Puisque c'est l'usage, ici rien n'est à moi tout à JKR

Un grand merci à Link9 pour les conseils, le titre, la lecture...

bonne lecture je l'espère...


A travers la vitre sale, l'immense château n'était plus qu'une ombre aux contours indistincts. Une vie, un souvenir qui s'éloignaient pour disparaître, le temps d'un soupir, l'espace du battement affolé d'un cœur, d'une larme retenue, puis de milliers d'autres.

La jeune fille regarda la silhouette du château millénaire se fondre dans la nuit.

Dans sa main, une pièce de bois noire, lourde et longue. Elle serra le poing.

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Le professeur, l'air légèrement exaspérée par les murmures enthousiastes, frappa doucement le bureau de sa baguette.

Le silence se fit et elle reprit ses explications s'efforçant de regarder loin de la place vide au premier rang.

Elle passait dans les rangs, corrigeant un mouvement de baguette, une intonation. Elle regarda ses élèves, déconcentrés en fin de journée et se demanda une fois de plus comment ils avaient tous pu obtenir un Effort Exceptionnel à leurs épreuves de l'an passé.

Devant elle un jeune homme roux, faisait tenir sa baguette en équilibre sur son nez, elle soupira silencieusement avant de s'avancer.

« Mr Weasley? » elle se tenait maintenant devant lui, un sourcil haussé.

Il perdit son sourire brusquement et sa baguette tomba au sol, le garçon rougit. Elle retint un nouveau soupir puis une remarque sarcastique et, décidant de laisser cela au maître des potions, s'éloigna.

« Je relève vos travaux dans quelques minutes »

Elle s'assit à son bureau ignorant les murmures, cette fois plaintifs des étudiants.

Minerva observa la classe, à présent vide, avant de plonger sa plume dans l'encre rouge et de poser les yeux sur la copie devant elle.

Elle soupirait devant les maladresses, plissaient les yeux face à une incohérence, haussait parfois un sourcil critique à la lecture des énormités qu'elle rencontrait. Elle poursuivit sa correction, déchiffrant avec peine certains passages où les taches d'encres se multipliaient, où des paragraphes entiers, obscurs, échappaient à sa compréhension.

La cire de la bougie avait depuis longtemps formé une mare devant elle.

Elle s'empara du tas de copies, cherchant machinalement un nom, un nom qu'elle ne trouverait pas. Elle ferma les yeux, ses mains trouvèrent ses tempes, elle inspira lentement et tenta de se concentrer une fois de plus sur les maladroites tournures qui lui faisaient face. Malgré elle ses yeux se posèrent sur l'échiquier posé à l'angle de son bureau.

Les pièces noires détenaient visiblement, pour un joueur quelque peu averti, l'avantage. Elles étaient disposées de part et d'autre du plateau, en un placement finement orchestré, résultat de plusieurs heures de concentration. Les pièces blanches, dont la majeure partie ne figurait plus sur le plateau, présentaient pourtant une défense maîtrisée et dont les failles étaient discrètes.

Minerva se redressa et se dirigea vers la porte, détournant résolument son attention de la partie inachevée.

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La jeune fille serra ses livres contre elle, illusoire barrière face au vent glacial, et pressa son pas. Elle s'enfonça dans les escaliers du métropolitain, où les gens se pressaient, une masse compacte en constant bouleversement. Elle ne ralentit pourtant pas l'allure de sa marche et se faufila, dépassant une poussette, contournant un contrôleur, évitant un enfant qui courait.

Oublieuse de la foule et du bruit.

De longues minutes plus tard, de nouveau à l'air libre, elle inspira profondément avant d'emprunter la longue ruelle qui lui faisait face.

Elle passa l'imposant portail sans un regard pour l'austère devise qui l'ornait, et se dirigea vers l'entrée du bâtiment. Elle traversa la cour encore vide et se dirigea rapidement vers les larges escaliers de pierre que l'on distinguait au fond du couloir.

Elle monta les marches, sans détailler la riche décoration ou les multiples tapisseries. Gravissant la dernière voilée de marche, celles-ci d'un bois sombre semblable aux larges lattes du couloir, elle s'enfonça dans l'étroit corridor qui menait à l'internat et s'arrêta devant la dernière porte de l'étage.

La chambre portait le numéro 22, comme l'indiquait la plaque apposée sur la porte. La jeune fille retira lentement ses gants et ouvrit la porte.

La pièce, dans des tons clairs, était simple, un tapis beige couvrait partiellement le sombre parquet tandis qu'une haute bibliothèque ornait l'un des murs. Le lit que la porte masquait était fait avec soin et sur le bureau, qui faisait face à une petite fenêtre était entassé manuels, cahiers, classeurs et feuilles. Elle se saisit d'une sacoche en cuir, où elle rangea livres, trousse et cahiers avant de sortir rapidement lorsque la sonnerie qui annonçait le début des cours retentit dans tout l'étage.

Elle s'assit près d'une fenêtre, sortant sans un mot papiers et stylos. Elle déposa sa sacoche sur la chaise près d'elle, sachant que la place resterait libre.

Le stylo plume avait entamé un ballet frénétique et la fine écriture couvrait à présent plusieurs feuilles.

L'enseignant qui se tenait devant le tableau, interrompit quelques instants le flot de paroles dont il abreuvait ses élèves depuis bientôt une heure pour poser une question, évidente jugea-t-elle. Le silence se fit, puis quelques propositions se firent entendre, les premières timides, d'autres assurées et pédantes, certaines presque drôles tant elles s'éloignaient de la réponse attendue.

Le professeur, tandis que la réponse souhaitée ne venait pas, s'échauffait et lançait un commentaire méprisant à quelques distraits. La jeune fille baissa la tête vers sa feuille, retraçant distraitement la boucle d'une majuscule.

« Mlle Granger »

Hermione leva la tête à la voix de l'enseignant, serrant doucement son stylo dans sa main. Les trente élèves qui peuplaient la classe d'élite, fierté de ce lycée si sélectif, la fixaient.

Alors que la réponse était inscrite depuis longtemps sur sa feuille, elle regarda le professeur qui attendait et souffla, dans un fragile murmure:

« Je l'ignore Monsieur »

Elle détourna la tête tandis que le cours continuait, sa réponse vérifiée.

Alors que les élèves affluaient quelques heures plus tard vers la cantine, l'écho des conversations résonnant dans les larges couloirs, Hermione se dirigea en silence vers sa chambre, heureuse du calme qui y régnait.

Beaucoup partageaient leur chambre avec un ou deux élèves, toutefois cette année les internes étaient peu nombreux et par un heureux concours de circonstances elle avait eu droit à être seule dans sa chambre.

Elle noua ses cheveux en une tresse lâche, posa quelques livres, en prit d'autres et sortit. La file de la cantine était toujours aussi longue et Hermione contourna les élèves affamés pour se diriger vers une des annexes, un bâtiment qui joignait la serre au gymnase.

Elle poussa la porte sans frapper et pénétra dans la salle.

Sur les quatre murs, de hautes bibliothèques se succédaient, près de la baie vitrée se tenait un long bureau avec deux ordinateurs.

En face d'elle un échiquier.

Pour la première fois de la journée Hermione eut envie de sourire quand elle s'approcha de la table de jeu, détaillant les pièces avec lesquelles elle avait du se familiariser.

Elle sursauta, portant d'un geste vif sa main vers sa poche avant de la laisser retomber excédée de ce réflexe révélateur. Elle se tourna vers la source du bruit et reprit une respiration normale en attendant la porte s'ouvrir, le murmure indistinct d'une conversation lui parvenir.

Un homme pénétra dans la pièce, grand et sec, les cheveux d'un blanc scintillant, il lui adressa un sourire avant de se tourner vers l'homme qui l'accompagnait.

« Mlle granger, je vous présente Mr Raul, éminent spécialiste du Jeu, est le directeur de l'école d'échecs de la capitale et il organise cette année les rencontres internationales »

Hermione détourna le regard de son professeur de mathématiques et sourit à l'homme qui lui faisait face. Celui-ci s'éclaircit la gorge avant de s'adresser à son professeur, le regard toutefois fixée sur elle, examinateur.

« Dans quelle catégorie souhaitez vous l'inscrire? »

« Je pense qu'elle peut prétendre à toutes les catégories » A cette déclaration le regard se fit pénétrant tandis que le vieil homme la jaugeait silencieusement.

« Bien, je suppose que vous ne me refuserez pas une partie Mademoiselle? »

La jeune fille opina et se tourna vers le plateau, attendant que l'homme qui lui faisait face prenne place et choisisse ses pièces.

« On m'a dit que vous jouiez remarquablement à l'aveugle mademoiselle »

Hermione acquiesça, elle s'assit toujours en silence, se banda les yeux sous le regard scrutateur du maître d'échecs et plongea la main dans sa poche.

Son professeur lui annonçait les mouvements de son adversaire et elle lui énonçait les ripostes d'un ton indifférent la pièce sombre roulant entre ses longs doigts.

Un autre temps, une autre pièce, un autre jeu, un autre adversaire

« Cheval en H5 »

La main fine se saisit du cheval, le dépose silencieusement.

La main de la jeune fille trembla quand elle se saisit de la reine blanche, sa reine.

« Reine en H5 » la voix est résolue, une certitude qu'elle a appris seule.

Elle plongea dans le regard émeraude, hésitante. Soupira, devant le sourire qui se formait sur les lèvres minces, le piège se refermait et la défaite s'annonçait déjà.

« Tour en G10 » la voix de son professeur de mathématiques devenait pressante avec la partie.

Elle rétorqua doucement « Fou en D8 »

« Echec et mat » acheva t- elle dans un souffle avant de retirer le sombre bandeau et de quitter la salle, laissant son adversaire détailler le jeu.


Voilà pour le premier chapitre.

A bientôt,

Entalea.