Disclaimer : les personnages appartiennent à Mr Kurumada. L'histoire est de mon cru et j'y tiens ! ;)

Remerciements : à ma relectrice, Camhyoga, à qui je dédie cette fic qui l'enjoue tellement. Bisous

Note de l'auteur : ceci est un univers alternatif. Pas de super pouvoirs qui mettent à néant le brushing de l'adversaire, juste des êtres humains "normaux". Le langage ainsi que certaines scènes peuvent choquer.

J'espère que vous l'apprécierez. ^^

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Mafia Blue - Chapitre 1

Il n'était même pas huit heures du matin et la chaleur était déjà étouffante.

Assis à son bureau, s'éventant du mieux qu'il pouvait avec un dossier, Dokho Pingheng* suait à grosses gouttes. Depuis un peu moins d'une demi-heure qu'il avait pris ses fonctions, le policier ruminait amèrement. Il n'aurait jamais dû quitter sa Chine natale pour suivre son employeur jusqu'à Athènes. Mais Dokho était son meilleur garde du corps et il avait fini par suivre son maître dans ce pays éloigné. Lorsque son contrat avait expiré, il avait accepté le poste que lui proposait un ami de son employeur, Aldébaran Constelação*, commissaire en chef de la police d'Athènes. Au début, Dokho avait su apprécier ce travail relativement tranquille, malgré le caractère désastreux de son coéquipier, Egidio Granchio*, un italien ex-tireur d'élite qui se prenait pour un dur à cuire. Mais pire que son collègue et ses blagues douteuses, il y avait le climat. Chaud, sec, et ô combien désespérant.

Dokho poussa un soupir. Les rizières qui parsemaient le paysage de son pays lui manquaient, de même que les pluies diluviennes qui survenaient en hiver. Il en venait à prier pour que la mousson pousse jusqu'en Grèce !

La porte du bureau s'ouvrit soudain dans un claquement sec, laissant passer un homme bien fait de sa personne et au teint légèrement hâlé. Ses yeux bleus pétillaient, mais personne ne pouvait dire si c'était de malveillance ou de malice. Les deux, peut-être. Passant une main dans ses cheveux en bataille avec nonchalance, il toisa Dokho avec un brin d'arrogance.

« Bah mon vieux, tu ressembles à un vieux hareng desséché rejeté par la mer, fit-il avec un sourire torve.

-Assieds-toi, tu me donnes chaud, répliqua mollement le chinois.

-C'est tout ce que tu trouves à dire à ton coéquipier préféré ? J'aurais mieux fait de rester chez moi avec ma gonzesse, tiens.

-Déjà, tu es mon seul équipier car personne d'autre n'arrive à te supporter. Ensuite, ta gonzesse, comme tu dis, t'a largué il y a deux jours, riposta Dokho.

-Je croyais que tu m'écoutais pas à ce moment-là, s'étonna Egidio en s'installant à son bureau. Tu m'impressionneras toujours. »

Il s'assit sur sa chaise et entreprit d'observer le chinois. Dokho, de taille moyenne, semblait au premier abord totalement inoffensif, notamment à cause de ses grands yeux marron toujours joyeux et son sourire doux. Mais Egidio savait d'expérience que l'ancien garde du corps possédait une rapidité et une maîtrise des arts martiaux étonnante. Dokho était le seul à pouvoir se vanter d'avoir le respect du terrible Deathmask, surnom morbide qu'Egidio s'était donné lorsqu'il était encore dans l'armée. Mais ce n'était pas dans son caractère et depuis, ils faisaient équipe.

« C'est normal qu'on soit seuls ? demanda finalement l'italien.

-Tu as cinq minutes d'avance.

-Et tu agonises ici depuis quand ? se moqua Egidio.

-Presque une demi-heure. Et avant que tu ne poses la question, oui la clim a encore lâché.

-Je me disais aussi… »

Egidio se releva et donna un coup de pied au climatiseur portatif qui émit un grésillement désapprobateur. L'italien secoua la tête avant de hausser les épaules : il n'était pas mécano, que quelqu'un d'autre se démerde à essayer de réparer cet appareil de malheur.

« Tu t'y connais en femmes, toi ? interrogea-t-il.

-Tu vas griller le peu de neurones qu'il te reste à poser des questions comme celle-là, le prévint Dokho avec un rire.

-Parce que je comprends pas pourquoi ma copine m'a plaqué, reprit l'ex-tireur d'élite en faisant semblant de ne pas avoir entendu son collègue.

-Pour la psychologie, Shaka arrive tous les jours à quinze heures. Tu pourras aller lui demander si ça te chante. »

Egidio fit la grimace. Shaka Ashuta*, le jeune expert psychologue de la police, était impossible à cerner. Parfois hautain, trop souvent sûr de lui, son visage à l'allure angélique ne reflétait jamais rien à part une passivité déconcertante. Mais Egidio avait vu clair dans son petit jeu : le jeune hindou était comme de la moisissure. Une petite tâche grise à laquelle on ne fait pas attention, jusqu'à ce que le fruit atteint soit totalement pourri. L'italien n'aimait pas les yeux trop clairs de Shaka : ils étaient calculateurs et froids. Egidio, homme d'action qui parlait avant d'avoir réfléchi, ne supportait pas ce psychologue trop calme et trop maître de lui-même.

« Sans façon, il va encore me bassiner avec ses théories métaphysiques dont je me fous éperdument. »

Dokho se permit un rire. Le franc-parler de son collègue était toujours blessant, mais au moins il disait clairement ce qu'il pensait.

« Pour en revenir aux femmes, à part la petite amie de mon neveu, je ne m'y connais pas.

-Shiryu a une nana ? s'écria Egidio. Et tu ne me l'avais même pas dit !

-Je ne vois pas en quoi la vie privée de Shiryu te regarde, rétorqua le chinois en reposant le dossier qui commençait à se tordre dangereusement en deux à force d'être secoué.

-Elle est comment ?

-Très gentille et très bonne cuisinière.

-Physiquement, soupira l'italien en retournant vers sa chaise.

-Chinoise.

-Merci pour les détails ! »

Dokho n'eut pas le temps de répliquer que la porte d'entrée du commissariat s'ouvrit avec force, faisant sursauter Egidio. Aldébaran entra en coup de vent et les salua :

« Salut ! Chaude journée, hein ?

-Bon sang, claque pas la porte comme ça ! cria l'italien.

-Je fais ce que je veux dans mon bâtiment, rétorqua calmement le brésilien. Vous êtes en avance.

-Lui plus que moi ! siffla Egidio en pointant Dokho du doigt.

-Comment va ton neveu et sa petite amie ?

-Quoi ? Il est au courant ?

-Je sais que lui n'ira pas me bassiner avec ça, souffla le chinois.

-Je crois que j'ai manqué une occasion de me taire, remarqua Aldébaran. Bon, au boulot !

-Bien patron » cingla l'italien en levant les yeux au plafond.

Pendant une bonne vingtaine de minutes, les policiers arrivèrent en pointillé. Egidio avait eu le temps de faire hurler de terreur une secrétaire et de fouiller un peu partout. Aux regards moqueurs de Dokho, il répondait qu'il fallait bien trouver quelque chose pour se distraire.

Soudain, Shura, un ami de l'italien, entra dans le bureau des deux coéquipiers, pointant le combiné de téléphone sur le bureau du chinois :

« Dokho, j'ai quelque chose pour toi !

-Ah ?

-Une info sur Hadès sur la ligne 3 » acquiesça l'espagnol.

A ces mots, le chinois et Egidio se raidirent. Hadès était une organisation mafieuse qui avait monté en puissance en quelques années à peine. A la tête de l'organisation se trouvaient trois personnes qui se faisaient appeler « juges ». Les activités d'Hadès étaient variées et très bien menées, si bien qu'à présent, elle était la cible numéro un des policiers. Dokho se leva d'un bond et murmura à Shura :

« Préviens Aldé et essaye de faire suivre l'appel.

-Pas de problème » opina l'espagnol.

Dokho appuya sur le haut-parleur et fit signe à Egidio d'approcher avant de répondre :

« Inspecteur Pingheng à l'appareil.

-Quai numéro 6, ce soir à vingt-deux heures. Un bateau affrété par Hadès rempli de clandestin doit être réceptionnée par l'un des juges.

-Vos informations sont-elles fiables ? interrogea Dokho en fronçant les sourcils.

-Le plus fiable possible.

-Qui êtes-vous ?

-Au revoir inspecteur. »

Egidio poussa un juron.

« Tu pouvais pas demander autre chose pour faire durer la conversation ?

-La prochaine fois je te laisse le téléphone » contra le chinois avec un mouvement d'humeur.

Aldébaran entra à ce moment-là et Dokho entreprit de lui raconter ce qu'ils venaient d'apprendre. Le brésilien fronça ses épais sourcils avant de décider :

« On n'a rien à perdre à part du temps et de la sueur. Si ça peut nous permettre de mettre la main sur l'un des trois juges, je ne vais pas aller faire de chichis ! Messieurs, réunion d'urgence ! » finit par crier Aldébaran, les mains en porte-voix.

Tous se ruèrent au bureau de Dokho et Egidio. Shura fut le premier à arriver, suivi de près par Milo Scorpios*, un collègue avec lequel ils travaillaient souvent. Lorsque tout le commissariat fut réuni, Aldébaran résuma ce qu'ils venaient d'apprendre.

« Je veux un plan du port dans cinq minutes, ainsi que le récapitulatif des troupes disponibles, ordonna le brésilien. Bougez vos fesses les gars, c'est une chance inespérée de mettre au trou ces salauds ! »

La secrétaire, remise de sa peur bleue, apporta une pile de plans du port ainsi que des alentours.

« Voilà l'entrée. Milo, toi et tes gars vous vous posterez de part et d'autre du grand portail. Et soyez discrets s'il vous plaît ! Hadès aura certainement envoyé des hommes pour surveiller le port. Egidio, ton unité ira dans les entrepôts, tu devrais avoir une bonne vision d'ensemble.

-On a droit aux fusils infrarouges ? demanda l'italien avec un sourire torve.

-Je ne verrai ni n'entendrai rien, prévint Aldébaran. S'il y a le moindre pépin, ce sera sous ta responsabilité.

-Merci chef !

-Dokho, ton équipe appréhendera l'équipage et les clandestins. Shura sera en renfort. »

Tous acquiescèrent avec sérieux, même Egidio. Depuis le temps qu'ils voulaient mettre la main sur Hadès, une occasion se présentait enfin à eux !

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Dokho regarda sa montre avec agacement. 21h48. Aldébaran avait envoyé ses hommes sur place dès le début d'après-midi pour ne pas se faire repérer des hommes de mains qu'Hadès enverrait au port. Obligés de rester immobiles dans la chaleur effroyable d'Athènes, l'impatience se faisait nettement sentir. Dokho égrenait les minutes avec empressement, jetant des coups d'œil nerveux autour de lui.

Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il menait une opération de grande envergure de ce genre. Mais ils ferraient un gros gibier et il était hors de question de le laisser filer. Combien de personnes soufraient à cause de cette organisation ? Trop. Beaucoup trop. Clandestins comme ceux qu'ils allaient intercepter, prostitués, dealeurs, Hadès frappait partout où c'était possible. Avec l'Afrique du Nord non loin, les trafics étaient nombreux.

21h52. Dokho attrapa son micro et souffla :

« Egidio, tu vois quelque chose ?

-Négatif. Il y a du brouillard qui monte en plus. »

Dokho grogna. Dans l'oreillette, il entendit son coéquipier éclater de rire.

« Tout à fait d'accord avec toi, c'est un pays de merde. Chez moi, au moins, on mange bien.

-Dites, vous deux, soyez concentrés ! les rabroua Aldébaran. Ils vont pas tarder. Restez sur vos gardes, les gars ! »

Le silence revint. Dokho regarda une nouvelle fois sa montre. 22h.

« Je vois un bateau, murmura enfin Egidio. Il se dirige bien vers le quai 6. »

Retenant presque sa respiration, le chinois serra la main sur son pistolet, prêt à baisser le cran de sécurité. Non loin de sa planque, il apercevait vaguement Shura.

« Ils accostent.

-Milo, tu vois quelqu'un venir ? demanda Aldébaran.

-Que le ciel qui bleuoit et le brouillard qui brouilloit, pouffa le grec.

-Crétin, soupira Egidio avec un rire. La passerelle est abaissée, je vois des mecs qui commencent à descendre.

-Attendez qu'ils soient tous sortis, ordonna Aldébaran.

-Une voiture arrive, déclara soudain Milo. Belle bagnole, je dirai une Audi.

-Je préfère les Lamborghini, ricana Egidio. Je la vois, elle vient sur le quai.

-Milo, fermez les issues, fit le brésilien. Dokho, Shura, allez-y. Egidio, surveille leurs arrières. En avant les gars ! »

Comme poussé par un ressort, Dokho bondit sur ses pieds, imité par Shura et leurs hommes.

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*voici quelques explications à propos des noms des protagonistes :

pínghéng signifie "balance" en chinois

constelação... "constellation" en portugais (je trouvais qu'Aldébaran Tauro faisait moins classe...)

granchio... "crabe" en italien ^^

ashuta... "vierge" en hindi

scorpios... "scorpion" en grec