Hum... Bonjour...

Je ne sais même plus si je dois m'excuser ou si je suis directement impardonnable. J'avoue que je ne suis vraiment plus motivée pour cette fiction qui me demande un temps fou, beaucoup d'imagination et d'énergie. Néanmoins, j'ai horreur d'abandonner ce qui est commencé et ce n'est pas aujourd'hui que cela va commencer. Je ne laisse donc pas tomber, j'y vais à mon rythme quand j'en ai le courage dirons nous.

Alba-Cullen-Granger nous a fait un montage pour illustrer ce chapitre, et je la remercie encore. Vous le trouverez à cette adresse : http : // alba-cullen-granger. deviantart. com / art / Emmett-est-tjrsdans-la-lune-147259743

Voilà, je vous souhaite une bonne lecture. Le chapitre n'est pas des plus longs, mais c'est le mieux que j'aie pu faire.

Lauriane



Chapitre 19. Expériences

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Elizabethtown, 5 janvier 1969

Alice vient d'avoir une vision. Elle a vu les anciens amis de Jasper venir dans la région et flairer nos odeurs. Ils devraient être là dans une heure ou deux. Ils s'appellent Peter et Charlotte. Jasper a passé un certain temps avec eux après avoir quitté Maria. Je suis assez mal-à-l'aise, il faut l'avouer. Déjà ils ne sont pas végétariens. Je ne l'ai moi-même pas été pendant un moment, je le sais, mais je suis bien à Elizabethtown. Je n'ai pas envie de déménager parce qu'ils auront craqué. Il ne nous reste certes plus beaucoup de temps avant de déménager, mais pour l'instant nous y sommes.

J'essaie de sonder l'esprit de Jasper, mais ce dernier semble très heureux de les revoir. Peut-être suis-je trop inquiet inutilement. Il faut dire que je suis vraiment d'humeurs changeantes en ce moment. Je m'ennuie en fait. Les jours passent et se ressemblent trop.

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Elizabethtown, 8 janvier 1969

Depuis trois jours Charlotte et Peter habitent chez nous. La cohabitation n'est pas trop mal, et ils ont accepté de venir chasser hier avec nous. Nous n'avons pu réprimer nos rires devant leurs grimaces face au goût du sang des animaux. Ils nous ont demandé comment nous faisions au quotidien. Carlisle a tenté de leur expliquer que certes c'est loin d'être aisé, mais le sacrifice en vaut la peine.

Ils doutent toujours. Je les comprends. Il faut avoir une réelle raison je pense pour se réprimer ainsi, et contrôler notre propre nature. Carlisle c'est son caractère, sa volonté de ne faire que du bien. Je pense qu'Esmée le fait à l'origine pour Carlisle, mais aussi pour pouvoir avoir une vraie famille. Emmett et Rosalie ne se posent pas la question, ils sont heureux ainsi. Alice, je dirais que c'est comme Carlisle, c'est son caractère. Elle est toujours heureuse, pleine de vie, et je la vois mal prendre du plaisir à enlever celle des autres. Jasper c'est pour Alice évidemment à l'origine, mais aussi pour moins souffrir.

Et moi… Et bien même maintenant, après ce que j'ai vécu il y a quelques dizaines d'années, je ne sais pas trop. Je ne veux pas être un monstre. Peut-être un dernier hommage à mes parents biologiques. Mais je ne crois pas que c'est par pure gentillesse.

Le problème de Charlotte et Peter, c'est qu'ils se suffisent à eux-mêmes. Ils n'ont pas besoin de se nourrir de sang d'animaux puisqu'ils sont déjà heureux avec le régime qu'ils ont actuellement. Sincèrement heureux. Ils ne sont pas foncièrement cruels et ne prennent pas de plaisir à tuer. Mais ils voient les humains comme de la nourriture et cela ne les dérange pas. Moi, je n'arrive pas à partager cette vision. J'ai été humain et je les côtoie tous les jours. Même s'ils se ressemblent tous à mon goût, ils ne sont pas définitivement pas de la nourriture à mes yeux.

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Elizabethtown, 12 janvier 1969

Ça y est, Peter et Charlotte sont repartis. Ils auraient pu rester plus longtemps mais ils commençaient à avoir du mal avec les humains et ils avaient donné leur parole de ne pas chasser dans la région. Cette expérience a été enrichissante je crois, pour tout le monde. La confrontation des deux philosophies était nouvelle pour beaucoup de monde. Peter et Charlotte d'un côté, Rosalie, Emmett et Alice de l'autre.

D'ailleurs, c'est ainsi que j'ai été amené pour la première fois à parler ouvertement de ma propre expérience. Jusqu'à maintenant, elle avait été un sujet tabou. Mais là, j'ai essayé avec Carlisle de convaincre nos deux hôtes de chasser les animaux. Pour cela, j'ai raconté tout ce que j'avais ressenti à cette période. Me replonger dans ces souvenirs a été assez difficile. Seul Jasper avait eu quelques détails quand j'avais discuté avec lui. J'avais toujours épargné Esmée et Carlisle de cela, d'une part pour ne pas les décevoir, mais aussi parce que j'avais honte. J'ai toujours honte. D'autant plus qu'en parler n'a pas servi à grand-chose.

Tant pis, une prochaine fois peut-être.

Les autres ont été un peu choqués de tout cela, je l'ai entendu dans leurs pensées. Néanmoins personne ne m'a jugé, et je les en remercie. C'est dans ces moments là que je sens que nous sommes une vraie famille.

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Elizabethtown, 10 mai 1969

Un article est paru au New-York Times et fait polémique. Il parait qu'il y a eu des bombardements secrets au Cambodge. La polémique vient tant de cela que de la manière dont ils ont eu l'information. Je crois malheureusement je suis blasé de tout cela. (1)

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Elizabethtown, 16 juillet 1969

Le monde est en effervescence. Tout à l'heure, Apollo 11 est partie avec succès en direction de la Lune. Certes, elle n'est pas arrivée, mais elle est partie ! Il y a des astronautes vivants à bord qui peut-être dans quelques jours marcheront sur le satellite.

J'ai l'impression d'être un enfant. Même Carlisle est excité à cette perspective. En même temps, je le comprends. Lui qui est né au XVII° siècle alors que Galilée venait tout juste d'affirmer que nous nous trompions sur le sens de l'Univers, maintenant des hommes partent directement dans le ciel pour explorer ce monde complètement inconnu. Il y a de quoi retrouver un semblant de vie à cette idée.

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Elizabethtown, 20 juillet 1969

ILS Y SONT ARRIVES ! Ils se sont posés sur la Lune ! Ils ont marché dessus ! Nous avons pu assister à cela en direct à la télévision. Jamais je n'avais pensé être aussi heureux de cette invention. Neil Armstrong a été le premier à fouler le sol lunaire. Sa joie et son émotion étaient palpables à travers sa voix. Je crois que sa phrase « Un petit pas pour l'homme, un bon de géant pour l'humanité » restera à jamais gravé dans nos mémoires. (2)

Comme certainement la majorité des habitants de cette planète, nous avons applaudi de tout cœur quand nous avons vu cela. C'est la promesse de tout un avenir que nous verrons sûrement. Pour une fois, je suis heureux d'être immortel. Peut-être aurai-je l'occasion d'assister à d'autres évènements tels que celui-ci.

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Dillon (Montana), 16 août 1969

Nous venons à nouveau de déménager. Il était plus que temps ! Emmett voulait attendre au moins la fin août, mais nous avons mis à cette date pour qu'il soit occupé. Il était hors de question de réitérer l'expérience de l'année dernière ! En effet, c'est le festival hippie de Woodstock. Nous avons trop souffert il y a un an avec son délire pour subir à nouveau cela.

Nous avons de la chance car la diversion a fonctionné. Il est vraiment heureux d'être dans le Montana, c'est plein de grizzlis. Tout le monde découvre la région avec délice. Je suis le seul avec Carlisle à la connaitre. J'y étais venu pendant ma période de rébellion, mais je ne m'y étais pas vraiment attardé. J'espère que personne ne va me reconnaitre. Il y a peu de chance, d'autant plus que je ne m'étais lié avec personne.

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Dillon, 8 décembre 1969

Emmett et Jasper m'ont lancé un défi. Etant donné que ces derniers temps j'ai passé beaucoup d'heures dans mes livres – au moins ils m'occupent dans cette maison remplie de couples – ils m'ont défié d'en écrire un à mon tour. Je ne sais pas trop quoi faire. Je sais qu'ils sont inquiets pour moi et que c'est une manière à eux de me donner un moyen de m'occuper, mais écrire ? On peut toujours essayer.

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Dillon, 7 mars 1970

J'ai fini d'écrire mon roman. J'ai écrit en quelque sorte ma rébellion d'il y a quelques années. Cela m'a pris quelques mois, mais j'en suis satisfait. Je vais peut-être l'envoyer à des éditeurs sous un pseudonyme…

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Dillon, 10 avril 1970

Je suis altéré. Paul McCartney vient d'annoncer que les Beatles se sont séparés. Je suis tombé de haut, je l'avoue. Ils faisaient partie des seuls groupes que j'écoutais. La musique d'aujourd'hui est souvent inécoutable, autre que le classique. Mais eux, ils faisaient quelque chose de pas mal quand même. Et je vais écouter quoi moi ?

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Dillon, 19 avril 1970

Alice a tenté tant bien que mal de me le cacher, mais les courriers arrivent en masse. Ils ont tous refusé mon livre. D'après elle, il est trop glauque, trop dérangeant. Un méchant qui est gentil, du sang fait pour punir les méchants, etc. Et le tout avec un style un peu à l'ancienne, développé, presque lyrique. Ils ne connaissent rien à la vie ! Tant pis, je le garderai pour moi. Au moins cela m'a occupé pendant un petit temps.

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Dillon, 30 septembre 1970

J'ai un peu peur. Depuis le début du mois je suis complètement harcelé et poursuivi par une jeune fille du lycée. Pire que Tanya, ce qui n'est pas peu dire. J'ai beau essayer de lui faire un peu peur, cela fait le contraire. Je crois, et ce n'est pas une critique mais une constatation, qu'elle a un problème mental. Carlisle est de mon avis. Si elle a décidé que ce serait moi, ce serait moi.

Il y a un double ennui à cela. Non seulement je n'arrive pas à m'en débarrasser, mais en plus elle risque de découvrir notre secret. C'est encore loin d'être le cas, mais à m'observer ainsi, cela peut devenir dangereux. Nous n'avons pourtant aucune envie de partir à nouveau, nous venons à peine d'arriver à Dillon. Emmett se plait particulièrement ici. Je ne sais pas. Quelque chose est étrange en elle.

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Dillon, 23 octobre 1970

Tout se paie toujours, je devrais le savoir depuis le temps. J'étais venu dans la région dans la fin des années 20, et j'avais tué des humains. C'était pendant ma période de rébellion. Je viens d'apprendre par le plus grand des hasards que July – la jeune femme qui me harcèle – est une descendante de l'un des hommes qui a servi de repas jadis. J'en suis certain maintenant. Bien sûr, elle ignore cela. Mais c'est comme si cela était un clin d'œil du destin.

Plus jamais je ne veux ôter la vie de quelqu'un juste pour mon bon plaisir. Je subirai donc le châtiment qui m'est réservé. Je crois que je vais même faire en sorte que cette jeune femme se fasse soigner, car elle est réellement malade. Je n'obtiendrai certes pas le pardon, mais c'est le moins que je puisse faire.

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Dillon, 14 février 1971

Fête des amoureux. Saint Valentin. Tout le monde est sur son petit nuage aujourd'hui, bien qu'ils essaient tous de le cacher. Car moi, pauvre petit célibataire de la famille, je la passe encore seul. En fait, je crois que ce genre de fête a été inventé pour rappeler à tous les célibataires le poids de la solitude, dans le cas où ils l'oublieraient.

Je crois que je hais la Saint Valentin.

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Dillon, 22 mars 1971 (3)

J'ai soixante ans. Aujourd'hui j'ai soixante ans. Je devrais être grisonnant, peut-être bedonnant, avec des rhumatismes, mais je suis toujours avec mon corps d'adolescent. Je ne sais pas trop comment je dois le prendre. D'un côté j'ai de la chance de paraitre toujours jeune, je suis certain que bien des personnes seraient prêtes à des sacrifices pour avoir cette « chance ». Mais ils ne comprennent pas le poids de cette jeunesse. Je suis autant voire plus fatigué qu'eux mais je dois paraitre toujours aussi innocent.

Oui, je sens le poids des années. Même si mon corps demeure le même, on n'effacera pas cela de mon regard.

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Dillon, 6 juillet 1971

Je viens d'apprendre la mort du trompettiste Louis Armstrong. C'est une grande perte selon moi, il était réellement quelqu'un que j'admirais.

Sinon, hier la constitution a été pour la vingt-sixième fois amendée. La majorité est abaissée à dix-huit ans. Du même coup, seuls Alice et moi sommes mineurs dorénavant. Jasper, Rosalie et Emmett sont considérés beaucoup plus aisément comme « majeurs ». Pour Jasper et Rosalie, je le comprends. Mais penser qu'Emmett est officiellement adulte aux yeux de la loi – même si dans la vérité il l'est depuis longtemps – me fait sourire. Non. Emmett restera a jamais un grand enfant.

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Dillon, 21 août 1971

Tout à l'heure, Emmett est revenu avec plusieurs litres de sang de grizzli qu'il avait mis en bouteille. Je n'ai même pas cherché à savoir comment il avait fait. Je crois qu'il y a des situations où il vaut mieux rester ignorant.

Non, ce qui m'inquiétait davantage, c'était l'usage qu'il comptait en faire. Alice avait refusé à ce que je le sache, mais ne pouvait s'empêcher de rire. Quant à l'intéressé, il chantait encore une chanson horrible dans sa tête afin que je ne découvre pas ce qu'il préparait. Qu'il prenne autant de précautions, croyez-moi, c'est franchement dangereux… et l'expérience du jour m'a encore une fois donné raison !

Il a fait chauffer le sang pour qu'il devienne de la vapeur. Il l'a mélangé avec de l'opium qu'il avait acheté, et muni de sa traditionnelle chemise à fleur, il a fumé le tout. Sous nos yeux effarés. Evidemment, il avait fait en sorte que ce soit pendant que Carlisle était à l'hôpital.

Soi-disant, il désirait savoir si l'opium avait un effet sur les vampires. Moi je pense pour ma part qu'Emmett n'a vraiment pas besoin d'en fumer pour qu'il plane complètement. Fort heureusement, la seule conséquence a été l'agrandissement de la soif du fumeur. Nous l'avons obligé à aller chasser juste après son expérience après lui avoir fait promettre de ne plus jamais la réitérer.

Maintenant, je vous le demande. Etre un vampire doit-il vraiment se payer aussi cher ?

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Dillon, 3 octobre 1971

Nous avons été hier et avant-hier à l'ouverture d'un parc d'attraction sur le thème des personnages créés par Walt Disney. Il a ouvert près d'Orlando, en Floride. Fort heureusement le temps était suffisamment couvert pour que nous puissions l'essayer.

Vous savez quoi ? Il porte bien son nom. Magic Kingdom. Ces deux jours ont été magiques. Nous sommes tous retournés en enfance, Carlisle et Jasper compris. Ce dernier a eu un peu de mal avec autant d'humains mais nous avions chassé plus que de mesure avant. C'est le premier parc d'attraction du genre, mais cela m'étonnerait fort qu'il soit le dernier. Quoi qu'il en soit, j'ai pris beaucoup de plaisir et même si nous ne ressentons pas les effets de l'adrénaline, nous avons bien ri.

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Dillon, 6 décembre 1971

Nous venons de nous unir pour lancer un défi à Carlisle. Nous sommes tous d'accord sur le fait qu'il s'occupe beaucoup trop des autres sans jamais penser à lui. Il pardonne les plaisanteries d'Emmett, soutient toujours Jasper, garde patience avec Rosalie et Alice, est aux petits soins avec Esmée et ne m'en veut jamais avec mes états d'âme. Mais lui, jamais rien.

Alors pendant un an, à partir du 1er janvier, nous allons être aux petits soins pour lui et il devra se modérer quant à l'aide qu'il apporte aux autres. Nous voulons déjà lui montrer ce qu'il fait pour nous au quotidien, mais aussi lui faire une petite farce. J'avoue que nous sommes tous partants, même Esmée. Nous allons le faire craquer car nous savons qu'il n'aime pas que l'on s'occupe de lui. L'être parfait va devoir se rebeller. J'ai hâte de voir cela.


(1) Si je le mentionne, c'est parce que cet article est l'origine du scandale du Watergate. Je le développerai au moment venu lol.

(2) Traduction de "That's one small step for (a) man; one giant leap for mankind."

(3) Rappel que j'avais changé la date d'anniversaire, d'une part parce que je ne l'avais pas trouvée, mais aussi pour apporter ma touche personnelle.