Un grand merci aux 4 personnes qui m'ont laisser un commentaire. Je suis vraiment contente que cela vous ait plus ! J'ai écrit cette fic il y a un moment mais ne pouvais pas la publier plus tôt sur le net car elle a été publié dans le numéro 5 du Yaoiichi (le fanzine d'une coupine).

J'espère que ce second texte vous plaira !

Bonne lecture.

PS: merci à mes revieweuses qui voient les fautes laissées par la bêta XD


Le Maître du Jeu

- Le Chevalier Blanc Amoureux -

Ses yeux vairons fusillaient son majordome. Si un regard pouvait tuer, celui de Ciel Phantomhive abattrait sur le champ cet homme qui avait un petit sourire agaçant collé aux lèvres. Cet accoutrement ridicule parut une nouvelle fois sa personne… Le jeune homme détourna le regard, la tête haute avant de croiser son reflet dans le miroir. Il le faisait pour la Reine, pour mener à bien cette enquête. Mais se répéter, cela n'était pas suffisant pour effacer la honte qui tâchait le nom de Phantomhive.

Surtout si quelqu'un le découvrait vêtu comme une jeune demoiselle.

Sebastian trouvait cela très amusant… Son jeune maître devait avoir des restes de sa dernière enquête où il avait dû se déguiser en jeune fille. A croire que beaucoup de gens influents avaient une obsession pour les demoiselles vierges… Pour lui, seule une belle âme à déguster était à son goût. Et contrarier son jeune maître lui donnait davantage de saveur. Le démon prit avec délicatesse le chapeau bordé de fleures blanches et pures. Le jeune homme avait envoyé son majordome acheter une autre robe afin d'être discret.

Et puis, une lady portait rarement deux fois la même toilette en publique. Sebastian avait donc ramené une robe blanche bordée de bleu pâle. De la dentelle, quelques rubans… De jolis rajouts de cheveux et Ciel s'était rapidement retrouvé en fille. Pour cette fois-ci, il n'avait pas demandé l'aide de Lau. Il n'avait aucune envie de fournir au chinois une raison supplémentaire de se moquer de lui.

Le démon posa avec délicatesse le chapeau, l'inclinant sur le côté droit pour cacher son œil violet… Ciel se devait de cachait la marque de son pacte avec ce diable de démon. Il jeta un coup d'œil à sa silhouette dans la grande glace avant de soupirer.

-« Une jeune fille ne soupire pas de la sorte, jeune maître ».
-« On y va Sebastian ! », trancha-t-il d'une voix autoritaire.

L'agacement de son jeune maître fit sourire Sebastian et il lui emboîta le pas. Le démon avait revêtu une nouvelle fois l'habit du précepteur, ces lunettes sur le nez, les cheveux bien gommés sur le côté. Changer de son habit de majordome lui plaisait… Car cela lui donnait quelques privilèges pour taquiner son jeune maître.

Ciel monta dans la calèche et se rendit à la fête organisée par celui qu'il devait piéger : le Baron Fletchet. Un homme influent, dans le commerce et l'exportation d'épices, qui était soupçonné de faire de la vente de jeunes filles à l'étranger… Mais aussi soupçonné de meurtres sur des jeunes filles après en avoir abusé. Ciel s'était déguisé uniquement pour mettre à jour cet horrible personnage et le faire tomber.

La fête battait son plein lorsqu'il arriva. Ciel se fondit dans la foule avec son précepteur afin de repérer sa proie. Son regard était à l'affût d'une présence dérangeante mais Lizzy ne semblait pas conviée à cette fête privée où il y avait décidément beaucoup de jeunes filles. Sebastian attira son attention d'un effleurement sur le bras et le jeune homme vit enfin le Baron entouré de jolies demoiselles toutes aussi fraiches et jeunes que lui le paraissait.

Cela n'allait pas être évident de s'approcher de lui…

-« Jeune maîtresse ? »
-« Allons saluer le Baron », fit Ciel avec une voix la plus fluette possible.

Sebastian inclina la tête et ils s'avancèrent vers le Baron.

-« Mon joli Rouge-gorge ? »

Le jeune Phantomhive se figea et se retourna lentement pour découvrir le Vicomte Druitt… Il pâlit à vue d'œil tandis que le Vicomte se portait à sa rencontre. Aussitôt face à la jeune fille de ses rêves, il prit sa main délicate et la porta à ses lèvres pour y déposer un baiser.

-« Je vous croyais perdue à tout jamais, mon petit Rouge-gorge ! Quelle joie de vous revoir. »

Sebastian resta stoïque à côté de son jeune maître. Ciel s'était bien vite recomposé un visage neutre, voire enjôleur. Un sourire étira ses lèvres alors qu'il n'avait qu'une envie, faire disparaître ce misérable Vicomte de malheur.

-« Vicomte Druitt, je ne pensais pas vous revoir… Si vite… », murmura Ciel pour lui-même.
-« Que le temps m'a paru long sans vous, mon petit Rouge-gorge ! », s'emporta le Vicomte.

Ce dernier posa une main sur la hanche du jeune homme et le rapprocha de lui, sa tête se penchant vers son visage avec une expression charmeuse.

-« Mais le temps est fait pour être rattrapé, mon Rouge-gorge… », susurra-t-il.

Ciel se crispa davantage à sa main et à cette proximité plus que déplaisante. Mais son visage faisait bonne figure et il était, contre toute attente, souriant envers le Vicomte. Avec l'air d'une jeune femme blessée, Ciel posa sa main sur son épaule et le fit reculer avec douceur, son regard semblant exprimer sa gêne… Une jeune fille blessée, voilà à quoi ressemblait son jeune maître.

-« Vicomte, je suis vraiment navré… Je suis ici pour rencontrer le Baron… Et puis, vous avez été horrible avec moi la dernière fois. »

Le jeune homme se releva doucement et jeta un coup d'œil vers le vieux Baron qui semblait voler l'attention de son petit Rouge-gorge. Un air blessé apparut sur son visage comme si l'épisode de cette vente aux enchères secrètes avait été occulté.

-« Ce vieux crouton de Baron ne mérite pas votre attention, mon beau Rouge-gorge ! », minauda le Vicomte en baisant le gant blanc qui parait la main de Ciel.

Ciel la retira avec l'air digne d'une fille qui s'est faite offenser. Il rapatria sa main vers lui, les croisant devant lui tout en offrant un air blessé à ce cher Vicomte Druitt.

-« Vous m'avez blessée Vicomte… Je vous en veux, veuillez me laisser en paix ! »

Et sur ces mots, telle une jeune fille éplorée, le jeune homme s'éloigna avec son majordome sur les talons. Le blond afficha un air déchiré, comme si on lui arrachait le cœur, son regard azur suivant Ciel… Désespéré de le voir se diriger vers le Baron. Ciel ne jeta pas un regard en arrière, il alla droit vers son but et salua le Baron qui l'accueillit directement dans son cercle de petites demoiselles favorites.

Ciel passa donc la soirée auprès du Baron sans qu'un agissement louche ne se soit révélé à son œil attentif. Il avait aussi envoyé Sebastian faire un tour en prétextant vouloir une limonade. Le majordome avait obéit avec un sourire en coin, voyant le Vicomte Druitt non loin d'eux qui surveillait les moindres faits et gestes de son « Rouge-gorge ». Ce cher Vicomte semblait ne pas lâcher le morceau et cela amusait beaucoup Sebastian.

Vers minuit, le Baron Fletchet proposa à ses jolies demoiselles de se retirer dans une de ses salles de jeux particulières pour finir la soirée plus tranquillement. Ciel était parmi les demoiselles, bien sûr, mais son majordome, non… Le démon le regarda partir et disparaître derrière la porte de la salle avant de poser son regard sur le Vicomte qui s'était glissé parmi les hommes invités.

Sebastian ne pouvait pas laisser son jeune maître en proie à deux pervers à la fois… Un sourire démoniaque étira ses fines lèvres et il se faufila dans la salle comme une ombre mais afin d'observer le spectacle… Jusqu'à ce que Ciel l'appelle.

La pièce était luxueusement décorée et la dizaine de demoiselles semblait chaperonnée par quelques hommes seulement. Le Baron Fletchet triait minutieusement ses amis… Ou bien ceux à qui il réservait certains plaisirs. Le jeune Phantomhive restait sur ses gardes non loin du Baron dont il avait – semble-t-il – attiré l'attention. Une fois autour de la table ronde, les cartes furent distribuées et les jeux amusants furent ouverts… Mais Ciel sentait dans l'air un étrange parfum…

Une première demoiselle sembla fatiguée, avoir chaud et elle se leva, aidée par un homme courtois pour aller se reposer sur un des sofas dans la pièce. Ciel sentait ses sens lui faire défauts, sa vue se brouiller légèrement, il avait chaud, soif. Il s'excusa auprès du Baron pour aller se reposer vers la jeune demoiselle et il constata qu'elle dormait. Une drogue flottait donc dans l'air. Mais à peine eut-il cette certitude qu'il tomba dans l'inconscience sur le sofa de velours.

Il ne se réveilla que lorsqu'un contact humide le dérangeait dans son cou… Puis il sentit des mains chaudes câliner ses hanches. Ciel se réveilla d'un coup, ouvrant les yeux pour fixer avec horreur les cheveux grisonnants de l'homme qui était au-dessus de lui à le caresser comme une catin. Passé sa surprise, il entendit des gémissements, des plaintes de jeunes filles. Le jeune homme tourna la tête sur le côté de la manière la plus discrète qu'il soit pour découvrir que les autres jeunes filles se faisaient outrageusement abusées par les quelques hommes privilégiés.

Le Baron organisait donc des orgies de ce genre avant de tuer ces pauvres filles, car il avait constaté qu'aucune n'était issue d'une grande famille noble… Le dégoût le prit quand il sentit les grosses mains perverses descendre sur ses cuisses, les caresser, les écarter. Sa couverture ne devait pas être brisé… Il faisait appelle à tout son sang-froid mais il menaçait d'envoyer tout son dégout au Baron Fletchet d'un moment à l'autre. Ses attouchements le répugnaient.

Les mains remontèrent pour le déshabiller et le visage du vieux remonta au dessus de lui avec un sourire odieux.

-« Je vois qu'on est réveillée, ma belle petite pucelle ».

Ciel retient une remarque sarcastique, le fusilla du regard.

-« Laisse-moi voir tes beaux yeux ».

L'homme lui retira le chapeau et découvrir l'œil mauve où était ancré le pacte qu'il avait fait avec le démon.

-« Sebastian », fit-il de sa voix autoritaire.

Le vieux recula, surpris par l'apparition juste derrière le coude du canapé, derrière la jeune fille. Une silhouette noire, des yeux rouge sang qui brillaient de malice. Le Baron Fletchet resta sans réaction et Ciel se redressa, plus pour sa dignité que par nécessité.

-« Arrête cet mascarade tout de suite ».
-« Oui, my Lord ».

Un souffle éteignit toutes les bougies et les sons cessèrent. Plus un soupire, plus un cri. Le baron, toujours au-dessus de Ciel, écarquilla les yeux mais il n'eut pas le temps de dire quelque chose qu'il se retrouva à terre, inconscient. Le jeune homme se redressa bien vite, baissant la robe qui l'habillait et rougit de honte. Le démon eut un sourire à ce geste et se rapprocha de son maître.

-« La police est prévenue. J'ai pris la liberté de sortir le corps du Vicomte Druitt qui vous avait suivi ici sans prendre part aux festivités ».

Ciel se redressa, tremblant d'une sourde rage et de honte. Cela n'échappa nullement à l'œil aiguisé du démon dont le sourire ne partait toujours pas. Le regard empli de haine de l'héritier Phantomhive se posa sur le Baron avec une sourde envie de le réduire à néant.

-« Jeune maître ? »

De l'agitation commençait à monter dans la salle principale, sans nulle doute la police. Ciel ne dit rien, posant un regard autoritaire sur Sebastian. Le démon hocha la tête et il le prit dans ses bras avant de sortir de cet endroit de débauche hautement déplaisant à son contractant. Il sauta de toit en toit avant de regagner rapidement la demeure Phantomhive où il déposa Ciel sur le perron de la porte. La tête haute mais clairement chamboulée, Ciel attendit qu'il lui ouvre la porte pour pénétrer dans sa maison.

Sebastian le suivit en silence jusqu'à sa chambre et il l'aida à se défaire des habits de demoiselle, se laissant vêtir pour dormir. Le regard impartial de Ciel fixa le démon.

-« Brûle ces vêtements ».
-« Bien, jeune maître ».

La souillure était insupportable à Ciel. Il posa les vêtements sur la table avant de tirer le drap et la couette pour que son maître y prenne place. Avec un sourire amusé, Sebastian osa glisser sa main gantée sur la nuque qui avait subit les assauts du vieux Baron. La réaction de Ciel fut immédiate. Il se retourna et fusilla son majordome du regard, sa main avant claqué sur la sienne en un geste clair de dégoût.

-« Ne me touche pas ! »
-« Je voulais juste laver cette souillure, jeune maître… », souffla le démon.

Et d'un geste rapide, il saisit la main qui avait claqué la sienne, la portant à ses lèvres pour un baiser. Ciel rougit et retira sa main, son regard lui promettant une belle promesse de mort.

-« Je croyais avoir été clair, Sebastian ! », cria Ciel avec son ton dur autoritaire.

Le démon s'agenouilla devant lui, plié à la volonté de son contractant… Il ne pouvait résister à la délicate envie de le mettre en colère… Il aimait cette saveur que cela donnait à son âme. Le regard de sang se releva sur le jeune homme avec l'envie de le dévorer sur le champ. Ciel ne cilla pas, le tenant en respect. C'était lui le maître.

Et puis… Sebastian détestait que l'on touche à son jeune maître… C'était sa proie. Il n'était pas intervenu car Ciel ne l'avait pas demandé, et le plaisir de le voir dans cet état avait aussi été ce qui retenait ses gestes. Mais ce corps et cette âme étaient tout à lui… Grâce à un pacte. Un sourire énigmatique étira les lèvres du majordome sous le regard critique de Ciel.

Peut-être qu'un jour, il devrait le goûter d'une autre manière… Pour comprendre l'attrait qu'on les humains pour ces choses là. Choses qui semblaient répugner son jeune maître. Il serait patient… Il avait tout son temps.

- FIN -