C'est affreusement déprimant...

J'aimerai vraiment remercier chacun d'entre vous en particulier pour avoir pris le temps de lire cette histoire jusque ici, et un merci encore plus particuliers pour tous ceux qui ont pris le temps de reviewer. Certains de vous depuis le premier chapitre, j'ai vraiment la sensation qu'on a vécu Pandore ensemble, lol. J'espère que cet épilogue vous plaira, bien qu'il soit plutôt léger. Et je tiens à dire que pour une fois, c'est moi qui ais les mouchoirs sortis, là. Vous allez vraiment tous me manquer. 3

Parce que la question m'a déjà été posée et qu'elle risque d'être soulevée à nouveau, je ne prévois pas de suite à Pandore. Évidemment, il est tentant de vouloir poursuivre avec des personnages et une histoire qui m'a habitée pendant près d'un an et demi. Mais je ne pense pas qu'une suite rendrait justice à l'histoire de base. Alors je dis au revoir à ces Harry, Severus, Draco et Hermione là. Ca ne veut pas dire que je dis adieu aux fictions HP, rassurez-vous (ou pas XD).

Pour ceux qu'une autre longue aventure intéresserait (peut-être sera-t-elle moins longue je ne sais pas encore, mais je pensais que Pandore ferait 30 chapitres, au plus après tout...) je publierai très bientôt une nouvelle fiction avec un Harry/Sev mentor. Il y sera question de retour dans le passé accidentel au temps des Maraudeurs (oui je sais c'est cliché mais il faut lire pour voir si ça l'est vraiment ou pas, non?) et de beaucoup de désaccords et malentendus. L'histoire s'intitulera "Les cicatrices du temps". Si vous avez aimé Pandore, venez donc y jeter un coup d'œil. ^^

Voilà, je suppose que c'est le moment où on se dit au revoir. Merci encore d'avoir suivi cette histoire et de m'avoir soutenue par vos reviews.

Enjoy & Review!


Chapitre 90 : The Ties that Bound

Harry bailla et continua à fixer le ciel, clignant des yeux pour lutter contre l'éblouissement, sans pouvoir se résoudre à abandonner son jeu de gamin. Les nuages étaient nombreux mais trop fins pour arrêter les rayons chauds qui caressaient sa peau. La première belle journée d'avril. Il n'avait pas fallu longtemps à Draco et Harry pour délaisser les plans de cours que Severus prévoyait soigneusement pour eux chaque jour, et venir trouver refuge sur les bords du lac.

L'herbe était sèche, la terre humide, mais ni l'un ni l'autre n'avait résisté à l'envie de s'installer à même le sol après les deux bonnes heures qu'ils avaient passées à se poursuivre à travers tout le stade de Quidditch sur leurs tout nouveaux balais.

Le garçon ne chercha pas à réprimer son sourire au souvenir de l'expression de Severus quand les hiboux avaient déposé les deux paquets, soigneusement protégés, dans la Grande Salle, au moment du petit déjeuner. Une chance que McGonagall soit aussi férue de Quidditch qu'elle l'était. Et que Flitwick ait été aussi prompt à rappeler au Professeur que s'énerver ne l'avait mené à rien jusque là…

A sa décharge, Harry avait été tout aussi surpris que les quelques adultes présents. Pas Draco, en revanche. Parce que, bien évidemment, c'était Draco qui avait écrit à la firme et raconté la pitoyable histoire de son Eclair de feu… Forcément, pour le Garçon-qui-avait-survécu-deux-fois comme on l'appelait ces jours-ci, la marque de balais avait été bien trop heureuse d'en envoyer un neuf. Ainsi qu'un deuxième pour récompenser la 'sollicitude' de Draco.

Le Serpentard avait été aux anges, Harry un peu plus partagé. D'un côté, le balai lui faisait envie, d'un autre… Accepter ce genre de cadeaux ne lui semblait pas correct. Cependant c'était un Eclair de feu et quand Severus les avait fait asseoir dans le salon pour les sermonner, le Gryffondor avait déjà décidé de suivre le conseil que son ancienne Directrice de Maison lui avait murmuré alors qu'il quittait la Grande Salle, à savoir garder le balai à tout prix. Severus avait dit qu'il les laisserait décider comme les adultes qu'ils étaient presque, qu'il leur faisait confiance pour prendre la bonne décision.

Harry et Draco avaient échangé un seul regard, s'étaient levés dans un ensemble parfait, avaient remercié Severus, avaient empoigné leur nouveaux balais et étaient retournés dans leur chambre sous les grommellements du Professeur. Chacun étalé sur un des lits de la nouvelle pièce créée pour eux par Flitwick, ils avaient ri jusqu'à en avoir mal au ventre. Ils savaient tous les deux que si le Maître des Potions avait véritablement voulu qu'ils rendent les balais, ils n'auraient pas eu le choix. Mais l'homme avait beau dire, il se laissait facilement attendrir.

Suivant le cours de ses pensées, il tourna la tête vers le Serpentard allongé sur le ventre à quelques mètres de lui. La tête appuyée sur ses mains, le blond était complètement perdu dans le livre posé par terre –préalablement protégé par des sorts isolants, cela allait sans dire. Hermione l'avait récemment initié aux romans Moldus et Draco en dévorait dix à la douzaine, fasciné par un monde auquel il n'avait jamais prêté attention auparavant.

Partager une chambre avec l'autre garçon lui manquerait énormément.

Après tout le temps passé au cottage, c'était presque une habitude. Sauf qu'avoir une véritable chambre à eux deux… C'était différent. Et en même temps pas, puisque le provisoire touchait à son terme.

« Je sais que je suis beau à regarder mais tu commences à me faire flipper. » avertit Draco sans décoller ses yeux du roman.

Harry aurait voulu être capable de se forcer à plaisanter mais il ne faisait pas confiance à sa voix. Quatre semaines s'étaient écoulées depuis la bataille finale. Un mois qu'il avait passé dans les quartiers du Maître des Potions, à prétendre que Severus, Draco et lui formaient une famille. Il avait su dès le départ que l'atterrissage serait brutal et douloureux. Mais il avait cru naïvement être habitué. Il s'était très visiblement surestimé.

Les problèmes concernant la garde de Draco avaient été réglés presque immédiatement grâce à l'influence de Shaklebolt. Ca faisait bien trois semaines que Severus était son tuteur légal. Etant donné que Lucius Malfoy n'avait jamais pris la peine de modifier son testament, le Professeur était toujours la personne à qui confier Draco en cas de besoin. Et Draco était toujours l'héritier officiel de toute la fortune et du domaine des Malfoy.

Après ça, Severus avait déclaré un soir au dîner qu'il avait demandé à Shaklebolt de faire rechercher les Dursley. Le sujet n'avait plus été abordé depuis et la vie avait suivi son cours. Harry et Draco avaient aidé les Professeurs à remettre le château en état mais avaient vite été exclus parce que plus gênants qu'autre chose. Plus de liberté pour eux…

McGonagall pensait que l'école serait prête à rouvrir en septembre. Elle avait aussi décrété que les quelques semaines de cours auxquelles les élèves avaient assisté cette année là ne pouvaient pas suffire pour les faire passer dans une classe supérieure. Conséquemment, ils reviendraient tous dans l'année qu'ils avaient ratée. Ca impliquait le double de première année mais la Directrice était confiante dans les capacités de son corps professoral.

La malédiction étant supposément levée, elle avait proposé le poste de Professeur de Défense à Remus qui avait accepté. Ainsi que la position de Directeur de Maison de Gryffondor –ce qui avait fait lever les yeux au ciel, un bon nombre de fois, à Severus. Le poste de Professeur de Métamorphose avait été offert à Tonks qui avait accepté avec réticence mais soulagement. La jeune femme ne souhaitait pas poursuivre sa carrière d'Auror pour l'instant. Elle voulait du temps pour Lucy – et la présence de Lucy était bien la seule chose qui avait empêché Severus de critiquer le choix de McGonagall, il avait beau dire, il était tout aussi gâteux de la petite qu'Harry lui-même.

Evidemment, la sous-direction avait été réservée à Severus.

Il avait décliné et avait démissionné trois fois de son poste de Maître des Potions. Les trois lettres de démission avaient été respectivement brûlée, malencontreusement égarée et jamais reçue. McGonagall pouvait être têtue quand elle le voulait. Elle l'aurait sans doute laissé partir si c'était ce qu'il avait vraiment voulu mais il était clair qu'il ne souhaitait pas quitter Poudlard. Plus maintenant et pas pour l'instant en tout cas.

« C'est quoi le problème, Potter ? » insista Draco.

Surpris, Harry se redressa et croisa son regard. Le blond avait abandonné son livre et s'était adossé à l'arbre le plus proche du Gryffondor. Ce n'était apparemment pas la première question qu'il posait.

Cherchant un tout autre sujet que celui qui le tracassait, le Survivant balaya les environs des yeux et ne put retenir un sourire soulagé.

« Hermione est là. » annonça-t-il en faisant un geste de la main en direction de sa meilleure amie.

Elle ne tarda pas à les rejoindre, un peu essoufflée d'avoir marché vite. Elle ébouriffa les cheveux d'Harry au passage et embrassa rapidement Draco en guise de bonjour. Au moins, ils avaient arrêté d'agir comme si le Gryffondor était transparent…

Hermione passait beaucoup de temps à Poudlard bien que l'école soit fermée aux élèves. Elle avait réussi à faire rattacher sa cheminée au réseau et se servait de la connexion à plus soif. Principalement depuis que Severus avait cédé et l'avait autorisée à débarquer directement dans ses quartiers.

Décision qui avait beaucoup à voir avec la discussion sérieuse qu'elle avait eue avec lui peu de temps auparavant. Harry n'avait pas été censé entendre, mais il s'était retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment, et avait tout de même surpris la confession d'Hermione comme quoi elle ne retrouvait pas vraiment sa place chez elle. Ses parents l'aimaient mais ne la comprenaient plus, ne la connaissaient plus. Elle avait seize ans et elle aurait aussi bien pu en avoir cinquante.

Ce qui avait le plus surpris Harry c'était la facilité avec laquelle Severus avait accepté le rôle de référent qu'elle lui réservait désormais.

« J'ai croisé Tonks. » attaqua-t-elle immédiatement. « Elle m'a appris la bonne nouvelle, Harry ! »

Harry la fixa comme si elle était devenue folle.

Au petit déjeuner, Severus leur avait dit que les Dursley avaient finalement été localisés. Avant qu'Harry ait pu l'interroger plus avant, le Professeur s'était sauvé sous l'excuse d'une réunion urgente avec Shaklebolt et McGonagall.

S'il y avait une personne au monde qui aurait dû savoir que c'était tout sauf une bonne nouvelle, c'était Hermione.

« Tu plaisantes ? » rétorqua-t-il avec incrédulité.

La jeune fille eut l'air perdue.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda-t-elle, sans comprendre.

Draco haussa les épaules. « Il est comme ça depuis ce matin. On dirait qu'on lui a annoncé son exécution. »

« Ils ont retrouvé les Dursley. » cracha Harry, blessé que ses amis ne mesurent pas l'ampleur de la catastrophe.

Il avait aimé sa vie à Poudlard. Il avait aimé passer du temps avec Severus et s'amuser avec Draco. Il avait aimé l'illusion d'avoir une famille. Une vraie famille.

« Eh bien, oui… » hésita Hermione. « Tout sera réglé comme ça. Je sais que le Professeur Snape était plutôt inquiet par rapport à toutes ces histoires de garde… Même si Kingsley est de nôtre côté, il… »

« Il n'a plus de raison d'être inquiet maintenant, hein ? » coupa Harry avec un amusement teinté de rancœur. Il s'en voulut bien sûr. Il n'avait pas le droit de demander autant. Les Dursley s'étaient assurés qu'il ne demande jamais autant. Pourquoi devrait-il faire subir à quelqu'un le poids de sa responsabilité ?

Draco le fixait, sourcils froncés. La colère et l'incompréhension se disputaient sur ses traits.

Hermione, elle, semblait simplement confuse.

Il profita du silence momentané pour partager son secret qui ne resterait pas secret longtemps.

Parce qu'ils avaient retrouvé les Dursley, qu'ils allaient vouloir le renvoyer là-bas et qu'il mourrait avant de remettre un pied à Privet Drive. Il ne pouvait plus. Plus maintenant qu'il savait ce que c'était d'avoir un adulte, un parent, vers qui se tourner.

« J'ai demandé à McGonagall d'entamer une procédure d'émancipation. » annonça-t-il brusquement. « Elle m'a dit que c'était possible. »

En réalité, elle avait tenté de le dissuader avant d'insister pour qu'il en parle avec Severus. Il avait refusé et lui avait fait promettre de garder le secret. En tant que Directrice, elle ne pouvait pas faire autrement.

« Tu as fait quoi ? » siffla Draco, en faisant un pas menaçant vers lui.

Harry ne comprenait pas la source de la fureur sourde qu'il lisait sur le visage de Draco mais il jugea plus prudent de se relever et de lui faire face.

« J'ai entamé une procédure d'émancipation. » affirma-t-il encore, tirant une drôle de force des mots. C'était à la fois grisant et amer. Grisant, parce qu'il allait enfin pouvoir être officiellement l'adulte qu'il était depuis déjà de trop nombreuses années. Amer, parce qu'il aurait aimé pouvoir continuer à apprendre à être un enfant sous la tutelle de Severus.

« Mais, Harry, pourquoi ? » s'étonna Hermione, reprenant le contrôle de la situation en agrippant le bras du Serpentard. Pour le retenir. Sauf qu'Harry ne voyait pas pourquoi Draco semblait avoir besoin d'être retenu. Il avait l'air de prendre ça comme une insulte personnelle.

« Pourquoi ? » répéta-t-il, estomaqué. « Pourquoi ? »

« Tu as une idée de ce que ça va lui faire ? » gronda Draco, en se débattant pour échapper à la poigne d'Hermione. « Tu as une idée de ce qu'il va ressentir, espèce de crétin dégénéré ? »

La colère du blond commençait à énerver Harry.

« Qu'est-ce que tu pourrais y comprendre, toi ? » répliqua le Gryffondor, sans même penser à tirer sa baguette. C'était pire. Ses poings le démangeaient. « Tout est bien qui finit bien pour toi, non ? Comme d'habitude ! »

Draco ouvrit la bouche, clairement sur le point de l'insulter quand Hermione s'interposa à nouveau, repoussant le Serpentard derrière elle.

« Harry. » déclara-t-elle lentement, l'observant avec la même intensité qu'elle mettait à résoudre une énigme particulièrement ardue. « Pourquoi exactement penses-tu devoir t'émanciper ? »

« Je ne retournerai pas chez les Dursley. » aboya-t-il, furieux qu'elle ne sache pas déjà. Furieux qu'elle ait à poser la question.

« Mais… » commença à protester Hermione, uniquement pour être coupée par Draco.

« Non mais quel idiot ! » s'exclama le Serpentard, en secouant la tête, soudain plus calme. « C'est ça que tu rumines depuis tout ce temps ? Mais quel idiot ! Mais dis lui que c'est un idiot ! Dis le lui, enfin ! »

Un instant, Harry pensa qu'il s'adressait à Hermione. Sauf qu'Hermione fixait un point au dessus de son épaule, avec une expression anxieuse, et que le garçon savait qu'il y avait quelqu'un derrière lui. Quelqu'un qu'il n'était peut-être pas encore tout à fait prêt à affronter.

« Il se trompe, n'est-ce pas ? » demanda doucement la jeune fille. « Ce n'était pas pour le renvoyez là-bas que vous cherchiez les Dursley… »

Harry grimaça, ses suspicions confirmées par la question de la lionne.

« Le Professeur McGonagall a besoin d'aide dans la bibliothèque, Miss. » répondit la voix familière enrobée de son ton de velours habituel. « Allez l'y rejoindre. Toi aussi, Draco. »

« Severus… » tenta le Serpentard, se sentant sans doute obligé de répondre à l'appel silencieux mais suppliant que lançaient les yeux d'Harry.

« Maintenant, Draco. » ordonna sèchement le Professeur, avant de soupirer avec agacement. « Je te promets qu'il sera toujours en état de se faire écraser aux échecs ce soir. »

« Hé ! » s'écria le Gryffondor, un peu vexé. Il s'était beaucoup amélioré ces derniers temps !

« D'accord. » capitula le blond, en attrapant la main d'Hermione. « Ne l'abime pas trop. »

La plaisanterie était moqueuse et Harry lança un coup d'œil agacé à son ami. La jeune fille se contenta de lui adresser un signe compatissant d'au revoir, avant de commencer à s'éloigner.

Ils n'étaient presque plus à portée de voix quand Severus sembla se souvenir de ce qu'il avait oublié.

« Et ne trainez pas en route ! » gronda-t-il avant de marmonner plus bas. « Il faudrait profiter des rénovations pour supprimer toutes ces alcôves… »

Décidant qu'il devrait faire face à la situation plus tôt que tard, Harry pivota vers Severus et essaya de paraître assuré.

« Je sais que vous allez être contrarié parce que je ne vous ai pas consulté avant de… » commença-t-il fermement, mais le Professeur leva la main et il s'interrompit par réflexe.

« La faute est mienne. » soupira Severus. « Quand tu as affirmé avoir compris mes intentions, j'aurais dû me rappeler que je parlais à un Gryffondor. »

Harry fronça les sourcils sans comprendre.

« Je ne vois pas ce que ça change. » déclara le garçon. « Ecoutez, j'ai bien réfléchi et ce n'est pas bien grave si vous ne pouvez pas me garder… Je dois encore en parler à Remus mais je suis presque certain que… »

« Harry. » l'interrompit le Maître des Potions avec lassitude.

Il referma la bouche et observa le papier à l'aspect bigrement officiel que lui tendait l'homme. Avec une infime hésitation, Harry le prit et le déplia. Le jargon juridique magique était un charabia insensé.

« Je suis désolé… » s'excusa le garçon. « Je ne… »

« Pétunia a signé cet acte, il y a une demi-heure. » offrit Severus. « Tu ne seras pas surpris d'apprendre qu'elle m'a accueilli avec une poêle à frire. Cette femme est de plus en plus délicieuse à mesure que le temps passe… »

Le sarcasme fit légèrement sourire Harry mais pas énormément. Parce qu'il avait beau parcourir le document encore et encore, il y avait beaucoup trop de termes alambiqués à l'aspect germanique pour qu'il y comprenne un traitre mot.

« Qu'est-ce que… Qu'est-ce que c'est ? » s'enquit-il, perplexe.

Severus leva les yeux au ciel.

« Il s'agit… » cingla le Professeur avec irritation. « … de l'acte officiel par lequel Pétunia et Vernon Dursley renoncent à ta tutelle. Et ceci… » continua-t-il en sortant de sa poche un deuxième rouleau de parchemin. « … est celui qui m'aurait permis de t'adopter officiellement, si tu n'avais pas entamé aussi stupidement, et en cachette, une procédure d'émancipation. »

La colère avait progressivement enflé dans la voix de Severus mais Harry ne l'entendit même pas, trop sonné. De tout le discours, il n'avait retenu qu'un seul mot.

« Tu peux imaginer ma surprise… » siffla le Maître des Potions. « … quand Minerva m'a mis au courant de tes intentions. D'ailleurs, quand cette conversation sera terminée, il serait judicieux que tu ailles t'excuser auprès d'elle pour l'avoir mise dans cette position. »

Adopter.

« Si je n'avais pas appris à te connaître, je t'accuserai d'ingratitude et je te dirai que puisque Draco et moi ne sommes pas assez bien pour toi, tu peux aller te précipiter dans le monde adulte malgré le fait que tu aies la maturité d'un enfant de cinq ans sur certains sujets. » continua de s'énerver l'homme.

Severus voulait l'adopter.

« Mais je suis bien persuadé que tu t'étais mis dans la tête que j'allais garder Draco et te renvoyer chez cette harpie de Pétunia. » poursuivit le Professeur. « Tu as déjà fait des choses stupides mais penser que je pouvais consciemment te… »

Snape s'interrompit brusquement, le souffle coupé.

Il manqua presque s'étaler en arrière sous la force de l'attaque.

Une nouvelle fois, Severus leva les yeux au ciel avant de tapoter faiblement le dos du garçon qui s'était jeté sur lui.

« Vous voulez m'adopter ? » demanda Harry, la vue brouillée par des larmes brûlantes. « Vous voulez vraiment m'adopter ? »

« Harry. » lâcha Severus avec un énième soupir. « Il n'a jamais été question que je ne te garde pas avec moi. Je pensais que c'était clairement établi entre nous. »

« Mais… Mais vous voulez vraiment m'adopter ? » répéta le garçon.

« Stupide enfant. » marmonna le Maître des Potions. « Comment as-tu pu penser une seconde que j'allais te renvoyer chez ces Moldus ? »

Harry se résolut à lâcher Severus mais il évita consciencieusement son regard.

« Ca… Ca semble un peu idiot, maintenant. » accorda le garçon.

« Ca l'est d'autant plus que le château entier et une bonne partie de l'Ordre était au courant de mes intentions. » rétorqua l'homme. « Il aurait suffi que tu ailles trouver un adulte, Harry. Minerva pensait que tu cherchais un moyen d'échapper à une adoption que tu ne désirais pas, mais comme tu lui avais fait jurer le secret, elle ne pouvait rien me dire d'autre que me conseiller d'entamer une simple demande de tutelle. Mais pourquoi n'as-tu pas parlé à Lupin ? »

Harry gigota, gêné de devoir reconnaître qu'il avait été stupide. Il avait paniqué, encore une fois.

« Je… Je ne sais pas. » avoua le garçon. « C'était comme… J'avais l'impression que c'était comme avant, que je devais me débrouiller tout seul. »

« Les choses sont différentes, à présent. » insista Severus. « Même si je n'avais pas été en mesure de te garder, crois-tu vraiment que Lupin ne t'aurait pas accueilli chez lui ? Je suis presque certain qu'il aurait offert un toit à Draco s'il en avait eu besoin ! »

Le Gryffondor grimaça.

« Je suis désolé. » offrit-il sincèrement. « C'est juste que… tout le monde est toujours parti. »

« Et tu pensais que je t'abandonnerai, moi aussi. » conclut Severus. Il tenta de le cacher mais Harry perçut la fêlure dans sa voix et il s'en voulut de l'avoir blessé.

« Non ! » protesta le garçon. « Je savais que… Mais je… » Frustré, le Gryffondor souffla. « Parfois je suis un crétin. »

« Sur ce point, nous sommes d'accord. » acquiesça Severus avant de désigner le papier qu'Harry tenait toujours dans la main. « Alors ? Dois-je signer ou pas ? »

La question était tellement stupide qu'Harry laissa éclore un énorme sourire sur ses lèvres.

« Evidemment ! » s'exclama-t-il joyeusement avant de déchanter quelque peu. « Mais… Et Draco ? Vous ne l'avez pas… Enfin, est-ce qu'il ne va pas… »

« J'ai abordé le sujet avec Draco quand sa tutelle m'a été accordé. » contra Severus. « Il n'a pas besoin d'adoption pour savoir la place qu'il occupe pour moi. En revanche, nous sommes rapidement tombés d'accord pour dire que ce n'était pas ton cas. »

Harry fronça les sourcils mais finit par reconnaître la vérité de cette affirmation et il haussa les épaules.

« Tant que ça lui va. » décida-t-il avant de se remettre à sourire comme un idiot. « On peut le faire maintenant ? La signature ? Et le rendre au Ministère ? Il faut bien le rendre au Ministère ? »

Amusé, Severus leva la main pour interrompre le flot de questions.

« La première chose à faire est d'aller trouver McGonagall et de retirer ta demande d'émancipation. » expliqua le Professeur. « Le reste devrait être rapide. »

Sans chercher à réfréner son excitation, Harry éclata de rire et se mit à courir vers le château. Il ne ralentit même pas avant de crier à l'homme par-dessus son épaule de se dépêcher, ignorant son expression exaspérée.

Quelques mois plus tôt… Une vie entière plus tôt… il n'aurait jamais osé penser pouvoir un jour éprouver cette délicieuse sensation de liberté.

Aujourd'hui, pour la première fois depuis très longtemps, il courrait vers son destin sans le craindre.

The END