Per Aspera Ad Astra

Tome 1 : La Pierre Philosophale


Note de l'auteur : Bonjour à toutes et à tous. Ceci est une fiction basée sur le célèbre thème des jumeaux Potter, l'un étant proclamé Survivant et profitant des lumières des projecteurs tandis que l'autre grandit dans les ténèbres et la solitude. Je vais essayer de donner un nouvel éclairage à ce thème, au travers de plusieurs tomes qui montreront les années des deux garçons à Poudlard. Enjoy it !

Rating : T (par simple mesure de précaution, même si un K+ pourrait faire l'affaire.)

Résumé : Univers Alternatif. Harry Potter a été élevé par les Dursley… au contraire de son frère Godric, le Survivant, qui a vécu une enfance dorée en compagnie de ses parents. Leur première année va bientôt commencer à Poudlard et… les plans d'un certain Directeur pourraient bien se retourner contre lui.

Disclaimer : Harry Potter et ses personnages ne m'appartiennent pas et sont la propriété de J.K. Rowling.

Hormis les copyrights ci-dessus, cette histoire m'appartient dans sa totalité en vertu de la législation sur la propriété intellectuelle et de celle sur les droits d'auteur.

Interdiction formelle de reproduire, d'utiliser et/ou de diffuser cette histoire sans l'autorisation expresse de son auteur.


Chapitre 1 : La lettre

Minerva McGonagall était aujourd'hui professeur de métamorphose à Poudlard mais également Directrice de la Maison Gryffondor et Sous-directrice de la prestigieuse Ecole de Sorcellerie. Sorcières Hebdo la faisait d'ailleurs figurer dans sa liste des dix sorcières les plus puissantes de Grande-Bretagne, après Amélia Bones, chef du Département de la Justice Magique et Dolorès Ombrage, sous-secrétaire du Ministre de la Magie.

Agée d'un peu plus de soixante ans, elle était respectée de ses collègues et de ses élèves, bien qu'également crainte pour ses sanctions jugées parfois trop « dures » par ses propres Gryffondors. Néanmoins, il n'en avait pas toujours été ainsi.

A une époque, elle avait été une jeune sorcière, dotée d'un grand courage et d'un sens de la justice des plus prononcés, qui lui avait valu une place à Gryffondor. Toutefois, cela ne n'empêchait pas d'être également parmi les élèves les plus intelligentes de sa promotion et pas complètement dénuée d'ambition non plus.

Avec les résultats exemplaires obtenus à ses ASPIC, toutes les voies lui étaient ouvertes. Elle aurait pu intégrer le Ministère et se retrouver à un poste au moins aussi haut placé que celui de Bones à l'heure actuelle. Talentueuse sur un balai, elle avait également reçu une invitation à rejoindre le Club de Flaquemare, lui ouvrant ainsi les portes du Quidditch professionnel.

Contre toute attente, elle avait choisi de devenir professeur et avait passé les trois années suivantes à seconder le professeur Dumbledore dans ses cours, devenant en quelque sorte son apprentie, avant de prendre sa succession à ce poste quelques années plus tard.

Ce choix, assez surprenant pour la plupart de ses camarades, n'était pas dû au hasard. Minerva avait toujours arboré une certaine admiration pour son professeur de Métamorphose, autant pour la finesse qu'il exerçait dans l'enseignement de cette discipline que pour la personnalité de l'homme. Elle n'oublierait jamais son expression lorsqu'il était revenu à Poudlard peu après sa victoire face à Grindelwald.

On aurait dit… un homme brisé. C'était comme s'il avait vieilli de près de dix ans d'un seul coup et il lui avait fallu plusieurs années pour retrouver ce naturel jovial et farceur qui était le sien. L'enseignante savait peu de choses concernant les relations entre le Directeur et son célèbre ennemi mais si elle en croyait les rumeurs à ce sujet, ils auraient été amis… de très bons amis, quelques décennies avant que le mage noir ne commence sa conquête de l'Europe.

Dès lors, l'admiration qu'elle portait à son mentor s'était muée en une indéfectible loyauté. Elle savait qu'elle le suivrait jusqu'en enfer s'il le lui demandait et s'était toujours montrée à l'écoute lors des rares occasions où il s'était vraiment confié à elle.

Néanmoins, cela ne l'empêchait pas de remettre en question certaines des décisions de son ancien mentor et c'était précisément ce qu'elle était en train de faire tandis qu'elle transplanait dans la banlieue tranquille de Little Whinging, où l'on pouvait apercevoir des maisons larges et carrées parfaitement alignées de part et d'autre de la rue.

Elle se trouvait face au 4, Privet Drive, une maison semblable à toutes les autres, possédant un petit muret de jardin sur le devant et plusieurs cheminées sur son toit. C'était tellement impersonnel, tellement… moldu.

Les sorciers mettaient un point d'honneur à posséder une maison bien à eux, qu'ils décoraient à leur gré et qui ne ressemblaient guère à celles de leurs voisins. Le Terrier, demeure de la famille Weasley, était un exemple parmi tant d'autres de ces habitations originales.

Poussant un léger soupir tout en maudissant Hagrid d'avoir dû faire une course à Gringotts pour le professeur Dumbledore plutôt que de venir ici, elle chemina calmement jusqu'à la porte et appuya sur la sonnette.

Une voix tonitruante retentit à l'intérieur et la porte s'ouvrit quelques instants plus tard, mettant l'enseignante face à une vision des plus étranges.

Face à elle se trouvait un garçon d'environ dix ou onze ans, assez petit et maigre pour son âge. Il avait un visage mince, encadré par d'indomptables cheveux noirs. Ses yeux d'un vert émeraude étaient en partie dissimulés par les lunettes rondes posées sur son nez. Celles-ci n'étaient d'ailleurs pas en très bon état si elle en jugeait par le papier collant qui les recouvrait par endroits.

C'était fou ce qu'il pouvait ressembler à James dans sa jeunesse… un James certes considérablement plus chétif et plus maigre que dans son souvenir mais la ressemblance demeurait frappante. Néanmoins, il y avait aussi ses yeux, aussi brillants que ceux de sa mère…

- Que puis-je faire pour vous, madame ? L'interrogea le garçon d'une voix polie.

- Je suis venue voir M. Harry Potter, est-ce bien vous ? Répondit l'enseignante en le dardant d'un regard perçant.

Les yeux du garçon s'écarquillèrent sous la surprise avant qu'il n'acquiesce simplement de la tête et ne s'écarte pour la laisser entrer. Détaillant davantage le reste de sa physionomie, Minerva nota qu'il était vêtu d'habits beaucoup trop grands pour lui et déchirés par endroits…

A son image se superposa un instant celle de l'elfe de maison des Malefoy et elle retint un frisson d'effroi en pensant au traitement que le garçon devait subir ici.

- Puis-je vous parler en privé, M. Potter ?

- Et bien… mon oncle Vernon ne voudra probablement pas…

Et comme si cette simple évocation avait suffit à l'invoquer, un homme grand et massif, presque dépourvu de cou, surgit de la cuisine avant de s'approcher vers eux à grands pas. Sa moustache frémissait sous le cou de la colère, comme si elle était vivante, tandis que son visage prenait une tâche rouge.

- Qu'as-tu encore fait, immonde garnement ?! Tu laisses entrer une parfaite étrangère dans ma maison !

- Mais oncle Vernon, elle connaissait mon nom et…

- Je ne veux pas le savoir ! Tu ne perds rien pour attendre, mon garçon, attends-toi à être privé de dîner…

Minerva n'en revenait pas. Cet homme… si l'on pouvait appeler ainsi un tel individu, arborait un comportement des plus inqualifiables avec cet enfant, et elle peinait à imaginer ce qu'elle avait dû lui faire subir d'autre pour qu'il paraisse si frêle, si maigre…

- Cessez de lui parler sur ce ton ! S'exclama-t-elle de ce ton autoritaire qu'elle employait d'ordinaire pour faire cesser les bagarres entre ses élèves.

Vernon daigna détourner son regard de son neveu pour le poser sur le professeur. Celle-ci ne se laissa pas démonter par le regard noir qu'il lui adressait et au contraire, elle le soutint pendant plusieurs secondes.

- Qui êtes-vous d'abord ? Vous débarquez chez moi et vous pensez pouvoir me donner des ordres ?!

- Je suis le professeur McGonagall, de l'Ecole de Sorcellerie Poudlard. Sachez que je ne tolèrerai aucun comportement violent à l'égard de mes élèves, même de la part de leur famille. Rétorqua-t-elle d'une voix tranchante.

Le visage de Dursley pâlit l'espace d'un instant avant de virer à nouveau au rouge, un rouge vif cette fois-ci. Les veines de ses tempes commencèrent même à palpiter tandis qu'il prenait à nouveau la parole d'une voix bourrue.

- Monstre… vous êtes un monstre, comme lui ! Mais il n'ira pas à votre école de fous ! Ses parents l'ont abandonné parce qu'ils ne voulaient pas de lui alors pourquoi devrions-nous l'envoyer là-bas ?!

Ces paroles étaient d'autant plus dures à avaler que c'était la vérité. Lily et James Potter, deux de ses élèves préférés, avaient volontairement abandonné le jeune Harry à la garde des Dursley pour se consacrer à l'éducation de Godric. C'était un choix qu'Albus avait trouvé judicieux pour éviter de créer une jalousie entre les deux garçons mais que l'enseignante remettait de plus en plus en cause au fur et à mesure qu'elle en découvrait sur la situation d'Harry.

- M. Potter est inscrit à Poudlard depuis sa naissance, M. Dursley. Cela n'a rien à voir avec ses parents ou avec vous-même. Si vous tentez de vous y opposer, nous considérerons cela comme une infraction au décret sur l'éducation magique et vous ferez l'objet d'une enquête du Ministère. Expliqua calmement McGonagall.

Vernon la dévisagea encore pendant une bonne minute, son visage virant par la suite au vert avant qu'il ne se mettre à bredouiller quelques mots incompréhensibles et ne reparte dans la cuisine en laissant échapper des jurons qui auraient fait rougir un charretier.

Minerva se retourna vers le garçon et constata qu'il arborait une teinte livide mais tentait malgré tout de faire bonne figure. Lorsqu'il remarqua les yeux de l'enseignante posée sur lui, il déglutit avec difficulté avant de lui indiquer le séjour.

- Par ici, je vous prie.

Il la fit asseoir sur le canapé et revint quelques instants plus tard avec une tasse de thé qu'il posa sur la table basse. Puis il s'assit sur l'un des fauteuils et joignit ses mains, l'air apparemment peu sûr de ce qu'il devait faire.

- Vous vouliez me parler, professeur ?

- En effet, M. Potter. Mais laissez-vous d'abord vous remercier pour votre thé, il est excellent. Répondit-elle après en avoir siroté une gorgée.

Le garçon esquissa un léger sourire et passa une main dans ses cheveux noirs pour tenter de cacher son embarras.

Tellement semblable à James… Ne put-elle s'empêcher de penser, avant de s'éclaircir la voix et de remettre un peu d'ordre dans ses idées.

- M. Potter, je dois d'abord vous demander si vous avez reçu une lettre de Poudlard ?

- Une lettre ? Oh… il y en a bien quelques unes qui sont arrivées à mon nom mais on me les a confisquées.

Inutile de préciser que le « on » en question concernait l'horrible individu moldu qu'elle avait eu le déplaisir de croiser quelques instants plus tôt. Elle se contenta donc de glisser une main dans la poche de sa cape et en sortit une lettre scellée qu'elle lui tendit.

Elle l'observa tandis qu'il ouvrait délicatement l'enveloppe et parcourait la lettre des yeux. Lorsqu'il releva finalement la tête, son expression était confuse.

- Pardonnez-moi mais… une école de sorcellerie ? Je… je ne suis pas… enfin, mon oncle Vernon me répète fréquemment que je suis un monstre mais je ne suis pas… sataniste. Je suis désolé mais je refuse d'intégrer votre secte. Déclara-t-il d'une petite voix, les yeux baissés.

- Notre… secte ? M. Potter, vous croyez sincèrement que Poudlard est une secte ? L'interrogea-t-elle, peinant à dissimuler sa surprise.

- Et bien… pour quelle autre raison s'intéresserait-on à moi ? Je n'ai rien de particulier, pas de parents, pas d'argent… je suis juste Harry.

C'est alors que le détail la frappa comme une gifle en pleine figure. Le garçon ignorait qu'il était un sorcier. Après tout, il n'était encore qu'un bébé lorsque les Potter l'avaient abandonné et les Dursley ne lui auraient certainement pas parlé de ses origines au vu de leur dégoût pour la magie…

- M. Potter, je peux vous assurer que nous n'avons rien de « satanistes ». Nous sommes des sorciers et à la différence des moldus, nous possédons certaines… facultés.

Et devant l'air dubitatif du jeune Potter, elle décida qu'une petite démonstration était de mise. D'un geste de sa baguette, elle métamorphosa l'un des fauteuils en armure médiale, sous les yeux exorbités du garçon.

- C'est… c'est réel, n'est-ce pas ? Je veux dire… vous avez vraiment…

- Oui, M. Potter. Contrairement à tout ce qu'on a pu vous raconter, la magie est on ne peut plus réelle.

Néanmoins, la nouvelle n'eut pas exactement l'effet auquel elle se serait attendue. Le garçon n'émit pas le moindre son, se contentant de contempler l'armure comme si elle était la plus belle chose qu'il ait jamais vu. Puis ses yeux se posèrent un instant sur la baguette, avant de fixer le regard de McGonagall.

- Puis-je aussi acquérir un bâton comme celui-ci ?

- Une baguette, M. Potter. Rectifia-t-elle sur un ton académique. Et oui, vous pourrez vous en procurer une sur le Chemin de Traverse, en allant à la boutique d'Ollivander.

La question qui suivit fut naturellement celle-ci :

- Comment puis-je me rendre sur le Chemin de Traverse ?


Albus Dumbledore était un sorcier qui avait vu plus d'horreurs dans sa vie que la plupart de ses contemporains. De part son rôle actif dans la guerre contre Grindelwald et sa victoire personnelle face ce dernier, il avait côtoyé de près la mort et le chaos. Voilà pourquoi il s'était juré de tout faire pour éviter qu'une telle débâcle survienne de nouveau.

Hélas, Lord Voldemort surpassait Grindewald en termes de puissance magique et Dumbledore lui-même n'était plus dans sa prime jeunesse. Le Directeur avait compris qu'il ne pourrait pas l'emporter seul et avait créé l'Ordre du Phénix dans l'espoir que l'union de jeunes sorcières et sorciers permettrait de contrecarrer les plans des Mangemorts.

La chute du mage noir s'était accomplie de manière encore plus soudaine que son ascension. La prophétie, dont une partie avait été transmise à Tom, avait permis la destruction partielle de Voldemort, et leur avait fait gagner de précieuses années.

Le professeur ne comprenait pas exactement quel miracle avait permis à Godric Potter de renvoyer à Jedusor son sortilège de mort mais il avait conscience que le garçon était destiné à vaincre de manière définitive le mage noir d'ici quelques années.

S'il avait été le seul fils de James et Lily, les choses auraient été tellement plus simples… mais il ne l'était pas. Le couple avait eu des jumeaux, de faux-jumeaux, incarnés par deux petits garçons aussi différents que le jour et la nuit.

Godric avait des cheveux d'un roux sombre, presque bruns et des yeux noisette alors qu'Harry avait hérité de son père son indomptable chevelure noire et de sa mère, ses yeux d'un vert brillant.

Tous deux avaient reçu une « marque » ce jour là. Godric arborait une sorte de S sur son front, comme s'il avait été marqué au fer rouge, tandis qu'une fine cicatrice en forme d'éclair était présente sur le front de son frère. Les deux cicatrices étaient ensorcelées et il avait fallu quelques minutes au Directeur pour prendre sa décision et…

… pour déclarer au monde sorcier que Godric Potter était devenu le Survivant.

Le problème résidait dans le fait que les deux garçons possédaient un grand potentiel magique mais que seul le Survivant se révélerait être un sorcier exceptionnel, l'unique sorcier capable de vaincre Voldemort.

Et c'est pour éviter une rivalité entre les deux garçons qu'il avait choisi de les séparer. Là-encore, le choix s'était avéré difficile puisqu'il exposait l'un des deux enfants au danger en l'éloignant de ses parents.

Voilà pourquoi il avait décidé d'exploiter la protection assurée par le sang de Lily… en confiant Harry à la sœur de cette dernière, Pétunia. Elle et son mari ne seraient probablement pas les meilleurs parents du monde mais au moins serait-il à l'abri des mangemorts désireux de venger leur maître.

Il ne restait plus qu'à espérer que le garçon soit devenu aussi timide et humble qu'il l'espérait. Ainsi, correctement guidé par Dumbledore, il deviendrait un atout supplémentaire pour son camp et peut-être même qu'il accepterait de protéger son frère…

Savourant un bonbon au citron, le vieux directeur continua à planifier la vie de ses futurs élèves, tout en espérant que Voldemort lui laisserait le temps nécessaire pour réaliser ses plans…


Il fallut un peu moins d'une heure à Minerva pour expliquer au jeune Harry tout ce qu'il devait savoir et au terme de leur entrevue, elle lui remit une petite clé en or. Celle-ci lui donnerait accès à un coffre à Gringotts, où était entreposé l'argent de sa bourse d'étude.

Après une dernière salutation, l'animagus retourna jusqu'à la porte avant de transplaner, laissant le garçon seul dans le hall d'entrée.

L'air confus et rempli d'espoir affiché sur le visage du garçon ne tarda pas à laisser place à un masque d'impassibilité. Fourrant la main dans sa poche, il en sortit une baguette sombre avec laquelle il fit un petit moulinet.

Un instant plus tard, Vernon et Pétunia Dursley sortaient de la cuisine tandis que Dudley descendait lentement les escaliers. Tous trois paraissaient apathiques, le regard vide et les bras ballants. Lorsqu'Harry daigna finalement se retourner vers eux, ce fut pour leur adresser un sourire cynique.

- Tu as très bien joué ton rôle, oncle Vernon… tu auras même le droit de dîner ce soir.

Le moldu ne réagit pas, se contentant de demeurer parfaitement immobile. Poussant un léger soupir, il reporta son regard sur la petite clé confiée par McGonagall et la fit tourner entre ses doigts avant de s'exclamer :

- La partie a enfin commencé… j'ai hâte de savoir si Poudlard est vraiment digne de sa réputation.

Et sur ces mots, il se dirigea vers le séjour, s'installant confortablement dans le canapé avant de sortir un livre d'aspect ancien, complètement indifférent aux trois moldus qui se tenaient toujours debout et privés de la moindre volonté…