Rien n'est à moi... Enfin, pas les personnages, en tout cas...

Me revoilà avec un petit OS pas très long, pas très joyeux, relativement lointain de ce que je fais d'habitude. Mais il est important pour moi, et j'avais besoin de l'écrire. Tout commentaire sera le bienvenu, je réponds toujours, et je suis toujours enchantée de discuter.

edit : finalement, il semble que Nott m'inspire, et je prépare des petites suites à cet OS... L'épisode 2 devrait bientôt arriver...

Je dédis ce recueil à mes idées noires. Grâce à elles, je suis optimiste sans être candide, idéaliste sans être extrêmiste, heureuse sans être égoïste.

Merci enfin à Tallia et à Lau pour leur relecture et leur amitié.

Bonne lecture...


Pas fondamentalement

Théodore Nott avait toujours été plutôt solitaire. A Poudlard, il gravitait autour de Malefoy, comme tous ceux de son année, mais de loin. Leurs rapports étaient cordiaux, respectueux, mais guère plus. Pas vraiment amicaux. Cela dit, il leur arrivait, comme ce soir-là, de travailler ensemble, ou plutôt l'un à côté de l'autre, puisque Théodore n'était pas très bavard. Pour autant, rien ne le préparait à la question que son camarade lui posa soudain.

- Nott ? Est-ce que la mort de ta mère a changé ta vie ?

La question le prit de court. Depuis que sa mère avait succombé à la maladie qui la rongeait, deux ans auparavant, aucun de ses camarades ne lui avait posé la moindre question. Au contraire, ils évitaient plutôt le sujet. Pendant des mois, Théodore s'était amusé à compter les regards qui l'évitaient, les visages qui se détournaient, les éclairs de pitié dans les yeux, les conversations qui s'arrêtaient brutalement à la moindre mention du mot « mère ». Et puis, petit à petit, ses camarades avaient repris un comportement un peu plus normal. Mais aucun ne lui avait posé de questions.

Posant sa plume, il regarda son camarade qui le fixait avec intérêt, avec une lueur de curiosité dans le regard, mais sans la pitié ou le voyeurisme que Théodore s'attendait à y trouver. Malefoy semblait sincèrement intéressé par la réponse. Alors, le jeune homme réfléchit, sérieusement et le plus sincèrement possible.

Est-ce que la mort de sa mère avait changé sa vie ? C'était une bonne, une excellente question. Quand elle était tombée malade, il était à Poudlard. Ses parents avaient attendus qu'il revienne en congé pour lui annoncer la nouvelle, et lui dire de continuer à se concentrer sur ses études. Il s'y était appliqué, évitant de penser à elle, à l'air épuisé qu'elle montrait en rentrant de Sainte-Mangouste après ses traitements, aux infirmières qui avaient commencé à défiler chez eux, à la douleur dans les yeux de son père. Elle se battrait. Elle était une Nott, une Greengrass, elle se battrait. Elle ne se laisserait pas abattre par une maladie ridicule.

Et pourtant… Même la magie ne peut pas tout. Peu avant la fin de l'année, alors que ses examens approchaient, le professeur Rogue était venu le chercher dans la Salle Commune et l'avait guidé dans son bureau, la mine sombre, refusant de répondre à ses questions. Son père l'attendait, qui lui annonça, la voix éraillée, la mauvaise nouvelle. L'enterrement aurait lieu le lendemain, il était venu chercher son fils.

Théodore avait suivi. Sans dire un mot. Chez lui, il était entré dans la chambre de sa mère, l'avait longtemps regardée étendue là. Elle n'était plus, mais son corps n'avait pas tellement changé. On aurait dit qu'elle pouvait se relever à tout instant. Mais non. Elle était restée là. Les membres de la famille, les amis s'étaient peu à peu regroupés pour la veillée funèbre. Le lendemain, elle avait été portée dans le caveau familial. Jusqu'au dernier moment, Théodore avait eu une impression d'irréalité. Il lui semblait que quelqu'un devait se lever, s'exclamer que c'était une blague. Que sa mère allait se redresser et éclater de rire du bon tour qu'elle leur avait joué. Il n'avait pu verser la moindre larme. Il était resté stoïque, calme, droit. Tout le monde avait loué son courage, sa dignité.

Il avait pleuré en rentrant dans sa chambre, ce soir-là, et en ne voyant pas sur sa table de nuit le bouquet de tulipes que sa mère y mettait toujours quand il était là.

- Non. Pas fondamentalement, répondit-il.

Devant l'air surpris et un peu sceptique de Malefoy, il avait répété :

- Non, la mort de ma mère n'a pas fondamentalement changé ma vie.

Après tout, c'était vrai. Il était retourné à Poudlard, avait passé et réussi ses examens. Ses rapports avec son père étaient sensiblement les mêmes que ce qu'ils étaient auparavant. Un peu plus teintés de tristesse, de respect et de compréhension. Il était à peine plus solitaire qu'avant. Il était en sixième année, à Serpentard, comme prévu. Il voyait les Sombrals. Et il prévoyait toujours, à sa sortie, d'intégrer le Département de la Justice du Ministère de la Magie. Il épouserait Juliette Wilcox. Rien n'avait changé.


Allez, un petit commentaire ? Promis, je ne mords pas !

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