande surprise, en arrivant près de la porte dissimulée dans le mur, Harry découvrit Telensk assis sur les marches qui menaient à la salle commune de la maison en vert.

- Bonjour monsieur, salua le jeune homme, toute sa bonne humeur soudain retrouvée.

- Bonjour, Mr Potter. Alors, comment-allez vous ?

- Pas très bien, confessa Harry, sachant qu'il était inutile de mentir à cet étrange personnage.

- Le contraire eût été étonnant, soupira le Russe. Je me doutais que ça allait se finir comme ça. Le fait que ce cher Voldemort ait couru après la pierre philosophale il y a trois ans était un signe annonciateur des plus éloquents.

- Comment êtes-vous au courant ? s'étonna Harry.

- Severus, bien sûr. Nos chemins se sont déjà croisés pendant la première guerre. Depuis lors nous avons gardé le contact.

- Comme l'année suivante, quand vous avez envoyé votre phénix à Poudlard... commenta Harry avec un petit sourire.

- En effet. Qui vous a parlé de Stenka ?

- Euh... Viktor, je crois. Ou Poliakov. Dites... Vous savez ce qui s'est passé l'autre soir, quand Dumbledore a envoyé le professeur Rogue... ?

- Bien entendu. Ne vous faites pas de souci. Il dit que ses mains ont cessé de trembler environ dix heures après son retour à Poudlard et d'après lui, c'est une moyenne tout à fait honorable. Donc, il va aussi bien que les circonstances le permettent.

Les yeux verts de Telensk brillèrent d'amusement devant le soulagement manifeste de son vis-à-vis.

- Je peux aussi vous dire que Hagrid va partir en voyage avec Olympe Maxime pour... du travail en plus...

- En rapport avec Voldemort ?

- Tout à fait.

- J'ai encore deux questions.

- Je vous écoute, jeune homme.

- D'abord, allez-vous rester à la tête de Durmstrang ?

- Non, je ne le pense pas. Je ne suis que directeur provisoire. Je vais assurer le retour à la maison, gratter quelques papiers administratifs et pour finir, convoquer les recteurs et les enseignants de l'école pour procéder à l'élection d'un nouveau patron. Pour être franc, j'ai horreur de la paperasse. Je retrouverai donc mes cours avec joie.

- La seconde : c'est quoi le problème avec les Cobbyte ?

- Le mieux serait de demander à votre amie Sarah, je crois. Sur ce, je vous souhaite un été aussi agréable que possible. Au revoir, Mr Potter.

Et le directeur russe disparut au détour d'un couloir.

Harry entra dans la salle commune. A son grand soulagement, il ne s'y trouvait que peu de monde hormis Sarah, Théodore, Blaise et Robert FitzRoy. Sarah tenait quelque chose dans les mains, que son camarade identifia comme la statuette de Salazar.

- Hé ! Regardez-moi ça ! Tu vois qu'il n'est pas si méchant que ça, disait le petit homme de bois à l'attention de Sarah. Il m'a rendu mes bras !

De fait, Salazar agitait gaiement les mains comme un chef d'orchestre.

- Je lui ai déjà trouvé une utilité, dit Théodore. Avec une mine de crayon et un bout de papier, une fois planqué quelque part, il pourra nous rapporter tout ce qui se dira. J'avais pensé le laisser dans la salle des professeurs, mais je ne sais pas si cela servira à grand-chose.

- Je ne pense pas, répondit Blaise. Pour ça, il faudrait le mettre chez Dumbledore. Et ce n'est pas chose facile.

- Rendez-le à Harry, conseilla Robert. Il lui trouvera bien un poste pour la rentrée.

Harry récupéra donc Salazar, qui lui glissa un bout de papier entre les doigts. Il contenait une papillote nouée serré et portait la phrase suivante : « poudre de cheminette spéciale si vous désirez me contacter. T. »

Harry mit le mot et l'emballage dans sa poche et alla remiser Salazar dans sa petite armoire de chevet. Hors de question que Malefoy trouvât la statuette en venant se coucher.

# #

Le lendemain était le dernier jour de l'année scolaire. Harry se serait bien rendu dans la grande salle à reculons, voire même n'y aurait pas mis les pieds du tout, mais Sarah en avait décidé autrement et l'y traîna manu militari. Son camarade aurait préféré s'y rendre aux heures creuses pour échapper aux regards et aux murmures, mais cette fois, il lui était impossible de se défiler encore.

Quand le quatuor de Serpentard entra dans le réfectoire, ce fut un choc désagréable de découvrir les murs tendus de draperies noires et les chandelles éteintes en lieu et place des brillantes couleurs et des douces lumières que l'on pouvait admirer d'ordinaire.

Maugrey était assis parmi ses collègues à la table haute. Le pauvre homme sursautait à chaque fois que quelqu'un voulait lui parler. Cela n'avait rien d'étonnant après avoir passé dix mois enfermé à fond de malle il devait être plus paranoïaque que jamais. Aucune place vide ne marquait l'absence de Karkaroff. Celui-ci avait été remplacé par Pierre Telensk, assis à la gauche de Dumbledore, tandis que Mme Maxime siégeait à sa droite. Harry se demanda où l'ex-directeur pouvait bien se trouver... à moins que ses anciens amis ne lui eussent déjà remis la main au collet.

Rogue se tenait à côté de McGonagall. Un instant, Harry et lui s'observèrent en silence, puis le professeur retourna à sa conversation avec la co-directrice, tandis que Sinistra tenait d'attirer son attention. Le jeune homme aurait voulu pouvoir se dissimuler dans un trou de souris du bureau de Dumbledore pour savoir ce que le maître des potions avait fait pour le compte du directeur. Harry n'eut guère le temps de s'y attarder, car Dumbledore se leva et les quelques murmures qui troublaient le silence de la grande salle moururent aussitôt.

- Voici donc venue la fin d'une autre année.

Le vieux sorcier jeta un œil à la table des Poufsouffle, qui ne pipait mot depuis son arrivée, et dont les étudiants arboraient des visages tristes et défaits.

- Il y a tant de choses que je voudrais vous dire à présent, mais je dois avant tout rendre hommage à un garçon de grande qualité qui aurait dû être parmi nous ce soir pour partager ce banquet avec nous. Je vous demande donc de vous lever et de porter un toast en l'honneur de Cédric Diggory.

Toute l'école se leva comme un seul homme, gobelet en main. D'une même voix, tout le monde prononça le nom du disparu, qui roula sous la voûte en un grondement menaçant. A la table des Serdaigle, Cho Chang pleurait en silence tandis qu'une de ses amis lui tapotait les épaules.

- Cédric incarnait de nombreuses qualités attachées à la maison Poufsouffle. C'était un ami loyal et généreux, qui travaillait sans jamais en démordre et savait être fair-play.

A ce stade, les yeux de Harry remontèrent imperceptiblement vers le plafond.

- Sa mort vous a tous affectés, que vous l'ayez bien connu ou non. Je pense donc que vous avez le droit de savoir ce qui s'est vraiment passé.

Le vieil homme marqua une pause, puis reprit le fil de son discours.

- Je refuse de vous mentir et de faire passer la mort de Cédric pour un accident ou une sottise de sa part, car ce serait insulter sa mémoire. Cédric Diggory a été assassiné par Lord Voldemort.

Des yeux s'arrondirent partout dans le réfectoire certains élèves verdirent tandis que d'autres semblaient clairement incrédules.

- Le ministère de la Magie ne souhaitait pas que je vous transmette cette information. Vos parents seront sans doute horrifiés, qu'ils ne me croient pas ou qu'ils pensent que vous êtes trop jeunes pour entendre cette nouvelle. Mais j'ai la conviction que la vérité, si désagréable soit-elle, est préférable à toute autre chose.

Du coin de l'œil, Harry vit Malefoy se pencher vers ses deux gorilles et leur murmurer quelque chose. Il ne put l'entendre, mais cela ne devait pas être flatteur, ni pour Dumbledore, ni pour l'école.

- Je voudrais aussi rendre hommage à Mr Potter, qui a montré un courage peu commun en affrontant Voldemort et en risquant sa vie pour ramener à Poudlard le corps de Cédric.

Dumbledore leva de nouveau son gobelet, et à la grande surprise de Harry, la quasi totalité de l'école suivit le mouvement. Les exceptions notables furent quelques Gryffondor et le trio maudit de Serpentard. Harry fut tout de même soulagé quand tout le monde se rassit.

- Le Tournoi des Trois Sorciers, poursuivit Dumbledore, avait pour ambition de favoriser le rapprochement et la compréhension entre les sorciers de toute la planète. A la lumière de ce qui vient de se produire, ces liens deviennent d'une importance capitale. Je dirais même : vitale.

Il regarda tour à tour les élèves de Beauxbâtons, puis ceux de Durmstrang, avant de revenir vers ses deux collègues.

- Tous les invités présents ce soir seront toujours les bienvenus chaque fois qu'ils désireront venir parmi nous. Je le répète, maintenant que Voldemort est revenu, notre union fera notre force. Il faut éviter toute division, qui ne pourrait que nous affaiblir. Voldemort est extrêmement doué pour semer la discorde et la haine. Pour le combattre, il nous faut montrer de la détermination, et avoir confiance les uns envers les autres. Nos différences de culture ne sont rien si nos objectifs sont les mêmes et si nous restons tolérants. Je suis convaincu – et j'aimerai tant avoir tort – que nous allons connaître une période sombre et difficile. Parmi vous, quelques-uns ont eu à souffrir directement des agissements de Voldemort. Beaucoup de familles ont été déchirées à cause de lui. Alors souvenez-vous de Cédric. Si un jour, vous devez choisir entre le bien et la facilité, rappelez-vous ce qui est arrivé à un garçon courageux et bon, simplement pour avoir croisé la mauvaise personne. Souvenez-vous de Cédric Diggory.

# #

Appuyé au mur, Harry attendait la diligence qui devait le ramener à la gare de Pré-au-Lard. Ses camarades se tournaient les pouces et Salazar chantonnait quelque part dans une valise. Après tout, c'était la première fois que la statuette quittait le château...

Fleur Delacour passa devant lui en descendant l'escalier vers le carrosse de Beauxbâtons, que Hagrid et Mme Maxime attelaient non sans quelque peine.

- Bien... Je voulais te dire que j'ai passé une année formidable avec vous tous, dit la Française avec un grand sourire. Je vais essayer de trouver un travail en Grande-Bretagne pour améliorer mon anglais.

- Tu t'en sors déjà très bien, assura le jeune homme.

- Sauf pour les h aspirés, Arry, plaisanta Fleur avant de poursuivre son chemin.

- Améliorer son anglais, tu parles ! s'amusa Philip Urquhart. Je sais qu'elle a passé toute la soirée d'hier avec l'aîné des Weasley. Les portraits du hall les ont vus. Je sens qu'il va faire des progrès en français, lui...

Non loin de là, Granger était en grande conversation avec Viktor Krum. Harry ne parvint pas à entendre ce qu'ils racontaient tout au plus vit-il que la demoiselle paraissait assez déçue. Dès que la Gryffondor fut revenue de la discussion, Krum se trouva entouré d'une nuée d'admirateurs qui profitaient de l'occasion pour lui demander un autographe de dernière minute, que le Bulgare signa avec entrain. Puis il regagna le navire de Durmstrang, qui disparut sous les eaux du lac. Le carrosse bleu des Français s'envola à son tour, et toute l'école monta enfin à bord des diligences, qui descendirent à la gare en un temps record.

# #

Le compartiment où Harry était assis paraissait bien plein : il y avait là Sarah, Blaise et Théodore, ainsi que Ginny et Hermione, sans compter le chat Pattenrond, le hibou miniature Coquecigrue et Hedwige, ainsi que Discret qui, fidèle à son nom, restait tapi sous le siège de sa maîtresse.

- Dis, Sarah, commença Blaise. Est-ce que tu vas enfin nous dire ce qui se passe avec Telensk ?

- Hmm... Ok, mais c'est un truc qui remonte à loin. Pour commencer, « Pierre Telensk » est plus âgé qu'il n'y paraît. Et accessoirement, il n'est pas humain.

Hermione et Ginny regardèrent Sarah d'un air incrédule, puis Harry rompit le silence.

- Ça je le sais, c'est un dragon. Ce que nous ne savons pas, c'est pourquoi tu en as une trouille bleue.

- Eh bien c'est à cause de Telensk en particulier. Mais quand je dis que ça remonter à loin, c'est vraiment loin ! Ce n'est pas aussi vieux que la bataille de Zougl Amag Zlong, mais ça remonte quand même à une époque où les sorciers ne se cachaient pas et travaillaient main dans la main avec les prêtres. Pour vous dire si c'est vieux, en ce temps-là les centaures étaient autant des barbares qu'aujourd'hui, mais ils le proclamaient fièrement...

- Attends, l'interrompit Théodore. Même un dragon ne peut pas en vouloir à quelqu'un pendant si longtemps...

- Ça dépend de la crasse que tu lui fais, répondit Blaise.

- Dites, vous voulez savoir ce qui s'est passé, ou continuer à m'interrompre ?

- Pardon Sarah continue.

- Bref, tout ça s'est passé aux alentours de ce que les barbares avaient de plus proche d'une ville, un endroit assez important pour qu'on y ait bâti plusieurs temples. Et heureusement d'ailleurs, car les prêtres de ces temples étaient pratiquement les seuls à savoir écrire c'est par eux qu'on en sait autant, notamment grâce aux écrits de Dala, prêtresse d'un obscur dieu de la guerre dont je ne me rappelle jamais le nom. Dala ne se serait jamais intéressée de près à Telensk si son temple n'avait pas été en nettoyage depuis un mois.

- Un mois ? s'étonna Ginny. Qu'est-ce qui peut salir autant pour qu'il faille un mois pour le nettoyer ?

- Hum... Là, les récits divergent Si l'on en croit le prêtre d'une espèce de déesse de la Terre, il s'y serait déroulé une tragédie, sans plus de détails. Mais d'après Dala, un groupe d'esclaves en fuite a cherché à profiter du fait qu'on ne pouvait pas les reprendre de force dans un temple. Et de tous les temples de la ville, ils ont choisi celui du dieu de la guerre...

Sarah laissa les autres digérer l'explication et reprit quand Ginny fit la grimace.

- Enfin bref, c'est pendant ces vacances forcées qu'elle s'est liée d'amitié avec un guerrier nommé Aspex Cobra. Et – c'est là que ça devient intéressant – ils auraient fait un couple sans histoires s'il n'y avait pas eu l'attaque. Une caravane marchande qui passait dans les environs a été attaquée par des barbares, qui sont revenus avec une carriole entière remplie de barriques de bière. Et là, ce cher Mr Telensk a commis l'impardonnable.

- Attends, dit Théo, tu ne vas pas nous dire que tout ça est parti d'un bête vol de bière ?

- Ces gens-là prenaient l'alcool assez au sérieux, tu sais. Aussi, quand Telensk a fondu sur le groupe et carbonisé les guerriers avant de repartir en emportant la carriole entière, les barbares ont crié vengeance. Beaucoup sont partis tête baissée à l'assaut du repaire du dragon.

- Et combien sont revenus ? demanda Harry.

- Ben, entre ceux qui l'ont affronté seuls et ceux qui se sont battus entre eux, on ne pouvait pas trop être fiers. Mais Cobra a préféré y aller avec le soutien de amie prêtresse (et la promesse d'abandonner la moitié de la bière en offrande) et ils sont allés se battre à deux, contre le dragon. Faut croire qu'ils avaient trouvé la bonne combinaison de force brute et de magie, car Telensk ne les a pas tués dans les dix premières secondes. Ni les dix premières minutes, en fait. Alors il a changé de tactique et a essayé de rendre le combat plus magique que physique.

- Tu veux dire qu'il a pris forme humaine ?

- C'est ça. En humain, il pouvait sans doute utiliser tous les sorts qu'il connaissait, dont certains bien destructeurs. Mais il n'a pas vraiment eu le temps de faire grand-chose, car Cobra l'a distrait avec une feinte et est parvenu à l'assommer. Telensk devait avoir un sort spécial pour détecter ça, car il a aussitôt disparu avant qu'on puisse lui donner le coup de grâce. Genre un portoloin automatique.

- C'est donc pour ça qu'il est vivant aujourd'hui et qu'il en veut à ta famille ? hasarda Théo.

- C'est bien pire que ça. Ils ne l'ont pas seulement assommé, ils ont ensuite pillé son antre, se sont emparés de tout son trésor et ont racheté le don... la demeure d'un sorcier le jour même. Puis ils ont payé un autre sorcier pour mettre des sorts de protection, et quand Telensk les a retrouvés, il n'a rien pu leur faire dans l'immédiat.

- Ah oui, quand même, dit Harry. Ca doit énerver...

- Certes. Le bon côté des choses, c'est que ma famille descend de gens qui sont parvenus à combattre, humilier et pouiller un dragon ! Y'a de quoi être fier, non ?

Un silence suivit cette révélation, vite interrompu par des rires. Puis Théodore sortir de son apathie pour demander à Hermione ce qu'elle avait pu manigancer avec Sarah durant les dernières semaines. La Gryffondor sourit jusqu'aux oreilles.

- Vous avez peut-être remarqué, si vous avez lu la Gazette, que Rita Skeeter n'a rien écrit à propos de la troisième tâche ?

- Exact, dit Ginny. Je trouve ça très étonnant.

- Pas tant que ça, ricana Sarah. Hermione et moi avons fait notre petite enquête depuis que nous avons compris que cette peste n'utilisait pas de cape d'invisibilité et obtenait des renseignements qu'aucun élève n'aurait pu lui fournir.

- Je ne sais pas qui a parlé de cafarder, mais cela m'a donné des idées, poursuivit gaiment Hermione. Et nous avons fini par découvrir que notre chère Rita – elle farfouilla un instant dans son sac – est un animagus non-déclaré ! Elle peut se changer

- En scarabée, chantonna Sarah tandis qu'Hermione extrayait de ses affaires un bocal bien fermé où s'agitait un gros insecte luisant.

- C'est pas vrai... souffla Blaise. Bientôt, il va y en avoir plus de non-déclarés que d'officiels.

- Et... c'est vraiment elle ?

Harry avait du mal à y croire.

- Tout à fait. Nous l'avons attrapée alors qu'elle écoutait ce qui se disait à l'infirmerie. Regardez un peu les marques autour de ses antennes : ce sont celles de ses affreuses lunettes.

- Blaise nous a dit qu'il avait vu un scarabée à côté de Hagrid et Mme Maxime le soir du bal. Et Viktor en a trouvé un dans tes cheveux pendant la deuxième tâche. Vraiment passionnant.

- Malefoy était son principal agent, cela va de soi. Il l'introduisait dans les quartiers de Serpentard. C'est comme ça qu'elle a eu tous ces entretiens si pleins de tendresse à notre égard.

Hermione agita le bocal et le scarabée faillit se retrouver sur le dos.

- Elle pourra sortir une fois que nous serons arrivés. Elle devra arrêter d'écrire ses horreurs pendant un an, sinon... le ministère aura des choses désagréables à lui dire.

- Tu vas la faire crever de faim, s'amusa Harry. Tu sais bien qu'elle est incapable de dire du bien des gens... Elle va être au chômage en moins de deux, la pauvre vieille !

- Ça lui apprendre à faire son fond de commerce avec les ennuis des autres !

La porte du compartiment s'ouvrit alors et les occupants saisirent aussitôt leurs baguettes. La vue de Drago Malefoy suffisait amplement à générer chez eux des envies homicides. S'il ouvrait la bouche, son compte était bon.

- Alors, Potter, on traîne avec son petit fan-club en essayant de se dire que tout va bien ? On fait comme si de rien n'était ?

Trop occupé par son discours, Malefoy ne voyait même pas ses adversaires lancer le compte à rebours pour jeter leurs sortilèges.

- Je t'avais dit dès le départ que tu avais choisi le camp des perdants. Ce n'est pas le fait d'avoir coincé cette journaliste minable qui changera les choses. Tes amis seront les premiers à partir. Le Seigneur des Ténèbres va leur faire vider les lieux en un rien de temps, tu verras ! Poudlard et le monde sorcier vont retrouver leur vraie...

Une sorte de feu d'artifices éclata dans l'enceinte confinée du compartiment. Harry cligna des yeux et découvrit un spectacle des plus réjouissants.

Malefoy et ses deux gorilles, qui étaient restés dans le couloir, étaient allongés par terre, inanimés. Derrière eux se tenaient les jumeaux Weasley.

- Quand on les a vus venir vers chez vous, on s'est qu'il valait mieux les suivre, dit Fred.

- C'est rigolo, comme mélange, ajouta George. Le jambencoton plus la furonculose, ça fait pousser des tentacules sur la figure, ça me donne des idées. Bon, on peut s'installer ? On a une bataille explosive.

Les deux compères furent pratiquement accueillis comme le Messie et vinrent s'asseoir sur la moquette, où ils entreprirent de battre leurs cartes.

# #

Après un bon nombre de parties qui laissèrent des volutes de fumée dans tout le compartiment, Ginny finit par poser une question qui la tourmentait apparemment depuis un bon moment.

- Dites, à qui vouliez-vous faire du chantage, cette année ?

- Ça ? Boh... On a laissé tomber. C'est sans importance.

- Mais tout de même...

- Bon, d'accord, finit par lâcher celui qui devait être George. C'était Ludo Verpey.

- Hein ?

Les yeux de Blaise s'arrondirent de façon comique.

- On avait fait un parti avec lui à la coupe du monde... soupira Fred. L'Irlande gagne mais Krum attrape le Vif. Eh bien figurez-vous que l'affreux nous a payés en or de farfadet ! Il s'était servi quand les mascottes irlandaises en ont jeté sur la foule. Évidemment, au matin, on s'est retrouvés tout bêtes...

- Ça devait être une erreur, intervint Hermione.

- On le croyais au début, ricana Fred. On lui écrit pour lui dire qu'il y avait un problème. Il n'a pas répondu. A chaque fois qu'il venait à Poudlard, on lui en parlait.

- Il a fini par nous envoyer promener sans même nous rembourser notre mise... grogna George.

- Mais vous y aviez mis toutes vos économies ! s'emporta sa sœur.

- Ouais, je suis au courant. Et nous ne sommes pas les seuls. Le père de Lee non plus n'a pas été payé. Verpey a eu des ennuis avec les gobelins. Il leur a trop emprunté d'argent sans le rendre. Ils l'ont chopé pendant la finale et lui ont fait les poches mais ça ne suffisait pas. Ensuite, un de leurs agents l'a tenu à l'œil pendant le tournoi. Ce crétin a tout perdu en paris, il n'avait plus rien. Alors il a parié avec les gobelins pour tâcher de les rembourser. Il a dit que Harry serait vainqueur.

- Ah ! Je comprends mieux son entêtement à me venir en aide. Comme j'ai gagné, il va pouvoir vous payer.

- Même pas. Les gobelins lui ont fait remarquer que tu avais gagné ex aequo avec Cédric. Verpey a dû dégager en vitesse après ça !

Harry éclata de rire avant de réfléchir.

- Dites ? Ça coûte cher à fabriquer, vos bonbons truqués ?

- Nooon, pas vraiment. Mais si nous voulons diversifier la production, c'est sûr qu'il va falloir du blé, reconnut George. Pourquoi ?

Harry attrapa sa malle et commença à fouiller dedans, avant d'en extirper le sac de mille gallions qu'il avait gagné.

- Voilàà... Je pense qu'avec ça, vous êtes parés, les amis.

- Mais c'est énorme ! s'exclama Fred. C'est de la folie.

- Pas du tout, répliqua Harry. Je n'en ai aucun besoin. Pour monter votre boutique, vous devrez payer un tas de factures avant d'encaisser les premiers bénéfices. Alors vous le prenez. Je vous assure, on aura tous besoin de rire un grand coup dans pas longtemps. Par contre, pitié, vous tous, ne dites pas à votre mère que c'est moi qui ai fourni les fonds. Je ne veux pas me faire écorcher vif pour vous avoir détournés de la noble et honorable voie de l'administration !

- Bon, ben... marmonna George en saisissant le sac. On dirait que les affaires reprennent...

Les deux frères passèrent le restant du voyage en silence, préparant sans doute en esprit l'agencement de leur futur magasin.

# #

Quand l'express fut entré en gare, Ginny et les jumeaux rejoignirent leur mère avec de grands saluts. Hermione lança un « Au revoir » très digne avant de retrouver ses parents et Harry se dirigea vers son oncle... qu'il vit rouge de colère, aux prises avec le père de Sarah.

- Oui, Sarah est la fierté de la famille, vous imaginez... Et ses résultats dans cette école sont excellents !

- Grmpf...

- Ah, je l'aperçois là avec votre neveu, nous devons y aller. Nous nous retrouvons donc dans trois semaines pour discuter de la prochaine commande ? Je vous le dis, nous allons dominer le marché. Au revoir !