CHAPITRE XLV

Dans son demi sommeil, Don revivait l'un des derniers souvenirs ravivé par son ravisseur : la mort de sa mère. Il était à nouveau envahi par cette terrible impression de solitude qu'il avait ressentie à ce moment-là, en pensant que jamais plus personne ne poserait sur lui ce regard empli d'amour et de compréhension.

Il sentit soudain une main légère sur son front, et il eut l'impression que sa mère était là, à nouveau, près de lui. Et lorsqu'il ouvrit les yeux, la première chose que Don vit, ce fut le regard de Charlie fixé sur lui. Avec un choc au cœur, il reconnut dans ce regard celui que sa mère avait eu juste avant de mourir : le même amour infini emplissait les yeux de son petit frère. Et soudain, il comprit qu'il ne serait plus jamais seul au monde. Charlie était là et il ne le laisserait jamais tomber. Il lui sourit, apaisé et se rendormit aussitôt. Alan rentra à ce moment-là dans la chambre.

- Il dort encore ?

- Il en a tellement besoin.

- C'est vrai, mais c'est tellement étrange de le voir si calme.

- Il ira bien papa, tu verras, il ira très bien.

- Je l'espère.

A ce moment-là, Don s'agita et soudain Charlie s'exclama :

- Regarde !

- Quoi ?

- Ses jambes !

Alan fixa les jambes de son fils et ses yeux se remplirent de larmes : Don bougeait les jambes dans son sommeil, il n'était plus paralysé. Tout allait enfin rentrer dans l'ordre. Charlie se jeta dans les bras de son père et les deux hommes restèrent longuement enlacés, ne se lassant pas de contempler Don qui dormait et sachant, désormais, qu'il allait se remettre de toute cette horreur. Puis Alan sortit de nouveau pour prévenir le médecin de la constatation qu'ils venaient de faire.

Il avait à peine passé la porte que Don se remit à s'agiter, comme en proie à un cauchemar et Charlie comprit qu'il était en train de revivre l'une des atrocités que Rochfield avait insinué dans son esprit.

Il étendit la main pour le réveiller, l'arracher à ce songe affreux. Puis il pensa qu'il devait le laisser dormir encore, c'était important pour qu'il récupère totalement. Don se débattait, et il gémissait dans son sommeil : peut-être se sentait-il à nouveau seul, perdu, isolé de tous.

Charlie s'étendit alors contre lui, le prit doucement dans ses bras en faisant attention de ne pas l'éveiller. Il sentit soudain son frère se lover contre lui comme s'il avait perçu sa présence à travers les voiles épais de son sommeil. Il resserra alors son étreinte autour de lui et déposa un baiser sur sa nuque. Don se laissa aller, détendu, avec un soupir d'aise : il se sentait enfin en sécurité. Charlie ne bougeait plus de peur de l'arracher à ce moment de bien-être. C'est ainsi qu'il s'endormit à son tour.

Alan, revint quelques minutes après : il voulait annoncer à Charlie que le médecin, prévenu que les jambes de Don bougeaient à nouveau, mais aussi que celui-ci dormait, avait demandé qu'on le prévienne lors du prochain réveil de son patient. Après tout, un examen n'avait rien d'urgent puisque tout semblait rentrer dans l'ordre et la priorité était que le malade dorme afin d'éliminer toute trace de drogue de son organisme. Dès qu'il serait réveillé, on lui ferait passer un nouveau scanner pour vérifier que tout allait bien.

En rentrant dans la chambre Alan aperçut ses fils enlacés qui dormaient paisiblement et il s'installa tout près d'eux Sa main se posa sur celle de Don et il lui murmura tendrement :

« Je suis là chéri, tout ira bien désormais. Charlie et moi nous veillerons sur toi. Et je te promets que tu ne seras plus jamais seul ! »

Puis il s'enfonça un peu plus dans le profond fauteuil et se prépara à veiller sur le sommeil de ses enfants.

FIN


Voilà, la fiction est maintenant terminée. Merci à tous ceux qui l'ont lue jusque là et surtout à ceux qui m'ont envoyé des commentaires qui sont toujours les bienvenus.