Disclaimer: I don't own Bleach. So many amazing characters though I wish I would ! Bleach ne m'appartient pas.

Il est enfin là. On y est. Je suis assez ému. J'ai un peu la trouille. J'ai toujours la trouille quand je clôture une histoire. Ça n'arrive pas tous les jours. J'étais si satisfaite de ce que j'avais écrit au départ. Mais au moment de publier, je suis pris d'un trac intense. Mais bon, il faut bien se lâcher. Je vous est assez fait attendre. Merci encore une dernière fois à tout ceux qui ont lu cette histoire jusqu'au bout et ceux qui ont eu en prime la gentillesse de laisser un message ou deux. A ma team de fidèle lecteurs, sans vous, nous n'en serions pas là. Alors encore un grand Merci!

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Last Exile


Jūshirō Ukitake

Capitaine de la treizième division

Meilleur ami de Shunsui Kyouraku

Le Seireitei était sa maison, le Gotei 13, sa famille, il ne pouvait imaginer qu'un jour il en soit autrement. Il ne tournerait jamais le dos à sa famille.


Avec Shunsui, il était l'un des plus anciens capitaines du Gotei 13. Il avait déjà assisté à des centaines, voire des milliers de réunions de ce type, et pourtant, rien n'aurait pu le préparer à... ça.

Il se demanda s'il était le seul à trouver tout cela étrange et tourna la tête vers Shunsui sur sa droite. Bien sûr, ce dernier piquait un roupillon, le visage dissimulé sous son sakkat. Retsu à sa gauche fixait le sol, le visage neutre.

Après tous ses instants de désolations, les scènes de chaos qui avaient précédé la guerre, pendant une période qui restera à jamais connu sous le nom des « Trente jours de la cendre » en hommage aux vies de civiles et de soldats perdus pendant la guerre, le calme était revenu s'installer dans le sanctuaire.

Ces dernières semaines, le soleil était même revenu briller dans le ciel de la Soul Society. Il faisait bien plus chaud. Les cerisiers étaient unanimement en fleurs. Les branches verdoyantes des arbres dans la cour de la première division bruissaient sous une brise directement venues des plus hauts cieux.

Il ne savait pas exactement quand les choses avaient commencé à changer. Petit à petit, comme sur un échiquier, les pièces avaient commencé à changer de place. Comme une machine aux engrenages aujourd'hui bien huilés, leur petite assemblée avait commencé à évoluer. Il lui semblait que cette scène lui était familière. En même temps, il y avait aussi comme un accent de nouveauté.

Yamamoto se racla la gorge, annonçant alors le début de leur assemblée hebdomadaire. Les capitaines resserrèrent les rangs. Le vieil homme effleura sa barbe avant de froncer les sourcils.

- Question ? demanda Genryūsai Yamamoto à l'élite de son armée. Mes chères jeunes gens, selon vous, à quoi sert-il d'utiliser un gigai dans le monde matériel ?

Shunsui grogna dans son sommeil. Jūshirō le poussa légèrement du coude. Il n'ouvrit pas un œil. Renji fixa le plafond. Ses cheveux étaient noués en bananier pour s'accommoder de la température ambiante. Kenpachi esquissa un sourire. Suki-chan leva la main, prête à se dévouer. Jūshirō ne pouvait que sourire devant tant d'enthousiasme.

- Moi... Moi... Moi... Je sais !

Le capitaine de la treizième division hocha la tête dans sa direction en signe d'encouragement. Mais Yamamoto ne sembla point impressionné, il ignora son ancienne élève pour s'arrêter devant le capitaine Kuchiki, le capitaine Kuchiki qui avait retrouvé son écharpe bleu ciel. N'obtenant pas de réponse du jeune noble, le vieil homme se tourna alors vers Kenpachi Zaraki qui se grattait le ventre paresseusement, l'air blasé.

- Je sais...moi... Pour une fois que je sais... Sotaicho ! Sensei ! Je sais ! Moi !

Jūshirō réalisa avec embarras que le capitaine de la cinquième division n'avait pas su déceler l'ironie dans la question du capitaine-général. Elle marchait sur un fil. Yamamoto haussa un sourcil avant de fixer Jūshirō. Une perle de sueur glissa le long de sa tempe. Rectification, ils marchaient tous sur un fil ! Yamamoto fit deux pas en avant pour s'arrêter devant Shunsui qui eut le bon ton d'ouvrir les yeux, pile au bon moment. Sacré Shunsui !

- Je vous écoute...

- Je sais ! Je sais ! Je sais !

Shunsui pencha la tête sur le côté. Il émit un petit rire en voyant Suki-chan sautiller derrière le vieillard et ce dernier faire semblant de l'ignorer. Finalement, Yamamoto toisa Suki du regard, refroidissant en même temps les ardeurs de la jeune femme. Il fit de même avec Shunsui qui retrouva son sérieux.

Il était de notoriété publique qu'un gigai servait essentiellement à avoir l'air plus cool dans le monde matériel. Tout le monde savait cela !

Tout le monde sauf Shunsui Kyouraku !

- Il est évident que le port du gigai facilite les « rapprochements physiques » avec les mortels.

Mauvaise réponse. Jūshirō ferma les yeux et anticipa le changement de température dans la pièce. Tōshirō commença à tourner de l'œil entre le capitaine Dengeki et le capitaine Soifon. Le Sotaicho toisa ses deux fils « adoptifs » avec cet air de dire « Vous auriez dû au moins savoir ça... »

- Faux ! Rugit le Sotaicho, les tempes gonflées. Le Gigai ne sert nullement à assouvir vos plus bas instincts primitifs ! Sachez-le !

- Même pas un tout petit peu... Je veux dire les jeunes lycéennes sont si ravissante. Continua Shunsui avec des cœurs et des petites étoiles dans les yeux. En plus, il n'y a pas qu'elles !

Yamamoto écarquilla les yeux. La pièce gagna quelques degrés de plus. Ils allaient tous y passer à ce rythme ! Jūshirō leva les mains en signe d'apaisement.

- Sotaicho, je suis sûr que Shunsui a très mal choisi ses mots. Je suis sûre qu'il comprend que l'usage du gigai est une affaire sérieuse et réglementé.

Ok, Jūshirō avait fauté. Il avait manqué à son devoir ! Il était prêt à s'agenouiller devant le commandant pour implorer son pardon ! Il essuya d'un revers de main la sueur qui voulait coller sa frange sur son visage blafard.

Déjà, Byakuya ne lui adressait plus la parole depuis une semaine parce qu'il n'avait que modérément apprécié la permission exceptionnelle que Jūshirō avait laissé à Rukia dans le monde matériel. Apparemment, cette seule action innocente avait créé un immense rift avec le jeune noble. Et maintenant, il se retrouvait aussi responsable des actions répréhensibles de Shunsui envers un groupe de lycéenne de Karakura. Pour sa défense, il ne l'avait laissé seul que l'espace de quelques heures, le temps d'aller acheter des souvenirs en ville. Pas tout à fait seul en plus, il l'avait laissé sous la parfaite supervision de Nanao-chan. Comment aurait-il pu deviner qu'un banal jeu d'action et vérité se transformerait en soudaine orgie ? Comment aurait-il pu deviner que Nanao-chan abandonnerait son bien-aimé capitaine aux mains de cette bande d'adolescentes naïves et délurées ?

D'accord, connaissant Shunsui, la situation était bien prévisible au final. Mais il avait des remords. C'était déjà suffisant d'avoir des remords. Ces pauvres jeunes filles ! Il toisa Shunsui du regard avec l'air de dire « Tu n'en as pas suffisamment fait !». Ce n'était pas le moment d'émettre une objection. Si la température augmentait encore, il ne survivrait pas. Jūshirō était prêt à se confesser. Le châtiment ne pouvait être pire que cette séance de sauna improvisé. Il n'avait pas eu de séance de sauna improvisé à cause des frasques de Shunsui depuis une éternité. Cela remontait à l'académie.

Yamamoto soupira avant de faire quelques pas dans l'allée centrale. Heureusement pour Jūshirō, la fureur du Commandant en chef des armées ne tarda pas à changer de cible. C'est ce qu'on pouvait appeler de la solidarité !

- Messieurs, Dames, je ne pense rien vous apprendre en vous disant qu'un gigai...Commença Yamamoto sur le ton du sermon.

- Sert à donner une leçon aux petits aristocrates et à leur foutre une raclée monumentale. Chuchota Kenpachi avec un ricanement.

Le Commandant des Treize divisions reporta son attention sur le capitaine de la onzième. Le sourcil gauche de Byakuya tressauta dangereusement. Jūshirō pouvait tout à fait imaginer la réaction d'un très jeune Byakuya. Un très jeune et très susceptible Byakuya aurait certainement libérer Senbonzakura sur le champ. Kenpachi dévoila une rangée de canines blanches.

- Un gigai, reprit Yamamoto lentement.

- Ne sert à rien. Termina Byakuya. Il n'est besoin de nul artifice pour les gens de bien dans leur guerre contre l'ignorance des gens ordinaires.

- C'est à moi que tu causes ? Pourquoi tu peux pas causer comme tout le monde ? Rétorqua Zaraki.

Yamamoto afficha un air perplexe. Trouvaient-ils tout ceci amusant ? Lui, non ! Ne savait-il pas dans quel pétrin, ils se trouvaient ! Apparemment, non !

Byakuya et Kenpachi continuèrent de se dévisager avec hostilité. Le commandant se posta entre les deux.

- Nous allons passer sur le manque apparent de courtoisie et d'étiquette dont vous venez tous les deux de faire preuve à l'instant, nous parlerons ici d'aliénation passagère, messieurs. Nous passerons aussi sur vos usages inapproprié et disproportionné de la violence qui causa quelques jours auparavant des dégâts considérable dans le monde matériel, pour réaffirmer aujourd'hui, et ceci est valable même pour vos collègues que la destruction de gigai au cours d'un jeu ou d'un tournoi quelconques est un acte irresponsable et inadmissible. C'est inexcusable !

- Mais il n'y avait plus de combustible pour alimenter le barbecue ! S'insurgea Suki-chan.

Yamamoto toisa sa jeune élève du regard avant de froncer les sourcils. Il s'imaginait sans doute la petite chipie, dans sa forme la plus chibi et choupinou, rassembler des gigai pour les jeter au feu un par un, avec un ricanement machiavélique, ou applaudissant les jolies étincelles avec l'air niais qu'elle affichait les jours de beaux temps.

- Ichinose-taicho, vous admettez donc votre culpabilité.

Suki recula rapidement et rattrapa le bout de l'écharpe de Kuchiki-sama pour dissimuler son visage avec.

- Pas tout à fait ! C'est Momo qui a eu l'idée ! Mais en tant que capitaine, j'en assume la responsabilité et croyez-moi, capitaine, ma punition sera sévère. Très ! Je serais juste et sans pitié !

Elle acquiesça vivement. Elle privera Momo de dessert. Cela ne lui fera que du bien et l'aidera à garder la ligne. Une punition entre sévérité et extrême miséricorde ! Brillant ! Purement brillant ! Elle esquissa un sourire triomphant dans la direction de Kuchiki-sama. N'était-ce pas brillant ? Mais ce dernier l'ignora et continua de fixer Kenpachi. Suki bouda un peu. Elle soupçonnait que Kuchiki-sama avait un petit faible pour Ken-chan. C'était devenu de plus en plus évident depuis leur petite escapade dans le Monde Matériel. Elle n'avait personnellement rien contre ce genre de relation. D'un point de vue extérieur, cela pouvait même avoir son charme, si Kuchiki-sama était le Seme. Elle ne pouvait imaginer Kuchiki-sama que dans la position du tyran dominant. Et puis Ken-chan avait quelques choses de si innocent à toujours vouloir en découdre par les armes. Elle pourrait devenir leur confidente. Elle les écouterait parler de leur romance torride autour d'une tasse de thé et de yôkan...Non, pas des yôkan. Toute les suki-chan savaient que l'on devait parler d'histoire de cœur uniquement devant une mousse au chocolat et aux noix. Les noix relèverait le goût du chocolat et picoterait en bouche en même temps que l'histoire s'épaissirait en détail. Elle enroberait le tout dans une ganache de pistache vert. Merveilleux ! Mais... Kuchiki-sama apprécierait-il la pistache?

- Capitaine Ichinose...

Suki sortit de ses rêveries avec son air candide des beaux jours. Chocolat, noix, pistache ! Miam !

- Je dois aussi ajouter que les gigai de Kuchiki-taicho et de Kenpachi –taicho étaient déjà hors d'usage bien avant que je ne les jette dans le brasier. Ils étaient profondément endommagés après leur « tournoi de bras de fer». Ce n'est pas ma faute si le gigai représente un très mauvais combustible. Néanmoins, rassurez-vous, Sotaicho, les autres gigai ont été obtenus avec l'accord de leur propriétaire !

- Qui a bien pu être assez bête pour sacrifier du matériel qui appartient avant tout à l'administration ?

Renji se racla la gorge avant de se redresser au garde à vous. Comment dire ? C'était la faute de Momo ? Non, l'excuse était déjà prise ? Autant se montrer franc alors...

- Cela paraissait à ce moment-là être une bonne idée, Monsieur !

Yamamoto pivota vers lui. Comment ? Abarai ? Kurotsuchi toussota à son tour.

- Je ne faisais que passer par là et je précise que cette femme a surgi de nulle part pour me soudoyer avec une horrible part de tarte à la patate douce. Cette femme est le mal en personne. Le Mal. Je demande à nouveau à ce qu'on m'autorise à étudier son bankai. Il y a anguille sous roche. Je soupçonne le capitaine Ichinose de m'avoir hypnotisé !

Une main sur le cœur, Suki-chan s'indigna :

- Oh le menteur ! Quel effroyable menteur ! C'était une tarte à la rhubarbe, Sotaicho ! Sensei ! La rhubarbe ! Ce n'est pas la saison des patates ! Vieil ignorant ! Kuchiki-Taicho, vous allez continuer à le laisser me parler ainsi ? Ken-chan ? Vous étiez là aussi ?

Hein ? Une goutte de sueur fit briller la tempe du capitaine de la sixième division. Byakuya arrêta de fixer Kenpachi pour diriger son regard vers la petite bonne femme à ses côtés. Le moins que l'on pouvait dire c'est qu'il ne portait pas exactement un regard indulgent sur la jeune écervelé. Était-elle sérieuse ? Suki-chan avait croisé les bras contre sa poitrine, ses joues pleines et rondes, attendant que ses nouveaux amis défendent sa réputation. Elle était sérieuse.

Elle choisissait bien ses moments pour faire appel à son instinct chevaleresque, s'offusqua un certain capitaine. Cette petite mijaurée n'avait pas fait preuve d'autant d'intuition quand elle avait récompensé Kenpachi d'un baiser sur la joue lors de ce stupide tournoi. Comment avait-elle pu poser les lèvres qui l'avaient embrassé sur la joue d'un autre ? Et avec cette même bouche souillée comment pouvait-elle lui intimer l'ordre aujourd'hui de défendre son honneur ! Elle était le mal en personne, elle et ses grands yeux olive. En plus, il n'avait pas...Il n'avait absolument pas...

- Je n'ai absolument pas été battu ! C'était un match nul ! Hurla soudain le Seigneur Kuchiki, surprenant toute l'assemblé.

Il fallait mettre les points sur les i une bonne fois pour toute avec ce singe. Il n'avait pas perdu ce stupide tournoi. Suki-chan n'était pas leur Suki-chan mais sa Suki-chan. Il n'admettait point la défaite et n'admettrait jamais la défaite devant ce dégénéré. L'assemblée resta bouche bée. Byakuya perdit des couleurs. Que venait-il de dire déjà ? Il n'avait pas dit ça à haute voix. À voir les mines interloqués de ces collègues, il eut un doute pendant une instant.

- Un match nul ? Huh ? Si mon gigai ne s'était pas fissuré sous la pression de mon reiatsu, joli garçon...

- Ta mauvaise foi est criante. Mais cela ne m'étonne qu'à moitié. Ton manque d'élégance n'a d'égale que la rouille incrusté sur la garde de ton zanpakutō.

- Tu devrais répéter ça plus près, Kuchiki ? Et en français la prochaine fois ?

- Distinctement, Zaraki, Kuchiki était bien placé. Commenta Komamura, amateur de duels.

- Tu crois ? hésita Jūshirō.

Le capitaine de la treizième division était soudain pris d'un doute.

- Ouais, Ken avait plutôt la forme, il me semble. Ajouta Shunsui.

Ces trois capitaines avait beau avoir rejoint la fête sur le tard. Ils avaient pu au moins assister à la finale du tournoi.

- Non, pour moi, il était évident que Kenpachi Zaraki maitrisait l'issue du combat. Intervint Manatsu Dengeki. Kuchiki-taicho semblait un brin intoxiqué par l'alcool.

Byakuya toisa du regard son nouveau détracteur. Manatsu continua, ignorant qu'elle marchait sur la plus fine des lignes.

- Il était aussi distrait par les stupides aboiements du sale cabot du capitaine Ichinose.

Yamamoto sursauta. Sale cabot ! Avait-elle dit ! Le silence tomba dans la pièce. Jūshirō se massa la tempe, gêné. Tous les regards se portèrent vers le capitaine de la troisième division. Elle était habituellement une femme de peu de mots. Elle aurait dû de toute évidence le rester.

Komamura demanda, un brin agacé.

- Vous n'aimez pas les chiens ?

- Bien sûr que non. Ce sont des bestioles bruyantes et sales.

La mâchoire de Mayuri retomba sur le sol.

- Comment osez-vous ? « Barbe à Papa » ne faisait qu'encourager Kuchiki-taicho. Barbe à papa adore Kuchiki-Taicho. Enfin après sa toilette, mon Barbe à papa est presque aussi beau que le capitaine Komamura !

Nouveau malaise. Byakuya détourna le regard. Kenpachi fixa les planches de bois. Renji grimaça. Yamamoto déglutit avec peine, son crâne chauve luisant. Soifon chercha la sortie des yeux. Tōshirō ferma les yeux pour s'évader lui dans un monde meilleur par la pensée.

Komamura se tourna vers le capitaine Ichinose.

- Merci, Capitaine Ichinose !

- Je vous en prie. Vous me donnerez le secret pour qu'il garde le poil tout aussi brillant. Chuchota Suki, une main devant sa bouche.

Renji faillit basculer en arrière. Komamura lança un clin d'œil dans la direction de Suki et toisa le capitaine « glaçon » à ses côtés.

- Qu'ai-je dit ? s'étonna Dengeki. C'était juste mon opinion. J'avais parié avec le capitaine Soifon sur la victoire du capitaine Kuchiki! Quelle déception ?

Nouveau sursaut du capitaine Yamamoto. Des paris illégaux ? Soifon rougit imperceptiblement.

- Il y a un malentendu. C'était un pari amical. Je sais les jeux d'argents totalement interdits par le règlement intérieur du Gotei 13. Règlement intérieur que je souhaite de tout mon cœur voir appliqué à la lettre. Et puis... et puis... ce n'était pas moi qui tenais les paris ! C'était le capitaine Unohana !

Sans le moindre remord, Unohana émit un petit rire.

- C'est vrai Sotaicho. C'était un match très amusant d'ailleurs. Bravo messieurs, quelle belle démonstration d'esprit sportif ! Vous avez chacun su faire preuve de fair-play en perdant le combat avec panache et dignité. Je crois que nous devons tous nous en inspirer. Grâce à vos efforts, les paris sont revenus à la « banque ». Merci encore !

Bizarrement, ni Byakuya, ni Kenpachi n'osèrent contredire le capitaine de la quatrième division. Le visage du Sotaicho se décomposa. Pas Unohana aussi ! Unohana sortit une bourse d'argent conséquente de la poche intérieur de son Haori.

- Je propose que les fonds collectés par ce biais servent à la reconstruction de la clinique de la quatrième division et à l'ajout d'une serre médicinale, deux chantiers qui sont d'un intérêt majeur, je rappelle, pour l'ensemble de notre armée.

Nouvel haussement de sourcil collectif. Mayuri tiqua ostensiblement sur sa dernière phrase mais choisit sagement de garder le silence.

- C'est... C'est... C'est une très bonne idée, Unohana-taicho, soupira Yamamoto, vaincu par le sourire désarmant de la brune.

- Merci, mon commandant. Répondit Unohana sur un ton aimable.

- Bref ! Il est clair que je suis le seul ici à n'avoir rien à se reprocher. Je voudrais donc être ajourné de session. Demanda Hitsugaya qui supportait très mal la chaleur ambiante.

- Pourquoi serait-il libéré avant moi ? Je n'ai commis qu'une offense mineure moi aussi Je n'ai pas absolument rien parié. Je ne crois pas aux jeux d'argent. Et puis, il n'est explicitement écrit nulle part qu'un gigai ne peut servir de combustible dans un barbecue. Comment aurais-je pu savoir sinon ? gémit Suki, les larmes aux yeux. Ce n'est pas de ma faute, honorable sensei !

Le répit avait été de courte durée, le Sotaicho vit à nouveau rouge.

- Silence ! Vous auriez dû ! Tout autant que vous êtes ! Vous êtes tous une honte pour le Gotei 13 ! Je n'ai jamais vu une telle disgrâce en mille ans !

- Tous ? Mayuri fronça les sourcils. Lui et ces énergumènes ?

- Tous. Admit Retsu, avec un air satisfait. C'était assez juste.

- Tous, répéta Byakuya tout bas, son agacement perceptible. Stupide Suki-chan !

- Tous ? s'enquit à nouveau Sajin qui pensait vraiment n'avoir rien fait de répréhensible à part avoir assisté au combat du siècle. Même les simples spectateurs ?

- Tous ? protesta Soifon.

Que dirait Yoruichi si elle apprenait ça ?

- Tous ! S'étonna Dengeki.

Était-elle inclue dans le lot ? Cela voulait-il dire qu'elle était acceptée ?

- Ouais ! Tous ! Acquiesça Kenpachi avec un brin de sadisme. Bande de vermine !

- Tous ? Vraiment Sotaicho ? se lamenta Jūshirō. Un peu sévère peut-être ?

- Nanao-chan aussi ? Demanda innocemment Shunsui.

- Tous ? Même les nouveaux ? s'inquiéta Renji.

- Tous ? Mais je n'ai rien fait moi ! Maugréa Suki. Je répète que c'était l'idée de Momo !

- Silence ! Tous sans exception ! Rugit Yamamoto. Et les choses vont changer ! Je peux vous assurez que les beaux jours sont derrière vous, jeune gens ! Vous allez tous m'écrire une lettre d'excuse où vous confesserez votre erreur. Cette lettre sera jointe à votre dossier administratif et constituera un premier et dernier avertissement.

- Et si par accident, on commettait une autre erreur, une erreur mineure, minuscule, sans conséquence, je précise. S'enquit Renji.

- Vous encourrez alors la peine de mort. C'est suffisamment clair pour vous, Abarai ?

Jūshirō devint livide. Yamamoto avait l'air des plus sérieux. Le vieil homme n'avait rien perdu de sa poigne.

- Yup, je vous reçois cinq sur cinq, Sotaicho.

- Mais moi, je n'ai aucune erreur à confesser ! Rappela Tōshirō. J'ai surveillé mes subordonnés pendant la cérémonie et j'ai veillé à ce qu'ils ne mettent pas par accident la ville à feu et à sang. Pas comme certains ! Mes subordonnés et moi-même sommes rentrés avant le couvre-feu. Et je ne suis arrivé dans les baraques de la onzième que pour constater l'état d'ivresse avancé de presque tous les capitaines présents.

- Ah ça ! Quelle infamie ! Je ne bois jamais. S'insurgea Suki. Diffamation ! Mon caractère est sali. Sotaicho, je vous en supplie, prenez les mesures qui s'imposent ! D'abord la patate douce, puis ça ! Je n'en supporterais d'avantage.

- Je ne me souviens pas avoir été ivre. Murmura Komamura. Était-je vraiment ivre, capitaine Hitsugaya ?

- Je dois dire que je ne bois pas non plus. J'ai à peine mouillé mes lèvres dans une coupe de saké. Murmura Manatsu. Le saké me semblait suspect.

- Mon saké n'était pas assez bien pour toi, garce ! lança Kenpachi. Tu as du toupet ! Gin était peut-être faible mais moi je peux te montrer un homme ! Un vrai ! Un qui n'en aura rien à faire de tes tours de passe-passe !

- J'attends de voir.

Yamamoto se laissa tomber sur son fauteuil avec un soupir. Jūshirō servit de médiateur.

- Du calme, Kenpachi ! Manatsu-chan ! Cela ne sert à rien de se déchirer pour si peu. Shiro-chan, ce n'est pas très chic de rapporter. Le manque de solidarité entre capitaine nous a été extrêmement préjudiciable dans le passé. À l'avenir, nous devons faire Répliqua Jūshirō sur un ton paternaliste.

Le rose se diffusa sur les joues du capitaine Dengeki.

- Ma...natsu-chan ?

- Jūshirō, ne m'appelle pas Shiro-chan ! grogna Tōshirō.

Yamamoto se racla la gorge, interrompant leur dispute.

- Silence ! Silence ! Silence ! Capitaine Ukitake a raison sur ce point. Un certain degré de camaraderie est requis au sein du Gotei 13. La solidarité est une de nos valeurs les plus anciennes. Ainsi, ce n'est pas digne d'un capitaine des treize divisions de dénoncer ses collègues. Prenez bien soin donc d'inclure ceci dans votre lettre, capitaine Hitsugaya. Vos actes sont sans doute les plus répréhensibles de tous.

Les douze capitaines hochèrent la tête unanimement.

- Passons au second ordre du jour !


Tōshirō Hitsugaya

Capitaine de la dixième division

Ami de son vice-capitaine Matsumoto Rangiku

Ils étaient tous quasiment de retour à la case départ avec quelques changements mineurs.


Tōshirō Hitsugaya aurait pu bouder. Mais vraiment très peu de choses pouvaient entamer sa relative bonne humeur. À part la perspective d'avoir à faire face à un autre conflit, il était très content d'en avoir terminé avec toutes les nuisances (Primeros, Ichimaru, Aizen etc.). La séance de bizutage ne l'avait pratiquement pas affecté.

Non, il préférait noter les changements positifs, ce qui autrefois était une affaire guindé était devenu une espèce de vaste forum d'idée. Les divisions interagissaient aussi beaucoup plus entre elle. Ce n'était pas qu'une mauvaise chose. Il y avait beaucoup de travail en perspective. Il y avait plusieurs centaines de chantiers de reconstruction à superviser, autant de rapport à mettre à jour quotidiennement et cela risquerait de durer ainsi encore quelques mois voire des années. Il soupira.

Mais au moins, leur petit groupe semblait (même si parfois cela frisait le ridicule) privilégier la coopération, parfois la compétition plutôt que l'indifférence. La conversation continuait bon train. Et cette fois, Yamamoto distribuait les bons points. Une fois de plus, le commandant-général saluait la diligence de la sixième division qui avait achevé cette semaine les réparations des murs de son enceinte et rendait hommage à la division d'Hitsugaya qui n'avait pas perdu de temps à consolider ses baraques et son enceinte extérieur.

Abarai et Komamura reçurent aussi les félicitations du capitaine-général pour avoir aidé les habitants des rukon-districts évacués à retrouver le chemin de leur maison. La treizième, la troisième et la neuvième division se partageaient l'hébergement des deux divisions sans quartiers général. Il n'y avait pas eu de gros dégâts matériels dans la cinquième division.

Le capitaine Ichinose s'était donc mis en tête de nourrir tous le Seireitei. La cinquième division s'occupait donc du ravitaillement de toutes les divisions confondues. Malgré ses premières réticences, Yamamoto admettait aujourd'hui que ce nouveau système faisait ses preuves. Il déchargeait les équipes en place dans chaque division et permettait de mobiliser plus de personnels sur les chantiers. La réparation de la quatrième et de la septième division (qui se situait à proximité du Senkaimon) plus urgentes et plus complexes prenaient plus de temps et devrait durer encore quelques mois. Unohana avait néanmoins pu installer une clinique de fortune sous des tentes près des chantiers. La douzième s'occupait de restaurer le Senkaimon et Karakura avec la coopération d'Urahara. La seconde enfin, patrouillait et se chargeait de la sécurité et du maintien de l'ordre dans le sanctuaire.

Une part de lui ne pouvait s'empêcher d'admirer cette nouvelle cohésion du groupe.

Le visage d'Ukitake était plus affable qu'il ne l'avait jamais vu. Kuchiki était plus bavard et moins arrogant qu'à l'accoutumé. Non, pas beaucoup moins arrogant... Mais plus abordable... Kyouraku ne dormait pas. Zaraki affichait son sourire des bons jours. Il avait l'air cinglé juste ce qu'il fallait. Dengeki participait à la discussion. Kurotsuchi écoutait parfois les autres pour changer. Jūshirō avait l'air en bonne santé aussi. Bien sûr, il y avait les inchangés, ceux dont le caractère restaient toujours aussi neutre et posé qu'à l'ordinaire, Soifon, Komamura et Unohana. Mais cette réunion restait la plus animé auquel il ait assisté depuis son entrée en fonction.

Dans son fauteuil, Yamamoto tapota sa joue de l'index. Après avoir salué les efforts de chaque division, il se contenta d'écouter la discussion avec intérêt. Il affichait l'ombre d'un sourire.

Tōshirō comprenait le sentiment. Il ne savait pas comment l'expliquer. Une sensation de sérénité l'envahissait peu à peu. Après ces temps de crise, le sentiment était plus que bienvenue. Après la défection des trois traîtres, le Gotei 13 avait connu ses heures les plus sombres. Il y avait eu la satanée guerre hivernale. Puis, était venu le temps de la chasse aux sorcières... Avant même qu'ils ne se remettent de ce premier coup dur, les primeros étaient passé à l'attaque et ils avaient à nouveau en face d'eux, un vaste chantier. Oui, le Seireitei restait à reconstruire. Mais aujourd'hui, une nouvelle cohésion était venu souder le groupe, Tōshirō pouvait finalement espérer entrevoir des jours meilleurs.

Même si comme il aimait à garder à l'esprit, les problèmes restaient.

- Quelques choses me perturbent néanmoins depuis quelques semaines. Commença Jūshirō, pensif.

Le silence était revenu dans la pièce. Les autres capitaines attendirent patiemment qu'il élabore.

- J'étais encore jeune la première fois que j'ai entrevu l'uniforme de la garde Royale. Mais je sais encore en reconnaitre un.

Le capitaine de la première division hocha la tête. Il avait patiemment attendu que l'un d'entre eux aborde le sujet. Shunsui acquiesça aussi de la tête. Byakuya prit la parole.

- Vous avez décrit un homme dans le rapport. Un seul homme aurait refermé les portes de Muken ?

Shunsui et Jūshirō échangèrent un regard avant de confirmer.

- Est-ce vraiment possible ? Demanda Byakuya. N'ayant pas assisté à la scène, il avouait rester sceptique.

Mayuri Kurotsuchi tourna la tête avec intérêt vers le Sotaicho qui continua à garder le silence. Jūshirō continua.

- Les membres de la division zéro ne sont-ils pas issue de l'élite du Gotei 13 ?

Yamamoto continua de les observer avec la même expression énigmatique. Unohana prit la parole.

- En effet, bien qu'il n'y ait pas ni épreuve de sélection ni mode de désignation officiel, les postulants sont généralement issus des organes d'élite, l'Onmitsukidō, le central 46, le Gotei 13. Intégrer la Division zéro représente l'ultime achèvement pour un soldat de notre armée. Le dernier membre du Gotei 13 à avoir intégrer la garde royale est le capitaine Kirio Hikifune de la douzième division. Cela s'est passé bien avant même la création du bureau de recherche et de développement shinigami et avant la prise en poste d'Urahara Kisuke. C'était il y a bien longtemps.

Ils prirent tous le temps de digérer cette information.

- Ce reiatsu n'était pas normal. C'est tout ce que je sais. Ajouta Sajin.

- C'est vrai. Le reiatsu de cet homme était si puissant qu'on avait l'impression qu'il aurait suffi qu'il passe la porte pour tous nous écraser avec. Je n'ai jamais senti une telle gravité. Si c'est ça la puissance d'un membre de la division zéro ! Ajouta Tōshirō.

- Bande d'imbécile ! Savez-vous ce dont vous êtes en train de parler ? Grommela Mayuri. Avez-vous une idée du mécanisme sophistiqué que représente un portail entre des dimensions ? L'énergie contenue dans nos zanpakutō et la fréquence que nos armes utilisent nous permette d'ouvrir un senkaimon, l'arrancar de base comme le Menos Grande arrive à faire de même avec un garganta. Mais une porte, une vraie porte du type de Jigoku ou encore Muken, scellé par un nombre incalculable de lignes de Kido aux fréquences complexe, animé par l'art nécromancien dans sa forme la plus pur, utilise un tout autre mécanisme. C'est absurde. Il a sans doute utilisé un artéfact similaire à Kīboruto.

Yamamoto resta toujours aussi neutre.

- De là où nous étions, Kurotsuchi, il était de toute manière impossible de déterminer le moyen utilisé. Nous ne pouvions voir que les conséquences. C'est lui qui a refermé les portes. Je n'ai pas vu son visage. J'étais trop loin. De quoi avait-il l'air ? Peut-être pourrions-nous trouver sa biographie dans les archives ? Suggéra Soifon.

- C'est une bonne idée. Acquiesça Komamura. J'étais moi aussi trop loin pour pouvoir distinguer les traits de son visage. Sans compter la gravité !

Shunsui et Jūshirō échangèrent un nouveau regard complice. Ils étaient tentés de dire qu'il ressemblait à Ichigo Kurosaki. Mais il savait que cela ne susciterait pas la réaction escompté.

Hitsugaya fronça les sourcils.

L'instant marquant leur hésitation à partager des informations aussi capitale marqua aussi celui que Yamamoto choisit pour prendre la parole.

- Vous ne le retrouverez dans aucune archives du Gotei pour la simple et bonne raison qu'il n'existe pas pour nos services.

- Dans le Seishin Kaikoroku du bureau des recherches et de développement... J'ai amélioré son moteur de recherche alors...

- Vous ne le trouverez ni dans les fichiers ni dans les archives papiers.

- Il est possible sur requête de connaître l'effectif de la division zéro, n'est-ce pas, Capitaine Yamamoto ?

- Mais une classe pour des raisons de sécurité échappe à la surveillance de notre organisation : La famille royale et ses partisans directs. Précisa Byakuya, qui en tant que chef du clan Kuchiki connaissait bien le protocole à suivre. Après tout, il faisait partie de la noblesse.

- Précisément, Capitaine Kuchiki. Acquiesça Yamamoto.

- Nous sommes donc dans une impasse.

- Mais la division zéro protège la famille royale et pas le contraire. Continua Jūshirō. C'est toute de même suspect que nous n'ayons aucunes informations sur...

- Cela prendrait tout son sens néanmoins. Oui, vraiment qui d'autre qu'un membre de la famille royale pourrait réaliser un tel exploit.

- Tu penses vraiment que cela pouvait être le roi des Esprits.

- Pas le Roi des Esprits mais quelqu'un qui lui est proche.

- J'ai l'impression qu'il y a quelques choses que vous nous dites pas, Kyouraku.

Renji croisa les bras sur sa poitrine.

- Ne sommes-nous pas de la même équipe ? La division zéro sont aussi des gentils. Pourquoi tant de secrets ?

Yamamoto ne répondit rien.

- Qu'en penses Ichinose-Taicho ? demanda soudain Shunsui.

Une petite Suki-chan sursauta entre Renji et Byakuya. Elle se tritura les pouces en silence.

- Hum ? Pourquoi moi ? murmura Suki.

- C'est vrai. Le capitaine Ichinose a peut-être une idée étant donné que son père, l'ancien lieutenant de la première division Tadashi Ichinose a servi dans la division zéro.

Sasakibe et Yamamoto échangèrent un regard.

- Le père d'Ichinose-taicho lui a peut-être parlé de sa mission et...

Suki secoua la tête.

- Je ne sais pas. Mon père n'a pas une très bonne mémoire des évènements. Il y a des sujets que nous n'abordons pas.

- Vous pourriez peut-être...

- Je ne peux pas. Répondit-elle sèchement. Je ne vois vraiment pas où est le problème ! Peu importe si cet homme a pu refermer un portail par la pensée ? L'important c'est que nous soyons tous sain et sauf, non ? Pourquoi toujours imaginer le pire ? Tant de négativité !

Le visage d'Unohana se referma. Jūshirō et elle échangèrent un regard. Le secours arriva inespéré du capitaine Yamamoto.

- Ichinose-taicho a sans doute raison. Si je crois qu'il est bon de rester vigilant et attentif aux moindres changements dans un avenir proche, il est je crois inutile de céder à la paranoïa. Nous avons des choses beaucoup plus importante à régler dans un premier temps ici-même.

Tous les capitaines acquiescèrent à ses mots.

- Je suis sûr que vous ne trouverez d'ailleurs rien à redire au renforcement des mesures de sécurité.

Le vieil homme tritura le pommeau de sa canne d'une main.

- Les communications devront par exemple être encadrées du secret. Il est hors de question qu'un nouveau traitre infiltre nos rangs. Tout comportement suspect de soldat devra être rapporté pour être examiné immédiatement en conseil. Tout soldat incriminé passera immédiatement en cours martial. Il sera aussi interdit à compter d'aujourd'hui de franchir le Senkaimon sans mon autorisation préalable. Suis-je clair ? Prenant compte de la multiplication des attaques hollows ces dernières années, deux officiers shinigami seront envoyés en remplacement du Substitut défaillant.

- Puis-je proposer un de mes soldats ? demanda Jūshirō.

- Je regrette Rukia Kuchiki n'est plus un candidat convenable.

Renji haussa les sourcils. Byakuya dévisagea Yamamoto.

- Je ferais ma propre sélection. Continua le vieil homme sans rien dire.

- D'ailleurs, Sotaicho... Que faisons-nous pour Ichigo ? demanda Hitsugaya.

Yamamoto soupira.

- A-t-il découvert le mouchard ?

Jūshirō secoua la tête.

- Non.

Renji écarquilla les yeux encore plus grands. Un mouchard ? Il tourna la tête vers Byakuya. Ce dernier était-il au courant ? À en croire l'absence de surprise dans ses yeux, il devait l'être. Il balaya l'assemblée du regard. Il semblait tous être au courant sauf lui.

- A-t-il fait le moindre progrès vers la régénération de ses pouvoirs?

Hitsugaya hocha la tête.

- Non, et je pense qu'Urahara ne l'aidera pas cette fois.

- Très bien.

- J'ai raté un épisode ?

- Poursuivez donc la surveillance.

- Si j'ai bien compris, nous n'allons pas aider Ichigo à retrouver ses pouvoirs. Intervint Renji. Et on va rompre tout contact avec lui... Ah ! Il est espionné ! Et ça ne gêne personne.

Il rencontra seulement le silence.

- Bien, la séance est levée. Jeunes gens, j'attends vos lettres sur mon bureau avant la fin de la semaine.


Kuchiki Byakuya

Capitaine de la sixième division

Frère de Kuchiki Rukia

Il ne prenait pas toujours les meilleures décisions. Ce n'était pas son rôle. Son rôle consistait seulement à prendre des décisions.


- C'est tout ? Capitaine Kuchiki ? Vous n'allez rien dire ?

Byakuya stoppa net, la tempe palpitante. Qu'est-ce qu'Abarai lui voulait ? Il fixa la traine du capitaine de la cinquième division et regarda le morceau d'étoffe derrière une colonne. Suki Ichinose était sortie de la salle au pas de course, si vite que son lieutenant avait même eu du mal à la suivre. Il y avait une question sur le bout des lèvres pour elle. Il reprit inconsciemment sa route, et pressa le pas, Shane et Renji sur ses talons.

Il freina au détour d'un corridor, en voyant ondulant ses boucles mordoré dans les airs. Keikosuki laissa perler un éclat de rire derrière elle avant de faire un tour complet sur elle-même sous le regard attentif de Momo. Le vice-capitaine l'imita.

Leçon n°1 : Il fallait toujours tourbillonner sur soi-même après une réunion éreintante.

Cela servait à aérer l'esprit. Important, seul un tour complet les bras en l'air assurait de laisser les idées complexes derrière soi.

Byakuya leva la tête vers le ciel en même temps que Suki-chan. La jeune femme admira le ciel, la bouche ouverte. Il était bleu avec de doux nuages filandreux, des cumulus comme des friandises, qui ne dissimulaient pas le soleil printanier. Il y avait un parfum de baie sauvage dans l'air. L'air était un brin humide.

Suki huma l'air et mouilla son doigt pour connaître le sens du vent, ses cheveux tourmentés par la brise.

C'était le temps idéal pour faire une mousse de baie sauvage, pensa Byakuya.

Il la regarda prendre une bonne inspiration avant d'annoncer fièrement le dessert du jour à Momo. Mousse de baie sauvage ! Momo fit la moue avant de répondre. La mine de Suki-chan se décomposa. Oh ! Le Vice-capitaine Courage devait sans doute être en train de rappeler à capitaine Paresse qu'ils leur restaient des tâches administratives en suspens. Ses sourcils en accent grave, ses joues gonflés, Suki-chan croisa les bras. Son reiatsu fit grésiller la place l'espace d'une fraction de seconde. Momo pouffa de rire à nouveau, les mains en l'air en signe d'apaisement. Le visage de la brunette était crispé. On avait évité le pire. Suki-chan souriait à nouveau. Une belle journée pour une Suki-chan en somme ! Keikosuki repartit en trottinant.

Byakuya secoua la tête. Il commençait à parler son langage. C'était terrifiant ce que cette femme le rendait niais.

- Capitaine Kuchiki ?

Il avait presque envie de tester sa méthode. Pivoter les bras en l'air... et... Il écarta les doigts.

- Capitaine Kuchiki.

Il se retourna à contrecœur. À sa gauche, Terashima, son vice-capitaine, l'observait avec un sourcil levé. Devant lui, il y avait un Abarai furieux. Perte de temps. Il tourna les talons pour s'en aller.

- Vous n'allez vraiment rien faire pour Ichigo ?

Ichigo ? Qui ? Il hésita. Shane s'arrêta lui aussi.

Ichigo. Ce nom seulement l'irritait. Ichigo. Qu'était-il sensé faire au juste « avec Ichigo » ? Le capitaine Kuchiki haussa brièvement un sourcil. Shane comprit immédiatement que c'était une conversation auquel il ne pouvait pas prendre part et partit devant. Byakuya ne changea pas d'expression. Son visage resta aussi neutre que la pierre.

- Vous êtes d'accord avec la décision du Sotaicho de couper contact avec la ville.

Le Sotaicho n'avait pas exactement employé ces termes. Mais en même temps, en quoi était-il concerné ? Il était un shinigami. Il savait parfaitement où était sa place. Renji Abarai lui savait-il sa place ?

- Quel est la morale de cette histoire ? Après tous ces sacrifices, après tout ce qu'Ichigo et ses amis ont fait pour la Soul Society, c'est comme ça qu'on les remercie.

- Kurosaki Ichigo a repris le chemin du lycée pour y préparer son avenir comme tous les garçons de son âge. Répondit-il calmement.

- Mais Ichigo n'est pas comme tous les garçons de son âge ! Ce n'est pas ce qu'il veut...

Oui, peut-être une partie de Byakuya Kuchiki était conscient de ce fait, mais Byakuya Kuchiki dans son entier n'était prêt à faire aucune concession. Qui s'intéressaient à ce qu'Ichigo Kurosaki voulait ? La décision avait été prise. Elle avait été prise par son supérieur hiérarchique et Byakuya Kuchiki ne se voyait nullement la contester.

- Kurosaki Ichigo est un enfant immature. Entre ce qu'il désire et ce qui lui est nécessaire.

- Ce n'est pas croyable. Quand vous aviez besoin de lui...

La dernière fois qu'il avait vu le gamin, les choses ne s'étaient pas vraiment bien passées. Il ne tenait même pas spécialement à s'en rappeler. Ce garçon n'avait jamais cessé de le défier. Tout se passait comme si le but de l'existence d'un certain rouquin était de bouleverser celle de Byakuya Kuchiki. Ichigo, je t'aime. Je tiendrais ma promesse. Oh Rukia ! Était-elle stupide pour ne pas voir où tout ce ceci allait les mener ? Renji était-il stupide pour encourager cette relation ? Byakuya avait cru ce dernier amoureux de sa sœur. Alors, pourquoi n'agissait-il pas en conséquence ? Pourquoi n'assumait-il pas ses responsabilités ?

- Il suffit ! Si tu avais tant à dire sur le sujet, Abarai. Tu aurais dû t'exprimer plus tôt.

Renji déglutit avec peine, piqué au vif.

- Il ne m'aurait pas écouté !

Byakuya pencha la tête sur le côté.

- Pourquoi ?

- Vous savez pourquoi, Capitaine Kuchiki !

- Non, je n'ai jamais perdu une seule seconde de mon temps précieux à m'interroger sur vos défaillances, Capitaine Abarai. Vous n'êtes plus sous ma responsabilité, dois-je vous le rappeler.

Renji baissa la tête.

- Je pensais que... Je pensais que Kuchiki-taicho... Qu'Ichigo avait réussi à gagner votre estime. Je pensais que...

Son estime. Oui. Fut un temps... Mais qu'en avait-il fait ? L'avait-il suffisamment respecté pour faire les choses comme il fallait ? Ichigo Kurosaki avait-il eu la moindre déférence à son égard. Il aurait pu se montrer patient et attendre pour... Il n'allait certainement pas aller sur ce terrain avec Abarai. Non, Ichigo Kurosaki n'avait pas son estime. S'il l'avait gagné autrefois, il l'avait depuis perdu exactement comme il avait perdu ses pouvoirs.

- J'ai pensé...

- Ichigo Kurosaki était une pièce important de l'échiquier. Il était utile. Il ne l'est plus.

- C'est ça. Il est mis à l'écart. Il n'est bon qu'à être surveillé ! Vous savez ce que ça va lui faire ? Vous avez une idée du mal que vous allez lui faire ? Elle aura le cœur brisé ! Hurla Renji, hors de lui.

Byakuya leva les yeux. Son regard croisa celui du Capitaine Ukitake, qui n'avait pas pu s'empêcher d'entendre une partie de leur conversation. Le capitaine de la treizième division avait perdu ses couleurs.

- En sachant qu'elle ne pourra plus jamais le revoir... Après... Continua Renji.

Byakuya serra le poing. Renji réalisa la présence d'Ukitake. Le capitaine de la treizième division se gratta la tête avec une moue d'embarras. Certainement les sentiments de sa protégé n'avait pas été pris en compte au moment il avait remis à un jeune garçon un badge de Shinigami remplaçant espion.

- Ukitake-taicho...

- Est-ce vrai, Byakuya ? Est-ce la vraie nature des sentiments de Rukia-chan ?

Byakuya ne répondit rien. Qui était-il pour témoigner des sentiments de Rukia vraiment ? Renji détourna la tête honteusement.

- Seigneur ! Soupira le capitaine de la treizième. Je comprends mieux. Capitaine a toujours été très perspicace. C'est sans doute cela qui a motivé sa décision. C'est embêtant néanmoins. Je ne pense pas que le capitaine Yamamoto change d'avis cette fois. Il a l'air si déterminé à refermer les frontières. Je viens d'entendre Soifon plaider pour sa cause. Elle défendait son droit à aller rendre visite à Yoruichi dans le monde matériel. Mais le commandant veut réglementer même ce genre de déplacement anodin. Cette fois, je crains qu'il ne faille prendre notre mal en patience. Que peut-on faire d'autre ? Quand Rukia va apprendre...

Byakuya Kuchiki voulait pivoter sur lui-même les bras en l'air et laisser derrière lui les questions complexes pour un autre jour. Seulement, il n'était pas une Suki-chan. En desserrant à peine la mâchoire, il annonça :

- Je lui dirais.

Sa décision prise, Byakuya tourna les talons. Il fit quelques pas avant de disparaître dans les airs, laissant Renji et Jūshirō derrière lui.

- Je pensais que son caractère s'était amélioré ces derniers mois, pensa tout haut Jūshirō.


Matsumoto Rangiku

Vice-capitaine de la dixième division

Ami de Renji Abarai, Orihime Inoue, Kira Izuru et Shuhei Hisagi.

Son caractère s'était aussi grandement amélioré... ou pas.


Une semaine plus tard, la température au Seireitei était plusieurs degrés au-dessus des normales de saison. Ses « jumelles » transpiraient, suffoquant sous l'étoffe lourde de son Shihakusho. Matsumoto Rangiku ouvrit les fenêtres du bureau que son capitaine et elle partageait au rez de chaussé de la dixième division. Elle resta quelques minutes à profiter de la brise printanière. Puis, elle s'éloigna.

Aussi loin qu'elle pouvait se souvenir, elle avait toujours cherché son reflet dans les vitres, sa silhouette dans la cour de la dixième, son reiatsu dans l'air. Elle avait toujours distingué des bouts de leurs histoires dans les pétales de fleurs qui s'élevaient dans les airs à chaque bourrasque, des bouts d'eux dans les fines particules de feuilles de thé craquantes comme l'automne.

Rangiku esquissa un sourire et porta sa tasse de thé jusqu'à ses lèvres. Elle savoura le goût. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas dégusté une tasse de thé vert sans l'addition d'un bouchon de saké. Cela faisait du bien quand même. Elle était enfin débarrassée des migraines et de sa gueule de bois éternel. Était-ce le bénéfice de ses mois passés dans un coma profond ? Pendant le « mois de la cendre », elle avait recommencé à boire il est vrai. En société... Elle n'aurait pu assister à aucune de ses funérailles militaires sans le petit coup de pouce de la boisson. Depuis sa conversation avec Renji, les choses avaient un peu changé. Elle avait continué à boire, à partager un ou deux verre de saké après le travail avec ses amis, mais étaient resté dans la limite du raisonnable. Elle aimait bien la Rangiku qu'elle voyait dans son miroir le matin. Cette Rangiku-là avait perdu trois kilos en deux semaines. Cette Rangiku avait simplement un teint de pêche et un petit cul d'enfer. Il aurait été fier de cette Rangiku-là.

Rangiku posa la tasse vide sur la console près de la fenêtre avant d'aller se rassoir derrière son bureau.

- Matsumoto !

Elle leva les yeux à temps pour apprécier l'air hébété de son capitaine depuis le meilleur point de vue.

- Tu étais là ? Tu es arrivée à quelle heure ?

- Capitaine me cherchait ? demanda-t-elle innocemment.

- Bien sûr ? Il y a les rapports de mission de l'équipe 21...

- Je m'en suis déjà occupé juste après ma séance d'entraînement.

Tōshirō fronça les sourcils. Hein ? Sa séance d'entrainement ? Re- Hein ?

- Une tasse de thé, Taicho ? Je viens d'en faire.

Il croisa les bras, un brin méfiant devant cet étalage de bonne volonté. De son point de vue, tout ceci avait l'air très suspect.

- Je veux... bien.

Rangiku se leva avec empressement et se fraya un chemin vers le service à thé sur la table basse. Elle tendit à Tōshirō une tasse de thé avec un sourire aimable.

- Je dois nager en plein rêve. Matsumoto, c'est bien toi ?

Hitsugaya mouilla ses lèvres sur les bords de la tasse avec méfiance. Peut-être avait-elle empoisonné le thé ? Matsumoto gigota les mains dans le dos. C'était sans doute ça ? Le thé était empoisonné.

- Je n'apprécie pas trop les insinuations de Taicho.

Avait-il parlé à haute voix ?

- Vous embrassez Karin-chan avec cette bouche ?

Il manqua de s'étrangler avec une gorgée de thé. Oh non ! C'était bien Matsumoto !

La blonde retourna à son bureau en ricanant. Mais au lieu de s'installer en travers de la chaise pour lire un de ses magasines préférés, faire ses ongles, ou feuilleter un catalogue, elle ouvrit le livre comptable de la division et sortit une calculatrice. Il y avait définitivement quelques choses qui n'allaient pas avec son lieutenant.

C'est alors qu'il le remarqua.

Derrière son bureau, entre deux bibliothèques, Matsumoto avait aménagé un autel à la gloire d'Ichimaru Gin. Il y avait la plus insolite photo de Gin, torse nu, entouré de Kira et d'autre soldats de la troisième division, au milieu des recrues fraichement sortie de l'académie, et déjà en pleurs, en pleine séance de bizutage, à l'époque où il était encore le capitaine de la troisième division. Il y avait aussi un bouquet d'œillet d'inde, le symbole de la troisième division disposé dans un petit vase et une copie du recueil de poème de Kira, encore écorné des doigts de l'ancien capitaine. Et puis enfin, le collier de Matsumoto avait été placé dans un coffret en bois sculpté, sur un lit de velours.

- Je suis désolé. Je n'ai pas vraiment demandé l'autorisation, capitaine. Je peux tout retirer. C'est juste que je passe beaucoup plus de temps ici que chez moi alors...

Tōshirō hocha la tête avec un soupir.

- C'est bon. Cela peut rester.

- C'est vrai ?

Rangiku se jeta dans ses bras, avec l'exubérance qui la caractérisait, menaçant de l'asphyxier avec sa poitrine voluptueuse.

- Matsumoto !

Il repoussa son attaque comme il put avant de saisir un bâtonnet d'encens pour l'allumer. Rangiku le regarda faire avec des yeux ronds. La vie avait repris son cours normal... et puis pas tout à fait.

Tōshirō joignit les mains et se concentra pour trouver mentalement les mots pour s'adresser à ce vieil enfoiré de Gin. Sa requête était très simple en fait. Où qu'il soit, il avait intérêt à le rester. Loin. Point. Il termina sa prière.

Matsumoto était retourné derrière son bureau, un faible sourire sur les lèvres. Tōshirō préférait la voir comme ça. Il jeta un coup d'œil par la fenêtre de son bureau. C'était une belle journée. Il s'installa derrière la montagne de dossier qu'il devait passer au peigne fin. De temps en temps, il levait les yeux vers Rangiku. Il la trouvait toujours gigotant. Elle suçait son stylo ou attachait ses cheveux dans un chignon.

Matsumoto surprit les regards furtifs de son capitaine dans sa direction. Elle savait qu'il s'était fait un sang d'encre pour elle pendant son coma et ensuite avec son enlèvement. Il avait tout risqué pour elle. Et il avait pris un sacré coup de vieux en conséquence. Sans qu'elle ne puisse rien y changer, elle était un peu attristée devant sa nouvelle apparence. Sa silhouette adolescente avait son charme. Mais son « chibi » capitaine tellement « Kawaii » lui manquait un peu. Mais le temps passait pour tous et elle ne rajeunissait pas non plus. Elle reprit ses calculs tout à fait sérieusement.

Depuis quelques jours, Rangiku se montrait particulièrement studieuse. Tōshirō n'avait rien trouvé à redire à son travail. Elle était appliqué, discipliné et ce qui était très important sobre aux heures de bureaux. Mais quelques parts, il y avait quelques choses qui clochaient avec cette nouvelle version de Rangiku. Il fixa l'autel un instant. Arrivera-elle vraiment à oublier Ichimaru ?

Au bout de deux heures, il en était à tamponner sa cinquantième page de rapport quand il vit Matsumoto se lever de son siège et ranger le livre de compte dans les documents administratifs. Il l'observa du coin de l'œil. Elle sortit un panier en osier de sous le bureau et commença à se dévêtir.

Il ferma les yeux, essayant de garder son calme. Il avait même peur de lui demander ce qu'elle était en train de faire.

- Matsumoto, que fais-tu ?

Elle ôta son shihakusho pour dévoiler le haut d'un bikini dix fois trop petit pour sa poitrine opulente.

- Oh rien ! Ne faites pas attention à moi, Taicho !

Comment voulait-elle qu'il ne fasse pas attention à elle ? Les joues du capitaine de la dixième division prirent une violente teinte rosé. Une bosse se forma sur son hakama mais heureusement il pouvait la dissimuler en rester assis. Il posa une main sur ses yeux pour s'aveugler. Essayait-elle de tester ses limites?

Rangiku enfila une robe d'été blanche un brin transparent à la place de son uniforme. Des sandales ornées de cristaux remplacèrent ses tabis. Elle ébouriffa ses cheveux pour leur redonner leur volume et glissa une paire de lunette de soleil dans ses cheveux. Sa transformation de vice capitaine à bimbo effectué, elle poussa un soupir de soulagement.

- Vous pouvez ouvrir les yeux, capitaine.

- Que fais-tu Matsumoto ?

- Je me prépare.

- Tu te prépares pour quoi ?

- J'ai fini bien sûr pour aujourd'hui. Il fait trop beau pour rester enfermer.

Hein ? De quel droit ?

- Qui t'a donné la permission ?

- Vous m'avez signé une dizaine de bon de sortie la semaine dernière. J'ai le droit de les utiliser comme bon me semble, non.

- Quoi ? Je n'ai rien signé de tel.

- Rappelez-vous, en échange, je vous ai rédigé une belle lettre d'excuse pour le Sotaicho.

- Hein ? Tu n'as rien rédigé du tout. Tu m'as donné un copier-coller d'une de tes anciennes lettres.

- Et je suis sûr que cela vous a bien servi, Taicho ! Continua-t-elle en s'admirant dans un petit miroir de poche.

- Je ne me rappelle toujours pas quand j'ai pu signer des bons de sorties.

- Écoutez, capitaine, vous êtes bien jeune pour avoir la mémoire fébrile. Dit-elle en lui montrant une autorisation de sortie tout ce qu'il y avait de plus officiel avec sa signature et le sceau de la division en prime.

- Je n'ai pas le souvenir et quand bien même, Matsumoto, tu as les rapports de chantiers ?

- Ils sont tous sur le bureau de Taicho.

- Les comptes ?

- J'ai tout vérifié deux fois, ils sont à jour. Dit-elle en se passant de la crème solaire sur les bras.

- Et l'inspection des baraques, l'état des lieux ?

- C'est sur le bureau à votre droite. Taicho, il faut ouvrir les yeux !

Elle referma le tube de crème solaire et le glissa dans son cabas de plage.

- Où vas-tu comme ça ?

- Taicho voudrait venir ?

- Pas du tout. Je me demande juste où tu peux aller si peu vêtu en plein mois d'avril.

- Oh l'association des shinigami femme organise un pique-nique aux abords des bains extérieurs de la famille Kuchiki !

C'était pratiquement impossible mais il écarquilla encore plus les yeux.

- Les bains privés de la famille Kuchiki ? Est-ce que Kuchiki-taicho est au courant ?

- Taicho ! Bien sûr, c'est lui-même qui nous a invités.

- Vraiment ?

- Bon, c'est vrai l'invitation concernait surtout Suki-chan, mais il devait savoir qu'elle partagerait sa bonne fortune avec ses meilleures amies.

- Quelles meilleures amies ?

- Voyons voir, Momo, Rukia, Soi fon, Yoruichi, Yachiru, Nemu, Isane, Kiyone, Retsu-san, Nanao et moi-même, bien sûr !

- Matsumoto !

- Quoi ?

- Depuis quand es-tu la meilleure amie de Keikosuki Ichinose ?

- Depuis toujours, Taicho ! Il se trouve que Suki-chan et moi, nous avons plein de choses en commun.

- Comme ?

- Kuchiki-sama lui a fait parvenir une carte cadeau illimité dans les magasins de la famille Kuchiki. Et moi, j'adore les magasins « Kuchiki » !

- Matsumoto ?

- J'adore aussi les kimonos Ichinose, la nouvelle « collection printemps/été » est formidable.

- Mats...

- Tsk...tsk...On est pratiquement de la même génération. Vous saviez qu'elle avait fait classe avec Gin et Kuchiki-taicho pendant un an ? Elle était dans la classe spéciale pour les plus avancée à l'époque où je venais d'entrer à l'académie. C'est bizarre qu'on ne se soit jamais croisé. Sa sœur Natsuki-chan était mon sempai.

- Mais Matsumoto...

- Ce n'est pas tout. C'est un grand chef et moi j'adore cuisiner.

- Tu es nulle en cuisine. Tu adores manger plutôt !

- C'est pareil. Tenez ! Suki-chan ne peut pas voir une bouteille de saké, moi, j'adore ça.

- Ce n'est pas ce que j'appelle avoir plein de choses en commun.

- Elle aime parler de nourriture, regarder les nuages et faire la sieste. J'aime manger, faire la sieste et parler de nourriture. Nos zanpakutō sont tous les deux insupportable. On aurait pu être jumelle !

- Matsumoto...

- Le plus important, c'est qu'elle comme moi avons eu des histoires d'amour difficile. On était faite pour être les meilleures amies du monde. Pas comme avec cette coincé de la troisième division ! Cette espèce de pétasse frigide aux yeux exorbités roses ! Enfin, je n'ai rien dit !

- Matsumoto...

- Taicho, ne soyez pas jaloux ! Taicho reste mon taicho préféré ! Je ne fais qu'aller butiner ailleurs mais c'est pour mieux revenir...vers mon taichounet !

Elle tapota sa joue avec un sourire. Tōshirō bouillonnait. Rangiku ronronna de plus belle. Oh son capitaine était le plus chou !

- Matsumoto ?

- Oui ?

- Hors de ma vue !

- Tout de suite, chef !

Elle ramassa son sac et quitta la pièce au pas de course. Sur l'autel, Gin continuait de sourire de manière espiègle. Tōshirō soupira. Elle n'avait pas changé. Il ouvrit le livre de compte abandonné sur le bureau de Rangiku. Il semblait parfaitement à jour jusqu'à la dernière ligne. Oui, à jour. Non, elle avait peut-être changé un peu.


Rukia Kuchiki

Quatrième siège de la treizième division

Sœur de Kuchiki Byakuya

Elle avait fait de nombreux sacrifices pour faire de la place à la femme en elle.


Rukia ne savait pas quand ça avait recommencé. Oh peut-être qu'elle en avait une petite idée ! Depuis les funérailles de Chad, on pouvait dire que la vie avait repris son cours au Seireitei. Les choses étaient revenues peu à peu à leur place.

Tout à fait à leur place.

Elle soupira avant de soulever sa tasse de thé entre ses doigts. Après avoir mouillé ses lèvres, elle reposa la tasse sur la table sans un bruit. À l'autre bout de la table, Ginrei, le grand-père de Byakuya piochait dans les plats qu'il lui était présenté avec retenue, tout en époussetant sa moustache dans une serviette blanche. Rukia contempla le siège vide du maître de maison avant de pousser un soupir.

Nii-sama, allait-il les gracier de sa présence aujourd'hui ?

Elle poussa un nouveau soupir. Rukia n'avait pas faim. Elle se demandait pourquoi elle avait encore accepté de participer à ce simulacre de déjeuner familial. Il était clair qu'elle n'avait plus exactement sa place ici. Nii-sama lui avait fait comprendre trois jours plus tôt en des termes très subtils. Calme-toi, Rukia ! Il n'avait rien dit vraiment !

Rukia poussa un énième soupir. Si seulement elle avait des ailes, elle pourrait s'envoler loin. Ginrei porta son bol de soupe à ses lèvres et aspira son contenu bruyamment. Rukia fit rouler ses baguettes entre ses doigts. Elle ne laisserait pas son esprit divaguer. C'était la seule chose qu'elle s'interdisait de faire. Si elle se laissait aller, une pensée en entrainerait une autre... et elle se demanderait ce qu'il était en train de faire... et il était clair que cela ne l'amènerait à rien. Le temps ne s'écoulerait pas plus vite. Le déjeuner ne prendrait pas fin plus rapidement. Niisama brillerait toujours par son absence. Si elle se laissait aller, les pensées noires s'enchaînerait l'une après l'autre... comme avant. Avant Niisama, avant « Bouille de fraise », avant que sa vie ne commence... « Bouille de fraise » Il détesterait ce surnom. Elle réprima un sourire avant de froncer les sourcils.

« Il a été décidé en conseil que les frontières entre le monde matériel et la Soul Society seraient refermé en cette période de reconstruction. »

Elle avait stoppé net tout ce qu'elle faisait pour écouter Niisama. Après tout depuis son retour, c'était la première fois qu'il lui adressait la parole. Il avait bien choisi son moment. Elle avait le soleil dans les yeux et il venait de l'envoyer au tapis pour la troisième fois. Elle avait même eu l'impression que les oiseaux avaient cessé leur chant pour respecter le temps de parole de Byakuya. Il lui tourna le dos. C'était drôle. Il avait évité son regard depuis leur retour de Karakura. Rukia s'en était presque accommodé.

Quand il lui avait rappelé leur rendez-vous quotidien au déjeuner de la veille, elle avait violemment rougi. Après tout, elle avait bien promis de s'entrainer fidèlement avec Niisama. Mais comme il ne lui avait pas adressé la parole depuis son retour, elle s'était dit qu'il ne servait à rien de le contrarier plus en lui rappelant ses promesses passées. Bref, elle avait pris des précautions pour rien. La mémoire de Niisama n'était pas le moins du monde défaillante. De même qu'il se souvenait avec précision ses promesses, il se souvenait aussi l'insolence de Rukia.

Elle aurait voulu se pendre.

Elle était prête à se pendre.

Elle se redressa. Il se matérialisa derrière elle, Senbonzakura encore dans son fourreau. Rukia retomba à genoux. Senka. Il avait visé l'intérieur de ses genoux. La jeune femme haleta. C'était pire que d'habitude. Contre le capitaine Kuchiki, il était clair que Rukia n'avait aucune chance. Mais comme la plupart du temps, elle se battait contre Nii-sama et pas le capitaine Kuchiki, il était rare que ce dernier pousse l'humiliation aussi loin. Là, il ne faisait vraiment aucun effort. Elle avait terrassé un primeros. Mais elle en était encore là de son apprentissage.

Elle ne voyait même pas son reflet dans les yeux de Byakuya. Elle n'existait pas. Il continua le dos tourné.

- Le Sotaicho désignera deux officiers pour assurer la maintenance à Karakura en l'absence du substitut Shinigami.

Un voile de panique enveloppa le regard de la jeune femme. Elle se tourna vers son frère à cet instant, et ne fut pas surprise de voir qu'il continuait d'éviter son regard. Qu'avait-elle fait ? En fait, elle savait parfaitement ce qu'elle avait fait de mal. Cela lui brisait le cœur de ne ressentir aucun remord. Quel genre de personne était-elle devenue vraiment ? Elle acquiesça doucement... Docilement... Jusque-là, cela n'avait pas grand choses à voir avec elle. Karakura avait effectivement besoin de gardiens. Si ce n'était pas elle, quelqu'un devrait faire le boulot au final.

- Aucun déplacement dans le Monde Matériel ne sera autorisé sans l'accord préalable du Sotaicho. Tout shinigami désobéissant à cette règle sera passible de sanctions. » Continua-t-il.

- Je comprends.

Elle ne pourrait pas utiliser le Senkaimon du Seireitei à son aise. La belle affaire !

- En conséquence, j'ai aussi décidé en tant que chef du clan Kuchiki de réduire le trafic vers le monde matériel.

À ses mots, Rukia déglutit avec peine. Sa tête voulait continuer à acquiescer comme le voulait l'usage, son cœur voulait hurler de rage, son corps tout entier ne tenait plus en place. Elle ramassa son zanpakutō malgré la menace.

Malgré la menace, prenant appui sur son zanpakutō, Rukia Kuchiki tenta de se redresser doucement.

- J'ai aussi décidé que chaque utilisation du Senkaimon familiale devra nécessiter mon agrément. Je te demanderais donc de remettre ta clé pour inspection à Manami-san qui veillera à mettre à jour les autorisations.

Elle ne savait pas comment elle avait trouvé la force de parler à ce moment-là. Elle avait la gorge si sèche.

- Ai-je fait quelques choses... Quelque chose qui a contrarié Nii-Sama ?

Byakuya pivota enfin pour lui faire face. Il sembla surpris de la trouver debout. La voix de Rukia tremblait peut-être. Mais on ne pouvait confondre la lueur blanchâtre dans ses yeux avec un aveu de faiblesse.

- Ce ne sont que des mesures visant à assurer la sécurité du plus grand nombre.

- Vraiment ? insista Rukia, haussant la voix plus qu'il ne lui était nécessaire.

Byakuya fronça les sourcils et pencha la tête sur le côté. Son regard se durcit. Rukia ne baissa pas les yeux.

- Aurais-tu quelques choses que tu voudrais partager, Rukia ?

Elle secoua la tête de droite à gauche.

- Bien. Il est vrai que je ne veux nullement avoir à répéter mes actions passées. Cependant, mon devoir est avant tout de protéger cette famille et son honneur.

À ses mots, un frisson parcourut la tempe de Rukia. Il tourna les talons avant de disparaître dans les airs. Il lui fallut plusieurs minutes pour réaliser qu'elle ne sentait plus la présence pesante de son reiatsu. Elle prit une profonde inspiration. Cela avait fait très mal sur le coup. Elle ne savait si elle devait se réjouir. C'était un progrès. Il ne lui avait pas adressé la parole depuis son retour. Donc, cela avait été un progrès. Alors pourquoi s'était-elle agenouillée pour pleurer ?

Rukia fit nerveusement rouler ses baguettes entre ses doigts. Agenouillée devant l'immense table des Kuchiki dans la salle à manger attablé devant son plat préféré, un bol appétissant de Gyoza, des raviolis vapeurs traditionnels, Rukia avait un haut-le-cœur.

- Rejoindrez-vous le pique-nique organisé par l'association des femmes shinigami, Rukia-san ?

Elle leva les yeux vers Jii-sama. Le vieil homme esquissa l'ombre d'un sourire derrière sa moustache.

- Oui, jii-sama, très probablement.

- Vous leur servirez de guide alors. Ce n'est pas tous les jours que le domaine familial reçoit un tel évènement.

Rukia força un sourire sur ses lèvres.

- Bien sûr.

Ginrei lui offrit un sourire aimable. Il fixa brièvement le siège vide de son petit-fils.

- Cela ne ressemble pas à mon cher petit fils d'être aussi prévenant envers la gente féminine. Je me demande ce qui lui passe par la tête.

Rukia n'en avait aucune idée. Elle serait la première à vouloir payer pour mettre les pensées de Nii-sama dans une boîte accessible à tous.

- Dommage qu'il n'y ait que des officiers parmi elles, l'une de ses femmes aurait peut-être pu capturer l'attention de Byakuya. Ainsi nous en aurions fini avec tous ses préparatifs de fiançailles.

Rukia acquiesça avec un sourire poli. N'écoutant qu'à moitié, elle s'attela à émietter avec ses baguettes les raviolis dans son assiette.

- Une femme-officier est un très mauvais choix pour une épouse.

Rukia leva la tête curieuse. Le rose se diffusa sur les joues du vieil homme.

- Bien sûr, je n'ai rien contre les femmes qui portent l'uniforme. Elles ont toute mon admiration. Mais je crains qu'il soit inconcevable de demander à un vice-capitaine ou un capitaine du sexe opposé de s'occuper d'une maison comme la nôtre. Être la maîtresse de ses lieux est je le crains une fonction à plein temps. Ma tendre épouse a mis tant d'elle-même dans ce domaine. La mère de Byakuya était aussi un être exceptionnellement charmant.

- Je comprends. Répondit Rukia.

En vérité, elle ne comprenait pas du tout. Elle était lasse de toutes ses règles stupides qui étouffaient la moindre parcelle de vie et de spontanéité dans cette maison. Pourquoi Nii-sama ne se marierait-il pas avec un officier ? Il pourrait faire pire. Rangiku-san était libre et avait l'habitude des hommes à la personnalité difficile. Soifon... Soifon était issue de l'aristocratie. Elle en connaissait les us et coutumes. Elle adorait les règles et était presque aussi arrogante que lui. Isane était calme et effacé mais très efficace. Elle avait des jambes magnifiques. Bien que de rang inférieur, elles pourraient toute rendre Nii-sama heureux si seulement il se laissait aller. C'était quoi toutes ses putains de règles à deux balles ! Oh ! Voilà qu'elle se mettait à parler comme lui ! À penser comme lui ! À...

- En vérité, je suis très inquiet pour Byakuya.

Rukia écarquilla les yeux de surprise.

- Jii-sama...

- Jeune Rukia, le jour viendra où j'irais rejoindre ma tendre épouse et le reste de ma famille que je n'ai pas vu depuis si longtemps. Je ne suis qu'un vieil homme après tout. Je retournerais à la poussière en temps et en heure. Mais je ne veux pas...

Ginrei froissa la serviette entre ses mains.

- M'en aller ma tâche à moitié accomplie... Il est très important pour moi que mon petit-fils trouve à nouveau la force d'ouvrir son cœur pour fonder une famille. Le sort de la famille ne peut reposer sur ses épaules seules.

Rukia resta muette. Elle n'avait jamais vu les choses de cette façon. Byakuya avait toujours symbolisé à ses yeux le cœur de cette famille. Il semblait être né pour être capitaine, né pour être le chef du clan Kuchiki, né pour être Kuchiki Byakuya. Elle n'avait jamais imaginé que ses fonctions lui avaient demandé le moindre sacrifice. Il semblait toujours, tellement séparé de ses émotions. Mais oui, il y avait de quoi être inquiet. Quand l'avenir de tout un clan, de toute une division, quand le sort de centaines, voire de milliers de personnes reposait sur les mêmes épaules, aussi solide soit-elle.

Rukia repensa à cette phrase qui l'avait tant fait souffrir ces dernières semaines. Bien. Il est vrai que je ne veux nullement avoir à répéter mes actions passées mais mon devoir est avant tout de protéger cette famille et son honneur. Ses mots prenaient aujourd'hui un tout autre sens. Elle l'avait mis dans cette position auparavant. Elle l'avait obligé à faire un choix entre ses responsabilités et elle. Elle avait fait preuve de tant d'égoïsme. Voilà qu'elle recommençait !

- À l'âge de Byakuya, j'étais déjà père de deux enfants, Sojun et Yasuka. Ma femme Isadora attendait notre troisième enfant quand elle nous a subitement quittés. Laissez un vieil homme vous confier un secret, Rukia-san. Sans la présence de mes enfants, je crains que le vieil homme en face de vous aurai péris depuis bien longtemps dans un conflit sans importance. Nous ne sommes pas nés pour être seul. J'ai bien peur que Byakuya n'ait pas encore appris cette leçon très importante.

Qu'est-ce qui lui donnait le droit d'exiger un traitement de faveur de Nii-sama ? Chaque fois qu'elle avait été en danger, il était venu à son secours. Il avait plié les règles de la Soul Society pour accommoder ses caprices. Qu'arriverait-il à la famille si on découvrait qu'elle entretenait de telles relations avec Ichigo ? Avec un humain ? Elle n'y avait pas réfléchi une seconde. Comme un poisson hors de l'eau, elle avait seulement pensé au manque d'oxygène. Une larme se fraya un chemin sur la joue de Rukia. Qui protégeait Nii-sama ?

- Rukia-san, aussi. Mais je sais que Rukia est différente et qu'elle trouvera son chemin. Byakuya, lui-même, semble en être persuadé et je ne peux que faire confiance à l'instinct de mon petit-fils. Rukia-san deviendra un grand capitaine un jour.

Byakuya avait dit ça ? Rukia essuya ses larmes maladroitement. Le vieil homme l'observa avec indulgence. Pendant qu'elle se lamentait sur son sort, Byakuya avait...

- Je suis désolé, Kuchiki-sama. Je...

- Voyons, une jeune fille ne devrait pas s'excuser de verser une larme devant un vieux monsieur. Si vous avez fini de déjeuner, ma chère, vous devriez partir vous amuser à ce pique-nique ? J'ai moi-même quelques obligations à remplir.

Il se leva et la salua respectueusement. Rukia regarda le vieil homme quitter la pièce. Abandonnant son plat de raviolis à peine entamé, elle se dirigea vers la terrasse. Elle emprunta l'allée du jardin vers le sud du domaine. Les rayons de soleil ardent réchauffaient les pierres où les lézards venaient se prélasser. Elle tourna la tête vers l'Est. Elle aperçut Nii-sama sur le seuil du temple familial entouré d'un groupe de personnes. Il était dans ses habits d'apparat.

Bien sûr, c'était le jour où les nouveau-nés de plus de trois semaines étaient présentés au chef de clan au cours d'une cérémonie religieuse. Elle hésita. Elle pourrait sans doute traverser le pont et l'un des bassins pour croiser sa route. Ainsi, elle pourrait le saluer et lui demander de ses nouvelles.

Elle s'était à peine engagé sur le pont que l'intendant de la famille, Manami, accourait déjà avec une pile de document sous les bras. Comme s'il s'était senti observé, Byakuya tourna la tête dans sa direction. Leurs regards se croisèrent brièvement. Il n'y avait aucune colère dans les yeux de son frère. Il n'y avait rien ou presque, un brin de vulnérabilité, l'ombre du remord peut-être. Ou peut-être qu'elle voulait lire trop de chose derrière un simple échange de regards. Manami ouvrit la bouche, recroquevillé devant son maître. Elle vit Byakuya hocher la tête sans un mot avant de le suivre.

Rukia soupira. Ichigo et elle avait toute la vie. Elle avait promis de l'aimer et de l'attendre toute la vie s'il le fallait. Elle pouvait attendre des jours meilleurs. Elle voulait avoir confiance en l'avenir. Les choses s'arrangeraient. En attendant, elle devait faire en sorte de protéger sa famille et Nii-sama. Elle devait protéger Nii-sama.

Très solennellement, Rukia jura sur son âme... avant d'être poussé dans le bassin tout habillé. Elle poussa un cri de surprise avant de se rattraper au balustre du pont. De rebondir avec grâce avec un salto arrière pour se retrouver face à son agresseur. Elle pouvait dire merci toutes ses séances d'entraînements avec Nii-sama.

Nemu.

Nemu Kurotsuchi. (La seule qu'on aurait pu convaincre pour effectuer cette mission suicide.)

Et derrière elle...

L'association des femmes Shinigami au grand complet.

Toutes les femmes applaudirent la prestation de Rukia à l'exception de Soifon. Rangiku sautillait sur place dans sa robe d'été blanche. Unohana-taicho portait un sweatshirt par-dessus son maillot une pièce et des lunettes de soleil, son lieutenant, Isane, une simple tunique et un short qui dévoilait ses jambes interminable, Kiyone portait un bermuda plus long, Ichinose-taicho et Momo, le même yukata fleuri et des larges paniers de pique-nique. En plus, Ichinose-taicho promenait son épagneul « Barbe à papa » en laisse. Nemu portait son uniforme tout comme Soifon. Il ne manquait à l'appel que Yoruichi. Peut-être qu'elle était resté coincé à Karakura ?

- Non, mon chou. Je n'aurais manqué ça pour rien au monde. Me baigner à moitié nu dans les bains de Byakuya-Bo est un de mes passe-temps préférés.

Rukia sursauta. Yoruichi était perché sur le balustre revêtu du plus transparent des sarongs fleuri, une fleur dans ses cheveux attaché en queue de cheval.

- Youhou ! Youhou ! Byakuya-bo ! Je reconnais bien là mon petit pervers.

Byakuya, qui avait stoppé net, en voyant les jeunes femmes arriver, reprit sa route sans jeter un regard derrière lui. Yoruichi ricana de plus belle.

- Il est trop mignon ! Les Shihouin ont aussi le privilège de disposer d'un Senkaimon. Et je dois dire que je ne m'en prive pas depuis que le vieux Yama a eu son attaque et est devenu sénile. Si tu veux en profiter, je t'en prie. J'ai installé un système de mot de passe bien plus amusant qu'une clé. Le mot de passe du moment est « Chiki Chiki Boum Boum ».

Très sérieusement, elle remua les fesses devant Rukia.

- « Chiki Chiki Boum Boum » et il t'emmènera où tu voudras. Dans tous les cas, je dirais à tu sais qui que tu penses à lui. Ne me remercie pas surtout et maintenant... C'est l'heure de faire la fête !

Yoruichi poussa un cri de ralliement avant d'entourer d'un bras Rangiku et Suki-chan en même temps. Les femmes se dirigèrent ensemble gaiement vers les bains. Rukia resta pensive quelques secondes avant de sourire. Elle jeta un dernier coup d'œil par-dessus son épaule dans la direction de Byakuya. Le noble avait disparu. Mais cela ne l'empêcha pas de sourire quand même.

La vie avait repris son cours ou presque.


Keikosuki Ichinose

Capitaine de la cinquième division.

Amie de plein de gens.

Sa vie était juste trois fois trop fantastique pour être vrai. La réalité battait à plate couture chaque rêve mis en couleur par Perséphone.


Elle était réveillée et... elle avait une forme époustouflante. Capitaine Ichinose commençait à aimer sa nouvelle famille. Elle n'avait jamais imaginé qu'entrer dans l'armée avait tant d'avantages en nature. Non seulement, elle était devenu en quelques temps le chef pâtissier le plus réputé du Seireitei (Prends ça dans les dents Cleosuki !) mais elle avait eu aussi le privilège de voyager partout dans le monde et surtout dans des endroits super sympa (Karakura), elle s'était aussi fait des amis exceptionnels (Momo, Ken-chan, Kuchiki-sama, Ran-chan etc.) Dire qu'elle était payée pour s'amuser tous les jours !

Tout en serrant « Barbe à papa » contre elle, Suki-chan balaya les abords des bains. Soifon faisait les ongles de Yoruichi tandis que cette dernière lisait à haute voix la rubrique « potins » de la Gazette du Seireitei. Selon la rumeur, Hisagi Shuhei avait six orteils !

Rukia s'amusait au ballon avec Momo, Kiyone et Isane. Le capitaine Unohana se relaxait sous la cascade avec Nemu. Nanao était assise à la droite de Rangiku, Suki à sa gauche, et les trois femmes avaient comme elle les pieds dans l'eau. Rangiku brandissait son propre exemplaire du Seireitei News, parue la veille.

- Sincèrement cette photo de Renji ne lui rend pas justice, hein, Nanao-chan ? Il est plutôt bien bâti pour un jeunot. Qu'en pensez-vous les filles ?

Nanao haussa les épaules. Suki mit un doigt sur ses lèvres de manière naïf.

- Je trouve aussi. Il me rappelle, un gâteau aux carottes marbré de plusieurs étages. On ajouterait une épice de plus à chaque étage. Tiens, le safran et la carotte se marie très bien...

- Tu parles de moi là ? Demanda Rangiku, qui se sentait décidément plus safran que carotte. Renji et moi, cela n'arrivera jamais. Je veux dire, il a deux ans d'âge mental la plupart du temps. Ce qui est tout à fait normal vu qu'il est presque né hier !

- Safran et carotte ! Oh j'en ai l'eau à la bouche, Rangiku-san !

- Je trouve comme Suki que c'est un mélange qui pourrait avoir de l'avenir. Commenta Nanao.

La blonde et les deux brunes dégustèrent une mini tartelette de fruit en même temps.

- Vous vous faîtes des idées, les filles ? Il ne se passe strictement rien entre Renji et moi. Il ne se passera strictement rien. Je ne suis pas le safran qui épicerait sa carotte.

Nanao vira pivoine. Ran se mordit les lèvres. Suki fronça les sourcils.

- Dans ma tête, cette phrase avait un sens.

- Huh ? demanda Suki-chan qui n'avait pas tout compris.

- Renji et moi... Renji... Tout court. Je ne suis pas intéressé. Je veux dire je ne suis pas prête.

Nanao lança un clin d'œil dans la direction de la blonde. Suki écarquilla les yeux encore plus troublé.

- HUH ?

Rangiku décida de changer de sujet.

- Passons, sur l'échelle d'une Suki-chan à combien évaluerait-on un Shuhei-kun ? Nanao-chan dit toujours qu'il est à cinq. Nanao est trop sévère.

- Il est tellement commun.

- Je dirais cinq aussi. Non, Six... Sept. Vice-capitaine Hisagi est un très gentil garçon. Il a un très bon appétit. Ses tatouages sont rigolos aussi.

- Un Shane-Kun ?

- Sept aussi. Je dois dire que son cache-œil lui donne un air mystérieux. Il est aussi très grand. Une Suki-chan aime forcément les hommes de grandes tailles.

- Une Ran-chan aussi. Tu vois Nanao ?

- Il a les cheveux bleus. Marmonna Nanao.

- Les Momo-chan aussi. Momo crush à mort sur Shane-kun. Si, si, elle me l'a dit.

Momo, non loin, vira cramoisie.

- Capitaine, j'ai tout entendu ! Je n'ai jamais rien dit de tel. En plus, qu'est-ce que cela veut dire « crusher à mort » ? Je n'ai aucun « crush » sur personne.

Suki prit son air le plus surpris.

- Ah bon ? Mais si tu avais un crush, Momo, tu aurais envie de me le dire, n'est-ce pas ? Tu sais que tu peux tout me dire. Je ne le répéterais à personne.

Nanao tomba des nues. Rangiku pouffa de rire. C'était dans des moments comme ça qu'elle appréciait le plus le remplaçant d'Aizen.

- Capitaine ! Et puis zut ! Rien ! fulmina Momo avant de reprendre sa partie de ballon.

- Momo, ne te fâche pas ! T'es assez grande pour avoir un crush ! À ton âge, je tombais amoureuse toutes les semaines. C'est pour ça que j'ai le teint si parfait et aucune ride... Les crush forment la jeunesse.

- Je ne cesse de leur répéter ! ajouta Ran. N'est-ce pas Nanao ?

Momo toisa son capitaine, l'œil noir. Nanao fit de même avec Rangiku. La blonde ricana avant de reprendre sa lecture.

- Jūshirō Ukitake ?

- 10. S'exclama Nanao, tout en tournant la page de son livre.

- 10. Cette homme est la perfection née. Malheureusement, je ne supporterais plus d'être veuve.

- Moi non plus.

- Déjà qu'on est obligé de porter du noir...

- Exactement, le noir, ce n'est vraiment pas très sexy. En plus, cela a tendance à tasser mes jumelles ! Non, décidément il ne peut pas faire l'affaire ! Suki, on est sur la même longueur d'onde.

- Alors que penses Rangiku-san et Nanao-san de Kenpachi Zaraki ?

- 3. Commenta Nanao-san, un peu jalouse de la bonne entente entre Rangiku et Suki.

- Si j'avais envie de mourir prématurément, je dirais oui. 8. Cette force bestiale !

- Oh Rangiku-san ! Je trouve aussi que Ken-chan est un incompris. Il est charmant avec la gente féminine. Il a un tel appétit. Et puis, il a des qualités de père indéniable.

Nanao grimaça. Rangiku et Suki tournèrent la tête en même temps dans la direction de Yachiru, qui était occupé à déloger à coup de lance-pierre, les membres de la garde personnel de la famille Kuchiki caché dans les buissons et les arbres.

- Tu vas rire mais parfois quand je pense à Gin et au genre d'enfant qu'on aurait pu avoir. Je me dis que Yachiru aurait tout à fait pu faire l'affaire. Je suis dingue.

- Non, Ran-chan est veuve. C'est bien connu. Les veuves ont des pensées de dingue. Tu ne connais pas ma sœur Cleosuki. J'ai aussi des rêves étranges. Par exemple, la nuit dernière, j'ai encore rêvé de ma fontaine de chocolat et cette fois-ci elle était dans le jardin de Kuchiki-sama. Il me l'avait dérobé. Quel méchant bonhomme !

- Suki-chan fait beaucoup de rêves avec Kuchiki-Taicho.

- Il m'inspire des tas de sentiments contradictoires. Alors mon cerveau Bugue, c'est normal.

Nanao et Rangiku échangèrent un regard.

- Kuchiki-Taicho est un 10. Il est la contradiction même ! Commenta Nanao, le rose aux joues. Il va même aux réunions de vice-capitaine en l'absence de son subordonné.

- Vous n'êtes pas les seules. L'homme a des arguments pour contrebalancer sa mauvaise humeur constante. Moi, il est à 8 sur mon échelle. Sur l'échelle d'une suki-chan ?

Suki détourna les yeux, le visage tout aussi cramoisi. Rangiku éclata de rire devant sa réaction.

- Allez ! Je viens d'avouer que le capitaine Kuchiki me rendait toutes choses. C'est au tour de Suki-chan de faire un aveu embarrassant. Encouragea Rangiku.

Nanao acquiesça vivement.

- Il n'est pas laid... La plupart du temps... Répondit finalement Suki.

- Et encore...

- Il sent bon... Je... Je veux dire... par-là... Comme une forêt noire avec huit nuances différentes de chocolat. Il y a un peu d'amertume tout au sommet parce que les pépites serait du chocolat noir très pur. Mais il y aurait de la douceur en son centre avec le chocolat au lait ajouté à la couche de chocolat blanc, juste sous le croquant du chocolat noisette et le fondant de la praline. Enfin le chocolat enrobant les cerises à l'eau de vie donnerait du cœur à l'ensemble. Ce serait un délice quasiment impossible à terminer car extrêmement dur à digérer... Très calorique en plus... Kuchiki-sama...

Rangiku resta une minute pensive, essayant de se faire une idée.

- C'est exactement le portrait que je me faisais du capitaine Kuchiki ! L'échelle d'une Suki-chan est super précise.

Suki acquiesça fièrement. C'était faux que les Suki-chan étaient des êtres complaisants et des créatures inconstantes. L'échelle d'un Suki-chan était un outil puissant. Avec un aboiement, Barbe à papa bondit hors de son étreinte pour se précipiter sur l'allée qui menait à la résidence principale.

- Oh là là là ! Barbe à papa ! Reviens ! S

Suki sortit les pieds du bassin, remit ses sabots en quatrième vitesse et se précipita à la poursuite du petit épagneul à la fourrure mordoré sous le regard amusé de ses amies.

- Arrête-toi ! Barbe à papa ! Stoppe ! C'est un ordre !

Sourd à ses appels, il dévala collines et monts verdoyant, la langue pendante. Il quitta le chemin de traverse pour changer de trajectoire. Les mains occupé à essayer de maintenir son yukata fermé, Suki faisait de son mieux pour le suivre. Elle arriva à bout de souffle dans une forêt de bambou. Puis, elle le perdit de vue.

Suki poussa un soupir et tenta de reprendre son souffle. Elle fit quelques pas sur l'allée tapie de pétales de cerisier rose et blanc, attirée par les clapotis de l'eau d'une fontaine. Elle longea le bassin. Un koi argenté bondit hors de l'eau pour retomber dans un grand splash.

- Barbe à papa ! Chuchota-t-elle. Où es-tu ? Au pied !

Elle balaya le jardin du regard. Des moineaux se faisaient la chasse entre les branches des arbres. La statue d'une femme avec une mandoline trônait au-dessus de la fontaine. Suki écarquilla les yeux de surprise. Sa fontaine au chocolat ! Le méchant bonhomme avait vraiment volé la fontaine au chocolat de ses rêves ! Sauf qu'elle n'était pas en chocolat et...

Les premières notes d'une triste mélodie s'élevèrent dans l'air. Inconsciemment, Suki se laissa porter par les notes du piano. Elle avança doucement vers la maison.

Nina – City Hunter Theme

Une part d'elle savait qu'elle n'avait rien à faire là, l'autre part était trop curieuse pour résister à la tentation. Elle se déchaussa avant de monter sur la terrasse et écarta le panneau de porte doucement.

Kuchiki-sama était installé devant un grand piano à queue, Barbe à Papa sagement couché à ses pieds et ses doigts se promenaient agilement sur les touches blanches et noires. C'était un son entêtant que cette mélodie sans partition, cette mélodie solitaire. Son jeu était tellement lent au départ, il l'emmenait virevolter dans un univers doux et délicat. Suki se rapprocha lentement. Elle l'écoutait dans un silence proche du recueillement, consciente d'assister à une scène rare, un « moment parfait », comme le moment fugace où le soufflé montait dans le four, comme lorsque la génoise dorait et arrondissait ses angles, ou celui ou les nouilles soba prenaient forme entre les doigts du cuisinier. Ses gestes étaient parfait, auraient dit Ayasuki, la plus mélomane de ses sœurs. Tantôt mesuré, tantôt rageur, tantôt taquin, tantôt mesquin, ses doigts se baladaient sur les touches. Ses doigts se baladaient dans l'âme d'une Suki-chan, la transportant bien loin. Kuchiki-sama était tout à son art à cet instant, immergé dans chaque note, noyé dans chaque accord harmonique. Barbe à papa continua de remuer sous l'instrument s'amusant avec un ruban rouge. La pièce était dépouillée d'ornements, loin du faste des grands palais impériaux. Il était l'homme le plus riche de toute la Soul Society. Sa salle de musique ne possédait pourtant qu'un seul objet de valeur, un large piano noir. Suki vint s'assoir sur le banc à ses côtés. Byakuya continua de jouer sans s'arrêter. Elle avait l'idée que seul le clavier existait dans son univers. Ses doigts se promenaient avec sensualité sur les touches blanches et noires du piano. Avec une facilité déconcertante et une légèreté inouïe, il restituait de mémoire la mélodie.

Le Piano. Elle n'avait jamais eu la patience d'apprendre jusqu'au bout. Mais Keikosuki regrettait aujourd'hui. Elle se sentait tellement seul sur son bout de banc. Elle se sentait tellement éloigné de l'univers de Kuchiki-sama. Elle ne savait pas quand elle avait commencé à croire qu'ils étaient amis. Mais cette soudaine distance lui faisait mal. Pire, elle avait l'impression qu'il souffrait aussi. Sa solitude coulait dans chaque note. Elle ne pouvait l'aider.

Une larme glissa contre sa joue. Puis une autre, elle connaissait ce type de solitude. Elle leva les yeux et réalisa que la pièce était ouverte sur un jardin intérieur en cercle. Le clapotis de l'eau des ruisseaux et des bassins jouaient les métronomes. Avec un soupir, Suki posa sa tête contre son épaule. À son contact, il s'arrêta net à son grand regret.

- Vous êtes arrivé depuis longtemps ?

Suki se redressa, ses joues roses.

- Pardon, j'ai... Je ne voulais pas vous interrompre et... J'ai entendu de la musique. C'était tellement beau et je cherchais Barbe à papa... Je veux dire, je cherchais barbe à papa et j'ai entendu de la musique. Barbe à Papa s'était sauvé et... Balbutia-t-elle. Je n'aurais pas dû...

Il tourna enfin la tête vers elle. Il avait une expression qu'elle ne lui connaissait pas. Donc, elle n'aurait jamais pu dire à quoi il pensait à cet instant précis. Était-il en colère ? Il ne le montrait pas. Il se contenta de la dévisager brièvement avant de saisir sur le rebord le verre de liqueur de prune perché en équilibre. Il but une pleine gorgée avant de poser le verre à nouveau sur le rebord luisant du piano. Suki prit une profonde inspiration avant de se lever.

- Pardonnez mon impolitesse. Je ne sais pas ce qui m'a pris vraiment. Je ne veux pas interrompre Kuchiki-sama plus longtemps.

Barbe à papa grogna sourdement, chassant le papillon, près des panneaux de bois.

- Oh je vais juste récupérer Barbe à papa et... nous serons... Merci encore de nous avoir invités, Kuchiki-sama. C'était très généreux de votre part. Vous jouez de manière grandiose. Je ne vous ai pas écouté longtemps mais c'était la plus belle mélodie que je n'ai jamais entendu et... Je m'en vais.

Il la rattrapa par le poignet. Suki resta figé sur place. Byakuya rapprocha son poignet de son visage, inhalant son parfum floral et sucré.

- Je ne peux pas vous laisser partir.

Un frisson parcourut Suki.

- Kuchiki-sama...

- Vous m'avez vu.

Une lueur sombre animait les yeux gris de Byakuya. Suki écarquilla les yeux. Hein ? Kuchiki-sama tuerait Suki-chan pour la faire taire. Mais Suki-chan n'avait rien fait de mal. C'était la faute à Barbe à papa.

- Je plaisante.

Elle écarquilla les yeux encore plus grands. Il... plaisantait.

- Ichinose-taicho ?

Elle le fixa avec des yeux exorbités d'horreurs. Il était beau, riche, doué, et drôle. Forêt noire indigeste, ce Kuchiki-sama ! Byakuya fronça les sourcils avant de réaliser qu'il la retenait toujours par le poignet. Il lâcha prise. Elle recula le visage aussi pâle que si elle avait vu un fantôme.

- Que pensez-vous de nos installations ?

- Kuchiki-sama jouent de manière hors-pair.

Ses lèvres se retroussèrent légèrement dans un sourire. Suki, elle, avait toujours cet air horrifié.

- Je parlais des bassins extérieurs.

- Oh ! Cela va de soit. C'est juste, je ne savais pas que Kuchiki-sama savait jouer ou même qu'il aimait la musique.

- Je suis un piètre mélomane en vérité.

- Kuchiki-sama est modeste ?

Suki sursauta et recula. Elle fronça les sourcils. Qui était cet homme devant elle ? Pourquoi son cœur battait-il à tout rompre dans sa poitrine? Et pourquoi des papillons prenaient-ils leur envol dans son bidon dodu ?

- Contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, je ne suis que trop conscient de mes limites.

Elle ne répondit rien.

- Il est des domaines où mon savoir est limité. Vous m'avez vu derrière un volant, n'est-ce pas?

Il esquissa un sourire empreint de réserve avant de détourner les yeux.

- C'est facile d'oublier que Kuchiki-sama n'est qu'un homme.

Il la dévisagea attentivement. Suki se mordit les lèvres, en signe de contrition.

- Je veux dire... Je n'ai surtout pas dit ça pour vous offenser.

- Je ne suis pas froissé. Je ne suis vraiment qu'un homme, Suki.

Elle baissa la tête et fixa le sol. Indifférent au reste du monde, Barbe à papa s'attaquait au montant de la porte puis au tatami. Avant de partir comme une flèche, gambader dans le jardin intérieur. Suki toussota poliment avant de se pencher légèrement.

- Je suis confuse, Kuchiki-sama. Il semble que Barbe à papa adore cette maison. Je ne l'ai jamais vu si enthousiaste. À la cinquième division, je jure qu'il se contente de dormir au pied du bureau de Momo toute la journée.

- Je vous fais visiter ?

La demande était peut-être brusque pour les deux parties. Trop surprise, Suki hocha la tête poliment. Il écarta un peu plus le panneau de porte pour l'inviter à passer devant. Suki s'exécuta avant de l'attendre sur la terrasse tandis qu'il refermait derrière eux. Elle tritura les nœuds de la ceinture de son yukata nerveusement.

- En fait, si je joue si librement, c'est que cette partie de la maison m'est réservé.

- Oh !

Il désigna le jardin intérieur et les terrasses sur pilotis. Au bout d'une minute de marche, il écarta un premier panneau et l'invita à entrer. Suki passa devant lui timidement. Au premier abord, elle pensait se trouver dans l'armurerie. Disposé sur des socles, il y avait une cinquantaine de katana de toutes les tailles et de toutes les formes. L'armoirie de la famille recouvrait la cloison au trois-quarts et le reste représentait les portraits des anciens chefs du clan Kuchiki. Puis à mesure qu'on avançait dans l'immense pièce, les vitrines d'objets précieux se succédèrent renfermant des trésors d'un autre temps, un diadème de pierre précieuse... une large rivière de diamant... Un médaillon en or sertie d'émeraude... Un poignard de femme en or ornée de pierre précieuse. Suki poussa un petit piaillement d'extase devant une broche en jade et ivoire. Oh qu'est-ce qu'elle ne donnerait pas pour porter une telle broche !

- Par ici ?

Elle se retourna. Kuchiki-sama était déjà passé à une autre pièce adjacente fermé par un panneau coulissant. Il y avait des étagères sur toutes les cloisons et elles étaient pleines de livres pour la plupart. Son bureau, une pièce imposante de cerisier teinté, trônait au milieu de la pièce. Derrière lui, comme les branches inachevées d'un arbre généalogique, il y avait les photos de son grand-père, son père et sa mère. Sur un buffet, des parchemins anciens étaient empilés dans un plateau de bronze.

Suki promena son regard un peu partout, notant çà et là des détails significatifs sur le propriétaire des lieux. Elle se rapprocha du bureau et souleva le cadre photo qui renfermait le portrait d'Hisana Kuchiki.

- Elle était très belle. Rukia lui ressemble énormément.

- En fait, dans le caractère, Rukia et mon épouse ne pouvait pas être plus différente.

Suki posa l'objet à sa place.

- Pourtant, vous les aimez aussi fort l'une que l'autre. C'est amusant.

Byakuya ne répondit rien. Il ne trouvait pas cela très amusant du tout. Il savait seulement que Rukia comme sa soeur avant elle avait l'ascendant sur lui. Suki devinait dans ses yeux une fierté presque paternelle. Cela fit sourire la jeune femme. La brunette promena ses doigts sur les étagères de livres avant d'effleurer le socle d'un Katana. En le sentant pulser sous ses doigts, elle ôta la main.

- C'est... Senbonzakura.

Byakuya passa derrière elle, guida sa main jusqu'au fourreau de son zanpakutō.

- Toutes les armes que j'ai vues ont-elles servi, Kuchiki-sama ?

Il hocha la tête doucement. Que ce soit pour l'entraînement ou la guerre, il avait un passé commun avec toutes ses armes. Elle effleura Senbonzakura, frémissant sous les diverses décharges de reiatsu. Même encore dans son fourreau, le zanpakutō pulsait sous ses doigts. La garde ornée de fil de soie d'un bleu profond, tout comme son saego. Le fourreau était en bois noir verni sans grande fioriture. Senbonzakura était immaculé comme s'il n'avait jamais vu les horreurs de la guerre. Suki ferma les yeux. Elle essaya inconsciemment de le soulever de son socle, de le soupeser entre des doigts fébriles. Mais une gravité telle affectait l'objet qu'elle ne put le bouger de plus de quelques centimètres. L'odeur de Kuchiki-sama devint plus entêtante, plus enivrante même. Elle sentit Perséphone résonner de jalousie contre son cœur. D'une main, il effleura sa taille, de l'autre, il accompagna son poignet. Naturellement docile, Senbonzakura se détacha du socle. Les yeux fermés, il accompagna toujours son poignet pour l'aider à soulever le zanpakutō. Sa main sur sa taille se fit plus autoritaire, Suki laissa un frisson l'envahir. La pièce grésilla de leur deux reiatsu combiné qui cherchaient à ce moment précis à être sur la même fréquence.

Senbonzakura était si lourd entre ses doigts, lui envoyant des décharges de pression spirituelle à intervalle régulier.

- Byakuya ?

Ils s'éloignèrent l'un de l'autre immédiatement. Suki ne pouvant retenir Senbonzakura toute seule, il retomba sur le sol avec un bruit sourd. Sur le seuil de la porte, Ginrei resta figé de surprise.

- Oh ! Je ne... Je ne pensais pas que tu avais de la compagnie.

Ginrei dévisagea tour à tour Suki et Byakuya. Le visage en feu, Suki abandonna tout espoir de pouvoir remettre ce satané zanpakutō où elle l'avait trouvé, lâcha prise et recula, la main sur une joue, pour calmer son stress. Senbonzakura retomba sur le sol.

- Pardon !

Byakuya secoua la tête presque imperceptiblement.

- Je ne t'ai pas vu au déjeuner. Puis, j'ai senti une montée inhabituelle de pression spirituelle alors... Je suis venu aux nouvelles. Ichinose-dono, c'est cela. Pâtissière de renom. Aujourd'hui, capitaine de la cinquième division. Vous faites aussi partie de l'association des femmes shinigami ?

Suki hocha la tête timidement.

- C'est bien. Très bien.

- Oui, Kuchiki-sama nous a si gracieusement invités. Il a aussi offert de me faire visiter la maison et...

Byakuya resta silencieux.

- La maison vous plait-elle ?

- Bien sûr, le manoir et son domaine sont époustouflant.

- J'ai aussi entendu du bien du château Ichinose.

- Oh ! Non, je crois qu'il n'y a aucune comparaison possible avec le raffinement de ses lieux.

- Vous êtes bien modestes, Ichinose-taicho. Tu es bien silencieux, mon petit-fils. Ai-je interrompu quoi que ce soit ? Demanda le vieil homme.

- Non, répondirent les deux jeunes gens en chœur.

- J'allais partir. Je dois rejoindre les autres. Kuchiki-sama, merci pour la visite.

Elle se dirigea vers la sortie et se pencha gracieusement pour saluer Ginrei. Sur le chemin du retour, elle croisa Barbe à papa, trempé des pieds à la tête. Sans se poser de question, l'esprit encore tout chamboulé, elle prit le petit chien dans ses bras et disparut dans un shunpo. Avant qu'elle ne réalise, elle était de retour dans les quartiers de la cinquième division, de retour dans ses appartements privés, de retour dans sa chambre à coucher, de retour dans son lit à baldaquin de princesse.

- C'est un très joli petit bout de femme.

Byakuya n'acquiesça pas. Il ramassa Senbonzakura et le ramena sur son socle.

- Outre notre déjeuner raté, la dernière fois que j'avais vu cette Suki-chan-ci, elle n'était pas plus haute que trois pommes et chassaient encore ses rêves dans des terrains interdits.

Byakuya tourna la tête vers son grand-père. Les deux hommes se fixaient avec la même impartialité.

- Elle n'a pas beaucoup changé. Murmura Byakuya.

- Mais toi, tu as bien changé, n'est-ce pas ? Tu n'es plus le même garçon impulsif que dans ta jeunesse. Tu es un chef de clan estimé, lucide et responsable. Tu es l'honneur de cette famille.

Byakuya fixa le sol avant de croiser le regard de son grand-père.

- Les gens changent-ils vraiment ?

Le visage de Ginrei s'assombrit aussitôt. Byakuya ne changea pas d'expression. Il était à vrai dire habitué à lire la déception dans les yeux de son grand-père.


Ichigo Kurosaki

Lycéen de Karakura

Ex-héros de Bleach

Ex-Shinigami suppléant

Ex-Petit Ami d'Orihime Inoue

Fils d'Isshin et Masaki Kurosaki

Frère de Yuzu et Karin

Il avait exilé son cœur en territoire inconnue activement à la recherche du mec que l'élue de ce même cœur admirait.


Les oiseaux chantaient sous sa fenêtre. Son réveil s'était emballé sur des airs de hip hop. Les yeux clos, Ichigo poussa un soupir. Ensuite, il tendit le bras pour ouvrir la fenêtre juste au cas où. Ichigo attendit alors tout en comptant jusqu'à dix. Il attendit que son monde retourne à la normal. Il prit encore une profonde inspiration puis expira doucement. La pièce avait la même odeur, les murs la même couleur, et dans son placard entrouvert, il y avait toujours la couette chappy de Rukia. S'il s'entrainait un peu, peut-être qu'il pourrait la reconnaitre les yeux fermés juste à son odeur.

Remember the name – Fort Minor

Dix.

Étrange. Qu'est-ce que ce vieil enfoiré foutait ?

Il se redressa sur les coudes et balaya sa chambre d'ado d'un regard morne. Vrai, il n'était pas revenu au bercail débordant de joie et d'enthousiasme. Il avait tout simplement pris conscience qu'il était bien trop tôt pour qu'il prenne son indépendance. Il n'était pas prêt, surtout pas prêt à vivre au milieu des souvenirs de Chad. De toute manière, il lui restait un an à tirer avant de partir pour l'université.

Ses sœurs avaient accueillies son retour avec des cris et des larmes de joies (pour Yuzu). Isshin lui avait été plus réservé. Il lui avait néanmoins tapoté l'épaule en ajoutant à voix basse, qu'à partir d'aujourd'hui il devait montrer le bon exemple pour ses sœurs, donc éviter de ramener des filles à la maison. Isshin avait été Isshin et Ichigo avait été lui-même aussi quand il l'avait allongé avec un crochet du gauche. La veille, il avait terminé de ranger toutes les affaires de Chad dans le garde-meuble qu'il avait décidé de louer. Au final, il n'avait pas pu se résoudre à se débarrasser de quoi que ce soit.

Il avait gardé sa guitare avec lui. Elle trônait à côté de son bureau. Il regarda sa montre puis la fenêtre ouverte. Toujours pas d'Isshin. Ichigo rejeta les couvertures en arrière et se redressa. Il s'étira doucement, le torse nu.

Était-il en colère contre son père ? Oui et non.

Bien sûr, il était convaincu qu'avec ses pouvoirs, il aurait pu éviter cette catastrophe. Ce n'était même pas de l'hubris. Jamais il n'aurait pu regarder Chad mourir sans rien faire. C'était aussi simple que ça. Mais il savait aussi qu'Isshin avait juste voulu les protéger ses petites sœurs et lui. Néanmoins, comprendre le bien-fondé de sa décision, ne la rendait pas plus facile à digérer. Il se sentait écarté. On lui avait à nouveau enlevé sa famille, quelqu'un de cher, sous le prétexte de le protéger.

Il se baissa pour ramasser son t-shirt sur le sol. La porte s'ouvrit brusquement et Ichigo eut tout juste le temps de voir une ombre passer au-dessus de sa tête puis au travers de la fenêtre.

- Ichigo ! C'est l'heure de se lever !

En sentant la brise sur son dos, Ichigo se redressa et ferma la fenêtre. Il attrapa une serviette et se dirigea vers la salle de bain. Quand même, cela faisait du bien d'être à la maison.

Une heure plus tard, il écoutait d'un air absent le sermon de sa prof principale. Blablabla... Stop... Blablabla... Stop... Il était en train de mettre en péril son avenir avec ses absences répétées. Si elle comprenait ses circonstances, elle était obligée de le noter dans son dossier, cela risquerait de compromettre ses chances de rentrer dans une bonne université. Il avait réussi son test d'évaluation. Il s'en était même sorti avec une note plus que correcte malgré son absentéisme. Il ne devait pas tout gâcher... Blablabla Stop...

Ichigo écouta sans dire un mot et acquiesça aux moments importants. Il feignit même un intérêt quand elle lui parla du tutorat après l'école. Elle avait paru satisfaite de sa réaction quand il lui avait demandé une brochure pour y réfléchir.

Ichigo quitta la salle des professeurs et retrouva Keigo dehors.

- Qu'est-ce qu'elle a dit ?

- Rien de spécial. Elle voulait savoir si cela m'intéresserait de prendre des cours de tutorat.

- Oh du tutorat ! Une jolie première année d'université ! Une merveilleuse paire de gros nichon bien ferme ! Tu as dit oui, j'espère ?

Ichigo esquissa l'ombre d'un sourire. Il n'avait pas vraiment vu ça sous cet angle. Que se passerait-il s'il confiait à Keigo qu'il préférait les charmes plus modestes et subtils ? Il pouvait déjà imaginer le visage de son ami.

- J'ai dit que j'allais y réfléchir. J'ai d'autres choses de prévu l'après-midi.

- Tu bosses toujours à l'épicerie et à la clinique vétérinaire ?

- Non.

- Alors c'est donc que tu as prévu de passer un max de temps avec ton meilleur pote, c'est-à-dire moi ? On draguera ensemble comme dans le bon vieux temps. J'ai déjà deux goukon de prévu cette semaine.

- On n'a jamais dragué ensemble, Keigo.

- C'est parce que tu étais toujours fourré avec Chad et Inoue-san à sauver le monde et à faire d'autres trucs de dingues avec Kuchiki-san.

Ichigo ne put s'empêcher de rougir à la mention de Rukia. Dit comme ça ! Il s'empressa de grimper quatre à quatre les marches de l'escalier. Il s'engagea dans le corridor.

- J'ai vraiment d'autres trucs à faire, Keigo.

- Tu sors toujours avec Orihime ?

En parlant du loup, Orihime et Tatsuki sortirent ensemble de la salle de matériel, les bras chargés de photocopies.

- Orihime ! Salua Keigo.

Ichigo ne trouva la force que d'acquiescer dans sa direction.

- Kurosaki-kun, Asano-san... Salua-t-elle timidement avant de se diriger vers la classe.

Tatsuki toisa Ichigo du regard avant de poursuivre sa route à son tour. Ichigo déglutit avec peine. Il n'avait pas eu « la conversation ». En fait, c'était la première fois qu'ils échangeaient des mots depuis l'enterrement de Chad une semaine plus tôt. Il ne l'avait pas vu ni elle ni Uryu de toute la semaine.

- Waouh ! Tats ou le regard qui tue ! Je suppose que vous êtes toujours en froid. Commenta Keigo.

Ichigo serra le poing dans la poche de son pantalon. Cette situation, elle était de son fait. Il l'avait créé de toute pièce. Il avait voulu faire le vide autour de lui et Orihime avait payé les conséquences. Il n'allait même pas essayer de justifier son comportement en mêlant Rukia à ça. En fait, cela n'avait rien avoir avec Rukia. Au départ, il était sans doute sorti avec Orihime pour toutes les mauvaises raisons. Rukia et lui c'était une toute histoire. Et même s'il avait fait la bêtise d'agir et de profiter du moment présent avant d'avoir éclairci les choses avec Orihime, il ne pouvait rien regretter. Être avec Rukia valait largement n'importe quelles punitions ou conséquences douloureuse.

Tandis que le professeur de Math décortiquait une rangée d'équations, Ichigo jeta un coup d'œil par la fenêtre. Les pans de Chappy claquèrent dans les airs.

- Tu as tous pris ?

- Oui, toute ma collection de manga. J'ai pris des chips aussi et les biscuits aux abricots qu'on ne trouve jamais au Seireitei. J'ai aussi pris toutes tes briques de jus d'orange. Tu es sûr qu'elles ne te manqueront pas ?

Elle souleva avec difficulté, son énorme sac au dos en forme de lapin.

- Pas autant que tu me manqueras toi.

Rukia se retourna vers lui avec un sourire. Assis sur les rebords du lit encore défait, Ichigo remettait ses chaussures.

- Il faut que tu arrêtes de faire ça.

- Quoi ?

- Ça, tu dis toujours des... trucs...

- Des trucs ? Quels trucs ? Taquina Ichigo.

- Tu sais les trucs !

- Admettons que je sache, pourquoi ?

- Parce que ça me fait rougir et j'ai l'air ensuite très cruche ! Je suis un quatrième siège ! Un officier ! Un soldat ! Je ne peux pas me permettre d'avoir l'air cruche et niaise...

Ichigo émit un léger ricanement devant le soldat en face de lui. Un modèle réduit de soldat de plomb oui ! 1m44... Peut-être 1m50... de bonne volonté et de caractère teigneux. Il l'attira vers lui.

- Cela t'amuse.

- Beaucoup, officier Kuchiki.

- Quand je serais capitaine, je te botterais les fesses.

- Ce ne sera pas la première qu'un capitaine Kuchiki me bottera les fesses, ce sera néanmoins la première fois que j'aimerais ça.

Il se pencha pour se rapprocher de ses lèvres. Elle laissa tomber le sac au dos dans un bruit sourd.

- Je suis sûr que quelques part cet aveu peinerait Nii-sama.

Elle l'embrassa doucement. Il prolongea leur étreinte.

- J'espère bien. Je sais qu'il s'en remettra, c'est un grand garçon.

- Tu es un grand garçon aussi à ce que j'ai compris.

- Quatrième siège Kuchiki est en train de flirter avec moi.

- Idiot ! Pas du tout ! Je faisais référence à... Ta grande taille... de...Tu es grand et...

Il déposa un baiser dans son cou. Elle ronronna dans ses bras. Avec un soupir, elle pencha son cou de l'autre côté. Il couvrit son épaule de baiser. Rukia l'enlaça à son tour et lui rendit son baiser avec la même fougue.

- Il faut vraiment que tu arrêtes de faire ça aussi... Je vais être en retard.

Il la souleva facilement pour la renverser sur le lit.

- Une dernière fois, Rukia.

- Tu avais dit la même chose des trois dernières !

Ses mains retrouvèrent rapidement leurs chemins sous sa robe. Il souleva l'étoffe à la hâte. Malgré ses protestations, Rukia l'aidait déjà à se défaire de son t-shirt.

- Tu diras à Byakuya que c'est de ma faute, j'en prends toutes les responsabilités.

Soudain, Rukia écarquilla les yeux d'horreur.

- À quoi tu penses ?

- Rien.

Elle tressaillit sous la caresse maladroite de ses doigts. Elle s'était peut-être imaginé ce qui se passerait si Byakuya apprenait la vérité. Ichigo arrivait très bien lui à s'imaginer ce moment.

- On doit arrêter... Ichigo... Ce n'est pas bien.

Il ne l'écoutait pas. Il ne voulait pas l'écouter. C'était la seule chose qui avait à peu près un sens pour lui. Rukia et lui, il irait même jusqu'à dire que cela tombait sous le sens. Elle tremblait encore quand il fit glisser l'étoffe moite de ses sous-vêtements. Il déposa un baiser sur son nombril.

- Ichigo... murmura la jeune femme.

- Tu ne vas rien lui dire, n'est-ce pas ?

Rukia se redressa sur les coudes.

- On en a déjà discuté.

Ichigo ne répondit rien. Il continua de souffler sur son nombril et elle continua de se tordre sous lui.

- Rukia, il n'y a pas moyen de faire machine arrière.

- Je sais... Mais...

- Je n'ai pas forcément envie de le dire à tout le monde. Mais je vais le dire à Orihime. Je n'ai pas envie d'en faire un secret. Je n'ai pas honte de nous. On ne fait rien de mal.

- Je sais.

- Je veux donc qu'il le sache aussi. Je veux qu'il sache que tu es à moi pour toujours. Je sais qu'il voudra t'éloigner de moi. Mais c'est important qu'il soit prévenu que je viendrais un jour le défier à nouveau.

Elle resta bouche bée. Il déboutonna son jean avec empressement avant d'entrer en elle dans le même élan. Rukia ferma les yeux, laissant la sensation la submerger entièrement. Leur étreinte fut passionnée, brutale, et brève.

- Je n'ai pas envie que tu partes. Mais je tiendrais ma promesse. Tu tiendras la tienne ?

Plongé dans l'extasie de leur rapide union, elle n'avait pas trouvé les mots. Elle avait contemplé pensive, le plafond de l'appartement. Le visage blotti dans son cou, Ichigo reprenait lui aussi son souffle.

Plus tard, il avait accompagné Rukia jusqu'au canal. Elle avait des heures de retard et avait manqué à l'appel une journée. Il n'était donc pas étonnant qu'un comité d'accueil l'attende à son retour. Il n'avait pu voir ni le Senkaimon ni celui qui venait de passer la porte mais il savait que Byakuya avait fait le déplacement en personne pour la ramener.

- Nii-sama... avait murmuré Rukia encore dans son gigai.

Il ne pouvait voir que Rukia dans sa petite robe blanche, ses cheveux balayés par la brise. Il resta les mains dans les poches. La première fois qu'il avait eu face à lui Kuchiki Byakuya, il était comme aujourd'hui, faible... Plutôt impuissant... Il ne pouvait même pas voir ou entendre l'homme. Il ne pouvait que deviner devant l'expression de plus en plus sombre de Rukia que le capitaine de la sixième division n'était pas d'humeur chaleureuse et accueuillante. Bien que ce dernier n'ai jamais été d'une pareille humeur.

Quand bien même, Ichigo avait gardé les mains dans les poches et n'avait pas bougé d'un poil. Peut-être qu'il était à deux doigts de mourir, mais il faisait confiance à Rukia. Il avait confiance en eux. Eux deux, était la seule chose qui avait un sens à ses yeux. Finalement, elle reprit son sac et se dirigea vers le portail en silence. Juste avant que les portes ne referment, Rukia s'était retournée pour hurler de toutes ses forces.

- Ichigo, je t'aime. Je tiendrais ma promesse.

Elle avait ensuite disparu.

Ichigo ouvrit les yeux. La classe était terminée. Le lycée était pratiquement désert, à l'exception des membres de club d'activités que l'on pouvait apercevoir au détour d'un couloir.

Ils étaient là où tout avait commencé. Au milieu de la cour avec Chappy en arrière-plan. Il ne savait pas combien de temps ils étaient restés là dans un silence contemplatif. Orihime repoussa une mèche de cheveux derrière son oreille et tritura ses doigts nerveusement. Ichigo déglutit avec peine. Comment dire ? Il joignit les mains et prit une profonde inspiration.

- J'ai couché avec Rukia.

Orihime n'eut aucune réaction pendant quelques minutes. Quelques pétales de fleurs formèrent un tourbillon dans les airs. Une canette de coca roula bruyamment sur l'asphalte de la cour. Enfin, elle ouvrit la bouche.

- Ah !

Elle hocha la tête, le regard vide.

- Mais Rukia n'a pas grand choses à voir là-dedans... Bien sûr, on était deux et... Je... veux dire je ne veux pas qu'il y ait d'amalgame. Je crois que... Ahhhhhh ! Je ne sais pas comment expliquer. Orihime, je n'ai jamais voulu te faire du mal. Je crois juste que c'était une erreur de se mettre ensemble.

Elle hocha à nouveau la tête.

- Depuis que j'ai perdu mes pouvoirs, j'ai perdu pieds, perdu de vue qui j'étais et ce que je voulais dans la vie. Ce n'était pas facile. C'est toujours pas facile et... Je n'aurais pas dû te mener en bateau comme je l'ai fait. Je n'ai aucune excuse. La vérité est que j'ai toujours eu des sentiments pour toi, Orihime. Mais... parfois, ce n'est pas suffisant.

Elle le regarda dans les yeux pour la première fois. Ichigo poussa un nouveau soupir.

- Je ne suis vraiment pas doué pour m'expliquer. J'avais... J'ai toujours des sentiments pour toi. Dans le sens que tu es vraiment importante pour moi. Et même si j'ai mes propres problèmes à régler ou que je peux parfois paraître distant, je veux que tu saches que je serais toujours là pour toi. Je veux vraiment qu'on reste amis.

Elle acquiesça à nouveau avant de se lever lentement.

- Orihime... Dis quelques choses...

Les lèvres de la rouquine se crispèrent dans un sourire.

- Ok... Ichigo...

Elle ramassa son sac.

- C'est tout ce que tu as à me dire ?

Elle haussa les épaules.

- Désolé, je sais que je ne mérite pas plus après ce que j'ai fait...

- Non, ce n'est pas ça du tout. Je suis très contente pour toi. Je suis soulagé.

Ichigo haussa les sourcils. Les larmes s'amoncelèrent dans les yeux de la rouquine.

- Je sais combien Kurosaki-kun comptes pour Rukia et je suis donc très contente qu'Ichigo ait enfin trouvé quelqu'un à aimer. J'étais très inquiète après la... disparition de Chad. Et là... Je ne le suis plus... Je ne suis plus inquiète. J'avais peur qu'Ichigo... J'avais peur... qu'il ne soit plus jamais le même et... ou qu'il ne m'adresse plus jamais la parole à cause d'Ulquiorra.

- Ulquiorra ?

Elle se mordit les lèvres.

- Je voulais t'en parler. Mais je ne savais pas...

- Oui, Rukia m'a dit... Elle m'a expliqué.

- Oh ! D'accord...

- Est-ce que vous êtes... ensemble ?

- Oh non ! On n'a pas du temps ce genre de relation. Il est simplement blessé... Je lui dois beaucoup. S'il ne m'avait pas aidé...

Ichigo hocha la tête avec un peu trop d'empressement. Il serra les poings dans les poches de son jean, essayant de se rappeler qu'il n'avait pas le droit d'être en colère.

- Je sais. Coupa-t-il brusquement.

Orihime baissa la tête tristement.

- Je suis content que tu sois saine et sauve. Je crois que je n'ai jamais eu l'occasion de te le dire depuis que tu es rentré. J'étais inquiet aussi.

Tout en se mordillant les lèvres, Orihime se tourna vers lui avec un sourire. Elle lui tendit la main maladroitement.

- Amis ?

Il accepta la main tendu.

- Amis.

Rien n'était vraiment réglé. Mais les choses n'étaient plus en suspens. Ichigo regarda Orihime partir dans la direction opposé.

Il avait à nouveau tiqué quand elle avait commencé à lui parler d'Ulquiorra. Il le regrettait un peu. Après tout, il venait d'avouer avoir cédé à la tentation avec Rukia sans le moindre égard pour ses sentiments. Il s'était imaginé qu'elle serait dévasté ou en colère. Il avait imaginé que les insultes pleuvraient comme dans une série télé. Mais elle n'avait rien fait de tout cela et elle avait réagi exactement comme l'Orihime qu'il connaissait. Et en même temps, elle était très différente de l'image qu'il s'était fait d'elle. Elle n'était pas aussi naïve qu'il le pensait, pas aussi fragile. Elle s'était inquiétée pour lui. Pour lui, elle s'était fait un sang d'encre. Elle était dix fois trop bien pour lui. Orihime l'avait aimé et tout ce qu'il ne lui avait jamais importé c'était de redorer son égo. Il était sorti avec elle pour se donner l'impression d'avoir à nouveau le contrôle sur sa vie. Il aimait simplement lire l'admiration dans les yeux d'Orihime. Cela n'était pas vraiment de l'amour mais du narcissisme. Parfois, il pensait que le pouvoir l'avait corrompu. Qu'à cause de lui, il était devenu une sorte de pourriture sans nom. Il craignait que s'il n'arrivait pas à se corriger que Rukia ne ferait pas long feu à ses côtés. S'il n'arrivait pas à se corriger, il perdrait ses amis les uns après les autres, et il courrait à sa propre perte.

Ichigo prit son élan avant de s'élancer dans la direction opposé. Il traversa rues, cours privés et jardins arborés pour aller plus vite. Dix minutes plus tard, il se tenait devant un bâtiment désaffecté de la zone artisanale. Il n'avait plus qu'un seul recours. Ils étaient sa dernière chance.

Ichigo approcha de l'immeuble doucement. Un frisson parcourut sa nuque. C'était étrange comme le quartier était silencieux. Un chat noir traversa devant lui faisant une pause pour ronronner en se grattant l'oreille. Il ne pouvait sentir aucun phénomène surnaturel mais son instinct lui disait de tourner le talon.

Ichigo stoppa à quelques mètres des doubles portes en acier.

Cependant, son instinct lui avait dit la même chose la première fois qu'il était venu aussi. Il frappa deux coups et attendit. Une minute plus tard, il s'emparait de la poignée. Il tira la porte et elle s'ouvrit sans difficulté avec un grincement.

Derrière lui, un chat noir traversa à nouveau la cour, fit une pause pour se gratter l'oreille, et repartit en ronronnant. Ichigo pénétra dans le grand loft. Le peu de lumière que les verrières fournissaient ne permettait pas d'y voir grand-chose. Quelques meubles se détachaient de la pénombre.

- Il y a quelqu'un ? Hiyori ? Shinji ? Love?

Ichigo dévala les escaliers.

- C'est moi, Ichigo. J'ai besoin d'un coup de main. Si vous êtes là, les gars, enfilez vos gigai parce que je ne risque pas de vous voir sinon.

Il chercha à tâtons l'interrupteur. Quand enfin il le trouva, la lueur aveuglante des néons industriels inonda la vieille usine.

« L'elliptique de la mort » trônait encore dans un coin. Plusieurs piles de manga érotiques recouvraient la grande table de pique-nique. Il y avait aussi un plat à emporter avec une canette de coca vide. Ichigo renifla le menu. Froid, un peu gras, mais encore frais... La table grinça. Ichigo la regarda reculer de quelques centimètres. Ichigo pivota sur lui-même, balayant la pièce sur le qui-vive.

- Je tombe mal peut-être ? Si c'est une blague, elle très drôle. J'ai pas toute la journée !

Il avait à peine dit ces mots qu'une des six colonnes de soutènement métallique en acier plia sous un impact invisible. Le cœur battant, Ichigo resta figé sur place. D'où venait la menace, il ne pouvait vraiment le dire. Si seulement il pouvait rassembler assez de reiatsu pour voir ne serait-ce que les ombres se déplacer. Il recula vers la sortie.

La porte explosa sous un nouveau choc. Le métal plia dans un rugissement métallique.

- Nom de dieu, vous êtes qui ?

Les verrières explosèrent l'une après l'autre, projetant une cascade de bris de verre au-dessus de la tête d'Ichigo. Les ampoules des néons explosèrent une à une. À la hâte, Ichigo ramassa une barre de fer. Il la brandit devant lui à temps pour réceptionner un nouveau choc. Le bruit que fit la barre de fer en se pliant lui donna la nausée. Un nouveau choc puissant, il le sentit réverbérer dans tout son être. Il grimaça et réprima un cri de douleur. Il avait le poignet cassé.

- Nom de dieu, vous voulez quoi ?

Le sol trembla sous ses pieds. Il perdit du terrain, glissant sur le sol en ciment. Sectionné en deux la barre de fer vola en éclat littéralement devant lui. Ichigo glissa en arrière pour attraper un nouveau morceau de fer. Il recula. Le sol s'écroula sur lui-même, là où il était la seconde plus tôt, laissant des cratères ronds comme des empreintes. Il se prépara à lancer un crochet du gauche, le coup de poing du désespoir à son adversaire invisible, sans savoir s'il avait à faire à un vizard, un shinigami ou un arrancar. C'est alors qu'il sentit distinctement un poing frappé la base de sa nuque. Ils étaient plusieurs ou son adversaire se déplaçait très vite. Ce fut sa dernière pensée avant perdre conscience.

Ichigo rouvrit les yeux doucement. Il expira bruyamment et recracha un filet de sang. Il avait dû mal à respirer. Il grogna. Il n'avait pratiquement aucune chance contre un tel ennemi. Il se rappela sa première rencontre avec Renji et Byakuya, l'une des rencontres les plus marquantes de sa vie. Il tenta de se redresser mais son poignet cassé l'en empêcha. La joue collé au carrelage glacé, Ichigo chercha du regard comment se tirer de ce mauvais pas. Il toucha sa poitrine avec l'autre main. Il avait tant de mal à respirer. Il l'entendit alors... Une voix lointaine...

Une voix d'homme.

- Colonel ?

- Qui est ce jeune garçon ? Demanda une voix de femme grave et blasé.

- Il n'est pas dans ma base de données. Je peux envoyer son signalement au quartier général. Répondit l'homme.

- Il est humain. Mais son odeur est étrange. Il est mignon. Répondit une voix au sexe indéterminé plus fluette. Dois-je le tuer ?

- Aucun changement dans la courbe spacio-temporelle. Il est humain. Il ne nous intéresse pas. Seuls les deux autres m'intéressent : Le shinigami et le vizard. Comment avez-vous pu le laisser s'échapper ?

Ichigo écarquilla les yeux. La silhouette d'une femme se dessina devant ses yeux. Ichigo rassembla ses forces pour se mettre à genoux à la force de ses jambes. Il y avait bien un homme devant lui. Comme sur un vieil objectif flouté, sa silhouette ondula devant les yeux d'Ichigo. Le lycéen se concentra de plus belle. Peu à peu, comme les couleurs sur une aquarelle, l'encre esquissa les formes humanoïdes. Il y avait un homme... un arrancar ? Il y avait une femme au centre avec des ailes...presques invisible, des ailes qui semblaient vouloir toucher le plafond Ses ailes, ombres fugaces dessiné à l'encre de chine se déployèrent derrière elle. Son aura comme un monstre à trois têtes se diffusa autour d'elle. Ichigo réalisa ce qui était en train de lui arriver. Son corps n'arrivait pas à supporter la proximité avec cet ensemble de pression spirituelle. Il eut la nausée et recracha un filet de bile sur le sol. Il tenta le tout pour le tout et se redressa. Il leva les yeux vers le plafond.

- Je ne retrouve plus la signature de leur reiatsu. Ils doivent avoir utilisé une forme de kido. Je peux défaire le sort avec un peu de temps, nee-chan.

- Mauvaise idée. Notre temps sur ce plan d'existence sera écoulé dans dix secondes, colonel. 9... 8...7...6...5...

- Très bien. Rentrons. Nous avons ce que nous sommes venus chercher. Le reste peut tout à fait attendre.

À genoux, la tête renversé en arrière par le poids de la gravité, Ichigo tenta de reprendre son souffle. Du sang coulait ininterrompu. Son visage en était couvert. Il balaya rapidement ses alentours du regard. Il distingua une énorme tâche de sang étoilé sur l'un des murs. Il trouva la force de se relever. Les yeux fixé sur le sol, il remarqua que ce dernier était marbré de la couleur de l'hémoglobine. Il sortit chancelant par l'ouverture béante, son poignet cassé contre sa poitrine, une autre main pour se protéger des derniers rayons du soleil. Qu'était-il arrivé ici ?

Le même chat traversa à nouveau devant lui dans la cour et s'arrêta pour se gratter l'oreille. Ichigo fronça les sourcils. Le sol trembla sous ses pieds... quelques graviers roulèrent étrangement dans le sens contraire de l'inclinaison du trottoir. Ichigo tourna la tête vers l'entrée de l'usine. Là où il y avait eu un trou béant quelques minutes plus tôt, il y avait maintenant des portes d'acier et plus aucune trace de l'assaut. Les verrières étaient à nouveau parfaitement en l'état.

- Bordel, c'était quoi ça ? hurla Ichigo.

- Aucune idée. Mais à mon avis, les trois rois mages n'étaient pas là pour apporter la bonne nouvelle.

- Ouais, mais qui sont ces types exactement ? Répondit Ichigo.

Un bruit sourd. Un corps heurta le sol. Ichigo baissa les yeux avant de sursauter. Malgré sa silhouette flouté reconnut le corps au sol immédiatement.

- Hein? Shinji ? Hein ?

Devant lui se tenait la dernière personne qu'il avait imaginée rencontré. Et même si cet homme avait l'air échappé de l'enfer, les vêtements en guenille, le bras en charpie, le visage tuméfié, le teint cadavérique, il n'aurait jamais eu aucun mal à le reconnaitre tant son physique était singulier et marquant.

- Ichimaru Gin.

- Tu te rappelles de moi. Cela me fait un truc tu sais. Je crois que je suis touché.

- Hein ?

Gin fit un pas en avant. Ichigo recula. Le torse de Gin prit une couleur sanguine. Une giclée de sang s'échappa de sa poitrine.

- Non ! Je crois vraiment que je suis... touché. Merde !

Il chancela dangereusement vers le sol. Instinctivement, Ichigo passa un bras autour de sa taille pour le stabiliser. Il l'aida à s'appuyer contre un grillage avant de reculer à nouveau avec méfiance.

- J'ai vu réunion de famille plus chaleureuse, tu sais.

- Qu'est-ce tu fais là ? Tu es supposé être mort.

- Je te renvois la question. Tu es supposé avoir perdu tes pouvoirs. Alors pourquoi je te retrouve si près des embrouilles ? Et puis comment fait tu pour me voir et me parler ? Je ne ressens même pas ton reiatsu.

- J'en... sais rien.

Gin dévisagea Ichigo avec la même méfiance.

- Je suis désarmé. Prévint Ichigo.

Gin leva les mains en l'air aussi.

- J'ai vu. Une barre de fer ? Vraiment ?

- C'est ce que j'avais sous la main.

- T'es un gosse pas croyable !

- Shinso ?

- Rassure-toi ! Je ne suis pas une menace ?

Gin leva les yeux aux ciels et se laissa tomber contre un grillage. Ichigo poussa un soupir et baissa prudemment les yeux vers le corps à ses pieds. Shinji était sévèrement blessé mais il était encore en vie.

- Qu'est-il arrivé à Shinji ? Tenta Ichigo.

- Te fatigue pas ! Il est mort ou s'il ne l'est pas, il va bientôt souhaité l'être. Ils ont explosé sa copine, la chieuse, mon geôlier sous ses yeux. Je dirais qu'il va s'en payer une bonne tranche en se réveillant.

Ichigo tenta de tâter le corps de Shinji mais sa main traversa et il ne put entrer en contact qu'avec le sol en gravier. Comment ? S'il avait pu stabiliser Gin, lui parler, pourquoi ne pouvait-il pas faire la même chose de Shinji ?

- Si je devais mettre mon grain de sel, je dirais que tu n'émets pas la moindre étincelle de reiatsu. Il est donc normal que tu ne perçoives pas le surnaturel. Et moi ? Je suis mort un paquet de fois ces derniers temps. Je suis peut-être une sorte d'anomalie comme toi.

Ichigo se tourna vers lui.

- Comment tu t'es retrouvé ici ?

- Tu m'as écouté ? Je viens de dire que sa petite copine était mon geôlier.

- Geôlier ?

- Elle m'a gardé en captivité pendant des jours, des mois, que sais-je encore ?

- Tu voudrais que je verse une larme ?

- Je t'emmerde, sale gosse. En fait, je vous emmerde tous. Je peux pas crever. Je peux pas vivre avec la femme que j'aime. Je peux pas non plus faire appel à mon putain de zanpakutō ! Je me fais torturer par le mini poucet des vice-capitaines pendant des semaines. Je peux que courir me cacher quand l'impératrice des garces sortie du ventre de l'Enfer fait son apparition sur scène. Et même quand je joue les bons samaritains et sauve la peau de crétin n°2 « crétin qui m'a laissé pourrir dans une cage pendant trois semaine pour faire plaisir à sa petite amie revancharde », je reçois quoi de crétin n°1 du mépris. Je reçois quoi pour mes efforts ? Que dalle ! Alors vraiment allez tous collectivement vous faire foutre ! Et dites que vous venez de ma part ?

Ichigo fronça les sourcils.

- C'est trop bizarre ! Je peux à peine distinguer Shinji. Mais toi, je peux te voir parfaitement.

- Qu'est-ce que ça peut me foutre ? T'a pas compris qu'on passait une très mauvaise journée toi et moi. Bien sûr que tu ne perdrais pas entièrement tes pouvoirs, tu es le fils de Masaki Kurosaki !

- Qu'est-ce que ça veut dire ça ?

- Rien...

- Gin !

- Hun-hun, on ne va pas... Je refuse tu vois. On n'est pas amis. Je suis dans le camp de personne en ce moment mais une chose est sûr, on bosse jamais pour la même équipe toi et moi.

- Tu connais ma mère.

- Je ne connais pas ta mère. J'ai entendu parler d'elle comme tout le monde. Je lis parfois. Tu devrais essayer.

Le visage d'Ichigo se décomposa encore plus.

- Écoute, j'exagère quand je dis tout le monde. Je t'aurais proposé d'en parler à Aizen mais le mieux vraiment serait de t'assoir et d'avoir une franche conversation avec ton père.

- Il ne parlerait pas. Gin ! Qu'est-ce que tu sais sur mes parents ?

- Ah ! Ce n'est pas mon problème. Ne fais pas attention à moi, petit. Je suis un mort qui parle. Je ne suis personne. J'ai été banni... Exilé... Je suis persona non grata à la Soul society et... Indésirable, tu vois ? Demande à ton père... Moi, je compte passer le restant de mes jours à me cacher. Ça me laisse peu temps pour les discussions intimes avec les vieux potes.

- J'ai vu Rangiku. Elle avait l'air bien. J'ai entendu ce que t'a fait pour elle.

Gin resta silencieux, les paupières plissés.

- Je peux te trouver un endroit où loger. Si tu m'aides à retrouver mes pouvoirs et à comprendre mes origines, je t'aiderais à mon tour.

- Juste comme ça.

Ichigo hocha la tête.

- Pourquoi tu me ferais confiance ?

- Tu pouvais abandonner Shinji derrière mais tu ne l'as pas fait.

- Hum, j'avais simplement besoin d'un otage au cas où je tombais sur Urahara et sa bande.

- Dis ce que tu veux. Tu ressembles simplement à un homme qui n'a plus rien à perdre ?

- Moi, j'appelle ça un deal, Gin ! Tu ne trouveras pas de meilleures offres ailleurs !

Gin et Ichigo levèrent les yeux aux mêmes moments. Sa veste ondulant dans la brise, Urahara Kisuke était perché sur un des poteaux en métal qui soutenait le grillage. Le coucher de soleil derrière lui empêchait de distinguer clairement ses traits. Son visage se fendit de son sourire le plus mystérieux et déroutant.

- Et peut-être que vous aurez tous les deux l'obligeance de m'expliquer ce qui s'est passé ici ?

Gin et Ichigo échangèrent de longs regards appuyés sans rien dire. Le soleil continua sa course derrière les immeubles et le ciel vira un triste mauve.

Last Exile

-Fin-


J'ai volontairement laissé les personnages à des carrefours et j'attends avec impatience vos commentaires, positifs ou négatifs. Vous pouvez me posez toutes les questions que vous voulez, j'y répondrais dans un prochain post.