Disclaimer: Naruto et ses personnages appartiennent à Masashi Kishimoto.
Titre: Impossible to love you
Auteur: Noche-Locura
Traductrice: moi
Résumé : Itachi est amoureux... de son jeune frère. Et n'a pas l'intention de le lui dire. Mais confronté aux menaces, combien de temps encore pourra t-il protéger son secret et son petit frère? AU yaoi, Itasasu, one-sided Gaasasu, et autres couples.
Warning : YAOI, inceste
Note : cette histoire est une traduction, le texte original (dispo sur son profil) appartient donc à Noche-Locura.
Bonjour à tous! Désolé pour cette longue looongue attente, je suis impardonnable! Je ferai les réponses aux reviews sans faute la prochaine fois comme je suis à la bourre:/ Cette trad me tient vraiment à coeur et je compte bien la terminer, peu importe le temps qu'elle me prendra, et dans la mesure du possible (si l'auteure termine un jour la VO!)
Nouveau chapitre donc, on en sait un peu plus sur le rôle de Madara (et Orochimaru) même si le voile est encore loin d'être levé. Attendez vous aux surprises!
Je remercie les fidèles lecteurs qui continuent à me lire, je vous aime! Ça me fait tant plaisir de savoir que vous appréciez mon travail sur cette traduction!
Merci et bonne lecture=)
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Impossible to love you
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Chapitre 7
Lorsque Itachi arriva chez lui, c'était l'heure du dîner. Sasuke n'était pourtant nulle part en vue. Son regard se focalisa sur ses parents.
- Où est Sasuke ?
- Il a appelé pour dire qu'il ne serait pas là pour dîner. Il ne t'a pas prévenu ? répondit Mikoto, ses yeux doux s'élargissant avec surprise.
-...Non.
L'aîné Uchiha alla prestement s'installer à table et attaqua son repas. Pour ses parents ou un quelconque observateur dans la pièce, son visage n'arborait aucun signe apparent de désarroi, mais au fond de son esprit, toute sorte d'incroyables scénarios commençaient à se former et une pointe de panique enserra son cœur comme une tenaille.
Une fois le dîner terminé, une silhouette nonchalante fit son entrée dans la salle à manger. Mikoto accueillit son fils cadet avec un grand sourire tandis que ce dernier les gratifiait de sa grimace habituelle. Fugaku lui fit un léger signe de tête avant de quitter la pièce et Mikoto tendit les bras vers Sasuke. Le cadet s'avança à contrecoeur dans l'étreinte affectueuse de sa mère, qui lui ébouriffa les cheveux.
- Kaa-san ! Je ne suis plus un gamin ! s'exclama t-il, les sourcils froncés.
- Tu resteras toujours mon bébé dans mon cœur. Alors, pourquoi n'as-tu pas dit à ton frère que tu ne rentrais pas pour dîner ? interrogea Mikoto en agitant l'index vers lui.
- Oh... j'ai oublié, désolé.
Il jeta un oeil à son frère imperturbable avant de reporter son attention sur sa mère.
- Comment ça s'est passé ? s'enquit-elle avec enthousiasme.
- Ils ont bien aimé. Je pense que je vais être souvent absent pour dîner maintenant. Mais que va dire otou-san ? fit-il en se mordant la lèvre.
- Ne t'inquiète pas, je m'occuperai de lui pour toi. Va annoncer la bonne nouvelle à ton frère ! Il a l'air si curieux.
Mikoto fit un clin d'œil à son jeune fils puis se leva de table.
- Où étais-tu ? marmonna Itachi.
- Je suis allé voir pour un autre job à mi-temps. Je vais jouer du violon dans un restaurant pas loin de chez nous. Mais je continue mon travail à l'école, ajouta rapidement Sasuke.
- Pourquoi cherchais-tu un autre travail ?
- C'est pas mon truc de rester derrière un bureau, je crois. J'attends beaucoup de ce job pendant les vacances, répliqua t-il en haussant les épaules.
- Orochimaru a démissionné.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'a dit otou-san ?
- Il a en déjà été informé. Orochimaru a dit qu'il était temps pour lui de prendre sa retraite... ce bâtard hypocrite, lâcha Itachi, le poing fortement serré, les yeux plissés étincelants de flammes.
- Ben je suppose que c'est mieux comme ça, souffla le cadet, réprimant un sourire ravi devant la réaction de son frère.
Itachi scruta son cadet puis s'empressa de détourner le regard en se raclant la gorge.
- Oui. Je dois aller dans ma chambre à présent. Je t'emmènerai à l'école demain.
- Nii-san...
L'aîné s'arrêta au milieu de la pièce.
- Ta petite amie est vraiment en train de te changer. Tu comptes nous la présenter bientôt ? demanda Sasuke avec un rictus, fixant les mèches d'encre attachées en queue de cheval dans son dos.
Itachi tourna lentement les talons, ignorant les ricanements étouffés des domestiques non loin d'eux. Il traîna délibérément les pieds jusqu'à l'endroit où se tenait son cadet. Par réflexe, ce dernier fit un pas en arrière, relevant la tête vers le visage d'Itachi. Son frère tendit un bras qui n'en finissait plus d'être long, et ses doigts tapotèrent une fois encore le front de Sasuke.
- Itachi ! grogna t-il en massant son front.
L'aîné sourit en coin avant de reprendre la direction de sa chambre, alors que Sasuke suivait le dos de son frère des yeux. C'était assez rare de voir un sourire percer son masque de glace, mais quelque chose avait l'air différent. Il semblait y avoir un brin de tristesse derrière ce sourire. Mais puisque le visage d'Itachi était toujours affreusement impassible, il n'en avait pas la certitude.
C'était peut être de l'amour. On dit que l'amour procure un bonheur immense, parfois une souffrance infinie. Sasuke se demandait si la mystérieuse femme faisait souffrir son frère.
L'envie de se précipiter vers lui pour l'enlacer, le réconforter en lui murmurant des mots doux le prit aux tripes. Mais ses pieds refusèrent de bouger. Il resta fermement planté au sol comme une statue de marbre.
Après avoir paressé deux longues heures devant la télé et accessoirement un documentaire spécial sur les serpents venimeux, Sasuke monta dans sa chambre en silence vu l'heure tardive. Il passa furtivement le sombre couloir donnant sur la chambre de ses parents, où aucune lumière ne filtrait à travers la porte fermée. Ils dormaient comme des loirs.
A pas feutrés, il se dirigea vers la chambre de son frère et s'arrêta devant la porte. Une pâle lueur argentée s'échappait des coins de la porte en chêne, indiquant qu'Itachi était toujours debout. Il leva une main hésitante, ne sachant pas s'il pouvait souhaiter bonne nuit à son frère étant donné la récente tournure des événements. Un bruit soudain émanant de la pièce le fit immédiatement baisser sa main.
- Pourquoi as-tu fait ça ? Je t'ai déjà donné l'argent ! Qu'est-ce que tu veux de plus ? gronda Itachi à l'intérieur.
Sasuke fronça les sourcils. On faisait chanter son frère ? Qui ? Et pourquoi ? Qu'est-ce que cette personne lui voulait ? Il fila comme une flèche dans le couloir et arriva enfin à destination, le cœur crispé dans sa poitrine, s'affalant tête la première sur son lit. Le nez enfoui dans son oreiller douillet, l'esprit plongé dans les circonvolutions fantastiques et exagérées d'une menace qui pesait sur Itachi.
Un gigantesque serpent glissait lentement vers lui, la gueule grande ouverte et armée de crochets brillants. Puis une langue monstrueuse et fourchue surgit du fond de sa mâchoire et vint presque toucher le bout de son nez.
Sasuke recula en trébuchant et atterrit au sol sur son derrière, les yeux instinctivement rivés sur la créature. La nausée l'envahit et drapa son corps d'un voile de glace, le paralysant au point de ne plus sentir ses membres.
Il vit une longue tête à la crinière noire et imbibée de venin jaillir de l'imposante mâchoire du serpent. Un bras pâle s'extirpa de sa gencive et la tête se releva, dévoilant un visage tout aussi blanc et une paire d'yeux dorés, différents du serpent.
Le monstre lui sourit moqueusement et ouvrit sa bouche pour faire apparaître une langue qu'il passa avidement sur ses lèvres inexistantes, avant de la dérouler vers lui. Sasuke sentit son sang se glacer, le corps secoué de spasmes délirant d'horreur et de degoût.
Non, arrête ! Ne me touche pas ! hurla t-il comme un dément, une fois qu'il trouva la force de placer ses mains moites devant lui pour chasser son prédateur.
Le cadet se réveilla d'un bond, comme si ses épaules étaient dotées de ressorts, le souffle haletant.
- Orochimaru... cracha t-il. Ce nom infâme le répugnait. Il sécha ses larmes d'un geste rageur et remonta les couvertures sous son menton, le corps traversé d'un frisson involontaire, lui donnant la chair de poule.
Tourné vers la fenêtre, Sasuke pressa ses paupières dans une vaine tentative pour retrouver le sommeil. Il pouvait toujours entendre son cœur battre violemment comme un tambour, menaçant d'exploser dans sa poitrine.
Des pas légers se firent entendre, avançant discrètement vers son lit puis une main glissa tendrement entre ses mèches humides.
- Kaa-san, je vais bien. C'est juste un cauchemar, souffla t-il.
La main sembla hésiter une seconde, avant de redescendre pour le border plus convenablement dans ses draps. Sasuke se blottit dans la chaleur de son lit, le pouls de plus en plus régulier. La fatigue l'enveloppa à nouveau et alors qu'il sombrait lentement dans les ténèbres du sommeil, il sentit une paire de lèvres tièdes effleurer sa tempe.
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Le lendemain matin, toute la famille se trouvait réunie à sa place habituelle autour de la table. Toutefois, l'atmosphère semblait différente. Quelqu'un était scandalisé et Sasuke frémit intérieurement à l'idée que son père puisse être déçu de le voir travailler au restaurant.
Il tripota sa nourriture, les nerfs à fleur de peau et frisant la crise de panique. Lorsque Fugaku ouvrit enfin la bouche pour parler, sa tasse de thé lui glissa presque des mains.
- Itachi. Qu'as-tu fait de ta part des fonds de l'entreprise ? gronda t-il.
Sasuke défaillit presque de soulagement, mais son intérêt fut piqué à vif à l'évocation de l'affaire familiale. Son frère reposa calmement son bol et ses baguettes et regarda Fugaku droit dans les yeux.
- J'ai décidé de faire un peu d'investissement. C'est un bon moment pour diversifier l'activité de l'entreprise.
- Qui t'a donné le droit de prendre cette décision ?
- Il s'agit de ma part d'actionnaire, otou-san.
- Peu importe, tu aurais dû m'avertir au préalable. Dans quoi as-tu investi ?
- Dans la nouvelle compagnie de Madara-san.
- Quoi ? Tu connais ce– ce ! s'exclama Fugaku en agrippant sa poitrine, horrifié.
- Il a changé, otou-san.
- Ne me sors pas ces sottises ! Comment oses-tu –
- Allons, Fugaku-san, ne t'énerve pas. Écoute d'abord ton fils. Je suis sûre qu'il a une bonne explication. Mikoto tenta d'apaiser son mari.
- Si tu ne me crois pas, peut être voudras-tu le rencontrer toi-même. Après tout, ça fait déjà un moment, fit Itachi avec un calme inébranlable.
- Le rencontrer ! Très bien je vais le rencontrer ! Mais ne crois pas une seule seconde t'être tiré d'affaire ! Je te verrai après le travail, au siège social dans la salle de réunion! grogna leur père, ses yeux féroces lançant des éclairs.
- Oui, otou-san.
Sasuke scruta son énigmatique grand frère du coin de l'oeil tandis que ses parents quittaient la salle à manger, avant que le regard insondable d'Itachi ne le fasse retourner à la contemplation de son bol.
- Tu te sens mieux ? questionna l'aîné d'un ton grave.
- Oui nii-san... en fait, je – Sasuke ravala ses mots, s'apercevant soudain qu'ils n'étaient pas seuls. Les domestiques semblaient indifférents et passaient presque inaperçus en collant parfaitement au paysage, mais il les savait brûlants de curiosité vis-à-vis du trouble qui avait agité la maison. Ses questions devraient attendre.
- Oui ? Une voix rauque le stoppa dans ses méditations.
- Je voulais juste te remercier pour hier. Sans toi, j'aurais –
Le cadet voulut se baffer pour sa piètre tentative de réponse. Les baguettes tremblèrent entre ses doigts et il se mordit furieusement la lèvre, sentant des larmes détestables picoter le coin de ses yeux.
Une main réconfortante se mit à lui caresser les cheveux. Sasuke leva un regard voilé vers son frère et lui sourit faiblement, rassemblant son courage.
- Ne t'inquiète pas. Tout est fini, le rassura Itachi, l'air sérieux, plongeant ses prunelles onyx dans les siennes.
Sasuke posa sa main sur celle de son frère et malgré lui, ses lèvres s'étirèrent davantage. L'aîné darda un œil vers leurs mains liées avant de lui rendre son sourire, et retira ses doigts des glorieux épis de jais ornant l'arrière de son crâne.
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Le trajet en voiture se déroula dans son silence habituel jusqu'à ce que Sasuke ne décide d'ouvrir la bouche.
- Nii-san... hier soir, j'ai surpris ta conversation au téléphone. C'est Madara qui t'a menacé ? Et Orochimaru... il avait l'air d'avoir une dent contre toi... je me souviens vaguement l'avoir entendu parler de ton acte honteux... Un flot de paroles avait franchi les lèvres du cadet.
Itachi ressera sa prise sur le volant au point de rendre ses jointures blanches.
- Nii-san ?
- Ce ne sont pas tes affaires, finit-il par répondre, les yeux scotchés sur la route.
- Ça concerne toute l'entreprise familiale ! C'est sérieux ! siffla Sasuke.
- C'est ma part des fonds de toute façon. La tienne restera intacte, ne t'en fais pas, lança l'aîné avec sarcasme.
- Quoi ? Comment tu peux croire que je pense à ça ! Je m'inquiète vraiment et toi– il s'interrompit, visiblement incapable de poursuivre.
- Ce n'était pas Madara. L'argent que j'ai mentionné hier représente une somme insignifiante. Ça concerne la personne que j'aime, qui était en danger... mais tout va bien à présent. Orochimaru m'a juste surpris en train de flirter avec la secrétaire d'otou-san. Bien que je ne trouve pas l'acte si honteux, débita simplement Itachi, le visage tendu.
Sasuke jeta un coup d'œil au profil insaisissable de son frère, forçant son esprit à assimiler les nouvelles informations. Il s'adossa finalement contre son siège, jugeant sans doute que c'était le mieux qu'il puisse soutirer à son mystérieux aîné, peut être même la vérité, mais personne ne pouvait le garantir avec une personnalité comme la sienne.
Une minute... la secrétaire d'otou-san ? Elle était plus vieille de quelques années, une silhouette impeccable, un visage superbe toujours maquillé à la perfection.
Ses lèvres étaient pulpeuses et aguichantes, constamment colorée d'une teinte rouge vif qui, sur n'importe quelle autre femme aurait été tape à l'œil, mais ne faisait qu'accentuer la blancheur de ses dents et sa peau caramel.
Sa chevelure soyeuse tombait sur ses épaules en une cascade de boucles chatain-miel, s'accordant avec ses yeux bruns et pétillants, rehaussés de mascara.
Ses longues jambes de gazelles– finement habillées par une étroite jupe tailleur qui moulait ses courbes à chaque mouvement– incarnaient le rêve de chaque jeune fille et le fantasme d'autant de mâles.
Alors Itachi aimait ce genre de femme ; mûre, d'une grande confiance en soi, dégageant une intense aura de sensualité ? Une douleur sourde s'insinua dans sa poitrine et Sasuke lança une nouvelle œillade discrète vers son frère. Le couple devait certainement en jeter dans la rue...
- Nii-san, ta nouvelle petite amie ressemble à la secrétaire d'otou-san ?
Un micro-sourire souleva le coin des lèvres d'Itachi.
- Non, pas du tout.
- Comment est-elle alors ?
- Pourquoi es-tu si intéressé, otouto ?
- Simple curiosité, répliqua t-il en haussant les épaules.
- Elle est simple, le teint pâle, les cheveux et les yeux sombres. Et belle. Il n'y a rien d'artificiel chez elle. C'est une beauté de la nature.
- Tu veux dire qu'elle ne se maquille pas ? Elle a l'air d'être comme n'importe quelle banale intello japonaise.
- Et elle ne porte pas de jupes ou de robes.
Le rictus d'Itachi s'élargit, une lueur s'était glissée au fond de ses yeux de félins.
- C'est un garçon manqué ? Comment tes goûts peuvent changer aussi vite ? s'étonna Sasuke, bouche bée et sans cacher sa surprise.
- Je l'aime pour qui elle est. C'était juste par caprice avec la secrétaire d'otou-san, stupide petit frère, fit-il en lui souriant, avant de reporter son attention sur la route.
Le cadet croisa les bras sur son torse, indigné par le sobriquet qu'utilisait toujours son frère, la lèvre inférieure un tantinet retroussée. Toutefois dans son esprit, il s'émerveillait devant le talent de cette mystérieuse jeune femme qui pouvait capturer Itachi si entièrement, même si son cœur était en proie à une envie agonisante. Il savait d'instinct que cette femme devait être l'âme sœur d'Itachi. Il ne lui restait plus qu'à mettre tout de suite sa jalousie fraternelle de côté et leur souhaiter tout le bonheur possible.
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Irrémédiablement, cloîtré dans les locaux de l'administration, Sasuke fint par tomber sur un roux le dos à moitié courbé devant la machine à café. Cette rencontre purement accidentelle fit palpiter une veine sur sa tempe. Sasuke se pencha, les coudes appuyés sur le comptoir de la cafétéria, gardant ses distances avec le rouquin.
- T'es gonflé de revenir ici après avoir coopéré avec le responsable administratif pour droguer la boisson du frère du principal. Orochimaru a rendu sa lettre de démission après ce qu'il a fait, déclara t-il froidement.
- Je viens d'apprendre pour le départ d'Orochimaru-san. J'ai voulu savoir pourquoi, mais il m'a juste dit qu'il avait des problèmes de santé et qu'il allait passer sa retraite dans un coin tranquille à la campagne. Il a mis quelque chose dans le thé que je t'ai apporté ? Pourquoi il ferait ça ?
- Il a quitté Tokyo ?
- Il a quitté le pays en fait, mais sans préciser où il allait. De toute façon –
- Quel connard. C'est bien son genre de partir juste comme ça. Pourquoi tu ne le suis pas ? Ta vue m'agace.
- Ecoute, Sasuke. Je suis sérieux quand je dis que je ne sais pas ce qui s'est passé entre vous. Je l'ai interrogé sur ça, mais il m'a seulement répondu que t'étais un menteur qui cherche à attirer l'attention. Je ne l'ai pas cru bien sûr. Il n'a pas arrêté de vanter tes qualités en plus de ton physique sexy quand il m'a recruté, et m'a même encouragé à te draguer. En fait, c'était ça mes arrière-pensées. Je voulais juste me rapprocher de toi.
Gaara finit sa tirade d'un souffle - qui ressemblait plus à une longue phrase discontinue- voyant le soupir de colère qu'avait lâché Sasuke aux mots "menteur qui cherche à attirer l'attention".
- Comment tu pouvais même savoir que je travaillais à l'école, après juste cette nuit en boite ? Tu me suivais ? lança le cadet tout de go.
- Non, j'allais partir sans plus, puisqu'on ne se connaissait pas. Mais apparemment, Orochimaru-san était aussi au club cette nuit là et il nous a vu ensembles. Il a dit qu'il voulait m'aider comme j'étais le fils de son ami...
- Ça fait pas mal de coïncidences, non ? répondit-il, les lèvres pincées, fixant les pupilles imperturbables du rouquin.
- Oui, maintenant que tu le dis... il me filait tout de temps des tuyaux, c'est lui qui m'a conseillé de t'emmener dans ce restaurant l'autre jour... avoua Gaara.
- Qu'est-ce que ce bâtard manigance ? marmonna Sasuke dans sa barbe.
La voix grave du roux mit fin à ses réflexions.
- Qu'est-ce qu'il t'a fait ?
- Rien qui te concerne.
Sasuke sentit le sang lui monter aux joues et il tourna les talons, s'apprêtant à quitter la cafète. Il tendait une main vers la poignée lorsque la paume de Gaara se plaqua contre la porte d'entrée.
- Qu'est-ce que tu veux ? demanda t-il avec agacement et sans se retourner vers lui.
- Ton pardon. Que tu m'acceptes de nouveau, chuchota le roux à son oreille.
Sasuke se frotta l'oreille et fit volte-face pour directement croiser le regard de son vis-à-vis.
- Tu empiètes les limites de mon espace personnel, siffla le cadet entre ses dents serrées.
- Mais je l'ai fait plus d'une fois, ronronna Gaara en posant lentement son autre main contre la porte, les lèvres courbées en un sourire suggestif.
L'Uchiha lui saisit les poignets et décolla brusquement ses mains de la porte. Il rapprocha son visage du roux grimaçant, touchant presque son front.
- Ne t'excite pas trop. Tu penses vraiment que je vais encore me laisser duper si facilement ? cracha t-il avec un rictus dédaigneux.
- Alors tu ne me crois pas ? Je t'ai pourtant dit toute la vérité... Gaara avait l'air blessé, ses yeux lui renvoyaient un éclat peiné, une douceur troublée visiblement si sincère qu'elle prit Sasuke au dépourvu. Gaara lui disait-il réellement la vérité ? Ou était-il simplement un acteur digne de remporter les oscars ? Le cadet relâcha ses poignets avec lenteur et lui tourna le dos, replaçant sa main sur la poignée.
- Je ne sais plus du tout qui croire, murmura t-il en sortant du réfectoire.
Le cadet rejoignit la réception, ressassant les récents événements de cette dure réalité qui semblaient colorer son quotidien d'horribles tâches. Il aurait aimé redevenir un enfant, ne pas être prisonnier dans la toile d'araignée qui formait le monde des adultes.
Accoudé contre le bureau, il croisa ses doigts fins dans leur habituel geste de prière. Il pressa inconsciemment ses lèvres contre ses deux index entremêlés, et resta un moment immobile dans cette position. Ce geste parut éveiller un souvenir.
Les lèvres qu'il avait senties sur son front après son cauchemar cette nuit... lui semblaient familières. Pas comme celles de sa mère qui étaient pleines, toujours douces et tièdes. Ces lèvres-là avaient été légèrement gercées, fraîches au toucher, une sensation agréable contre son front brûlant perlé de sueur due à l'affreux cauchemar.
La même sensation procurée par les lèvres d'Itachi. Les lèvres de son frère. Leur souvenir dans le bureau hier était encore intensément gravé dans sa mémoire. Son frère ne l'avait plus embrassé depuis très jeune et il n'avait plus ressenti une affection si profonde de la part d'Itachi, c'est pourquoi il en avait mémorisé chaque détail.
Donc... son frère avait veillé sur lui, sachant qu'il allait passer une nuit agitée ? Sasuke faillit rougir à cette pensée. Mais l'idée lui plaisait et il décida d'y croire de tout son cœur.
Les lèvres de son frère avaient aussi une autre familiarité alarmante, du moins c'était son impression. Le vague puzzle incohérent d'un souvenir hantait les méandres de son esprit mais refusait de se compléter, éparpillé tel un vol d'hirondelles.
La sonnerie du téléphone le fit sursauter. Il fronça les sourcils. La tonalité était différente, indiquant que le coup de fil était interne aux locaux.
- Oui ?
- Sasuke. Viens tout de suite dans mon bureau.
- Huh ? répondit-il intelligemment.
- Tu m'as entendu.
La ligne fut coupée. Sasuke grimaça dans le combiné. Itachi gardait toujours son vernis de neutralité froide et aggravante, qu'il abhorrait de tout son être. Il se rendit tranquillement au bureau de son frère puis toqua.
- Entrez.
Le cadet s'exécuta pour s'immobiliser au milieu de la pièce, l'air embarrassé. Des flashs de l'incident d'hier défilèrent devant ses yeux comme une série fragmentée de tarot fatidique qu'il refusa d'assembler. Itachi lui fit signe de s'asseoir et il traîna des pieds jusqu'au siège face au bureau.
- Quel est le restaurant où tu travailles ?
- Pourquoi ?
- C'est ton premier jour de boulot là-bas, n'est-ce pas ?
- Oui...
- Alors c'est où ?
Sasuke lui donna l'adresse et le nom du restaurant. L'aîné s'adossa contre son siège et ôta ses lunettes.
- Je vais t'emmener. Tu commences à quelle heure ?
- Pourquoi faire ? C'est pas la peine ! T'es pas déjà assez occupé ?
- Je n'aime pas répéter mes questions, otouto.
- Je dois être là-bas à 18 heures, répliqua t-il avec un regard sinistre vers son frère. L'air placide d'Itachi demeura inchangé.
- C'est près de chez nous, donc ça ne devrait pas prendre très longtemps, songea ce dernier.
- Mais pourquoi tu veux faire ça ? Je peux y aller par mes propres moyens, c'est quasiment sur le chemin de retour à la maison !
- Tu termines quand ?
- 23 heures. Nii-san, est-ce que tu m'écoutes au moins ?
- C'est un peu tard. Je viendrais te chercher après le travail, ajouta l'aîné sans tenir compte des paroles de son cadet, les lèvres pincées comme s'il réprimandait un enfant désobéissant. Sasuke détestait qu'on le traite de cette façon.
- Je suis plus un gamin ! Pourquoi tu me couves comme ça tout d'un coup ? Même kaa-san ne le ferait pas ! s'écria t-il avec exaspération.
- C'est trop dangereux. Orochimaru –
- Orochimaru a quitté le Japon. Donc il n'y a plus de danger.
- Orochimaru ? Comment le sais-tu ?
- Gaara me l'a dit. Tu vois, il semblerait qu'Orochimaru mijote quelque chose. C'est lui qui a fait connaître l'école à Gaara comme tu le sais et il n'a pas arrêté de le pousser à me draguer. Ce bâtard de serpent prépare sûrement un sale coup mais il a déjà quitté le pays, alors du calme.
- Il peut y avoir d'autres dangers. Tu fais confiance à Gaara ?
- C'est pas que je lui fais confiance mais ses explications ont l'air censées. On dirait vraiment qu'il ne sait pas dans quoi trame l'autre. Perso je trouve ça bizarre, pourquoi est-ce qu'Orochimaru fait tout ça ?
- Je n'en sais rien. Vraiment rien. Tu ferais mieux de garder tes distances avec Gaara. Tu vas penser que je ne suis pas raisonnable, je sais que tu l'aimes bien, mais c'est plus prudent ainsi.
- Je ne l'aime pas, nii-san ! Et je n'ai pas besoin que tu me protèges ! Je suis adulte, bordel de dieu ! Arrête de me prendre pour un gosse ! explosa le cadet, indigné.
- Je ne te prends pas pour un gosse, Sasuke. Le fait est que les autres non plus. Tu es devenu un jeune homme très attirant...
La mine d'Itachi s'était assombrie. Sasuke se redressa, plaquant ses paumes avec force sur le bureau de son frère.
- Je ne laisserai plus personne droguer ma boisson. Je ne suis pas aussi faible que tu crois.
Et sur ces derniers mots, il pivota sur lui-même et quitta prestement la pièce.
Le cadet regagna la réception avec un pincement au cœur en repensant aux propos qu'il avait eu pour son frère. Il n'avait certainement pas échangé des gentillesses.
Itachi cherchait simplement à le protéger. Il avait montré une profonde inquiétude pour lui ces derniers temps, alors que Sasuke ne faisait que de le repousser.
Sasuke sentit le remords lui picoter les entrailles telle une centaine d'aiguilles, mais ne pu se résoudre à aller s'excuser. Ce n'était pas de coutume dans leur famille et il était bien trop têtu pour ça de toute façon.
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En fin de journée, il s'éclipsa comme un shuriken volant, avec vivacité et adresse si bien que personne ne fut capable de l'arrêter. Même Itachi, qui heureusement pour lui, avait été retenu par un long meeting.
Sasuke poussa un lourd soupir de soulagement alors qu'il tournait au coin de la rue et se dirigeait vers son nouveau lieu de travail. L'adrenaline faisait bouillir son sang à la simple pensée de cette musique qui allait le submerger au restaurant.
La-bas, il jouerait en duo avec un pianiste qui se tiendrait au centre de la scène alors que lui resterait en retrait, comme il n'en avait jamais eu l'occasion à l'époque du lycée ou encore pendant son job à l'école de musique Kono-Uchiha.
Son cœur fit un bond dans sa poitrine en songeant à un pianiste en particulier. Un pianiste d'exception. Itachi était brillant au piano. Ses symphonies émouvaient le public aux larmes, y compris son petit frère. Les mélodies qu'il composait ralliaient le murmure d'un ruisseau de printemps à l'éclat grandiose du tonnerre. Ses doigts évoluaient au dessus des touches tels des papillons en quête d'une âme sœur, caressaient les notes de soie noire comme de doux pétales blancs.
Mais Itachi ne jouait plus à présent. Il n'avait plus touché un piano depuis des années... depuis qu'il était devenu principal en fait. Et il n'avait plus de temps pour les loisirs. Sasuke chassa ses tristes pensées de son esprit. Il devrait plutôt se sentir enthousiasmé par son nouvel emploi. Après tout, jouer était une chose qu'il adorait, un monde de grandeur où il pouvait se perdre. C'était un doux moyen pour fuir les affres de la réalité. Le seul qu'il s'autorisait pour l'instant.
Il finit par entrer dans le restaurant, suivis par deux paires d'yeux cachés derrière leurs lunettes noires qui observaient le pas du sombre jeune homme, avant de redémarrer en trombe pour disparaître à l'horizon sous les braises d'un ciel mourant.
TBC...