Titre : Le Sourire du Diable
Auteur : Ghostly Doll
Disclaimers : Aucun des personnages ne m'appartient, tout est à Square et Disney, et blablabla...
Pairing : SoraxRiku, et autres…
Raiting : T
Résumé : « Le regard froid de l'homme en noir se posa alors sur sa proie. Ça n'allait pas être facile. Mais il adorait les défis. Et rien ne le détournerait de son but. » Quand une affaire de meurtre éclate, c'est Sora et Riku qui sont chargés de l'affaire. Mais les morts se multiplient, inexorablement. Les larmes aussi. Et l'amour s'en mêle…
Note de l'auteur : Je sais ! Ca fait des mois et des mois et des mois que je n'ai pas publié. Je suis sûre que vous n'attendiez même plus de suite, lol. J'ai finalement réussi à terminer ce chapitre… En espérant qu'il vous plaise.
Réponses aux reviews :
NamMisa : En fait, c'était la première fois que j'écrivais une description gore, et ça m'avait bien fait rire ! :D T'inquiète pas va, tout va s'arranger entre Sora et Riku. Normalement… Merci beaucoup d'avoir reviewé !
Serya-Chan : Non, il n'a pas été tendre du tout… C'était le but :D J'essaierai de caser d'autres passages sanglants de temps à autre ^^ Merci pour ta review !
DuncanHeart : Sora a le chic de détruire tous les scénarios ^^ Et merci !
Voilà la suite ! Bonne lecture !
Vingt-trois heures cinquante-neuf sonnèrent.
L'homme en noir était tranquillement appuyé contre une colonne de marbre, au sommet d'un grand escalier de la même matière, démontrant la richesse des lieux. De là où il se tenait, il pouvait entendre des bribes de musique classique. Un bal avait lieu en ce moment même dans le palais. Le Prince, paraît-il, devait y trouver sa fiancée.
L'homme en noir serra les poings. Il l'avait déjà aperçue, la fille qui serait choisie comme fiancée. Mais plutôt brièvement.
Leur rencontre serait encore très brève, ce soir-là…
Un sourire flotta sur les lèvres de l'homme en noir, tandis que la grande horloge sonnait minuit.
Ce n'était plus qu'une question de secondes, à présent.
— Non, attendez, ne partez pas ! Comment pourrais-je vous retrouver ? Je vous en prie, attendez ! cria soudain une voix masculine – celle du Prince, devina l'homme en noir.
Un nouveau son se fit alors entendre : le tintement du verre sur la pierre. C'était rapide et ça se rapprochait.
L'homme en noir se tenait près à agir.
Et là, elle apparut. Son visage trahissait son affolement tandis qu'un nouveau coup sonnait. De ses mains fines, elle relevait les pans de sa robe de bal afin de courir plus vite, dévoilant par la même occasion ses deux petits pieds chaussés de pantoufles de verre.
— Attendez ! cria encore le Prince, plusieurs mètres derrière elle.
La jeune fille sursauta et tourna la tête vers le Prince une dernière fois. Un rayon de lune caressa ses cheveux blonds…
Et tout s'enchaîna à toute allure.
Ses yeux bleus s'écarquillèrent et sa bouche s'ouvrit en un cri silencieux. Au ralenti, elle tomba, tomba, tomba… Et s'écroula au pied des escaliers. Une large flaque de sang se forma sous son corps, provenant d'un trou béant dans sa poitrine.
Une pantoufle de verre s'était décrochée et reposait à présent sur une des marches.
— Sora…
— Mmm… Riku ?
Sora cligna des yeux, encore somnolent, et regarda autour de lui. Visiblement, il s'était endormi dans la petite cale, toujours appuyé contre la porte. D'où les courbatures.
Et Riku était en train de l'appeler, derrière la porte.
— Sora, répéta doucement l'argenté.
— Petit-déj ? marmonna Sora en se frottant les yeux.
— Non, dit Riku en riant légèrement. On est arrivés au Château Disney.
— Mmm, acquiesça le châtain en retournant dans les bras si envoûtants de Morphée.
— Sora ? Sora… ? Tu t'es rendormi ?
N'obtenant plus de réponse, Riku s'inquiéta et ouvrit doucement la porte… Pour découvrir son ami roulé en boule sur le sol, sa jolie frimousse endormie, un filet de bave coulant du coin de sa bouche. L'argenté sourit tendrement. Sora était tellement mignon quand il dormait… Ou plutôt mignon tout court, quelles que soient les circonstances.
Délicatement, Riku le souleva avec ses bras musclés à la manière d'une princesse. Il s'immobilisa alors.
Le visage de Sora, si pur et si serein, accélérait le rythme cardiaque de ce pauvre Riku, tout ému, tandis que ses joues se coloraient d'une douce teinte rosée. Les yeux cyans commirent alors une erreur fatale : celle de regarder la bouche de Sora. Ladite bouche étant entrouverte, laissant échapper un souffle chaud et régulier.
Riku essaya d'oublier cette vision, de détourner son regard, mais c'était tout bonnement impossible… Alors il inclina son visage au-dessus de celui du châtain.
— Ça, c'est de ta faute, murmura-t-il.
Il ferma ensuite les yeux, puis, lentement, abaissa ses lèvres vers celles de Sora…
— Riku ! Sora ! brailla soudain Donald à l'extérieur. Dépêchez-vous !
Riku eut un sursaut et recula son visage promptement. Avec un sourire triste, il chuchota encore :
— Regarde ce que tu allais me faire faire…
Et il sortit de la cale, toujours portant son Sora au Bois Dormant.
— Tu es tout rouge, Riku, remarqua Dingo. Quelque chose ne va pas ?
— Rouge, moi ? répondit Riku d'un ton faussement dégagé en rougissant de plus belle.
— Comme une tomate, renchérit Donald, narquois. Aurais-tu essayé de violer Sora ?…
Riku ouvrit la bouche pour jeter au canard une remarque bien acide, mais se retint de justesse et fit un mini-sourire.
— J'aurais bien voulu.
Et sur ces paroles provocantes, il quitta le vaisseau gummi pour rejoindre la salle du trône. Le Roi les accueillit avec empressement.
— Ah, vous voilà ! Mais… Sora va bien ?
— Il est juste endormi, le rassura Riku.
— Alors, réveille-le ! ordonna Mickey. Nous n'avons pas de temps à perdre.
Riku hocha la tête et remit doucement Sora sur ses pieds, ce qui réveilla le châtain.
— Qu'est-ce qui se passe ? marmonna-t-il d'une voix pâteuse.
— Racontez-moi tout ce que vous avez découvert au Pays des Merveilles, enchaîna le Roi, sans daigner répondre au Maître de la Keyblade.
Donald et Dingo entrèrent à leur tour dans la salle du trône et se hâtèrent de rejoindre le groupe. Mickey les salua d'un signe de tête pendant que Riku sortait son carnet de sa poche.
— Le coupable serait le Chat de Chesh…
— Non ! l'interrompit Sora, soudain réveillé. Je suis persuadé que ce n'est pas lui !
Riku lui lança un regard exaspéré, que le châtain lui rendit copieusement avant de poursuivre :
— Majesté, j'ai parlé au Chat de Cheshire, et je suis presque certain que ce n'est pas lui. De plus, il a évoqué un homme en noir, et je…
— Un homme en noir ? s'écria le Roi avec surprise et intérêt.
— Oui, confirma Sora avec un hochement de tête énergique.
Le Roi commença alors à faire les cent pas, les mains croisées dans le dos. Son front était plissé par une intense réflexion.
— Mais ça pourrait être n'importe qui…
— Hélas oui, admit le châtain en se grattant la nuque. Mais c'est toujours un indice.
— Un manteau noir… Personne ne porte ça à part l'Organisation, poursuivit Mickey.
Quelle déduction inattendue. Même Donald y avait pensé.
— Mais ils sont tous morts, rappela Riku le rabat-joie, qui avait toujours du mal à accepter cette théorie.
— Non, justement, dit le Roi d'un air sombre.
Un silence ensuivit cette déclaration. Long. Lourd. Pesant. Un ange passa, puis deux, puis trois, puis tout les habitants du Paradis défilèrent, jusqu'à Walt Disney qui en profita pour faire un signe complice à Mickey et un pied de nez à Donald.
Mais revenons à nos moutons.
Sora était estomaqué.
— Quoi ? finit-il par lâcher.
— Les membres de l'Organisation XIII ne sont pas morts.
— Quoi ?!
Sora ne parvenait pas à prononcer un autre mot. Il était incapable de raisonner calmement. L'Organisation XIII, une bande d'illuminés à la recherche du pouvoir extraordinaire de Kingdom Hearts ; ils avaient tous été éliminés, Sora avait même dû en combattre plusieurs… Et le Roi osait lui dire qu'ils n'étaient pas morts ? Qu'il avait fait tout ça pour rien ?
— Ça recommence comme avec Ansem, gémit le châtain en se penchant dans une position découragée.
Riku décida de prendre les choses en mains.
— Comment ça, ''ils ne sont pas morts'' ?
— Vois-tu, Riku, les Similis sont des êtres du Néant. Ils n'existent pas vraiment.
L'argenté hocha la tête. Il savait déjà tout ça. Où le Roi voulait-il en venir ?
— Donc, quand ils sont éliminés, il ne meurent pas vraiment non plus.
— C'est-à-dire ?
— Pour être mort, il faut avoir été vivant un jour. Et leur existence, ce n'était pas vraiment vivre, puisqu'ils ne sont pas. Être ou ne pas être, tu vois…, précisa Mickey, intérieurement rayonnant de fierté d'avoir plagié Hamlet.
— Ils ne sont pas, donc ils ne vivent pas, donc ils ne meurent pas, répéta Riku qui commençait à comprendre le raisonnement du Roi. Mais s'ils ne meurent pas, que font-ils ?
— Ils disparaissent. Ils retournent dans le néant d'où ils sont sortis.
Riku réfléchit quelques instants. La théorie du roi Mickey était assez intéressante. Enfin… À peu près.
— Mais ils seraient capables d'en sortir ?
— Là est la question.
— De toute façon, nous parlons d'un cas hypothétique, rappela l'argenté. Puisque ce n'est sûrement pas l'Organisation.
— Peut-être pas l'Organisation, reconnut Mickey. Mais un homme en noir…
— Quoi ? Vous croyez à cette théorie, Majesté ? s'exclama Donald.
— Alors que c'est le Chat de Cheshire qui a dit ça ? ajouta Dingo.
— Un gros matou rose rayé complètement loufoque ? renchérit Riku.
Mickey leva une main pour obtenir le silence. Puis, il déclara :
— Il n'y a qu'un seul moyen pour savoir si le Chat de Cheshire est coupable ou non.
Sora se redressa avec espoir. Il y avait donc un moyen de prouver qu'il avait raison ! C'était rassurant. Il ne voulait en rien procéder à l'arrestation du Chat de Cheshire. Ni à qui que ce soit du Pays des Merveilles. Ils étaient fous, mais pas méchants. Sauf la Reine de Cœur, mais on s'en moque.
— Il faut…, dit Mickey gravement en ménageant le suspense. Attendre le prochain meurtre.
— QUOI ?! s'exclamèrent en chœur les quatre autres, choqués.
Le Roi soupira.
— Si un meurtre a lieu dans un autre monde, cela voudra dire que Sora avait raison, car les habitants des mondes ne peuvent pas voyager dans l'espace comme nous. S'il a lieu au Pays des Merveilles, c'est que c'était bien le Chat de Cheshire, et nous pourrons donc procéder à son arrestation.
Donald, Dingo et Riku hochèrent la tête. En effet, cela semblait un bon plan. Seul Sora se mordillait la lèvre avec nervosité.
— C'est juste, mais…, commença-t-il d'un ton hésitant. Cela ferait un mort en plus…
— Nous ne sommes pas sûrs qu'il s'agisse d'une affaire de meurtres en série, le rassura Mickey.
— Oui, mais…
— De toute façon, il n'y a rien d'autre à faire, sinon attendre.
Le châtain resta silencieux, mais ce plan ne lui plaisait pas du tout. Il voulait arrêter les meurtres, pas attendre qu'un nouveau se produise !
Hélas, il était trop tard.
Tic et Tac arrivèrent en courant dans la salle du trône et se mirent à sauter partout en s'égosillant :
— C'est terrible ! Un nouveau meurtre a eu lieu !
Le Roi resta impassible, Dingo et Donald échangèrent un regard triste, Riku soupira et Sora, désemparé, ferma les yeux pour se retenir de fondre en larmes.
— Qui est la victime, cette fois ? s'enquit Mickey.
Son nom allait tout déterminer. La fin de l'enquête… Ou sa poursuite. Riku serra les dents en attente de la réponse.
— Cendrillon.
Sora rouvrit les yeux et croisa le regard de l'argenté, qui hocha la tête en signe de défaite.
— C'est clair… Ce n'est pas le Chat de Cheshire.
— C'est un homme en noir.
— Vous savez ce qu'il vous reste à faire, conclut le Roi avec satisfaction. Allez-y.
— À vos ordres !
Le voyage jusqu'au royaume de Cendrillon se fit dans un silence pesant. Ne pas avoir pu empêcher un second meurtre était un échec cuisant. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'ils parviennent à éviter un troisième…
Sora s'était blotti contre Riku pour oublier ses tristes pensées. Il était profondément affecté par ces morts. Sora aimait voir les gens heureux. Il lâcha un soupir et Riku baissa sur lui des yeux inquiets.
— Ça va Sora ?
— Bof, avoua le châtain.
L'argenté le serra plus fort contre lui en signe de protection et de réconfort. Il se doutait que Sora se sentait coupable. Il avait toujours été comme ça, à s'en faire pour les autres, à vouloir leur bonheur. Sora était pur et généreux, pas égoïste pour un munny. Il faisait toujours passer le monde avant lui. C'était un trait que Riku appréciait beaucoup chez son ami. Il ne voulait pas le voir malheureux.
Doucement, il ébouriffa les cheveux en bataille de la tête de piques.
— Ne t'en fais pas, va.
Sora acquiesça, mais Riku ne retira pas sa main pour autant. Les cheveux de Sora étaient doux au toucher. Et ce contact semblait plaire au châtain, qui avait fermé les yeux de contentement. Riku s'attendait presque à l'entendre ronronner. Il était tellement beau… Le cœur de l'argenté s'emballa. Il avait envie d'embrasser Sora. Cela faisait longtemps que cette idée trottait dans sa tête. Mais… Et si il était repoussé ? Et si ça brisait leur amitié ? Il pouvait tout gâcher… Juste avec un baiser.
Il fallait qu'il se contienne. Une vie de frustration était préférable à une vie sans Sora.
Il l'embrassa quand même, mais sur sa tempe. La peau était douce et parfumée sous ses lèvres. Sora rougit doucement, mais esquissa un sourire. C'était parfait… Ou presque.
— On est arrivés ! annonça Donald.
— Prêts à examiner un cadavre sanguinolent les amis ? demanda joyeusement Dingo.
Les trois autres le regardèrent de travers ? Cet humour était plutôt morbide… Et depuis quand Dingo était-il assez intelligent pour connaître le mot « sanguinolent » ?
Enfin, passons.
Ils sortirent du vaisseau gummi et se matérialisèrent devant une maison à l'allure ancienne et quelque peu délabrée.
— À votre avis, à qui appartient cette maison ? demanda Sora.
Ses amis secouèrent la tête en signe d'ignorance. Sora décida donc d'aller voir par lui-même. Il grimpa les marches des escaliers qui menaient au porche et frappa à la porte. Les autres s'empressèrent de le rejoindre.
À ce moment-là, la grande porte s'ouvrit et une femme à l'allure austère apparut dans l'encadrement. Elle était vêtue d'une longue robe rouge bordeaux et tenait une canne à pommeau doré. Ses cheveux gris étaient relevés en une sorte de chignon. Elle semblait avoir une cinquantaine d'années.
Sora fut frappé par la froideur de son regard. Les yeux verts et perçants étaient aussi glacials qu'un congélateur dans un igloo en hiver. Pouvait-elle tuer quelqu'un de sang-froid ? Sora hésitait, mais Riku en était persuadé. Il connaissait ce genre de regard, ce sourire faussement chaleureux mais qui n'atteignait pas les yeux. Il lui rappelait Maléfique.
— Bonjour, dit Sora en esquissant un sourire poli.
— Bonjour, répondit la dame en inclinant la tête.
Elle regarda les tenues de Sora et Riku en haussant les sourcils, mais ses yeux s'agrandirent en voyant Donald et Dingo.
— Que sont ces créatures ?
— Des créatures, nous ? s'indigna Donald.
— Des amis, s'empressa d'expliquer Sora. Madame, je m'appelle Sora, et voici Riku, Donald et Dingo. Nous voudrions savoir où se trouve le cadavre de Cendrillon.
Les yeux de la femme luirent et sur ses lèvres minces apparut un sourire de jubilation.
— Ah, oui. Il est encore au palais. Je pense qu'elle sera bientôt enterrée.
Cette perspective semblait la réjouir au plus haut point. Sora fronça les sourcils et interrogea avec hésitation :
— Est-ce que vous… La connaissiez ?
Le sourire s'élargit.
— Oh, certainement. Je suis – ou plutôt, j'étais – sa belle-mère.
« C'est elle », songèrent aussitôt les quatre compagnons. C'était connu, les belle-mères avaient toujours la manie de vouloir tuer leur belle-fille. Il suffisait de se souvenir du cas de Blanche-Neige.
« Ah mais non », pensa ensuite Sora après un instant de réflexion. Le Chat de Cheshire avait parlé d'un homme en noir ! Et comment cette femme aurait-elle pu aller dans un autre monde ? Ce n'était donc pas elle.
Mais les trois autres, sans avoir réfléchi davantage, avaient empoigné la femme sidérée.
— Au nom de la loi, je vous arrête ! clama triomphalement Riku.
— Oui, inutile de vous échapper, on vous tient ! ajouta Donald, qui voulait avoir sa part de gloire.
— Mais que faîtes-vous ? protesta la belle-mère. Lâchez-moi ! C'est un scandale !
— Lâchez-la ! cria à son tour Sora. Arrêtez, nous n'avons aucune preuve !
— Mais elle a dit qu'elle était la belle-mère de Cendrillon, fit remarquer Dingo, tout en arrachant la canne des mains de sa propriétaire – on ne sait jamais, elle pourrait les assommer avec.
Sora lui enleva à son tour la canne des mains. Dingo était bien trop maladroit pour qu'on lui laissât cet objet.
— Ce n'est pas une raison. Lâchez-la !
Les trois obéirent finalement, avec regret. La femme voulut en profiter pour rentrer chez elle mais Riku coinça la porte avec son pied.
— Pas si vite, Madame. Nous n'en avons pas encore fini.
— Mère ! Que se passe-t-il ? firent soudain deux voix à l'intérieur.
Et avant que la belle-mère eut le temps de faire quoi que ce soit, la porte s'ouvrit en grand, laissant apparaître dans l'encadrement les deux plus horribles demoiselles de la création. La Nature ne les avait pas gâtées, elles étaient toutes deux plus laides l'une que l'autre. Et le ton criard de leurs voix n'arrangeait rien. D'autant plus qu'elles ne semblaient pas être dotées d'une grande intelligence.
Elles se figèrent net en voyant leurs invités.
— Ce sont vos filles ? demanda Riku à la femme en réprimant un sourire moqueur.
— Oui, répondit-elle froidement. Je suis Lady de Trémaine, et voici Anastasie et Javotte.
Les deux filles gloussèrent stupidement, tout en détaillant Riku et Sora du regard. Lesquels essayaient de ne pas montrer leur dégoût.
— Pouvons-nous entrer ? lâcha Sora.
Les yeux de Lady de Trémaine brillèrent furieusement.
— Ne pensez-vous pas qu'après ce que vous avez fait, je préférerais vous voir déguerpir d'ici ?
— Sans doute, mais ce n'était qu'une erreur justicière. Nous sommes ici en tant qu'enquêteurs, Madame. Nous sommes à la recherche du meurtrier de votre belle-fille.
Javotte et Anastasie ricanèrent de plus belle.
— Qu'est-ce qui est si marrant ? grogna Sora, agacé.
— Pauvre de vous, railla Javotte. Il va vous falloir enlever toute la suie si vous ne voulez pas vous salir les mains.
— N'oubliez pas d'enterrer Cendrillon avec son balai, ajouta Anastasie en pouffant de rire.
Sora était indigné.
— Comment osez-vous parler ainsi de votre demi-sœur ?
— Laisse, Sora, le temporisa Riku. Alors, pouvons-nous entrer oui ou non ?
Il leur fallut un quart d'heure pour obtenir le droit d'entrer, et un quart d'heure de plus pour que Donald et Dingo y aient droit aussi. Finalement, tout ce petit monde se retrouva dans le salon à prendre le thé.
— Ainsi donc, commença Riku, vous étiez la belle-mère de Cendrillon.
Son interlocutrice se pinça les lèvres. Depuis la scène sur le perron, elle se tenait sur ses gardes.
— C'est exact.
— Quels étaient les rapports que vous entreteniez avec elle ?
Riku avait ressorti son petit carnet et attendait les réponses, le crayon en l'air.
Lady de Trémaine sembla hésiter à répondre.
— Ils étaient tout à fait corrects.
Ses deux filles échangèrent un sourire complice. Riku restait sceptique. Sora, qui n'avait rien à faire sinon écouter, s'ennuyait royalement et rajouta encore une cuillère de sucre dans son thé. Donald et Dingo dodelinaient de la tête à chaque réponse.
— Vraiment ? insista l'argenté.
— Vraiment, répliqua la femme en plissant les yeux comme pour le défier de la contredire.
Riku nota assidûment dans son cahier, puis se leva du fauteuil en époussetant ses vêtements.
— Pourrions-nous voir sa chambre ?
— Oh oui, ce serait génial pour l'enquête ! s'exclama Sora en sautant comme un ressort, ravi de faire un peu d'exploration.
Lady de Trémaine plissa les yeux.
— Pourquoi donc ?
— Pour voir quelle genre de fille c'était. Relever ce qu'il y a à relever. Vérifier si ce que vous nous avez dit s'avère vrai, assena Riku.
Lui et la vieille femme s'affrontèrent du regard. Sora retint son souffle. Il fallait que Lady de Trémaine accepte. L'ennui, c'est qu'ils ne pouvaient pas la forcer à lui montrer sa maison, ils étaient chez elle. La prochaine fois qu'ils auraient à enquêter sur un meurtre, ils demanderaient un mandat de perquisition à Mickey.
Finalement, on leur laissa l'autorisation de monter au grenier. Mais uniquement Riku et Sora. La belle-mère de Cendrillon ne voulait pas que des animaux salissent sa demeure.
Ainsi, les deux garçons montèrent, seuls. Leur ascension silencieuse leur mettait les nerfs en pelote. Chacun voulait parler, nul ne savait que dire. Riku mourait d'envie d'avouer à son meilleur ami les sentiments qu'il avait à son égard. Mais comment faire ? Par où commencer ? Que dire à la personne qu'on aime en secret depuis si longtemps ? Les mots arrivaient puis s'évanouissaient, sans qu'aucune phrase cohérente n'ait été construite. L'argenté prit finalement son courage à deux mains.
— Sora ?
Le châtain tourna vers lui ses grands yeux bleus, intérieurement soulagé que son ami ait brisé le silence. Les mots de Riku moururent dans sa gorge et il se détourna, cachant ses joues rouges sous ses longues mèches argentées.
— Je crois qu'il faut tourner par là.
Il désignait du menton une porte en bois, détonnant sur le mur richement tapissé.
Sora opina, mais ne pipa mot. Il trouvait Riku bizarre, ces derniers temps, et confusément, il avait l'impression d'être la cause de son étrange attitude. Il n'aurait pas su expliquer pourquoi… Mais son ami posait sur lui un regard inhabituel. Comme s'il était fâché. Sora se demandait ce qu'il avait bien pu faire.
Quand ils arrivèrent en haut du manoir, les deux garçons restèrent stupéfaits. Etait-il possible qu'une princesse de cœur eût vécu dans un tel taudis ? C'était une petite chambre mansardée, qui ne contenait que le strict minimum, et encore, les meubles n'étaient ni beaux, ni neufs. Le seul point qu'on ne pouvait cependant pas critiquer était la propreté.
— Ouah, lâcha finalement Sora. C'est bizarre.
— Non, ça ne fait que confirmer notre soupçon : elle était détestée par sa belle-mère et ses demi-sœurs, dit Riku, les sourcils froncés.
— Mais ça ne fait pas de Madame de Trémaine la coupable.
— Non, c'est vrai. D'autant que cette femme n'aurait pas pu assassiner Alice. N'empêche… Si ce meurtre n'était qu'un hasard, on a une suspecte.
— Ouais. En attendant, il faut qu'on aille au palais pour examiner le corps de Cendrillon, murmura le châtain en plissant le nez d'anticipation.
Riku tapota son épaule avec un demi-sourire.
— Courage.
Sora tressaillit à ce contact et se dégagea en faisant mine de refaire ses lacets. Puis il se redressa, les joues empourprées, et partit à fond de train en lançant par-dessus son épaule :
— Bon, tu viens ?
Leur décision de partir tombait à pic, Lady de Trémaine semblait sur le point de les jeter dehors. Elle n'avait pas apprécié que Dingo renverse son thé sur son tapis.
Au palais, c'était la panique générale. Entre les bonnes qui pleuraient, les valets qui se rongeaient les ongles, personne ne put indiquer à nos héros l'endroit où se trouvait Cendrillon. Heureusement, grâce à leur sens de l'orientation, ils finirent par débouler dans la salle du trône, déjà occupée par le Roi, le Grand Duc et le Prince, ce dernier étant penché sur le corps d'une jeune fille.
Le cœur de Sora se serra tant le désespoir émanant de la scène était palpable. D'un pas hésitant, le jeune homme s'approcha du Roi.
— Euh, excusez-moi…
Le vieil homme le vit, et passé le premier instant de surprise, devint rouge de colère.
— Qui êtes-vous ? De quel droit venez-vous nous déranger ?
— Sire, ne jouez pas avec votre tension ! supplia le Grand Duc.
L'ignorant, le Roi continua en balayant la salle d'un large geste du bras :
— Ne voyez-vous pas que ce n'est pas le moment ?
— Pardonnez-moi, Sire. Nous… (Sora fit signe à ses amis de le rejoindre.) Nous sommes l'équipe d'investigation qu'on a mis sur le dossier de l'enquête… Au sujet de ce drame…
Le Roi se laissa retomber sur son trône avec abattement.
— Je vois. Eh bien… Faîtes ce que vous avez à faire…
Des grosses larmes perlèrent au coin de ses yeux.
Sora murmura un remerciement et se tourna vers le Prince, qui lui aussi pleurait sur le corps de sa disparue.
— Votre Altesse…
— Je sais, fit-il d'une voix étouffée.
Il caressa encore une voix la joue froide de la morte, et, sans un regard pour Sora et ses amis, quitta la salle du trône à grands pas.
Les quatre compagnons se penchèrent sur le cadavre, non sans une grimace de dégoût. Le corps de Cendrillon était dans un état tout aussi déplorable que l'était celui d'Alice : poitrine béante, cœur arraché, regard terrorisé. Une de ses jambes était tordue bizarrement.
— Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? s'étonna Sora.
— On dirait qu'elle est tombée, répondit Riku en se grattant pensivement le menton. Tu sais, comme dans des escaliers.
— C'est là qu'on l'a retrouvée.
Ils firent volte-face. C'était le Grand Duc qui avait parlé. Il se tordait les doigts tout en jetant des coups d'œil craintifs au Roi.
— À minuit, elle a quitté le Prince et s'est enfuie… Le Prince l'a poursuivie, et finalement, il l'a retrouvée… Assassinée… Au bas des escaliers de l'entrée. Il n'y avait personne… Personne n'a rien vu. La théorie de l'accident ne tient pas, personne ne peut perdre son cœur rien qu'en tombant… C'est incompréhensible, conclut-il tristement.
— Et impossible à résoudre, ajouta Donald, dépité.
— Impossible n'est pas Disney ! clama Sora, qui refusait de se laisser décourager. Nous allons rentrer pour le moment et faire le point. Rien ne nous empêchera de revenir pour approfondir notre enquête.
— Très juste, approuva Riku. Nous…
Il fut soudain interrompu par un grand cri d'effroi.
Tous se précipitèrent vers l'endroit d'où ça venait, et virent une petite servante toute tremblante pointer le plafond en pleurant.
— Je… Je passais et je… L'ai vu… Sauter…
Elle fut incapable d'en dire davantage et éclata en énormes et violents sanglots. Sora et Riku levèrent les yeux…
Et découvrirent, horrifiés, le corps du Prince, pendu à un lustre par une corde.
— Est-ce que c'est encore l'assassin ? demanda Donald avec inquiétude.
— Non, Donald, fit Riku, lugubre. Cette fois-ci, c'était un suicide.
Sora baissa la tête.
Merci beaucoup pour votre patience. J'espère que je ne mettrai pas autant de temps pour publier le prochain chapitre !