Voilà enfin le petit épilogue sans prétention promis il y a… des mois. Le temps file à une vitesse vertigineuse. Si je lis toujours des fics, je n'écris plus. Cette fic fut un long travail, dans lequel j'ai mis beaucoup de moi-même, je ne suis pas sûre d'avoir un jour le temps et le courage de me relancer dans une nouvelle fic. Mais il ne faut jamais dire jamais ! Pas de projet actuellement en tout cas.

Je suis très flattée, et totalement enchantée, car katha4792a entamé la traduction de ma fic en espagnol ! Sacré travail, dont elle s'acquitte fort bien. C'est drôle pour moi de parcourir mes propres chapitres dans une autre langue ! Merci beaucoup à elle.

Vous qui m'avez lue, soutenue, et envoyé tant d'adorables messages… « Que vais-je lui dire, et par où commencer ? » écrit Racine.

Je me délectais de vos messages, je bondissais sur mon smartphone à l'arrivée d'un mail, je souriais bêtement à vous lire, dans le bus, sur le trajet de l'école pour aller chercher les enfants, en allant travailler, en en revenant, le matin, le soir, vous avez illuminé mes journées.

Alors… Moona-Mars, Loony, Brany Sabrina, Era-chan, Alice TVF (bien vu -)), Heylo, MalituLnigeli, Angie-tenshi, Mangafana, Evey88, Moyama, Mikipeach (oh Mikipeach ! Tes commentaires étaient un bonheur !), La, Angie-tenshi18, Alice Matsumoto, Velya, Siam-chan, Robespierre6, Florinoir (non je ne connaissais pas Limitless ! Quel dommage qu'elle soit inachevée !) Nenette 22, Somebody who is crazy, Elfyq, Rinne-chan, Loony, Leyanna, Inukag9, Mai 96, Lady Shadow Cassandra, Mistkuni Honey Haninozuka… (je ne cite ici que ceux qui m'ont écrit depuis le chapitre 20 ! La liste serait bien trop longue !)

Et tous ceux que j'oublie et que je supplie de me pardonner…

MERCI, merci à tous de vos attentions et du temps que vous avez consacré à me lire. J'ai été ravie de vous rencontrer, un petit peu, ici, je vous salue et vous souhaite à tous le meilleur, toujours.

et Plume d'eau, Plume d'eau, tes commentaires m'ont transmis à la perfection tes émotions de lectrice, et c'est le plus beau cadeau que tu pouvais me faire. Alors merci, merci mille fois à toi d'avoir pris la peine de m'écrire à chaque chapitre, même si tu as eu affaire à une ingrate qui ne t'a pas toujours répondu, honte à moi.

Fractals, je n'ai pas osé te solliciter pour me relire, tant de temps après. J'espère que tu vas bien, que tu cultives toujours ton enthousiasme débordant pour la littérature et que tes études se passent au mieux. Je t'embrasse.


- Monsieur le Directeur, salua la femme en s'inclinant.

Kyoya remonta ses lunettes :

- Pas ce matin, Madame Hanamura. Pas ce matin.

Elle acquiesça en souriant et lui indiqua de la main la direction à suivre :

- Nous avons ouvert il y a quelques secondes, vous ne serez pas en retard.

- Bien.

Il sortit du bâtiment de l'administration, bruissant tous les ans d'agitation à cette même date, et le soleil qui illuminait les jardins l'éblouit une seconde. Portant la main au-dessus de ses yeux, il regarda quelques instants la foule des élèves et des parents, puis se dirigea à son tour vers le bâtiment des maternelles.

Il y avait des pleurs, des rires, des voix haut perchées et des sacs colorés. Une petite foule joyeuse se dirigeait vers les portes de l'école.

- Papa !

Kyoya eut juste le temps d'ouvrir les bras que déjà Ichiro s'y jetait en riant.

- Regarde, mon sac ! Mon sac !

Le petit garçon sauta à terre aussi vivement qu'il avait bondi dans les bras de son père et fit un tour sur lui-même, manifestement ravi de la chose en plastique barbouillée de dessins de mangas qu'il portait fièrement sur le dos.

- C'est Gingka et Pegasus !

Kyoya eut une légère hésitation mais une voix féminine souffla à son oreille :

- Les héros de Beyblade, tu sais, le truc des toupies...

- Ah oui, murmura Kyoya en échangeant un regard avec Haruhi.

- L'est super ! Mori m'a donné !

- En effet Ichiro, ce sac est... super. Mais je croyais que Hikaru...

L'enfant haussa les épaules et répliqua d'un ton méprisant :

- Nul son sac, a pas Pegasus.

- Ah. Bon.

Le petit garçon repartit comme une flèche, bondissant vers les autres enfants, entamant de joyeuses conversations avec ceux qui n'étaient pas occupés à sangloter dans les jupes de leur mère.

- C'est étrange, tout de même, murmura Haruhi.

- Oui. Un peu, admit Kyoya.

Ils se tenaient, comme les autres parents, dans la magnifique cour des maternelles d'Ouran, où étaient disposés tous les jeux d'extérieurs les plus pédagogiques possibles. Kyoya sentait sur eux les regards des autres parents.

« Si si, c'est eux... Alors il sera dans la même classe que le fils Ootori... Je crois qu'elle est avocate... Je ne pensais pas qu'il serait là ce matin... Mon mari sera furieux de ne pas être venu finalement... »

Oui, bien sûr qu'il avait fait en sorte d'être là ce matin. Il ferait tout pour être là à toutes ses rentrées, à toutes ses fêtes de fin d'années, à tous ses anniversaires... À toutes ces occasions si importantes pour un enfant, et auxquelles son père n'avait jamais assisté, ou rarement et de façon très intéressée.

« Regarde ma chérie, le petit garçon là-bas, oui, c'est ça, le sac Beyblade... Tu seras très très gentille avec lui, hein ? Tu promets à papa ? »

Pour le coup, Kyoya et Haruhi échangèrent un regard amusé et la jeune femme leva les yeux au ciel. Kyoya jeta un coup d'œil glacial aux parents de la petite fille concernée qui le saluèrent fébrilement. Il ne daigna répondre que par un bref hochement de tête.

- Kyoya, gronda Haruhi, tu ne ruines pas leur société...

- Je pourrais, pourtant. Leurs actifs sont peu solides.

- Kyoya...

- Je peux la racheter cet après-midi, sinon. Bien que je n'en aie aucune utilité.

- Kyoya, ils ont simplement dit à leur fille d'être gentille avec Ichiro.

- Personne n'utilisera Ichiro pour nous approcher.

Sa femme lui jeta un regard taquin :

- Pourtant de grandes amitiés pourraient naître de ce genre de procédés, non ?

Il ne répondit pas et sourit à nouveau.

Kyoya, tu sais que le fils de Monsieur Suoh est transféré à partir d'aujourd'hui à Ouran. Je suis certain que tu réalises que ce ne serait pas une mauvaise chose que tu deviennes très ami avec lui.

- Oui père.

Les institutrices, toutes trilingues et ridiculement surdiplômées, tapèrent alors dans leurs mains depuis le perron de l'école.

- Mesdames, Messieurs. Si vous le voulez bien, nous allons maintenant faire l'appel des noms des enfants et vous pourrez, bien entendu, les accompagner dans leur salle de classe pour cette première rentrée.

Immédiatement, les enfants s'étaient tus. Ichiro revint à toute allure entre Kyoya et Haruhi et glissa ses doigts dans les mains de ses parents. Il leva vers sa mère ses yeux bleus soudain emprunts d'une légère inquiétude et Haruhi lui sourit largement :

- Tout va bien, on reste avec toi.

- Oui... Mais pourquoi les autres enfants, ils pleurent ?

La jeune femme ouvrit la bouche pour répondre mais Kyoya la devança :

- Parce que, eux, leur père n'est pas le Directeur de l'école.

Simultanément, le visage d'Ichiro s'illumina et celui d'Haruhi se ferma.

- Ouais ! s'exclama l'enfant enchanté.

- Kyoya, ne commence pas, nous en avons déjà discuté ! grinça Haruhi entre ses dents.

Les lunettes de Kyoya brillèrent au soleil alors qu'un fin sourire supérieur étirait ses lèvres.


- Viens.

Elle se laissa conduire dans le corridor silencieux. Elle ne comprenait toujours pas ce qu'ils faisaient là. Pourquoi Kyoya avait confié Ichiro à Ranka pour ce bref week-end pluvieux d'automne, pourquoi ils avaient fait ce trajet en voiture, pourquoi ils se trouvaient là, un samedi soir, sans personne d'autre qu'eux, dans cette immense villa qui ne leur appartenait pas.

Cette immense villa des Nekosawa où elle n'était venue qu'une seule fois, lors d'un autre week-end, tant d'années auparavant.

Le cœur de la jeune femme se serra lorsqu'elle reconnut la porte qu'elle avait poussée un soir par mégarde.

Kyoya fit jouer la poignée et, tenant toujours Haruhi par la main, l'attira à l'intérieur.

La chambre n'avait pas changé. Les peintures avaient été refaites, certes, mais tout était à l'identique. Jusqu'aux fleurs dans le vase. Jusqu'aux draps blancs sur le lit, devant la baie vitrée. Jusqu'à la pénombre de la pièce. La jeune femme cligna des yeux, la gorge étreinte par toutes sortes de souvenirs.

- Kyoya, enfin, qu'est-ce que...

Le reste de la phrase resta coincé dans sa gorge sous l'intensité du regard gris de Kyoya. Il se passait quelque chose, quelque chose d'important. Quelque chose qui faisait trembler les doigts de Kyoya sur les poignets d'Haruhi.

- Haruhi, j'ai voulu revenir ici parce que je n'ai pas trouvé de meilleur endroit. Parce que je crois, avec le recul, que, même si je n'en ai été conscient que beaucoup, beaucoup plus tard, pour moi, c'est dans cette chambre que, finalement, tout a commencé. Alors...

Il se tut et relâcha doucement les mains de la jeune femme. Celle-ci cessa de respirer lorsqu'elle vit les longs doigts de Kyoya glisser dans sa poche de veste pour en retirer un minuscule écrin sombre.

Il ne se mit pas à genou, parce que Kyoya Ootori ne faisait pas ce genre de choses.

Haruhi ouvrit la bouche en découvrant le diamant serti sur son anneau d'or.

- Haruhi Fujioka, me ferais-tu l'honneur de m'épouser ?

Elle cligna des yeux plusieurs fois, sans parvenir à empêcher les larmes de se mettre à couler. Elle murmura d'une voix tremblante :

- Mais... Mais... Je ne comprends pas... Nous sommes déjà mariés... Depuis...

Kyoya prit doucement la main de la jeune femme dans la sienne et elle releva vers lui un regard transparent.

- Haruhi, je crois que tu comprends très bien. Je veux t'épouser vraiment. Je veux un vrai mariage avec... avec tout le monde. Et Ichiro.

Elle resta figée dans la pénombre, les yeux écarquillés et brillants de larmes, puis, de longues secondes plus tard, acquiesça fébrilement parce qu'elle aurait été incapable de parler.

Un mauvais sourire sensuel étira les lèvres fines de Kyoya Ootori :

- Tu n'as qu'à t'en prendre qu'à toi même si tu n'es pas capable de te défendre.

Haruhi avait été capable de se défendre, de lutter, contre beaucoup des épreuves que le destin avait placées sur sa route. Mais elle savait, dorénavant, que cette lutte était bien moins inégale si d'autres étaient à ses côtés pour l'aider à se battre.

Les yeux bruns d'Haruhi Fujioka s'agrandirent, sans que Kyoya pût y déceler la moindre nuance de peur. Elle déclara d'une voix parfaitement calme :

- Tu ne ferais pas cela Kyoya... Parce que tu n'aurais aucun intérêt à coucher avec moi.

Mais les intérêts de Kyoya étaient désormais tout autres qu'à cette époque. Parce que plaire à son père n'avait plus d'importance, parce que Tamaki avait cédé sa place dans le cœur d'Haruhi, et parce que rendre heureuse cette mince jeune femme resterait à jamais le plus beau de tous les défis relevés par Kyoya Ootori.

Bientôt ils s'allongèrent en s'embrassant à perdre haleine sur ce même lit, bientôt Haruhi ne fut plus vêtue que de cet unique anneau d'or et Kyoya Ootori, tant d'années, de joies et de souffrances plus tard, put s'appesantir sur le corps toujours aussi fin, aussi pâle, d'Haruhi Fujioka.


Sur l'écran, deux grands yeux indigos apparurent, qui clignèrent d'un air ahuri.

- Kyoya ? Tu filmes là ? T'es sûr ?

Tamaki fut repoussé violemment et on entendit la voix agacée de Kyoya.

- Oui, je filme. Et recule, ou bien on ne verra que toi !

Les lèvres du blond tremblèrent et il geignit :

- Maman n'est pas gentille, maman n'aime pas me voir en gros plan ?

Le soupir excédé de Kyoya se fit entendre et le caméscope fut décalé brutalement vers la droite. La troisième salle de musique apparut. Haruhi portait un plateau où était disposé un magnifique service à thé en porcelaine. Elle sourit maladroitement à la caméra et se détourna.

Les jumeaux, assis l'un contre l'autre sur un des canapés, lancèrent un baiser au caméscope et les cris des clientes retentirent. Les jeunes lycéennes étaient là, bruissantes telles des abeilles affairées dans leurs robes jaune pâle. Elles faisaient des petits signes au caméscope, pouffaient en rougissant. La caméra s'arrêta sur Honey qui finissait un gâteau, assis près de Mori et de deux jeunes filles. Le karatéka sourit largement mais la main de Mori lui glissa doucement une serviette sur sa joue rose et constellée de sucre glace.

- Merci Takashi ! s'exclama Honey sous les regards énamourés de leurs clientes.

Tamaki revint à la charge de plus belle et se planta devant la caméra, bondissant pour se faire voir alors que Kyoya tentait désespérément de filmer autre chose.

- C'est lui ?! demanda Ichiro.

Tous se tournèrent vers l'enfant, assis dans le canapé. Haruhi répondit simplement :

- Oui, c'est lui, c'est Tamaki.

- Oh.

Il continua de regarder l'enregistrement, inconscient que tous les regards des présents étaient, eux, fixés sur lui. Kyoya et Haruhi étaient assis de chaque côté d'Ichiro, les jumeaux étaient installés par terre, sur le moelleux tapis du salon. Mori et Honey avaient pris le canapé adjacent. Et tous observaient Ichiro qui découvrait, sur l'écran, celui qui avait été leur ami, ou même bien davantage.

- Il a l'air un peu bête, non ?

La voix du jeune garçon de six ans marquait son incrédulité. Tous les adultes rirent et c'est cette fois Kyoya qui répondit :

- Parfois, oui, il pouvait sembler un peu stupide. Mais il ne l'était pas, en réalité.

- Ah. Bon.

Après un nouveau temps de réflexion, Ichiro se tourna vers sa mère :

- Alors c'est lui Tamaki ? C'était lui ton amoureux quand j'étais dans ton ventre ?

- Oui, c'est lui, répondit doucement Haruhi en caressant les cheveux bruns de son fils.

- Et pourquoi est-ce qu'il t'appelle maman ? demanda-t-il en se tournant cette fois vers Kyoya.

Le maître de maison soupira :

- Parce qu'il voulait qu'on soit tous une famille, c'était comme un jeu. Il aurait été le papa, moi la maman, Hikaru, Kaoru et Haruhi nos enfants et Honey et Mori des sortes d'oncles.

- C'est bizarre, conclut froidement l'enfant.

- Oui, on lui a toujours dit que c'était bizarre, renchérit Hikaru. Mais quand il avait une idée en tête...

- … impossible de l'en dissuader, continua son frère.

La vidéo passait toujours, mini reportage sur une séance du club d'hôtes.

- Et donc c'est lui mon... mon premier papa ? Avant mon vrai papa ?

- Oui, voilà, murmura Haruhi non sans émotion.

- D'ailleurs tu as les mêmes yeux que lui, exactement, ajouta Kyoya avec une douceur rare.

- Des yeux qui sont un vrai piège à filles, tu verras ! s'exclama joyeusement Kaoru.

Ichiro regarda très attentivement le jeune homme à l'écran et se tourna à nouveau vers sa mère :

- C'est à cause de ça que tu es tombée amoureuse de lui ?

- En fait, pas vraiment, non, répondit-elle en riant.

- Ta maman était la seule fille, au contraire, à ne pas être tombée amoureuse de lui à cause de cela ! coupa Honey.

- Mais alors, pourquoi tu étais amoureuse de lui ? demanda Ichiro.

Haruhi ouvrit la bouche, hésita, et croisa le regard amusé de son mari. Elle sourit en passant sa main sur la joue de leur fils :

- Parce que c'était quelqu'un de bien. C'est une longue histoire, tu sais.

Le petit garçon écarquilla les yeux et bondit sur ses pieds, oubliant tout à fait la télévision :

- Ah bah non alors, moi je veux goûter ! Honey a apporté des éclairs, il m'a montré ! Je monte chercher grand-père !

- Ichiro ! rétorqua Haruhi. Ne réveille pas ta sœur !

Mais l'enfant était déjà parti en courant joyeusement vers l'escalier. Ils restèrent quelques instants, tous les six, dans un silence paisible, devant cette vidéo qui les renvoyait à leur adolescence à Ouran. Puis la voix de Mori s'éleva :

- Ichiro semble bien le prendre.

- Oui, on peut même dire qu'il s'en fout complètement ! s'exclama Hikaru.

- Non, il ne s'en moque pas, répondit Honey. Tout cela est juste très abstrait pour lui, il n'a que cinq ans. Mais c'est bien de le lui avoir expliqué.

Haruhi acquiesça avec un sourire mélancolique.

À l'étage, les voix de Ranka et d'Ichiro s'élevèrent, puis, quelques instants plus tard, des pleurs de nourrisson. La jeune femme leva les yeux au ciel et maugréa :

- Je lui avais dit de faire attention à ne pas réveiller sa sœur !

La longue main de Kyoya vint se poser sur celle de sa femme et elle croisa son regard gris derrière le verre de ses lunettes.

- Allons, il était presque l'heure de son biberon de toute façon.

- Mouais, marmonna Haruhi.

- Et puis, renchérit Hikaru, Ayame ne devrait pas tarder à arriver...

- ...avec mon neveu adoré ! finit Kaoru avec un sourire ravi.

Haruhi soupira de mauvaise grâce :

- Bon, d'accord... Allons préparer la table du goûter alors.

Ils se levèrent dans une joyeuse décontraction, et sortirent peu à peu vers le jardin où ils dégusteraient ensemble les délicieuses pâtisseries apportées par Honey. Haruhi et Kyoya restèrent un instant seuls dans leur salon, remettant en place les coussins. La jeune femme se redressa et constata alors que la télévision était toujours allumée, et que Tamaki, à l'écran, était lancé dans un grand discours sur l'intérêt de la nourriture de prolétaire. Elle écouta quelques secondes, avant de réaliser que son mari se tenait près d'elle, immobile, les yeux également fixés sur l'écran.

Haruhi et Kyoya échangèrent alors un regard, un sourire, et la jeune femme, prenant la télécommande sur la table basse, éteignit simplement la télévision.


Kyoya leva les yeux de l'écran de son ordinateur. Madame Hanamura se tenait devant son bureau, un dossier à la main. Elle finissait sa carrière, les rides marquaient son visage doux et les cheveux de son éternel chignon étaient à présent d'un gris tirant sur l'argenté. Kyoya ignorait s'il parviendrait à remplacer cette femme qu'il ne voyait pourtant qu'un jour par semaine, lorsqu'il venait de façon hebdomadaire remplir ses obligations de Directeur de la plus prestigieuse académie du Japon. Madame Hanamura connaissait si bien Ouran, depuis tant d'années – de décennies, que lui trouver un successeur ne serait pas chose aisée. On n'en était cependant pas encore là, se rappela Kyoya.

Il baissa les yeux vers le dossier qu'elle lui tendait et elle déclara sobrement :

- Voici une demande d'ouverture d'un nouveau club. J'ai vérifié que tout est en ordre, mais je vous laisserai statuer.

Le Directeur haussa légèrement les sourcils, surpris. Ce genre de décision se prenait sans lui, ces sujets relevant des prérogatives des directeurs des études. Madame Hanamura eut alors un étrange sourire et elle ajouta :

- Je suis d'avis que vous apprécierez de vous pencher sur cette demande, Monsieur le Directeur.

Puis, les yeux pétillants derrière ses lunettes rondes, elle posa le dossier devant Kyoya et sortit. Kyoya remonta ses propres lunettes d'un geste machinal et ouvrit la pochette cartonnée.

Les mots lui sautèrent aux yeux. « Demande d'ouverture d'un club d'hôtes et d'hôtesses »

Il cessa un instant de respirer puis balaya le courrier du regard. Ses lèvres s'étirèrent doucement à la lecture des noms des éventuels participants.

Le fils aîné d'Hikaru les jumelles de Satoshi Morinozuka le fils de Chika Haninozuka la seconde fille de Yuuichi…

Président : Ootori Ichiro, classe de Première A

Une intense émotion étreignit le cœur de Kyoya et ses doigts tremblèrent, juste un instant, sur le papier blanc.

- Tu sais, j'ai eu une idée fantastique ! Ouvrons un club ! Utilisons nos sublimes physiques à tomber… et appelons-le le Host Club !

Kyoya, d'un air blasé, écrasa du pied la face stupidement hilare de son ami en soupirant :

- Voilà qu'il rêvasse en pleine journée…

Mais soudain, il s'arrêta un instant sur l'idée énoncée par le blond, posa son sac de cours à terre près du kotatsu et déclara simplement :

- Attends… Allez Tamaki, explique-moi ça après tout.

Tamaki, qui se frottait la joue, écarquilla les yeux, stupéfait. Kyoya sourit plus largement et continua :

- C'est vraiment une idée originale, et si nous pouvons mettre cela en place, j'y vois une possibilité d'en tirer personnellement profit.

Tamaki éclata de rire en regardant son meilleur ami :

- Oh non, alors ça, c'est vraiment un sourire machiavélique !

Kyoya, qui avait rapidement jeté un coup d'œil au dossier irréprochable présenté par son fils, se laissa aller contre le dossier de son fauteuil et le fit pivoter vers l'immense fenêtre au cadre doré qui s'ouvrait sur les jardins de l'académie. Au loin, des lycéens couraient sur la piste d'athlétisme. Kyoya enclencha le premier numéro de son portable et attendit que sa femme décroche.

- Pardonne-moi de te déranger Haruhi, tu n'es pas en rendez-vous ? … Oui, je suis à Ouran, justement… Non, non, je n'en aurai que pour une minute, mais je voudrais vraiment que tu me donnes ton avis sur le papier que j'ai sous les yeux…

FIN