Haut du formulaire

Bas du formulaire

Anime/Manga » Bleach » L'effet miroir

Author: Ero Usagi-san

Rated: T - French - Romance/Humor - Reviews: 443 - Published: 01-09-10 - Updated: 11-03-10

id:5652871

Auteur : Ero Usagi-san

Rating : M : eh bien, voilà c'est officiel maintenant… Bon après on verra bien jusqu'où ça me conduira…

Pairing : Byakuya/Ichigo

Disclaimer : Tite, un nom qui fait rêver… Car non content de posséder ces persos et cet univers, même les bo ku sont à Kubo ! Mouarfff ! Quel jeu de mots pourri, je sais je sors…

Titre : L'effet miroir

Message de l'auteur : Aller, c'est la rentrée pour tout le monde et même pour les lapins ! Après un long silence – si long qu'on pensait qu'on ne verrait plus jamais le pompon maudit du dit sieur – je suis enfin de retour avec explication pour mon absence et chapitre à la clé !

Le pourquoi du comment de la disparition du lapin : une rencontre avec un chasseur borgne atteint de Parkinson et ayant malheureusement le doigt sur la gâchette ? Une invitation pour un séjour illimité dans un harem aux délices infinis ? Un enrôlement pour les vendanges des carottes sans les dents ?

Et non, rien de tout ça, juste que dans la collection série noire, ça a continué : mon compte FFnet a planté deux jours après la sortie du dernier chapitre - le traître, le fourbe, le vil, le mesquin : plus de stats, plus de reviews et un Document Manager tellement rétif qu'affronter un Aizen de mauvaise humeur paraissait, en comparaison, une partie de plaisir ! Après histoire d'en rajouter, je me suis fais une entorse au poignet droit en me ripant au sortir de la douche : donc un mal de chien dès que j'essayais d'écrire sur mon PC (et de faire d'autres choses… A quoi pensez-vous bande de pervers ? Oo!).

D'où, j'aimerais demander à l'utilisateur de poupées vaudous de cesser de me persécuter (pour cela il existe déjà le fisc et Szayel Apporo Grantz !).

Bon mon compte a fini par retrouver un fonctionnement normal mais ça a pris pas mal de temps : au fur et à mesure que les jours passaient les stats réapparaissaient : le tout à reculons genre remontée dans le temps ! Très, très strange… Les reviews perdues elles ne sont jamais réapparues – comme quoi il y a des limites aux miracles. Et puis, de temps à autres alors que je me connectais, j'avais le droit à un message d'erreur comme quoi mon compte subissait une mise à jour et restait indisponible : ce qui explique mon report de sortie et l'arrêt du suivi dans ma note d'information ! -_- !

Après un méga remerciement (aller, on s'incline !) à Tenshihouou et à Freak666chaos, pour avoir accepté de se plier à la gymnastique "vérifier-que-FFnet-a-bien-planté-en-beauté" en plongeant pour moi dans les entrailles de leur compte ! Comme quoi les p'tits jeunes, en plus d'être réactifs sont aussi adorables – n'allez pas croire que je sois vieille, mon âge tiens en deux chiffres… Comment ça, ça laisse trop de marge ?

Sinon M. Lapin sort sa petite langue toute rose et un peu râpeuse pour faire une grosse léchouille à tous ces fabuleux revieweurs/euses qui m'ont renvoyé leur disparu commentaire et autres encouragements : à tous !

Je reconnais que tout ce bazar a fini par me soûler au dernier niveau et me démotiver comme pas croyable… De plus j'ai cumulé quelques déconvenues personnelles franchement épuisantes, alors le tout mélangé c'était trop ! é_è ! D'où une sortie aussi tardive parce que sur le coup j'en avais vraiment, mais alors vraiment, plein le pompon et j'ai donc pris des vacances – vade retro le PC.

Après ce chapitre est maudit, j'ai fait des signes de croix avec mes oreilles dans le vain espoir d'exorciser la bête, mais ça n'a pas eu l'air de fonctionner… Enfin maintenant il est sorti, prions que son édition et sa lecture chasse le malin qui sommeil en lui ! A croire que le changement de rating et la débauche en découlant ne devait pas plaire aux desseins du Très-Haut… Alors encore merci pour vos votes bande de perverses, hein ! ^^!

Aller, sinon au menu du jour, THE discussion ! Peut-être certaines questions trouveront des réponses et certaines pas… Mais pour le coup, il est sûr que certaines actions et certains mots ne pourront plus jamais être défaits… Il sera bien tôt trop tard pour se cacher dans le jeu des faux-semblants et des reflets illusoires…

Oui, vous avez compris : une odeur subtile d'agrumes plane dans l'air ! Mais qui dit que ce sera entre Bibi-kun et la Fraisounette ? Non, parce que le vieux Yamamoto reste fringant et très très chaud – carrément enflammé à ce niveau-là ! – et puisqu'il a créé l'académie, il reste de son devoir d'initier les jeunes : « Tiens Hanatarou, qu'est-ce que tu viens faire dans les bureaux de la première division ? Un emplâtre pour le capitaine ? C'est lui qui te l'a demandé ? O_o" ! »

Alors enjoy !

°oo¤OO°o°OO¤oo°

Chapitre 18 : Aïe ! Bataille ? Et fatal kampai… (Partie 3)

Voilà. Ichigo venait d'ouvrir les hostilités. Byakuya ferma les yeux une seconde : ça y était, elle était venue l'heure qu'il redoutait tant, celle qui risquait de le pousser à commettre l'irréparable… Si seulement Ichigo savait ce qu'il était en train de faire, dans quoi il risquait de tomber… Byakuya avait tergiversé avec ses sentiments et sa raison ces derniers jours mais au fond de lui il savait ce qu'il se préparait. Il l'avait bien senti tout à l'heure alors qu'il était arrivé sur le terrain d'entraînement, il l'avait pris de plein fouet cette sensation si spéciale, celle qui annonçait les pires désastres, celle qui arrivait à le courber, celle qui lui avait déjà valu de devoir affronter et défier les règles, celle qui avait failli le perdre et celle pour laquelle il était capable de tout et à laquelle il ne pouvait qu'obéir ; ce sentiment si spécial, celui du désir…

Mais là, il se refusait encore à être terrassé : la situation était trop complexe pour se laisser aller à s'écouter complètement. Au fond de son cœur, les tourments battaient leur plein mais d'une façon totalement désordonnée et contradictoire et le capitaine luttait pour continuer à afficher son implacable froideur. Il devait lutter comme cela ne lui était plus arrivé depuis longtemps pour maintenir ce masque d'impassibilité. Il se débattait intérieurement, anticipant sur ce qui allait arriver, essayant tant bien que mal de repousser encore une fois ses désirs et ses décisions.

Pourtant, tout n'avait pas si mal commencé ce soir-là : bien qu'il avait senti s'installer un silence lourd d'attente, il en avait fait fi autant qu'il avait pu et avait tenté de rester le plus stoïque possible espérant que le jeune homme reporterait l'inévitable discussion à plus tard. Mais non, Ichigo avait finalement saisi l'occasion et Byakuya devait faire face. Grand dieu, rien ne l'avait jamais fait reculer, hésiter peut-être, mais fuir sûrement pas. Et voilà, ce maudit gamin et toutes ses premières fois…

Le capitaine ferma les yeux un instant alors que ces pensées se bousculaient dans sa tête.

Oui, pourtant tout avait bien commencé. Arrivés au manoir, les deux shinigami étaient allés se rafraîchir. Le noble avait eu le temps de traiter une partie de sa paperasserie avant de passer à table et le shinigami remplaçant en avait profité pour se délasser un peu plus longtemps dans l'eau de toute la fatigue qu'il avait accumulée.

Alors qu'il barbotait allègrement dans son bain, le jeune homme avait essayé une fois de plus de faire le point sur la situation et ses sentiments : depuis deux jours, il n'avait pas eu l'occasion de pouvoir parler calmement avec le noble, soit à cause de l'arrivée impromptue des gêneurs de service, soit les seuls moments où ils arrivaient à garder leur calme – c'est-à-dire lors de leur duel – n'étaient vraiment pas propice à ce genre de discussion…

Mais Ichigo avait arrêté sa décision : il avait senti une part de la tension se modifier après leur dernier duel, il avait compris que quelque chose avait changé dans le regard du noble mais il ne pouvait pas encore dire que Byakuya le voyait réellement… Et c'était bien là le problème ! A quoi jouait le noble ? C'est ainsi que le roux avait fini par décréter que ce soir il aborderait la question coûte que coûte. Après il essaierait d'approcher l'affaire avec un peu plus de tact qu'à l'ordinaire : donc ne pas s'énerver – enfin le moins possible ; ne pas réagir aux piques du noble – enfin pas en en retournant à son tour ; ne pas se laisser fusiller du regard et accepter un silence comme réponse – enfin tirer au maximum du possible les vers du nez du capitaine dans la mesure byakuesque de la chose ; ne pas céder à ses émois – depuis quand j'ai des trucs de ce genre, moi !

Fort de ces déterminations, le jeune homme se laissa glisser dans l'eau jusqu'à s'immerger complètement. Les yeux clos, retenant sa respiration, Ichigo se demanda un instant ce qu'il voulait vraiment, enfin à propos de lui et de Byakuya… Se pouvait-il qu'il en soit réellement tombé amoureux, comme une collégienne ? Merde, il était au lycée maintenant ! Sa propre vanne ne le fit même pas rire. Il sentait bien au fond de lui que la question Byakuya était sérieuse et le touchait : non, il n'avait pas envie d'en rire, non il n'y avait pas de quoi rire, non ce qu'il ressentait était lourd…

Le capitaine avait atteint quelque chose ne lui : les émotions qu'il avait vécues, depuis qu'Uruhara les avait mis cette foutue situation, étaient d'un genre comme il n'en avait plus ressenties depuis très longtemps. Non pas qu'il n'ait pas vécu des sensations fortes ces derniers temps, entre l'arrivée de Rukia dans sa vie, sa disparition, sa libération, les vizards et autres ! Mais ces émotions étaient différentes. Peut-être cela venait du fait que le capitaine était parvenu à lui faire parler de sa mère et que par son veuvage, il était à même de comprendre une telle douleur…

C'était ça, ils avaient tous deux confessés humblement cette souffrance comme jamais ils n'avaient jamais eu l'occasion de le faire auparavant. Peut-être le fait de ne pas être tout à fait soit même, de se dire que c'était l'autre qui était dans cet état-là les avait aidés ? A moins que la situation absurde dans laquelle ils se retrouvaient, ayant déjà plus que largement entamé leurs nerfs, les avaient fait chuter tous deux quand la question épineuse de leur perte cruelle s'était trouvée exposée. Quoi qu'il en fut, Ichigo avait été touché et avait découvert chez le capitaine un autre aspect de sa personnalité. Il avait vraiment pu prendre la mesure du cœur de cet homme qui paraissait si froid et qui pourtant avait su aimer d'un amour terriblement profond et sincère une jeune femme du Rukongai…

Et lui d'ailleurs, il était quoi ? Même pas de la Soul Society, ni mort ni vivant, ni shinigami ni hollow, ni vraiment lui ni tout à fait un autre… Mais une chose par contre perdurait et restait une certitude : il était un homme… tout comme Byakuya. Alors pourquoi ? Merde, ça n'aurait pas dû prendre cette tournure ! Et puis de toute façon, rien ne prouvait que le capitaine ait réellement des sentiments pour lui.

Les baisers ? Ouais bof, après tout le premier ne voulait rien dire à part "j'en sui cap'", le deuxième était juste une manière de lui montrer que "ce Kuchiki veut, Kuchiki l'a", le troisième était juste un caprice "j'chui bourré, j'en profite", ça ne comptait pas quoi… En même temps, ça faisait déjà trois baisers mine de rien ! Alors se pouvait-il que le capitaine voie en lui plus qu'un simple reflet avec lequel jouer un peu ? Mais dans ce cas, que se passerait-il pour eux ?

A ce moment, Ichigo émergea de sous l'eau. Il ouvrit les yeux et su qu'il aurait ses réponses ce soir et qu'il aviserait bien après de la tournure que prendraient les événements. Il chassa des deux mains les mèches sombres qui lui collaient au visage et pesta intérieurement contre les cheveux longs. C'étaient ses cheveux à lui, son corps et pourtant Ichigo espérait vraiment que le capitaine soit capable de dépasser le jeu des apparences et le voir vraiment pour ce qu'il était. Car dans le fond c'était le principal reproche qu'il lui adressait.

Tu ne m'intéresses pas. Le capitaine lui avait envoyé ces mots tel un coup de poignard en plein cœur. Ichigo se souvenait de la douleur vive qu'avaient créée en lui ces mots cruels, la colère et la souffrance que cela avait éveillées… Maintenant, il n'était pas tout à fait sûr que ces paroles étaient un véritable reflet de la réalité de ce que pensait le noble, pas après le regard dont il l'avait couvé à l'entraînement…

Le jeune homme qui fixait le vide distraitement, se ressaisit alors qu'un frisson lui parcourait le corps. Il était temps pour lui de sortir de son bain et d'aller affronter la bête. Après tout il faisait face régulièrement des monstres bien plus repoussants que Byakuya Kuchiki… mais peut-être pas aussi dangereux dans le fond.

Alors qu'il se séchait, Ichigo surprit son reflet dans le miroir : c'était vrai, Byakuya était un bel homme, il comprenait la réflexion de Yoruichi. L'image était troublante car à cet instant l'expression sur son visage émanait quelque chose de mélancolique, malgré le froncement de sourcils typique du jeune homme, qui était revenu naturellement et qui pourtant n'enlevait rien au charme du visage aux traits si fins. Le jeune homme suspendit quelques instants toute activité alors que son regard se plongeait dans celui de cet autre. Il oublia que ce n'était qu'un reflet, il ressentait quelque chose d'étrange à croiser ce regard qui n'était pas vraiment le sien, comme si à cet instant c'était réellement Byakuya qui le regardait.

Mais la réalité se rappela alors que des cheveux trop longs pour être les siens dégouttaient dans son dos provoquant un nouveau frisson. Il finit de s'habiller rapidement et rejoignit le capitaine dans leur appartement. Le noble l'attendait stoïque devant la table dressée du dîner. Le jeune homme s'attabla et après avoir échangé la formule de politesse habituelle, les deux shinigami commencèrent à manger. Le silence accompagnait leur repas mais l'atmosphère avait perdue cette tension si irritante des derniers jours. Ichigo espionnait le plus discrètement possible le noble, essayant de saisir ses pensées, mais rien ne semblait filtrer du capitaine comme à son habitude. Si seulement le jeune homme avait su les efforts que Byakuya faisait pour rester impassible…

Ichigo comme il se l'était convenu restait très paisible et petit à petit, le silence entre eux reprit les saveurs de leur dîners plaisants. Byakuya, à qui le manège du jeune homme n'avait pas échappé, ne s'en offusqua pas – à croire que la calme détermination du roux déteignait sur son humeur.

Le repas touchait à sa fin quand Ichigo se décida à parler. Le jeune homme avait senti que le moment était propice et s'était lancé. Son ton ne marquait ni le reproche ou quoique ce soit d'agressif. Il posait une évidence que le noble ne pouvait fuir, malgré les quelques espoirs qu'il avait nourris quand à un report possible de cette conversation.

- Byakuya, il faut qu'on parle.

Oui, tout avait si bien commencé. Mais voilà, maintenant il était temps de faire face. Le capitaine prit le temps de reposer ses baguettes élégamment sur leur support alors que ses pensées fusaient autour de ce qu'il allait advenir et de son désir impossible mais bien installé. Il inspira profondément puis alors qu'il relevait son regard et le campait dans les yeux du plus jeune, il déclara d'une voix calme sans être aussi glaciale qu'à son habitude et sans pour autant paraître résignée :

- Je t'écoute.

Ces quelques mots eurent pour effet de décontenancer le jeune homme. Ichigo s'était attendu à tout mais sûrement pas à ça ! Il aurait pensé que le capitaine se montrerait plus réfractaire et refuserait de parler. Remarque, avec ce coup de maître c'est moi qui suis dans le pétrin : c'est moi qui vais devoir parler et pas lui… Le roux soupira un bon coup alors qu'il avait détourné le regard pour le plonger dans le terriblement passionnant fond de son assiette. Byakuya avait vraiment l'art et la manière de retourner les choses à son avantage… Ichigo se décida enfin et alors qu'il s'installait un peu plus confortablement, il releva son visage et se lança :

- Bon je crois qu'il y a pas mal de trucs à dire et comme je sais pas trop par où commencer ben faudra faire avec.

Vu que tu ne m'aides pas beaucoup pour le coup, ne put-il s'empêcher de penser.

- Bien.

Et ben tiens, qu'est-ce que je disais ! Du Byakuya des grands jours, ajouta mentalement le roux. Bon qu'est-ce que j'ai dit tout à l'heure, oui oui, rester calme et lui forcer le crachoir en luttant contre son côté kuchikien !

- Bon. On s'est pris pas mal la tête depuis quelques jours, enfin depuis le début tu me diras mais là c'était pire, je crois… Ok aucune réaction ni confirmation, continue Ichigo tout ira bien. Donc ça serait bien qu'on mette les choses au clair – entre nous surtout – afin de… de pouvoir supporter cette situation. Alors pour commencer justement, qu'est-ce que t'as dit Yoruichi ? Bien joué boy, c'est toi qui fuis le cœur du problème. Tu me diras, c'est le cœur du problème ça, alors si Kisuke a trouvé un truc ben… ça serait pas mal au final !

Byakuya sourit intérieurement face à la retraite que le jeune homme venait habillement d'effectuer. Alors toi aussi Ichigo, tu as du mal à aborder "le problème". En fin de compte ce n'est pas de ça dont tu veux parler mais il est dur de faire face à certaines choses… même pour toi, songea le capitaine avant de répondre :

- Rien.

- Comment ça rien ? bredouilla le roux, surpris

- Elle est venue nous dire qu'Urahara n'avait encore rien trouvé pour nous permettre de sortir de cette situation. Il y travaille mais il doit aussi se pencher sur d'autres projets commandés par la Soul Society pour les préparatifs de la guerre de cet hiver. Il ne peut donc pas consacrer tous ses efforts à notre… cause.

- Mais mais mais, on peut pas rester comme ça ! Et en plus il est hors de question qu'on aille se battre dans de telles conditions ! s'étrangla presque le jeune homme

- Je suis d'accord avec toi sur ce point. Nous pouvons palier pour le moment et affronter sans problème la plupart des hollows mais pour ce qui est de ces arrancar et de ces espada, je ne pense pas me tromper en déclarant que nous sommes dans l'incapacité de pouvoir engager un combat avec eux, si faibles soient-ils.

- Ouais, là on est dans la merde, c'est clair. Enfin, je veux dire dans le pétrin, quoi ! se reprit le roux

Byakuya observa un peu plus le jeune homme : si certaines de ces manières laissaient à désirer, il n'en restait pas moins qu'il faisait de gros efforts ce soir pour se tenir convenablement et avoir sa discussion. Le noble contemplait le potentiel du shinigami remplaçant dans tous ses moyens d'expressions. Ce gosse était saisissant. Vraiment.

- Je ne pense pas que le capitaine-commandant laissera faire cela. S'il nous demande d'être opérationnels, c'est par prudence en ces temps instables mais je pense qu'Urahara aura trouvé une solution avant que ne s'engage les réelles hostilités. Il est suffisamment sournois et perspicace pour savoir à quoi il s'expose si ce n'était pas le cas. Surtout qu'il a foi en son disciple et ne fera rien qui puisse le compromettre, pensa tout bas le capitaine

- Ouais ben j'espère ! Ajouta le jeune homme avant de reprendre un peu après. Sinon pour en revenir à… ce que j'aimerais bien aborder… Tu sais je me rends bien compte que cette situation est très… inconvenante… aussi bien pour toi… que pour moi.

Le double sens des paroles n'échappa pas au capitaine bien qu'Ichigo ne s'en rendit pas compte.

- Ce que je veux dire c'est que ça nous conduit à faire des trucs bizarres… Moi à faire semblant de diriger une division et toi à te retrouver dans une position pas très cool, comme avec Rukia ou Renji… Et puis aussi à voir les choses peut-être sous un faux angle… Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire…

- Je ne vois pas ce qu'il y a de faux à découvrir les envers du décor, que la moitié du Gotei 13 s'adonne à des soirées alcoolisées, voir même dès le midi… Même si je ne tolère pas ce genre de pratique dans ma division je savais déjà qu'elles étaient monnaie courante de certaines.

- Ouais mais la onzième est un peu à part non ? tenta de rire le jeune homme

- En effet, quand on voit leur capitaine, on ne peut pas s'attendre à grand-chose d'autre.

- Ouais, mais pourtant tu as pris Renji comme lieutenant ?

- La valeur et le talent doivent être reconnus en tant que tels sans autre forme de considération. Abarai est un sombre idiot mais qui recèle un réel potentiel. La preuve en est il a réussi à atteindre le bankai.

Ichigo était soufflé par la déclaration calme et particulièrement surprenante du capitaine. Il n'aurait jamais cru que Byakuya parlerait ainsi de Renji : il appréciait donc – malgré toutes ses boulettes – son subordonné ? Le jeune homme fut heureux pour son ami. Un sombre imbécile mais vaillant, juste et droit, conclut en pensée le capitaine.

- Il est encore jeune et donc une vraie tête brûlée, ajouta le brun gardant pour lui le reste de ses réflexions. Mais je vais m'occuper de remédier à ça.

- Je ne pensais pas que tu serais capable d'apprécier sincèrement quelqu'un comme Renji, déclara Ichigo de plus en plus à l'aise quoique toujours agréablement surpris par la tournure de la discussion

- Tu dis ça car il vient du Rukongai ?

- Ouais entre autres… Mais si Renji est jeune alors moi je suis quoi ?

- Un gamin, répondit platement le capitaine. Un gamin… très troublant.

- Vu sous cet angle, rit le jeune homme

Le capitaine en profita pour se lever et aller chercher son nécessaire à thé. Ichigo le suivit des yeux et se sentit soulagé en constatant ce que préparait le brun. Il suivit donc la muette invitation avec plaisir et se posa sur l'engawa alors que le noble disposait son service. Il servit une coupe au jeune homme qui y trempa les lèvres avant de s'écrier :

- Mais c'est pas du thé !

- Non pas ce soir. C'est du saké, cela te pose un problème ? déclara simplement le capitaine avant de s'installer tranquillement à son tour et de goûter à la boisson.

- Heu non… C'est juste surprenant de ta part, bredouilla le jeune homme

Décidemment Ichigo allait de surprise en surprise : il n'aurait jamais cru que Byakuya serait du genre à boire. Bon évidemment ce qu'il avait était très loin du tord-boyau de Rangiku mais quand même, quoi ! Remarque, je n'aurais jamais cru non plus qu'il tenait à Rukia ! Ou qu'il serait marié ! Et par amour ! Et avec une femme du Rukongai ! Ou pire, qu'il reconnaissait son lieutenant ! En définitive, le capitaine de la sixième division restait un mystère…

Les deux shinigami étaient assis côte à côte et contemplaient la splendeur des étoiles et de la lune qui baignaient doucement le jardin d'une lumière argentée. Alors qu'ils sirotaient doucement le liquide fort de l'alcool en silence, ils retrouvèrent les douces sensations qu'ils avaient eues auparavant et qui les avaient conduits sur une pente dangereuse. Ichigo se souvint de son premier vrai baiser sous le cerisier et une chaleur nouvelle accompagna celle que l'alcool amenait déjà en lui. Le trouble, oui ce trouble si particulier que seul le capitaine arrivait à éveiller chez lui…

Byakuya quant à lui se laissait porter par un flot de doux souvenirs, celles de ses promenades avec sa femme en ces lieux, des tendres moments qu'ils y avaient passés et même de leurs étreintes en ce beau jardin. Cela semblait remonter à si longtemps et pourtant le souvenir était toujours vivace. Depuis que ce gamin était apparu dans sa vie, Byakuya avait vu ressurgir de son passé tant de souvenirs à propos d'Hisana. Pourquoi maintenant, alors qu'il avait réussi à effacer ce besoin de sa vie ?

- Pourquoi tu n'es pas venu à midi ? Rikichi était terrorisé alors qu'il m'apportait mon repas, laissa tomber sans prévenir Ichigo. C'était par rapport à ce que t'avais dit la veille ?

- Je me suis retrouvé invité de force par Renji avec les autres lieutenants. Et en effet, je n'ai pas particulièrement apprécié que tu prennes tes aises, entre autres…

Trop tard, les mots étaient tombés avant que le noble se rende compte d'une part de leur sous-entendu. Ichigo se tendit une seconde sous l'accusation puis décida de laisser couler en douceur, enfin autant qu'il le pouvait…

- Alors tu préfères aller à un repas où t'as pas envie d'être, juste pour me donner une petite correction ?

- Il ne s'agit pas de se que je préfère mais ce que je dois faire.

- Ouais, encore tes principes… Tiens en parlant des autres, puisque tu croises beaucoup Hisagi et Kira ces derniers temps, tu pourrais leur rendre ça ? Demanda le jeune homme sur un ton un peu renfrogné alors qu'après avoir fouillé dans une poche intérieur de son kimono, il tendait une pièce de métal luisante dans la pâle lumière lunaire. Je sais pas ce que ça vaut… Mais ces deux-là l'ont perdue l'autre jour… et disons que je n'étais pas trop en état de leur courir après sur le coup !…

Byakuya contempla la pièce avant de s'en saisir. Voilà le fin mot de cette affaire de paris idiots : Ichigo ne l'avait pas déshonoré stupidement en s'attachant aux plus viles bassesses de la cupidité mais au contraire, avait agi par générosité afin de rendre leur bien aux deux pendards de lieutenants…

- Ca n'a pas grande valeur en fait, mais je ne manquerai pas de leur rendre je peux te l'assurer, répondit le capitaine en saisissant l'objet insignifiant et qui pourtant avait une valeur toute autre depuis le pari

- Heu, y'a un problème avec eux ? interrogea Ichigo à qui le plissement des yeux du noble n'avait pas échappé

- Rien de bien important.

- Suffisamment pour t'agacer ! Enfin c'est comme d'hab', tu ne me diras rien, ajouta le jeune homme avant d'avaler une petite gorgée d'alcool

- … En fait, ils se sont joués de nous : Renji dans son infernale paresse a inventé un système de paris stupides pour se faire remplacer aux archives. Le dernier défi proposé était de voir si la noblesse s'abaissait à une certaine vénalité…

Le capitaine narrait lentement de cette manière trainante l'incident et le jeune homme écoutait attentivement ses paroles : après tout, ce n'était pas rien, Byakuya venait d'accepter pour une fois de répondre pleinement à une question.

- Pour résumer, la gageur tournait autour du fait de savoir si j'étais avare malgré mon rang et donc, si je m'abaisserais à ramasser cette pièce.

- Et moi je l'ai fait… Je suis désolé… ajouta le jeune homme en baissant les yeux comprenant pleinement les conséquences

- Tu ne pouvais pas savoir.

- Ouais, c'est vrai mais… Ichigo leva les yeux au ciel un instant avant de terminer sa phrase. Mais tu m'en as voulu pour ça, n'est-ce pas ?

Byakuya se cala un peu plus contre la cloison de bois, laissant son regard parcourir le paysage qu'il avait sous les yeux comme il l'avait déjà fait tant et tant de fois. Le calme des lieux commençait à faire son effet ; à moins que l'alcool aidant, le capitaine se sentait moins tendu et prisonnier de cette conversation qu'il avait tant redoutée avec le jeune homme. Peut-être cela venait-il de la tournure qu'avait prise la discussion ou de cette nouvelle découverte… Ou peut-être le capitaine était las de tout ceci, fatigué de lutté contre lui-même et la fraîcheur du garçon ainsi que son détachement des conventions avaient dû finir par le mettre un peu en confiance.

- Il serait faux de te répondre oui et tout aussi faux de te répondre non. Le capitaine fit une pause. Je l'ai découvert le soir même et cela m'a agacé. Mais il faut croire que l'ambiance de liesse collective de cette fête idiote avait balayé mes dépits, du moins pour un temps. Car sitôt le premier imprévu arrivé, cette déconvenue a su se rappeler à mon esprit. Nouvelle pause. Voilà le problème avec toi, Kurosaki Ichigo, tu arrives à me faire passer au-dessus de certaines choses mais tu ne sais te montrer digne et garder ceci plus de quelques instants…

- Je gâche toujours tout quoi, compléta le jeune homme sa voix oscillant entre la réflexion et l'amertume

Ichigo n'en revenait pas : il se demandait si le capitaine avait pensé tout haut ou s'il lui avait réellement répondu sciemment. Mazette, si Byakuya se mettait à parler à cœur ouvert, c'était à se demander ce qui allait arriver d'encore pire qu'Aizen à la Soul Society ! Enfin, pas qu'il allait se plaindre parce que pour le coup, il aurait sûrement ses réponses ; mais d'un autre côté, Ichigo allait enfin être fixé et cela, oui, était un peu effrayant – quelque soit le résultat d'ailleurs…

Et surtout, si le jeune homme trouvait que les peu de mots qu'avaient prononcés le capitaine jusqu'ici ne l'avaient pas beaucoup aidé, ceux qui se mettaient à émettre étaient encore pires. Si Byakuya jouait carte sur table et commençait à révéler une partie de ses pensées, cela décontenançait totalement Ichigo qui ne s'attendait pas du tout à ça. Il était difficile pour le jeune homme de tenir cette conversation : premièrement, ce qui s'y jouait n'était pas rien, deuxièmement il ne savait sur quel pied danser avec ces réactions si inhabituelles de la part du noble et enfin, les révélations qui étaient faites étaient lourdes de conséquences et arriver à analyser rapidement tout ce qu'elles comportaient était particulièrement ardu.

Le shinigami remplaçant laissa son regard dérivé sur le ciel alors que ces constats venaient à éclore les uns après les autres. Décidément, rien ne se passait comme prévu dans sa vie. D'un côté il venait de récupérer de précieuses informations mais de l'autre il ne voyait et surtout ne se sentait pas d'aborder le cœur du problème. Or il avait pris sa décision et devait s'y tenir, mais il avait le temps – la preuve en était la vitesse à laquelle le capitaine sirotait sa tasse. Cette observation permit d'ailleurs au jeune homme de reprendre la parole et de repousser l'instant fatidique :

- Pourquoi du saké ce soir ?

- A la vue des mœurs des jeunes gens qui sont tes amis, il me semble que le thé ne doit pas être la boisson que tu affectionne le plus de boire le soir.

- Ben oui et non, ton thé c'est pas… ben juste du thé quoi et puis il est bon.

- Serais-tu en train de dire que tu préférerais que je te serve autre chose ? Après tout, en effet tu es jeune et il se peut que tu ne sois pas encore aussi débaucher et irrécupérable que certains.

- Non, non c'est pas ça et puis, j'ai déjà bu ! Enfin, à table pour les grandes occasions et aussi un peu avec Chad quand je vais le voir à ses répétitions avec son groupe. Et puis je suis lycéen maintenant, même si tu me trouves jeune, je suis capable de…

- Capable oui, mais dans ton monde est-ce bien… légal ?

Byakuya s'amusait du trouble du jeune homme, de son embarras, de sa jeunesse. Il n'était pas idiot ni aveugle et il savait très bien qu'à l'académie nombreux étant les camarades qui faisaient le mur pour aller festoyer dans les premiers districts du Rukongai dès qu'ils en avaient l'occasion. Il ne s'était jamais retrouvé convié dans ce genre d'évènements à cause de son statut mais le capitaine savait que cela faisait parti des défis puérils que se lançaient les jeunes gens qui voulaient se prouver qu'ils étaient des hommes, des vrais, typique par exemple de la onzième et de ses valeurs pseudo-viriles.

Byakuya se demanda si lui aussi avait voulu se prouver qu'Ichigo était un homme et non pas juste un gamin en choisissant le saké ce soir-là ou bien, s'il avait voulu s'anesthésier un peu comme la veille… Mais pourquoi ? Craignait-il tant ce qui allait suivre ?

- D'ailleurs tu ne bois pas vite non plus, t'aimes pas ça ou bien tu tiens pas trop l'alcool… commença Ichigo essayant de reprendre un peu de contenance et de détourner le sujet de ça personne voyant le danger que cela comportait. Si je lui dis que je bois je passe pour un alcoolique et si je lui dis que je suis mineur et donc que ça m'est interdit je passe pour un gamin !

- Il se trouve que même si je n'en ai pas l'habitude, je tiens particulièrement bien le saké, mais vois-tu le corps dans lequel je suis actuellement, lui, n'a pas l'air de pouvoir y résister.

- Tu veux dire que je peux boire autant que je veux comme je suis dans ton corps, je ne risque pas d'être soûl facilement ? Ichigo affichait un sourire jusqu'aux oreilles, l'occasion était trop belle pour la laisser filer

- Non, je ne pense pas non plus car tu n'as pas l'habitude et je ne sais comment tu finiras par le supporter – connaissant les effets sur ton corps. Je connais mon corps et sa tolérance mais de là à prédire comment cela se passera avec toi…

Décidément la soirée et cette discussion prenait un drôle de tour, Byakuya ne s'aperçut même pas que sa réponse n'était pas de l'ordre à exposer un fait mais tenait plutôt de la même réaction puérile qu'il avait constatée juste avant à propos des mœurs des jeunes étudiants de l'académie ; Kuchiki Byakuya ne souffrirait pas qu'on puisse croire que le saké puisse le terrasser. Quand à Ichigo, eh bien, il était l'illustration parfaite des dits-étudiants en question : fierté masculine assumée contre démonstration de virilité naissante, je suis un homme versus je deviens un homme. Pour une fois, quelque chose les unissait et cela ne venait ni de la Soul Society, ni de leur situation impossible, ni de leur douleur ; non, cela venait de leur masculinité respective, cela même qui effrayait le plus le jeune homme dans son inclinaison et qui laissait sûrement le plus surpris le capitaine dans sa comparaison avec son épouse.

Ichigo ne put donc s'empêcher de vider sa coupe et de s'en faire resservir une autre. Finalement, il n'y avait peut-être pas que des désavantages à leur échange. D'une certaine manière, une nouvelle forme de liberté se dévoilait au jeune homme. Après tout, c'était Byakuya qui se tapait les contraintes de son poste, lui il n'avait qu'à profiter de la position que lui conférait son rôle : tout le monde le saluait respectueusement, Rukia se montrait très douce, Renji révérencieux, l'appart était grand, le bain chaud et la bouffe bonne ! Le pied quoi ! Bon il fallait mettre de côté le zanpakuto prise de tête, les entraînements en solitaire et les sautes d'humeur de Byakuya… Ichigo déchanta et rectifia vite : disons que la situation quoique terrible pouvait offrir de légères compensations telles que pouvoir picoler sans passer la nuit dans les toilettes ou chanter faux après deux verres. En fait, même si le capitaine ne s'en rendait pas compte – vu la triple quantité de travail qu'il se retrouvait à avoir à faire, rien d'étonnant – mais pour lui aussi, une certaine liberté s'offrait, conçut soudainement le jeune homme. Il ne le reconnaitrait sûrement jamais mais Byakuya se trouvait à être considéré comme quelqu'un de normal pouvant fréquenter normalement les autres tout en se comportant comme un être normal, conclut le roux.

- Tu sais Bya, finalement même dans notre malheur, ben y'a quand même de bonnes choses…

- Et qui sont ?

- Que j'ai pu apprendre beaucoup sur la Soul Society, les zanpakuto, les shinigami et même sur d'autres personnes… enfin pour ma part !

- Et bien tu n'auras pas tout perdu.

- Non, j'aurais même beaucoup gagné, enfin… Enfin rien, coupa le jeune homme après que ses pensées aient pris un cours particulier le menant à se souvenir de certains baisers et de certains bras chauds. Tu ne vois rien de positif à retirer de tout ça ?

- … Peut-être…

- C'est pas une réponse ça !

- Mais ce n'est pas non plus un non. Ce que je peux en retirer c'est que je peux confirmer que mon lieutenant est fainéant, Rukia plus énergique que ce qu'il n'y paraît, que le Gotei 13 est moins sérieux qu'il le devrait et que les terriens ont des mœurs désolantes.

- Ouais tu vois toujours tout du mauvais côté. Tu n'a rien découvert d'autre ?

- … Que tu es un gamin troublant ? Tu aimerais que je te le dise ? songea Byakuya

- Peut-être que c'était l'occasion pour toi de voir la vie sans toutes tes contraintes ! tenta le jeune homme

- Et toi, qu'as-tu donc appris sur ces personnes ? lança faussement innocemment le noble

- Eh bien, Unohana est véritablement effrayante, Urahara ne sert à rien et… et… et tu n'es pas ce que tu parais.

Il l'avait dit. Finalement Ichigo l'avait fait. Bon d'accord il avait saisi la perche que lui tendait le capitaine mais il s'était lancé dans le vif du sujet. Et puis, c'était quand même casse-gueule comme approche, parce que Byakuya qui fait un cadeau ne pouvait pas ne pas contenir aussi un risque.

- Ce qui signifie ?

- Ben… Ichigo était pris au dépourvu, il le savait bien que c'était un cadeau empoisonné et il avait foncé tête baissée ! Ben, si tu me ressers je pourrai te l'expliquer ! finit par éluder le roux après avoir vidé d'une traite sa coupe et de la retendre immédiatement accompagné d'un grand sourire censé masquer son trouble

Le capitaine planta son regard dans les yeux du plus jeune et après l'avoir sondé quelques instants, il finit par le resservir sans pour autant détourner les yeux. Voilà, le sujet réel arrivait enfin. Le capitaine n'avait rien perdu de tout ce qui se jouait et ses réflexions intenses n'avaient pas cessées de toute la soirée. A quoi lui-même jouait-il à cet instant ? Après tout, il savait qu'inéluctablement il finirait par céder à son désir mais il se devait quand même de suivre un certain cheminement : cela ne servait à rien de bêtement résister quand on le combat était déjà perdu d'avance mais au moins, on pouvait toujours s'accrocher à un certain protocole. Il y avait des règles même quand on déposait les armes. Byakuya était bien trop fier et se connaissait trop pour s'abaisser à mener une lutte vaine, savoir reconnaître sa défaite était aussi respecter sa fierté, mais de là à bousculer les choses…

Ichigo inspira et expira profondément, il savait que ce n'était pas le moment de gaffer mais une sorte de sourde angoisse commençait à le tenailler ; c'était diffus, léger mais suffisamment présent pour signaler et surtout confirmer certaines vérités à propos de certains sentiments. Lentement il déposa sa coupe et lorsqu'il releva le visage, un grand sérieux s'y était fait.

- Eh bien, je pourrais très bien te brusquer et te dire que certains gestes que nous avons eus n'ont rien d'anodin mais je préfère ne pas commencer par là. Oui, je crois qu'il veut mieux commencer par le début et je peux te dire que tu es une personne qui m'a beaucoup surprise. Je pensais que tu étais un salaud de première et puis, on s'est battu, enfin vraiment battu et après, tu as… tu as avoué la vérité à Rukia et là, ben je me suis dit que non tu n'étais pas ça, mais un mec bien, coincé, puissant mais bien. Ensuite… Ben ensuite, il y a eu tellement de changement dans ma vie, un peu trop même, ria doucement le jeune homme alors qu'il se grattait le front dans une réaction de gêne et que ses yeux devenaient fuyants. Et puis, il y a eu l'accident chez Urahara-san et tout ce qui s'est passé ensuite. Là, tu vois j'ai vraiment compris que tu avais réellement aimé ta femme et que tu pouvais toi aussi ben… être parfois pas aussi fort que tu ne le paraissais et pas aussi froid… Que tu pouvais pleurer sincèrement et aussi que tu pouvais être très… ben ch'ai pas comment dire mais un truc comme doux… Enfin très loin du glacial Kuchiki Byakuya, chef du clan le plus noble du Seireitei et capitaine de la sixième division du Gotei 13, quoi…

- Dire la vérité et brusquer sont souvent confondus or une vérité claire et exprimée pour le bien d'autrui ne peut jamais peiner. C'est quand les intentions cachées derrières cette vérité sont mauvaises et que le but recherché est de blesser qu'une vérité peut affliger celui qui la reçoit ; car elle n'est pas là pour lui ouvrir les yeux mais au contraire pour affaiblir son esprit et son cœur, commença le capitaine d'une voix lente mais non plus froide, juste empreinte de sagesse. Je ne suis ni aveugle, ni inepte et je sais très bien de quoi tu veux parler et ce que nous avons fait. Mais chaque chose en son temps. Ensuite je sais ce que tous pensent de moi et quelle réputation d'homme froid j'ai ; mais je n'en ai que faire, car cela ne m'empêche en rien de prendre soin de ceux auxquels je tiens. De plus, ceux qui m'importent savent lire entre les lignes.

- Ouais ben ça c'est pas sûr !

- Qu'est-ce qui te faire dire ça ?

- Prends Rukia par exemple. Je crois pas que les cinquante dernières années elle est beaucoup lu entre les lignes de ton indifférence. Même si elle était feinte, ben je ne pense pas que ta sœur ait pu le comprendre, tu vois.

- …

Rukia, un sujet sensible chez le noble. Cette chère petite sœur que la providence lui avait donnée, ce portrait vivant d'Hisana, une gifle et un baiser à la fois… Oui, Byakuya savait qu'il était impardonnable dans ses choix envers elle mais d'un autre côté il avait choisi et avait ses raisons. Pourtant le sujet avait encore le pouvoir de le faire se refermer dans son mutisme. Quand à Ichigo, et bien le sujet Rukia était un des rares à le faire véritablement déborder, il ne pouvait pas aborder la question de la petite shinigami sans que les sangs lui bouillent. Et malgré sa promesse, il s'emporta un peu :

- Regarde les choses en face. Tu fais surveiller Rukia. Bon tu le fais pour que rien ne lui arrive ou pour l'avoir sous ton contrôle afin qu'elle ne fasse plus de bêtise qui risquerait d'entacher la réputation de ta si noble famille ? Hein ?

- …

- Le pire c'est que je sais bien que c'est pour être sûr qu'il ne lui arrive rien… Tu pourrais pas aller lui dire clairement que tu t'inquiètes pour elle ? Que tu tiens à elle ? Non faut toujours que tu passes par des trucs tordus…

- Parce que toi tu lui as peut-être déjà dit ce qui vous liait…

- … Humm ouais. Elle le sait, elle sait qu'elle est la personne qui a changé ma vie. Demande-lui et tu verras bien ce qu'elle te répondra !

- … Et comment sais-tu que je veille sur elle quand elle part en mission sur terre ?

- Heu… Ben en fait, y'a un type qui est passé hier soir et forcément il m'a pris pour toi, quoi ! Donc ben voilà comment j'ai découvert la chose…

- Hnn, évidemment ce n'est pas par tes qualités de détection des reiatsu, il fallait s'en douter.

- Oh c'est bon, pas la peine de tourner encore les choses à ton avantage, car là c'est bien toi qui a été pris en tort. Mais je te rassure je ne lui dirai rien – même si quelque part ça lui ferait plaisir de savoir que tu veux la protéger – elle risquerait d'être encore déçue que tu n'ais pas plus confiance en elle et en sa force.

- Tu ne te préoccupes pas de Karin et Yuzu, toi aussi ? Tu pourrais comprendre non ?

- Si, je veille sur mes sœurs mais je leur fais aussi confiance et ne trame rien dans leur dos, moi !

- Ah bon, donc elles savent la vérité sur toi ?

- Non, enfin si, Karin sait tout je crois mais justement je ne vais pas les empêcher de vivre une vie normale et libre parce que des putains de hollow trainent dehors ! Ca, ça ne les concerne pas, du moins pas encore. Si elles finissent par les voir et qu'il leur faut se protéger alors j'aviserais ; d'ici-là c'est à moi de les protéger.

Ichigo ponctua sa tirade en vidant sa coupe. J'avais pourtant dit que je ne devrais pas m'énerver et merde ! Byakuya se resservit à son tour, but une petite rasade calmement avant de prendre la parole :

- En fait, non tu ne me comprends pas. Et je ne sais pas ce que tu crois avoir découvert sur moi mais je peux te dire que tu te trompes. Tu vois, je ne suis pas celui que tu crois.

Ichigo sembla réfléchir un instant suite aux derniers mots du noble.

- Non je ne crois pas me tromper mais je crois que toi, tu te trompes : pas que tu ais tort mais dans le sens que tu trompes ton entourage et que tu essaies de te tromper toi-même sur ce que tu es. L'homme qui m'a embrassé par trois fois était sûrement bien plus Byakuya Kuchiki que celui que tu affiches. Et celui-là j'ai appris à l'apprécier, vois-tu !

- …

Le capitaine perçut l'impulsion nouvelle de leur discussion, ça y était ils venaient enfin de rentrer dans le vif du sujet. Et déjà approchait l'heure où tout serait dit et ne pourrait être défait. Le danger était grand et sans s'en rendre compte les quelques verres qu'avait bus le jeune homme avaient fini par lui monter à la tête et lui délier la langue. Le noble allait maintenant devoir faire face à un Ichigo qui allait le confronter à la seule vérité qui tienne, celle de leurs sentiments naissants, dérangeants et incongrus. S'il devait tomber, le capitaine venait en tout cas de s'engager sur la route qui conduirait à cette chute. Mais il fallait encore des mots pour l'ébranler suffisamment et là dans l'immédiat, il se repliait dans son silence salvateur.

- …

- Ok, je suis d'accord ce qu'on vit en ce moment est un grand n'importe quoi mais tu as réussi à mettre une couche supplémentaire dans tout ce bazar. Voilà, moi aujourd'hui j'ai besoin de savoir : qui est le vrai Bya ? Qui m'a embrassé ? Et à quoi tu joues ?

- Je te l'ai dit et je n'aime pas me répéter, je ne suis pas celui que tu crois.

- Alors montre moi qui tu es et celui-là aussi peut-être que je l'apprécierais.

- …

Ichigo ne pouvait le comprendre, ça Byakuya en était sûr. Ils ne venaient pas du même monde, n'avaient les mêmes carcans qui leur pesaient dessus, ni la même expérience de la vie. Ichigo était pur malgré tout alors que le capitaine avait grandi dans un milieu où très tôt il avait eu accès à ce qui se jouait parmi les dirigeants et les règles à suivre. Il en était devenu cet homme froid et calculateur, cet homme qui au début avait joué avec cet étrange reflet de lui-même qu'un lui profond lui avait imposé pour sa propre sauvegarde. Ichigo fulminait face au silence du brun. Merde quoi, il lui avait parlé à cœur ouvert là et il recevait quoi en échange ? Le jeune homme ne put s'empêcher de réagir :

- Je vais te dire ce que tu es : tu es têtu, suffisant, revanchard, susceptible, égoïste et colérique, en somme faillible et plein de défauts ! Tu es un être humain, quoi ! Arrête de toujours vouloir être parfait… C'est un truc qui te vient de ta noblesse à la con, tu peux pas être un peu toi des fois !

- Et si tu me voyais tel que je suis, me rejetterais-tu ?

- J'ai l'air de te rejeter ? Woh, c'est quoi ces conneries, on dirait presque tu as peur de te montrer ! De quoi tu te caches ?

- …

- Bordel, Bya ! On est entre nous là, tu crois vraiment que je vais aller raconter ce que tu m'as dit au premier venu ! Et puis, je te rassure avec le climat de peur que tu as su créer autour de te personne, pas un ne me croirait ; et au pire ils feraient suffisamment dans leur froc pour ne jamais en parler…

- Un peu comme ma fameuse indigestion ? lança narquoisement le capitaine

- Hé, là c'est des haut-gradés, c'est pas pareil ! s'insurgea le roux. Et tout ça parce que j'ai été malade… Ca ne t'arrive jamais ?

- … Non… souffla à peine le capitaine, sa voix semblant venir de très loin. Les seules personnes que j'ai connues malades étaient sempai… et Hisana…

A ses mots, Ichigo se suspendit et toute colère reflua en lui. En effet, il se pouvait bien que le noble ne sache pas ce que soit la maladie si ce n'est par une cruelle perte. Quand à Byakuya, il s'abîma dans une triste réflexion. La maladie. La faiblesse. Etre malade le ramenait à l'impuissance… Son ancien capitaine n'avait pas pu secourir son lieutenant à cause de sa maladie. Lui-même n'avait pu sauver sa propre épouse… La maladie était plus atroce que la mort ; elle rongeait progressivement les êtres, les émoussait et nul ne pouvait rien y faire… Voilà pourquoi Unohana taicho était si puissante, elle était capable de lutter contre le traître mal qui essayait d'enlever ses patients mais surtout, elle arrivait à ne pas succomber à l'adversité de les voir mourir…

Sa douceur contre la violence des maux ; sa force inébranlable contre la faiblesse incurable… Or lui, il n'était pas faible, il était fort ; personne ne devait jamais le voir faible car il était censé incarné la force, celle qui régissait le Seireitei… Et surtout, il ne voulait jamais voir malade ceux auxquels il tenait… Cela le mettait dans une colère absurde que de savoir les siens vulnérables… comme lorsqu'il avait découvert que le jeune homme avait été malade !

Ainsi il tenait vraiment à ce gamin… plus qu'à sa propre image. Pendant qu'il s'adonnait à des libations, Ichigo lui s'était retrouvé seul à faire face à ça. Or il était de son devoir d'être là, mieux il aurait dû l'empêcher. C'est bien parce qu'il ne l'avait pas constamment surveillé que ce maudit gamin avait fini par ingurgiter n'importe quoi !

- Pourquoi avais-tu voulu à tout prix boire un thé ce jour-là ? finit par demander d'une voix lointaine le capitaine

- A la base c'était pour qu'on se réconcilie, parce que quand on buvait le thé le soir, tout allait bien et à ce moment tu devenais accessible, autre… Et cet autre m'intéresse, j'ai envie de le connaître un peu plus parce que vois-tu, il est agréable !

Les mots, ils arrivaient de plus en plus forts ces mots qui provoqueraient la chute du noble Kuchiki. Cet idiot de gamin avec sa sincérité désarmante et sa simplicité de vie commençait à fissurer les murs de glaces qu'avait érigés le capitaine autour de lui. Le jeune homme ne se rendait pas compte que ses mots évoquaient des sous-entendus plus grands qu'il n'y croyait et qui étrangement faisait échos à des images qui n'auraient jamais dues exister, comme un reflet de lui-même chaud et doux, sautant pieds nus dans le jardin, répondant ingénument à un baiser, s'abandonnant quelques instants dans une salle de bain, brûlant de détermination au milieu de son bankai... Un effet miroir dangereux et envoûtant, reflet d'un lui-même autre, d'un possible qui n'aurait jamais lieu, d'une liberté et d'une force différente de la sienne mais saisissante et enivrante… Byakuya secoua légèrement la tête comme pour en chasser les audacieuses visions et reprit une gorgée de l'alcool doux et chaud avant de déclarer :

- Je ne peux être ce que je veux, je dois être ce qu'on attend de moi.

- Qui est ? demanda plus calmement le shinigami remplaçant avant de vider à son tour son verre

- Je suis censé incarner les valeurs de ma division.

- Et qui sont ?

- Noblesse, pureté et rationalité.

- …

- …

- 'Tain, t'en n'as pas marre de toutes ces conneries ?

Ichigo avait lâché ses derniers mots avec une complète spontanéité mais sans violence. Il en avait juste marre de voir que le capitaine se verrouillait sur des positions aussi drastiques et fausses. Enfin non pas fausses ou erronées, mais limitées et limitantes. Il y avait quelque chose de brûlant en Byakuya, ça Ichigo en était convaincu : l'homme qu'il avait affronté était enflammé, un feu peut-être froid de l'extérieur mais pourtant vibrant de passion ; tout comme l'homme avec qui il avait ses conversations si agréables sur des choses variées ; tout comme l'homme qui était tombé éperdument amoureux d'une jeune fille du Rukongai et qui avait pleuré son deuil depuis de si longue années ; tout comme cet homme qui lui avait pris son premier baiser ; et celui qui pouvait le pousser dans de terribles colères ; ou encore l'affronter en duel pendant de longues heures avec toujours autant de d'efficacité. En fait Byakuya était terriblement noble dans sa manière d'être et de faire, infiniment plus que la plupart de ceux qui se revendiquaient de cette caste. Il était naturellement noble alors pourquoi apporter des fioritures inutiles et vaines qui le desservaient plus qu'elles ne le mettaient en valeur ?

Byakuya quant à lui tremblait intérieurement : il venait de comprendre une pièce maîtresse de l'attirance qu'il ressentait envers le jeune homme… En fait la pureté qui guidait les actions d'Ichigo était la réelle noblesse telle qu'il l'entendait. Pas besoin de titre, de naissance, de clan, ce qui comptait était l'adéquation entre ce que dictait le cœur en justesse et les actions qui en découlaient. C'était déjà cela qu'il avait saisi chez Hisana : cette noblesse de cœur, toute en sincérité ; c'était cela qui l'avait poussé à défier les siens pour l'épouser ; c'était ça qu'il reprochait à son clan et c'était pour cela qu'il était capable de se battre. Le désir dans le juste ne pouvait porter préjudice. La vraie noblesse se situait là et c'était là que lui tombait. Quand il laissait ses désirs personnels et justifiés prendre le pas sur l'intérêt du commun et des règles. Quand il cherchait à atteindre cette noblesse de nature. Et c'était là son plus grand reproche à son encontre…

Et ce désir si impérieux qu'il avait eu tout à l'heure en découvrant son reflet si déterminé au milieu de cette floraison mortelle, c'était cette pure noblesse, ce rêve et cet idéal qu'il s'était fixé à atteindre. L'incarnation même de la noblesse, des valeurs de sa division si chères à son cœur. Ce qu'il désirait et convoitait était cette grandeur, cette beauté, cette pureté. Jamais Byakuya ne se serait cru capable de la retrouver dans un simple gamin humain. Oui, Ichigo pouvait parfois être indélicat dans ses propos ou dans sa manière de s'adresser aux gens mais il n'en restait pas moins pur et honnête dans ses démarches.

- Tu ne peux comprendre, finit par souffler le noble, terrassé par sa découverte. Comment expliquer ce qu'est la noblesse à quelqu'un qui l'incarne naturellement sans s'en rendre compte et qui lui semble être une évidence universelle ?

- Ouais t'as raison, mais j'aimerais bien savoir ce que tu te reproches à la fin, ajouta un peu dépité par ses réflexions le jeune homme. Tu cours après quelque chose que tu possèdes déjà et que tu ne peux pas voir car c'est une évidence naturelle que rien ne te reflète autour de toi…

S'ils avaient su combien leurs pensées étaient proches à ce moment-là et combien leurs sentiments étaient réels, simples et honnêtes ; ils avaient déjà la réponse à leur question et cette conversation n'avait plus lieu d'être. Mais les hommes sont aveugles à ce qui se tient sous leur yeux et ils ne pouvaient à cet instant voir ô combien leur esprit était un miroir de l'autre. Mais ce que leur esprit ne pouvait montrer, leur corps pouvait y palier. L'effet miroir allait enfin révéler la vérité, enfin s'ils arrivaient à dépasser le jeu des apparences… Mais l'heure était encore aux mots. Et Ichigo reprit finalement le cours de la conversation :

- A la fin, je me demande qui te met réellement la grosse pression de ta famille ou de toi-même. En fait, tu me rappelles les œufs de mon bento…

- Comment ça ? demanda le capitaine en plissant les yeux, intrigué par les étranges paroles

- Ben ouais, Yuzu les mets dans des moules pour qu'ils soient jolis, mais ça reste des œufs ; et les œufs c'est très bien comme c'est à la base. En outre ça change pas leur goût : ça lui fait juste du travail en plus et perdre du temps. Pour ceux qui s'attachent à ce qu'ils voient, en effet il peut y avoir un intérêt. Mais moi quand j'ai faim, je mange et puis voilà… Si j'aime les œufs, je les aime tels qu'ils sont, au naturel sans artifice ; pas besoin de chercher à les améliorer pour faire plaisir aux autres... Et moi, j'aime les œufs.

Ichigo venait sans s'en rendre compte de faire une véritable déclaration au noble. Chaque mot avait su touché son cœur, car le capitaine avait très bien su lire, au travers de la candeur et de la toute relative simplicité de l'image du roux, la sincérité de ses mots et de ses sentiments. C'était trop. Ce qu'il avait craint était arrivé, son désir avait triomphé, ces dernières paroles avaient fini de l'ébranler, il venait de chuter et il allait emmener le jeune homme avec lui. Il n'avait plus le choix, ce n'était pas possible autrement : Byakuya Kuchiki venait redécouvrir la passion pour la beauté. Et son cœur tapa indubitablement plus fort alors qu'il campait un regard indéchiffrable dans celui du shinigami remplaçant. Ichigo soutint l'échange, il comprenait que quelque chose d'important se déroulait mais il n'arrivait pas à saisir la réalité et la profondeur du chamboulement que ces dernières paroles avaient provoqué chez le noble, dont les traits restaient comme à son habitude parfaitement impassibles. Le capitaine sans relâcher l'emprise qu'il avait sur le regard du jeune homme finit par déclarer sans préavis d'une voix posée :

- Kurosaki Ichigo, tu as défait ma lame, briser mes croyance, libérer mon âme et terrasser mon cœur…

- Heuu et ça veut dire ?...

- Ce que ça veut dire.

Et soudain, le capitaine se déplaça légèrement dans sa direction, le forçant d'une main ferme mais douce à reposer la coupe vide que le jeune homme tenait, avant de refermer avec la même détermination trois doigt sur le menton du shinigami remplaçant et d'attirer à lui son visage pour l'embrasser avec tout le feu que le jeune homme avait réveillé dans le cœur du noble.

C'était très doux mais aussi très ferme, c'était un baiser qui ne souffrirait d'être dédaigner, sûr de lui et de son bon droit. C'était fort, c'était mené, c'était décidé et pourtant cela restait tout en tendresse et en délicatesse, en un mot c'était un noble baiser…

Ichigo fut entièrement dominé par ce baiser, il ne pouvait s'y soustraire ou s'y refuser, car cela était impossible et surtout il n'en avait vraiment mais alors vraiment pas envie. Mazette, si son premier s'était contenté d'être un effleurement, le suivant avait été donné en bonne et due forme et que le troisième avait été à sa charge, celui-là envoyait loin aux oubliettes tout ce que le jeune homme avait connu précédemment.

Il ne sut jamais comment et à quel moment il s'était mis à y répondre mais au fur et à mesure que les sensations montaient, nouvelles et plus fortes que jamais, une idée plus proche du sentiment que d'une pensée réellement construite éclot dans son esprit : oui, si le premier baiser que lui avait pris le capitaine ne voulait rien dire à part "j'en sui cap'", que deuxième était juste une manière de lui montrer que "ce Kuchiki veut, Kuchiki l'a", que le troisième était juste un caprice "j'chui bourré, j'en profite", celui-là par contre ne pouvait signifier que "je te veux" et pire "je t'ai"…

Ichigo fut vaincu avant même d'avoir ouvert les hostilités, car il ne se débattrait pas, il ne se rebifferait pas à cette muette déclaration, il s'y adonnerait tout entier car son cœur qui s'était affolé depuis le début de la gourmandise, avait fini par atteindre un rythme assourdissant battant l'hallali de ses doutes. Oui, il ressentait véritablement quelque chose pour cet homme, et oui, cet homme ressentait véritablement quelque chose pour lui…

Alors comme on tire le voile sur les troubles d'un ciel d'orage, Ichigo ferma définitivement les yeux et se laissa chavirer dans un monde de sensations douces, chaudes et étrangement enivrantes ; et finit par couronner la victoire du noble par le plus beau des trophées, celui de ses deux bras se refermant sur le cou de l'homme qui le tenait implacablement par les sens et par le cœur….

Byakuya, qui avait cueillit sans la moindre hésitation les lèvres qui auraient dû être les siennes et qui pour l'instant l'unissaient à un être tout autre, avait suivi toutes les réactions du shinigami remplaçant : car bien que son baiser était ferme dans sa prise, il n'en restait pas moins doux et à l'écoute, suivant la découverte et la compréhension de ces derniers mots dans l'esprit et surtout dans le cœur du roux. Il aurait pu s'en amuser avant, quand il restait une part de jeu dans ces premiers échanges déplacés ; mais là, l'heure était aux réponses et les réponses ne tardèrent point. D'abord ce fut une langue qui une fois la stupéfaction passée avait fini par retrouver le chemin et la danse qu'elle avait appris lors des brèves répétitions qui les avaient conduits inexorablement à cette première magistrale ; puis ce fut la palpitation d'un cœur qui bat une chamade à tout rompre, l'orchestre des sentiments, le grand tambour de la compréhension, de l'éprouvé naissant ; suivi par le baisser du rideau des paupières car ce qui suit ne peut appartenir au public et aucun regard ne peut se poser sur les sentiments qui se révèlent ; et enfin, le bouquet final, l'intime consécration dans les coulisses d'un amour éclatant, l'étreinte de l'abandon, le collier royal de deux mains qui se referment et se raccrochent à ce qui est devenu leur unique monde, jointes en une prière pour que l'instant dure toujours. Byakuya avait triomphé car même s'il venait de chuter, il ne tombait pas seul.

Alors à son tour, il céda complètement à l'empire des sens et ils ne surent jamais combien de temps ce si parfait baiser avait duré. Mais toute chose a une fin, même les meilleures et le ballet devait lui aussi s'achever. Alors chacun reflua vers ses loges personnelles et referma la porte de ses lèvres doucement comme avec les dernières notes pianissimo d'une très belle symphonie qui accompagne le retour progressif des musiciens à la réalité de la salle.

Pourtant même quand l'échange fut terminé, les deux shinigami ne rouvrirent pas les yeux et ne se dégagèrent pas de leur position, restant trop proche et pas assez. Car s'il faut suivre un certain chemin pour tomber convenablement, il faut aussi en respecter un pour être sûr de bien atteindre le fond sans heurt, en douceur, comme tombent au fond de la mer les perles, au ralentit et en silence, soulevant à peine un léger nuage de sable en touchant le fond calme des océans. Il leur fallait maintenant s'apprivoiser et accepter ce que les mots et les corps venant de confesser.

Ce fut pourtant Byakuya qui donna le premier signe de mouvement, en venant caresser du bout des doigts les cheveux trop longs pour appartenir au shinigami remplaçant. Ichigo au doux contact finit par réagir et à la surprise du capitaine, se dégagea souplement pour mieux revenir s'alanguir dans une position de repos contre le corps du noble, laissant sa tête se poser sur les cuisses du noble toujours en seiza, alors que son dos goûtait à la fraîcheur du bois de l'engawa. Bien que la pose n'avait rien de conventionnelle et faisait montre d'une certaine lascivité, Byakuya le laissa faire. Il avait rendu les armes, il était tombé, alors plus rien maintenant ne viendrait à sa critique. Sa crainte était fondée mais Ichigo ne savait pas encore ce que signifiait faire chuter Byakuya Kuchiki, ni les conséquences extraordinaires qui en découlaient.

Si un petit œil extérieur était tombé sur la scène à ce moment-là, il aurait été bien surpris par l'étrange tableau : un "Ichigo" embrassant du regard un jardin baigné de pénombres nocturnes et le visage serein d'un "Byakuya" à peine illuminé par la lune s'abandonnant, trop indolent pour être le glacial capitaine de la sixième division, contre un corps, trop sérieux pour être le jeune humain remuant que l'on connaissait ; un "Ichigo" qui paissait distraitement une main dans les cheveux d'un "Byakuya" qui semblait apprécier la diffuse caresse.

Chacun goûtait le calme et le silence qui régnait et nul n'avait envie de le troubler : il y avait eu trop de bruits et de discordes entre eux ces derniers jours pour que la trêve offerte soit dérangée. Mais pourtant, déjà certaines questions revenaient à la surface de l'esprit du jeune shinigami remplaçant. Il finit alors par reprendre la parole mais sans bouger et sa voix était très posée :

- Tu vois je t'avais bien dit qu'il y avait du positif dans notre absurde situation. J'ai appris beaucoup, j'ai appris sur toi mais j'ai aussi appris sur moi. Oui, j'ai peut-être compris aussi certaines choses sur moi-même, sur ce que voulait dire être soi-même, être vu pour ce que l'on est et non tel que l'on peut paraître.

Etre et paraître. A ces mots le capitaine se laissa complètement aller contre la paroi de bois, comme si une soudaine tension venait de le quitter. Oui, Byakuya avait enfin toutes les pièces du puzzle sous les yeux. Tous ces jours, à qui en voulait-il vraiment ? Derrière des prétextes fallacieux, qui cherchait-il à blesser, à repousser ? Et cet étrange pacte avec son hollow intérieur qui d'ailleurs n'avait pas donné signe de vie depuis quelques jours ?

A quel Byakuya en voulait-il ? A l'homme qu'il était ou à celui qu'il ne serait jamais, celui que lui montrait Ichigo, celui qui vivait simplement selon les lois qu'il trouvait justes, se battant contre celles qui lui semblait absurdes ? Tout avait commencé avec ce serment stupide et ce stupide défi… Mais si au début le capitaine s'était laissé abuser par l'effet miroir, il ne fallait pas qu'il perde vu qu'Ichigo lui avait offert une image imparfaite de lui-même ; car c'était bien le jeune homme qu'il voyait derrière ce reflet illusoire, ce miroir déformant. Et pourtant, il en était arrivé là.

Alors quoi ? Etrangement, c'était quand l'effet miroir disparaissait, alors que la pénombre grandissait, que les deux shinigami avaient commencé leur petit jeu dangereux, alors même que Byakuya ne se faisait plus face. S'insupportait-il à se point là lui-même ? Devait-il apprendre à ce voir tel quel pour mieux se voir différent ?

D'accord, Byakuya se rendait soudain compte que ce n'était pas à Ichigo qu'il en voulait mais à l'image qu'il lui renvoyait de lui-même : c'était à lui et à lui seul. Mais qui était ce lui-même qui lui faisait face ? Le jeune homme n'était pas un succédané de son être : il était lui, un gamin bruyant, un gamin énervant, un gamin avec un potentiel énorme et un gamin qui avait su touché son cœur et s'y infiltrer par toutes ses faiblesses et toutes ses forces…

- Ichigo, que m'as-tu fait, soupira le capitaine

- Je ne sais pas mais j'en suis désolé ! lança mi-rieur mi-assoupi le roux. En tout cas, toi je sais ce que tu m'as fait… tu m'as soulé à mort ! T'avais tout prévu hein ! Comme à ton habitude…

- Je t'avais prévenu, mon corps a sa résistance mais pas ton esprit.

- C'est pas juste, toi dans le mien et t'es net, tandis que moi, je me sens… tout pompette quoi ! Pourtant, d'habitude je tiens bien les bières avec les gars…

- Tu ne peux plus bouger ?

- Hein ? Mais si ! C'est juste que c'est le monde qui bouge surtout… enfin un petit peu !

- Hnnn…

- Tu ne me crois pas et ça, c'est pas une preuve ? lança le jeune homme avant de se redresser d'un coup et de déposer ses deux lèvres sur celles surprises du capitaine

Cette fois-ci, Ichigo eut sa revanche et après s'être convenablement accroché au noble au cas où le monde se mettrait à danser plus fortement, il se mit en devoir de partir à la conquête du capitaine. La douce saveur du saké fin se cueillait sur leurs lèvres, sur leur langue, sur leur souffle et Ichigo s'enhardit de la situation. Il avait à moitié escaladé le brun et s'agrippait aux pans de son kimono d'intérieur désordonnant nonchalamment la tenue du noble. Byakuya tout d'abord surprit de ce renversement de situation, se laissa finalement porter par le doux échange oubliant l'incongruité de leur position ; car Ichigo, las de ne pouvoir se caler comme il fallait, décida tout simplement de s'assoir sur son agréable vis-à-vis laissant ainsi leur deux corps se rencontrer pleinement. Si la nouvelle position gagnait en indécence, elle offrait aussi un plus grand confort et finalement les dernières réticences du noble partir à vau-l'eau avec ses convenances. Et ce fut à son tour de refermer l'enclave de ses bras sur la nuque fine et blanche qui aurait dû être la sienne.

Petit à petit le baiser prit une autre tournure, tout à fait nouvelle cette fois-ci. Une exploration jusqu'alors inédite débuta : celle de mains commençant à unir leur douce attention à la volupté du baiser. L'alcool aidant, Ichigo était devenu un peu plus entreprenant ; car c'était lui qui avait ouvert la route aux caresses et aux légers effleurements qui commençaient à parcourir timidement la nuque et le dos du capitaine. Oh, c'était très prude, très légers, très vague. Mais quand Byakuya s'y joignit à son tour, donnant indirectement la bonne marche à suivre – le rythme et les limites – eh bien, le jeune homme se lança un peu plus.

Juste un doigt qui glisse le long de la jugulaire, finissant par rencontrer une clavicule avant de dévier définitivement sur le bord du tissu. De la pulpe des doigts, un effleurement à peine maintenu sur tout le parcours d'une tempe à la mâchoire. Puis une main qui vient innocemment se lover dans le creux des reins, accrochant les plis de l'étoffe. Et encore une main qui cette fois par une paume audacieuse décide d'épouser un menton et le pouce en bon capitaine part explorer en solitaire l'ourlet d'une lèvre une fois le baiser rompu.

Mais voilà, tout cela devient un petit peu insuffisant et un regard en croise un autre avant de décider qu'il est grand temps de retourner partager le même souffle. Et les survoles deviennent des frôlements plus appuyés et enfin des contacts pleins tandis que le jeu du baiser change encore un peu et se décline en une version plus fébrile. Ichigo se laissait réenivrer comme lorsqu'il avait osé prendre un baiser au capitaine le soir de la fête à la onzième division et déjà, il ressentait que cela aurait dû lui paraître déplacé car ils étaient deux hommes. Pourtant rien dans la douceur du noble n'arrivait à le rebuter.

Quant à Byakuya, il était tombé mais il savait qu'il pouvait encore glisser sur une autre pente et que celle-ci était infiniment plus dangereuse et tout aussi irrévocable. Mais les caresses subtils du jeune homme finirent de l'étourdir à son tour et un frisson électrique marqua l'inclinaison de sa prochaine chute, alors que par pur hasard, le jeune homme venait d'effleurer de sa joue la peau mise à jour par l'entrebâillement agrandi du col de son vis-à-vis. Les deux hommes se suspendirent un instant à cette réaction si forte de la rencontre de leur deux peaux, avant d'échanger un regard bref mais chargé d'une nouvelle intensité.

Cette fois Byakuya reprit les devant et laissa ses lèvres parcourir très légèrement la joue du jeune homme suivi par son souffle tiède pour finir par se déposer dans le cou satiné et picorer la peau opaline. Par instinct, Ichigo inclina la tête afin d'offrir une cueillette plus aisée aux butineuses tendres. Les mains du jeune homme, oubliées dans les nouvelles sensations, avaient fini leur course aux flancs du capitaine et vinrent subtilement les enserrer de plus en plus fortement. Les deux corps se murent alors dans un même élan cherchant toujours à combler un peu plus la distance qui les séparait. Une chaleur inexorable venait de prendre place dans le creux de leurs reins et les deux shinigami finirent par mouler leur buste et leur ventre dans un même sursaut.

Ichigo avait un tout autre tournis maintenant, quelque chose venait de s'allumer en lui et déjà il sentait que cet incendie-ci quémandait plus. Byakuya retrouvait des sensations depuis si longtemps oubliées, cette pression d'un corps affamé désireux d'un contact toujours plus important et sans s'en rendre compte, il finit par goûter la peau offerte à ses lèvres, du bout des dents, puis de la langue. C'étant étrange car après tout c'était sa propre saveur et pourtant il ne trouvait rien de révoltant à ce parfum. Au contraire, c'était agréable contrairement à l'idée que cela aurait dû éveiller. Le capitaine en voulut plus, juste un peu plus pour commencer alors il entreprit de dénuder une épaule et partit l'explorer, déposant ça et là des lèvres, parfois les dents, parfois des petits coups de langue.

Le corps d'Ichigo ne restait pas insensible à ce traitement : la tension, qui le poussait à se cambrer et à se tendre de plus en plus, et ses mains qui formaient un étau puissant sur le corps du noble étaient les meilleurs témoins de la réussite du capitaine. Ce dernier finit par rebrousser chemin et à porter les mêmes attentions à la clavicule offerte. Et la sa victoire fut complète lorsqu'un long frisson parcourut délicieusement le corps sous ses doigts avant d'être ponctuer par un petit gémissement échappé, à peine un souffle plus fortement exprimé.

Le noble sentait le jeune homme succomber et se laisser emporter par les nouvelles sensations et la sensualité ambiante. Ichigo se rendait-il vraiment compte de la tournure que prenaient les événements. Il avait voulu parler, ils avaient échangé, ils avaient essayé et ils étaient passés sur la pente suivante sans plus de paroles, sans plus de serment, sans plus de mots. Sans doute allaient-ils un peu vite, mais là tout de suite, seulement le langage de leur corps comptait et seulement lui pouvait exprimer ce qui les liait.

Ils le voulaient, ils en avaient envie, ils en avaient besoin, furieusement. La tendresse, la caresse aimante, la proximité d'un autre corps chaud et lové, entièrement dédié au plaisir charnel et apaisant d'un être capable de leur apporter de quoi combler le vide qu'avaient laissé derrière eux les terribles deuils dont ils avaient souffert. Alors, Byakuya suspendit ses attentions attendant que le jeune homme reprenne un instant pied et lui confirme leur folie. Se sentant délaissé, Ichigo rouvrit les yeux et planta son regard dans celui du noble : il y vit une lueur indéfinissable et hésita une seconde. Mais la délicatesse dont faisait preuve le capitaine jusqu'à présent acheva de le décider. Après tout il n'était pas lui-même et l'alcool maintenait un voile suffisant pour laisser libre cours à son désir, pouvant ainsi céder plus facilement à l'appel des sens. Ce n'était pas une erreur, c'était une chance…

Alors dans un muet assentiment, le shinigami remplaçant reprit les lèvres qui lui faisaient face et transmit avec une fougue nouvelle le plaisir et l'érotisme qui naissaient de leur jeu. Il n'en fallut pas plus pour plonger le capitaine sur la dernière pente. Et après avoir goûté un bon moment à la détermination du plus jeune, il se mit en devoir de s'atteler à un point particulièrement sensible, à la jonction de la mâchoire dans la peau tendre de l'oreille. Et l'effet fut immédiat, nouveau frisson et nouveau gémissement un peu plus avoué cette fois-ci. Fort de ses résultat, le noble décida de continuer son exploration sur l'autre épaule délaissée, mais cette fois-ci, il dénudait la peau du bout du nez juste assez pour pouvoir avancer toujours un peu plus et prendre son dû dans la foulée. Et Ichigo laissait la dette se faire recouvrir comme il le fallait.

Tout était lenteur et suavité, un érotisme extrême de deux êtres prenant tout leur temps, sans brusquerie, sans précipitation ni crainte. Le temps lui-même avait été aboli tant que durerait ses si plaisantes attentions. Ils ne s'abordaient pas comme ils l'auraient fait avec une femme, car ce n'étaient pas des corps de femmes, mais bien ceux d'hommes, aux muscles dessinés, à la taille plus épanouie, aux poitrines plates. Bien que le capitaine était fin et même assez féminin dans certains de ces traits, il restait viril et justement leur virilité mutuelle commençaient sérieusement à se faire sentir – surtout que la pose les y aidaient particulièrement. Mais comme s'il y avait déjà suffisamment à faire, ils ne tinrent pas compte de cette nouvelle réaction et cela soulagea sûrement pour un petit moment leur conscience embrumée par le désir, l'alcool et la fatigue.

Le kimono d'Ichigo avait déjà bien chuté de ses épaules, découvrant largement la poitrine glabre se laissant dévorer de toute part soit par des lèvres mutines, soit par des doigts agiles et autres délicieuses tortures. Comme mû par un désir nouveau, celui de s'essayer à son tour aux douces attentions – à moins que ce ne soit pour tenter d'apaiser l'appétit grandissant dans ses reins, le jeune homme stoppa la progression du capitaine et prit à son tour les choses en main.

Entre ses légères hésitations et sa retenue, le toucher de ses doigts procuraient des sensations inédites au capitaine alors que le shinigami remplaçant s'attelait à finir de découvrir ce que son installation audacieuse à califourchon avait semé comme pagaille dans vêtement du noble. Petit à petit, de la pulpe des doigts en légers contact, ce furent enfin des pleines paumes épousant, moulant, embrassant, suivant la saillie des muscles, des courbes, des lignes. Et puis, ce fut autour d'une bouche gourmande mais point empressée de couver cette peau élastique et tonique, celle de sa propre jeunesse.

Les deux shinigami se laissèrent ainsi se découvrir, s'écouter et s'accorder : non plus par les lames ou par les mots ; mais par un langage muet et intime, le leur en temps normal, connu d'eux seul et pourtant aujourd'hui faussement échangé : ils s'apprenaient mutuellement en s'apprenant personnellement (vive la complexité de l'effet miroir ! =_="). Mais encore une fois un grade dans le désir passa quand leurs deux peaux enfin libérées se rencontrèrent pleinement. Un frisson profond les parcourut à l'unisson attisant encore leur descente dans les affres de la luxure.

Byakuya ne tint plus, il avait de l'expérience dans le charnel et comme tel il ne pouvait souffrir plus longtemps, surtout qu'il se retrouvait dans un corps juvénile entièrement soumis à l'hypersensibilité des premières découvertes. Alors par un tour de maître, il finit par reprendre la danse et avant qu'Ichigo ait compris comment, le jeune homme se retrouva cambré en arrière, la tête rejetée, les deux mains dans le dos retenues par une du noble alors que l'autre caressait entièrement la gorge offerte ostentatoirement et que les lèvres expertes du capitaine s'adonnaient à la dégustation des abdominaux du plus jeune. Il était impossible au shinigami remplaçant de résister à ça et la tension sensuelle à son comble le poussa à libérer un gémissement parfaitement audible et sans aucune retenue. Il en vint même à se cambrer totalement provoquant ainsi la fatidique rencontre de leur bassin…

Trop, c'était le coup de grâce. La charge du désir était à son paroxysme et le baiser qu'ils échangèrent alors fut un fou mélange de fougue et de passion comme jamais atteintes. Pour le coup, ils ne pourraient plus nier l'évidente présence de leur virilité parfaitement réveillée. L'air du dehors était plus que frais mais l'embrasement des deux shinigami leur en épargnait la morsure sur leur peau exposée. Il fallut toute sa maîtrise pour permettre au noble de cesser l'impérieux échange et de se relever. Il tendit une main au jeune homme encore soufflé par ses sensations. Ichigo contempla cette invitation : s'il l'acceptait il ne pourrait plus faire marche arrière. Se devait-il de reprendre ses esprits maintenant ou bien de s'abandonner à la luxure ?

Encore imprégné de l'érotisme précédent, Ichigo saisit cette main et se laissa conduire dans la chambre. Le shoji se referma silencieusement sur la quasi-obscurité de la pièce et sur ce qui allait advenir. Finalement, Ichigo avait reçues des réponses imparfaites ce soir mais leurs corps eux avaient parlé, témoigné. Et alors que le capitaine commençait à le dévêtir délicatement mais avec détermination, le shinigami remplaçant faisait rapidement le point sur sa situation : c'était un homme qui lui avait pris son premier baiser, qui l'avait éveillé à la sensualité et qui allait encore prendre plus… mais pire que tout, cet homme se trouvait à l'heure actuelle être dans son propre corps, être une grande part de lui-même… C'était dans le stupre qu'il s'apprêtait à se donner. En même temps, ce n'était pas comme si son corps était réellement sa propriété ses derniers temps : Kon le squattait pas mal et sa perversité le faisait profiter des sorties d'Ichigo d'une manière éhontée. [1]

Et puis, au point où il en était… Sans parler que cela ne semblait pas déranger le noble plus que ça, surtout que Byakuya l'avait enfin reconnu pour ce qu'il était. Ca il en était sûr : le noble n'était pas en train de jouer, de le confondre ou de remplacer son épouse. A cette évocation, Ichigo ne put s'empêcher de se demander si c'était la première fois que le capitaine s'adonnait à ces plaisirs depuis la mort de sa femme. Mais déjà les mains agiles qui parcouraient allègrement son corps de plus en plus exposé le faisaient chavirer bien loin de ses considérations.

Soudainement rappelé à la réalité du moment, le jeune homme se reprit et se remit à l'unisson avec le noble. Il commença à son tour à débarrasser le capitaine de tous vêtements superflus et dans un silence à peine troubler par leur respiration courte, ils finirent par se retrouver enlacés, peau à peau, leur nudité effacée par la présence de l'autre. Alors s'en trop savoir comment, ils finirent par rejoindre le futon avant de se laisser choir dedans.

Byakuya prit le jeune homme dans ses bras le faisant rouler sur lui et le serrant contre son cœur avec une douce conviction. Ichigo sentait pour la énième fois son cœur s'emballer. Est-ce qu'il avait bien compris ce qui allait se passer ? Alors que le roux essayait de relever la tête, son corps plaqué tout contre celui Byakuya et son menton reposant sur sa poitrine, il sentit deux doigts attraper ce dernier et l'accompagner dans son geste ; le capitaine le portait littéralement à ses lèvres et recommençait à le goûter.

Le baiser était d'une ferveur incroyable, doux et sûr, d'un très grand abandon de part et d'autre, sans rien de précipité ou de combatif, juste un vrai baiser d'amour… Un de ceux qui remplacent tous les mots du monde, un qui ouvre à lui seul la porte du cœur et celle de la félicité. Et c'est ainsi que dans une langueur particulière, ils commencèrent à se découvrir complètement.

Et là, il se passait quoi ? Comment justifier ces effleurements de plus en plus précis, ces touchers de plus en plus déterminés, ces frissons de plus en plus forts et cette envie de plus en plus intense ? Ichigo basculait dans un monde fait de sens et dans lequel passaient, planantes, quelques bribes de conscience. C'était un homme et il le touchait. C'était un homme et il le caressait. C'était un homme et il trouvait ça bon.

Les deux shinigami n'avaient toujours pas céder à l'impatiente qui gâte tout, mais continuaient leurs caresses de plus en plus osées avec le même atermoiement, leurs baisers multiples avaient repris, se déposant au grès de l'envie. Chacun se touchait pour toucher l'autre, toucher au corps pour toucher au cœur. Crier que non il ne fallait se fier aux apparences, d'ailleurs, ils ne faisaient rien de si répréhensibles. Peut-être parce que c'étaient des hommes, c'était plus dur, mais parce que c'étaient des hommes, c'était aussi plus facile. Il n'y avait pas la peur d'un corps aux formes inconnues, là ils savaient tous deux où et comment s'y prendre pour faire trembler l'autre.

Pire ils savaient exactement comment procéder car c'était leur propre corps qu'ils pétrissaient, couvaient et contentaient. Et parce que c'était leur propre corps, c'était horriblement déplacé ; mais parce que c'était leur propre corps, c'était terriblement meilleur. Après tout ils avaient une conscience aigüe de leur sensibilité et ils en jouaient parfaitement : les soupirs et les gémissements contenus qui s'élevaient de plus en plus dans la grande chambre sombre en étaient leur témoin. La mémoire du corps, c'était bien ce qu'Urahara avait dit ? Leurs chairs avaient gardé souvenir de leur réceptivité et réagissaient indépendamment de l'actuel esprit qui les habitait… Oui, après tout en fermant les yeux très forts, ce qu'ils caressaient n'était que leur propre corps, il n'y avait donc rien de mal, à part que les sensations qu'il ressentait n'étaient pas les leurs ; mais elles n'en étaient pas pour le moins atténuées, au contraire même une certaine forme d'exaltation à cette nouveauté si bien conduite par l'autre les amenaient à atteindre une forme d'extase particulière.

Car oui, tout dans le refuge de la chambre était devenu délice : délice que leurs soupirs signifiaient, délice que de faire soupirer l'autre, délice que de sentir monter petit à petit le plaisir, délice de se sentir ainsi cajoler, délice que de souffrir d'attentions tendres et appliquées, délice d'être avec un être capable de faire battre votre cœur un peu plus fort pour une raison obscure et intouchable, délice encore et encore.

Et alors que leurs mains travaillaient à les conduire dans les affres du plaisir, quelques pensées parvenaient quand même à faire surface. Ichigo sentait un soulagement étrange : il ne s'était pas trompé sur le compte du noble. Etait-ce cela la félicité ? Le capitaine n'avait plus rien à voir avec ce que l'on connaissait de lui : envolée la froideur, éclipsée la colère, effacée la rancune, oubliée la souffrance, terminée la haine… Il ne restait plus qu'un cocon protecteur, une préciosité dans les gestes, sans empressement, savourant tout ce qui lui était donné de trouver, un giron chaud où se lover, un homme qui mettait sa maîtrise et ses connaissances au service de l'autre, protégeant étrangement de son être la fragilité et la candeur, comme si c'était les choses les plus précieuses et les plus belles qui soient.

Comment un tel revirement pouvait avoir eu lieu ? A quel point le capitaine se forçait-il à prendre cette attitude glaciale ? Le feu qui couvait en son sein était-il vraiment ignoré de tous ? Dans ce cas, Ichigo était infiniment privilégié et souhaitait se montrer digne de cet honneur. Alors avec encore plus d'application, il enlaça le corps contre lui et essaya de lui passer ses ressentis, son respect et son amour – si cette étrange inclinaison en était bien…

De son côté, Byakuya se laissa à retrouver des gestes depuis trop longtemps enfuis et des émotions qu'il croyait avoir perdues à tout jamais. Il se rendait parfaitement compte de la folie qu'il commettait mais il savait ce que son désir pouvait l'amener à faire : après une femme du Rukongai, d'un des pires districts qui soient histoire que l'opprobre soit total, il avait fallu qu'il s'entiche d'un homme, d'un humain, d'un vivant… Mais à ce moment-là, il ne regrettait rien, Ichigo était parfait et pour une fois il n'avait pas commis une seule fausse note ! A croire que cette chambre seule pouvait être l'écrin de leur secret, le seul endroit où chacun se révélait dans ce qu'il avait de meilleur pour l'autre.

Mais le moment n'était plus à ces réflexions qui venaient d'être définitivement balayé avec la dernière montée en puissance de leur plaisir. Et même si la situation était parfaitement absurde et les conduisait à commettre horreur sur folie, cela en valait la peine. C'était une rencontre rare, unique et impossible. S'embrasser soi-même, s'embrasser un autre, ne plus faire qu'un malgré les apparences et grâce aux apparences, ressentir exactement ce que l'autre aurait dû connaître. C'était vraiment n'importe quoi et c'était terriblement bon.

Enfin l'extase par leurs mains habiles fut atteinte et Ichigo terrassé le premier finit par emmener avec lui un Byakuya qui n'en pouvait plus non plus de résister. Ils n'avaient plus prononcé une seule parole depuis ce qui leur semblait l'éternité de leur déclaration et c'était bien. Ils n'en avaient pas vraiment besoin et n'en avaient jamais vraiment eu nécessité : leur lame avait déjà parlé pour eux ainsi que leur regard aussi auparavant, fierté éclatante contre désir sombre… [2] Alors ils se laissèrent aller à l'indolence qui suit la jouissance, l'un contre l'autre, laissant leur cœur retrouvé un rythme normal, leur souffle s'apaiser, la somnolence les saisir. En fin de compte, Ichigo qui avait été épuisé par tous les derniers évènements et retournements de situation dans sa vie, finit par s'assoupir comme il ne l'avait plus connu depuis longtemps, calé et protégé l'espace d'un moment dans l'abris que lui offrait la présence du capitaine.

Blotti contre le corps endormi du roux, Byakuya réfléchissait. Une chance pour lui qu'Ichigo ne s'était pas encore rendu compte de sa vengeance. C'est vrai que l'obscurité l'avait aidé et bien qu'ils venaient de se livrer à un pur moment de luxure, le jeune homme n'avait qu'à peine exploré le corps qui lui était offert. Bon celle-là de vengeance, Ichigo l'avait bien cherchée et la méritait plus qu'amplement… Le capitaine respira le parfum de sa propre chevelure alors que corps du jeune homme reposait contre lui. Il avait en effet par contre peut-être poussé le bouchon un peu loin avec sa mesquine provocation du jour : il avait défié chaque membre présent au déjeuner – soit les meilleurs lieutenants dont certains détenaient le bankai - pour "sa" prochaine venue à la Soul Society… Bon, c'était avant tout ça, alors dans tous les cas il ne pouvait plus rien n'y faire maintenant. Et puis de toute façon, ce n'était pas bien méchant, tout au plus cela ferait un peu d'entraînement pour Ichigo !

[1] Héhé, oui oui bande de pervers, souvenez-vous du chapitre 182 dans le tome 21 au retour du sauvetage de Rukia

[2] Oui, vous ne rêvez pas, c'est bien le titre du chapitre qui clôt l'affrontement de nos deux bishies !

°oo¤OO°o°OO¤oo°

* IMPORTANT * IMPORTANT * IMPORTANT * IMPORTANT * IMPORTANT * IMPORTANT * IMPORTANT * IMPORTANT *

Edit du 19/02/2112 : Après une longue pause forcée pour des raisons importantes de santé, je devais revenir en force à la rentrée scolaire... Mais ce qui est rentré en force dans ma vie, c'est seulement la rentrée : avec un double diplôme et deux stages en plus d'un séminaire de philosophie, j'ai un emploi du temps de dingue (au moins 60 heures/semaine), donc pour moi c'est chaud en ce moment. En plus, le fandom devient de plus en plus navrant et l'absence de courtoisie et de bon goût des lecteurs me laissent pantoise et plus que démotivée -sans parler des bugs incessants de FFnet. Je finirai, ça c'est sûr (foi de lapin!), surtout que tout est quasiment écrit ; mais il me reste encore quelques détails à peaufiner ET SURTOUT A TROUVER DU TEMPS POUR PUBLIER.

* Fin d'IMPORTANT * Fin d'IMPORTANT *Fin d'IMPORTANT * Fin d'IMPORTANT * Fin d'IMPORTANT * Fin d'IMPORTANT *

Alors, voilà je l'ai fait : oui j'ai osé… Ca me fait tout bizarre : mon premier lemon ! Bon c'est quand même très soft dans la forme, une sorte de gentil lime ; mais dans le fond, je reconnais que pour le coup, on atteint un degré de perversité assez élevé ! C'était d'ailleurs assez chaud à écrire : maintenant reste plus qu'à savoir si c'est assez chaud à lire – ah ! Quel humour pourri je me traîne en ce moment…

Sinon l'originalité tient au fait que c'est un lemon réflexessif – vraiment c'est le cas de le dire, vive l'effet miroir ! – en gros : je couche donc je suis ! Personne ne l'avait encore faite celle-là ! Je ne sais pas ce que ça donne au final, à vous de me le dire ; c'est peut-être nase en fait et vous êtes déçu(e)s…

Au programme pour le prochain chapitre : la bourde ultime de la Fraisounette et là, vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas prévenu ! ^^ ! Sinon pour connaître la réelle vengeance de Bibi-kun qu'il a encore une fois légèrement évoquée à la fin, il va falloir attendre encore un petit peu – humm jouissif, je vous l'assure !

Sinon vous savez ce qui reste à faire pour soutenir le lapin et le motiver à continuer ses élucubrations et sa maltraitance de bishies : ben oui, la p'tite review qui fait tout ! Et le lapin est pas regardant, il prend tout : les petites, les longues, les grosses, les expresses et même les tordues ; alors n'hésiter plus ! Si vous saviez à quel point ça peut faire du bien…

M. Lapin mode "Je ne comprends vraiment pas pourquoi on dit que les lapineries sont des cochonneries… On n'est quand même pas des porcs ! Ah si ? O_o !"

PS : rendez-vous à tous les revieweur/ses sans compte dans mon auto-review du chapitre pour une petite réponse comme d'habitude !

PS 2 "spécial Béli" : je ai retiré ma demande pour le moment mais je la remettrai, ne t'inquiète pas !

Return to Top