N/A: alors voilà, une histoire pour le fun, légèrement AU, légèrement OOC (ça fait tellement longtemps que j'ai pas jeté le moindre coup d'oeil à tout ce qui se rapporte à Twilight). Bonne lecture!

Disclaimer: rien n'est à moi, si ce n'est les OC...


Jared By Kim

« Fous-moi la paix, bordel ! » Hurlais-je.

Ma voix, dans le silence ambré de ce lundi matin, à l'heure où beaucoup de monde était encore dans les brumes d'un sommeil bienfaiteur, claqua comme un coup de fouet dans la cuisine récemment refaite. L'air hagard que mon père afficha n'attira même pas mon attention. J'étais concentrée uniquement sur cette « chose » que je devrai bientôt appelé « belle-mère » et qui me donnait à cette seconde précise des envies de meurtre.

« Comment oses-tu me parler… »
« Kim… Excuse-toi ! »

Simultanément, mon père et Vanessa avaient pris la parole, s'annulant d'eux-mêmes. Je bus d'un coup la moitié restante de mon jus d'orange puis, d'un geste leste, j'attrapai mon sac, le jetai sur mon épaule et, sous les hurlements continus que je venais de provoquer par ma réaction détachée, je sortis de la maison.

Qu'elle aille se faire voir. Je n'avais aucune, mais alors là vraiment aucune, raison d'être polie avec elle. Surtout qu'elle ne l'était pas avec moi. Non, mais ! Du jour au lendemain – pour être plus précise de la semaine suivant le divorce de mes parents au lendemain – elle s'était installée chez moi, dans ma maison, sous mon toit, et ça en me demandant en plus, de lui devoir du respect. La bonne blague !

La colère qui bouillonnait sous ma peau sembla néanmoins s'apaiser petit à petit, à mesure que la distance entre la maison et moi s'agrandissait et que celle avec l'école rapetissait. Je commençais en quelque sorte à avoir l'habitude. Cette rengaine durait depuis maintenant quatre mois. Vanessa et moi étions comme chien et chat, rien à y faire. Mais quand même…

L'arrivée dans la cour du lycée de la Push me tira de mes pensées. Ici, il n'y avait qu'une poignée de voitures, contrairement au lycée de Forks. Plus loin, dans notre parc (plus étendu que les bâtiments) une jeune fille à la tignasse étonnamment rousse, même vu de là où je me trouvais, me faisais signe. Tête baissée, je pris la direction de la table où elle était. Lorsque j'y arrivais, une dizaine de personnes s'y trouvaient déjà, la plupart se contentant d'entourer la table.

Je fus accueillie par des « Hey, Kim » et des « Coucou » auxquels je ne pris même pas la peine de répondre. Instantanément, lorsque je m'approchais, quelqu'un se leva et on me dégagea une place assise sur la table. Il n'y avait que la rousse – Vivienne, ma meilleure amie – et deux garçons qui s'y trouvaient. L'un deux me fit un signe de tête pour ma saluer alors que l'autre m'ignora royalement. Sa réaction puérile faillit me faire éclater de rire.

Aussitôt assise, je me mis à détailler les personnes qui franchissaient le grand portail du lycée, afin de tuer le temps. Quelques uns étaient des Quileutes pure souche alors que la grande majorité était clairement métissée – soit directement, soit l'un des parents l'était.

Pour ma part, j'étais métisse. J'étais le fruit d'une union entre un père Quileute de pure souche et une mère New Yorkaise, au teint presque blanc et aux yeux aussi bleus que l'océan qui s'étendait en face de ma maison. De mon père, j'avais hérité les yeux en amandes et le sale caractère. De ma mère, les yeux bleus, le teint blanc, le sourire et la coquetterie déplacée.

« Kim, vendredi on sèche les cours l'aprèm pour aller à Seattle, partante ? » Me demanda le garçon qui m'avait souris à mon arrivée au bout de quelques secondes de silence.

Roger, fils du proviseur du lycée. Un gars qui n'en avait jamais eu qu'après Vivienne. Quant à savoir pourquoi…

Je haussais les épaules en guise de seule réponse. Je n'avais plus d'argent et il me faudrait en demander à mon père si je voulais y aller. Or, en l'état actuel de nos relations, je jugeais préférable de ne pas m'avancer sur son assentiment quant à l'une de mes sorties.

Ce fut justement alors que j'avais à nouveau rivé mon regard sur la porte d'entrée que Vivienne me pinça la main pour attirer mon attention. Sachant pertinemment ce qu'elle souhaitait me montrer, je lui mis un coup de coude bien placé entre les côtes pour qu'elle soit plus discrète. Elle l'était – mais j'étais parano dès qu'il s'agissait de certaines choses. Celle-ci en faisait partie.

Venant du chemin le plus cabossé qui menait au lycée, une bande de six ou sept Quileutes s'avançait, les cheveux tous plus long les uns que les autres et une carrure à en intimider plus d'un. Leurs éclats de rire nous parvenaient, même à cette distance. Personne ne faisait réellement attention à moi, j'eus donc le loisir de les observer tout mon saoul. Enfin, les observer, pas vraiment.

Quelque part sur la gauche, l'un d'entre eux était en grande discussion avec son voisin. Cheveux noirs de jais, carrure athlétique, teint basané, des yeux à en faire tomber plus d'une. Généralement, le temps se suspendait lorsque je voyais Jared. C'était un phénomène d'une simplicité aberrante : c'était exactement la même chose que de mettre pause pendant la lecture d'un DVD. Je ne voyais plus que Jared.

Pourtant, ce n'était pas celui qu'on avait tendance à immédiatement remarquer. Les autres avaient soit des statures plus imposantes, soit de plus beaux yeux, soit des visages plus harmonieux, soit… et j'en perdais le compte. Mais il était le seul à capter mon attention et cela faisait bien des années que ce phénomène durait.

C'est la disparition du groupe à l'intérieur du bâtiment qui me fit sortir de ma contemplation statique et me ramena à la réalité. Réalité que je n'eus pas à côtoyer très longtemps puisque la première sonnerie retentit et provoqua l'entrée en masse des lycéens encore dehors à l'intérieur.

Mon premier cours de la journée, mathématiques, s'enfuit au triple galop dans le sommeil que j'avais à rattraper de ma nuit. Le second, français, subit le même sort, mais cela surtout grâce à la présence de Vivienne avec qui j'épluchais durant l'heure les ragots du week-end dont elle avait eu vent durant mon sommeil. S'ensuivaient deux heures d'histoire-géographie.

Je me débrouille pour avoir de bonnes notes, dans toutes les matières, je veux dire. Je fais partie du peloton de tête et ce, pour une raison très simple: il est hors de question que je croupisse ma vie durant dans ce coin paumé. Hors de question. Et mon seul moyen de partir est d'obtenir une bourse scolaire. Or, la bourse va forcément avec de bons résultats.

Mon problème est que, cette année, mon voisin de classe en histoire-géographie est Jared. Ce qui signifie que je ne suis strictement rien de la leçon. Quand j'ai réalisé que je risquais d'avoir de gros problèmes à cause de cela, j'ai redoublé d'efforts dans cette matière à la maison. Et étrangement, je me suis découverte une passion pour l'histoire, ce qui fait désormais de moi l'élève la plus brillante de la classe. Et pour faire d'une pierre deux coups: j'ai à la fois la paix pendant toutes les heures et l'occasion de pouvoir répondre aux questions de Jared.

Les deux heures d'histoire-géographie de ce jour-là avancèrent, exactement comme je le voulais, avec une lenteur désarmante. Mon voisin de classe s'endormit deux fois sans même poser la tête sur la table et une troisième fois fut rappelé à l'ordre parce qu'il bavait presque sur son cahier. Il m'accorda deux sourires polis, un sourire moqueur quand ce fut à mon tour de presque m'endormir et un sourire gentil à la fin du cours. Soit je faisais réellement pitié, soit il avait un gros problème aujourd'hui.

"Tu comptes faire quoi ces vacances?" Me demanda-t-il au moment où la sonnerie retentissait, annonçant la pause du midi.

Perplexe, je tentais de me rappeler en quoi encore Vanessa avait chamboulé mes programmes.

"J'espère que mon père va m'envoyer chez ma mère. Mais c'est pas sûr."

Il s'apprêtait à franchir le seuil de la porte alors que nous étions les deux derniers élèves dans la classe et s'est arrêté pour me dévisager.

"Tes parents sont séparés?"

"Ils ont divorcé ya quatre mois. Ma mère est à Los Angeles maintenant et mon père m'a ramené une belle-mère avec laquelle j'arrive pas à m'entendre, c'est pour ça que je veux aller voir ma mère."

"Ta belle-mère, c'est pas la nouvelle là, celle avec le 4x4 aux vitres teintés?"

"On peut pas la louper, hein?" Ironisai-je réalisant pour la centième fois sans doute que tout le monde la connaissait désormais.

"C'est surtout sa caisse qu'on peut pas rater."

Il se remit en marche et nous nous dirigeâmes vers le réfectoire côte à côte. Je commençais à me demander ce qui lui prenait. Nous n'avions jamais discuté auparavant. Je veux dire… il ne m'avait jamais adressé plus de deux mots ou alors une réponse brève aux questions que je lui posais. Ce n'était pas méchant de sa part, c'est juste que, dans son monde, je n'existais pas. Tout comme, dans le monde dans lequel j'évoluais, il n'existait pour personne d'autre que moi.

"Ben, à toute. On a anglais ensemble, après, non?" Me salua-t-il à l'entrée de la cantine.

"Non, ça c'est le mardi." Lui répondis-je en rigolant.

Il passa sa main dans ses cheveux, gêné de s'être ainsi trompé et rigole.

"Ah ouais. Ben, à demain?"

"Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui?" Ne résistais-je pas à l'envie de lui demander au moment où il repartait en sens inverse, réalisant sans doute qu'il n'avait rien à faire à la cantine puisqu'il n'y avait jamais mangé de sa vie.

"Rien. J'ai pas le droit de t'accompagner au réfectoire?" Tenta-t-il de faire l'innocent.

Je nageais certes sur un petit nuage, mais je commençais également à me poser des questions.

"Tu ne m'as jamais adressé plus de deux mots en une journée depuis deux ans qu'on a des matières en commun."

"Ya un début à tout."

"Pourquoi aujourd'hui?"

"T'avais l'air différente de la Kim habituelle ce matin, quand tu m'as dévisagé de la table sur laquelle t'étais assise. "

Je me sentis rougir qu'il ait remarqué mon manège, mais à quoi m'attendais-je? Depuis le temps, c'était tellement évident que je craquais pour lui. Si lui n'avait pas fait attention, ses amis le lui auraient certainement fait remarquer, après tout. Mais je n'arrive tout de même pas à m'empêcher de me sentir gêner.

"Ah."

Très brillante remarque, Kim. Vraiment. Je suis fière de toi, me sermonnais-je. Il continua de s'éloigner en marche arrière dans le couloir et, arrivé au bout, j'eu droit à un signe de la main de sa part. Ce fut dans une transe digne de l'effet d'une drogue que je rentrai dans le réfectoire. Ses mots résonnaient encore et encore dans mes oreilles T'avais l'air différente de la Kim habituelle… Génial. Et qu'est-ce que je faisais maintenant qu'il avait enfin remarqué mon existence?