Partie 11

La porte se referma doucement derrière les deux policiers. Don alluma la lampe posée sur la table de chevet et une lumière diffuse éclaira la pièce. Les rideaux fermés donnèrent le maximum d'intimité aux deux policiers. Don reprit le baiser là où ils avaient arrêté. Les deux hommes ne se quittaient plus des yeux.

— Prends-moi dans tes bras.

— Tu es sûr?

— Oui, j'ai besoin de toi.

— As-tu peur de moi?

— J'ai eu peur de celui que tu étais il y a plusieurs jours. Mais seulement ce soir-là.

— Seulement ce soir-là? Croix de bois, croix de fer ?

— Oui.

— OK.

Les mains de Don partirent en expédition, redécouvrant le corps de son amant. Tout doucement, il passa ses mains sous le chandail de Danny. Puis il marqua une pause, guettant son approbation. Don s'allongea sur le lit, entraînant avec lui un Danny un peu plus rassuré. La peur semblait moins présente sur les traits de Danny, mais pas la douleur. Bien qu'il tente de le cacher, il ne possédait pas les talents d'acteur d'un Tom Hanks. Don s'excusa, murmura quelques mots à l'oreille de son amoureux et quitta la chambre en silence. Il courut jusqu'à la pharmacie située juste en face de l'hôtel, en maugréant contre le trafic qui lui faisait perdre un temps précieux.

Don revint avec de la pommade et un tube de lubrifiant. Il voulait être prêt si jamais les choses allaient plus loin ce soir-là. Sinon, ils auraient une réserve pour dans quelques semaines. Don appliqua une généreuse couche d'onguent sur le dos de Danny, là où les marques bleues et mauves semblaient les plus évidentes. La vision de ces blessures fit réaliser à Don la force qu'il avait dû utiliser pour maîtriser Danny. Malgré le nombre de jours écoulés, les marques demeuraient bien visibles. Il est vrai que Danny n'avait pas cru bon de se soigner, la tête probablement absorbée par d'autres préoccupations beaucoup plus importantes.

— Je crois que tu devrais aussi en étendre sur ton… Enfin, tu devrais…

— Fais-le pour moi.

— Quoi?

— Fais-le pour moi. J'ai mal au dos, je n'ai pas autant de souplesse que d'habitude. Fais-le pour moi, répéta Danny une dernière fois.

— Tu es bien certain que c'est ce que tu veux? Tu es prêt à ce que je te touche? Maintenant?

— S'il te plait.

Don entreprit donc de réaliser le souhait de Danny. Il enleva une partie de ses vêtements ainsi que ceux de son amant. En passant ses mains sur le corps tremblant de son amour, Don réalisa mieux l'ampleur de la brisure à l'intérieur de Danny. Un Messer en forme lui aurait ordonné avec fort geste et parole. Quelque chose dans le genre de: «Putain, Flack, tu vas m'étendre cette foutue crème avant le carême!» Un Danny défait et brisé n'ordonnait plus, il demandait, implorait et suppliait. Un Danny défait restait poli, trop poli. D'une politesse maladive.

Une question brûlait les lèvres de Don, alors qu'il demeurait allongé sur le dos, Danny calé contre son épaule, un boxer et un t-shirt entre eux. Un tissu révélant que quelque chose dans leur relation avait changé. Un détail pour certains, mais d'une grande importance pour d'autres.

— Tu crois qu'on va réussir à se reconstruire une vie normale?

— Sûrement. Le temps arrange les choses. Il cicatrise les plaies.

— Les blessures du corps, mais celles de l'âme? Pourras-tu un jour me pardonner?

— Oui, je sais que je vais y arriver. Mais toi?

— Quoi moi?

— Ta conscience. Sauras-tu te pardonner à toi-même?

— Non. Je peux avoir ton pardon, mais pas l'absolution. Je ne pourrai jamais oublier ce que je t'ai fait. Je vais devoir vivre avec le poids du remords, c'est ma pénitence. Je ne veux jamais oublier, Danny. Jamais!

— Tu ne veux pas oublier, mais peut-être accepteras-tu de remplacer ces douloureuses images par de nouveaux souvenirs?

— Oui.

— Fais-moi l'amour, s'il te plaît.

— Ici?

— C'est un peu pour ça qu'on est là.

— Danny, et si je te faisais mal?

— Et si ça n'était pas le cas ?

— Je ne sais pas si je suis prêt.

— Don, j'ai imaginé ce scénario des centaines de fois et dans ma tête, c'est moi qui disais cette phrase.

— J'ai eu si peur de te perdre.

— Montre-moi comme tu m'aimes. Avec des gestes tendres. Avec amour et passion. Montre-le-moi. Je ne veux plus dormir loin de toi.

C'est avec une émotion nouvelle que Don entreprit d'enlever le chandail de Danny. Il posait des gestes tendres, empreints d'amour et de douceur. Il redécouvrait les saveurs de la peau de son amant. Lentement, très lentement, la langue de Don partit explorer tout le corps de Danny. Le tout débuta par un baiser profond, avide. La bouche de Danny semblait en demander encore plus. En manque de souffle, Don se retira à regret. Il passa ensuite sa langue sur les lèvres du scientifique avant d'aller mordiller le lobe d'une oreille.

Don fit un bond jusqu'au tétons, qu'il grignota à petites bouchées, comme un fruit défendu. Sortant sa langue à nouveau, il traça un chemin partant de la pointe brunâtre et se rendant jusqu'au nombril. Le nombril de son monde. Celui de Danny, celui qu'il aimait plus que tout. Il s'entait le désir de Danny gonfler tout contre sa peau, partageant sa chaleur. Il releva un court instant les yeux vers Danny et le visage épanoui de ce dernier finit de le rassurer.

Sans plus attendre, il fit disparaître les deux boxers et il engloutit le sexe gorgé de sang de son homme. La respiration de Danny marqua un temps d'arrêt, puis un profond soupir de satisfaction remplit la pièce. Encouragé, Don saliva de plus belle, glissant sa langue le long du membre fièrement dressé. D'une main de maître, Don fit sauter le bouchon de la bouteille de lubrifiant. Il en versa une généreuse part sur ses doigts, les enveloppant méticuleusement. Avec une délicatesse à toute épreuve, Don enfonça lentement un premier doigt dans l'intimité de son amant. Il ressentit le léger mouvement de recul de son amoureux. Inquiet, il suspendit son geste.

— Laisse-moi juste m'habituer.

— Est-ce que je te fais mal?

— Ça va.

— T'es sûr?

— Oui, ça va aller.

— On peut tout arrêter. On n'est pas obligé d'aller si…

— Don, ferme-là et bouge.

— Mais si tu as…

Danny se mit lui-même à bouger son corps, créant un mouvement de va-et-vient. Don sentit l'anneau de chair se détendre autour de son doigt, signe que tout allait bien pour son amant. Il se mit à chercher le point le plus sensible chez l'homme de sa vie. Et à la réaction du corps de Danny, il sut qu'il venait de frapper en plein dans le mille.

— Don, je ne vais pas me briser. Tu peux ajouter un autre doigt.

— Ça ne fait pas assez longtemps. Tu n'es pas encore prêt.

— Ajoute un autre doigt, sinon je vais me préparer tout seul.

— T'es bien certain que c'est ce que tu veux?

— Don, putain si tu ne…

— OK, c'est bien mon tendre amour qui est avec moi. Je reconnais sa douce patience.

— Don!

Le temps et les gestes de violence n'avaient pas réussi à altérer leur amour, ni les besoins qu'éprouvaient leurs corps, maintenant en cruel manque de celui de l'autre. Un deuxième doigt vint donc s'ajouter au premier. Marquant lui aussi un bref temps d'arrêt lors de son entrée. Encore une fois, un cri et un mouvement de protestation se déclarèrent. Heureusement que les dix doigts de Don ne devaient pas y passer car, à ce rythme-là, le pauvre y laisserait bien quelques plumes ou pire, la tête. Après un long moment où trois des doigts de Don valsèrent à l'intérieur de l'antre chaud de Danny, il sut que le moment de les retirer venait d'arriver. Son amant se tortillait sous lui et s'il attendait encore, l'expert prendrait son plaisir tout seul. Don se redressa, posa ses lèvres sur son amant et reprit le tube de lubrifiant.

— Don… Je veux plus.

— Danny, je vais me glisser à l'intérieur de toi, mais à la moindre douleur, je me retire.

— Don, si tu quittes cette chambre avant de m'avoir fait voir les étoiles, c'est à coups de pied au c…

— Ça va, je vois très bien où tu veux en venir.

Don se glissa très lentement à l'intérieur de son amant. Il ne le quittait pas des yeux. Scrutant chaque expression sur le visage de son bien-aimé. Le cœur amoureux, le visage détendu, Danny reflétait l'image même d'un homme comblé. Calquant leurs mouvements l'un sur l'autre, c'est dans une parfaite symbiose que les deux amants atteignirent l'euphorie de la jouissance. De grands frissons parcoururent leurs corps. Une fois que leur respiration saccadée se fut calmée, Don se retira avec une extrême douceur. Il se rendit à la salle de bains et, un linge mouillé en main, il revint nettoyer son amoureux. Il laissa le tout tomber sur le sol et se glissa sous les couvertures amenant Danny avec lui.

— Comment tu te sens ? Demanda Don légèrement inquiet.

— Heureux. Comblé. Et rien qu'à la démarche que je vais avoir demain, Mac va savoir que tu ne dors plus sur le canapé.

— Je t'ai fait si mal que ça? Je suis désolé. Je vais partir et te laisser…

— Don. Attends, s'écria Danny en le retenant par le bras. Tu as été parfait, encore plus doux que la première fois.

— Je me rappelle. Tu étais si nerveux. C'était ta première fois avec un homme.

— Et je ne l'ai jamais regretté. Et c'est la même chose aujourd'hui. Je ne regrette rien. Certaines parties de mon corps sont encore sensibles, mais ça ne veut pas dire que c'est de ta faute. Tu as été parfait. Le plus tendre des amants et attentionné comme jamais.

— Je t'aime Danny.

— Je t'aime aussi. Et si on a réussi à traverser cette épreuve ensemble, c'est que rien ne réussira jamais à nous séparer.

Don lut tout l'amour que Danny éprouvait pour lui dans son regard. Taquin, l'expert ne put s'empêcher d'ajouter.

— La seule chose qui pourra nous séparer, c'est si tu subis une opération pour faire augmenter ton sexe. Là c'est sûr que ça n'entrera plus…

— Danny!

Ils s'embrassèrent amoureusement et s'endormirent dans les bras l'un de l'autre. Les cauchemars ne viendraient plus hanter leurs nuits. Et la soupe pouvait bien attendre quelques heures de plus…

Fin

Merci beaucoup à toutes celles qui ont suivi les aventures de Don & Danny.

Bisous

Pandi