Titre : Unlocking Harry Potter. Libérez Harry Potter.

Disclaimer : L'auteur de cette histoire, Sarini, ne possède pas les droits d'Harry Potter ou de l'univers dans lequel il vit. Ils ont été créés par J.K. Rowlings. Sarini m'a gentiment autorisée à traduire sa fiction.

Spoilers : Cette histoire se déroule après l'Ordre du Phoenix et inclut des informations des cinq premiers livres. Par conséquent, considérez que le Prince de Sang Mêlé n'existe pas quand vous lirez cette histoire.

Rating : M. Ne vous attendez pas à de longs lemons graphiques mais c'est un SLASH. Si vous n'aimez pas, ne lisez pas.

Note de traduction : Je remercie Sarini d'avoir accepté mon offre de traduction. C'est la première fois que je me lance en 'solo' sur une traduction. Merci à la Marmotte et à Maoun pour leur relecture. Tous les conseils sont bien entendus les bienvenus. Vous trouverez les liens de la version originale et de l'auteur sur mon profil. Cette histoire est composée de 53 chapitres et a deux suites de 53 chapitres, un One shot, et une préquelle. Toutes sont complètes.

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Cette histoire m'a fait rire, m'a fait pleurer et elle m'a tellement plu que je voulais la faire découvrir aux non-anglophones. J'espère qu'elle vous plaira tout autant qu'à moi.

Bonne lecture !

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Unlocking Harry Potter

Chapitre Un

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C'était une nuit calme et humide. L'atmosphère était paisible et l'air s'était légèrement rafraichi, luttant contre la chaleur laissée par le féroce soleil de l'après-midi. Severus Snape et Remus Lupin étaient assis à la table de la cuisine du numéro douze, Square Grimmauld, quartier général de l'Ordre du Phoenix. Bien que l'accès par cheminette ait été restreint, il y avait toujours au moins un membre de l'Ordre qui attendait près du feu depuis le fiasco avec Potter et Kreattur ce mois de juin… juste au cas où.

La maison avait été laissée à Remus dans le testament de Sirius Black, activé à Gringotts instantanément après sa mort, avec une importante portion de la fortune des Black. Un petit pourcentage, bien que représentant tout de même une certaine somme, était laissé à Fred et George Weasley avec une clause stipulant qu'elle soit utilisée dans la poursuite de 'méfaits magiques', et un autre montant, plus petit encore, était destiné à l'équipe de Quiddich de Gryffondor. Un nombre respectable de galions en or fut transféré directement dans le coffre des Weasley dès que le testament fut lu, ne leur laissant aucune chance de le refuser. Le reste… propriétés, argent, et un tas d'autres choses… tout allait à Potter.

Pourtant, le loup-garou portait toujours des robes d'occasion râpées, comme si utiliser l'argent était admettre que Black était mort. Une bouteille de firewhiskey d'Ogden se trouvait, à moitié vide, entre les deux. Une autre bouteille, vide, était à côté, déjà bien entamée avant que Severus n'ait rejoint Remus.

Il était étonné d'être assis là et de boire avec Lupin. Les deux hommes n'avaient jamais été amis, et ne seraient sans doute jamais amis. Ils avaient mis de côté leur animosité, ou du moins essayaient, pour combattre le Seigneur des Ténèbres, Voldemort. Severus étudia le loup-garou. Ses yeux étaient vides, comme morts. Il avait déjà observé ce phénomène, quand une personne avait perdu sa famille ou des proches. La famille de Lupin l'avait abandonné très tôt à cause de sa 'condition'. Le seul qui soit resté avec lui était mort depuis longtemps.

Il s'était fait des amis à Poudlard, mais eux aussi étaient morts à présent, ou presque tous. Le seul autre rescapé des célèbres Maraudeurs qui terrorisaient les couloirs de Poudlard était Peter Pettigrew. Lors de leur prochaine rencontre, pourtant, Severus était certain qu'un seul des deux survivrait. Pettigrew avait trahi ses amis. Et malgré la santé actuelle de Lupin, et la main en argent de Pettigrew, Severus pariait sur le loup-garou. Il avait vu cet homme furieux auparavant et ne voulait plus jamais être témoin de sa colère.

Severus détestait Sirius Black, même mort. En dépit de ça, quand il regardait l'autre côté de la table, il réalisait qu'il donnerait tout pour ramener Black à la vie. La mort de l'exaspérant cabot était en train de tuer l'homme assis en face de lui. Si Lupin réagissait ainsi, Severus ne voulait pas penser à la réaction de Potter. Il avait vu le bureau du Directeur après la bataille au Ministère de la Magie. Potter l'avait ravagé, détruisant tout ce qu'il pouvait dans sa rage. Même Severus n'avait jamais osé se déchaîner ainsi dans le bureau du Directeur, ni même jamais considéré le faire.

Dumbledore, bien sûr, avait juste souri de cet enquiquinant sourire qui était le sien, et réparé la majeure partie des choses détruites d'un coup de baguette le jour suivant, les yeux pétillant. A la grande surprise du Maitre des Potions, et du reste du staff, certains de ces items n'avaient pas pu être réparés. Cette scène avait utilisé plus de puissance qu'il n'en avait jamais vue chez Potter. Le chagrin faisait ressortir le meilleur et le pire des gens, et parfois les deux en même temps.

Lupin buvait pour oublier. Severus buvait pour diminuer sa culpabilité. Il n'avait pas été capable de sauver James et Lily Potter quinze ans plus tôt. Ses informations sur l'attaque étaient parvenues trop tard au Directeur. Il était en partie coupable de la mort de Black. S'il avait seulement réussi à agir selon l'adulte qu'il était et avait arrêté de tourmenter le fugitif, Black serait peut-être toujours en vie. Et il y avait le comportement de Severus face à Potter. Après douze ans à Azkaban, on ne pouvait attendre de Black qu'il se comporte correctement, mais Snape n'avait même pas pris en considération les dégâts que la prison avait faits à sa Némésis.

En tant que loyal Mangemort, il avait tué, et continuait de le faire afin de maintenir sa couverture. Mais ces trois morts, dont aucune n'était de sa propre main, le hantaient plus que toutes les autres. Bien sûr, les deux premières morts avaient permis treize ans de paix pour le monde Sorcier. La troisième avait eu pour résultat l'admission par le ministère du retour de Voldemort. Il avait au moins réussi à sauver la vie d'Harry Potter une ou deux fois, bien qu'il ait détesté le faire à ce moment-là.

Severus pencha la bouteille et se servit un autre verre. Il remplit celui en face du loup-garou et remit la bouteille en place. Si Molly Weasley était réveillée, nul doute qu'elle leur passerait un savon. Elle maternait tous ceux qui mettaient un pied dans les quartiers généraux, quel que soit leur âge. La majorité de la famille Weasley dormait actuellement à l'étage, avec la fille Granger, étant donné qu'il était presque minuit.

Les deux hommes étaient d'astreinte, si l'on pouvait le nommer ainsi, mais une simple potion de sobriété prendrait soin de n'importe quel problème. En tant que Maitre des Potions, Severus était prêt pour ce genre de besoin. Deux fioles de Sobrie Instanter attendaient, non loin. Il jeta sa tête en arrière et avala une gorgée du liquide couleur ambre. Sa gorge le brûla brièvement avant que la chaleur ne se répande dans tout son corps. Lupin se versa les deux verres suivants immédiatement, en buvant toujours deux ou trois pendant que Severus en finissait un.

« Est-ce qu'Harry a écrit cette semaine ? » Lupin demanda posément, surprenant Severus par sa lucidité.

Ces derniers jours, seul le fait de mentionner ou de penser à Harry Potter sortait Lupin de son état perpétuel d'apathie. Le gosse était tout ce qui lui restait et il était coincé, hors d'atteinte, dans la maison des Moldus. Si Severus avait jamais voulu une preuve de l'infériorité des Moldus, il la tenait avec les Dursley. Molly Weasley avait rapporté à l'Ordre toutes les histoires de l'enfance de Potter qu'elle avait obtenu à force de cajoleries de son plus jeune fils Ron. Et il était certain que Ron n'en savait que très peu.

Le garçon avait admis que Potter évitait le sujet de sa famille dès que possible. L'objectif de Molly était une tentative éhontée pour sortir Potter de cette maison, et Severus avait été dégoûté de ce qu'elle avait révélé, d'autant plus lorsque le Directeur avait voulu absolument laisser Potter là-bas pendant au moins un mois, sans expliquer pourquoi. Et alors que le mois se terminait bientôt, le Directeur n'avait donné aucun signe qu'il allait retirer Potter de la garde de ses Moldus.

La culpabilité de Severus s'étendait au-delà des morts des parents et du parrain de Potter. Il avait traité horriblement le Garçon-Qui-A-Survécu, ne voyant que sa popularité et sa célébrité… et son père. Ça aidait à maintenir sa couverture aux yeux de Voldemort et de ses Mangemorts, mais Severus avait poussé le bouchon bien plus loin, transférant sa rivalité avec le père et le parrain au fils.

C'était infantile, et pire, c'était rapidement devenu vicieux et pratiquement incontrôlable. Sa réaction face à l'intrusion de Potter dans sa vie privée était bien suffisante pour faire virer n'importe quel professeur. Mais Albus ne pouvait le virer s'il voulait garder Severus en vie. Il avait littéralement jeté un de ses étudiants à travers une pièce. Pour faire simple, Severus était dégoûté avec lui-même, et avait été obligé de réexaminer son comportement envers Potter au fil des ans.

« Pas encore, » répondit Severus. « Nous devrions voir Hedwig bientôt. Il est en retard, mais pas plus d'un jour. » Tous les membres de l'Ordre étaient maintenant habitués au Harfang des neiges acheté à Potter par Hagrid. Elle était dorlotée par la plus grande majorité d'entre eux, spécialement par Mad-Eye Moody qui montrait beaucoup de douceur, chose étrange de la part de cet ex-Auror.

« Je suis inquiet, » dit Lupin. Il descendit une autre double dose d'alcool et étendit le bras pour attraper la bouteille. « Ces lettres ne lui ressemblent pas et j'ai juste cette impression… »

« Il a vu son parrain mourir, a été possédé par le Seigneur des Ténèbres, et utilisé un Sort Impardonnable sur un humain… si on peut dire de Bellatrix qu'elle est humaine, » affirma Severus avec calme, ayant appris cette dernière partie dans un meeting de Mangemorts, et l'ayant partagé à contrecœur avec un Ordre choqué. « Nul doute que le Potter que nous connaissions en Juin n'existe plus. »

Le loup-garou émit un son étranglé. Severus ne releva pas la tête. Il s'en voulait probablement, tout comme Severus. On pouvait parier que Potter s'en voulait aussi. Si le garçon avait quelques années de plus, il serait sans doute ici à se noyer dans le Firewhiskey avec eux.

« Je pensais que c'était un des avantages de la lycanthropie, un grand sens de l'odorat, de l'ouïe, de la vue, et qu'il soit quasiment impossible d'être complètement bourré, » murmura Lupin alors qu'il finissait un autre verre. Il était sans doute quatre fois plus imbibé que Severus et semblait toujours aussi lucide. « Je pouvais toujours envoyer James et Sirius sous la table, l'un après l'autre. Ils ont continué à tenter de me surpasser jusqu'à ce que Lily y mette un frein. »

Severus leva ses sourcils. Après avoir été forcé de travailler avec lui depuis des années, il était maintenant habitué à l'homme et à ses désinvoltes évocations de sa lycanthropie. Après la blague faite par Black lors de leur cinquième année à Poudlard, quand Severus avait vu Lupin un soir de pleine lune et avait presque été tué, il avait eu très peur de lui. Sa façon de gérer la situation avait été de le traiter avec mépris et haine. Maintenant il était responsable du faible 'mieux-être' de l'homme les soirs de pleine lune, grâce à la Potion Tue-Loup qui lui permettait de garder ses esprits quand il se transformait.

Les flammes de l'âtre s'embrasèrent et devinrent vertes, signalant l'arrivée de quelqu'un par cheminette. Severus jura bruyamment et lança une des fioles de Sobrie à Lupin, avalant le contenu de l'autre. Très peu de personnes avaient accès à cet âtre par le réseau de cheminette, et ce, à partir d'uniquement deux autres âtres. Toute la chaleur, le réconfort et le flou dus à l'alcool disparurent, laissant leur place à la froide sobriété et réalité alors que la tête d'Albus Dumbledore émergeait. Le Directeur remarqua les bouteilles et leva ses sourcils. Severus leva la fiole et Albus hocha la tête.

« J'ai besoin que vous alliez tous les deux à Privet Drive et que vous vérifiez si Harry va bien. Il n'a toujours pas écrit. Les sortilèges de protection sont toujours en place, mais je suis mal-à-l'aise, » déclara sobrement Albus.

L'Ordre s'était retiré, cessant de garder le numéro quatre à Privet Drive à chaque moment du jour et de la nuit. C'était en partie pour donner un peu plus de liberté à Potter, mais aussi parce qu'il n'avait pas assez de monde en réserve pour le faire. Le Seigneur des Ténèbres était bien plus actif depuis que son retour était connu du public.

« Si tard ? » demanda Remus, laissant imaginer un semblant d'objection alors que l'homme voulait le faire depuis des semaines.

« Préfèreriez-vous y aller lorsque les Dursley sont réveillés ? » répondit Albus. Potter sera certainement éveillé. Il avait des difficultés pour dormir bien avant que son parrain ne soit tué. Bien qu'il n'ait que rarement été pris, Potter était très souvent en dehors de sa tour après le couvre-feu.

« Nous y allons immédiatement, » statua Severus, rangeant les preuves de leur soûlerie avec un geste de sa baguette.

« Ne fais rien aux Moldus, Severus, » le prévint Albus.

Severus grogna. Il détestait les Moldus, et ces Moldus en particulier, mais il n'était pas stupide. Il n'avait aucune envie d'être arrêté et jeté en prison. Ils n'en valaient pas la peine. La seule chose qui empêchait le Ministère d'arrêter Severus, de principe, était Dumbledore, et les Aurors membres de l'Ordre.

« Y a-t-il quelque chose que vous vouliez lui dire ? » Demanda Lupin avec une pointe d'espoir.

Albus soupira, « Dites-lui juste que ça prendra un peu plus de temps. Nous devrions être capables de l'emmener dans une semaine ou plus, s'il veut aller au Square Grimmauld. Sinon, ce sera un peu plus long. »

Lupin baissa la tête et fit courir ses doigts dans ses cheveux prématurément grisonnants. « Nous vous ferons savoir ce qu'il en est dès que nous serons rentrés. »

« Merci, Remus, » ajouta Albus avant de disparaitre dans les flammes.

Remus se tourna vers Severus, pince-sans-rire, « Bien, Severus, est-ce que ça signifie que je peux tenter quelque chose contre les Moldus ? »

« Ça serait sans doute agréable, mais tu ne pourras pas aider Potter si tu te retrouves en prison, » répondit Severus avec un léger sourire.

Remus grogna et sortit un morceau de parchemin et ce que Severus pensait être un stylo moldu de ses robes. Il laissa une note afin de prévenir quiconque se réveillerait et trouverait la cuisine vide. Les deux hommes attrapèrent un léger manteau noir sur le portemanteau de l'entrée et sortirent dans les rues de Londres. Leurs capuches en place pour cacher leurs visages, ils trouvèrent une petite rue déserte et transplanèrent à Privet drive.

La rue était calme. Il n'y avait aucun signe de la présence d'un des plus célèbres sorciers de leur époque dans l'une des maisons du lotissement qui parsemaient la rue à intervalle régulier. Chaque maison était identique, jusque dans leurs murs blancs et leurs volets noirs. Les seules différences étaient dans les jardins et la couleur des fenêtres. Quelques maisons étaient encore allumées, leurs occupants pas encore couchés ou essayant de se protéger des intrus. Severus plongea la main dans une de ses poches pour en sortir l'Eteignoir d'Albus et éteignit les lumières de la rue. Les deux hommes marchèrent le long de la rue jusqu'à se trouver face au numéro quatre.

Il y avait de la lumière dans la salle de séjour et dans certaines des pièces à l'étage. Les Dursley étaient encore debout. C'était déjà un mauvais signe. La famille Dursley était connue pour se coucher tôt et se lever tôt en général. Baguettes prêtes, Severus et Lupin frappèrent à la porte d'entrée. Elle s'ouvrit pour révéler une femme à la face chevaline avec une expression revêche et de profondes cernes d'inquiétude sous les yeux. Il semblerait que Potter ne soit pas le seul occupant de la maison à avoir des difficultés pour dormir.

« Pétunia », la salua Lupin avec un petit hochement de tête. Elle tressaillit.

Severus ricana. Cette femme ne ressemblait en rien à Lily Potter. « Où est Potter ? » demanda-t-il. Les deux hommes baissèrent leurs capuches en entrant, quittant les ombres pour la lumière artificielle moldue.

« Dans sa chambre, » sa voix claqua avec irritabilité. « Il était temps… »

La femme regardait Lupin fixement, une expression d'horreur peinte sur le visage. Severus supposa qu'elle l'avait reconnu du mariage de Lily.

« Qu'est-ce qui se passe ici ? » gronda une voix, appartenant à un homme au cou pratiquement inexistant. « Les monstres sont enfin arrivés pour nous débarrasser du garçon ? Il a été encore plus bizarre que d'habitude. »

Severus ignora le Moldu obèse et énervé pour regarder prudemment son compagnon. Lupin avait la tête légèrement penchée et ses yeux ne se fixaient sur rien. Il renifla et sa tête se tourna vers les escaliers. Une petite lueur ambre passa dans ses yeux et Severus recula avec précaution. L'homme irradiait de pouvoir. Au fond de lui, il admit de mauvaise grâce que l'homme lui faisait encore peur. Il y avait trop de loup accessible, surtout si proche de la pleine lune.

« Sang… Harry, » gronda le loup-garou avant de se précipiter à l'intérieur de la maison, se déplaçant plus rapidement qu'un humain ne le pourrait. En un instant Vernon Dursley fut soulevé du sol comme s'il ne pesait rien et se retrouva cloué au mur avec l'avant-bras de Lupin pressé contre sa gorge. Les yeux de l'homme s'agrandirent de peur. « Où est-il ? Que lui avez-vous fait ? »

L'homme bafouilla, incapable de répondre alors que sa femme s'agrippait au bras de Lupin, sans aucun effet. Lupin ignora la femme.

« Je répondrais si j'étais vous, » ajouta Severus du ton glacial qui terrorisait ses étudiants de Poufsoufle et Gryffondor. « C'est stupide d'énerver un loup-garou. »

Il ne pensait pas que les yeux de l'homme puissent s'ouvrir davantage, mais ils le firent. Son visage pâlit, mais la nouvelle n'eut aucun effet sur Pétunia. Elle devait déjà le savoir.

« On ne l'a même pas touché, » réussit à croasser Vernon. « Il s'est enfermé dans sa chambre quand on est rentrés et il n'en est pas sorti de l'été. On ne peut pas ouvrir la porte. Pétunia lui met de la nourriture à travers le clapet. »

Lupin lâcha l'homme et s'élança dans les escaliers. Vernon Dursley frotta sa gorge avec une main, avachi contre le mur, sa femme hésitant au dessus de lui. Severus suivit Lupin avec dignité, ses robes et manteau volant derrière lui. Son expression était illisible mais un frisson parcourut sa colonne vertébrale.

Il arriva au second palier pour trouver Lupin frappant des poings contre une porte et criant à Potter de le laisser entrer. Severus poussa le loup-garou sur le côté et pointa sa baguette sur la porte. Alohomora ! Rien ne se passa. Il essaya un sort d'ouverture plus puissant, et toujours rien.

« Tu crois que je n'ai pas essayé ça ? » Gronda Lupin. L'homme était bien plus vivant qu'il ne l'avait été ce dernier mois. « Je ne peux pas la forcer à s'ouvrir non plus. Éloigne-toi. »

Severus eut juste le temps de faire un pas en arrière et de tourner sa tête lorsqu'il sentit les éclats de bois l'attaquer. Il se retourna et vit la poussière voler à l'endroit où se trouvait la porte d'Harry Potter quelques instants plus tôt. Severus pouvait maintenant sentir ce que Lupin avait détecté au rez-de-chaussée. Il ne connaissait que trop bien l'odeur du sang humain. Ça lui rappelait des souvenirs d'attaques de Mangemorts, souvenirs qu'il préfèrerait oublier, mais rien de ce qu'il avait déjà vu n'aurait pu le préparer à la vue de la scène qu'il avait maintenant sous les yeux.

A l'entrée de la chambre, pratiquement imperceptible, on pouvait deviner un chatoiement bleu. C'était un très puissant bouclier, empêchant tout, que ce soit physique ou magique, de passer à travers. En dépit du puissant sort d'explosion que Remus avait envoyé à la porte, tous les éclats de bois se trouvaient dans le couloir. Severus essaya de nombreux charmes et contre-sorts sans aucun résultat.

Le pouvoir maintenant le bouclier en place était extraordinaire. Il s'avança jusqu'à lui et sentit un picotement sur sa peau alors qu'il restait le plus près possible de la barrière magique. Les poils de ses bras se dressèrent avec l'énergie qui se dégageait du bouclier. De là, Severus pouvait voir à l'intérieur de la pièce.

Harry Potter était étendu sur son dos, sur le lit, vêtu d'un jean moldu bien trop grand, un morceau de corde faisant office de ceinture. Sa cage thoracique ressortait et chaque côte était parfaitement définie. On voyait de longues entailles ouvertes le long de ses bras et un peu sur sa poitrine. Du sang avait pénétré le matelas et sa peau était mortellement pâle. Sa tête était tournée de l'autre côté et un de ses bras pendait au bas du lit, le sang s'en écoulant jusqu'au sol. Un couteau de poche trainait sur le sol au milieu du sang. Sa baguette n'était nulle part en vue. La chouette du garçon n'était pas là non plus et sa seule fenêtre était fermée et cadenassée.

Severus recula avec sa main sur sa bouche, repoussant la nausée qui l'avait envahi. Lupin s'était effondré et était secoué par les sanglots. Severus marcha jusqu'à lui et lui colla une grande baffe. Sa main le brûla sous l'impact mais le loup-garou réagit à peine.

« Reprend-toi, » sa voix claqua. « Il n'est pas encore mort, et encore loin de l'être pour le moment. Le bouclier serait tombé et tu serais capable de le sentir, bon sang. Va chercher Albus. Il est le seul qui puisse briser ce bouclier. »

La respiration de Lupin était irrégulière et il fixa Severus, choqué, avant de se lever. Il courut hors de la maison pour transplaner à Poudlard. Severus resta debout devant le bouclier, baguette prête au cas où il tomberait. En dépit de ce qu'il avait dit à Lupin, il était très inquiet. La quantité de sang déjà perdue par le gamin était réellement dangereuse.

Il n'aurait que quelques instants pour sauver Potter si le bouclier en venait à tomber. Il chercha dans ses poches les potions qu'il avait emportées avec lui. Le choc empêchait la réalité de la situation de bien s'ancrer. Il avait emmené les potions au cas où il aurait eu à sauver Harry des Dursley. Pas à le sauver de lui-même.