PAR PROCURATION

Blabla de l'auteur : Bonjour à tous/toutes !

Tout d'abord, désolé pour ce passage à vide de plus de deux semaines dans mes publications. Même si je ne fais pas encore de fic à chapitres, et qu'il est probable que tout le monde se foute de mon rythme de parution, je m'étais fait une règle d'être régulière jusque là. Ces dernières semaines avant les vacances ont été particulièrement chargées, et rentrer chez moi après 19h30 plusieurs soirs par semaines plus entretenir un semblant de vie social ET dormir, manger, prendre ma douche et faire caca, pour ne citer que ces quelques passes temps, tout ça empêche généralement tout loisir d'écriture. En plus, j'ai envie de lire en ce moment, plus que d'écrire (j'ai avalé en deux jours la Route de Cormac Mac McCarthy, petit bijou fabuleux, un grand monument de littérature, profond et déroutant, qui vous laisse pantelant et sonné, avec un style atypique qui instaure une incroyable ambiance de fin du monde, bref un bouquin génialissime qui m'a permis, Ô joie, de pleurer toute seule comme un boulet en le lisant dans le bus, la grande classe XD)

Enfin bref, tout ça pour dire que j'ai une vie bien remplie, et que je tente de concilier tout ça, sans devenir une geek de l'écriture, tentation qui existe par moment ^^ En plus dès que je trouvais une heure ou deux pour écrire, mon esprit, l'enfoiré, le traitre, le fourbe, partait dans des idées qui ne sont certes pas dénuées d'intérêts, mais qui prendront plusieurs chapitres pour être exploitées, autrement dit aucun OS vite écrit et vite postable. Désolé donc, mais promis, j'ai accumulé un tas d'idées et j'ai déjà sur le feu des nouvelles fics courtes fort prometteuses =) ! Je compte bien profiter des vacances qui s'offrent à moi pour rester assise en tailleur devant mon ordinateur en pyjama à remplir des pages Word =)

Breffons (du fameux verbe Breffer, que tout le monde connait, mais si mais si), comme on s'en fout de ma vie aussi palpitante qu'une vidéo non accélérée sur la croissance du bambou commenté par Roger Hanin, passons à la fiction qui nous occupe : voila donc une petite fic en cinq chapitres dont trois sont déjà finis d'écrire et deux restent à rédiger. J'ai décidé de travailler mes POV, vu que je suis naturellement bien plus à l'aise avec la narration à la troisième personne. N'hésitez pas à critiquez, commenter, à me dire ce qui va et ce qui ne va pas, c'est comme ça que j'aurais une chance de progresser, grâce à vous =) Et dans les chapitres à venir, je vais aussi travailler mes lemons, d'où le rating ! Un peu de patience, donc, pour celles qui ont été attirés par la promesse de corps à corps torrides, ça vient, promis ! ^^

N'hésitez pas à laisser vos review, c'est le moteur de la motivation des auteurs, et une fabuleuse chance de corriger ses défauts !

Bonne lecture

Bonne vacances à tous ceux/celles qui ont la chance d'en avoir, et désolé pour les autres, je penserais parfois à vous depuis mon lit quand je me réveille à 10h passé, promis (en tout cas quand je ne suis pas réveillé à l'aube pas une idée T_T) =P ! Mais consolez vous, car voila de quoi envoyer votre cerveau en vacances quelques minutes dans le fabuleux monde de Harry Potter !

Bise

Nella

Edit: Une gentille lectrice a pu m'aider à retrouver ma source d'inspiration: un manga yaoi qui se base sur la même idée (le garçon A est amoureux d'un garçon B et le garçon C décide de lui faire du chantage...) que j'avais bien aimé quand je l'avais lu en ligne. Le nom c'est Renai Kyoutei de Yaya Sakuragi. Ca se trouve sur le net, je ne sais pas trop où (et puis lisez plutôt ma fic, elle est mieux =P !) C'est important de pouvoir citer ses sources avec précision. Merci Pinpin!

Disclaimer : As always, j'ai toujours pas reçu de chèques/virements/enveloppes pleine de cash/boites de chocolat ou de cookies maison, donc je peux toujours affirmer que non, je ne me fais pas rétribuer pour ce que je fais, mon seule salaire étant mes précieuses mais rares reviews ^^ Et non, ce n'est pas moi qui ai écrit Harry Potter, ca se saurait quand même. Mais merci à l'auteur qu'on ne nomme même plus tellement c'est évident et qui m'a donnée de quoi m'occuper quand mon esprit cherche un support à ses délires scabreux, et un lectorat pour me dire à quel point je suis géniale (mais LOL quoi !) =)

Fond Musical suggéré : Pourquoi pas Save Me de Remy Zero ? Le super générique de la série Smallville, qui rattrape à lui seul la série pas terrible et bien niaise =) J'aime bien cette chanson, ça parle d'amour, et de solitude. Enfin je crois avoir compris ça. Et elle est pas déprimante, ça change =P

Enjoy =)


CHAPITRE 1er: LE MARCHE

Rahh pourquoi Ron s'est-il tiré sans me réveiller ?! Depuis qu'il est en couple avec Hermione, il part toujours déjeuner sans moi, bien plus tôt qu'avant, pour « profiter d'elle ». Oui, bien suuuur Ron, je comprends tout à faiiiiit. Du coup, merci Cupidon, je me suis encore une fois rendormi. C'est dans ces moments que mon bon vieux pote Ron venait me secouer dans mon lit en braillant « Aller Harry, réveille toi, on va être en retard ! ». Mais maintenant, plus rien. Je suis déjà arrivé en retard plusieurs fois depuis le début de l'année avec ces conneries. Mais ce matin, j'ai semble-t-il de la chance. C'est Neville, qui est remonté parce qu'il avait oublié son livre de Sortilèges, qui m'a réveillé.

L'avantage, c'est qu'il emploie des méthodes autrement plus douces que celles de Ron. Ca vous change une journée, d'être réveillé tout en délicatesse par une main douce qui se pose sur votre dos et une voix timide qui vous appelle. Et j'ouvre les yeux pour tomber sur le visage flou mais familier de mon camarade de chambrée. Je lui souris paresseusement, jusqu'à ce que mon cerveau tilt : s'il me réveille, c'est que je suis à la bourre ! Comme à chaque fois, je bondis lestement (enfin si on peut appeler « leste » ma façon de me prendre immanquablement les pieds dans les draps et de me raccrocher à Neville/au mur/au lit d'à côté ou de tomber comme une loque…) et me précipite jusqu'à ma commode. Pas de douche ce matin, pas le temps. J'enfile des vêtements pris au hasard et je mets quelques manuels un peu au hasard dans mon sac avant de rejoindre Neville qui m'a gentiment attendu dans la salle commune. Mes lunettes sur le nez, je le discerne enfin clairement.

Il a bien changé, pendant les dernières vacances. Une brusque poussée de croissance, comme seuls peuvent en avoir les adolescents, et qui est allée de paire avec un épanouissement nouveau. Depuis qu'il a révélé le héros qui était en lui, à la fin de l'année dernière, lors du combat final, sa grand-mère est enfin fière de lui, et il se sent enfin mieux dans sa peau. Voldemort mange les mandragores par la racine, merci de demander, et je m'en suis tiré sans trop de bobos, si on oublie le mois de coma, les blessures vite remises (merci la magie fabuleuse de Mrs Pomfresh) et les cauchemars qui me réveillent parfois la nuit. Et Neville est devenu un homme, un bel homme en plus. Il a fini de grandir, le petit garçon rondouillard s'est transformé en jeune homme râblé, au corps puissant et large, mais qui dégage toujours la douceur et l'innocence timide de l'ancien Neville. Un mélange touchant, auquel je goute chaque jour que Merlin fait puisque maintenant que Ron a découvert que sa grande passion dans la vie, c'était la spéléologie buccale, je me retrouve un peu seul, et je me suis rapproché de Neville.

Je lui rends son sourire calme, mon cœur gonflé de tendresse devant ce grand garçon aux yeux pâles d'enfant rêveur, et nous gagnons en courant la classe de Sortilèges, évitant de peu d'être en retard. En chemin, les yeux fixés sur mon ami à mes côtés, courant comme un jeune chien en riant, j'ai bousculé quelqu'un. Je me retourne pour m'excuser, mais mes excuses restent coincées dans ma gorge : c'est Malefoy qui me regarde d'un air outré en se tenant l'épaule, un rictus mauvais sur le visage. Je lui adresse un grand sourire provocateur à la place des excuses, et un signe de main en prime. Décidemment, une bonne journée qui commence !

Deux heures plus tard, nous revoilà dans les couloirs. Je salue Neville de la main alors que nous nous séparons : il a cours de Botanique, et j'ai Potions appliquées. La mort dans l'âme, je me détourne de mon ami qui rayonne, tout à sa joie d'aller à son cours favori, et me dirige vers les cachots, mon enfer personnel. Je suis obligé de suivre les cours optionnels de Potions du professeur Rogue si je veux devenir Auror, et le fait d'être en fait un espion à la solde de l'Ordre n'a pas transformé cette veille chauve-souris sadique en gentil professeur, bien au contraire. Il me considère toujours comme son souffre-douleur préféré, me détestant semble-t-il avec d'autant plus de force que je lui ai sauvé la vie à la bataille finale en abattant cette péripapétipute de Bellatrix alors qu'elle allait lui lancé un sort de Mort.

« Potter ! »

Je me fige, et me retourne lentement, à contre cœur, vers le possesseur de cette voix trainante et glaciale que je reconnaitrais entre mille.

« Salut Malefoy. Comment va ton épaule ?

‒ Très amusant, Potter. Ta maturité et ton sens de l'humour sont vraiment dignes du grand Sauveur de la Nation ! Pas de doute, tu es notre héros à tous !

‒ Qu'est-ce que tu me veux, sale fouine ?

‒ Tout doux, l'Elu ! Depuis le temps, tu devrais savoir que provoquer la colère d'un Malefoy est dangereux.

‒ Ca dépend, de quel Malefoy tu parles ? Ceux qui croupissent en prison, ou bien leur descendant trop terrorisé par les méchants Mangemorts qui l'ont pourtant bercé toute son enfance pour se battre ? »

J'ai touché un point sensible et il perd sa morgue et sa maitrise. Si prévisible, mon petit Serpentard. Blanc de colère, tremblant, il avance dangereusement vers moi, les dents tellement serrées que je les entends grincer désagréablement. Je ne recule pas ni ne frémit, manquerait plus que j'ai peur d'un petit Serpentard de rien du tout ! Oui, notre haine est toujours aussi vive, même maintenant que nous sommes officiellement tous les deux dans le camp des gentils parce qu'il a eu le courage ( un mot que je n'emploierais jamais à voix haute à son propos, bien entendu, il serait bien trop content) de devenir espion pendant la guerre, trahissant au passage ses parents, qui avaient placé tous leurs espoirs sur lui, et son Maître qui lui avait donné une place plutôt flatteuse dans la hiérarchie compte tenu du fait qu'il était si jeune et qu'il n'a jamais tué aucun moldu, à ma connaissance en tout cas.

Il se reprend, et me fait un sourire cruel et amusé qui, cette fois par contre, me fait carrément flipper. Merde, pourquoi il a l'air d'avoir remporté une victoire alors que je viens de l'insulter plutôt efficacement ?

« Dis donc, vous aviez l'air de drôlement vous amuser, toi et Londubat ce matin !

‒ Génial, on courrait pour ne pas être en retard. Trop marrant !

‒ Ton ami le miséreux t'a définitivement abandonné pour sa femelle Sang-De-Bourbe ?

‒ Ta gueule Malefoy. »

C'est à mon tour de perdre la maitrise et de gronder comme une bête en colère sous l'attaque.

« Oh ne fais pas comme si ça te déplaisait, Potter. J'ai vu ta façon de regarder Londubat. Tu n'avais pas l'air de trouver sa compagnie si déplaisante. »

Je sens le sang quitter mon visage aussi vite qu'il y était monté. Qu'est-ce qu'il veut dire ? Comment je regarde Neville ? Merlin, je vous en supplie, faite que je ne sois pas si transparent…

« Ca ne m'étonne pas tellement que tu sois gay, Potter, tu es tellement nul avec les filles qu'il a bien fallu que tu te rabattes sur autre chose. Mais Londubat ? »

Et puteborgne. Oui, je suis transparent. Merde et triple merde. Là, j'ai un gros problème.

« T'emballe pas, respire ! Bon sang Potter, on dirait que tu vas t'évanouir ! Je n'ai pas dit que j'allais le prévenir. Ca manquerait sérieusement d'attrait. »

Je respire à nouveau. Bon, c'est déjà ça. Mais alors, pourquoi il me dit ça ?

« Si tu ne comptes pas t'amuser à le crier sur les toits, pourquoi tu viens me dire que tu sais, sale fouine ?

‒ Tss tss tss, Potter, tu devrais apprendre à arrêter de provoquer les gens qui veulent déjà te faire souffrir. Tu aimes à ce point aggraver ton cas ? La dernière fois que tu as joué à ça, tu t'es retrouvé un mois dans le coma non ?

‒ Héhéhé, Malefoy, tu crois vraiment qu'il y a une commune mesure entre toi et Voldemort ?

‒ J'ai toujours trouvé que Dumbledore était un vieux crétin gâteux. Mais il y a un point sur lequel je le rejoins parfaitement, une chose sur laquelle je suis d'accord avec lui et que Voldemort n'a jamais pu concevoir : il existe des souffrances bien pires que la mort. Et si lui ne l'avait pas réalisé et que son but était, sans la moindre finesse ni la moindre élégance, de te tuer, moi je préfère des techniques moins illégales et mille fois plus sophistiquées pour te faire souffrir. »

Je ne vois pas vraiment où il veut en venir mais je pressens que je vais détester ça.

« Accouche Malefoy, j'ai pas que ça à faire.

‒ Tu as l'art et la manière de me gâcher mon plaisir, Potty. Bon puisque tu es pressé… Le Sauveur amoureux de ce gros balourd de Londubat, c'est tout de même une occasion trop belle pour ne pas être exploitée, tu ne crois pas ?

‒ Si tu touches à Neville, je te jure que…

‒ Allons, quel serait mon intérêt à lui faire du mal ? Après tout c'est à toi que je veux faire du mal Potter.»

Il semble hautement satisfait de la peur qu'il lit dans mes yeux. Merde et remerde, j'ai vraiment envie de lui coller mon poing sur la figure, mais je crains fort que ça ne soit pas le choix le plus stratégique à faire, là, tout de suite. La sonnerie retentit. Fais chier, Rogue va me tuer. Malefoy a cours de potions avec moi, mais il n'a pas l'air plus inquiété que ça par le retard qu'il provoque. Après tout, être le chouchou du prof met à l'abri des punitions et humiliations rituelles. Il me sourit, sadiquement, attendant que je fasse quelque chose.

« Malefoy, écoute, tu me saoules, alors soit tu parles, soit tu te tais, mais tu arrêtes de jouer avec mes nerfs parce que j'ai déjà très envie de te faire mal.

‒ Tu crois pouvoir conquérir Londubat ?

‒ Quoi ?

‒ Faut arrêter la branlette, Potter, ça rend sourd. Je te demande si tu penses que tu pourrais séduire ton Gryffondor, avec ton charisme de cuvette de toilette un lendemain de fête arrosée et ton expérience au lit digne d'un première année de Poufsouffle?

‒ Mais je t'emmerde moi ! Ma vie sexuelle ne te regarde absolument pas ! Je me casse, j'ai Potions ! »

Je fuis, je le confesse. Je ne sais pas quoi lui répondre, et le terrain sur lequel il m'entraine me déplait fortement. En plus, une petite voix dans ma tête me crie qu'en plus de perdre mon temps avec Malefoy, je suis en train de mettre gravement en danger le sablier des Gryffondors en laissant grossir mon retard. Je me dirige à grands pas vers les cachots, me mettant à courir pour la seconde fois de la matinée dès que je ne suis plus dans le champ de vision du blond derrière moi. Je sais que me voir courir lui ferait trop plaisir. J'arrive à la salle de cours de Rogue, essoufflé et débraillé, et ouvre la porte après avoir frappé. Je m'excuse entre deux halètements fort peu élégants, mais comme je m'y attendais…

« J'enlèverais dix points à Gryffondor pour chaque minute de retard de Monsieur Potter à partir de maintenant. C'est la quatrième fois depuis le début de l'année que vous êtes en retard, Potter, et je tiens à vous rappeler une fois encore qu'être le Sauveur de la planète ne vous dispense pas d'être ponctuel. Maintenant que vous nous faites l'honneur de votre présence, veuillez vite vous asseoir et commencer la Potion de Fertilité, en suivant avec votre virtuosité habituelle les instructions que j'ai inscrites au tableau. »

Furieux, je jette un coup d'œil à ma montre : 7 minutes de retard. Fais chier. Je sers les dents autant que mon souffle erratique me le permet et je gagne ma place, au bout de la paillasse que je partage avec Ron et Hermione. Ron est déjà barbouillé de suie et son chaudron émet une fumée inquiétante alors que le cours a à peine commencé depuis quelques minutes, et Hermione me regarde avec un air courroucé au dessus de son chaudron qui dégage des effluves de lavande, parfaitement conformes aux instructions. Je me laisse tomber sur ma chaise avec un soupir, et en sortant mes affaires, je ne peux pas m'empêcher de penser à ce sale rat de Serpentard : qu'est-ce qu'il veut faire à Neville ? Justement, des coups secs frappés à la porte me font relever la tête : Malefoy entre, princier, il n'a pas couru et ne craint pas la punition.

« Monsieur Malefoy, le cours a commencé depuis dix minutes.

‒ Excusez-moi Monsieur, j'étais occupé par mes fonctions de préfet. Un gryffondor errant dans les couloirs.

‒ Parfait. Asseyez-vous. »

Il me fait un sourire suffisant et va s'assoir à côté de Nott et Zabini.

Une heure plus tard, alors que ma potion commençait à ressembler au résultat théoriquement attendu (oui, moi je trouve que noir goudron, c'est pas si éloigné que ça du bleu turquoise ! C'est toujours mieux que le rose framboise de Ron déjà non ?), je vois un petit cygne en papier se poser devant moi, d'un battement d'aile gracieux. Je le déplie, perplexe, et je lis les quelques mots tracés d'une écriture élégante, ronde, un peu penchée.

« On sait toi et moi que tu crèves d'envie de savoir ce qui va te tomber dessus. RDV à la fin du cours dans le couloir de métamorphose. »

Ce n'était pas signé, mais ça aurait été superflu. Je regarde le blond, et je peux deviner qu'il sourit d'un air condescendant sans même qu'il ait besoin de se retourner.

A midi, j'ai semé Ron et Hermione avec une vague excuse à propos d'aller chercher un truc au dortoir, excuse qu'ils ont à peine écoutée, et j'ai été au troisième étage en tentant de me retenir de courir. J'ai passé la dernière heure du cours à être torturé par une angoisse vibrante qui me nouait le ventre. Pourquoi avait-il fallu qu'au moment où je me laissais aller à regarder Neville avec la tendresse qui brûle dans mon cœur dès que je le vois, Malefoy se trouve dans le coin ? Pourquoi a-t-il fallu que, de toutes les personnes du château, ce soit lui le seul qui remarque à quel point mes yeux brillent quand je regarde Neville ? Arrivé au lieu du rendez-vous, je fais les cents pas. Pourquoi je me suis précipité comme ça ? C'est inutile, Malefoy prendra de toute manière un plaisir malsain à me faire poireauter comme un idiot. La rage de me sentir soumis à cette sale fouine vient disputer la vedette à la peur sourde qui me vrille l'estomac. Il arrive enfin quelques minutes plus tard, l'air serein, souriant comme un châtelain qui visite ses terres. Je le hais d'avoir l'air toujours si confiant.

« Tu m'as fait perdre assez de temps et de points pour aujourd'hui Malefoy, alors dépêche toi. »

Il me regarde quelques secondes, courroucé que je lui gâche ainsi son plaisir à nouveau. Puis il décide de me donner ce que je veux et un sourire sadique se peint sur ses traits fins.

« Je te propose une petite course Potter. Tu me bas peut-être toujours sur un balai, mais il s'agit ici d'un genre de manche à balai que je maitrise bien mieux que toi. Le premier qui obtient Londubat gagne.

‒ … QUOI ?

‒ Ma parole, je ne te pensais pas si lent Potter. Le but du jeu, c'est de coucher avec ton gros nigaud de Gryffondor. C'est plutôt simple, non ? Même pour un cerveau de gryffondor ?!

‒ Mais… Malefoy… Bordel il ne te plait même pas ?! Et depuis quand tu es gay ? Et c'est un gryffondor !

‒ Je suis gay depuis une paire d'année, il faut te tenir au courant, le Balafré ! Et je me suis déjà tapé plusieurs Gryffondors. Après tout, quel plaisir plus grand que de soumettre un belliqueux petit Gryffy et de le faire supplier ? En plus, j'ai jamais dit que qu'il ne me plaisait pas, Potter. Il est devenu pas si mal. Et le fait que tu le convoites lui donne un surplus de charme énorme, je te l'avoue ! D'autant que Londubat est surement puceau. C'est ce qu'il y a de plus agréable, la possession la plus précieuse, non ? Coucher avec un puceau, c'est un peu explorer des territoires inviolés, et j'adore souiller ce qui… »

… Aïe. Je crois que j'ai fais quelque chose qu'il ne fallait pas. Malefoy est par terre, et il me regarde avec un mélange de jubilation et de colère en se tenant la joue. J'ai vraiment fait une connerie. Maintenant que j'ai commencé, autant laisser ma colère parler. Je gronde :

« Ne parle pas de Neville comme ça, Malefoy.

‒ La violence est le langage de ceux qui n'ont rien à dire Potter. Tu peux me frapper, mais tu sais que j'ai raison. Que tu n'as aucune chance. Et que ton petit Neville sera dans mon lit, gémissant mon nom, avant même que tu ais pu réfléchir à une façon de lui dire que tu l'aimais.

‒ Il ne couchera jamais avec toi ! Il te déteste trop !

‒ Ce benêt ne déteste personne. Et j'ai déjà dompté des Gryffondors bien plus rebutés par le vert et argent !

‒ Ce n'est pas le genre de Neville.

‒ Potter, sache que je peux mettre qui je veux dans mon lit. Il suffit de mentir un peu, s'ils entendent ce qu'ils veulent entendre, ils s'allongent sans discuter. Un mec aussi innocent et bête, ce sera presque trop facile. »

Drago s'est relevé en parlant et époussète sa robe avec suffisance. Sa joue est rouge, et je vois qu'il tente d'ignorer la douleur lancinante qu'elle doit provoquer. J'en retire un plaisir sadique, je l'avoue. Mais c'est inutile, parce qu'il a raison. Je ne suis pas de taille. Malefoy est un tombeur, il est beau, il a confiance en lui, il sait manipuler les gens avec beaucoup de talent, la preuve c'est qu'il a même trompé Voldemort sur sa condition d'espion, ce qui est vraiment impressionnant pour un garçon d'à peine 17 ans. Et il a indubitablement une expérience que je n'atteindrais pas en une vie en ce qui concerne les subtilités du sport de chambre. La panique me gagne.

« Je t'en empêcherais. Je le préviendrais.

‒ Tu ne peux pas le prévenir sans lui dire pourquoi je fais ca.

‒ Alors je le tiendrais éloigné de toi.

‒ Tu ne peux pas toujours être avec lui Potter, ne sois pas stupide. Rien ne peut m'empêcher d'avoir qui je veux. C'est comme ça. Tu n'as aucune chance.

‒ Il n'est même pas gay !

‒ Tu n'en sais rien ça, Potter. En plus, ne dis pas ça avec espoir, ce n'est pas une bonne nouvelle pour toi s'il est hétéro, imbécile !

‒ Je t'en prie Malefoy, ne fais pas ça… »

Je me déteste d'avoir supplié ce cafard. Seulement, il a raison. Je n'ai aucune issue. Je ne sais pas si Neville a déjà pensé à être avec un garçon, ni même avec une fille en fait. On ne parle pas de ça entre nous. Il n'a jamais été très bavard sur ce sujet, et quand dans le dortoir, on se lance dans des discussions graveleuses comme tous les adolescents de notre âge, Neville se contente de rire mais ne participe jamais. Nous n'avons jamais cherché à lui faire surmonter cette pudeur, elle fait partie de qui il est. Malefoy va le séduire, et le salir. Et je ne peux pas me résoudre à mettre notre amitié en péril en me déclarant.

« Pourquoi je te ferais cette faveur Potter ? C'est bien trop amusant de te voir souffrir.

‒ Malefoy, tu peux me faire souffrir tant que ça te fait plaisir, mais même selon tes critères, ce jeu là est trop immoral ! Neville n'a pas à payer à ma place.

‒ Il ne payera rien du tout voyons, je lui donnerais la meilleure baise de sa vie ! »

Cette affirmation confiante déclenche une panique en moi, qui submerge même la colère que m'inspire sa vantardise.

« Je te donnerais tout ce que tu veux Malefoy ! Mais laisse Neville ! »

J'ai envie de vomir. Ma haine pour Malefoy n'a jamais été aussi puissante qu'en cette seconde. Je n'ai pas le choix. Pour Neville. J'ai un gout de sang dans la bouche. Je réalise que c'est parce que je suis en train de me mordre la langue pour ne pas cracher ma colère à Malefoy, pour contenir l'envie de violence qui fait trembler mes mains, sous le coup de la rage, de la peur et de l'humiliation combinées.

« Potter, Potter, Potter. Voila qui devient de plus en plus intéressant. Tu te proposes en remplacement de Neville ?

‒ Qu… Quoi ?!

‒ Et bien il me faut une compensation, si je ne peux pas passer mes pulsions sur ton petit chéri ! C'est toi qui vois, ce sera toi ou lui.

‒ Mais t'es malade Malefoy ?! On ne peut pas faire ça… C'est…Dégoutant !

‒ Allons Potter, si faire ça avec un garçon te rebute tant, tu n'as aucune chance d'arriver à quoi que ce soit avec Londubat.

‒ Mais… Tu es Malefoy ?! Tu es un Serpentard, mon ennemi, …

‒ Ecoute Potter, tu m'as dit « tout ce que tu veux ». Je t'ai proposé une alternative. Maintenant, c'est toi qui vois. Toi ou lui. C'est pas tout ça, mais il faut que je te laisse, si je me dépêche j'ai une chance d'attraper Londubat avant qu'il n'entre dans la Grande Salle. Ca va me prendre un certain temps pour qu'il arrête de me prendre pour un monstre, et ca fait plus de deux semaines que je n'ai mis personne dans mon lit ! »

Satisfait de lui-même, il me lance un sourire et part d'un pas décontracté vers les escaliers d'où il est venu.

« Attends… »

J'ai les larmes aux yeux sous la violence de l'humiliation. Mes poings se serrent convulsivement. Me voila rabaissé à ça. Me sacrifier pour protéger Neville. Je ne peux pas le laisser faire du mal à Neville. Il est si pur… Je dois le protéger. J'ai les yeux baissés, je ne veux pas voir les yeux d'acier de Malefoy briller d'exultation.

« C'est bon, tu as gagné.

‒ Mmh, j'ai gagné quoi Potter.

‒ A ton avis ?

‒ Dis-le.

‒ Je coucherais avec toi. Mais tu ne toucheras pas à Neville. »

J'ai relevé les yeux d'un air menaçant sur cette dernière phrase. Il s'approche lentement de moi, un peu flou à travers le voile de brume qui couvre mes yeux.

« Bien Potter. Voila un beau sacrifice, digne d'un Gryffondor. Scellons notre accord alors. »

Puis sans rien ajouter, il pose sa main avec douceur sur ma joue, qu'il caresse avec délicatesse, ma barbe de trois jours produisant un bruit râpeux qui fit grandir son sourire. Son visage pâle s'approche de moi, et je suis pétrifié, attendant l'impact. Son souffle caresse mes lèvres quelques secondes, comme s'il hésitait. Ses longs cils sombres s'abaissent, voilant son regard de givre, et sa main glisse de ma joue à ma nuque, où je sens ses doigts s'enfoncer dans mes cheveux. Mais ces sensations s'évaporent à la seconde où ses lèvres fines touchent les miennes.

J'ai déjà embrassé quelques filles dans ma vie, Cho, Ginny, et… Ginny. Enfin deux c'est déjà quelques hein. Mais jamais ça n'avait été si… électrisant. Je suis toujours incapable de bouger, et les lèvres du blond bougent sur les miennes avec douceur, caressantes. Je tremble malgré moi et entrouvre les lèvres, sans trop savoir pourquoi, suffoquant, mais en tout cas Malefoy y voit une invitation, et je sens sa langue venir caresser mes lèvres pendant que sa main sur ma nuque se fait moins douce, se crispant sur mes cheveux. Alors que ma bouche semble soudain animée d'une vie propre et entreprend de répondre à celle du blond, celui-ci recule, et me contemple d'un air satisfait, puis ordonne d'une voix un peu moqueuse qui laisse entrevoir l'étendue de son plaisir sadique à me voir lui céder :

« Rendez-vous ce soir dans mes appartements. Rase-toi avant de venir, j'ai la peau sensible. Et essuie-toi la bouche, sinon tout le monde va deviner que tu viens de recevoir le baiser du siècle. »

Il tourne les talons et part, me laissant planté au milieu du couloir désert, perdu et hébété. Par Merlin, j'ai le souffle aussi court que si j'avais couru un marathon ! J'entends venir un groupe de filles gloussantes, et me précipite vers les toilettes de Mimi Geignarde, toutes proches. C'est désert, merci Merlin. Je me retrouve devant le lavabo. Je suis saisi par le reflet que me renvoie le miroir : je pensais être pâle et choqué, mais je me vois rouge, les pupilles légèrement dilatées, les lèvres rouges et brillantes. Du revers de la main, je m'essuie la bouche. Tremblant, j'ouvre le robinet rouillé et m'asperge le visage d'eau froide, restant penché quelques minutes sur la porcelaine sale, jusqu'à ce que mon souffle redevienne normal et que mon estomac cesse de jouer au yoyo. Je me redresse, passe la main dans mes cheveux, frissonnant à l'idée que quelques minutes plus tôt, c'était la longue main blanche de Drago qui s'y trouvait, et je sors des toilettes pour descendre à la Grande Salle.

Sur le chemin, je réalise que je n'ai pas du tout prêté attention aux mots de Malefoy : il m'a convoqué dans sa chambre de préfet en chef ce soir. Et je doute qu'il s'agisse d'une invitation à prendre le thé…


Voila le premier chapitre donc. To be continued. Donnez votre avis, vos conseils, tout ce que vous voulez mais laisser moi une petite review ! Que je sache si je dois continuer d'écrire ou tout plaquer et partir vivre avec une tribu de Pygmées en Papouasie (j'aime bien ce mot, Papouasie, je sais même pas pourquoi =) )

Promis la suite viens très vite (très très vite même)

Bise

A très bientôt

Nella