Les larmes du tournesol

Bon c'est très court car je n'ai pas beaucoup de temps pour écrire en ce moment. C'est plus un petit texte inspiré par des images (et les tournesols qui poussent sur mon balcon) qu'une histoire.

Disclaimer : les personnages appartiennent à CLAMP.

Résumé : UA, Fye s'était réfugié dans ce champ de tournesols pour cacher ses larmes…

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Il n'aimait pas les jours de beau temps. Le soleil éclatant et les cieux trop bleus, étaient comme un rappel cruel de ce qu'il avait perdu : la lumière de sa vie, son frère jumeau !

Il préférait les temps moroses et gris, les jours de pluie, qui s'accordaient bien plus à la tristesse de son cœur…

Mais en cet après-midi d'été, ce coin de campagne japonaise était écrasé de soleil.

Fye avait 18 ans et l'allure d'un ange. Depuis la mort de sa famille 7 ans plus tôt, il avait été recueilli par sa grand-mère maternelle qui vivait au Japon.

C'était la première fois qu'il l'accompagnait chez cette branche de la famille, habitant au sud de l'île de Honshu.

L'atmosphère chaude résonnait de bruit d'insectes… Fye portait un T-shirt blanc, un pantalon de toile fine kaki et une paire de sandales.

J'aurais du penser à prendre un chapeau… Ah que le soleil soit maudit !

Ses pas soulevaient une fine poussière sur le chemin de terre sèche qui serpentait entre les champs. Fye marchait sans autre but que de s'isoler. Il venait de quitter une joyeuse réunion familiale en prétextant l'envie de faire quelques pas, parce qu'il avait sentit une vague de désespoir l'envahir… Un désespoir ne pouvant être masqué son sourire habituel qu'il déployait comme un éventail.

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Fye pensait à son frère, se rappelant les plus beaux moments de leur enfance dans les Alpes bavaroises, en Allemagne.

Quand au début de l'été, le champ à coté de leur chalet, fleurissait de pissenlits, il se changeait en tapis d'or…

C'était leur terrain de jeu préféré et leurs chevelures blondes comme le blé mûr rivalisaient avec le jaune éclatant des pissenlits.

Le massif de sapins verts foncés au bout du champ, tranchait avec la luminosité des fleurs. Ils avaient l'impression d'être Dorothée dans « Le magicien d'Oz », sur la route de briques jaunes, devant la cité d'émeraudes.

Les sommets recouverts de neige tout autour, le ciel d'azur au dessus de nos têtes… on était les princes d'un royaume féérique…

Lorsque les pissenlits se transformaient en pompons plumeux, leurs courses faisaient lever des nuées de flocons blancs. Ils agitaient leurs tiges comme des baguettes, pour tracer des formules magiques…

Et quand ils s'arrêtaient pour se reposer, sur cette étendue duveteuse, ils ressemblaient à deux anges sur un nuage…

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Mais ils étaient bien loin ces jours heureux : maintenant il était seul ! Et rien ne semblait pouvoir atténuer la douleur lancinante de son cœur, que le temps n'avait pas cicatrisée.

Le soleil pesait sur lui comme une chape de plomb. Fye lui tournait le dos et avançait la tête baissée vers le sol, regardant son ombre devant lui…

Mais voilà qu'au détour du chemin, des centaines de soleils lui firent face…

Un champ de tournesols…

Eux et lui partageaient le fait d'être auréolé d'or, au bout d'un long corps fin… Mais le visage des fleurs était aussi brun que celui de Fye était pâle…

Et il fuyait l'astre rayonnant avec autant d'obstination que les tournesols le vénéraient…

Il s'engagea sur un étroit sentier au milieu de la forêt de tiges…

Quelle ironie : se cacher du soleil dans un champ de tournesols !

Mais justement, malgré sa grande taille, les plantes étaient bien plus hautes. A l'abri de leur ombre, Fye tomba à genoux et enfouit sa tête dans ses mains… laissant enfin éclater son chagrin…

Ses sanglots finirent par se tarir sans lui avoir apporté le moindre soulagement…

Et ce que la mort, seule, mettra fin à mon tourment ?

Soudain une voix bourrue dans son dos le fit sursauter :

« Tiens, un tournesol qui pleure »

Fye se retourna pour voir avec stupéfaction ce qu'il venait d'invoquer :

La mort !

Oui, oui, la mort en personne, tout de noir vêtue, avec des yeux rouges comme un brasier et une faux !

Quoique… une petite minute, la faucheuse porterait-elle ce genre de débardeur noir mettant en valeur des épaules musclées et bronzées, terriblement sexy ?

Et des cheveux bruns coiffés en pics ?

Ce jeune homme à la carrure impressionnante devant lui, n'était-il pas plutôt un travailleur agricole du coin ? D'où la faux…

« Are you all right ? » demanda-il dans un anglais hésitant.

« Ah euh oui… pardon mais un instant j'ai cru que tu étais un Shinigami » répondit Fye en japonais tout en essuyant furtivement ses joues.

Le brun ne put retenir un sourire amusé et avoua :

« Moi je me demandais si tu n'étais pas un ange » puis il ajouta un peu moqueur « ou bien un tournesol-pleureur, allez reste pas là tu pourrais finir par prendre racines »

Il lui tendit la main pour l'aider à se relever.

« Je m'appelle Kurogane Suwa et j'ai 19 ans. Pendant l'été je travaille dans la ferme de mon oncle » lui apprit-il « sinon je suis étudiant dans la capitale »

« Fye Flowright, j'étudie aussi à Tokyo »

Les sourcils froncés, Kurogane jaugeait les traces rouges laissées par les larmes mais il ne fit pas de commentaires.

« Ah Ah ne t'inquiète pas pour ça » déclara Fye tout sourire en agitant la main pour faire diversion.

« Hé ça ne marche pas avec moi, ne me prend pas pour un débile ! » s'écria le brun en lui pinçant la joue et en tirant comme pour ôter un masque.

« Désolé… ouch » dit Fye en faisant une grimace marrante.

Kurogane laissa la paume de sa main contre son visage, baladant doucement son pouce dans un geste apaisant… comme s'il allait l'embrasser…

Prenant conscience de l'ambiguïté de la situation, tous deux piquèrent un fard et détournèrent la tête. Autour les larges coroles des fleurs se balançaient dans la lumière dorée…

Finalement Kurogane se gratta la gorge et proposa :

« J'ai mis une pastèque au frais, tu veux venir la gouter ? »

« D'accord Kuro-chan ! » accepta Fye, qui était pourtant d'un naturel méfiant, sa beauté n'attirait pas les meilleurs intentions. Mais il sentait qu'il pouvait faire lui confiance, malgré son air dur et son allure intimidante. Une douce chaleur envahissait son cœur en sa présence…

« Comment tu m'as appelé ? » grogna le brun.

« Tu n'aimes pas ce surnom ? Tu préfères le gothique alors ? »

Ils se chamaillaient et Fye le laissa l'emmener vers une ferme traditionnelle entourée de pins.

Peut-être qu'aux cotés de Kurogane, beaucoup de choses pourraient changer…

Peut-être même qu'il pourrait de nouveau, aimer le soleil et le ciel bleu… ils lui rappelleraient les yeux de son frère, ses cheveux couleur d'or et son sourire radieux…

Fin

Merci de votre lecture !

Pour cette série, j'ai encore un projet d'OS : avec Fye en hôte célèbre, qui cherche à rembourser les dettes de sa famille, et Kurogane en papa-poule ayant adopté trois jeunes orphelins (Sakura, Shaolan et bébé Mokona). À priori rien ne les prédispose à finir ensemble et pourtant…

Comme d'habitude, commentaires, critiques et encouragement sont les bienvenus !