Princess Princess

Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas

UA : Shûichi Shindô fait ses études dans un lycée aux mœurs assez spéciales… x over Princess Princess

Chapitre 1 : Prince et Princesse

Shûichi était assis sur un banc, dans le couloir. Tôma Seguchi, le directeur, lui avait dit de patienter là, en attendant qu'un professeur ou un surveillant vienne le chercher. Il était nouveau dans ce lycée. Seguchi, qui était également directeur de la célèbre maison de disques NG et ex claviériste du célèbre groupe Nittle Grasper, avait repéré son talent. Il avait décidé de lui faire signer un contrat. Les parents de Shûichi avaient accepté, à une condition : que Shûichi continue ses études, au moins jusqu'en terminale, afin qu'il obtienne son bac. Seguchi avait alors exigé qu'il fasse sa scolarité au lycée Fujimori, qu'il dirigeait en parallèle de sa maison de disques. Comme il s'agissait d'un lycée prestigieux, où n'étaient acceptés que les élèves brillants, il devrait suivre des cours de remise à niveau.

Sa sœur jumelle Maiko, qui était la bassiste du groupe, était inscrite dans une école annexe de l'école Fujimori, réservée aux filles. Quant au lycée où allait Shûichi, il s'agissait d'un lycée pour garçons. Shûichi n'était pas très enthousiaste à l'idée de se retrouver coincé dans une boîte de sardines mâles mais pour sa carrière, il n'avait pas le choix. Il devait faire des sacrifices. À commencer par celui de faire sa scolarité en compagnie de jolies filles. Néanmoins, son ancien lycée, le lycée Tôhoku, lui manquait. C'était un lycée de fous, où il pouvait chanter Furusato sur les tables en compagnie d'Hiro. Hiro, son meilleur ami, qui lui manquait terriblement. Le jeune homme était également son guitariste mais il avait abandonné, car ses parents voulaient qu'il se consacre à ses études. Ils avaient même été jusqu'à lui faire changer de collège en cours d'année de troisième. Shûichi ne l'avait donc pas vu depuis des mois.

En attendant qu'un professeur vienne, Shûichi sortit une feuille et un crayon et il commença à écrire. Il sentait venir l'inspiration. C'était une chanson d'amour. Pourtant, il ne s'intéressait pas encore à l'amour. En seconde, plusieurs filles avaient voulu sortir avec lui mais il avait refusé. D'une part parce qu'elles ne l'intéressaient pas plus que cela, d'autre part parce qu'il préférait se consacrer à la musique. Il aimait bien chanter mais ce qui le passionnait le plus était de faire des arrangements au synthé. Il lui arrivait même d'y travailler en douce pendant les cours. Dans son nouveau lycée, il ne pourrait probablement plus se le permettre.

Soudain, quelqu'un lui arracha sa feuille d'un coup sec. Il releva la tête. Devant lui se tenait un jeune homme blond, au teint diaphane et au regard doré et glacial. Shûichi fut surpris par sa beauté hors du commun. Mais il avait aussi l'air hostile. Trop jeune pour être un professeur, c'était probablement un surveillant, car il ne portait pas d'uniforme.

- Cela fait plusieurs fois que je t'appelle, lança-t-il d'une belle voix glaciale. Tu pourrais répondre, quand on te parle.

Sur ces mots, il parcourut le texte du regard. Shûichi respira. Ce jeune homme avait beau être peu aimable, il ne pourrait que le complimenter sur son génie.

- C'est pour écrire cette merde que tu m'as ignoré ? Finit-il par dire en relevant la tête.

-Hé ! C'est mon chef d'oeuvre que tu traites de merde ?s'indigna Shûichi en lui reprenant la feuille.

Le blond partit d'un rire moqueur, très désagréable.

- Un chef d'oeuvre, ça ? Tu plaisantes, j'espère ?

- Pas du tout, rétorqua froidement Shûichi en le défiant du regard. Ils se fixèrent un instant en silence. L'or des yeux de son ennemi- car en cet instant, il le considérait comme tel- donna le tournis à Shûichi. Le blond s'en rendit compte.

-Tu n'as pas l'air bien, fit-il remarquer sans la moindre once de bienveillance ou d'inquiétude. Bien au contraire, il se moquait de lui.

-Tu veux que je t'emmène à l'infirmerie ? Ajouta-t-il en se penchant vers lui avec un sourire mauvais. Shûichi ferma les yeux et inspira profondément. Lorsqu'il les rouvrit, son adversaire avait reculé.

-Non, c'est bon, laisse moi, répondit-il avec mauvaise humeur. Le sourire moqueur du blond se redessina sur ses lèvres.

-Impossible, dit-il.

-Pourquoi ?s'impatienta Shûichi.

-Parce qu'on m'a chargé de venir te chercher. Tu es bien Shûichi Shindô ?l'interrogea-t-il.

- Oui, c'est bien moi, acquiesça Shûichi.

- Alors suis moi, je vais te conduire à ta classe. Ce n'est pas que ça me fasse plaisir mais c'est le boulot, je n'ai pas le choix, fit-il remarquer, exprimant ainsi toute sa mauvaise volonté.

Ils firent le trajet en silence. Shûichi jetait des coups d'œil à la dérobée au jeune homme. Mis à part son sale caractère, il était vraiment très beau. Shûichi se surprit lui-même. Il ne pensait pas être sensible à la beauté d'un garçon. Ce dernier se rendit compte des regards que Shûichi lui lançait.

-Qu'est ce que tu regardes, le chewing gum ?

- C'est moi que tu traites de chewing gum ? Vociféra Shûichi.

- Franchement, tu vois quelqu'un d'autre avec cette couleur de cheveux ? Je ne pense pas qu'on te laissera garder tes cheveux roses, on est dans un lycée respectable.

- En quoi cela te regarde ? Rétorqua Shûichi. Son interlocuteur l'ignora et s'arrêta devant une porte. Il frappa et ouvrit. Elle donnait sur une salle de classe pleine, où les attendait un professeur moustachu à lunettes d'une quarantaine d'années.

- Bonjour, monsieur Ukaï. Je suis venu vous remettre votre nouvel élève, Shûichi Shindô.

-Merci, Eiri, dit le professeur, et le surveillant s'en alla.

- Je vous présente Shûichi Shindô, qui va poursuivre sa scolarité avec nous cette année, annonça monsieur Ukaï. Soyez gentils avec lui.

Des murmures enthousiastes se firent entendre. Shûichi remarqua que les élèves le regardaient d'un air appréciateur. C'était bizarre. S'il avait été une jolie fille, il aurait compris, mais là, ce n'était pas normal.

-Bien, Nakano-san, comme vous êtes le délégué, vous vous occuperez de Shindô.

Shûichi reconnut avec étonnement son meilleur ami Hiro. Le jeune homme n'avait pas changé. Il regardait Shûichi avec son habituel sourire tranquille, ses yeux gris-bleu sereins et de longs cheveux roux auburn encadraient son visage.

- Salut Shu-chan, fit-il avec décontraction.

- Hirooo ! s'exclama Shûichi en se jetant à son cou. Hiro en tomba bruyamment à la renverse de sa chaise et ils atterrirent tous les deux par terre.

Lorsque Shûichi eut desserré son étreinte, Hiro se redressa et frotta son dos endolori.

-Tu n'es plus fâché contre moi, à ce que je vois, constata-t-il, amusé.

- Si, tu es impardonnable de m'avoir quitté ! Rétorqua sévèrement Shûichi. Mais je suis tellement content de te voir !

-Moi aussi, répondit chaleureusement Hiro.

- Ces retrouvailles sont très touchantes, mais j'aimerais bien reprendre le cours, fit remarquer monsieur Ukaï en se raclant la gorge.

-Oui, excusez nous, monsieur, dit Hiro en se rasseyant tandis que Shûichi prenait place à côté de lui. Hiro n'avait pas changé. Il s'excusait à la place de son ami, alors qu'il n'était pas fautif.

Shûichi remarqua qu'un garçon assis à côté d'Hiro le regardait avec un air agacé. Petit,très mignon, aux cheveux noirs et aux grands yeux marrons, il devait probablement avoir sauté une ou plusieurs classes. Shûichi lui adressa un sourire amical. Le garçon eut l'air surpris, puis il lui adressa à son tour un sourire furtif.

Lorsqu'ils sortirent de cours pour aller déjeuner, le gamin les accompagna. Hiro fit les présentations.

- Shûichi, je te présente Suguru Fujisaki. Il est passionné de synthé, comme toi et il est tellement brillant qu'il a sauté deux classes.

- Arrêtez, Nakano-san, vous exagérez ! répondit celui-ci avec une moue embarrassée.

- Tu es fan de synthé, toi aussi ? S'enthousiasma Shûichi. Je considère Tôma Seguchi comme mon modèle et toi ?

- Tôma Seguchi est mon cousin, révéla Suguru. Il a beaucoup de talent, en effet. Moi aussi, je le considère comme mon modèle.

Shûichi avala ses nouilles de travers.

-Tu…tu dis que c'est ton cousin ? Tu n'es pas sérieux ?

-Si et c'est pour cela que j'ai choisi ce lycée, vous savez.

- Sérieusement ? Et dis moi, tu vouvoies tout le monde ?

- Tout le monde est plus âgé que moi, ici, expliqua Suguru. Et je ne suis pas très à l'aise avec le tutoiement.

- Cela fait partie de son charme de princesse, le complimenta Hiro.

Suguru fit à nouveau la moue.

- Nakano-san, arrêtez avec ça ! Se plaignit-il.

- De princesse ? Répéta Shûichi sans comprendre.

- Exact, répondit Hiro avec un sourire. Tu es tombé dans un lycée aux mœurs assez spéciales.

-Tu peux m'éclaircir ? Lui demanda Shûichi.

Hiro inspira profondément. Il semblait concentré, cherchant ses mots.

- Comme tu l'as remarqué, nous sommes dans un lycée pour garçons, dit-il.

- En effet, dit Shûichi en regardant autour de lui. Il remarqua que les garçons aux alentours lui adressaient des regards admiratifs. Cela l'intriguait et le mettait mal à l'aise.

- Mais il existe des garçons dotés d'une sorte de beauté féminine, comme Fujisaki, ou comme toi, même, poursuivit Hiro. On demande donc à ces garçons de jouer le rôle de princesses, c'est-à-dire de filles idolâtrées par la plupart des garçons de cette école. Leur boulot consiste à leur adresser de gracieux sourires et à se déguiser en filles lors des grandes occasions.

Shûichi resta un instant silencieux.

- C'est dingue, finit-il par dire. Je croyais venir d'un lycée de dingues, mais celui-ci est dix fois pire. Je trouve cela étonnant, de la part d'un lycée aussi prestigieux.

-C'est justement pour cela que les élèves ont des résultats aussi excellents, expliqua Suguru. Grâce aux princesses, les élèves sont heureux. Je n'aime pas trop ce boulot mais le devoir, c'est le devoir.

- Faute de sourires, Su-chan nous gratifie de ses adorables moues, dit Hiro.

- Ne m'appelez pas Su-chan, protesta Suguru en rougissant.

Le sourire d'Hiro s'élargit.

- Vraiment ? Je croyais que cela te plaisait, pourtant ! Susurra-t-il à l'oreille de Suguru. Pour toute réponse, celui-ci lui décrocha une nouvelle moue boudeuse.

- Hé ! Depuis quand tu flirtes avec d'autres que moi ? Protesta Shûichi à l'intention de Hiro, dévoilant sa jalousie.

- Ne t'inquiète pas, Shûichi, une fois que tu seras devenu une princesse à ton tour, on ne se quittera plus ! Dit son ami, amusé.

- Moi ? Une princesse ? S'étrangla Shûichi.

- L'association des élèves t'a sélectionné pour en être une, précisa Suguru.

- Quoi ? Hé ! Mais…non ! Je refuse ! Paniqua Shûichi.

- Vous n'avez pas vraiment le choix, répondit Suguru. Il semblait éprouver une certaine compassion pour lui.

-Comment ça, je n'ai pas le choix ? S'énerva Shûichi. Je refuse ! On ne peut pas m'y obliger !

-Vous verrez ça avec l'association des élèves, soupira Suguru.

XXX

Maiko était perdue. Elle cherchait la salle 118, que la directrice adjointe lui avait indiquée. Mais elle ne la trouvait pas. Elle commençait sérieusement à se demander si cette salle existait. Elle s'apprêtait à redescendre chez le directeur, quand un professeur sortit d'une salle. C'était une très belle femme, aux cheveux roux et aux yeux d'un marron chaleureux.

- Bonjour, toi. Tu es perdue ? Lui demanda-t-elle d'une voix très douce.

- Heu…oui, répondit Maiko, impressionnée par sa beauté. La directrice adjointe n'avait pas le temps de me guider, alors elle m'a indiqué la salle 118, mais je ne la trouve pas.

La femme rit doucement.

- C'est normal, cette salle n'existe pas. La directrice adjointe a fait une erreur. Quel est ton nom ?

- Shindô. Maiko Shindô.

- Alors tu vas venir avec moi, dit la femme avec un doux sourire. Je suis Kaho Mizuki, ton professeur principal. On m'a prévenue de ton arrivée ici. Justement, je m'apprêtais à venir te chercher.

- D'accord, fit Maiko, soulagée.

Elle la suivit jusqu'à la salle 108. La directrice adjointe s'était trompée d'un chiffre.

Elles entrèrent dans la salle et mademoiselle Mizuki l'introduisit aux autres élèves.

- Voici Maiko Shindô, qui fera sa scolarité avec vous cette année. Je compte sur vous pour l'aider à s'intégrer et à passer une agréable année en notre compagnie.

En allant s'asseoir, Maiko s'aperçut que de nombreuses filles la regardaient d'un œil appréciateur. Elle se demandait bien pourquoi. Peut-être étaient-elles juste curieuses.

- Viens à côté de moi, l'invita gentiment une jeune fille. Maiko s'installa près d'elle. Elle avait des cheveux bouclés mi longs d'un noir bleuté et de grands yeux gris-bleu qui lui donnaient un air mystérieux. Elle était très belle.

- Merci, fit Maiko en s'asseyant.

- De rien. Je m'appelle Fuyuki Sakamoto, se présenta-t-elle avec assurance. Si tu as besoin de quoi que ce soit, de poser des questions, n'hésite pas !

- C'est gentil, merci, répondit Maiko, rassurée par sa gentillesse.

En sortant du cours, elles allèrent déjeuner dans la cour, avec leurs paniers repas. Plusieurs filles vinrent les voir pour leur offrir des gâteaux. Maiko fut surprise par tant d'égards. En outre, elles appelaient Fuyuki « Sakamoto-sama » et deux ou trois filles l'appelèrent « Shindô-sama », ce qui lui paraissait être une marque de déférence désuète et un peu exagérée. Quant à Fuyuki, elle semblait s'en accommoder parfaitement. Elle adressait des sourires gracieux à toutes ces filles. Maiko goûta aux gâteaux. Ils étaient délicieux. Ils lui rappelèrent ceux qu'elle préparait avec amour à son frère jumeau. Penser à lui la rendit un peu triste. Fuyuki s'en aperçut.

- Qu'est ce qui ne va pas ? S'enquit-elle. Les gâteaux ne te plaisent pas ?

- Si, ils sont très bons ! Seulement, j'ai la nostalgie de mon ancien lycée et mon frère me manque, dit-elle. Heureusement, il n'est pas très loin.

- Ah oui ? Il est dans quel lycée ?lui demanda Fuyuki avant de mordre dans un gâteau.

- Il est dans l'autre lycée Fujimori, celui réservé aux garçons, révéla Maiko.

- C'est vrai ? Mon grand frère aussi ! Il est en première et c'est le président de l'association des élèves, dit-elle avec fierté.

- C'est super ! S'enthousiasma Maiko. Ce n'est pas mon frère qui occuperait une telle fonction, il ne s'intéresse qu'à la musique !

- Vraiment ? Il joue dans un groupe ? S'intéressa Fuyuki.

- Oui, les Bad Luck. Il est à la fois au chant et au synthé et je suis sa bassiste. Notre guitariste nous a quitté au cours de l'an dernier.

- C'est chouette ! Vous voulez en faire votre métier ?

- Shûichi, surtout. Moi, pour le moment, je ne sais pas trop.

Deux jeunes filles les rejoignirent. Maiko crut que c'était encore des admiratrices mais elles n'avaient pas de gâteaux à leur donner.

L'une d'elle avait des cheveux châtains coupés de manière originale, qui encadraient harmonieusement son visage et de grands yeux verts. L'autre avait de longs cheveux noirs ondulés, un teint de porcelaine et d'immenses yeux bleus. Elles étaient toutes les deux très jolies.

- Salut les filles, fit Fuyuki.

- Bonjour, fit la seconde fille d'une voix gracieuse. Je me présente : Tomoyo Daidoji et voici mon héroïne, Sakura Kinomoto ! C'est l'une des plus jolies filles de cette école ! Dit-elle à Maiko, des étoiles dans les yeux.

Sakura s'empourpra.

- Tu exagères, Tomoyo ! Dit-t-elle à son amie, embarrassée.

- Mais non ! Tu es vraiment le prince le plus mignon du lycée !

- Le prince ? S'étonna Maiko.

- Tu ne lui en as pas encore parlé ? Demanda Tomoyo à Fuyuki.

- Non, je préfère laisser l'association des élèves s'en charger, répondit celle-ci. Viens, je vais t'emmener les voir, ajouta-t-elle à l'adresse de Maiko.

Elles finirent de manger leurs gâteaux et rentrèrent à l'intérieur de l'établissement, accompagnées de Sakura et Tomoyo. Elles se dirigèrent vers une salle au rez de chaussée. Fuyuki frappa à la porte, qui était entrouverte, et entra.

Une jeune fille très grande, aux courts cheveux châtain clair et à l'allure séduisante était assise à une table. Elle se leva et vint à leur rencontre. Maiko remarqua avec étonnement qu'elle portait un uniforme masculin. Cela lui allait très bien.

-Bonjour, Fuyuki, fit-elle d'une voix assez grave et séduisante. Qu'est ce qui t'amène ?

- Je suis venue vous présenter la nouvelle élève, Maiko Shindô, dit-elle.

-Ah ! C'est donc toi la fameuse petite nouvelle, dit affectueusement leur aînée. Je me présente : Haruka Tenoh, la présidente de l'association des élèves. Tous les princes en font partie.

- Mais qu'est ce qu'un prince ? demanda Maiko, de plus en plus intriguée.

Haruka lui adressa un sourire.

- Comme nous sommes dans une école pour filles, nous demandons aux plus jolies filles de jouer le rôle de princes. Cela consiste à renvoyer l'image du prince charmant à l'ensemble des filles de notre lycée.

-Vous voulez dire…hésita Maiko, jouer le rôle de…garçons ?

- Pas de garçons ordinaires, répondit Haruka avec un nouveau sourire. Nous incarnons, comme je l'ai dit, le prince charmant, c'est-à-dire l'être idéal, parfait, beau, raffiné et sensible.

- C'est pour cela que vous portez un uniforme masculin ? demanda Maiko.

Haruka rit et lui ébouriffa affectueusement les cheveux.

- Non, pas exactement. Je me sens mieux dans des vêtements masculins, de manière générale. Mais Fuyuki et Sakura, qui sont aussi des princes, portent des uniformes féminins, comme tout le monde.

- Je vois, fit Maiko. C'est…une tradition originale.

-N'est ce pas ? Rit Haruka. Alors, qu'en dis-tu ? Veux tu devenir un prince, toi aussi ?

- Qui, moi ? S'alarma Maiko. Mais je n'en suis pas capable !

Haruka lui adressa un sourire bienveillant.

- Bien sûr que si, dit-elle. Tu as toutes les qualités pour être un prince : tu es jolie, naturelle et délicate. Crois moi, tu ferais un prince parfait. Mais je ne veux pas t'y obliger.

Maiko réfléchit pendant un court instant. Elle regarda Haruka. Elle avait beau savoir que c'était une fille, elle était un peu sous son charme.

- D'accord, j'accepte ! Finit-elle par décider. Cela pourrait être amusant !

Le sourire d'Haruka s'élargit.

-Tu ne le regretteras pas, tu verras, assura-t-elle.

- Génial ! Se réjouit Tomoyo Tu verras, je vais te faire des costumes ravissants !

- Des costumes ? S'étonna Maiko.

-Ah oui, j'oubliais lors des cérémonies du lycée où à chaque occasion spéciale, les princes portent des vêtements masculins, des costumes taillés sur mesure. Cela te pose un problème ?

- Hé bien…non, répondit Maiko.

- Avec moi comme costumière, elle n'a pas à s'en faire ! Gloussa Tomoyo.

À ce moment là, une jeune fille entra. Elle était aussi grande qu'Haruka, avait de longs cheveux blonds et des yeux pervenche. Elle était très belle.

- Salut Tamako, fit Haruka. Maiko, je te présente Tamako Suo, un prince très populaire. Tamako, je te présente Maiko Shindô, notre nouveau prince.

- Ô que le destin est cruel !

Doter une fille aussi belle

Du devoir impitoyable

D'être auprès des filles agréable !

De devoir renier sa féminité

Pour, en toute impunité

Echanger son rôle de fille

Aussi délicate que la vanille

Contre un rôle de garçon

Froid et dur comme le glaçon

Demander ceci à un être si joli

C'est ô combien impoli !

Maiko resta abasourdie.

- Heu…vous vous exprimez toujours en vers ? demanda-t-elle.

-Non, mais ça lui prend, de temps en temps, soupira Haruka.

XXX

Accompagné d'Hiro et de Suguru, Shûichi se rendit au siège de l'association des élèves.

Il en resta bouche bée. Il n'y avait que des beaux garçons. Il y en avait trois au style très féminin, l'un aux cheveux bruns, l'autre aux cheveux couleur de miel et le dernier aux cheveux roux. Celui là faisait la moue. Il y avait un autre garçon qui, au contraire, était très masculin, avec des cheveux châtain clair mi-longs. Enfin, le dernier, assez quelconque, avait des cheveux châtains dont la disposition rappelait curieusement un artichaut. Une aura apaisante émanait de lui.

- Bonjour, Shindô-san, le salua ce dernier. Je t'en prie, assieds toi.

Shûichi obtempéra.

- Je m'appelle Akira Sakamoto, et voici Mitaka, Tôru Kôno, Yûjirô Shihodani et Mikoto Yutaka, dit-il en présentant successivement le garçon aux cheveux châtains clairs, le brun, le garçon aux cheveux couleur miel et le roux.

-Est-ce qu'on t'as déjà parlé de la fonction de princesse ? Lui demanda-t-il.

- Oui, Hiro m'a expliqué en quoi cela consistait.

- Très bien. Si nous t'avons convoqué, c'est parce que nous aimerions que tu exerces cette fonction, vu que tu as toutes les qualités physiques pour être une princesse.

- Je suis désolé mais je n'y tiens pas spécialement, répondit Shûichi.

- Je te comprends, commenta Mikoto, le garçon roux.

- Tais toi, Mikoto, dirent Tôru et Yûjirô en chœur.

- Bien, reprit Sakamoto. Si tu ne veux pas, je ne vais pas t'y obliger, dit gentiment Sakamoto.

- Merci, fit Shûichi, soulagé. Ce Sakamoto était décidément très rassurant.

- Une minute, dit Tôru, tu oublies de parler des privilèges, Akira !

-C'est vrai, poursuivit Yûjirô. Quand on est une princesse, les tickets repas, les uniformes, les fournitures scolaires sont gratuites !

- Vraiment ? C'est intéressant, fit Shûichi, à moitié convaincu.

- Encore un qui mord à l'hameçon, soupira Mikoto.

- Tais toi, Mikoto ! Répétèrent les garçons d'une même voix.

-C'est justement le but, dit Yujirô.

- On a suffisamment de mal à trouver des garçons qui ont le profil requis pour être princesse, alors si en plus ils refusent, nous sommes mal ! Renchérit Yûjirô.

- Dites moi, tous les deux, vous ne seriez pas jumeaux ?demanda Shûichi, amusé.

- Non, pourquoi ? S'étonnèrent Tôru et Yûjirô.

- Vous avez le même type de beauté féminine, vous parlez en même temps et vous finissez les phrases de l'autre, fit remarquer Shûichi.

- C'est vrai, ça réalisa Mikoto, tandis que Mitaka laissait échapper un rire moqueur.

-Tu te moques de nous ?s'énervèrent les garçons.

- Il n'y a que la vérité qui blesse, rétorqua Mitaka.

- Ne commencez pas, tous les trois, intervint Sakamoto. Bon, Shindô-san, qu'en penses tu ? Les privilèges t'ont-ils fait changer d'avis ?

- Heu…je ne sais pas, hésita Shûichi.

- Le rôle de princesse comporte non seulement des privilèges mais aussi des devoirs, l'avertit Mikoto. Tu dois aussi chanter, danser, jouer des pièces de théâtre. D'ailleurs, c'est Ryûichi Sakuma qui te donnera des cours de chant.

Shûichi en eut le souffle coupé.

- Ryû…Ryûichi Sakuma ? L'ex chanteur de Nittle Grasper ?demanda-t-il d'une voix rauque.

- Lui-même, affirma Mitaka.

- Alors j'accepte ! S'exclama-t-il avec ferveur.

- Merci, Mikoto ! Dirent frénétiquement Tôru et Yûjirô à leur ami.

- Très bien, reprit Sakamoto. Tu devras donc suivre des cours avec nos anciennes princesses, Tôru, Yûjirô et Mikoto demain matin.

- D'accord, fit Shûichi et il prit congé d'eux. Il rejoignit Hiro à la cafétéria.

- Alors, comment cela s'est passé ? demanda-t-il.

- J'ai accepté ! Hiro, c'est génial, je n'arrive pas à y croire ! C'est Ryûichi Sakuma qui va me donner des cours de chant ! S'exclama-t-il, laissant éclater sa joie.

Hiro eut un sourire amusé.

- C'est vrai qu'il donne des cours de chant ici. Après tout, ce n'est pas tellement étonnant, étant donné que Tôma Seguchi est le directeur de l'école. Je suis content pour toi, en tout cas.

À la grande surprise de Shûichi, Eiri, le surveillant, se dirigea vers eux.

- Qu'est ce que tu me veux, encore ?lui demanda-t-il méfiant.

- Je ne t'ai rien demandé, le chewing gum. Hiro, tu aurais du feu ? Dit-il en lui tendant sa cigarette.

- Bien sûr, Eiri, lui dit ce dernier en sortant son briquet. Il alluma la cigarette d'Eiri, et celui-ci tira deux taffes. Par provocation, il souffla dans le visage de Shûichi. Celui-ci perdit patience.

- C'est la bagarre que tu cherches ? Vociféra-t-il en se levant. Eiri était bien plus grand que lui. Il se pencha vers lui avec un sourire moqueur.

-Moi ? Non. Je ne frappe pas les filles, se moqua-t-il.

- Tu me traites de fille ? Se vexa Shûichi.

- Tu as une taille de fille, un look de fille, un visage de fille, des yeux de fille. Tu es très mignonne quand tu te fâches, persifla Eiri.

- Arrêtez, tous les deux ! Intervient Hiro.

Eiri tira une nouvelle taffe.

-Ok, ok, dit-il. Dis moi, Hiro, tu n'as pas cours, là, non ?

- Non, pourquoi ?

- Cela te dirait que l'on sorte draguer ? À moins que ta petite amie ne soit jalouse ?demanda-t-il en désignant Shûichi du regard. Celui-ci ouvrit la bouche pour répliquer mais Hiro l'arrêta en posant une main apaisante sur son épaule.

- D'accord. Shûichi, tu viens avec nous ?

- Non, merci. Je suis fatigué, répondit-il. C'était la vérité. De plus, il ne tenait pas à rester en compagnie de ce sale type blond.

-D'accord, fit Hiro. Demande à Su-chan de te montrer le dortoir, dans ce cas.

Shûichi partit à la recherche de Suguru. Il finit par le trouver à la bibliothèque. C'était vraiment un élève studieux.

- Hé, Fujisaki ! L'appela-t-il à voix basse, pour ne pas se faire pincer par la bibliothécaire.

Suguru releva la tête, étonné.

- Alors, comment ça c'est passé ? Ils vousont laissé refuser ? S'enquit-il.

- Oui mais j'ai finalement accepté, puisque le grand Ryûichi Sakuma nous donnera des cours de chant !

Suguru sourit.

- Je vois. J'aurais dû m'en douter. Qu'est ce que vous vouliez, sinon ?

- J'aimerais bien que tu m'indiques où est le dortoir.

- D'accord. Je finis mon exercice et on y va.

Un peu plus tard, ils quittaient la bibliothèque. Ils quittèrent l'établissement et se dirigèrent vers un bâtiment annexe.

Ils y pénètrent et traversèrent deux couloirs. Ils s'arrêtèrent finalement à une porte isolée des autres.

- Voilà, dit Suguru. Tu partageras cette P-room avec Shaolan.

- Une P-room ? Répéta Shûichi, intrigué.

- C'est l'abréviation de Princesse-room, expliqua Suguru.

Il frappa à la porte et un garçon vint leur ouvrir. Il avait des cheveux châtain foncé, de grands yeux marron et d'épais sourcils noirs.

- Bonsoir, Shaolan, dit Suguru. Je vous présente Shûichi Shindô, le nouvel élève. Il a accepté d'être une princesse. Vous partagerez votre chambre avec lui, cela ne vous ennuie pas ?

-Non, bien sûr que non. Tu peux entrer, si tu veux, dit-il à l'adresse de Shûichi.

- Bon, je vais vous laisser, dit Suguru et il prit congé d'eux.

Shaolan étant visiblement quelqu'un de timide, Shûichi prit l'initiative d'engager la conversation.

- Alors, cela te plait d'être une princesse ? Lui demanda-t-il.

- Pas vraiment, avoua Shaolan. Mais si je peux rendre service au lycée, je dois le faire ! Ajouta-t-il d'un air décidé.

- Tu es drôlement sérieux ! Commenta Shûichi. Moi, j'ai accepté surtout pour prendre des cours de chant avec Ryûichi Sakuma !

À ce moment là, la porte s'ouvrit à la volée. Un jeune homme ressemblant comme deux gouttes d'eau à Eiri, excepté ses cheveux et ses yeux noirs, fit son entrée.

- Vous avez prononcé le nom de Ryûichi Sakuma ? demanda-t-il frénétiquement.

- Oui ! fit Shûichi, enthousiaste. Toi aussi, tu es fan de lui ?

- Et comment ! Sakuma-sama est un dieu !

- Copain ! S'exclama Shûichi en se jetant à son cou, ravi de s'être trouvé un comparse.

Le garçon le pressa contre lui.

- Mais tu sais que tu es très mignon, toi ? Aussi mignon que le petit Shaolan ! Susurra-t-il à son oreille. Shûichi tenta de se dégager, choqué. Pourquoi tous les garçons de ce lycée étaient-ils aussi bizarres ?

- Tatsuha, laisse le tranquille, intervint Shaolan.

Tatsuha relâcha Shûichi.

- Tu es jaloux, mon petit Shaolan ? Il fallait le dire tout de suite, dit-il en s'approchant de lui avec un sourire lubrique.

- Pas le moins du monde, rétorqua Shaolan en lui donnant un coup de pied sauté.

- Hé, ça fait mal ! Geignit Tatsuha tandis que Shûichi applaudissait Shaolan, impressionné.

- Dis moi, Tatsuha, tu es le frère jumeau de ce Eiri, le surveillant ? Vous vous ressemblez comme deux gouttes d'eau !

Tatsuha esquissa un sourire.

- Non, nous sommes frères mais pas jumeaux, dit-il. Eiri a vingt-trois ans et j'en ai seize. Maintenant que tu me parles de lui, cela me rappelle qu'on doit aller draguer, ce soir. Allez, je vous laisse !

Sur ces mots, il embrassa Shûichi sur la joue et prit congé d'eux.