Strawberry

Disclaimer : Geek and Girly est la propriété de ses auteurs, Rutile et Nephyla et de la maison d'édition Soleil.

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— Et son fruit préféré c'est la fraise !

— Non !

— C'est pas vrai !

— Je vous jure les filles. Je lui ai demandé moi-même. Bon bien sûr j'ai dû piquer un sprint pour aller plus vite que Yasmina mais, comme on dit première arrivée, première servie.

Et toutes les quatre se mirent à glousser de concert. Mathilde se força à garder la tête bien planquée derrière son livre de peur que son air de mépris royal finisse par attirer l'attention des quatre écervelées.

— Et donc, j'ai décidé de mettre en pratique les conseils du dernier numéro de Girly Mag, il va tomber raide dingue de moi !

Mathilde avait juste envie de vomir. Dire que des pintades comme celles-ci existaient ! Pire, qu'elles étaient dans le même lycée qu'elle !

— Et comment tu vas faire ?

Elles se trémoussaient autour d'elle comme une nichée de poulettes froufroutantes.

— Grâce à ça ! pérora la cheftaine.

— Oh ! C'est le nouveau gloss Eternal Lips de chez Vauréal !

— Parfum fraise !

— Oh, comme tu es intelligente Elvire !

— On voit que c'est toi qui as eu la meilleure note au contrôle d'histoire de la dernière fois.

Bon, c'en était trop !

Avec un bruit sec, Mathilde referma son livre, prit son sac à dos, passa avec dédain devant le groupe de greluches et quitta cette bibliothèque où il était impossible de travailler pour aller s'installer dans l'herbe où au moins la faune était moins loquace et avait un QI nettement supérieur.

L'air commençait à être frais mais au moins elle était tranquille. S'adossant contre un arbre elle mit son livre sur ses genoux et sortit son paquet de Pocky roses. Lentement elle s'immergea dans la lecture merveilleuse des secrets de l'assembleur.

— Hey ma Déesse, t'es venue profiter du bon air ?

Ne réprimant pas son grognement, Mathilde leva les yeux vers le garçon le plus gênant et le plus sans gêne de l'univers qui s'asseyait à côté d'elle.

— Pourquoi y sont roses tes Mikado ?

Pour mieux faire parler les imbéciles ! eut-elle envie de dire.

— Ce sont des Pocky à la fraise. Ma soeur en a ramenés de Paris.

— On vend des Mikado à la fraise à Paris ? Pourquoi y en a pas ici ?

Peu décidée à parler des accès d'otakitude de Nao et de ses visites dans les épiceries japonaises, Mathilde se contenta de garder le silence.

— Dis, je peux ?

Mathilde en mit un dans sa bouche et avec un air des plus ennuyés lui tendit le paquet.

Que Quentin ne prit pas.

Sans comprendre elle vit son visage se rapprocher du sien et entendit le craquement du biscuit une première fois, puis une deuxième, puis une troisième et le visage de Quentin était toujours plus proche du sien et ses joues brûlaient. Elle sentit ses lèvres si proches des siennes alors qu'il s'approchait encore, en voulant au dernier petit morceau qui dépassait encore de sa bouche.

— Merci, ma déesse. dit-il avant de poser sa bouche sur la sienne et de briser le dernier segment de biscuit rose.

Mathilde se réveilla en sursaut, le coeur battant à cent à l'heure, le souffle court comme après un cauchemar, mais les joues rouges et sur ses lèvres tremblantes un goût de fraises.