Coucou tout le monde ! Oui, je sais, je sais, ça fait des mois et des mois que j'ai pas posté sur Démons, et je m'en excuse. J'avais d'autres projets en tête, et j'ai eu une période de baisse de fangirlisme sur notre couple préféré. De plus, des partiels et un déménagement n'aidant pas, bah voilà... Mais je vous livre enfin un tout nouveau chapitre ! Je vous préviens cependant : Les fics a chapitre,c 'est définitivement pas pour moi, je n'ai pas la patience de rester dans une histoire aussi longtemps. Donc je fais tenter de tenir le coup jusqu'à la fin de Démons (ma chère Nowa Uchiwa me tuera si je ne la termine pas de toute façon^^) mais après ça, je ne ferai plus que des OS ou des fics en 2 ou 3 chapitres, et j'attendrai d'avoir terminé pour éviter de vous laisser en plan aussi longtemps.

Sur ce, bonne lecture ! OOOOOOOOOOOOOO

Sasuke ne cessait de tapoter du bout des doigts sur la table de bois un peu bancale, ne se rendant visiblement pas compte qu'il horripilait profondément toutes les personnes présentes dans la pièce. La réunion, organisée à la demande de Gaara, s'éternisait et cela faisait maintenant plusieurs heures qu'il était enfermé dans cette pièce en compagnie de toutes les personnes assez haut placé pour participer aux réunions au sommet.

Si la première heure avait naturellement été consacrée à l'état de santé du blond et à la situation à adopter vis à vis de son contrôle encore insuffisant sur le Kyuubi, nécessaire pour rendre suffisante la force de frappe qui mettrait à genoux le Palais et son occupant, ils débattaient maintenant depuis près de trois heures sur la quantité de vivres à emporter, sur le rationnement des repas, sur le meilleur chemin à emprunter une fois sortis du désert, et sur une multitude de choses nécessaires, certes, mais qui mettaient actuellement les nerfs de l'Uchiha à rude épreuve. En ce moment, il aurait dû se trouver aux côtés de Naruto et pas dans cette stupide salle de réunion. Et toute la salle semblait en être consciente.

A vrai dire, il était plus que difficile de ne pas remarquer que le brun n'attendait que le moment où il pourrait partir. Il fulminait littéralement, et il semblait émaner de lui une étrange aura, lourde et sombre, menaçante comme un orage qui va éclater. C'est quand il changea pour la cinquième fois de position sur sa chaise en moins de deux minutes que Jiraya, plus qu'agacé par son impatience, décida d'intervenir. Et tant pis pour la fierté de l'Uchiha.

_Un problème Sasuke ? La chaise n'est pas confortable ?

_Un problème autre que le fait que nous soyons dans cette maudite salle de réunion depuis environ quatre heures à débattre de choses dont nous avons déjà parlé plusieurs fois?

_Nous avons presque terminé. Prends ton mal en patience.

_Et puis, tu sais Sasuke, rajouta Kakashi avec un sourire en coin, Naruto ne va pas s'envoler... Je suis sûr qu'il t'attend sagement. Ou qu'il dévalise les cuisines...

Un air outré se peignit sur le visage de Sasuke tandis que ses joues se teintaient violemment de rouge. Les moqueries en privé au détour d'un couloir passaient encore, mais les réflexions plus qu'explicites, en public, et devant plus de vingt personnes, étaient intolérables pour le brun. Il se jura de le faire payer cher à l'ancien capitaine de la garde, serrant les poings pour se retenir d'en coller une à l'homme, séance tenante. Il jeta à l'homme un regard meurtrier, mais celui-ci s'appliqua à l'ignorer et replongea le regard dans le livre qui ne le quittait jamais. Jiraya, pour sa part, n'arrangea pas son humeur quand il ajouta avec le ton d'un professeur excédé par des élèves turbulents :

_Bien, on peut reprendre maintenant ? Sasuke ?

_Hum...

Un simple grognement mécontent. Pas plus. S'il ouvrait la bouche il ne répondait plus de rien, il le savait. Il prit donc son mal en patience, supportant en guerrier courageux l'inventaire lent et interminable de la nourriture, des charrettes et d'il ne savait quoi d'autre.

Ce n'est qu'une bonne trentaine de minutes plus tard que la réunion la plus longue de sa vie s'acheva enfin. Ce fut pour lui un effort surhumain que de se retenir de partir en courant dans le couloir mal éclairé en cette fin de soirée. Il était à bout, mais il avait encore sa dignité. C'est donc un pas d'une vitesse modérée qu'il s'imposa pour rejoindre sans plus tarder l'infirmerie.

Il était sur les nerfs, et il lui tardait de pouvoir se retrouver enfin un peu seul avec Naruto, même si cela impliquait d'avoir la conversation un peu gênante qu'ils auraient dû avoir depuis un bon moment. Mais quand il souleva enfin le rideau isolant son lit du reste de l'infirmerie, il constata que la discussion serait pour plus tard. Il trouva en effet le blond en grande discussion avec une personne qu'il n'aurait jamais pensé retrouver ici, dans l'infirmerie de la forteresse de sable de l'Enfant du Désert.

Peu après leur fuite du Palais lors de la nuit fatidique où le clan Uchiha avait été décimé, et où Naruto avait hérité du démon, des rumeurs avaient circulé dans le pays, remontant jusqu'aux villages les plus reculés où ils avaient momentanément trouvé refuge. Le Traître, non content d'avoir emprisonné l'impératrice Tsunade et d'avoir contraint son compagnon à fuir avec le capitaine de la garde, avait ordonné que toute personne témoignant ne serait-ce que la plus infime marque de loyauté envers celle qu'il avait détrôné devrait en subir les conséquences.

On avait parlé de dizaines de familles nobles fuyant le Palais, n'emportant que ce qu'elles pouvaient avec elles, dépossédées de leurs titres et de leurs biens, de leurs terres... Déshonorés, totalement impuissants, ces hommes et femmes habitués à la riche et douce vie menée jusque-là, avaient été complètement perdus. Ne sachant pas quoi faire, ils avaient trouvé refuge ici ou là, s'adaptant tant bien que mal à la vie plus dure des gens du peuple. Beaucoup de chefs de famille, ne supportant pas l'affront, s'étaient donnés la mort. C'est ce qui était arrivé au chef du clan Hyuuga.

Sasuke et Naruto connaissaient bien les derniers nés du clan. Naruto avait souvent joué avec la douce Hinata étant enfant et Sasuke avait partagé ses premiers entraînements à l'épée avec le dur et froid Neji, plus âgé de quelques années que sa cousine, et qui était un peu à Hinata, l'héritière du clan, ce que lui-même était à Naruto. Un protecteur prêt à donner sa vie avant qu'une seule goutte du sang de l'autre ne soit versée.

Ce fut un choc étrange pour Sasuke que de les trouver tous deux en grande conversation avec un Naruto plus souriant que jamais. Le blond était apparemment en train de leur expliquer, en braillant et en gesticulant dans tous les sens, comment lui-même et « Sas'ke » avaient échoué au beau milieu du désert. Sasuke était sûr et certain qu'on devait entendre le blond jusque dans les couloirs, mais après tout, Naruto était Naruto. Le côté bruyant et énervant était fourni avec tout le reste, il fallait faire avec et prendre le tout ou bien renoncer. On ne négociait pas avec Naruto. Sasuke avait décidé depuis bien des années qu'un mal de crâne de temps en temps était un bien faible prix comparé à tout ce que le garçon lui avait apporté.

S'approchant du lit en silence, il donna une tape sur l'arrière du crâne du blond qui ne l'avait même pas entendu arriver.

_A peine remis et déjà aussi turbulent. Tu es irrécupérable, dobe.

_Sas 'ke ! Tu m'as fait mal, crétin ! Je suis convalescent !

_Mais oui.

_Ta réunion est terminée !

_Hun. J'ai cru que ça n'en finirait jamais.

_Tu arrives juste à temps ! Tu te souviens de Hinata et de Neji ? Ils sont arrivés hier. Juste un peu après Gaara et moi semble-t-il.

_Sasuke.

_Neji. Hinata-sama.

Les joues de la jeune fille se teintèrent d'un rouge assez soutenu tandis qu'elle répondait au salut de l'Uchiha par un signe de tête. Elle avait toujours été d'une extrême timidité, et Sasuke, sûrement trop habitué aux cris éternels de Naruto, se sentit agacé par la jeune fille. Il s'était bien gardé de faire part de sa pensée à quelqu'un, son statut ne le lui permettait pas, mais il avait toujours trouvé la jeune fille trop fragile pour prendre la succession du clan. Elle était beaucoup trop effacée, et elle avait besoin d'affirmer son autorité si elle espérait obtenir le respect qui lui était dû. Le pouvoir et la stabilité ne s'obtenaient pas en rougissant. Il fallait de la force de caractère et de la détermination, et c'était là la seule chose que son clan pitoyable avait pu lui apprendre avant d'être décimé.

Quoi qu'il en soit, le « bonjour » timidement murmuré l'avait tout de suite hérissé. Et peut-être que le fait qu'elle soit assise juste à côté du lit de blond et que celui-ci ait posé sa main sur son épaule jouait un peu dans son énervement. Peut-être... Il allait y réfléchir. Ou pas. Il allait garder ça pour la discussion en suspens qui ne viendrait que trop vite. Beaucoup trop vite.

Sasuke alla chercher un tabouret bas et le plaça de l'autre côté du lit du blond, en face des deux Hyuuga. Il écouta d'une oreille distraite le récit de Naruto qui lui expliquait en long en large et en travers comment Hinata et son cousin étaient arrivés dans la forteresse du désert. Sasuke apprit ainsi que les rumeurs étaient vraies, et que le Traitre avait chassé un grand nombre de familles après son coup d'état. Après le suicide du père d'Hinata, Neji avait emmené la jeune fille hors du Palais et avaient fui en compagnie de quelques membres du clan, tandis que d'autres avaient préféré suivre leur chef dans la mort. Ils s'étaient cachés à divers endroits, se débrouillant comme ils le pouvaient pour s'en sortir. Ils avaient participé à la résistance dans la mesure de leurs faibles moyens, et avaient finalement entendu parler de Gaara et de son armée. Ils étaient donc partis prévenir leurs compagnons, éparpillés dans tout le pays, avant de prendre le chemin de la Forteresse.

Sasuke nota mentalement qu'il faudrait prévoir, lors de la prochaine réunion, la venue de renforts. Il signala à Neji qu'il faudrait qu'ils se parlent pour connaître précisément le nombre de personnes qui allaient les rejoindre et les capacités de chacun. Naruto, lui, était parti dans une conversation animée avec Hinata, se remémorant leurs souvenirs d'enfance. Le blond enchaînait les anecdotes, faisant rire la jeune fille, mais Sasuke nota qu'il oubliait bien de préciser que chacune de ses bêtises avaient obligé le brun à réparer les dégâts pour lui éviter les ennuis.

La soirée s'écoula doucement, bercée par la joie du blond de retrouver des amis perdus. Sasuke se plongea donc lui aussi dans les souvenirs, profitant de la joie de l'héritier, rayonnant, qui lui offrait le plus beau des spectacles. Il était bon de le voir sourire après toute la souffrance qu'il avait endurée. Il laissa donc Naruto raconter histoire après histoire, jusqu'à ce que, au milieu de la nuit, Neji décide que « Hinata-sama » avait besoin de repos. Ils sortirent donc tous deux de l'infirmerie, laissant enfin seuls l'héritier et le protecteur. Seuls avec tous les mots qu'ils avaient à se dire et qu'ils s'étaient appliqués à taire jusqu'à maintenant.

Alors, quand enfin ils se retrouvèrent en tête à tête, noyés par le silence de l'infirmerie, éclairés seulement par un de ces bocaux fluorescents, une gêne manifeste s'installa bien confortablement entre les deux hommes. Naruto, toujours assis dans son lit, se grattait distraitement l'arrière du crâne tandis que Sasuke mettait un soin particulier à plier sa cape correctement. Aucun d'eux ne savait par quel bout prendre toutes ces choses qu'ils devaient se dire depuis si longtemps.

Naruto s'était pourtant senti sûr de lui et de ce qu'il ressentait. Il savait qu'il désirait Sasuke d'une manière différente de l'amitié, et qu'il ne changerait pas d'avis là-dessus. Pourtant, son assurance première avait fondu comme neige au soleil dès qu'ils s'étaient retrouvés en tête à tête. Son ventre faisait des nœuds et son cœur battait à un rythme légèrement trop rapide. Et il avait chaud. Très chaud. Il savait que c'était ridicule de se sentir aussi stressé. Après tout, il savait très bien que Sasuke partageait les mêmes sentiments, même si celui-ci montrait plus de réticence à l'avouer. Et pourtant, un flot ininterrompu de questions assaillait l'esprit de Naruto. « Et s'il avait changé d'avis ? », et « et si ça ne marchait pas ? » ou encore « Peut-être que je ne lui plais pas... ».

Questions stupides, mais impossibles à ignorer. Le blond, décidant de se ressaisir, frotta ses joues avec ses mains vigoureusement, se forçant ainsi à reprendre ses esprits. Sasuke le regarda en haussant un sourcil. Naruto rougit. Sasuke aussi. Mais leurs regards ne se lâchèrent pas. Le brun, gêné, se racla la gorge, ce qui fit sursauter Naruto.

Puis celui-ci éclata de rire.

Un rire nerveux pour expulser la tension, pour ramener le calme et faire partir la tempête. Un rire pour s'apaiser et se donner du courage. Prenant une profonde inspiration, il lança enfin les mots amorçant la conversation tant attendue.

_Il... Il faut qu'on parle hein ?

_Je crois oui. Ça semble plus que nécessaire.

Le silence à peine soulevé retomba entre eux, lourd comme la pierre. Aucun ne savait trouver les mots à mettre sur ce trop-plein de sentiments qui débordait entre eux. Aucun n'était même sûr de comprendre quelque chose à tout cela. C'était troublant cette chaleur qui les envahissait en pensant à l'autre. Troublant et stupéfiant, surpuissant, et terriblement excitant. C'était nouveau pour Sasuke, ça ne datait que de leur arrivée dans le repaire de Shikamaru, et jamais il n'avait pensé à Naruto de cette manière. Pas consciemment en tout cas. Et là, après cette conversation, tout cela allait être bousculé, chamboulé et retourné sans aucuns scrupules par ces choses qu'il ressentait. C'était, en revanche, moins nouveau pour Naruto. C'était pour lui la simple évolution logique de leur relation, de cette proximité avec son protecteur, avec celui qui le suivait partout depuis aussi longtemps qu'il pouvait se le rappeler. Mais c'était quand même étrange. Étrange et excitant. Et il voulait Sasuke, il n'avait pas besoin d'en savoir plus. Il était quelqu'un de simple et d'entier, il n'avait pas pour habitude de s'encombrer avec des choses inutiles. Il n'avait pas à réfléchir là-dessus. Il savait ce qu'il voulait, un point c'est tout.

Mais il connaissait Sasuke, et il savait qu'il n'échapperait pas à une conversation qui mettrait des mots concrets sur tout ça. Sasuke était quelqu'un de logique et de carré. Il aimait que tout soit clairement exposé. Maudit soit cet esprit pensant trop et ne ressentant pas assez.

Le cœur de Sasuke s'accéléra sensiblement. Celui de Naruto battait déjà très fort. Et puis l'un des deux se lança enfin dans la tempête, balloté par ses sentiments comme le serait un bateau par le vent.

_Depuis combien de temps tu...

_Est-ce que ça importe vraiment de savoir depuis quand Sas'ke ?

_Je voudrais savoir.

Naruto réfléchi quelques instant, plongeant dans ses souvenirs, et très vite le souvenir de l'entrainement avec Sasuke quand ils étaient plus jeunes lui revînt en mémoire.

_Et bien... J'ai commencé à te regarder, un jour parmi d'autres, comme ça sans prévenir. Ça paraissait normal. C'est le jour où j'ai compris que tu étais beau.

À ces mots, une rougeur discrète s'étala sur les joues du blond, et, à la grande surprise de celui-ci, sur celles du brun qui regardait fixement ses mains, posées à plat sur ses genoux, visiblement gêné. Sasuke n'était pas du genre à rougir. Le blond se frotta le nez, un large sourire sur les lèvres, et continua :

_J'ai commencé à détester toutes les femmes de chambre qui bavaient devant toi pendant nos entraînements, et j'ai voulu obtenir toute ton attention, et ne te laisser à personne d'autre.

_Tu avais déjà toute mon attention, abruti. Je passais mon temps à t'entraîner, à te courir après pour t'empêcher de faire des conneries, et à te couvrir quand je n'arrivais pas à t'empêcher de les faire.

_Peut-être... Mais elles m'énervaient à raconter à quel point tu étais grand, beau et séduisant.

_Tu sais, tu ne les laissais pas indifférentes non plus. Je n'ai jamais compris pourquoi d'ailleurs. Un abruti pareil... Et intenable en plus. C'était incompréhensible.

_Pfff... Crétin. J'ai toujours été très beau.

Naruto bomba le torse et releva la tête, se pavanant depuis le lit de l'infirmerie comme un coq dans un poulailler, gonflant ses plumes pour séduire toutes les poules. Sasuke l'observa quelques instants, l'air perplexe, puis laissa un rire moqueur lui échapper. Naruto était ridicule, mais Naruto était Naruto après tout. Le ridicule était livré avec le reste, formant une sorte de tout indissociable. Puis, reprenant un peu de son sérieux, le brun enchaîna :

_Tu l'as toujours été. Tu... Tu l'es encore. Et je... Je sais que tout ça n'est pas simple, mais c'est là, et je ne peux plus fuir. C'est simplement compliqué pour moi. C'est nouveau, et ça va tout changer. Notre relation ne sera plus vraiment la même après ça.

_Pas changer. Évoluer. Et en mieux. Ça devait arriver Sasuke ! J'ai passé ma vie à entendre que tu n'étais là que pour moi, et à être sûr d'être le centre de ton monde. Tout comme tu es le centre du mien.

_Naruto, je...

_C'est comme ça Sasuke. Il faut l'accepter. Ma vie n'est rien si tu n'en fais pas partie.

_Et j'ai besoin de toi.

_Alors arrêtons de nous poser des questions. Voyons où ça nous mène. Ça ne peut pas être quelque chose de mauvais. Je ne le pense pas. Je te veux. Et je sais que tu me veux aussi, et de la même manière.

_Donc on est...

_Ensemble. On est ensemble. Et si quelqu'un t'approche, je le mords.

Sasuke parut hésiter quelques instants, puis, un air à la fois doux et déterminé se peignit sur son visage. Effleurant le dos de la main de Naruto, il lui dit d'une voix calme et sûre :

_Alors essayons.

_Bien. Commençons par dormir un peu. Viens.

Naruto, tout sourire, se poussa au bord du lit pour laisser la place de s'allonger à Sasuke. Le brun leva les yeux au ciel devant le peu de sérieux du blond, soupira, et se leva finalement pour rejoindre le blond.

Finalement, la discussion avait été relativement courte. De toute façon, il n'y avait rien de plus à dire. Ces choses étaient là, ils le savaient tous les deux. Ils avaient besoin l'un de l'autre. Que dire de plus ? Ils allaient simplement arrêter de se voiler la face.

Cette nuit fut paisible pour chacun d'eux. Naruto dormit du sommeil du juste, entouré des bras de Sasuke, bercé par sa simple présence et par la douce chaleur de son corps pressé contre le sien. Rien de plus et rien de moins au creux de cette nuit paisible qui les vit, chanceuse indiscrète, partager leur première nuit teintée de sentiments avoués. Ils restèrent là, profitant simplement d'être près de l'autre, d'être enfin ensemble, deux mais un seul. Une promesse dépassant tous les serments avait été faite, et ils se sentaient tous deux plus liés que jamais.

Naruto s'endormit en pensant qu'il aurait aimé dire ces quelques mots qui résonnaient dans sa tête à Sasuke, pour que celui-ci sache sans détours ce qu'il ressentait. Sasuke, lui, s'endormit en se disant que jamais il n'arriverait à dire ces mêmes mots à Naruto. Il avait déjà du mal à se les avouer à lui-même. Mais peu importait pour l'instant, il avait d'autres problèmes plus urgents. À savoir un blond avec qui il entretenait une relation qui n'allait plus le lâcher. Sa dernière pensée fut que Jiraya et Kakashi allaient le poursuivre dans tous les couloirs de la Forteresse du Désert juste pour pouvoir se moquer de lui encore et encore, jusqu'à ce que mort s'en suive.

Sa première pensée, en revanche, alors qu'il s'éveillait lentement, fut qu'il se sentait incroyablement bien. Pourtant, il n'avait presque pas de place sur le lit et était à deux doigts de tomber parce que Naruto l'avait poussé pendant la nuit, il n'avait plus de couverture, le blond squattait le seul oreiller... Une nuit horrible. Et pourtant... Il était habité par une bonne humeur aussi étrange qu'inhabituelle pour lui. Les réveils étaient ses ennemis de toujours, et il avait encore du mal à s'éveiller, malgré un dur entrainement imposé par son clan qui l'avait rendu fort. Tandis qu'il ouvrait difficilement les yeux, il vit que Naruto dormait toujours, un bras pendant dans le vide et la bouche ouverte, laissant s'écouler un filet de bave disgracieux. Sasuke soupira. Essuyant la bouche du blond avec un coin du drap, il lui mit un coup de coude dans les côtes pour le tirer du sommeil. Il ne savait que trop bien que la manière douce ne fonctionnait absolument pas.

Pas surpris, à peine troublé, le blond ensommeillé ouvrit un œil bleu, puis l'autre, puis referma les deux sans vergogne. Les deux billes azur se ré-ouvrirent presque immédiatement. Les coups de coude avaient fait leurs preuves. Il bailla donc à s'en décrocher la mâchoire avant de lancer un regard désespéré à Sasuke.

_Pourquoi tu me réveilles Sas'ke ? C'est déjà l'heure de manger ?

_C'est le matin.

_Alors c'est encore l'heure de dormir. Reviens te coucher.

_Je ne peux pas.

Sasuke accrochait déjà sa cape sur ses épaules. Il réajusta quelques mèches noires, se coiffant sommairement du bout des doigts, puis attrapa le rideau de l'infirmerie pour le tirer. Naruto se redressa sur le lit, grimaçant légèrement, et l'arrêta.

_Tu vas où ?

_J'ai des mages à entrainer. Et je vais devoir assister à une autre de leurs maudites réunions. Gaara et Shikamaru semblent mettre un point d'honneur à compter jusqu'à la moindre roue de charrette. Mais au moins, le départ approche.

_On a assez d'hommes pour assiéger le Palais ?

_Avec les renforts de Neji et Hinata, les mages et les Démons, nous devrions avoir une force de frappe suffisante. Gaara sera certainement très réticent à utiliser le sien, mais même sans ça, on devrait tenir le temps d'atteindre Orochimaru.

Naruto parut réfléchir un moment, se grattant nerveusement le bout du nez. Il sembla hésiter, ce qui était assez inhabituel pour quiconque le connaissait, puis il se lança enfin.

_Sas'ke. Emmène-moi à la prochaine réunion. J'ai besoin de savoir où on en est exactement.

_Tu dois guérir.

_Je suis pratiquement guéris. Le démon a besoin que je reste en vie, il accélère la cicatrisation. Je sens sa force. Je ne veux pas être tenu à l'écart de tout ça plus longtemps. Je ne suis peut-être pas un fin stratège, mais je suis l'héritier du trône, et ma place est là, parmi vous, pas à l'écart.

_Hun. Tu as sûrement raison... Je ne suis pas sûr que ça plaise à Jiraya sama et à Kakashi mais bon... Repose-toi un peu et habille-toi. Je passerai te chercher après l'entrainement.

_Merci Sas'ke.

Sasuke adressa un sourire au blond. Un simple soulèvement au coin des lèvres, c'était le maximum dont il était capable, mais un sourire quand même. Il souleva le rideau pour rejoindre le terrain d'entrainement, mais il fut à nouveau arrêté par le blond.

_Sas'ke... tu... heu...

_Quoi, baka ?

_Et bien...

Une légère rougeur apparut sur les joues du blond et un sourire taquin se dessina sur ses lèvres. Sasuke eut un instant de blanc, puis il comprit enfin. Lui devînt complètement cramoisi. Baissant la tête pour tenter de cacher sa rougeur et sa honte, il s'approcha du lit d'un pas rapide, passa une main derrière la tête du blond, déposa un rapide baiser sur ses lèvres, puis quitta l'infirmerie comme une tornade, si vite qu'il effraya plusieurs infirmières. Celles qui osèrent passer la tête par le rideau entourant le lit de Naruto découvrirent celui-ci toujours assis dans son lit, l'air absent et le sourire aux lèvres.

Sasuke réajusta sa cape une dernière fois avant de pénétrer dans la cour servant aux entrainements des mages. Ils avaient beaucoup progressé, même si certains avaient encore du mal à ne pas blesser leur partenaire d'entrainement. Le brun remarqua Kakashi, posté dans un des coins de la cour, expliquant aux quelques mages de la foudre il ne savait quoi. Un jour, il faudrait qu'il interroge Kakashi sur ces capacités en magie. Et sur les autres secrets qu'il cachait peut-être encore. Il s'était avéré être un excellent professeur, et les mages de la foudre feraient de terribles ravages quand ils attaqueraient le Palais. Les hommes de Gaara seraient également de précieux alliés. Ils connaissaient bien leur travail, avaient une formation militaire, ou presque, et ils savaient obéir aux ordres. De toute façon, ils n'avaient plus vraiment le temps d'améliorer la formation des nouvelles recrues. Le départ approchait, et bientôt ils se mettraient en marche. Il faudrait se contenter des progrès effectués. Ils n'étaient pas en position de faire les fines bouches. Ils avaient une guerre à gagner, et ils le feraient avec les moyens qu'ils avaient à disposition.

Sasuke cessa de ruminer et rejoint le groupe de mages du feu dont il s'occupait personnellement. Le temps manquait cruellement, et ça lui suffisait pour faire redoubler d'effort ces hommes et ces femmes dont il avait la charge. Le destin du royaume était entre leurs mains à tous, et la vie de Naruto était entre ses mains. Sa vie entière dépendait de Naruto, maintenant plus que jamais, et il savait avec une certitude claire et absolue que jamais il ne pourrait vivre sans lui. Alors, pour lui, pour Naruto, il allait faire de son mieux pour que ces mages qui, quelques temps auparavant, étaient à peine capables de lancer une boule de feu avec une trajectoire correcte, fassent pencher la balance en leur faveur quand viendrait le temps de l'affrontement. C'était son devoir.

C'est en sentant le poids de ses responsabilités peser sur ses épaules qu'il débuta l'entrainement, assommé par la morsure cruelle du soleil du Désert. Les tatouages sur sa main se mirent à luire d'une lumière intense. Alors débuta la séance de torture quotidienne des mages du feu entrainés par Sasuke.

Naruto, lui, tournait en rond. Au sens propre comme au sens figuré. Il était habillé et lavé depuis plusieurs heures maintenant, prêt à suivre Sasuke à la réunion dès que celui-ci viendrait le chercher. Il n'avait pas réussi à se rendormir après le départ du brun, trop excité par les projets qui avaient germé dans son esprit. Il ne savait pas comment les autres allaient prendre sa décision, mais lui, il savait qu'il n'avait pas le choix. Ils avaient besoin de la force du démon, et il allait la leur offrir. Gaara serait plus qu'utile, mais trop employer la puissance ravageuse du monstre dormant en lui serait plus que dangereux. Il devait faire quelque chose, et il savait exactement quoi. Seulement un problème de taille subsistait : Sasuke. Le brun n'allait vraiment pas du tout aimer son projet. Et il doutait que tous les arguments du monde viennent à bout de son refus. Et il faudrait aussi convaincre Jiraya, Kakashi et Gaara. Shikamaru était intelligent, lui se rendrait peut-être à l'évidence, mais les autres allaient poser problème, c'était sûr et certain.

Sasuke retint un soupir de désespoir quand il se retrouva encore une fois assis dans la salle de réunion en compagnie de Shikamaru, Neji, Gaara, Kakashi, et de toute personne concernée par les préparatifs. Il n'en pouvait plus de ces réunions interminables. Il était extrêmement las des inventaires détaillés de tout ce qui pouvait se trouver dans la forteresse.

Heureusement, celle-ci ferait partie des dernières. L'heure de se mettre en marche approchait enfin. Les préparatifs touchaient à leur fin, et ils avaient, selon Shikamaru, un nombre maintenant suffisant d'hommes pour assiéger le Palais. De plus, le jeune homme était sûr que, une fois l'armée en marche, d'autres mercenaires les rejoindraient. Il était en effet probable que certains aient préféré ne pas s'aventurer au cœur du désert pour venir grossir leurs rangs. Il ne restait plus que quelques préparatifs à faire, et quelques ajustements stratégiques sur leur plan d'attaque. Bientôt il serait débarrassé de ces réunions insupportables.

Et, pour une fois, Naruto était assis dans la salle.

Pas à côté de lui, non. Il aurait été trop distrait. Il se surprenait déjà bien assez à contempler les yeux bleus et la chevelure blonde de l'héritier. Non, Naruto se trouvait aux côtés de Gaara. L'Héritier, assis à la droite de l'Enfant du Désert, le maître des lieux. Là où était sa place.

Un peu avant de commencer, Shikamaru s'était employé à leur faire, à Neji et à lui, fraichement arrivé lui aussi, un résumé complet mais rapide de la situation, du nombre d'hommes à leur disposition ainsi que de leur plan d'attaque. Naruto avait écouté avec beaucoup d'attention, l'air soudain sérieux et grave, se mâchouillant la lèvre inférieure, et hochant de temps en temps la tête pour approuver certaines des remarques de Shikamaru.

Sasuke avait dû lutter pour réprimer un sourire qui, s'il avait été remarqué par Kakashi et Jiraya, lui aurait valu assez de moqueries pour les mois qui suivaient. Au moins.

Les discussions commencèrent, interminables, toujours sur les mêmes sujets ennuyeux. Puis vint l'inventaire des troupes, le nombre de soldats, de mages. Et puis la date de leur départ.

C'est ce moment que choisit Naruto pour lancer sa bombe.

_On ne peut pas partir tout de suite. J'ai quelque chose à faire avant.

_Et on peut savoir quoi ? Demanda Jiraya, étonné de l'intervention de son petit-fils et sentant venir les ennuis.

Le blond déglutit, inquiet des réactions, et surtout de celle de Sasuke, mais il reprit vite confiance en lui. Il devait le faire, quoi que disent les autres. Fronçant les sourcils, l'air plus sérieux que jamais, il enchaîna :

_Prendre le contrôle du Démon. C'est vital. Je vous demande deux semaines. Si d'ici là je n'y arrive toujours pas, nous partirons avec les hommes que nous avons.

Ces quelques paroles furent le déclencheur d'un flot de paroles et d'un brouhaha phénoménal. Une vague de protestations. Un océan d'indignation.

_Il faut agir tant que nous le pouvons ! Attendre ne nous aidera pas. Tu as déjà échoué, et si tu n'y parviens pas, nous aurons perdu un temps précieux en vain.

_Je n'échouerai pas cette fois.

_Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

_Je le sais c'est tout. Il faut lever une autre entrave et me laisser prendre le dessus sur le démon. Il avait une arme la dernière fois. Mais ce point faible n'existe plus. C'est même devenu ce qui me donnera la force de lui imposer ma volonté.

Naruto se força à ne pas regarder dans la direction de Sasuke, mais il ne se fit pas d'illusion. La moitié de la Forteresse devait savoir qu'ils avaient dormi ensemble, et tous les gens présents dans la salle les avaient vus arriver ensemble. Personne ne le prononça à voix haute, mais le nom de Sasuke flottait dans l'air et se pressait sur toutes ces bouches qui n'osaient le laisser sortir.

_Si je puis me permettre, lança Kakashi, il y a peut-être une solution qui arrangerait tous nos problèmes.

_Et peut-on connaître cette solution miracle ?

_Et bien, elle se nomme « Sharingan ».