C'est avec le cavalier qu'on fait échec et mat.

Chapitre 1: C'est avec le cavalier qu'on fait échec et mat.

Note Author : Je réédite les chapitres que j'ai postés, sans changer quoi que ce soit je vous rassure. Je veux seulement retoucher les fautes et autres incohérences.
Il n'y a plus de spoilers puisque le tome 9 est sorti et que cette fanfiction est le résultat des théories que nous avions élaborées alors que nous ne connaissions pas la fin de cet arc. Et c'était impossible de deviner au final, sacrée Yana !
Rate: M : Scènes de sexe entre Arthur et Ciel et Ciel et Sebastian. Je ne suis pas allée dans les détails, il n'y a rien de vulgaire.
Disclaimers: Les personnages appartiennent à Toboso Yana.

Résumé: La scène se passe après le chapitre 42 (qui était vraiment trop court), Ciel et Arthur partagent à nouveau une chambre ensemble. Ciel est perdu et ne sait plus s'il doit croire à la mort de Sebastian ou non. Arthur tente de le protéger... plus ou moins. Drame, crises de folie, mystère et sexe.

Arthur: Arthur Conan Doyle, l'écrivain qui a créé Sherlock Holmes... Et oui il apparait dans Kuroshitsuji!

Pour comprendre ce chapitre mieux vaut avoir lu les chapitres de 38 à 42.
Si vous n'avez pas acheté les tomes, vous pouvez les lire sur scan-manga.

Ce chapitre peut se lire comme un one-shot, si on ne lit pas les suivants qui au départ n'étaient pas prévus! Mais je ne sais pas m'arrêter…

Review please!


Chapitre 1 : La cavalier fait échec et mat.

Arthur s'assit sur le matelas et s'adossa à la tête du lit. Il s'était déjà changé, et portait un pyjama gris froissé. Il écoutait la pluie frapper les vitres, dont il avait refermé les lourds rideaux de velours vert sombre. Il savait qu'il s'agissait du travail du majordome mais Tanaka était bien vieux. Et puis il avait appris à se débrouiller sans serviteurs. Après tout il n'était pas de ce milieu, où la mort d'un majordome ne pouvait émouvoir. Il avait été dégoûté par la réaction de ces nobles hautains qui étaient tellement soumis à leur estomac, qu'ils s'étaient empressés de descendre la dépouille à la cave cette cave où gisaient trois cadavres maintenant.

Arthur soupira et mit sa tête dans ses mains, essayant d'éclaircir ses pensées. Il était épuisé, et le mystère dans lequel il était plongé le mettait sur les nerfs. Il balaya de son esprit tous les ''pourquoi'' et les ''comment'' qui l'assiégeaient. Il voulait dormir. Il attendait le comte qui devait à nouveau partager son lit.


La décision prise était qu'ils dormiraient dans la même chambre, pour garder les pièces, où les meurtres avaient eu lieu, dans le même état jusqu'à ce que la pluie cesse et que les agents de Scotland Yard puissent inspecter les lieux. Bien sûr, il restait la chambre à côté de celle qu'avait occupée Lord Siemens, mais Arthur avait refusé que le jeune Comte se retrouve seul. Il était une victime trop facile, avec sa stature si fragile. Et puis, Sebastian lui avait confié la vie de Ciel après tout, il était responsable de sa protection maintenant. Il n'avait pas avancé cet argument de peur de heurter le comte mais son insistance avait été assez forte pour que tous les convives acquiescent.

A son grand étonnement, Ciel Phantomhive n'avait opposé aucune objection. L'enfant s'était contenté d'hocher la tête, le regard vide et il s'était rassis à la petite table de jeu où il avait passé une bonne partie de l'après-midi, les yeux fixés sur l'échiquier. Il ne s'était levé de sa place que pour participer au thé de 17h avec les autres invités et pour le dîner, dont il avait vite quitté la table, en touchant à peine à son assiette, pour retourner devant le jeu.

Arthur avait observé avec beaucoup d'intérêt les agissements et gestes de Ciel. Il avait regardé le jeune garçon se blottir dans le grand fauteuil. Un sourire triste s'était dessiné sur les lèvres d'Arthur et son cœur s'était gonflé d'affection quand il s'était aperçu que les pieds du jeune comte ne touchaient pas le sol, et que ses jambes se balançaient dans le vide.

C'est un enfant… avait-il pensé. Un enfant à la tête d'une immense entreprise, qui doit supporter seul le poids de son nom et de son rang.

Il avait discuté de longues heures avec certains convives, désireux de trouver une explication aux trois meurtres qui avaient eu lieu en moins de 24 heures. Et de temps en temps, Arthur avaient lancé des coups d'œil vers Ciel, qui se tenait toujours assis dans le fauteuil, légèrement penché en avant, les yeux fixés sur le jeu d'échec, portant nerveusement la main au cache qui lui couvrait l'œil. A certains moments, ses lèvres remuaient légèrement, comme s'il parlait aux pions du jeu qu'il n'avait pas déplacé une seule fois. Il se contentait de les fixer, et de murmurer. Arthur aurait voulu pouvoir lire sur ses lèvres mais il avait été incapable de savoir ce que le comte pouvait bien dire. Pourtant il était sûr d'avoir aperçu le comte soupirer ''Sebastian'', une expression à la fois agacé et triste dansant sur son visage séraphin.


Arthur soupira et se laissa glisser sur l'oreiller. Il se demandait si la santé mentale du comte n'avait pas été atteinte. Après tout, le majordome et son maître avaient été proches. La réaction de Ciel à la mort de son serviteur en était la preuve. S'il fermait les yeux, il pouvait encore voir le jeune garçon s'allongeait sur le corps sans vie de Sebastian, et le giflait. Quelle scène affreuse ! Un enfant accroché à un cadavre ensanglante, criant à son serviteur d'arrêter de faire semblant de dormir…

La porte de la chambre s'ouvrit, et Arthur se leva brusquement du lit, faisant face à Ciel qui pénétrait dans la pièce suivit de Tanaka.
Le jeune garçon semblait épuisé et affaibli. Son œil découvert, qui se leva doucement vers lui, ne contenait aucune émotion. Il s'arrêta de son côté du lit et se tourna vers son majordome. Le vieil homme tenait la chemise de nuit du jeune garçon, qu'il posa avec délicatesse sur le lit. Il se tourna alors vers le comte et tendit les mains pour lui retirer sa cravate.
Mais Ciel repoussa sèchement ses mains. « Ça ira pour ce soir Tanaka, tu peux te retirer. »
Le vieil homme ne recula pas, et retendit les mains vers son jeune maître.
« Depuis quand le jeune maître se déshabille-t-il seul ? C'est mon travail. » Dit-il d'une voix digne, « et je dois brosser et étendre vos vêtements, c'est l'étiquette.»
Le comte le repoussa à nouveau, le visage sombre. « Ton travail c'est d'obéir à mes ordres, et je viens de te dire de partir !»
« Vous me prenez pour Sebastian, Jeune Maître. Et je crois devoir vous rappeler qu'il est mort».

Arthur poussa un soupir d'indignation devant les paroles du majordome. Il s'attendit à une réaction violente de la part du maître de maison. Mais le comte ne dit plus rien, il regardait fixement son majordome, le visage assombrit de colère. Le vieil homme attendit un instant et reposa ses mains sur le jeune garçon pour lui ôter sa veste, son pantalon et sa fine cravate bleu marine. Alors qu'il déboutonnait la chemise du garçon, celui-ci esquissa une grimace, dégouté par le contact des mains froides et rugueuses qui parcouraient sur sa peau. Le rouge lui monta aux joues et il repoussa violemment le vieil homme, les deux mains sur sa poitrine. Son petit corps rigide, tremblant de colère, il hurla :
« Ne me touche pas si librement ! ». Il arracha la chemise que le majordome portait maintenant sur son avant-bras et continua :
« Je me débrouillerais pour le reste. Vas-t-en ! »
Le vieil homme s'inclina légèrement et murmura : « Sebastian a été trop souple avec vous jeune Maître, il n'aurait pas dû céder à tous vos caprices, votre père n'aurait pas apprécié cette attitude. Mais je vous souhaite une bonne nuit. »
Puis se tournant vers Arthur, il ajouta : « Bonne nuit monsieur. » Arthur le salua légèrement de la tête et le regarda partir.

Quand la porte fut refermée, Arthur se tourna vers Ciel qui fixait toujours la porte, la respiration saccadée. Puis le jeune garçon arracha violemment sa chemise, faisant voler les boutons à travers la pièce, la fit glisser de ses épaules et la jeta au sol. Arthur se retourna le temps que le comte enfila sa chemise de nuit. Le garçon l'ignora et sans mot il s'enfonça dans les draps.

Arthur resta figé pendant quelques instants, à regarder la petite forme qui bombait faiblement les couvertures, puis fit le tour du lit pour souffler les bougies sur le chandelier posé sur la table de nuit du comte.
« Non ».

Il s'arrêta. Le jeune garçon s'était redressé et murmurait d'une voix suppliante :

« Laissez un peu de lumière ».

Arthur acquiesça et le jeune garçon se rallongea, portant la main au cache de son œil.
« Cela vous fait mal ? » demanda Arthur en s'approchant du jeune garçon. « Vous voulez que je regarde, je suis spécialiste des yeux vous savez… »
« Non, je n'ai pas mal» soupira Ciel avec lassitude, en fermant les yeux.
« Excusez-moi, » insista Arthur, « je vous ai vu toucher votre blessure plusieurs fois aujourd'hui. Vous ne le faisiez pas avant, j'ai pensé qu'elle s'était infectée…»
« Non, c'est impossible. » l'interrompit doucement l'enfant qui se laissait gagner par le sommeil.
« Alors pourquoi y toucher ainsi ? » demanda Arthur.
« J'ai peur… » soupira Ciel, « J'ai peur que cela ait guérit. Que mon œil n'est plus rien ».
L'écrivain fronça les sourcils, surpris de la réponse du comte. « Ce serait plutôt une bonne nouvelle, non ?»
Ciel ne répondit pas, les yeux toujours clos, mais il sourit légèrement, puis se tourna sur le côté et murmura « Bonne nuit monsieur ».

Arthur retourna à sa place et se mit sous les couvertures. Il se tourna vers le jeune comte qui lui faisait face, la tête posée sur l'oreiller. Le jeune garçon avait les yeux fermés, la respiration profonde et il semblait déjà endormir, sans doute épuisé par les événements de la journée. Arthur observait le visage du jeune garçon, éclairé par la lumière vacillante des bougies. Il était vraiment ravissant, ni féminin, ni masculin, une peau blanche, fine et parfaite, un corps fragile et tendre. Comme il aurait voulu savoir dessiner, pour reproduire ce visage d'enfant parfait pour le rendre éternel ! Il aurait voulu en faire un petit portrait et l'emporter partout avec lui. Il aurait aimé soigner son œil et guérir les blessures de son passé. Il pourrait s'occuper de lui.

Il secoua la tête. Qu'est-ce que lui arrivé ? Comment de telles pensées pouvaient passer dans son esprit en des moments si sombres ! Reprends-toi Arthur !
Pourtant il était difficile de ne pas s'attacher à cet enfant lorsqu'il avait l'air si innocent et fragile. Mais il ne savait pour quelle raison, il ne pouvait détacher son regard des lèvres rouges du jeune garçon. Alors qu'il le regardait, il remua légèrement, faisant glisser les couvertures et un détail attira le regard d'Arthur. Il s'approcha un peu du garçon.

Ciel serrait un objet noir et luisant dans son petit point fermé. Arthur s'approcha, tendit la main vers la sienne, et ouvrit doucement les petits doigts fins pour libérer l'objet enserré dans l'étreinte de ses phalanges. Il porta l'objet dans la lumière faible des bougies et l'examina. C'était… une pièce de jeu d'échec… le cavalier.

Drôle de choix d'objet pour s'endormir, pensa-t-il.
« Qu'est-ce que vous faites ? ».
Arthur sursauta et se tourna vers le jeune garçon qui le regardait, son œil sévère fixé sur lui.
« Oh heu je voulais savoir… »
« Rendez-le-moi, s'il vous plait » l'interrompit Ciel en se redressant dans le lit, la main tendue d'un air solennel qui n'avait plus rien d'enfantin.
Arthur hocha la tête et lui tendit le pion. Ciel s'en empara vivement et le posa sur la petite table de nuit.
« Pardonnez-moi monsieur le comte » s'excusa Arthur « je ne savais pas de quoi il s'agissait, mais à le serrer ainsi dans votre main vous auriez pu le perdre dans le lit ou le casser.»
« Je ne le perdrais pas ! » s'énerva le jeune garçon. A nouveau ce caractère, comment ce jeune garçon pouvait-il jonglait de personnalités et passer d'un enfant au regard de velours, au regard presque tendre et attirant à celui d'un être froid, calculateur et passionné.
« Calmez-vous monsieur le comte », dit Arthur, levant ses mains devant lui en un signe d'apaisement. « Vous avez passé une journée très éprouvante, vous devez vous reposer, vous pourriez mettre votre santé en danger ».
«Ma santé ? » demanda le Comte en haussant les sourcils, interloqué et agacé. « Excusez-moi mais je ne vois pas en quoi cela vous regarde! »
« Cela me concerne, car monsieur Sebastian m'a dit de prendre soin de vous. »

Les mots avaient à peine passé les lèvres d'Arthur que celui-ci les regrettait déjà. Il avait voulu calmer le jeune garçon mais il avait été trop loin et il le savait. Ciel s'était figé, une expression de surprise horrifiée sur le visage.
« Sebastian vous a dit cela ?» demanda-t-il la voix tremblante, en le scrutant, cherchant une réponse à une situation qu'il ne comprenait plus. Il sortit des couvertures et s'agenouilla sur le matelas, penché vers Arthur. « Quand ? »
Arthur soupira. Il aurait dû se taire. « La nuit dernière, »dit-il enfin, « après que vous vous soyez endormi.» Arthur pensait avoir blessé le jeune garçon en lui parlant des derniers mots de son majordome, mais il se rendit compte de son erreur quand le regard de Ciel s'assombrit de rage.
« Salaud ! » Ciel se tourna vers la table de nuit, saisit le pion noir et le jeta violemment. Le petit cavalier se brisa contre le mur, colorant le sol de poussière noire et brillante. Mais cela ne calma pas le jeune garçon à genoux sur le lit, qui se mit à hurler de plus belle, tremblant, les mains crispées sur les couvertures : « Qui es-tu pour décider de cela, qui es-tu pour m'abandonner ! Tu dois m'obéir ! ».

Arthur saisit le jeune garçon par les bras, essayant de le raisonner.
« Comte » dit-il en serrant un peu plus ses bras fins, essayant de maitriser le jeune garçon et de le forcer à le regarder. Mais l'enfant se débattait, s'adressant à une personne dont le corps pourrissait dans une cave. « Il n'a pas voulu vous abandonner. » essaya-t-il de lui expliquer, « Il est mort. Il a été assassiné ! »
« Mort ? » cracha Ciel, fixant enfin les yeux du jeune homme, comme s'il se rendait à nouveau compte qu'il était dans la chambre. « Mort ? » répéta-il encore avant de secouer violemment la tête, ses bras toujours emprisonnés dans l'étreinte d'Arthur.
Puis il se mit à rire, un rire fort et noir, qui secoua son corps.
Arthur le regardait, se demandant si le Comte avait perdu la tête. Celui-ci le fixa.
«Monsieur Arthur », dit-il en riant toujours, visiblement amusé, « comme il doit rire en nous voyant en ce moment. Vous ne le connaissez pas. Je sais ce qu'il aime. Il se moque de nous !».

Arthur le lâcha, les yeux écarquillés, il ne dit rien. Ciel, toujours à genoux, se redressa et fit fasse à Arthur de toute sa petite taille, arrivant presque à le dominer. Il se pencha vers lui, et murmura : « Il s'amuse avec moi. C'est grâce à nos peurs et notre désespoir qu'il peut vivre. Il aime me voir faible et brisé. Comme il doit rire en ce moment. » Il leva soudain les yeux vers le plafond et cria : « Tu t'amuses hein ? Démon ! ». Puis il se remit à rire de plus belle, de son rire sinistre.

Arthur ne savait plus quoi faire. Il se leva, effrayé et se demanda s'il devait aller chercher quelqu'un. Mais soudain le visage de Ciel se contracta, et son rire se transforma progressivement en sanglot douloureux. Tout son corps était secoué de sursauts, alors que des larmes emplissaient son œil dévoilé, mais ne perlaient pas sur ses joues blanches.

« Mais s'il est mort, » murmura-t-il, son regard trouble perdu dans le vide, « s'il est vraiment mort… tout est fini.»

Ciel s'assit, et ramena ses genoux contre sa poitrine, les entoura de ses bras et y déposa sa tête. Il resta ainsi dans cet état immobile et silencieux plusieurs minutes. Il était minuscule, une petite forme perdue au milieu des draps défaits.

Arthur se tenait debout devant lui, figé. Il ne savait plus comment se comporter avec ce jeune garçon, dont la personnalité passait d'un extrême à un autre. Il pensa à sonner pour faire venir Tanaka, mais cela risquait d'empirer la situation. Ses comportements excessifs étaient de simples réactions psychologiques dues au choc des événements de la journée. Ce dont avait besoin Ciel à ce moment, c'était de repos et d'affection.

Il soupira, se rassit sur le lit et allongea sa main vers celle de Ciel et effleura ses doigts. Ciel leva doucement la tête vers lui. Le cœur d'Arthur s'emballa. Il eut soudain envie de le prendre dans ses bras et de toucher ses cheveux, de poser ses lèvres sur son visage. Mais il se contenta de caresser sa joue du dos de la main.

« Vous n'êtes pas seul Monsieur, » commença-t-il doucement, « vos serviteurs vous sont dévoués ». Il fit une pause et ajouta, la voix basse. « Et je serais là, à vos côtés si vous le désirez. »

Ciel repoussa doucement sa main, mais au lieu de reculer, il rampa jusqu'au jeune homme et s'approcha au plus près de son corps sans le toucher. Un cours instant, Arthur se prit à croire aux anges, devant cet enfant au visage parfait, perdu dans sa chemise de nuit un peu trop grande pour lui.

Ciel se pencha vers Arthur et murmura.
«Ce n'est pas assez. Vous n'êtes pas assez» dit-il doucement avant de continuer, son visage proche de celui du jeune homme.
Arthur essayait de se concentrer sur ses paroles et non sur la proximité de son corps et la chaleur moite de sa respiration sur la peau alors que ses lèvres remuaient à quelques centimètres de son visage.

« Tous les pions sur le plateau ne peuvent pas gagner la partie.» Arthur le regarda, surpris. Il ouvrit la bouche mais Ciel continua. « La tour et la reine sont des pièces puissantes, mais c'est le cavalier qui peut tout faire changer. Lui seul peut passer par-dessus les autres pièces, lui seul a un mouvement singulier et subtil qui peut faire gagner la partie. C'est avec le cavalier qu'on peut faire échec et mat.»

Arthur ne dit rien, il regardait cet ange en chemise blanche qui se tenait devant lui, le regard brillant et déterminé. Il s'agissait d'un ange déchu, brisé et seul, mais un ange splendide tout de même.
Sans réfléchir il tendit les mains, prit le garçon dans ses bras et l'attira à lui. Il sentit le corps de Ciel de raidir mais il l'ignora. Il le posa contre lui, les jambes de Ciel de chaque côté de ses hanches et l'emprisonna de ses bras. Ciel ne fit aucun geste pour lui rendre son étreinte mais il s'en fichait éperdument, car maintenant qu'il tenait l'enfant contre lui, il se rendait compte à quelle point il le désirait depuis son arrivé au château, depuis qu'il l'avait aperçu en haut des marches du grand escalier. C'est pourquoi plus rien n'avait d'importance.

Il crut entendre Ciel murmurer son nom mais il ne distinguait que les battements furieux de son cœur et ce petit corps chaud blotti contre son torse. Toutes règles de bienséance oubliées, il frotta doucement son visage contre les joues de Ciel, déposant de tendre baisers chauds sur ses joues. Il sentit le garçon se raidir un peu plus et poser ses mains sur ses épaules, le maintenant sans le repousser. Mais Arthur l'emprisonna un peu plus dans l'étreinte de ses bras autour sa taille fine, ses lèvres cherchant celle du garçon. Perdu dans un désir brulant, Il l'embrassa.
La honte l'envahit soudain sous le contact de cette bouche chaude et douce, la honte de ne rien regretter, car malgré le sourd appel à la raison qui tentait de lui envahir l'esprit, Arthur ne pouvait arrêter, il ne voulait pas arrêter.

Avait-il goûté des lèvres plus délicieuses que les siennes ? Etait-il en train de lui donner son premier baiser ?

Ciel ne répondait pourtant pas à son baiser et rester figé, sans volonté, dans son étreinte passionné. Arthur quitta les lèvres du garçon, et déposa sur sa mâchoire jusqu'à son cou une trainée de baisers humides et passionnés alors que ses mains voyageaient le long du dos du jeune garçon. Il fit glisser une manche de l'épaule de l'enfant et commença à lui mordiller la chair. Ciel réagit enfin, se tortilla et gémit. Il se courba, la tête rejetée en arrière, alors qu'Arthur faisait glisser ses lèvres le long de la gorge et du torse maintenant découvert de Ciel. Il plaqua soudain ses deux mains sur les hanches du garçon, le souleva et le déposa sur le lit.
Alors qu'il allongeait l'enfant sur les coussins, il croisa son regard. Le jeune garçon le regardait, l'œil brillant, les joues rouges, les lèvres gonflées et humides du baiser échangé. Ou volé ? Arthur s'en fichait ! Cette personne était si désirable qu'il ne pouvait pas renoncer.

Il s'allongea sur le corps du garçon, se plaçant entre ses jambes, écrasant sa petite forme de son poids. Il emprisonna le petit visage dans ses mains, plongeant ses doigts dans les cheveux soyeux et l'embrassa à nouveau. Mais cette fois Ciel lui rendit son baiser. Arthur fut surpris par les lèvres suppliantes et gourmandes de l'enfant, et intensifia le baiser. Les lèvres du Comte s'ouvrirent enfin et Arthur entreprit de caresser tendrement la langue de l'enfant de la sienne, grisé par les ondulations de son corps sous le sien.
Arthur brisa le baiser, leur permettant tous deux de respirer. Ciel, haletant essayait de reprendre son souffle. Arthur caressa amoureusement son visage de ses doigts, embrassa les joues et l'œil de Ciel.
Il tenta alors de passer ses doigts sous le cache qui couvrait son œil, mais sa main fut stoppée.
« Arrête » gémit l'enfant, la respiration saccadée. Arthur repoussa sa main.
« Laisses-moi voir, laisses moi te regarder » supplia-t-il les yeux brulants de désir.
« Non !» soupira sèchement Ciel, couvrant son cache de sa main.

Arthur poussa un râle de frustration et repoussa à nouveau la main de Ciel mais n'essaya pas d'enlever le cache. Il captura à nouveau les lèvres de l'enfant et l'embrassa avec rage et passion, alors que ses mains parcouraient les côtes, les hanches et enfin les jambes nues du garçon. Ses doigts caressaient les cuisses minces et douces, les griffant légèrement. Il se sentait enivré des soupirs de plaisir du jeune garçon qui plongeait ses doigts dans sa chevelure brune, le serrant contre lui alors qu'il embrassait toujours ses lèvres douces et pleines. Il sentit son désir brûlant s'intensifier, et il colla un peu plus la raideur qui bombait son pantalon contre l'entrejambe du garçon. Ciel répondait à son désir, courbant son corps. La vue d'Arthur se troubla sous le contact chaud. Il en était sûr, il n'avait jamais désirait quelqu'un à ce point. Ciel se tortillait sous son corps, ses gémissements devenant de plus en plus fort. L'esprit brouillé Arthur se redressa soudain, à genoux. Il ôta rapidement sa chemise et fit glisser son pantalon avant de reprendre sa place entre les jambes de Ciel. Mais celui-ci tendit les deux mains devant lui pour le stopper, une lueur de panique passant dans ses yeux et il secoua doucement la tête.
Arthur prit ses mains dans les siennes, les approchèrent de son visage et embrassa le bout de ses doigts sans détacher ses yeux du sien.

« Ne t'inquiète pas, je ne vais pas faire ça, fais-moi confiance. » Arthur comprenait que Ciel était trop jeune pour l'acte d'amour et il n'avait jamais eu l'intention d'aller jusque-là.

Il se plaqua contre son corps chaud, les genoux de Ciel qui caressant les côtés de son corps. Il plaça ses mains de chaque côté des épaules de Ciel pour se maintenir et il se positionna contre son entrejambe, raideur contre raideur. Il gémit sous le contact et Ciel rejeta sa tête en arrière, en étouffant un petit cri de plaisir entre ses lèvres closes. Arthur approcha son visage de celui de l'enfant, en gardant le bas de son corps en contact avec le sien. Il déposa un léger baiser sur ses lèvres, puis colla son front contre le sien et commença à remuer les hanches. A cette première poussée, Ciel poussa un hoquet de surprise et plaisir, et entoura le cou d'Arthur de ses bras minces, maintenant son front contre le sien. Encouragé, Arthur intensifia rapidement le rythme et le frottement de leurs deux corps, alors que l'humidité de leur excitation rendait le glissement plus facile, plus délicieux. Le plaisir monta encore et les bras d'Arthur cédèrent sur le plaisir. Il écrasa Ciel de son corps, et se soutenant sur un coude, il plaça un bras sous la jambe de Ciel, le forçant à relever le genou pour augmenter la friction et reprit un rythme effréné contre le corps du comte. La respiration du garçon se fit irrégulière, entrecoupée de cris de plaisir.
« N'arrêtes pas » gémit Ciel, une larme roulant de son œil, « s'il te plait, n'arrête pas ». Arthur acquiesça et embrassa le jeune garçon. Le rythme devint extatique alors que leur plaisir atteignait son apogée. Arthur crut qu'il allait s'évanouir alors que ses coups de hanches devenaient violents et incontrôlés. Il entendit les cris de Ciel devenir de plus en plus forts alors qu'il atteignait son point de rupture. Arthur sentit le corps du garçon se raidir brusquement, des ongles s'enfoncer dans ses cheveux, et des jambes fines enserrer ses hanches. Le cri de plaisir qui échappé des lèvres du comte déclencha son propre orgasme et après quelques poussées, il murmura « Ciel » avec passion et chercha les lèvres de Ciel pour étouffait son cri passionné alors qu'il se libérait entre leurs deux corps. Après un dernier baiser sur les lèvres de Ciel, Arthur ferma les yeux et sombra.

« Monsieur Wordsmith… Monsieur… vous m'écrasez…»

Arthur ouvrit les yeux. Cela lui prit environ cinq secondes pour que l'euphorie se dissipe, que le nuage de la conscience moral n'envahisse brutalement son cerveau et qu'il réalise qu'il était nu sur le corps d'un enfant de treize. « Oh mon Dieu ! » Il se leva brusquement, et se retrouva nu debout à côté du lit. Il chercha rapidement son pyjama qu'il avait laissé tomber sur sol. Après l'avoir trouvé, il se tourna vers le comte, qui n'avait pas bougé de sa place sur le lit, toujours allongé, les joues légèrement colorées, la chemise de nuit débraillé. Arthur chercha des signes de regret sur le visage de l'enfant mais n'en trouva aucun. Il semblait apaisé.
« Heu, j'ai dormi longtemps ? » demanda Arthur. Le comte haussa les épaules en se redressant pour réajuster sa chemise.
«Non quelques minutes. J'ai hésité à vous réveiller mais j'étouffais un peu ».

Arthur acquiesça. Il était repassé au vouvoiement, malgré l'instant de plaisir qu'ils avaient partagé. Il secoua la tête, décidé à ne plus y penser, au risque que le désir ne revienne. Il s'apprêtait à s'habiller quand il aperçut les trainées brillantes sur son estomac. Il rougit et se dirigea vers le meuble où se trouver une bassine de porcelaine et une cruche d'eau. Il en versa dans la bassine et y plongea une petite serviette qu'il essora. Il se dirigea alors vers le comte toujours allongé sur le lit.
« Excusez-moi monsieur le comte, mais je doute que vous vouliez vous endormir ainsi… »
Ciel soupira et souleva sa chemise de nuit. Arthur s'assit sur le lit et nettoya les preuves de leur passion qui étaient encore visibles sur le ventre blanc du comte. Il fit de même pour lui et se rhabilla enfin. Ciel s'est déjà remis dans les couvertures, visible épuisé.

Arthur allait reprendre sa place de son côté du lit, place qu'il n'aurait jamais dû quitter, quand il aperçut quelque chose sur la table de nuit du comte. Il s'approcha doucement, croyant que son imagination lui jouait des tours.
Mais quand il reconnut l'objet, il se glaça d'effroi.
C'était la pièce d'échec, le cavalier que Ciel avait brisé en mille morceaux contre le mur.

Il jeta un coup d'œil vers le mur et le sol ou devait se trouver les débris du pion… Rien…
Un frisson d'horreur lui parcourut l'échine. Il attrapa le cavalier et se tourna vers l'enfant allongé dans le lit.

« Comte ! » appela-t-il la voix tremblante « Comte, regardez ! » Ciel se redressa et regarda l'objet que le romancier lui tendait. Un sourire radieux se dessina sur son visage et le prit délicatement le cavalier.
« Ce n'est rien monsieur, allez vous coucher » dit-il simplement, en souriant avec indulgence, visiblement ravi pour une raison que l'écrivain ne parvenait pas à comprendre.
« Mais comment…? » commença Arthur mais Ciel posa son doigt tendre sur les lèvres du jeune homme.
« Chut » souffla-t-il « Si un majordome de la Maison Phantomhive ne savait pas faire cela, que saurait-il faire ? »
Arthur se figea sur place, son esprit trop scientifique, trop bouillant était incapable de lui donner une réponse logique à ce mystère.
Ciel se rallongea et ferma les yeux, tenant toujours la pièce d'échec serrée dans sa main et murmura:
« Bonne nuit Arthur. »


Comme je l'ai expliqué, cette histoire était un one-shot, pour passer le temps en attendant le prochain chapitre de Kuro qui nous attendons avec impatience tous les mois.
Mais l'histoire a plu, elle a donc une suite, une suite de 13 chapitres, plus noires et plus proches de l'histoire du manga.
J'espère que vous aimerez la suite, autant que j'ai aimé l'écrire.

Review!