Titre : Le Pacte

Rating : T

Genres : Fantasy/Mystery

Résumé : "Ça avait commencé juste après les BUSE, en fait." ... "Cela signifie que le Pacte a été brisé – ou est sur le point de l'être." ... "Des Gardiens sont arrivés à Poudlard…" 6ème année alternative.

Disclaimer : Pour le moment, tout à J. K. Rowling. Les Gardiens sont à moi, de même que les Daymos, les Pantigras, Thalie, Preston...

Note de l'auteur : Je remercie Dauphin Noire pour la Bêta-Lecture. De plus, cette fic est dédiée à Lady Ange Shadow.

Date de publication : 29 décembre 2011.

Petit mot de l'auteur : Joyeux Noël à tout le monde ! J'espère que tout s'est bien passé pour vous depuis la dernière fois, une bonne reprise des cours/du travail, de bonnes fêtes de Noël…
J'ai honte, mais j'ai honte… Je crois que c'est la première fois que je mets autant de temps à écrire (et poster) un nouveau chapitre ! Mea culpa ! Bon, pour ma défense, la reprise des cours a été très intense et ma vie personnelle a été plutôt agitée depuis la fin de l'été. Note importante : pour suivre l'avancée de la fic et lire les réponses aux reviews anonymes (adenoide) ou pour les personnes n'autorisant pas les MP (rhjlupin), c'est sur mon live journal : http : / / lady-shaw-cassy . livejournal . com (ou lien sur mon profil). Je vous encourage vivement à y passer de temps à autres (notamment quand je suis trop longue à poster) il y a des informations sur la progression d'écriture des chapitres ! Voilà, j'espère qu'il y a encore des gens intéressés par cette histoire en tout cas… Merci pour vos reviews en tout cas, ça motive à écrire !

Récapitulatif des personnages inventés :

-Mary : Prêtresse du Feu, a Harry Potter et Severus Rogue sous sa protection, est aidée par Thalie.
-Victoria : Prêtresse de l'Air, a Justin Finch-Fletchley, Luna Lovegood et Pansy Parkinson sous sa protection, est aidée par Preston.
-William : Prêtre de l'Eau, a Hannah Abbot, Hermione Granger et Blaise Zabini sous sa protection, est aidé par Regulus.
-Andrew : Prêtre de la Terre, a Neville Londubat et Padma Patil sous sa protection, est aidé par Gellert.
-Ilidan est le Daymos qui protège Thalie, Daïana est la Daymos qui protège Preston et Naël est le Protecteur de Regulus.
-Tolos est un des Daymos qui protègent les Gardiens, c'est lui qui a mis sur pieds le camp d'entrainement.

Dans les chapitres précédents : La situation commence à devenir tendue à Poudlard entre les élèves s'entraînant au camp d'entraînement et Thalie & Preston. Celle-ci s'est faite agressée par Ginny et Harper, ce qui rend les Gardiens et les Daymos furieux, tout en plaçant Dumbledore et Scrimgeour dans une mauvaise situation. Du côté des Mangemorts, ils tiennent Percy prisonnier. Rodolphus Lestrange est quant à lui en contact avec un mystérieux Daymos se faisant appeler Lame et souhaitant rencontrer Lord Voldemort…

Bonne lecture.


Chapitre 9

Ron tira sur le col de sa robe en grimaçant légèrement, desserrant discrètement sa cravate. Les membres du Magenmagot venaient de créer un immense dôme d'où aucun son ne pouvait entre ou sortir afin de délibérer – rapidement, sans aucun doute – sur le sort de sa sœur et de Connor Harper, l'attrapeur de Serpentard, qui avaient agressé la novice Thalie. La salle où le procès avait lieu était quasiment déserte : seuls étaient présents le Magenmagot au grand complet, les deux accusés, Pénélope Deauclaire, les parents d'Harper, ses parents à lui et lui-même, bien évidemment. Il n'était autorisé à être là uniquement parce qu'il était préfet : le Magenmagot tenait à ce qu'il raconte le procès dans les moindres détails, probablement pour dissuader ses camarades de réitérer l'expérience.

-Ma pauvre petite fille, sanglotait Molly dans son mouchoir, tandis que son époux lui tapotait maladroitement le dos.

Ron lui jeta à peine un regard, concentré sur sa sœur. Ginny était devenue très pâle quand McGonagall était venue la chercher dans la salle commune, trois jours plus tôt, mais n'avait pas protestée. Encore heureux, songea-t-il méchamment en fronçant les sourcils. Après tout, c'était entièrement de sa faute si elle se retrouvait là ! Non mais franchement, qu'est-ce qui lui avait pris d'attaquer une novice ? Et sans défense en plus ! À croire qu'elle avait été victime d'un sortilège de Confusion…

-Et quand je pense qu'elle s'est acoquinée avec ce Serpentard ! gémit Molly un ton plus haut, faisant tressaillir Harper sur son siège.

Ron maudit silencieusement sa mère avant d'offrir un air désolé à monsieur et madame Harper, assis un peu plus loin sur les bancs où les familles des accusés avaient pris place, lorsqu'ils se tournèrent vers eux, un air outré sur le visage.

-Voyons, Molly, ce ne sont encore que des enfants, la sentence ne sera pas trop dure, déclara Arthur d'une voix douce en lui serrant le genou.

Ron leva les yeux au ciel en entendant son père. Sérieusement, qui croyait-il convaincre ? Deux élèves de Poudlard avaient attaqué une novice sans défense – par derrière en plus ! – et le couloir menant à la bibliothèque était pratiquement inaccessible maintenant ! Avec les examens qui arrivaient dans un peu plus de trois mois, c'était un véritable désastre… Sentant qu'il n'allait plus pouvoir se contrôler longtemps s'il restait à entendre les lamentations de sa mère au sujet de sa fille chérie, il se leva brusquement, attirant l'attention de l'un d'un des deux Aurors qui montaient la garde devant la porte. Il ne desserra pas les lèvres de son trajet, pour finalement venir s'asseoir à côté de l'ancienne Serdaigle sans même demander la permission.

-Qu'est-ce que tu veux, Weasley ? lança Pénélope d'un ton sec sans se tourner vers lui.

-Qu'est-ce que tu fais là ? s'enquit-il calmement, à peine désarçonné par sa froideur.

Il se tendit légèrement lorsqu'elle leva les yeux vers lui. Tout dans sa posture respirait la méfiance – et à raison probablement, puisqu'elle était toujours en couple avec Percy, depuis tout ce temps…

-Je travaille au département de la coopération magique internationale, expliqua-t-elle du bout des lèvres en retournant à ses notes.

-Ça ne m'explique pas vraiment pourquoi tu es là, marmonna Ron en observant les membres du Magenmagot, dont certains arboraient une teinte violacée des plus étranges sous l'effet des débats plus qu'animés.

Pénélope se redressa, jeta un rapide coup d'œil aux accusés puis aux Aurors avant de se pencher vers le Gryffondor, une lueur agacée dans le regard.

-Ils ont agressé une moldue ! siffla-t-elle d'un ton venimeux. Et pas n'importe laquelle en plus… Et laisse-moi te dire que ça s'est vite su dans les autres communautés où les Gardiens sont présents, ajouta-t-elle avec fureur en tirant une épaisse liasse de parchemins de la mallette en cuir posée à sa gauche. Le Premier ministre australien est furieux, et je ne te parle même pas des communautés sorcières du Moyen-Orient… Ah ça, on peut dire que ta sœur et son camarade ont fait fort !

Ron grimaça devant les explications de l'ancienne préfète-en-chef. Il savait que la bêtise de Ginny allait avoir de sacrées conséquences, mais il ne pensait pas que ça irait aussi loin…

-Et là, pour le procès, tu penses qu'ils vont être condamnés sévèrement ou non ?

-Je ne sais pas, marmonna la jeune femme en replaçant correctement les mèches qui s'étaient échappées de son chignon. Ils font tous les deux partie de vieilles familles de Sang-Pur, mais en même temps, ils sont toujours mineurs…

Elle tapota distraitement ses parchemins, la colère toujours lisible sur ses traits.

-C'était vraiment stupide comme attaque de tout façon, souffla-t-elle un ton plus bas après avoir jeté un regard en coin aux membres du Magenmagot qui semblaient être arrivés à un accord, au terme de négociations pour le moins agitées. Vouloir « punir une novice »… Cette simple idée est une hérésie ! Qu'importe qu'ils aient été blessés, ils ont la chance d'être entrainés par un Protecteur…

Elle secoua la tête puis se tourna finalement vers le Gryffondor qui hochait la tête devant ses paroles, entièrement d'accord avec elle. Les explications de Ginny et d'Harper avaient été fumeuses, c'était le moins qu'on puisse dire ! Bon sang, si seulement Ginny n'était pas aussi jalouse… Croyait-elle vraiment qu'elle allait se rapprocher d'Harry en agressant la novice qui s'entraînait avec lui ?

-Tu ne vas pas retrouver tes parents ? s'étonna finalement Penelope en voyant qu'il ne bougeait pas, alors que les membres du Magenmagot semblaient se réinstaller confortablement.

-En fait, commença Ron avec hésitation, j'avais une question à te poser…

La jeune femme haussa les sourcils en le voyant bafouiller mais ne dit rien, l'encourageant d'un geste de la tête.

-Est-ce que tu as des nouvelles de Percy ? demanda-t-il à toute vitesse en bafouillant légèrement.

Penelope ouvrit la bouche pour répondre, sa froideur première revenue, quand Scrimgeour se leva de son siège. Elle se tut immédiatement et se tourna vers son patron, laissant la question de Ron sans réponse.

-Connor Harper, commença le Ministre d'un ton sec, son regard féroce fixé sur les deux élèves assis devant lui, Ginevra Weasley, après délibérations de la haute cour de justice magique, vous êtes condamnés à deux milles Gallions d'amende et une peine de prison de trois mois fermes à Azkaban, effective dès que vous aurez atteints votre majorité, pour agression préméditée sur une moldue, novice des Gardiens. La séance est levée, conclut-il en tapant d'un coup sec sur son bureau.

Blêmes, les deux élèves ne bougèrent pas de leur siège jusqu'à ce que leurs parents se précipitent vers eux. Ron grimaça en observant sa mère serrer Ginny dans ses bras à l'en étouffer, se demandant comment ils allaient bien pouvoir faire pour payer l'amende…

-Sacrée somme, marmonna Penelope en rassemblant ses parchemins d'un geste de la baguette. Bonne semaine, Weasley, le saluait-elle finalement en se dirigeant d'un pas rapide vers la sortie, suivant les pas d'un petit homme replet, qui avait remplacé Croupton à la tête du département de la coopération magique internationale, d'après ce que son père lui avait dit.

Ils retrouvèrent McGonagall qui attendait patiemment dans le couloir. Son air sévère se craquela légèrement en voyant la mine consternée de ses élèves et de leurs parents. Ron n'écouta que d'une oreille tandis que monsieur Harper résumait le procès à la directrice-adjointe, s'inquiétant plutôt de ce qui les attendait à Poudlard. S'il ne s'agissait que du jugement de la justice magique, comment donc les Gardiens punissaient-ils ceux qui leur manquaient de respect ? Plût à Merlin que ça ne soit pas trop douloureux…

ooOoo

Au même moment, à Poudlard, Peeves suivait avec curiosité deux Daymos qui s'étaient aventurés dans les souterrains du château. Il avait pris soin de se rendre invisible, peu désireux de se faire envoyer promener par les deux créatures, pour pouvoir les suivre – espionner, aurait dit le Moine Gras de Poufsouffle – en paix. Il était plutôt surpris de voir que les deux Protecteurs ne semblaient pas très proches l'un de l'autre. À vrai dire, ils étaient même d'une froideur professionnelle… Pourtant, ils se connaissaient forcément depuis longtemps, tous deux protégeant deux des Gardiens ! Il y avait Tolos – celui qui avait monté le camp d'entraînement, bien sûr – qui était chargé de protégé la Prêtresse de l'Air et la Protectrice du Prêtre de la Terre, une dénommée Donia. Tous deux avaient la même posture régalienne, toute en raideur maîtrisée. Une bourrasque d'air glacé le faisant bouger de sa place, Peeves se décida à se rapprocher des Daymos. S'il restait suffisamment éloigné, il ne risquait rien, n'est-ce pas ?

-La Pierre ne doit plus être très loin, déclara Donia d'un ton calme en passant une main gantée le long des pierres froides.

-De l'autre côté du mur, confirma Tolos en hochant la tête d'un air songeur, touchant lui aussi les pierres avec prudence.

Pour ces êtres habituées à vivre en plein air, il était quelque peu angoissant d'être dans ce couloir humide, éclairé par les deux torches que les Daymos portaient, sous plusieurs tonnes de pierres. Des nains auraient été ravis d'être ici, bien sûr, mais eux… Et bien, plus vite ils auraient trouvés l'endroit exact où la Pierre de Norgr'ad qu'ils cherchaient était dissimulée et mieux cela vaudrait.

-Peut-être qu'on pourrait percer un passage par ici, réfléchit Donia d'un ton lent en soulevant sa torche un peu plus haut, sa main droite toquant avec précaution contre les pierres.

-On ne sait pas quelle épaisseur il y a derrière ça, objecta Tolos en imitant les gestes de sa collègue.

Les flammes de sa torche donnaient une drôle de teinte à ses cheveux châtains, comme si du sang séché y était incrusté. Donia renifla en entendant la réflexion de son camarade, tandis que son arc frottait contre sa cape alors qu'elle se tournait vers lui.

-Je te rappelle qu'Andrew a une affinité certaine avec la Terre, lança-t-elle d'un ton sec, le mépris clairement lisible dans ses yeux violets. Si tu penses qu'il est incapable de se charger de ça…

-Je pense qu'il sera d'accord avec moi sur le fait qu'il faut creuser avec prudence, rétorqua sèchement Tolos, ses yeux rouges brillant de colère. Tu ne voudrais pas faire s'effondrer l'école et tuer les élèves, n'est-ce pas ?

Les sourcils de Donia se haussèrent rapidement, tandis qu'une surprise – feinte – se peignait sur son visage.

-Je t'ai connu bien moins soucieux du futur des humains, Tolos, déclara-t-elle d'un ton dégoulinant de sarcasme. À une époque, tu clamais haut et fort qu'il fallait les laisser se débrouiller avec leurs problèmes, et tant pis pour eux si le peuple de Norgr'ad revient dans cette dimension !

-J'ai changé d'opinion depuis plusieurs années et tu le sais très bien, rétorqua Tolos d'un ton glacial, les plumes de ses ailes frémissant tandis que la tension augmentait dans le couloir désert.

-Un Renégat ne change jamais d'opinion, gronda Donia d'un ton menaçant, tandis qu'une mèche brune s'échappait de sa coiffure. Et surtout pas quelqu'un de ta famille…

Effaré, Peeves eut à peine le temps de cligner des yeux que Tolos venait de se jeter sur la Protectrice, la plaquant sauvagement contre le mur, ses crocs sortis. Leurs torches roulèrent au sol puis furent arrêtées par le mur opposé, totalement ignorées par les Daymos.

-Ne parle pas de ce que tu ignores, lui conseilla-t-il d'un ton menaçant, un feulement sourd ponctuant ses paroles.

-Oh, mais je sais parfaitement bien de quoi je parle ! cracha Donia en lui donnant un violent coup de pied, le forçant à la lâcher.

Ils s'éloignèrent de quelques pas sans se quitter du regard. Les yeux rouges de Tolos s'étaient assombris sous l'effet de la colère, tandis que les plumes des ailes de la Protectrice se gonflaient en un réflexe inconscient d'intimidation.

-Peut-être que tu as su manipuler suffisamment de personnes pour leur faire croire à ta rédemption, mais ne songe pas que tu m'auras aussi facilement ! feula-t-elle en se recourbant sur elle-même, prête à attaquer.

-Je sais parfaitement bien que tu es la plus butée de notre clan, pas d'inquiétude là-dessus ! gronda Tolos en imitant sa posture.

Ils étaient sur le point de s'attaquer à nouveau lorsque les Gardiens dont ils avaient la charge, usant le lien psychique qui unissait un Protecteur à son Protégé, leur transmirent un vif sentiment d'inquiétude, mêlée à de la confusion. Ils inspirèrent profondément, en un bel ensemble, reprirent leur posture habituelle, puis allèrent récupérer leurs torches avant de se diriger vers les appartements des Gardiens, un masque d'impassibilité plaqué sur leurs traits.

-Ne pense pas que tu vas t'en tirer comme ça, Renégat, souffla Donia à son collègue tandis qu'ils revenaient dans la partie la plus fréquentée de l'école, abandonnant leurs torches éteintes à côté d'un placard poussiéreux.

Tolos ne put que pincer les lèvres en réponse, tandis qu'ils croisaient de jeunes élèves qui levaient des yeux impressionnés vers eux. Peeves les abandonna là, une sourde inquiétude lui faisant oublier de bombarder les élèves avec les morceaux de craies qu'il avait dans les poches. Il avait toujours cru que tous les Daymos avaient à cœur la protection des humains, mais visiblement, il avait été induit en erreur, comme beaucoup d'autres sorciers…

ooOoo

Ron se dandina d'un pied à l'autre, fixant la porte devant laquelle il se tenait d'un air anxieux. Il entendait derrière lui des chuchotements d'encouragements, sentait le poids des regards des dix sorciers choisis par les Gardiens, confortablement installés dans le salon privé qui jouxtait les appartements des Gardiens et de leurs suppléants, mais il n'arrivait pas à lever le bras pour frapper à la porte de la chambre de Thalie. Prenant finalement son courage à deux mains, il inspira un grand coup et toqua fermement contre le panneau de bois. Il attendit quelques instants, puis allait recommencer lorsque la porte s'ouvrit. Ron leva les yeux pour se retrouver face à la Prêtresse du Feu, qui le fixait d'un air sévère.

-Que faites-vous ici, apprenti Weasley ? s'enquit-elle en avançant d'un pas, refermant la porte derrière, ce qui poussa le Gryffondor à reculer.

-Je… Hum…, commença Ron avant de s'éclaircir la gorge. Prêtresse, je viens présenter des excuses à Thalie au nom de famille pour ce que lui a fait Ginny, expliqua-t-il d'une voix qui ne tremblait presque pas.

Ronald n'était pas quelqu'un de peureux, loin de là ! Il avait fait face à un chien à trois têtes à deux reprises, à un Filet du Diable et un Echiquier géant, il était allé dans la Forêt Interdite à plusieurs reprises, notamment jusqu'au milieu d'une colonie d'Acromentulas alors qu'il était un arachnophobe pur et dur, il s'était retrouvé face à un loup-garou, à des Mangemorts… Non, vraiment, Ron n'était pas quelqu'un de peureux. Mais alors qu'il se retrouvait face à l'intense regard violet de la Prêtresse du Feu, il sentit ses jambes se transformer en gelée, l'empêchant de reculer vers la sécurité que représentaient ses camarades.

-J'apprécie votre démarche, apprenti Weasley, déclara la Gardienne tandis qu'un léger sourire éclairait ses traits. Mais les seules excuses que nous désirons sont celles de votre sœur et de son camarade. De surcroît, Thalie ne souhaite être dérangée pour le moment.

Dans son dos, Ron entendit Harry souffler à ses camarades que « tu parles, ça fait trois jours qu'elle n'a pas mis les pieds hors de sa chambre ! » mais ne broncha pas. Il salua la Prêtresse, l'observant se diriger d'un pas rapide vers les autres Gardiens, confortablement installés autour d'une table ronde proche des portes menant à leurs appartements, puis se dirigea vers les autres élèves, se laissant lourdement tomber au sol à côté d'Hermione, le soulagement clairement lisible sur ses traits.

-Bon sang, elle fiche la trouille ! lança-t-il à mi-voix en se tournant vers ses condisciples.

-À qui le dis-tu, répondit Harry avec un petit reniflement, tandis que Neville lui tapotait l'épaule d'un air compatissant.

-Alors, c'était comment ? Le procès ? s'enquit Justin d'un ton avide en se penchant vers lui, se souciant peu de l'équilibre précaire de sa nouvelle position.

Toute l'attention des résidents de Poudlard se fixa sur le préfet. Attablés un peu plus loin, Rogue, Regulus et Gellert se tournèrent également vers le jeune sorcier, l'intérêt visible sur le visage des Serviteurs des Eléments.

-Deux milles Gallions d'amende et une peine de trois mois fermes à Azkaban lorsqu'ils seront majeurs, répondit Ron en grimaçant.

-Deux milles Gallions ? Mais c'est énorme ! s'exclama Padma en écarquillant les yeux, tandis que Blaise renchérissait :

-Trois mois fermes à Azkaban ? Merlin, ils ont de la chance que les Détraqueurs n'y soient plus !

-Ils ont le droit de les envoyer à Azkaban ? s'étonna Hermione, prenant de vitesse Justin qui, à sa moue dépitée, souhaitait poser la même question.

-Comme ils seront majeurs, ils peuvent le faire, oui, confirma Pansy en grimaçant. D'ailleurs, c'est interdit d'envoyer des sorciers mineurs à Azkaban, précisa-t-elle après quelques instants de réflexion.

-Encore heureux, grommela Hannah en plissant le nez d'un air dégoûté. Franchement, qui irait envoyer des enfants dans un lieu où il y a des Détraqueurs tout le temps ?

-Les Détraqueurs sont partis, pointa Neville avec une grimace. Donc les conditions de détention se sont améliorées là-bas…

-Oui, enfin, ça ne doit toujours pas être une promenade de santé d'y passer du temps, objecta Blaise en récupérant le manuel qu'il avait délaissé.

Son geste sembla donner le signal de la retraite. Les élèves abandonnèrent rapidement leurs condisciples de Gryffondor, déclarant avoir des cours à rattraper – tout le monde n'était pas un rat de bibliothèque ou un petit génie de la Défense contre les Forces du Mal ! Les quatre Gryffondor se retrouvèrent rapidement seuls, assis par terre, tous proches de la cheminée. Hermione ouvrit la bouche, se penchant vers Ron d'un air avide pour lui poser une nouvelle question, quand la porte d'entrée de la salle s'ouvrit bruyamment, laissant passer deux Daymos à l'air fermé. Le bruit des conversations diminua, tandis que les élèves de Poudlard les voyaient s'avancer vers les Gardiens avec curiosité.

-Ils ont vraiment l'air d'être de mauvaise humeur, souffla Ron à mi-voix, une grimace sur le visage.

-Ils sont comme ça depuis l'agression de Thalie, expliqua Neville sans les quitter du regard.

-Surtout elle, précisa Hermione en indiquant la Daymos d'un geste du menton.

Ignorant totalement les regards curieux posés sur eux, Donia et Tolos faisaient leur rapport aux Gardiens, expliquant que la présence du Prêtre de la Terre serait indispensable pour parvenir jusqu'à la Pierre de Norgr'ad dissimulée dans les fondations du château. Pour une oreille attentive et habituée, le soulagement était perceptible dans leur voix : ils étaient ravis de quitter prochainement le château, désireux comme ils l'étaient d'achever cette mission et de retrouver les vastes espaces boisés qu'ils avaient l'habitude de fréquenter.

-En parlant de Thalie, vous avez de ses nouvelles ? s'enquit Ron en se tournant vers ses camarades.

-On ne l'a pas vue depuis son agression, répondit Harry sans oser croiser le regard de son meilleur ami. Pour être précis, aucun de nous n'a été autorisé à la voir…

-Preston a passé les trois derniers jours avec elle, ajouta Neville en haussant les épaules d'un air blasé. On l'a vu passer en coup de vent, mais il ne s'est jamais arrêté pour nous parler…

Il venait à peine de finir sa phrase lorsque la porte menant à la chambre de Thalie s'ouvrit en grinçant. Tous les occupants de la pièce se tournèrent vers la source du bruit, les adultes retournant promptement à leurs occupations en voyant qu'il ne s'agissait que de Preston. Ron ouvrit de grands yeux en apercevant la tenue qu'il portait. Ayant abandonné la tunique habituelle des novices, il s'était vêtu, probablement à la va-vite, d'un jean défraichi dont le bas, déchiré, traînait au sol et d'un pull noir arborant de curieux emblèmes.

-C'est en l'honneur d'un groupe de musique moldu, indiqua Hermione de son habituel ton pompeux en voyant l'air ébahi de son ami.

-Ah, se contenta de répondre Ron en observant Preston se diriger vers les Serviteurs des Eléments, un air impatient sur le visage.

Il n'eut que quelques mots à prononcer pour que Regulus se lève, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Ils se dirigèrent d'un pas rapide vers la chambre de Thalie, laissant les conversations revenir à un niveau normal dans leur dos. Regulus sortit de la pièce peu de temps après y être entré, un air amusé sur le visage. Ron se tourna d'un air perplexe vers ses camarades, qui haussèrent les épaules dans un bel ensemble.

-D'après Zabini, ce n'est pas la première fois que ça arrive, déclara finalement Hermione en ouvrant son manuel de Métamorphose.

Ron allait répondre lorsque le bruit d'un hibou s'écrasant contre une vitre se fit entendre. Le Daymos le plus proche de la fenêtre concernée se précipita pour l'ouvrir, récupéra tendrement l'oiseau puis le caressa pendant quelques instants, en marmonnant des paroles incompréhensibles. Une fois que le hibou fut réveillé, il hulula joyeusement pour remercier son sauveur avant de gonfler ses plumes et de s'envoler, atterrissant quelques secondes plus tard à côté du préfet de Gryffondor, qui récupéra sa lettre avec des doigts tremblants, craignant de blesser le hibou. Il l'ouvrit et la lut rapidement, ses yeux s'agrandissant d'une manière comique au fur et à mesure de sa lecture.

-Wahou… C'est… Wow ! s'exclama-t-il finalement, relevant les yeux vers ses amis, ses taches de rousseur contrastant furieusement sur sa peau livide.

-Qu'est-ce qui se passe ? s'enquit Hermione d'un ton curieux, tandis qu'Harry et Neville dévisageaient leur camarade de dortoir d'un air surpris.

-C'est Dubois… Enfin, Percy…

Perplexes, Harry et Hermione échangèrent un long regard – le premier depuis la rentrée… - tandis que Neville haussait les sourcils, l'étonnement clairement lisible sur son visage.

-Dubois m'a envoyé cette lettre pour me dire que Percy était aux mains des Mangemorts, déclara finalement Ron après avoir ordonné ses pensées.

-Quoi ? s'exclamèrent les Gryffondor dans un bel élève, s'attirant un « chut ! » impérieux de la part des leurs camarades assis un peu plus loin.

-Il trouvait sa disparition louche, expliqua Ron en grimaçant, les yeux fixés sur le morceau de parchemin. Donc il est allé se renseigner du côté de ses anciens camarades de classe, comme Flint, ajouta-t-il d'un ton dégouté, et d'après les bruits qui courent dans ces cercles-là, Perce aurait été enlevé par des Mangemorts…

-Oh, Ron, souffla Hermione d'un air navré en lui prenant la main, une lueur compatissante au fond des yeux.

-C'est horrible ! s'exclama Neville en prenant garde de contrôler le ton de sa voix.

-Et je doute que le Ministère fasse quoi que ce soit pour le sortir de là, soupira Ron, ce n'est pas quelqu'un de très important pour eux…

Ni pour l'Ordre du Phénix, ajouta silencieusement Harry en reconnaissant le sous-entendu. Il sentit ses épaules s'affaisser sous le poids de cette nouvelle : à nouveau, une personne qu'il connaissait était prisonnière de Voldemort, sans espoir d'y survivre…

-Au moins, on sait où il est, ce n'est pas comme s'il avait quitté le pays, continuait Ron d'un ton soulagé. Enfin, en partant du principe que le repaire de Vous-Savez-Qui est ici, bien sûr, ajouta-t-il en grimaçant.

Neville ouvrit la bouche pour répondre lorsque la voix de la Prêtresse de l'Air retentit.

-Novices, il est temps pour vous de regagner vos appartements, déclara-t-elle d'une voix claire. Gellert et Regulus vous accompagnerons, ajouta-t-elle d'un ton qui ne supportait aucune réplique.

Docilement, les élèves se mirent à ranger leurs affaires en discutant joyeusement, sous le regard acéré des Daymos. Ron suivit le mouvement, écoutant avec attention les explications de Neville au sujet de cette nouvelle façon de faire – « pour éviter qu'il nous arrive la même chose qu'à Thalie » d'après ce qui se disait. De tout le groupe de novices, accompagnés par les Serviteurs des Eléments et par deux Daymos, Harry fermait la marche, perdu dans ses pensées. Avisant Regulus qui marchait d'un pas calme non loin, il se décida finalement d'aller lui parler. Il avança de quelques pas, tapa sur l'épaule de Neville et lui glissa à l'oreille qu'il le rejoindrait dans la salle commune, puis se tourna vers Regulus.

-Est-ce que je peux vous poser une question ? s'enquit-il à voix basse en lui jetant un regard en coin.

-Bien sûr Harry, lui répondit l'ancien Mangemort avec un léger sourire, agréablement surpris que le Survivant lui adresse la parole – qui, contrairement à ce que racontait Severus, n'avait rien d'arrogant !

Harry observa autour de lui puis ralentit le pas, laissant volontairement le reste du groupe les distancer. La Daymos qui les accompagnait leur jeta un coup d'œil soupçonneux, le violet de ses yeux étincelant étrangement, mais ne quitta pas le reste du groupe. Rapidement, les deux sorciers se retrouvèrent suffisamment loin des autres pour pouvoir parler sans être entendus.

-Vous étiez à Poudlard, n'est-ce pas ? commença maladroitement Harry sans oser croiser le regard de son interlocuteur.

Ah, il était beau le Gryffondor ! A croire que son courage était resté avec Neville, Ron et Hermione…

-En effet, répondit prudemment Regulus.

-Avec mes parents ?

Regulus retint de justesse la grimace qui lui vint aux lèvres en entendant la question posée d'une voix pleine d'innocence douloureuse. Merlin, quelqu'un avait-il un jour raconté à ce gamin comment ses parents étaient ?

-Ils avaient un an de plus moi, répondit calmement Regulus. De surcroît, nous n'étions pas dans la même Maison.

-Vous étiez à Serpentard, avec Ro… Le professeur Rogue, se rattrapa Harry en se tournant à demi vers le Sang-Pur.

-Effectivement… Pourquoi ces questions ?

Harry grimaça, avant de prendre son courage à deux mains et d'entrer dans le vif du sujet.

-Je vous ai entendu parler avec le professeur Rogue, dans un couloir, il y a quelques temps, commença-t-il avec hésitation. Et de ce que j'ai entendu, il semblerait que ma mère le fréquentait…

Zut. Bien sûr, Severus lui avait raconté que le gamin était venu le confronter à ce sujet – et qu'il avait été envoyé sur les roses – mais il ne s'attendait pas à être interrogé sur les relations entretenues entre le Serpentard et la Gryffondor…

-C'est exact, répondit finalement Regulus d'un ton neutre.

Il fronça le nez en voyant les épaules du jeune homme s'affaisser en entendant ses paroles. Il n'y avait rien de mal à avoir des amis à Serpentard enfin !

-Personne ne me l'avait jamais dit, marmonna Harry à voix basse, les yeux fixés sur le sol. On me raconte toujours ce que faisait mon père, qui était ses amis, mais personne ne m'a jamais parlé de ma mère… Et maintenant, j'apprends qu'elle fréquentait Rogue… Enfin, le professeur Rogue, se rattrapa-t-il promptement en jetant un regard en coin au sorcier.

Regulus soupira, maudissant intérieurement Severus de ne pas avoir eu le courage d'avouer la vérité au fils de son ancienne meilleure amie – il n'était pas le seul à la pleurer, Merlin !

-Votre mère, commença-t-il lentement, et Severus se connaissaient depuis l'enfance. Il me semble qu'ils étaient voisins. A l'époque de nos études, fréquenter des Nés-Moldus n'était pas le genre de choses dont on se vantait à Serpentard, précisa-t-il en baissant les yeux vers Harry, croisant son regard brillant.

Le Gryffondor grimaça légèrement en entendant la réflexion mais ne moufta pas. Visiblement, cela n'avait pas changé au fil des années…

-Ils étaient très proches l'un de l'autre, tout le monde s'en est vite rendu compte dans nos Maisons respectives, continua Regulus d'un ton lent, se replongeant dans ses souvenirs. Il me semble que votre mère n'a jamais eu de problème avec cela à Gryffondor, hormis quelques réflexions plus ou moins désagréables. Quant à Severus, et bien…

-Je suppose que ça n'a pas du être très facile, suggéra prudemment Harry en posant son regard sur le concerné, qui discutait avec animation avec Gellert quelques mètres plus loin.

-La Maison Serpentard n'était pas très tolérante à cette époque, confirma Regulus en pinçant les lèvres, ne se souvenant que trop bien de ce qui s'était passé. Mais enfin, Severus en savait suffisamment pour ne pas avoir de problèmes à continuer de fréquenter votre mère.

Harry hocha la tête en silence, songeur. Oui, Sirius et Remus lui avaient toujours dit que Rogue connaissait énormément de choses sur la magie noire, mais il avait dans l'idée que ce n'était pas si mal que ça, à l'époque…

-Je ne vais pas vous cacher que votre père et ses amis ont très mal pris cette amitié, poursuivit Regulus d'un ton égal. Ils avaient beaucoup de mal à comprendre comment cette relation était viable…

-Je m'en doute, marmonna Harry après avoir poussé un profond soupir. Qu'est-ce qui s'est passé, finalement ?

L'ancien Serpentard le jaugea du regard pendant quelques instants, tourna son attention vers Rogue puis revint finalement au Gryffondor. Il allait devoir répondre finement…

-Des… paroles malencontreuses les ont séparés, déclara-t-il prudemment sans trop se mouiller. Ils se sont définitivement éloignés l'un de l'autre à la fin de leur cinquième année.

-Je vois, marmonna Harry en grimaçant.

Et ça, pour voir, il voyait ! Bon sang, s'il avait su…. D'accord, il n'aurait rien pu faire pour arranger ça, mais c'était écœurant de se rendre compte que c'était à cause de l'attitude de son père et de Sirius que la rupture avait définitivement été consommée entre sa mère et

Rogue… Arg, son choix de mots n'était vraiment pas le bon !

-N'hésitez pas à insister auprès de Severus si vous désirez en savoir plus sur votre mère, Harry, lui conseilla finalement Regulus après quelques instants de silence. L'entêtement est nécessaire pour traiter avec des Serpentard, ajouta-t-il avec un petit sourire.

Le Gryffondor hocha la tête puis finalement releva les yeux vers lui, la reconnaissance clairement lisible sur son visage.

-Merci, souffla-t-il d'une petite voix, ses yeux emplis de sincérité.

-Harry, on t'attend pour retourner à notre Salle commune ! lança Neville d'une voix forte, attirant l'attention sur eux.

Le Gryffondor rejoignit prestement ses camarades après avoir salué le sorcier, qui le regarda partir d'un air songeur, restant là où il était jusqu'à ce que le petit groupe disparaisse à l'angle d'un couloir. Severus était parti avec ses élèves, tandis que l'autre Daymos et Gellert escortaient les élèves de Poufsouffle et Serdaigle jusqu'à leurs Salles communes respectives.

-Regulus ?

Il sursauta en entendant la voix de McGonagall juste derrière lui, faisant rapidement volte-face, sa baguette en main lorsqu'il se retrouva face à elle. Elle haussa les sourcils en voyant sa réaction, mais ne commenta pas.

-Est-ce que je peux vous parler ? En privé ? s'enquit-elle d'une voix qui ne laissait pas de place à un éventuel refus.

-Bien sûr, répondit-il en rengainant son arme, sa curiosité attisée.

Ils marchèrent en silence d'un pas rapide dans les couloirs, leur passage salué par les murmures agités venant des tableaux qu'ils croisaient. Visiblement, tous avaient leur mot à dire sur l'étrange couple que formait la sévère professeur de Métamorphose et le Serviteur des Eléments. Ce ne fut qu'une fois assis devant une tasse de thé fumante, dans un bureau qu'il se souvenait avoir visité deux ou trois fois au cours de ses études que Regulus ouvrit finalement la bouche pour avoir des explications.

-Biscuits au gingembre ? le coupa la Directrice-adjointe en ouvrant une boîte en fer.

-Avec plaisir, répondit son interlocuteur, sa surprise une fois disparue.

-Je ne vais pas vous cacher ma surprise de vous voir à Poudlard, Regulus, commença l'Animagus d'un ton direct, son regard perçant fixé sur l'ancien Serpentard. Nous pensions tous que vous étiez mort – de la main même du Seigneur des Ténèbres – et nous vous retrouvons finalement ici, dix-sept ans plus tard…

-Je ne pensais pas revenir un jour à Poudlard, confirma Regulus en trempant son biscuit dans sa tasse, attendant de voir ce qui allait arriver – et dire qu'il pensait éviter cette conversation jusqu'à son départ… Il jouait de malchance !

-Sous la surveillance d'un Daymos.

Regulus haussa un sourcil, n'appréciant guère le choix des mots.

-Sous la protection d'un Daymos, Professeur McGonagall. Mon Protecteur est ici pour assurer ma sécurité, pas pour me surveiller !

-Pour vous protéger des autres… Ou de vous-même ? s'enquit la vieille sorcière sans remuer d'un cil face à sa réaction colérique.

-Pardon ? s'exclama Regulus en ouvrant de grands yeux.

-La magie noire abandonne difficilement ceux qui l'ont servie, précisa Minerva en sirotant une nouvelle gorgée, son regard toujours fixé à celui de son ancien élève.

Mouché, Regulus l'observa en silence pendant quelques instants, la bouche entrouverte. Satisfaite, Minerva reposa sa tasse sur son bureau puis se pencha vers son ancien élève.

-Comprenez bien, Regulus, que je ne tolèrerai pas que des manifestations de magie noire aient lieu à Poudlard pendant votre séjour ici… Nous ignorons quelle magie a été à l'œuvre pour vous faire revenir d'entre les morts, mais sachez que –

-Je ne suis jamais mort, objecta l'ancien Mangemort en revenant de sa stupeur, effaré de réaliser le tour que la conversation prenait. Les Fondateurs m'en soient témoins ! Tout le monde a cru que j'étais mort, c'est vrai, mais c'était pour ma sécurité ! Le Seigneur des Ténèbres n'aurait eu de cesse de me traquer s'il avait su que j'étais toujours vivant…

-Vous l'avez réellement trahi, alors, murmura Minerva d'un ton plus doux.

-Je n'avais pas le choix, répondit Regulus d'un ton sombre. Il s'est aventuré sur des chemins dont vous n'avez même pas idée, professeur… Il est allé plus loin que quiconque sur les chemins de la magie noire ! Il devait être arrêté… à n'importe quel prix, conclut-il sinistrement.

Ils se fixèrent du regard pendant quelques instants, Regulus regrettant déjà son coup d'éclat. Il en avait malheureusement trop dit – ou pas assez, tout dépendait du point de vue – et tout le monde savait à quel point les Gryffondor étaient entêtés quand leur curiosité était attisée…

-Vous avez fait preuve d'un courage que nous aurions plus attendu chez votre frère, déclara Minerva après avoir gardé le silence pendant plusieurs – longues – minutes.

-Sirius n'avait pas le monopole du courage, rétorqua sèchement l'ancien Mangemort, n'appréciant guère d'être toujours comparé à son regretté frère.

-C'est ce que je vois, rétorqua la sous-directrice en pinçant les lèvres pour dissimuler son sourire face à cette réaction si spontanée.

Elle pouvait probablement laisser le bénéfice du doute à Regulus, tout compte fait… Après tout, il avait été prêt à mourir pour arrêter le Seigneur des Ténèbres dans sa terrible entreprise, il devait être sincère en promettant n'avoir aucune intention néfaste pour l'école et ses résidents, n'est-ce pas ?

-Je ne vais pas vous retenir plus longtemps Regulus, déclara-t-elle finalement après s'être brusquement décidée. Votre Protecteur va commencer à s'inquiéter si vous ne retournez pas rapidement dans vos appartements.

Déstabilisé, l'ancien Serpentard haussa les sourcils avec surprise avant de se lever en douceur, abandonnant sa tasse de thé toujours pas entamée – il préférait le café depuis quelques années, la faute aux cuisiniers de la Base probablement !

-Effectivement… Bonne soirée professeur ! la salua-t-il avec toute la maîtrise attendue par un sorcier de sa naissance.

Décidément, il avait vraiment du mal à comprendre ses anciens concitoyens depuis qu'il avait remis les pieds à Poudlard… Entre le jeune Potter qui souhaitait fréquenter des Serpentard – probablement pour apprendre la magie noire dans de bonnes conditions, s'il se fiait aux lectures du Gryffondor – Severus qui était plus que ravi de le revoir et McGonagall qui s'assurait de la pureté de ses intentions…. Vraiment, il y avait de quoi perdre son homme !

ooOoo

Le château était toujours très calme après le dîner depuis l'arrivée des Gardiens, les patrouilles des Daymos faisant respecter le couvre-feu plus efficacement que jamais ! Et le bureau du Directeur de Poudlard ne dérogeait pas à la règle, le silence uniquement brisé par les sifflements de ses divers instruments de mesure magiques. Pour autant, l'atmosphère de la pièce n'était pas sereine, loin de là, au grand regret de Fumseck, qui se lissait les plumes avec toute la coquetterie attendue d'une créature magique aussi noble que lui. Indifférent à son manège, Dumbledore tapota la théière posée sur son bureau d'un geste négligent de la baguette, son attention toute entière tournée vers les documents étalés devant lui. Dans leur cadre, la majorité des tableaux ronflait plus ou moins bruyamment, à l'exception notable de Phineas Nigellus Black, penché sur le rebord de sa toile, comme s'il souhaitait en sortir – ce qui était fort probable, il avait toujours eu tendance à vouloir gérer l'école même après sa mort !

-Les Gardiens accepteraient sûrement de vous aider, si vous le leur demandez, déclara finalement l'ancien Directeur au vieil homme, ne supportant plus le silence qui accompagnait la réflexion de Dumbledore.

Fumseck pépia joyeusement, entièrement d'accord avec le tableau – et si ça ne tenait qu'à lui, il préciserait bien que les Gardiens étaient les plus à même de s'occuper de cela, mais enfin, ce n'est pas comme si on lui demandait son avis !

-Je préfère ne pas les mêler à cela mon cher, répondit poliment le vieux sorcier en observant l'ancien journal de Tom Jedusor avec lassitude.

S'attendre au pire permettant de mieux le préparer, il devait partir du principe que Tom avait créé non pas un mais sept Horcruxes… Le journal en était un, mais Harry l'avait détruit – fort heureusement ! La bague des Gaunt avait également été détruite – sans qu'il sache comment ni par qui – et telle n'avait pas été sa déception de voir que la Pierre de Résurrection était fendillée… Il ne s'était pas aventuré à essayer de l'activer, aller chercher la bague en compagnie de Severus avait été une bonne protection contre ses plus noirs désirs. Reprenant le morceau de parchemin sur lequel il avait noté ses hypothèses, il les relut à nouveau avec un pincement au cœur en tombant sur le nom d'Harry – le garçon ne méritait vraiment pas cela… La destruction de Nagini allait aussi être problématique, probablement faudrait-il la confier à Severus au tout dernier moment. Restaient ensuite le médaillon de Serpentard, disparu, de même que la coupe de Poufsouffle et le diadème perdu de Serdaigle. Il avait avoir besoin de quelqu'un pour les chercher à ses côtés… Certes, il avait pensé confier cette mission à Harry, mais il allait bientôt quitter le château – très très prochainement lui avait confié Gellert un peu plus tôt dans la journée, tandis qu'ils prenaient un chocolat chaud ensemble, retrouvant peu à peu leur complicité d'antan. Tom devait avoir confié un autre de ses Horcruxes à un Mangemort, mais lequel ? Et à qui ? Peut-être Bellatrix… Après tout, elle avait toujours été très bien placée parmi le cercle intime de Tom, elle était encore plus proche de lui que ne l'était Lucius…

-Mais lequel aurait-il bien pu lui confier ? s'interrogea-t-il à haute voix, sans chercher à comprendre les pépiements de Fumseck qui tentait de le conseiller. Et où serait-il dissimulé ? Il n'y a pas tant de places où un Sang-Pur peut dissimuler ce qui lui a été confié…

Le phénix pépia avec un peu plus d'agacement. Si seulement son sorcier voulait bien arrêter de réfléchir quelques instants et l'écouter ! Les Gardiens étaient parfaitement en mesure de l'aider – et ils n'avaient pas d'école à diriger, eux ! Peut-être même que ce Gellert ou le jeune Black pourrait s'en charger à plein temps…

-Il me faut quelqu'un qui s'y connaisse en magie noire et sur qui je puisse compter pour aller chercher les Horcruxes manquants, marmonna Dumbledore dans sa barbe, prenant soin de ne pas articuler le mot si jamais il était espionné – on n'était jamais trop prudent !

-N'y a-t-il pas un des Protecteurs de vos élèves qui pourrait s'en charger ? suggéra Phineas après avoir jeté un coup d'œil méprisant à ses prédécesseurs et successeurs ronflant à qui mieux – la prudence était de mise ce soir !

-Je ne souhaite pas impliquer des innocents, rétorqua Dumbledore un peu trop rapidement, sous le regard dubitatif du tableau.

Fumseck émit un caquètement moqueur qui passa totalement inaperçu – comme si les Daymos n'étaient pas impliqués dans cette guerre, alors qu'ils protégeaient un Mangemort en fuite et l'ennemi juré de Lord Voldemort ! Mère Nature, les Pantigras allaient rugir de rire quand il leur raconterait ça…

-Ces créatures ont un savoir qui nous est inconnu au sujet de branches bien sombres de la magie, objecta Phineas d'un ton aigre.

Mais déjà Dumbledore ne l'écoutait plus, relisant à la place la liste des membres de l'Ordre qui seraient susceptibles de pouvoir l'aider sans cette mission. Peut-être qu'un Auror… Oui, c'était une bonne idée : des connaissances suffisantes en Magie noire, un caractère officiel permettant d'accéder à un grand nombre de lieux, un caractère affirmé qui permettrait probablement de résister aux manipulations des Horcruxes…

-Peut-être que Kingsley…

Dumbledore attrapa un bonbon au citron qu'il se met à suçoter d'un air pensif, observa la nuit étoilé à travers sa fenêtre. Il allait devoir discuter de cela avec l'Auror, mais cela semblait être une bonne alternative – viable, tout du moins. Et Merlin savait qu'un plan de secours était nécessaire pour cette mission !

ooOoo

Au même moment, à plusieurs centaines de kilomètres de là, Rodolphus Lestrange pestait pour la énième fois en observant les alentours d'un air rageur, maudissant le sortilège de chauffage qui était en train de disparaître sur ses gants. Faire le pied de grue devant une épaisse porte en bois à peine remarquable dans les vieux murs de pierre n'avait rien d'une partie de plaisir, surtout avec les températures nocturnes actuelles. Il n'avait aucun doute sur le fait que la personne qu'il attendait pourrait très aisément pénétrer dans le manoir du Lord sans se faire remarquer, voire même arriver jusqu'au Lord, mais non ! Il avait insisté pour être guidé par Rodolphus, arguant que le Mangemort, en sa qualité d'intermédiaire, devait lui servir de guide jusqu'au bout. Planté dehors dans cette glaciale nuit de mars, il maudit une nouvelle fois la Lame d'avoir un tel goût du spectacle – au moins, à ce sujet, il ne pourrait que s'entendre avec le Lord ! Il jeta un rapide coup d'œil aux quelques étoiles à peine perceptible derrière la masse de nuages qui couvrait le ciel et soupira bruyamment.

-La patience est une qualité, Mangemort, déclara soudain une voix moqueuse à côté de lui.

Rodolphus tressaillit puis pointa violemment sa baguette vers la source du bruit, agacé d'avoir été pris au dépourvu par le Daymos.

-Le Seigneur des Ténèbres n'apprécie pas l'attente, se contenta de répondre le Sang-Pur après avoir salué son interlocuteur d'un signe de tête, ravi de ne plus avoir à attendre dans le froid.

Un rire moqueur ponctua sa phrase, mais il ne broncha pas, sachant pertinemment qu'il était bien incapable de gagner une joute verbale contre la Lame. Il ouvrit la porte d'un geste fluide de sa baguette, levant momentanément les sortilèges empêchant quelqu'un qui ne portait pas la Marque de passer par ici et les replaça dès que le Daymos était entré. Bien que le couloir soit froid et humide, la température était toujours plus élevée qu'à l'extérieur – ce qui était probablement dû aux multiples torches accrochées le long des murs.

-Veuillez me suivre, déclara-t-il d'un ton respectueux en commençant à marcher d'un pas rapide, peu désireux de faire attendre le Lord plus que nécessaire – recevoir un Doloris pour avoir trop tardé à amener l'invité du Maître ne le tentait guère, merci !

Ils ne croisèrent que peu de personnes au cours de leur trajet, la plupart des Mangemorts faisant rapidement volte-face en apercevant la silhouette vêtue de noire qui marchait d'un pas vif aux côtés de Lestrange. La majeure partie des personnes résidant ici avaient toutes une aura de danger autour elles, mais chez cet inconnu… Eh bien, c'était quelque chose de beaucoup plus viscéral, presque animal, qui vous attrapait aux tripes et faisaient se dresser les poils sur votre peau. Rien qui ne donne envie de s'attarder plus que nécessaire.

-C'est ici, déclara finalement Rodolphus en s'arrêtant devant une lourde portée ornée de sculptures en métal forgé.

Il leva le poing pour frapper mais la porte le prit de vitesse en s'ouvrant d'elle-même. Retenant un rictus que le Maître n'apprécierait sûrement pas, il entra dans la pièce d'un pas souple, le Daymos toujours sur ses talons. Il s'agenouilla aux pieds du Mage noir, présentant ses respects d'un murmure rapide, avant de repartir aussi rapidement, soulagé que sa présence ne soit pas nécessaire pour l'entretien qui allait suivre. La porte se referma en douceur dans son dos, semblant lui dire qu'il n'aurait plus à servir d'intermédiaire désormais. Il se redressa, inspira un grand coup, puis partit d'un air décidé vers les cachots, bien décidé à torturer une ou deux personnes pour se changer les idées – et ce n'était pas Bellatrix qui allait lui reprocher cette façon de faire !

De leur côté, Lord Voldemort et le Daymos se jaugeaient l'un l'autre en silence, confortablement installés à côté du feu ronflant, une table basse les séparant. Nagini somnolait devant le feu, ses écailles huilées reflétant les flammes. Voldemort prenait son temps pour apprécier la magie qui tourbillonnait tout autour de son invité, bien plus brute et sauvage que celle qu'il côtoyait habituellement. Un observateur inexpérimenté aurait pu dire qu'il s'agissait d'une magie plus puissante, mais le Mage noir savait ce qu'il en était – c'était la nature même de cette magie qui était différente ! En réalité, seuls Bellatrix et Antonin avaient quelque chose d'approchant dans leur magie, mais seulement depuis quelques semaines. Devenir un Serviteur des Eléments teintait la magie des sorciers de quelque chose d'autre, de plus ancien, plus primitif.

-Je suis très honoré de recevoir une Lame en mon humble demeure, déclara-t-il finalement, son regard ne quittant pas le Daymos tranquillement installé.

-Humble demeure ? répéta son invité d'un ton amusé, bougeant imperceptiblement de façon à ce que la moitié inférieure de son visage ne fut plus dissimulée par l'ombre de son capuchon. L'humilité est une vertu Mage, mais la fausse modestie n'est pas la marque des hommes illustres – loin de là, poursuivit-il du même ton égal, ses crocs apparaissaient légèrement à la lueur des torches.

Vexé, le Mage noir pinça les lèvres – il n'était plus un enfant enfin ! – mais garda le silence. Quoi que puisse en dire Dumbledore, il savait quand faire profil bas – et être en train de négocier avec un Daymos connu pour être le meilleur épéiste de son peuple rentrait dans cette catégorie. Il prit donc sur lui et servit deux tasses d'un épais liquide gris qui tirait sur le violet – comment cet ensemble de couleurs était possible, il n'en avait aucune idée, mais les grimoires qu'il avait consultés lui avaient assuré que les Daymos appréciaient un fruit appelé « perbroise », donc il avait fait en sorte d'en avoir pour son invité.

-J'apprécie le geste, déclara le Daymos après avoir bu une gorgée avec prudence, ses yeux rouges étincelant d'une lueur que Voldemort ne parvenait pas à définir.

Le silence retomba dans la pièce. Prudent, le Seigneur des Ténèbres ne le brisa pas, attendant patiemment que son invité en vienne à la raison de sa venue. Après tout, il était le seul à avoir contacté son Mangemort, n'est-ce pas ? La pluie se mit brusquement à tomber à l'extérieur, les gouttes venant frapper avec force les fenêtres. Voldemort tourna légèrement la tête, son regard tentant de percer l'obscurité de la nuit. Avec un peu de chance, cette pluie ferait remonter la température, plutôt que de givrer au petit matin…

-Deux de vos sorciers ont été adoptés par un Elément, déclara finalement le Daymos en reposant sa tasse vide sur la table basse, dédaignant les macarons artistiquement présentés devant lui.

-Ils ont eu cette chance, répondit calmement Voldemort en soutenant le regard de la Lame.

-Vous comptez voler la Pierre dissimulée à Poudlard pour votre usage personnel, poursuivit son interlocuteur du même ton calme, semblant ne pas avoir noté l'intervention du sorcier. Vous serez incapable de l'utiliser, asséna-t-il avec ce qui semblait être une pointe de moquerie dans la voix.

-Bellatrix et Antonin…

-En partant du principe que l'un d'entre eux a été choisi par le même Elément que celui de la Pierre, ils manqueraient tout de même cruellement d'entraînement pour s'en servir. A supposer que vous sachiez comment l'utiliser, bien sûr…

Vexé, Voldemort pinça les lèvres. Nagini émit un sifflement discret à ses pieds, remuant légèrement sur le tapis pour changer de position devant le feu. Elle avait beau sembler dormir, elle était parfaitement attentive à ce qui se passait dans la pièce – n'être qu'à quelques enjambées d'un Daymos armé et sans aucun scrupules n'aidait pas vraiment à se relaxer pour faire une sieste bien mérité !

-Qui sait comment utiliser les Pierres de Norgr'ad ? s'enquit finalement Voldemort après avoir avalé deux macarons avec fureur, manquant d'écraser les délicates pâtisseries entre ses doigts longilignes.

-Les Gardiens, les Serviteurs des Eléments et les Daymos, bien évidemment, répondit la Lame en inclina légèrement la tête en un salut moqueur. Nous sommes l'unique peuple dans cette dimension à avoir une telle connexion avec la magie de Norgr'ad…

-Je suppose que vous souhaiteriez ramener les Pierres au sein de votre peuple, là où elles auraient toujours dû être, déclara lentement le mage noir en soutenant le regard incandescent de son interlocuteur.

-Exact, confirma le Daymos avec un sourire, ses crocs toujours visibles. Il s'agit d'une magie dont le potentiel ne peut être totalement exploité par vous autres sorciers – elle est trop différente de ce que vous pratiquez depuis des millénaires.

-Qu'attendez-vous de moi ? Que je vous rende la Pierre une fois que je l'aurais entre les mains ? Alors que vous pourriez l'obtenir grâce aux autres Daymos présents à Poudlard ? s'enquit Voldemort avec irritation, ses nerfs mis à rude épreuve par la magie qui flottait dans la pièce.

Il regretta son mouvement d'humeur en voyant disparaître le sourire de son interlocuteur, qui posa une main gantée sur le pommeau finement ouvragé de son épée.

-Je ne traite pas avec ces Protecteurs des Moldus, déclara le Daymos d'une voix glaciale où toute trace d'amusement avait disparu, tandis que ses doigts gantés redessinaient les ornements du pommeau de son épée. Ils sont la honte de notre peuple… Se soumettre ainsi à des créatures aussi faibles ! Non, Mage, en réalité, je souhaite vous aider dans votre combat… Vous souhaitez rendre leur honneur aux sorciers dignes de ce nom, n'est-ce pas ? Il en va de même pour moi. Il en va de même pour moi et mes camarades. Il est temps que la décadence de mon peuple cesse.

-Je comprends aisément votre sentiment, répondit Voldemort en se détendant, ravi de pouvoir discuter avec un leader qui se heurtait aux mêmes problèmes que lui – décidément, les Moldus étaient une plaie pour n'importe quelle civilisation ! Que puis-je faire pour vous aider ?

-Me rendre la Pierre une fois que vous aurez gagné votre guerre, répondit le Daymos sans sourciller. Je peux entraîner vos sorciers et leur montrer comment utiliser la Pierre pour amplifier le contrôle de leur Elément. Il s'agira d'un avantage non négligeable pour vous.

-Vous semblez être bien prompte à me faire confiance, remarqua lentement le Seigneur des Ténèbres, se demandant quel piège cela dissimulait.

Le sourire agaçant revint aussitôt, mais cela ne détendit pas Voldemort pour autant. En réalité, cela l'inquiéta même un peu plus – le Daymos semblant encore plus dangereux ainsi, ses crocs luisant à la lumière, tandis qu'on pouvait entendre le bruissement presque imperceptible des plumes de ses ailes dans le silence de la pièce.

-Certains de mes camarades seront à vos côtés lors de la bataille. Ils seront en charge de la Pierre, asséna la Lame d'un ton qui n'admettait aucune contestation. Celui de vos sorciers qui saura comment l'utiliser aura besoin de la protection d'un Daymos, en tant que Serviteur des Eléments. C'est à ce titre qu'ils seront présents.

-Il s'agit d'une offre très généreuse, déclara Voldemort d'un ton où la reconnaissance perçait.

-Nos intérêts sont convergents, se contenta de répondre son interlocuteur.

Une fois que les sorciers se seront entretués, nous n'aurons plus qu'à retrouver les autres Pierres et à les mettre en sécurité, songea-t-il d'un ton féroce. Nous reformerons les protections qui séparent cette dimension de celle du peuple de Norgr'ad et nous retrouverons la paix que nous méritons. Ces stupides Gardiens se débrouilleront seuls pour maîtriser leur Elément et ils s'éteindront rapidement, si les Eléments le veulent ! Il est grand temps que les Daymos retrouvent la place qui est la leur dans l'ordre naturel…

-La Pierre devrait être entre mes mains d'ici quelques jours, déclara le mage noir d'une voix où la satisfaction perçait – ce n'était pas tous les jours qu'un tel allié se présentait ! D'après les témoignages de mon espion, les Gardiens présents à Poudlard sont tout proche du but.

La Lame hocha la tête en silence, aucune indication de ses pensées ne filtrant sur son visage.

-Je reviendrai dès lors que la Pierre sera ici, affirma-t-il en se levant avec grâce, peu désireux de rester plus longtemps en compagnie de l'insecte maintenant que les choses étaient claires.

-Rodolphus sait comment vous prévenir ? s'enquit Voldemort en se levant à son tour, appréciant que son interlocuteur ne s'éternise pas – toujours cette sensation d'étouffement qui lui collait à la peau…

Un ricanement moqueur accueillit sa phrase.

-Vous sous-estimez le lien que les Daymos ont avec les Pierres de Norgr'ad, Mage… Une fois libérée de sa cache, je serai capable de la retrouver n'importe où, tout comme mes frères et sœurs.

Voldemort inclina légèrement la tête, prenant sur lui pour ne pas broncher face au commentaire de son allié. Mieux valait le ménager s'il souhaitait réellement avoir l'avantage jusqu'à sa victoire…

-Juste… Sous quel nom dois-je vous présenter à mes Mangemorts ? s'enquit-il alors que le Daymos ouvrait la fenêtre, visiblement décidé à repartir par la voie des airs.

Un étrange sourire naquit sur les lèvres de son allié, l'éclat de ses yeux rouges semblant s'intensifier à côté des torches.

-Je porte le titre de Lame, Protecteur et Défenseur de mon clan, répondit-il d'une voix chantante, porteuse de promesses de mort. Je suis le Bouclier, quand bien même mon peuple m'a renié à la faveur de faibles créatures.

Voldemort tressaillit en entendant la réponse, osant à peine croire ce qu'il entendait.

-Que la nuit soit votre alliée, Mage, déclara le Daymos avant de sauter par la fenêtre, indifférent à la pluie qui tombait abondamment.

Le Seigneur des Ténèbres l'observa partir avec fascination, observant les immenses ailes se déployer avec fluidité et emmener la Lame là où le regard ne portait plus. Il disparut rapidement dans la nuit, laissant le sorcier à ses pensées.

-La Magie est avec nous, Nagini, lança-t-il à son serpent avec satisfaction. Elle a placé un Daymos sur notre route ! Et pas n'importe lequel, un Renégat ! Je pensais qu'il ne s'agissait que de légendes… Mais non, eux aussi souhaitent anéantir les Moldus pour la survie de leur peuple. C'est un allié de choix que nous avons là, conclut-il en attrapant un macaron à la rose qui lui faisait de l'œil depuis le début de la conversation. La Fortune est avec nous !

Nagini lui jeta un regard dubitatif, ayant du mal à croire que son sorcier puisse être aussi naïf. Mais après tout, les bipèdes ne connaissaient que peu de choses sur les Daymos – ils ignoraient notamment que les Renégats seraient ravis de vivre dans un monde sans humain, seuls responsables du désastre qui avait abouti à la création des Gardiens à leurs yeux… Non, vraiment, il n'y avait pas de quoi se réjouir d'être allié à un Renégat – trop dangereux !

ooOoo

Les trous dans les barrières s'agrandissent, je peux le sentir… Bientôt, nous pourrons marcher à nouveau sur les terres de la Grande Verte, nous repaître des corps des animaux, dévorer les parcelles de cette puissance qu'ils osent appeler magie – la seule Magie est la Nôtre, celle du Peuple de Norgr'ad ! Oh oui, bientôt nous serons libres, nous franchirons les barrières, retournerons là où sommes nés…

Les Daymos paieront pour leur traîtrise – les marionnettes n'ont pas à se rebeller contre leur créateur ! Ils retrouveront leur place à nos pieds, sous mis aux moindres de nos désirs, plutôt que de s'agenouiller devant ces répugnantes créatures qui portent le nom d'humains…

Nos Pierres seront bientôt de retour entre nos mains, à leur juste place, là où elles n'auraient jamais dû disparaître ! Nous ferons payer ceux qui auront osé les souiller de leur toucher vicié, leurs cris et leur sang nettoieront cette impureté, oh oui, un sanglant sacrifice sera le meilleur de rendre leur pureté à nos Pierres…

Le Temps est de notre côté… Nous avons attendu des siècles, travaillant patiemment à créer une ouverture dans les barrières qui nous retiennent ici, dans cette mer de feu et de ténèbres, mais nous seront bientôt de retour chez nous… Nous sommes appelés, de plus en plus impatiemment depuis quelques mois… De nombreux sacrifices nous rendent notre puissance d'antan, emprisonnée de l'autre côté de cette dimension…

Bientôt…


À suivre…