Prologue

Sally Jackson tourna la clef et pénétra dans la cabine qui était désormais la sienne pour les mois à venir. Une forte odeur de renfermé l'atteignit au visage et comme il faisait sombre, elle alla ouvrir les fenêtres et les volets qui grincèrent, preuve qu'ils n'avaient pas été ouverts depuis fort longtemps. Le soleil entra à flots et elle laissa son regard errer sur la pièce. Les meubles branlants étaient recouverts d'une épaisse couche de poussière et le sol de sable qui était parvenu à s'infiltrer dans le bungalow, des toiles d'araignées s'épanouissaient dans tous les recoins, les rideaux étaient délavés mais ses finances ne lui permettaient pas de s'offrir mieux que cette cabine meublée.

Elle soupira et reporta son attention sur la fenêtre. A quelques centaines de mètres de là, la mer s'échouait contre la plage.

« Je suis face à la mer, se dit-elle pour égayer un peu son moral, et le restaurant n'est qu'à quelques minutes à pieds. »

A la mort de son oncle, elle avait du faire face aux dettes du défunt et aux différentes factures qui s'accumulaient. Elle avait prié le propriétaire de son immeuble de lui accorder des délais de paiement, que le brave homme, dans un élan de pitié, lui avait accordé mais n'avait pas tardé à comprendre qu'elle ne tiendrait pas longtemps avec son maigre salaire. Elle avait consciencieusement épluché les petites annonces mais n'avait trouvé aucun emploi à sa portée ou qui lui rapporterait suffisamment d'argent pour subvenir. Un jour, alors qu'elle venait de recevoir plusieurs courriers des créanciers et du propriétaire qui s'impatientaient, elle avait trouvé une annonce d'un petit restaurant de Long Island qui recherchait une serveuse. Le salaire, sans être élevé lui permettrait de vivre décemment et en faisait des recherches, elle avait découverts l'existence de ce vieux bungalow à louer et dont le loyer était raisonnable du fait de son exigüité et de son état d'abandon.

Sally avait réfléchit toute la nuit. A la mort de ses parents, elle avait été confié à son oncle. Un homme autoritaire et froid d'une quarantaine d'année qui l'avait toujours délaissée. Elle avait rapidement appris à se débrouiller seule depuis lors, elle n'avait pu compter que sur elle pourtant elle ne s'était jamais vraiment senti l'âme d'une aventurière. Elle avait vu des gens que fréquentait son oncle tout perdre et se retrouver à la rue et elle avait peur de finir comme eux, de quitter cette vie difficile mais dont elle était habituée pour une existence pire encore et inconnue. Elle ne connaissait pas du tout long Island et encore moins Montauk, n'ayant jamais quitté les quartiers du centre de New York. Mais elle devait également faire face à la réalité et celle-ci disait que de toute manière, dans très peu de temps, elle serait expulsée et se retrouverait sans rien. Autant tenter le tout pour le tout et se jeter dans l'inconnu.

Le lendemain matin, sa décision était prise, elle s'était rendue au restaurant qui lui avait accordé la place puis au propriétaire du bungalow qui avait accepté de lui louer pour une période indéterminée, trop heureux de trouver enfin un locataire. Sally avait vendu les meubles et les bibelots de son oncle et de cet argent, avait remboursé ses loyers en retard au propriétaire et avancé le montant des prochains à celui du bungalow ce qui lui avait permis de quitter l'immeuble et de partir emménager à Long Island. Un voyage avait suffi pour transporter toutes ses affaires.

Elle soupira une nouvelle fois et déposa ses bagages sur le lit aux draps remplis de sable puis s'assit. Elle laissa son regard balayer le petit espace. C'était exigu, branlant et défraichi mais c'était le départ de sa nouvelle vie. Alors qu'elle se levait pour mettre de l'ordre dans la petite cabine pour tacher de la rendre habitable, Sally se promit qu'elle n'échouerait pas. Elle se construirait une nouvelle vie, ici.

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Au fin fond de l'Atlantique, là où la pression était fatal pour tout être humain, se dressait un palais majestueux tout d'or et d'argent de style gréco-romain et dont l'entrée était gardée par une haute statue de cinq mètres représentant un homme portant une armure romaine et tenant fièrement dans sa main un trident. Il s'agissait du palais sous-marin de Poséidon, le mythique dieu de la mer et des océans en furie, des tremblements de terre et des sources et le père des chevaux. Celui-ci venait d'apparaître dans une brume marine, revenant d'une petite réunion au Mont Olympe particulièrement longue et des plus ennuyeuses. Depuis 6000 ans, il avait fini par comprendre ce qu'il avait à faire alors pourquoi Zeus s'obstinait-il à lui répéter à chaque fin de printemps que ce n'était pas la peine de créer un cataclysme ? Il savait qu'il avait un caractère parfois emporter mais tout de même !

Soupirant, il s'installa sur son trône. Par l'Olympe, ce qu'il pouvait s'ennuyer ! Il devait bien reconnaître qu'il n'était pas à plaindre. Il était un dieu, l'un des trois grands ce qui lui assurait le respect du monde mythologique, il vivait avec ses enfants dans un palais majestueux qu'il avait construit, les créatures marines lui obéissaient et il possédait assez de pouvoir pour créer séismes, tsunamis et crues de fleuves. Sauf que Zeus lui avait interdit de se livrer à ce genre de petits exercices et qu'il ne servirait actuellement à rien de créer un quelconque cataclysme car il n'était ni en guerre ni contrarié d'une quelconque façon contre qui que ce soit. Et de toute manière, aucun humain ne comprendrait d'où cela provenait. Les humains avaient depuis longtemps cessé de croire en eux, les Dieux de l'Olympe, de les craindre et de les célébrer, ce qui était assez frustrant. Autrefois, les Dieux étaient vénérés et la Terre était leur terrain de jeux... et de chasse bien que le dieu de la mer avait une légère préférence pour les immortelles.

Depuis combien de temps d'ailleurs n'était-il pas retourné sur Terre pour autre chose que ces responsabilités ? Sept siècles ? Dix ? Il ne se souvenait plus exactement… et c'était selon lui le signe qu'il avait besoin de vacances ! Oh, bien sûr, il y avait cette promesse qu'il avait faite à ses frères, Zeus et Hadès, de ne pas tomber amoureux d'une mortelle mais il s'agissait juste de vérifier que son charme fonctionnait toujours et non de trouver l'âme sœur, juste d'échapper à la monotonie du quotidien. Il prit sa décision. Il convoqua son fils Triton, celui en lequel il avait le plus confiance et qui connaissait le mieux sa façon de diriger son royaume, et lui en confia la charge pendant son absence. Son fils ouvrit et referma la bouche plusieurs fois, à la fois heureux et fier que son père lui fasse assez confiance pour lui permettre de prendre sa place durant quelques jours mais surpris et pris de court par sa décision rapide, cependant, Poséidon ne lui laissa pas le temps de refuser et disparut dans une brise marine.

Quand pensez-vous? N'hésitez pas à critiquer. J'ai essayer d'être fidèle au roman mais j'ai un peu de mal à respecter les caractères de chacun des personnages. J'ose pourtant espérer que ce prologue de ma première fic vour plait et vous encourage à lire la suite.

Nora Halliwell