Disclaimer : Je ne possède ni Harry, ni Severus, ni aucun des autres. Je ne suis donc pas JKR.

Note de l'auteur : Pour les besoins de l'histoire, Bill Weasley est un loup-garou véritable. C'est volontaire et pas une erreur par rapport au canon.

Warning : C'est un SNARRY avec slash/yaoï, donc si vous n'aimez pas, ne lisez pas !

Note du 5 septembre 2012 : Je débute ici la seconde version de la fic. Afin de coller aux exigences des administrateurs, les scènes MA vont être censurées dans la mesure du possible, pour autant que ça ne nuise pas à la compréhension de l'histoire. Donc parfois, la censure sera minime. Les scènes complètes peuvent être lues chez Fanfics en folie sous le même pseudo.


Le silence régnait dans la Grande Salle à l'heure du petit déjeuner, alors que la nuée de hiboux venait à peine de terminer de déposer lettres, colis et journaux aux élèves. Ceux qui avaient reçu la Gazette du Sorcier avaient fait part des gros titres à leurs camarades et tous à présent, penchés à plusieurs par journal, prenaient connaissance de l'article qui semait le trouble.

À la table de Gryffondor, Harry Potter était penché sur l'épaule d'Hermione qui tenait devant elle la Gazette grande ouverte. Ron, lui, partageait le numéro reçu par sa petite sœur Ginny.

Le sang d'Harry se glaça dans ses veines. Il jeta un coup d'œil à la table professorale et vit chaque professeur penché sur son numéro du quotidien sorcier. Seul Severus Rogue n'avait pas poursuivi sa lecture, il avait détruit le journal qui s'était quasiment enflammé dans sa main et avait quitté aussitôt la Grande Salle, sous le regard navré du Professeur Dumbledore.

Harry reprit sa lecture.

Nouvelles mesures concernant les créatures nuisibles !

Le Département de Contrôle et de Régulation des Créatures Magiques frappe un grand coup.

De notre envoyée spéciale Rita Skeeter.

Madame Dolorès Ombrage, directrice du département de contrôle et de régulation des créatures magiques, a inauguré la nouvelle section des dangereux et nuisibles en faisant paraître hier dans la soirée, un nouveau décret destiné à protéger le sorcier de la rue de la menace que font courir sur le monde magique certains hybrides qualifiés de dangereux. La première mesure mise en place concerne les nuisibles nocturnes et la limitation de leur prolifération.

Dorénavant, les loups-garous n'auront plus le droit de se reproduire et devront donc par conséquent être tous stérilisés. Les mâles seront castrés et les femelles verront la totalité de leurs organes reproducteurs retirés. Les mariages entre sorciers et hybrides nocturnes de type lupus canis lycanthropus seront annulés et considérés n'ayant jamais eu lieu. La progéniture issue de ces unions contre nature sera déclarée illégitime et ne pourra prétendre à hériter de leur parent sorcier. Les femelles et sorcières enceintes seront dans l'obligation de se faire avorter et ceci jusqu'au 6ème mois de la gestation. Dans le cas où le fœtus survivrait, il serait immédiatement éliminé d'un sortilège.

Les vampires sans calices seront interdits, considérés hors la Loi et déférés immédiatement à Azkaban ou en cas de rébellion, éliminés. Les vampires de la catégorie avec calice seront assignés à résidence et interdits d'exercer une quelconque profession. (Note de la rédaction : cette dernière mesure s'applique aussi aux loups-garous). Ils seront également dans l'obligation de se soumettre ainsi que leurs calices à tous les contrôles et marquages que le ministère mettra en place au cours des semaines à venir.

Madame Ombrage précise qu'il n'est pas question que ces créatures se rebellent contre les sorciers normaux du monde magique comme ils l'ont déjà fait par le passé en suivant Vous-Savez-Qui. …/

Hermione avait lu l'article à mi-voix pour en faire profiter ceux qui n'avaient pas reçu le journal comme Dean Thomas assis en face d'elle. Harry était à deux doigts de mettre le torchon en pièces mais la brunette qui s'en doutait le lui avait rapidement soustrait. Elle savait qu'Harry pensait à Remus. Elle entendit son ami gronder.

— Elle est complètement malade ! Castrer… Si elle s'imagine que je vais la laisser castrer Remus, cette salope se fourre le doigt dans l'œil. Je commence à en avoir marre de ce sale crapaud ! Il est temps que quelqu'un se mette en travers de son chemin. Elle veut la guerre ? Bien ! Elle va l'avoir !

Harry s'était levé et avec presque crié ses menaces. Il était choqué et hors de lui. Il vit Ron la bouche bée qui finissait de lire avec la mine de quelqu'un à deux doigts de vomir. Albus Dumbledore avait levé les yeux en entendant l'esclandre. Mais Harry n'avait pas l'intention de s'arrêter là…

— LUNA ! Je veux voir Xeno rapidement pour une interview, cria-t-il à l'autre bout de la salle.

La blonde leva le nez à l'appel de son nom et hocha simplement la tête tandis que le jeune Élu du Monde Magique, fou de rage, quittait la Grande Salle en claquant la porte violemment. Vu sa taille et son poids, il dut employer la magie pour ce faire, et donner un peu plus de fermeté à ses déclarations. Au moins, on savait ce que pensait Harry Potter de cette affaire. Certains élèves étaient curieux de voir ce que le conflit Ombrage/Potter allait donner, mais il était clair que cet article était une vraie déclaration de guerre et que cela allait faire du bruit.

À la table professorale, Hagrid tenait son journal d'une main tremblante, les yeux écarquillés et plein de larmes. Pomona Chourave se pencha vers lui et tapota l'immense avant-bras du demi-géant afin de lui remonter le moral.

— Le Professeur Dumbledore ne laissera pas faire, Rubeus, ne vous en faites pas !

Hagrid sortit un grand mouchoir à carreaux de la poche de son manteau en peau de taupe.

— Le Professeur Dumbledore est un grand sorcier… marmonna-t-il.

Cette déclaration fut suivie d'un bruit de trompette signifiant que le géant se mouchait, mais cette fois-ci personne ne songea à en rire. Minerva McGonagall, la main sur le cœur reposa le quotidien comme s'il l'avait brûlée.

— Albus ! Je ne peux pas croire… ce n'est pas possible, elle ne va pas faire ça… Remus… et Tonks… et notre Severus… on ne peut pas laisser faire !

— Vous avez entendu le petit, Minerva ? Il ne laissera personne toucher à Remus ou Tonks, et moi non plus. Quant à Severus, il est hors de question qu'il quitte le château. Il est sous ma protection depuis plus de dix-huit ans, j'ai bien l'intention qu'il le reste.

— Qu'allons-nous faire ? soupira Minerva, morte d'inquiétude.

— Je vais expédier Remus et Tonks en France, ainsi que Bill et Fleur. Je pense que les Delacour ne feront pas de difficultés pour les cacher. Ils ont du sang de Vélane dans les veines. Et bientôt… les Vélanes risquent aussi de se retrouver sur la liste quand Ombrage s'attaquera à ceux qu'elle qualifie de nuisibles diurnes.

— Les Malefoy risquent de se retrouver en ligne de mire…

— Je ne me fais aucun souci pour eux, leur or et la protection de Cornélius suffira. D'ailleurs je me demande à quoi il joue pour la laisser faire une telle chose…

— Et Severus ?

— Nous allons devoir lui proposer un calice, et par la barbe de Merlin, ça ne va pas être facile de lui faire accepter l'idée, encore moins de lui en trouver un !

Comme Albus Dumbledore l'avait prévu, Severus Rogue ne fut pas enchanté de l'idée de prendre un calice.

— Vous savez très bien ce que j'ai toujours pensé de ça ! Albus ! Certains vampires en éprouvent le besoin, mais moi j'ai toujours été un solitaire et rien que l'idée m'exècre.

— Severus, vous avez lu comme moi, ce que la Gazette disait à ce sujet. Ombrage sait que vous êtes un vampire, puisque cette information est connue des administrateurs de Poudlard et donc du Ministère. Le fait que vous n'ayez jamais causé le moindre problème joue en votre faveur, mais il va falloir faire très vite, où vous aller vous retrouver à Azkaban, mon garçon. Et là-bas, je doute fort qu'on vous fournisse du sang pour vous nourrir…

— Je ne veux pas de calice, Albus.

— Avez-vous déjà essayé d'en trouver un ?

Severus ne répondit pas et se tourna vers la fenêtre qui donnait sur le Lac Noir. Il avait essayé, oui, à plusieurs reprises, sa nature vampirique l'y poussant régulièrement. Mais sa recherche s'était toujours soldée par un échec. Il savait que même s'il mettait une petite annonce dans la Grande Salle et dans les magazines sorciers, il n'aurait aucune réponse. Personne n'avait jamais eu envie de l'approcher suffisamment pour envisager de lui donner du sang volontairement et encore moins souhaité être un partenaire sexuel.

— N'y aurait-il pas une jeune sorcière qui vous tenterait et que vous auriez envie de séduire, Severus ? essaya le Directeur en voyant le mutisme de son Maître des Potions.

— Il me faudrait plutôt un sorcier, Albus, si vous voulez le savoir…

— Ah. Vous préférez les sorciers ?

Severus hocha la tête, toujours plongé dans la contemplation de la vue s'étendant sous ses yeux.

— Je vous choque, Albus ?

Le vieil homme éclata de rire.

— Ah mon petit… il en faut bien plus que ça ! Et je partage votre goût d'ailleurs. Peu de gens savent encore que Gellert Grindelwald était mon petit-ami lorsque nous avions tous deux dix-huit ans.

Severus se retourna brusquement, l'air surpris et un sourcil levé.

— Grindelwald ? Je vois… ça n'a pas dû être facile pour vous de le combattre.

— Gellert était magnifiquement beau dans sa jeunesse, un peu comme Lord Voldemort, et nous savons que la beauté extérieure ne reflète pas toujours ce qu'i l'intérieur. J'ai fait ce que je devais faire, Severus, même si la chose n'a pas été aisée. Oh… non… pas aisée du tout, soupira le vieil homme, le regard soudain voilé.

— Je ne veux pas retourner à Azkaban, Albus. Je n'y survivrai pas cette fois-ci.

— Je sais, mon garçon. Et je crains que Madame Ombrage n'ait nulle envie de voir un seul vampire ou loup-garou survivre. Il suffit de lire entre les lignes. Cette histoire de stérilisation n'est là que pour dissimuler une vaste campagne d'extermination, Severus. Aucun loup-garou n'acceptera de lui-même de se soumettre à la castration, de même aucune louve ou sorcière à l'avortement. Un refus sera assimilé à une rébellion et la mort en sera l'issue. De même, si les survivants ainsi que les vampires avec calices sont assignés à résidence et dans l'interdiction d'exercer un emploi, comment voulez-vous qu'ils gagnent l'or nécessaire à leur survie ? On sait que c'est souvent le calice qui gagne l'or, le vampire ayant du mal à trouver un emploi de par sa condition. Je vous donne ici l'exemple de Remus et Tonks, ils vivent de son salaire d'Auror, Remus étant sans emploi. Vous, vous êtes un cas à part, Severus.

— Elle veut nous éliminer tous, sans que nous puissions échapper à ses griffes.

— Il va falloir contre-attaquer. J'avoue que je ne m'attendais pas à une telle action du ministère quelques mois seulement après la mort de notre ami Tom.


Cela faisait deux jours que Remus et Tonks, ainsi que Bill et Fleur se cachaient dans les cachots de Poudlard. Selon Bill, les Gobelins avaient très mal pris la nouvelle Loi du Ministère de la Magie. Ils avaient été brusquement envahis de demandes de mutations vers les agences Gringotts du monde entier, leur personnel sorcier ayant très souvent du sang de créatures magiques. Ragnok avait dû laisser partir Bill et Fleur ainsi que beaucoup d'autres, et avait menacé de fermer certains secteurs de la banque provisoirement, pour manque de personnel.

Interrogé par Dumbledore, Cornélius avait fait l'innocent. Pour lui, il n'y avait aucun problème, tout ceci était fait pour le bien de tous. Il fallait protéger le sorcier de la rue de la menace des hybrides. Albus avait insisté, tempêté, argumenté, rien n'y avait fait. Cornélius Oswald Fudge était obnubilé par Dolorès Ombrage. Malheureusement, un soir de pleine lune, Remus, parti pour la cabane hurlante un peu avant Bill, fut aperçu et reconnu par Zacharias Smith, un 7ème année de Poufsouffle peu sympathique. L'élève se précipita à la volière pour envoyer un hibou et on vit au dîner le lendemain soir, Dolorès Ombrage et sa brigade anti-nuisibles, menée par Walden McNair, un ancien Mangemort qui avait échappé on ne savait comment au baiser des détraqueurs et à Azkaban, et qui était le bourreau attitré du Ministère.

Ombrage entra avec fracas dans la Grande Salle, bousculant Argus Rusard qui s'était précipité vers elle en lui faisant maintes courbettes. Le bonbon rose, vêtu d'une criarde robe de sorcière fuchsia avec un gilet de laine tricotée assorti, se pavanait, sûre d'elle, entourée de son bourreau et de ses aides.

— Cher Professeur Dumbledore, minauda-t-elle. Quand on m'a dit que vous abritiez un loup-garou et sa femelle dans ce château, j'ai cru à une erreur. Et puis non…

La déclaration interpela Harry qui fronça les sourcils, le cœur battant. Remus ? Elle avait vu Remus et Tonks ? Ou bien était-ce Bill et Fleur ? Près de lui, Ron s'était figé également, inquiet pour son frère aîné.

— Si vous vous expliquiez, Dolorès ? demanda le Directeur soudain soucieux.

— Nous avions prévu d'arrêter ce soir votre vampire sans calice, Severus Rogue, mais nous avons fait d'une potion deux doses. Nous avons trouvé un certain Remus Lupin dans le parc de Poudlard, accompagné par l'ex-Auror Tonks. Oui, elle a été renvoyée ce matin pour faute impardonnable. Epouser un loup-garou… je vous demande un peu !

— Qu'avez-vous fait d'eux ? gronda Albus en colère.

Près de lui, Minerva pinçait les lèvres, les doigts serrés sur sa baguette magique.

— Nous avons tenté une arrestation conformément à la Loi et comme ils ne se sont pas laissés faire, nous avons procédé à leur élimination, gloussa la folle en rose, d'une voix suraiguë.

Harry Potter, livide, s'était levé, alors qu'Hermione et Ron tentaient de l'en empêcher en tirant sur ses bras.

— D'ailleurs, poursuivit Ombrage, je voudrais officiellement remercier Monsieur Zacharias Smith pour son civisme. Sans lui nous n'aurions pas éliminé ces menaces.

— Qu'appelez-vous « éliminé » ? demanda Albus, le regard glacé et la voix dure.

Un petit ricanement se fit entendre.

— Deux maléfices de Videntrailles, c'est très efficace sur ces animaux !

Des cris se firent entendre parmi les élèves. Certains venaient même de s'évanouir, choqués par l'annonce.

Harry Potter venait de comprendre que son dernier lien avec ses parents et Sirius avait été exécuté par les monstres qui se trouvaient devant lui. Pomona Chourave, choquée, avait regardé Smith comme s'il lui était poussé deux têtes dans la nuit. Ernie McMillan avait balancé un bon coup de poing dans le nez de son condisciple pour lui apprendre la loyauté de tout Poufsouffle. Smith était un déshonneur pour leur Maison. Albus Dumbledore serrait l'avant-bras de Severus pour l'empêcher de bouger, craignant qu'il ne fasse une bêtise.

Le jeune Élu s'était arraché à l'emprise de ses amis, et avait quitté la table des Gryffondors. Autour de lui, l'air chargé de magie crépitait et lançait des étincelles. Dans le ciel magique de la Grande Salle, les nuages noircirent et se mirent à tourbillonner. De violents éclairs zébrèrent le plafond, faisant crier et sursauter les élèves apeurés dont certains s'étaient à présent réfugiés sous les tables.

Albus soupira en voyant le jeune homme qui laissait ainsi échapper sa magie. L'aura de puissance qui émanait du petit corps maigrichon était impressionnante, mais le plus curieux était ses yeux. Les deux émeraudes semblaient comme éclairées de l'intérieur et émettaient une lueur étrange semblable à celle de l'Avada Kedavra. L'électricité statique ambiante avait dressé ses cheveux sur sa tête. Il était perdu dans son monde et ne semblait plus entendre ce qui se passait autour de lui. Au ralenti, Harry vit Ernie qui secouait encore ce rat de Smith et d'un geste de la main écarta son ami du traître. Il n'eut même pas besoin de sa baguette. Avec un seul geste d'une main d'Harry, Smith décolla du sol et fut expédié à toute vitesse vers le mur de pierre qui se trouvait derrière lui. Un craquement sinistre indiqua que son crâne venait d'exploser et la traînée de sang que le corps laissa en retombant confirma la mort de l'élève.

— POTTER ! hurla Ombrage. Je savais bien que vous étiez un petit monstre dangereux ! McNair, appelez les Aurors pour arrêter Monsieur Potter. Parkin ! Arrêtez le vampire Severus Rogue pour infraction à la Loi sur l'obligation de calice.

Harry Potter s'était avancé vers Ombrage, profitant de la panique créée par la mort de Zacharias Smith. Il leva la main, sifflant en Fourchelang des insultes et des menaces. Un vent venu on ne savait d'où, tourbillonnait à présent violemment autour de lui, faisant voleter les robes et les capes dont ses camarades étaient vêtus.

Sectumsem… commença-t-il.

Mais Albus Dumbledore, baguette à la main, venait de lancer un sort afin de contrer celui du garçon.

— Non ! Harry ! Non…

Le vieil homme quitta la table professorale et se dirigea à grands-pas vers son élève préféré qui s'effondra dans ses bras.

— Elle a fait… elle a fait tuer Remus et Tonks… elle a fait tuer Remus et Tonks, marmonna-t-il en tremblant.

— Je sais, Harry, je sais, mon petit. Mais nous devons sauver les autres…

Alors que le Survivant s'accrochait désespérément à la robe violette à fleurs de son mentor, la brigade d'Ombrage avait lancé sur Severus qui s'était levé, un sortilège anti-métamorphose afin de l'empêcher de fuir sous sa forme de chauve-souris. Le cri poussé par Minerva fit le vieil homme se retourner.

— DOLORÈS ! tempêta-t-il, furieux. Qu'avez-vous l'intention de faire à mon professeur de potions ?

— Mais… l'expédier à Azkaban, comme prévu ! Et votre petit criminel aussi, par la même occasion !

Des chaînes magiques en argent s'étaient enroulées autour de Severus Rogue qui poussa un cri de douleur alors que McNair lui retirait sa baguette. Comme deux autres membres de la brigade d'extermination s'emparaient du vampire, une escouade d'Aurors fidèles à Cornélius et non à l'Ordre du Phénix venait de faire son entrée, appelée par un miroir à double-sens.

— Potter vient de tuer ce jeune homme là-bas, dit Ombrage en désignant le corps de son indic' d'un geste de baguette. Arrêtez-le immédiatement et envoyez-le au Ministère pour interrogatoire.

Severus, vaincu et la tête basse fit signe à Dumbledore de l'oublier et de s'occuper d'Harry. La Brigade d'Ombrage le traîna à travers la Grande Salle, tandis que les Serpentards, se levaient tous pour saluer une dernière fois leur Directeur de Maison. Rogue leur fit un signe de tête et quitta les lieux pour être envoyé par Portoloin directement à la prison d'Azkaban.

Une demi-douzaine de baguettes tenues par les Aurors pointa vers Harry Potter.

Ron, Hermione, Neville et la presque totalité des Gryffondors sortirent également leurs baguettes de leurs poches et les brandirent vers les Aurors.

— Vous n'arrêterez pas le Sauveur du Monde Magique, gronda Ron Weasley, fou de rage.

Un Auror qui semblait plus gradé que les autres répliqua.

— Nous arrêtons un meurtrier, peu importe son identité ! Si vous essayez d'empêcher notre intervention, nous vous arrêterons tous pour entrave à la justice magique !

Hermione mordit sa lèvre inférieure.

— Ron… Neville… il doit y avoir un autre moyen. N'aggravez pas le cas d'Harry.

La brunette posa sa main sur la baguette de Ron pour l'abaisser doucement.

— Voilà qui est raisonnable, Miss, ricana l'Auror en faisant signe à ses hommes d'embarquer Harry Potter.


Pendant que Severus et Harry étaient ainsi expédiés vers leurs différentes destinations, Dumbledore s'était empressé de réunir aussitôt dans son bureau, ce qui restait de l'Ordre du Phénix dont la dernière bataille avait éclairci les rangs.

Kingsley Shacklebolt, les yeux rouges et larmoyants, indiqua d'une voix brisée que son équipe avait disposé des restes de Remus et Tonks et qu'ils avaient été expédiés à la Morgue de Sainte-Mangouste où les sorciers funèbres allaient s'efforcer de reconstituer les corps. Ombrage avait emporté avec elle le corps de Smith, comme preuve contre Harry Potter.

— Qu'allons-nous faire, Albus ? demanda Molly Weasley, à deux doigts de la panique. Elle pensait à son fils Bill qui devait attendre Remus dans la cabane hurlante, où les deux loups-garous passaient les nuits de pleine lune à s'amuser, à se courir après, avant de s'endormir roulés en boule l'un contre l'autre comme deux petits louveteaux.

Fleur était livide et accrochée à Arthur comme à une bouée. La famille Weasley était bien consciente que cela aurait pu être Bill et Fleur, ce soir, au lieu de Remus et Tonks.

— Nous allons dès demain matin, donc un peu plus rapidement que prévu, envoyer Bill et Fleur au Manoir Delacour en France. Ensuite, nous allons essayer de récupérer Harry et Severus. Kingsley ? Avons-nous quelqu'un à Azkaban ?

— Non, Albus. Plus personne. Nous avons perdu les membres de l'Ordre qui y travaillaient lors de la Grande Bataille contre Voldemort, et Fol Œil est à l'étranger. Une chose intéressante quand même, il n'y a presque plus de détraqueurs, toujours à cause de cette bataille. Les prisonniers sont donc moins affectés qu'auparavant.

— Comment allons-nous faire passer du sang à Severus ? s'inquiéta Minerva, suivie par les hochements de tête de Pomona Chourave.

— Hagrid ? Avons-nous un sombral ou un hippogriffe suffisamment fort pour emporter sur son dos un sorcier adulte vers Azkaban ?

— Oui, Professeur Dumbledore, Monsieur, affirma Hagrid en hochant vigoureusement la tête. Sirius m'avait rendu Buck et j'ai aussi Tenebrus c'est le sombral qu'Harry avait chevauché jusqu'au Ministère de la Magie en 5ème année, il a pris goût aux sorties depuis !

— Ça ne marchera pas, Albus ! soupira Kingsley. Le Ministère a mis de nouvelles barrières magiques qui repoussent tout ce qui peut approcher d'Azkaban par voix aérienne ou maritime. Même les gardes ne peuvent plus recevoir de hiboux…

Ron et Hermione qui n'avaient encore rien dit depuis le début de la réunion commencèrent à s'agiter.

— Vous pensez qu'ils n'ont pas l'intention de nourrir les vampires capturés ?

— Non, Miss Granger. Ils nourrissent déjà à peine et très mal les sorciers prisonniers, rappelez-vous de l'état de Sirius lorsqu'il s'était échappé. Ils ne vont pas faire le moindre effort pour fournir du sang aux vampires. Ils vont les laisser mourir de soif. C'est le but recherché par Dolorès Ombrage, exterminer ce qu'elle appelle des nuisibles.

— Professeur, osa Ron. Est-ce qu'Harry va avoir un procès ?

— Ça m'étonnerait, Monsieur Weasley. Pourquoi Cornélius dépenserait ainsi l'or du Ministère, alors que Dolorès lui a fourni toutes les preuves. Depuis le temps qu'ils veulent se débarrasser d'Harry.

— Il faut attaquer le Ministère et reprendre Harry !

— J'espère que nous en aurons le temps, mon garçon.

Alors que Severus Rogue avait été jeté sans ménagement dans une cellule au 3ème sous-sol d'Azkaban, après avoir été dévêtu et enchaîné, Harry Potter, lui, se trouvait présentement au quartier général des Aurors, au second niveau du Ministère de la Magie. Le jeune Gryffondor, encore vêtu de son uniforme de Poudlard, était assis dans un des boxes, enchaîné à son fauteuil. Sa baguette magique avait été saisie et mise sous scellés après avoir été soumise à un Priori Incantatem qui n'avait rien révélé d'autre que de mineurs sortilèges scolaires. Gawain Robards, un des Aurors les plus chevronnés, avait été désigné par Rufus Scrimgeour, le Directeur du bureau des Aurors pour mener l'interrogatoire. Dolorès Ombrage avait bien tenté de s'immiscer mais n'appartenant pas au bureau, elle avait été froidement remerciée par Scrimgeour.

Gawain Robards leva un sourcil curieux vers le jeune homme pâle qui lui faisait face. Il n'avait jamais rencontré personnellement le Sauveur du Monde Magique et se montrait intrigué par ce petit sorcier maigrichon aux grands yeux verts et aux cheveux en pétard.

— Harry Potter… J'avoue que je suis surpris de vous voir ici. Le rapport que j'ai sous les yeux, bien que très succinct, indique que vous avez froidement assassiné sous les yeux de tous les élèves et les professeurs de Poudlard, un de vos condisciples. Ce fait est largement confirmé par Madame Ombrage et la brigade de contrôle des créatures magiques. Vous pouvez me dire ce qui s'est passé ?

L'homme s'exprimait d'une voix douce et bienveillante. Il fallait mettre le petit Gryffondor en confiance où il ne parlerait jamais. Il était honnêtement surpris de ce qu'il venait de lire dans le rapport de l'équipe d'intervention. Il avait souvent entendu Maugrey Fol Œil vanter les mérites du jeune sorcier qu'il trouvait trop tendre et trop gentil pour être à la hauteur face à Celui-Dont-On-Ne-Devait-Pas-Prononcer-Le-Nom. Pourtant, Harry Potter avait réussi l'impossible. Il avait vaincu le mage noir. Bien sûr, il avait reçu de l'aide, Fol Œil y avait laissé le peu de santé qu'il lui restait d'ailleurs, s'étant jeté dans la bataille comme un beau diable. Il avait emporté une dizaine de Mangemorts avec lui avant de succomber sous le nombre, grièvement blessé. Dumbledore et son âme damnée, le vampire Rogue l'avaient aidé aussi, ainsi que ces gens qui se faisaient appeler l'Ordre du Phénix et dont il soupçonnait certains des Aurors de faire partie.

Harry avait levé un regard perdu vers Robards et murmuré.

— Elle a tué Remus et Tonks…

— Pardon ? Parlez plus fort Monsieur Potter, qui a tué qui ?

— Ombrage, elle a tué Remus Lupin et Dora Tonks.

Le sang de Gawain Robards se figea dans ses veines lorsqu'il entendit la mention du nom de Tonks. Il eut du mal à avaler sa salive.

— Potter, quand vous parlez de Dora Tonks, est-ce de l'Auror Tonks dont il s'agit ?

— Oui, Monsieur.

— Elle est morte ?

— Oui. Ombrage a dit qu'elle lui avait lancé un maléfice de Videntrailles… et aussi sur Remus.

Robards ferma les yeux un instant. Il avait entendu le matin de bonne heure que Tonks avait été démise de ses fonctions par le Ministre pour faute grave. Il en ignorait la raison, n'ayant rien entendu de particulier dans le service. La mine sinistre qu'avait fait toute la journée Scrimgeour lui avait juste indiqué qu'il s'était passé quelque chose mais rien ne précis n'avait filtré. Et un maléfice de Videntrailles, c'était une mort affreuse… on n'exécutait même pas les prisonniers ainsi. Ce maléfice avait été découvert accidentellement au 17ème siècle, par un Médicomage revêche de Sainte-Mangouste qui tentait de trouver un remède efficace à la constipation…

Robards savait que l'Auror Tonks avait épousé il y a seulement quelques mois, un ancien professeur de Poudlard qui écrivait à présent des manuels scolaires de Défense Contre Les Forces du Mal. Tout ceci n'expliquait pas la mort de Tonks et de ce Remus qui devait être son époux.

— Remus, c'était le mari de l'Auror Tonks ?

— Oui, Monsieur, et c'était mon second parrain.

L'Auror comprenait à présent pourquoi le garçon semblait si anéanti, il venait de perdre son second parrain après avoir déjà perdu le premier, Sirius Black qui avait été un de ses condisciples à l'Académie des Aurors. Mais tout ceci n'expliquait pas la mort de cet élève, comment s'appelait-il déjà ? Ah oui, Zacharias Smith, un 7ème année de Poufsouffle.

— Monsieur Potter, avez-vous tué Zacharias Smith ? tenta-t-il à brûle-pourpoint.

— Heuuuu… je sais pas trop, bredouilla Harry un peu perdu. Peut-être… Il est mort ? Je me rappelle pas… je suis pas sûr…

Ces paroles décousues et presque dénuées de sens laissèrent l'Auror perplexe. Le gamin ne semblait pas mentir, il avait l'air complètement paumé, choqué, et Robards se demanda même si Potter savait vraiment pourquoi il était là.

— Potter, vous savez pourquoi vous êtes là ?

— Remus et Tonks ?

— Non, Potter. Je déplore tout autant que vous la mort de ma collègue et de son époux, mais vous êtes accusé d'avoir froidement exécuté l'élève Zacharias Smith devant tous vos camarades. Vous en rappelez-vous ?

— Non, Monsieur, fit Harry en fronçant les sourcils. Vous êtes sûr que j'ai fait ça ?

— Il semblerait bien selon le rapport que j'ai sous les yeux. De quoi vous rappelez-vous exactement ?

— Ombrage… elle est venue dire qu'elle arrêtait le Professeur Rogue parce qu'il n'a pas de calice. Tout le monde sait à Poudlard que c'est un vampire. J'veux dire… ça gène personne. Il n'est pas dangereux, sinon ça se serait su depuis longtemps. C'est juste son mauvais caractère qui est dur à supporter.

— Je vous crois, Potter, j'ai été en classe avec lui, il a toujours été infect avec tout le monde. Poursuivez !

Mis en confiance par l'attitude bonasse de l'Auror qui mâchouillait à présent une baguette magique à la réglisse, Harry poursuivit.

— Elle a dit qu'elle avait trouvé Remus et Tonks dans le parc de Poudlard et aussi que quelqu'un lui avait dit qu'ils étaient là. Ensuite elle a dit qu'elle les avait éliminés avec un maléfice de Videntrailles et qu'elle remerciait Zacharias Smith de l'avoir prévenue qu'ils se trouvaient à Poudlard.

— Je vois.

— Ernie a balancé son poing dans la figure de Smith, je crois. Ensuite je ne sais plus trop… j'ai voulu jeter un sort à Ombrage mais le Professeur Dumbledore m'en a empêché.

— Votre baguette n'a rien indiqué de particulier, Monsieur Potter. La liste des sorts apparus avec le Priori Incantatem est très scolaire. Rien de mortel ou de dangereux. J'aimerais savoir comment Smith s'est retrouvé le crâne fracassé. Les témoins disent qu'il a été propulsé contre le mur et s'y est écrasé.

Harry haussa les épaules en se triturant les doigts. Il fixait ses mains obstinément depuis pratiquement le début de l'entretien.

— Je me rappelle pas. Je voulais juste me venger d'Ombrage. Elle a tué Remus et Tonks.

Robards soupira, il ne tirerait rien de plus du garçon dans l'état où il se trouvait. Il faudrait le confier au Médicomage du Ministère, et reprendre l'interrogation sous Véritasérum. Lui-même n'avait plus envie de rester au Quartier Général, il voulait rentrer chez lui, la mort cruelle et inattendue de Tonks le choquant bien plus qu'il ne voulait le dire. Il avait de plus, la drôle de sensation que ce n'était que le début de quelque chose de bien plus déplaisant. Cette brigade anti nuisibles et ce nouveau décret allaient faire bien des dégâts. Il voulait quand même une précision avant de conduire le gamin en cellule pour la nuit.

— Monsieur Potter, avant que nous en restions là pour ce soir, je voudrais vous demander une chose. Ce monsieur que vous nommez Remus, le mari de l'Auror Tonks, était-il un loup-garou ?

— Oui, Monsieur. Mais il prenait la potion Tue-loup. C'était le Professeur Rogue qui la lui préparait tous les mois.

L'Auror soupira intérieurement. On était en plein pendant la période de pleine lune. Si le vampire Rogue qui était un des meilleurs Maîtres des Potions du Monde Magique fournissait la potion Tue-loup à ce Remus, il n'était pas étonnant qu'il se soit trouvé à Poudlard et qu'il ait été aperçu par ce Smith. Le loup-garou était un ancien professeur de l'école, pas étonnant non plus que le Poufsouffle l'ait reconnu. Par contre, Robards se demanda un instant ce qui avait bien pu motiver ce garçon pour ainsi dénoncer l'ancien professeur à la brigade anti-nuisibles. Si ce Zacharias était le fils du Smith auquel il pensait, alors tout était possible. Cette famille là était pire encore que les Malefoy.

Un planton vint chercher Harry et le conduisit dans le couloir des cellules. Il ouvrit une porte d'un geste de baguette et fit entrer le garçon sans un mot. La porte se referma sur le Gryffondor et le jeune Auror alla confirmer à Gawain Robards que le prévenu était bien en cellule. Robards ramassa ses affaires et accrocha sa cape sur ses épaules. Alors qu'il se dirigeait vers l'ascenseur pour quitter le Ministère, il ne se doutait pas qu'il ne reverrait pas Harry Potter de si tôt.


La nuit était tombée sur le Ministère, mais dans les couloirs déserts, quelques personnes avec de mauvaises intentions circulaient en silence. Deux hommes ouvraient successivement les portes devant une petite silhouette plus large que haute, avec force courbettes. Le trio poursuivit son chemin depuis le 4ème niveau jusqu'au second où se trouvaient principalement le Quartier Général des Aurors et surtout le couloir des cellules. Harry qui gisait sur un vieux matelas élimé, enroulé dans sa cape d'école eut juste le temps de remettre ses lunettes en entendant la porte s'ouvrir. Une lueur éclaira légèrement sa cellule mais il ne vit que trois silhouettes à contre-jour. Il entendit une voix aigue crier « Endoloris » et sombra dans l'inconscience presque aussitôt, terrassé par les impardonnables qui émanaient de trois baguettes à la fois.


La porte de bois lourdement ferrée qui fermait la cellule sans fenêtre de Severus Rogue, s'ouvrit brusquement sur Walden McNair dont la silhouette décharnée apparut à contre-jour dans l'encadrement, juste éclairée par une torche tenue par un garde armé de sa baguette. Aux pieds de McNair, un petit tas de chiffons gisait.

— Severus… ricana McNair. En souvenir du bon vieux temps, je t'ai apporté un cadeau. Non, non, ne me remercie pas. Je sais que tu vas avoir faim bientôt. Tous les combiens tu te nourris ? Notre défunt et regretté Maître te fournissait des Moldus à volonté, je le sais. Tu dois consommer ta ration de sang au moins tous les jours, ou tous les deux jours ?

Attaché au centre de la pièce par deux longues chaînes reliées par des anneaux à ses poignets, Severus, à genoux sur les dalles glacées et sales, frissonnait de froid. Ses bourreaux l'avaient complètement déshabillé et isolé du bat-flanc accroché contre un mur et qui bien que fait de quelques planches, comportait une vieille couverture pas trop élimée. Le vampire savait que le froid allait provoquer une soif de sang bien plus rapide et la petite silhouette inerte qui gisait aux pieds de McNair n'allait pas faire long feu s'il arrivait à lui mettre la main dessus, et les crocs…

— McNair ! gronda Severus Rogue en se redressant de toute sa haute taille. Tu es venu pour faire ton sale boulot ? Alors fais-le et épargne-moi tes commentaires !

— Tss, tss… quand tu verras ce que je t'apporte, tu ne feras pas autant d'histoire…

Le bourreau du Ministère se pencha sur le tas de chiffons qui était toujours à ses pieds, et sans sembler faire un seul effort, le souleva et le jeta au milieu de la pièce. L'odeur du sang frais assaillit les narines sensibles du vampire. McNair emprunta la torche de son collègue qui s'empressa d'allumer sa baguette à la place, et le borgne Mangemort entra dans la pièce. Sans quitter Severus des yeux, il souleva la tête de la victime qu'il avait apportée. Rogue, impuissant, vit une paire de lunettes rondes brisées qui pendaient et une cicatrice en forme d'éclair, rose sur un front livide. Du sang coulait des narines et de la bouche du garçon.

— POTTER ! gronda Severus.

— Tu vas pouvoir faire de l'assassin de notre Maître, ton prochain repas. Et après on dira que je ne suis pas gentil…

Severus eut une lueur inquiétante dans le regard, et cette lueur plut énormément à McNair.

— Je trinquerai à ta santé, Walden…

Le bourreau se mit à rire et referma la porte sur le vampire et Harry Potter, les laissant dans la pénombre la plus totale. Rogue entendit les rires des deux membres de la Brigade d'Ombrage s'éloigner le long du couloir. Il eut lui aussi envie de rire, mais pas pour les mêmes raisons. Potter ici avec lui, le garçon était en sécurité. Le tout était maintenant de savoir dans quel état était le Gryffondor. Il voyait bien dans le noir, mais en monochrome, ça limitait un peu. Le gamin était blessé, ça s'était sûr, étant donné l'odeur de sang qui émanait de son petit corps maigre.

— Bon ! POTTER ! Debout là d'dans ! Réveillez-vous, nom d'un chaudron fendu, c'est pas le moment de dormir !

Severus tendit le pied droit, arque-bouté sur ses chaînes. Il donna un coup de pied dans une des jambes d'Harry, seul endroit qu'il pouvait atteindre. Au bout d'un moment, un gémissement se fit entendre et le petit tas de chiffon se mit à remuer légèrement.

— POTTER ! Vous allez bien ? Comment vous sentez-vous ? Répondez-moi !

— Ro… Rogue ? fit une petite voix brisée.

— Professeur Rogue ! Monsieur Potter ! Ce n'est pas parce que nous sommes enfermés dans une des cellules sans fenêtre d'Azkaban que vous devez me manquer de respect !

Un bruit de respiration haletante se fit entendre. Rogue vit le petit corps se recroqueviller en chien de fusil et trembler.

— Potter, si vous pouvez vous lever, je vous conseille de le faire, c'est répugnant par terre et glacé en plus. Il y a un bat-flanc à votre droite. Il n'y a qu'une couverture mais ça suffira. De toute façon je suis enchaîné au milieu de la pièce, je ne peux pas bouger.

Le Maître des Potions vit la silhouette grise de son élève se redresser difficilement et s'appuyer sur une main, l'autre frottant son épaule en grimaçant.

— Pourquoi, le noir ?

— Je suis un vampire, Potter. Je vais agoniser plus longtemps dans ce trou à rats si je ne suis pas exposé à la lumière du jour… surtout sans nourriture.

— Je suis votre bouffe. J'ai entendu ce qu'ils disaient… vous savez.

La voix d'Harry n'était qu'un murmure à peine perceptible, mais l'ouïe surnaturelle du vampire lui permit de tout comprendre aisément.

— Potter, je sais que vous n'êtes pas mauvais du tout pour la magie sans baguette. Alors si vous pouviez vous approcher de moi un peu et lancer deux petits Lashlabask sur mes chaînes, ça serait grandement apprécié. Ce n'est pas pour dire, mais j'ai froid ! Ces connards-là m'ont en plus foutu à poil !

Harry eut une sorte de petit hoquet de surprise. Toujours assis par terre, il tendit vaguement une main devant lui, vers la voix de son professeur.

— Je suis juste devant vous, Potter.

Se traînant sur une fesse et une cuisse, à demi-rampant et une main tendue devant lui, Harry entra en contact avec ce qui lui parût être un… mollet poilu. Ok, il avait trouvé Rogue et il semblait bien qu'il ne portait pas de pantalon. Severus se pencha autant que pouvaient le lui permettre les deux chaînes et attrapa Harry par les bras. Sans effort, il le souleva et le mit sur ses pieds. Mais il dût le soutenir complètement, le Gryffondor n'avait pas la force de se tenir debout.

— Potter, vous avez encore assez de force pour me libérer ? Ça arrangerait bien nos affaires, je pourrais me rendre compte de votre état.

Severus Rogue sentit Harry hocher la tête, plaqué contre lui. Le vampire approcha l'anneau qui enserrait un de ses poignets de la main d'Harry. Celui-ci murmura le sort d'ouverture et l'anneau glissa à terre avec un tintement métallique.

— L'autre, Potter. Un peu de courage. Après je vais vous allonger sur le bat-flanc.

La main d'Harry se tendit vers l'autre anneau et l'enserra. Severus sentit le picotement de la magie du garçon et la chaîne et son anneau tombèrent lourdement à terre. Aussitôt, le vampire souleva le garçon dans ses bras sans effort et alla l'allonger sur le bat-flanc de bois. Il s'enroula lui-même dans la couverture, n'ayant rien d'autre pour se réchauffer, ou se vêtir. Fébrilement, il défit les boutons de la chemise d'école d'Harry, ou du moins ce qu'il en restait. Le corps du gamin était couvert d'hématomes mais seulement de quelques plaies certainement auto-infligées. Le résultat habituel d'un tournoi de Doloris bien appliqué.

— Ça va aller, Potter. Du moins je le crois, fit-il en rhabillant comme il pouvait, son élève avec sa chemise abimée. Nous aurions été à Poudlard je vous aurais donné une cure post-doloris, pour contrer les effets sur le système nerveux, mais malheureusement, je crains qu'on ne doive laisser la nature faire son œuvre.

Le garçon tremblait à présent, et claquait des dents. En soupirant, Severus l'enroula comme il put dans sa cape d'école d'été, on était encore que fin septembre. Puis il s'allongea près Harry sur l'inconfortable bat-flanc et les recouvrit tous deux de la couverture.

— Mer… merci… Pro… Professeur…

— Chut, gardez vos forces, Potter, vous en aurez besoin. Dormez…

L'ordre donné par le vampire eut un effet immédiat sur le Sauveur du Monde Magique. Aussitôt, son corps se détendit et il s'endormit. La Terreur des cachots, allongée sur le côté, posa sa tête sur son avant-bras replié, et profitant de la chaleur émise par Harry, sombra lui aussi dans le sommeil, afin de reposer son corps glacé et endolori par l'enchaînement.

Le bruit des pas d'au moins deux gardes dans le couloir réveilla Severus Rogue bien avant que les deux Aurors soient près de sa porte. Il les entendit bavarder des derniers résultats des matchs de Quidditch. Une trappe s'ouvrit au bas de la porte et une cruche d'eau en terre cuite fut glissée par l'ouverture, ainsi qu'une demi-miche de pain.

— Du pain et de l'eau ? Je croyais que c'était un vampire qu'on avait là ?

— Ouais. Mais McNair a dit de lui donner du pain et de l'eau. Me demande pas pourquoi, c'est comme ça.

— Tu penses qu'il veut le faire durer plus longtemps ?

— Y a des chances… Le tout est de savoir ce qu'il veut en faire. Moi, je m'en fous, c'est pas mes mandragores.

La trappe se referma et Severus se tourna vers Harry qui semblait toujours dormir. Le mouvement que fit le vampire pour se lever souplement et se diriger vers la cruche d'eau dont il avala une bonne rasade, réveilla le jeune Gryffondor. Le Maître des Potions se tourna vers lui et la cruche toujours à la main s'approcha tranquillement.

— Potter ? Vous vous sentez comment ?

— Bi…bien… mieux… Mais… le… le noir… m'oppresse. Mauvais… souvenirs.

— Ils nous ont laissé de l'eau, elle est correcte, et du pain aussi. Vous avez soif ? J'ai la cruche avec moi, je vais vous faire boire. Je présume que vous tremblez encore…

— Oui, fit Harry dans un souffle, mais je voudrais… j'ai besoin… on fait comment… pour aller aux toilettes ici ?

— Bonne question.

Le vampire se retourna dans tous les sens, pour voir si quelque chose était aménagé dans la cellule, une commodité quelconque, voire un simple trou. Un rebord arrondi de pierre maçonnée, à une vingtaine de centimètres du sol, à l'autre bout de la pièce le renseigna. Un simple trou avec un rebord, pas question d'un luxe tel qu'une chasse d'eau ou même de papier toilette bas de gamme, style toilettes des stades de Quidditch : tout le monde savait la Fédération de Quidditch très radine.

— Il y a un trou avec rebord maçonné, qu'on pourrait presque appeler des toilettes en y mettant un peu du sien. Je vais vous y conduire. Vous pouvez vous tenir sur vos jambes ?

— Pas sûr… murmura Harry un peu déboussolé.

Rogue le vit redresser ses lunettes cassées sur son nez, inutilement car dans le noir il n'en avait guère besoin, puis passer une main dans ses cheveux emmêlés et sales. Le vampire reposa la cruche sous le bat-flanc bien à l'abri, puis toujours emmitouflé dans la vieille couverture, il prit Harry par les aisselles et le mit sur ses pieds. Aussitôt le garçon vacilla, et s'accrocha aux bras de son professeur détesté.

— La cellule est petite, il n'y a guère que deux ou deux mètres cinquante, à parcourir. Courage, Potter, après vous pourrez vous allonger.

Harry hocha la tête et se laissa entraîner par Severus Rogue.

— On y est, Potter, vous pouvez vous défaire seul ?

Harry secoua la tête en dénégation, ses deux mains tremblantes n'arrivaient pas à se saisir ni du bouton de son pantalon d'école, ni de la tirette de la fermeture éclair. En poussant un soupir, Rogue cala Harry contre lui et lui défit à toute allure son bouton et sa fermeture éclair. Le pantalon glissa jusqu'aux genoux de l'Elu. Voyant Harry de plus en plus agité, Severus se résolu à baisser d'un seul coup le boxer qu'il portait et qui rejoignit le pantalon au niveau des genoux.

— Je pense que vous pouvez vous en sortir seul, non ? Ne me dites pas que je dois aussi vous la tenir, s'amusa la Terreur des cachots.

Un simple sanglot lui répondit et des soubresauts des épaules, lui indiquèrent que le garçon fondait en larmes.

— Allons, allons, Potter, c'était juste pour détendre l'atmosphère, pas de quoi en faire un plat. Calmez-vous, prenez-votre temps. Et ma foi… bien, pour viser je vais vous aider. C'est déjà pas terrible ici, mais si on commence à pisser partout ça va être vite invivable.

Severus guida le poignet d'Harry afin qu'il ne fasse pas pipi à côté du trou, puisqu'il ne pouvait rien voir. La chaleur du corps du Gryffondor contre lui, l'odeur de son sang qui coulait dans ses veines, commençaient à faire de l'effet au sinistre et glacial Maître des cachots. Il n'avait pas eu le temps de se nourrir la veille, ni de sang, ni du peu de nourriture humaine qu'il consommait encore, et il savait qu'il ne tarderait pas à être dangereux. D'ici vingt-quatre heures, il allait se jeter sur le petit corps souple et chaud qu'il tenait contre lui. Il fallait qu'il se décide sur la façon dont il allait le faire. Il n'y avait pas trente-six solutions, soit il saignait à blanc son élève après l'avoir violé, comme traditionnellement avec une proie, soit il en faisait son calice, afin de les faire survivre le plus longtemps possible dans cet enfer. Le choix s'avérait vite fait, il n'y en avait pas vraiment d'ailleurs, à tout bien considérer. Ce que craignait le plus le vampire, c'est que la maigre ration de pain et d'eau ne suffise pas à rassasier Harry qui était déjà maigre, ni à lui faire produire le sang nécessaire pour nourrir le vampire. Il n'allait pas falloir traîner trop longtemps dans le coin.

Severus, sans faire de détails, remonta le boxer sur les hanches étroites du garçon ainsi que son pantalon qu'il reboutonna impeccablement. Il souleva ensuite Harry dans ses bras et alla le déposer sur le bat-flanc. Assis contre le mur de pierre, Harry respirait bruyamment, en proie à une presque crise de panique.

— Du calme, Potter, fit le professeur en s'asseyant près de lui. Tenez, voici la cruche d'eau, faites attention de ne pas la renverser surtout, je crains que nous n'en ayons pas d'autre.

Harry porta la cruche à ses lèvres, aidé par Rogue qui ne la lâcha pas. Il empêcha Harry de s'étrangler avec l'eau en la lui retirant au bon moment. Puis, il prit le pain, en arracha un morceau et le mit dans la main d'Harry.

— Je crains qu'il ne s'agisse pas de pain frais, mais c'est mieux que rien. Mangez lentement, mâchez bien, ça vous remplira mieux le ventre.

Severus laissa Harry manger tranquillement et en silence, pendant quelques minutes. Lui-même ne se servit pas, il préférait laisser la nourriture humaine à Harry, il ne savait pas dans combien de temps ils pourraient en avoir d'autre. Et si d'ailleurs, il était prévu on leur en donne. Aux réflexions des Aurors, il semblait évident que personne ne savait qu'Harry se trouvait dans la cellule avec Severus.

— Monsieur Potter, pouvez-vous me dire comment diantre, avez-vous atterri hier soir, dans ma cellule ? Et qui vous a lancé ces Doloris ?

— J'ai été emmené chez les Aurors au Ministère, répondit le petit brun d'une voix à peine audible. On m'a interrogé. Un Auror, gentil. Il avait l'air contrarié, pour Tonks et Remus.

— Je suis navré pour votre loup, Potter et aussi pour Nymphadora.

— Merci, Monsieur.

— J'espère qu'Ombrage et sa brigade n'ont pas eu Monsieur Weasley et son épouse.

— J'espère aussi, soupira Harry.

— Poursuivez, Potter. Au Ministère… que vous a-t-on fait ?

— Un élève Auror m'a conduit en cellule et je me suis couché sur le matelas. J'ai été réveillé par des personnes qui sont entrées dans ma cellule. J'ai entendu des voix dire « Endoloris » et je ne me souviens plus de rien.

— Vous avez identifié une ou plusieurs voix ?

— Une seule, ce n'était pas bien difficile, et celle là, je ne risque pas de l'oublier : Dolorès Ombrage !

— Je vois. Tout ça c'est un coup monté. Ils veulent exterminer les loups-garous et les vampires pour commencer. Les choix proposés sont impensables ! La castration, l'avortement forcé, la mise à mort des fœtus survivants. L'obligation de calice, tout en sachant que mis en résidence surveillée et interdits de travailler, c'est la misère et la mort pour le calice et le vampire à plus ou moins longue échéance. Morts de faim ! Potter ! Parce qu'un calice, ça mange pour deux, et que la nourriture ça coûte de l'or ! Personne n'acceptera de son plein gré de se soumettre à cette folie. Ombrage se retranchera derrière la loi qu'elle a faite passer et les rebelles seront éliminés, de la même façon que Lupin et Tonks. Quant à vous, Monsieur Potter, votre petite démonstration devant les élèves et les professeurs de Poudlard, sans compter la Brigade anti-nuisibles au complet, ne vous a pas rendu service. Depuis le temps qu'Ombrage voulait votre peau, vous la lui avez servie sur un plateau. Vous aviez besoin de fracasser cet idiot de Smith de cette façon ? Vous n'avez pas fait de détails d'ailleurs, sans baguette, et informulé en plus ! Jolie démonstration. Mal venue, mais jolie tout de même. Encore heureux que le Professeur Dumbledore ait pu arrêter votre Sectumsempra, sinon ça me tombait dessus, je vous rappelle que c'est moi qui l'ai inventé celui là !

— Je sais. J'ai pas fait exprès pour Smith, mais ce connard a toujours eu le chic pour me foutre en rogne, et cette trahison… elle a été de trop. D'ailleurs, je me souviens pas trop de ce que je lui ai fait. C'est flou.

— Je concède que Smith était un petit crétin qui n'avait pas une once de loyauté. On se demande même ce qu'il pouvait faire à Poufsouffle, pas assez futé pour faire un Serpentard, et pas assez ambitieux. Trop lâche pour faire un Gryffondor. Il est allé dans la Maison Fourretout, quoi. Vous l'avez projeté contre le mur de la Grande Salle alors que Monsieur McMillan s'en servait comme punching-ball. Le choc a été si violent que sa boite crânienne a éclaté. Voilà ce qui s'est passé.

— Professeur Rogue, on va rester longtemps, ici ? Je veux dire… dans le noir et tout.

— Nous ne sommes pas obligé de rester dans le noir, Potter. Juste ce qu'il faut pour ne pas que les gardes vous soupçonnent être ici, car je pense qu'ils ignorent tout de votre présence à Azkaban d'abord, et dans cette cellule ensuite. Je ne maîtrise pas la magie sans baguette de la même façon que vous, Potter, mais à nous deux nous pouvons nous débrouiller.


Gawain Robards était furieux lorsqu'il entra dans le bureau de Rufus Scrimgeour, suivi de quelques Aurors. Ils avaient tous été convoqués de bonne heure pour une réunion, et Robards venait de s'apercevoir que personne ne savait où se trouvait son prévenu de la veille, le dénommé Harry Potter.

— Mais enfin, Rufus, que se passe-t-il ici, par Merlin ? J'arrive de bonne heure, pour finir l'interrogatoire de Potter qui entre nous, était pas mal déboussolé hier soir. Il m'a raconté un truc énorme comme quoi l'Auror Tonks et son mari seraient morts ! Et ce matin, plus de Potter et aucune trace de lui nulle part !

Scrimgeour passa une main lasse dans sa crinière rousse de lion et remonta ses petites lunettes ovales sur son nez.

— Assieds-toi, Gawain, ordonna-t-il. Vous aussi, asseyez-vous tous.

Robards, Shacklebolt, Savage, Fiertalon, Dawlish et Johnson le jeune élève Auror qui était en stage avec cette brigade obéirent sans discuter.

— Ce matin, les Elfes du Ministère, chargés de faire le ménage dans notre Quartier Général ainsi que dans les cellules, sont venus me prévenir que la cellule numéro 4, qui aurait due être occupée par Harry Potter depuis la veille, selon le registre, était vide. Enfin, disons qu'elle ne contenait que quelques traînées de sang. Le résidu magique que j'ai pu analyser indique que plusieurs personnes se sont introduites dans cette cellule cette nuit et on lancé une quantité élevée d'impardonnables sur le prévenu.

— Mais enfin, Rufus, s'énerva Robards, en voyant les mines effarées et pâles de ses hommes. C'est un moulin moldu ici ou quoi ? N'importe qui peut entrer et exécuter ou torturer les prévenus ou les témoins ? Où est Potter ? Ce gamin doit être expédié à Sainte-Mangouste, il n'était déjà pas dans son état normal hier soir. Et où est Tonks, bon sang !?

— L'Auror Tonks, enfin, je devrais dire l'ex-Auror Tonks a été éliminée hier soir par la Brigade anti-nuisibles après qu'elle ait résisté à l'arrestation de son mari, le loup-garou Remus Lupin, dans le parc de Poudlard.

— Alors, c'est vrai ? Ce que disait le gosse hier soir… Tout est vrai ?

— Oui, malheureusement. J'ai lu le premier jet du rapport du Légistomage, il y a quelques minutes. Ils ont été tués par deux maléfices de Videntrailles. Les premières constatations indiquent que le loup-garou venait d'ingurgiter une dose de potion Tue-loup de qualité supérieure, sans nul doute celle du vampire Rogue, ce qui explique la présence de Lupin et de Tonks sur les terres de Poudlard. Le rapport indique aussi qu'un fœtus de trois mois non atteint de lycanthropie a été retrouvé dans les restes funèbres de l'Auror Tonks.

— Elle était enceinte ? rugit Kingsley qui ne pouvait plus garder son calme. Et le petit était sain ? Si elle n'avait pas tenté de résister, elle aurait été envoyée à Sainte-Mangouste et avortée de force d'un enfant parfaitement normal ?

— Exact, fit Scrimgeour les deux mains posées à plat sur son bureau. Mes enfants, je crains que nous ne vivions des heures bien sombres. Je n'ai pas réussi à savoir où était passé Harry Potter, mais je crains le pire. Nous ne sommes même plus les maîtres dans notre propre département. J'ai bien peur que Madame Ombrage n'ait un peu fait déborder son autorité très récemment et malheureusement notre Ministre Fudge la soutient complètement et n'a rien voulu entendre de mes protestations, ce matin.

— Rufus, vous nous dites que cette cinglée a les pleins pouvoirs, c'est ça ?

— En quelque sorte, Gawain… répondit prudemment Scrimgeour. Si certains d'entre vous ont des connaissances dans l'Ordre du Phénix, il serait bon que ces personnes soient averties, nous aurons besoin d'aide, de toute l'aide possible. Nous allons vers le chaos. Encore une fois…

— Si les loups-garous et les vampires se mettent à se révolter pour échapper à la Brigade anti-nuisibles, nous allons avoir une nouvelle guerre sur les bras, entendit-on Fiertalon dire soudain.

— C'est bien ce que je crains.

— Rufus, et Potter ? insista Robards.

— Ne comptez plus sur le garçon, Gawain, je pense qu'Ombrage s'en est débarrassé cette nuit. Il faudrait prévenir Poudlard, il était sous leur responsabilité. Je ne voudrais pas être à la place de Fudge quand Dumbledore va lui tomber dessus.

— Je m'en occupe ! affirma Kingsley Shacklebolt en se levant immédiatement de son siège.

Rufus Scrimgeour le laissa sortir de la pièce sans chercher à protester. Il venait officieusement de demander de l'aide à Dumbledore et l'Ordre du Phénix. La disparition d'Harry Potter avait été le facteur déclenchant. Il ne voulait pas se trouver du même côté que ses assassins.


La communication par cheminette venait de s'interrompre dans le bureau directorial de Poudlard. Les yeux glacés derrière ses lunettes en demi-lunes, Albus Dumbledore se releva vivement, sans égard pour ses vieux genoux. Les nouvelles qu'il venait d'apprendre de Kingsley Shacklebolt lui avaient figé le sang. Le Ministère, par l'intermédiaire de Dolorès Ombrage, venait de déclarer la guerre à une partie du Monde Magique. Ils avaient tué, semble-t-il, le jeune héros, Harry Potter, celui derrière qui les Sorciers se seraient sans nul doute regroupés en cas de dissension avec l'autorité ministérielle. Maintenant, sans leur meneur, aussi virtuel soit-il, les sorciers de la rue se sentiraient impuissants, abandonnés. Dumbledore n'avait pas l'intention de laisser passer ça. Remus et Tonks étaient peut-être morts ainsi qu'Harry Potter, mais il n'avait pas l'intention d'abandonner tous les autres, parmi eux Bill et Fleur qui elle aussi était enceinte et avait pris le Portoloin vers la France, terrorisée à la pensée de finir comme Tonks. Bill avait souhaité rester en Ecosse, pour se battre mais Albus l'en avait empêché, lui disant qu'il serait bien plus tranquille de les savoir tous deux en sécurité chez les Delacour, Molly et Arthur avaient aussi insisté pour qu'il se mette à l'abri. Bill s'était donc résolu à suivre son épouse et avait pris le Portoloin suivant.

Albus n'avait aucune nouvelle de Severus Rogue. Il le savait à Azkaban, certainement dans les niveaux souterrains de haute-sécurité où on gardait les vampires habituellement. Mais ceux-ci étant normalement des criminels, leurs séjours étaient limités à la durée de leurs procès et ensuite à leur exécution éventuelle par transfert en cellule lumineuse, où l'aube les réduisait en poussière en un instant, n'ayant plus de potions pour les protéger de la lumière du jour. Rien n'était prévu pour un séjour de longue durée, Albus se doutait que le traitement infligé à son maître des potions ne devait pas être très agréable. Dans moins d'une journée, le vampire aurait faim et une affreuse agonie commencerait pour lui.

Le vieil homme sortit sa baguette de sureau de la poche de sa robe jaune et fit ce qu'il ne pensait plus jamais faire depuis la mort de Voldemort. Il lança un Patronus général appelant L'Ordre du Phénix au grand complet, ainsi que les professeurs de l'école, à une réunion immédiate pour cause de grave péril pour l'école et le Monde Magique. Puis il s'assit à son bureau après avoir libéré de son mot de passe la Gargouille ailée qui gardait l'escalier à vis. Il croisa les mains sur son buvard rose, puis regarda l'un après l'autre les tableaux des anciens directeurs qui le fixaient, muets et passablement inquiets. Une voix se fit entendre, celle de Phineas Nigellus Black depuis sa toile au fond de la pièce.

— Albus, si je comprends bien, c'est de nouveau la guerre ? Et contre le Ministère ?

— Oui, Phineas, vous avez tout compris. D'ailleurs si certains d'entre vous veulent aller espionner depuis leurs autres portraits, ne vous gênez surtout pas !

Aussitôt, une nuée de portraits s'empressa de quitter les toiles qui devinrent désertes. Seul Phineas, qui n'avait pas de portrait ailleurs qu'au Square Grimmaurd, resta, il ne voulait rien perdre de la réunion qui allait avoir lieu. Enfin un peu de distraction, depuis la mort de son arrière-arrière petit-fils et semblait-il de son héritier, ce qui était fort contrariant pour la Maison des Blacks.