Disclaimer : Rien n'est à moi, même pas le titre…

Couple : HPDM, comme toujours

Rating : T pour l'instant, possibilité de changement (selon le bon vouloir de Sean :p)

Commentaire du champi : Eh voui, me voila avec une nouvelle fic alors que j'en ai deux autres en suspend (qui avancent à la vitesse d'un escargot asthmatique, mais qui avancent je vous le jure dans les tréfonds de mon ordi). Mais cette fic est spéciale car, en plus d'être déjà finie (mwahaha), elle est surtout écrite pour l'anniversaire de quelqu'un de très particulier : Sean Conneraille, mon zombie préféré (oui, bon, des puristes me feraient remarquer que l'anniversaire de la demoiselle est déjà passé depuis des mois, je leur répondrais que nous avons eut beaucoup de mal à trouver un titre…).

Sean, dont je ne ferais pas l'éloge ici, ceux fréquentant Manyfics sont au courant de sa répartie assassine, de son sens de l'à propos et de son humour…ahum, douteux :p Pour les autres, ben vous ne savez pas ce que vous loupez. Pour d'autres compliments plus personnels, je les lui feraient en privés :p Mais pour résumer, elle est la preuve en chair et en clavier qu'il est possible de se créer la plus belle des amitiés par le biais du net ^^ Elle rox quoi \o/

Sur ce je vous souhaite une bonne lecture, et bon courage (vous allez en avoir besoin :p)

Chapitre 1

Certains tombent amoureux au premier regard, d'autres au second. Au premier regard il m'a intrigué. Au second, je l'ai détesté.

Et pourtant, il n'aura fallu qu'une minuscule fixation, une ridicule obsession pour ronger complètement une haine de plus de six ans. Si ça n'est pas malheureux…

Nous étions en fin de septième année. En mi-mars, le soleil semblait se croire en août et une chaleur inhabituelle enflait depuis l'aube. Depuis la mort de celui-dont-on-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, le temps était devenu comme flottant et il régnait une atmosphère d'irréalité stupéfaite. Il y avait une étrange retenue dans chaque rire, chaque sourire, comme si l'idée même d'avoir survécu et que la guerre appartienne au passé était tout simplement impossible à croire.

Rien n'avait profondément changé à Poudlard. Le corps professoral était toujours l'un des plus hétéroclites de l'Histoire d'Angleterre. Le vieux château était toujours le rêve ultime de tous les petits sorciers. Et surtout, Gryffondors et Serpentards s'écharpaient toujours à coups d'insultes perfides, sous le regard craintif des Poufsouffles et celui condescendant des Serdaigles.

Seuls quelques petits détails différaient légèrement.

Le silence qui régnait à présent dans les classes de potions n'était plus fait de terreur mais d'un certain respect teinté d'admiration chez les plus jeunes. Et l'irascible professeur Snape avait beau tout faire, l'image de héros de guerre que lui avait forgé la presse résistait, quels que soient ses efforts.

Quelques septièmes et sixièmes années avaient également été affectées par ce phénomène. Ils s'étaient tous tenus à l'écart du battage médiatique qui avait entouré la Chute du Lord noir, mais cela n'avait pas empêché la presse d'en encenser ses principaux acteurs. Les Serpentards passés du côté de l'ordre acceptaient avec un flegme impressionnant l'hystérie que provoquaient leurs apparitions et l'accroissement exponentiel de leur popularité. Il en allait de même pour les membres de l'AD et les autres résistants, qui affrontaient néanmoins leur soudaine célébrité avec nettement moins de sérénité.

Ronald Weasley surtout avait eut son petit succès, en tant qu'acteur principal dans la recherche des horcruxes et combattant de premier ordre. Pour la première fois de sa vie il put expérimenter par lui-même les affres du succès. Evidemment, en grand maladroit devant l'éternel, la situation l'avait vite dépassé, lui qui n'osait même pas repousser les trop nombreuses filles qui le harcelaient. Heureusement, Hermione Granger y avait rapidement mit le hola à sa place, en l'embrassant furieusement devant un parterre de fans désappointées. Ce à quoi le rouquin avait répondu avec enthousiasme, bien trop heureux de trouver un moyen légal de repousser les mâles qui commençaient à tourner de trop autour de sa préfète.

Et celui qui l'emportait bien évidemment dans la catégorie de la démesure du succès était le « sauveur », Harry Potter. Ce n'était plus de l'hystérie mais de la folie pure. Chacune de ses sorties était accueillie par une foule en liesse, et généralement en pleurs, alors que chacun de ses mots avaient force de loi. Un simple doute de sa part sur un membre du gouvernement en place et ce dernier était congédié dans l'heure.

Tous ceux connaissant un tant soit peu le brun devinaient que cette vénération aveugle le rongeait. Et qu'elle était la raison pour laquelle il ne quittait presque plus Poudlard, l'un des derniers endroits au monde où il pouvait trouver des adultes s'adressant à lui sans trembler de peur à l'idée de lui déplaire.

Mais malgré ces quelques incohérences, la vie avait reprit son cours normal dans le château centenaire. Et la journée commençait de façon très ordinaire dans le domaine des vert et argent.

*Toc toc TOC*

« Draco, debout!! »

« Grmph »

Un oreiller que l'on plaque violemment sur une tête blonde alors que le mouvement plissait l'océan de soie noire dans lequel baignait l'endormit.

« Draco, fait pas le con. Si tu n'es pas levé d'ici…47 secondes tu ne seras jamais prêt à temps pour arriver à table avant les gryffis » Insista la voix, amusée, avant de frapper à nouveau sur le panneau de bois.

« Zabini…Si ta main heurte encore une fois ma porte je te jure que tu devras tirer un trait sur toute idée de descendance » grogna le corps en se roulant en boule sous sa couverture.

Le dit Zabini eut un sourire attendrit derrière la porte, du genre qui s'entend dans un silence et que Malfoy lui aurait fait ravaler sans hésitation s'il n'avait pas été dans un état proche du coma.

Puis l'avalanche douloureuse de mots finit par prendre un sens et il s'étira avec un gémissement d'animal blessé.

« Je te hais Zab' » Geint-il avant de s'extirper de son lit.

Quatorze minutes et trente-six secondes plus tard, ce fut un Draco Malfoy bien éveillé et tiré à quatre épingles qui ouvrit la porte de sa chambre sur un Blaise nonchalamment appuyé au chambranle et visiblement hilare

« Blaise » Le salua sobrement le blond

« Draco » Le serpentard jeta un regard inquisiteur par-dessus l'épaule de son préfet avant que son sourire ne s'étire, carnassier. Il se retourna et lança « Theo, tu me dois cinq gallions! Il en a fait des pièces détachées de ton fameux réveil incassable »

Il y eut un juron étouffé dans la salle commune et Draco se contenta de hausser un sourcil blasé.

« Bon, on y va? Je croyais qu'on avait pas le temps de trainer »

Sur ce commentaire morne, Malfoy quitta la pièce, son meilleur ami sur les talons qui adressa un dernier sourire triomphant au perdant dépité avant de refermer le tableau.

L'arrivée des septièmes années de serpentard fut accueillit par un léger flottement dans le brouhaha habituel de la grande salle. Des têtes se levèrent par dizaine, le regard suivant la progression des vert et argent entre les tables, mais ces derniers ignorèrent royalement l'attention focalisée sur eux.

Draco s'assit à sa place habituelle, celle qui lui permettait d'avoir une vue d'ensemble sur toute la pièce. D'un geste à la fois négligent et agacé, il délogea le tas de lettres posé en équilibre instable devant lui. Dans un réflexe instinctif et machinal, rodé par l'habitude, Goyle tendit le bras pour endiguer le flot de parchemin, avant d'en tendre la moitié à Crabbe. Theodore poussa à son tour son courrier en direction des deux colosses, l'air piteux, qui lui adressèrent un hochement de tête rassurant. Blaise lui s'était mit à décacheter les siennes avec un enthousiasme effrayant vu l'heure, tout en taquinant Theo à propos d'un certain réveil. Sans tenir compte des rires qui commençaient à s'élever à sa table, le blond se pencha sur son café avec un soupir. Alors que sa fatigue débattait avec sa fierté sur l'idée de piquer du nez dans son bol, il sentit un regard peser sur lui.

Il releva la tête et eut comme un électrochoc. Aussitôt le sommeil s'évapora, laissant place à un fourmillement familier. Il se redressa, son visage se figeant en un masque froid et hautain alors que ses yeux croisaient ceux trop verts d'un certain Gryffondor. L'échange de regards ne dura qu'un instant avant que Potter ne se détourne pour parler à son ami miséreux.

Pensif, Draco fronça les sourcils. Il n'appréciait pas cette nouvelle manie du rouge et or de le snober. Certes, Blaise avait une autre interprétation: Il lui soutenait que le brun avait tout simplement muri et que lui au moins avait arrêté cette guéguerre débile.

Quoiqu'il en soit, il devenait de plus en plus difficile d'obtenir une bonne bagarre avec les gryffons et cela commençait à l'énerver prodigieusement.

Un rire un peu plus fort que les autres l'arracha à ses réflexions. Il observa avec détachement Theodore littéralement allongé sur la table, tentative désespérée pour empêcher un Zabini très fier de lui de continuer à lire à voix haute ce qui ressemblait au poème d'amour le plus niais depuis celui envoyé par la belette femelle au balafré quelques années auparavant. Encore Potter. Toujours Potter. Et il n'était même pas huit heures… La journée promettait d'être longue.

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Et effectivement, elle s'était avérée très éprouvante…

En sortilège, le pauvre Theo avait voulu montrer à Draco qu'il maitrisait à présent parfaitement ce sort que le blond avait prit le temps de lui décomposer et lui expliquer durant le week end. Mais le professeur Flitwick étant un être terriblement discret et le petit châtain étant lui, les événements s'enchainèrent avec une fluidité dramatique. Au moment de jeter le sort, Theo s'aperçut de la présence du professeur dans son dos. Il sursauta, surprit, et le blond eut juste le temps de contempler avec angoisse la baguette pointée sur lui avant de se faire écraser par plusieurs centaines de litres d'eau. Glacée. Il s'était séché immédiatement, maudissant Nott et étouffant les rires des élèves d'un regard plus dur que l'acier. Cela n'avait évidement pas du tout perturbé Zabini, qui s'était ouvertement moqué du préfet, hilarité renforcée par le fait que le sort de séchage l'avait laissé certes exempt de toute humidité mais avec une coiffure façon Potter post quidditch.

S'il n'attendait évidemment pas grand-chose de son cours de divination-quand Dumbledore allait il enfin se décider à mettre à la porte cette vieille chouette incompétente?- ce dernier s'était révélé encore pire que prévu. Trelawney avait apparemment lu dans sa main que l'amour de sa vie lui apparaitrait le jour même. Aussitôt l'ambiance avait changée du tout au tout dans la pièce surchauffée, passant de capiteuse et endormie à capiteuse et fébrile. Estomaqué, il avait alors vu tous ces étudiants, qui ne cessaient en temps normal de se moquer de leur professeur, se rajuster, se remaquiller ou scruter fébrilement leurs mains avec l'espoir d'y trouver une concordance avec la soi disante prédiction faite au serpentard, le tout plus ou moins discrètement. En observant les regards concupiscents que lui jetaient toutes ces Serdaigles depuis leurs poufs, Draco regretta un court instant, Salazar lui vienne en aide, les bon vieux cours de divination avec les Gryffondors.

La rumeur s'était bien évidement répandue à une vitesse ahurissante comme toujours à Poudlard. Et il fut durant toute la journée la victime d'une série de tentatives de drague et flirt en tous genres, tous moins subtils les uns que les autres. Ce qui, en plus de lui râper sûrement les nerfs, lui avait attiré une réprimande amusée du directeur après qu'il eut malencontreusement privé l'un de ses prétendants un peu trop insistant de ses virils attributs.

Heureusement, il avait ensuite eut droit à un peu de répit, lors du double cours de potions avec les Gryffondors qu'il en était venu à attendre avec fébrilité. Un serpentard prononçant cette phrase quelques mois plus tôt aurait immédiatement été trainé à l'infirmerie, encore plus s'il s'agissait de leur prince. Mais il s'avérait que les Gryffondors possédants leur propre contingent de héros, la totalité des lions de septième années et la moitié des sixièmes avaient participé directement à la bataille finale, les filles se contentaient en général de rester loyales à leur maison et n'harcelaient que les rouges et or.

Malheureusement, les cours de potion étaient devenus nettement moins divertissants. Non pas que Snape n'ôtait plus un déluge de points aux Gryffondors, c'était un fait qui était resté immuable, même au cœur de la guerre.

Cependant son sarcastique parrain avait une nouvelle tendance à laisser aussi tomber ses foudres sur certains serpentards qui, aveuglés par les récits de la presse, en avaient oublié de craindre le sombre maitre des potions. Ce dernier n'avait pas vraiment apprécié et s'acharnait désormais sur ces inconscients avec autant de hargne que sur Longdubat ou Weasley. Quant à Potter, ils continuaient bien évidemment à s'envoyer piques cinglantes et commentaires moqueurs, le tout finissant inéluctablement par une retenue. Mais le fait que deux ou trois de leurs camarades récurrent régulièrement les chaudrons en sa compagnie les empêchait désormais de se moquer trop fort.

Il y avait ensuite eut l'entrainement de quidditch. En tant que capitaine, le blond n'avait pu se défiler et l'heure et demie lui sembla interminable. Le soleil de plomb les engourdissait, et même la vitesse ne parvenait à créer des vents rafraichissants, perturbant un air semblable à de la mélasse portée à ébullition. Il y avait déjà eut sept chutes, beaucoup préférant le choc de plein fouet avec un cognard plutôt que de faire l'effort de l'éviter. Et la mauvaise fois ayant beau être une de ses qualités premières, il n'était pas parvenu à sermonner ses poursuiveurs qui fixaient d'un air torve le souaffle reposant sur le sol ensablé du terrain, débattant mollement sur la personne qui irait le chercher. Après tout, lui-même avait aperçut le vif d'or 17 fois, et s'était contenté de grogner et d'effectuer un geste vague et peu convaincu de la main, sous le rire moqueur de Blaise. La petite balle ailée avait même finis par venir carrément vrombir sous son nez, perplexe de recevoir si peu d'attention.

Et, comme s'il n'avait pas déjà assez souffert, il avait eut le droit à un ultime coup de grâce le soir même.

Maintenant qu'il y repensait, il se rendait bien compte qu'il s'en était fallu de peu pour que sa vie ne soit pas autant chamboulée. Tout tenait à une décision tout à fait anodine: celle de ne pas attendre que Blaise sorte de la douche et d'aller prendre à la place un bon bain chaud dans la salle des préfets. Il était bien connu chez les serpentards que Zabini mettait plus de temps dans la salle de bain que toutes les filles de leur maison. Le laisser passer devant soi vous exposait à une attente sans fin et à un début de crise de nerf. S'il possédait bien une chambre personnelle, il s'avérait que les deux préfets en chefs se partageaient la grande salle de bains des préfets. Quatre étages plus haut. Il évitait au maximum d'y aller, préférant se doucher dans le dortoir des septièmes années, mais il était bien trop épuisé pour lutter contre Zabini, tellement en forme après cet entrainement de l'enfer que cela en devenait indécent.

Il s'était donc littéralement trainé le long des escaliers sans fin, avait grimacé en passant devant la statue aux traits disgracieux de Boris le Hagard pour s'arrêter enfin devant la quatrième porte. Celle-ci s'ouvrit en grinçant, après que Malfoy eut donné le nouveau mot de passe « aurore boréale ». A cet instant précis, tout aurait pu encore s'arrêter. Si seulement en entendant le bruit de l'eau qui coule, il avait tourné les talons. Mais non, il avait préféré s'avancer pour voir qui occupait la salle de bain, et s'il n'y avait pas possibilité de l'effrayer assez pour libérer la place.

Il se souviendrait longtemps et à la perfection de l'ambiance aquatique qui régnait alors dans la pièce. La lumière bleutée, liquide, qui ondulait sur les murs, se diffractant à l'infini sur la surface de la gigantesque baignoire pour se refléter sur les murs de marbre blanc. La sirène peinte qui se brossait les cheveux avec application, observant la scène avec avidité tout en fredonnant dans une langue étrange. Ces sons totalement incongrus qui se répercutaient contre le plafond pour se disloquer en un millier d'échos qui s'entrecroisaient. L'eau brûlante qui coulait des dizaines de robinets, formant un léger brouillard qui rendait l'atmosphère suffocante et estompait les détails du décor, n'en rendant que plus férocement réelle la personne qui se tenait juste devant lui.

Une personne qui ne l'avait visiblement pas vu, retirant avec nonchalance sa robe de sorcier. Il reconnu tout aussi rapidement les lunettes posées sur le bord du lavabo que la coiffure ébouriffée. Une jubilation sauvage s'était emparée de lui, balayant aussitôt toute trace de fatigue. Potter n'avait aucun droit d'être là, et il allait se faire un plaisir de le lui rappeler.

Mais, avant qu'il n'ait eut le temps d'ouvrir la bouche, le brun retira son tee shirt. Sa voix s'étrangla dans sa gorge avec un couinement de souris, qui fut camouflé par le clapotis de l'eau et la litanie presque mystique de la peinture.

Il avait devant ses yeux son ennemi juré, à demi nu et totalement inconscient de sa présence. Il aurait pu- dût- se moquer de sa silhouette androgyne, de sa taille trop étroite pour un homme. Il aurait pu, réaction anormale de sa part mais légitime pour le reste du monde ou presque, s'extasier sur la musculature moins inexistante qu'il ne le supposait, sur une nuque fine balayée par des mèches d'encre ou encore sur l'ombre d'abdominaux durs qui lui était apparue fugacement alors que le brun se détournait pour poser son haut sur l'étagère à sa gauche.

Mais il ne fit rien de tout cela. A la place, il se contenta de dévorer du regard la première chose qui s'offrait à lui, son dos. C'était pourtant un détail sans importance réelle dans la physionomie de quelqu'un, son dos. Ceux qui pensaient ça n'avaient jamais aperçu l'envers d'Harry Potter.

C'était un dos mince, presque trop, aux lignes fluides et gracieuses. La lumière mouvante accrochait ici et là à la peau d'or, dévoilant sans aucune pudeur de nombreuses marques.

Tapi sur l'omoplate gauche, un petit magyar à pointe d'à peine dix centimètres était roulé en boule comme un gros chaton vaguement dangereux. Les traits étaient racés, épurés, si réalistes qu'il s'attendait à le voir rugir. Deux minuscules yeux émeraude le fixaient, répliques miniatures de ceux de son porteur. Dans le tracé délicat des écailles dorés se dévoilaient des motifs, qui se révélèrent être des initiales entrelacées. Aux creux et déliés de ces RW, HP, HG mêlés, il vit passer des rires et de l'amour cristallisés dans une amitié plus pure et dure que le diamant.

Et autour de ce noyau de chaleur indestructible serpentaient de longues estafilades argentées, occupant son dos comme autant de tentacules spectrales. Une déchirure crénelée et torturée courait sur son épaule droite et le début de son bras avant de disparaitre sur le torse. Entourant le tatouage du dragon, une corolle parfaitement ronde et lisse se détachait, vestige d'une brûlure qui avait du mordre jusqu'à la chair et dont même la magie ne pouvait effacer les dégâts. Quelqu'un avait vraisemblablement voulu détruire le saurien, mais celui-ci avait résisté, probablement protégé par un sort. Au niveau de ses côtes gauches une série de cicatrices parfaitement parallèles indiquaient sans doute possible l'utilisation d'un sortilège de sectumsempra non soigné. Enfin, sur la hanche droite, presque invisible, se dessinait un assemblage maladroit de traits tordus, qui ressemblaient soit à un triangle déformé soit à un « D » loupé.

Elle était là cette guerre, que tous cherchaient fébrilement à oublier, résumée en filigranes d'argent sur le dos de celui qu'elle s'était désignée comme héro volontaire.

L'examen dura bien plus longtemps que ce que lui dictaient les règles élémentaires de prudence. Il était le premier à savoir que le gryffondor était quelqu'un de dangereux quand il s'énervait réellement, et quelque chose disait au préfet que ce qu'il venait de voir le mettrait à coup sûr dans une rage folle. Pourtant, il était incapable de détacher les yeux de ce corps-carte, de ce territoire doré, marqué et mouvant.

Une boule douloureuse dans sa gorge et un gout amer dans sa bouche l'arrachèrent finalement à sa contemplation, et il s'enfuit de la salle de bain en courant. Il avala les étages sans réfléchir, arrivant dans sa salle commune l'air fou. Sans même ralentir, il percuta Blaise, qui venait de sortir de la douche, pour se précipiter dans sa chambre. A peine eut il claqué et verrouillé la porte de ses appartements qu'il relâcha sa magie, faisant exploser vases, cadres et autres objets fragiles en hurlant de rage.

Il lui fallut de longues minutes pour évacuer sa frustration, et quand il s'arrêta il était debout au centre d'une pièce dévastée. Il resta totalement indifférent aux coups angoissés tapés contre sa porte, ainsi qu'aux cris de ses amis derrière.

Pour la première fois de sa vie, Draco Malfoy expérimentait une envie qu'il ne s'attendait pas à ressentir un jour: celle de protéger quelqu'un. Il avait beau réfléchir, il ne parvenait pas à comprendre ce besoin presque viscéral de le protéger de tout, de ne plus laisser le moindre regard l'effleurer. Comment trouver une explication logique au fait que lui, serpentard pur et dur, aurait à cet instant donné n'importe quoi pour enfermer dans ses bras ce garçon au dos violenté et ne plus jamais le lâcher ?

Sans même se déshabiller, il se laissa tomber sur son lit. Agacé, il hurla à ses amis de se taire, et le vacarme dans le couloir cessa, laissant place à un silence à la fois stupéfait et outré. Allongé sur ses draps de soie noire, le blond tremblait imperceptiblement de froid, malgré la cheminée qui ronflait à seulement quelques mètres. Son bras droit l'isolant de la lumière, il se surprit à être parfaitement incapable de passer sous la couverture. Il blotti farouchement son visage dans le creux de son coude, tentant de combattre une subite et inexplicable envie de pleurer. Et c'est ainsi qu'il tomba dans un sommeil lourd, sans rêve, accompagné de l'étrange impression d'avoir une petite sphère de néant qui gonflait dans sa poitrine

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Le lendemain, l'ambiance à la table des serpentards était bien éloignée de celle enjouée du petit déjeuner de la veille. Blaise, Theodore, Crabbe, Goyle et Parkinson paraissaient inquiets et jetaient des regards prudents vers leur ami blond. Un silence pesant et angoissé écrasait les plus jeunes vert et argent, la rumeur selon laquelle leur préfet en chef avait piqué une crise de nerf dantesque s'étant répandue comme une trainée de poudre et chacun s'effrayant à l'idée de pouvoir attirer tout le courroux du prince sur lui.

Draco Malfoy, donc, qui fulminait sans même se rendre compte de la tension de ses camarades. Mais qu'est ce qui avait bien pu lui prendre hier ? Il avait admiré Potter, putain, il avait même voulu le prendre dans ses bras !! Qu'est ce qui ne tournait pas rond chez lui ? Tout ça c'était encore de la faute de ce sale balafré, comme toujours. Surement une blague douteuse d'un nouveau genre, il avait prévu son arrivée et avait jeté un sort de fascination à la pièce…Bon d'accord, ça n'existait pas. Mais connaissant Potty, il serait capable d'y parvenir rien que pour lui faire chier !

Le brouhaha habituel du débarquement de la meute Gryffondor dans la grande salle le tira de ses pensées. Avec un sourire cruel, il redressa la tête pour croiser le regard trop vert de sa némésis, dans un rituel qui se perpétuait depuis plus de six ans déjà.

Mais tout dérapa et Draco eut un hoquet d'horreur quand, dans un flash d'une intensité incroyable, se superposa l'image d'un corps tout en muscles fins et durs, à la peau mate baignée d'une lueur fantasmagorique, striée d'argent et tatouée d'or.

Il se leva violemment, percutant la table avec force et provoquant un fracas qui fit sursauter tous les élèves qui somnolaient au dessus de leur assiette. Sans se soucier des regards braqués sur lui il quitta la grande salle, faisant tout son possible pour ne pas céder à la panique et se mettre à courir. Alors que sa silhouette crispée disparaissait au détour du couloir sombre, il n'assista pas à l'ouragan de commentaires stupéfaits qui se déclencha ni au regard franchement surprit derrière des lunettes rondes.

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Il ne lui restait plus qu'à mourir. Peut être que Blaise, ce cher Blaise, accepterait de lui lancer un petit impardonnable. Sinon il restait toujours l'option tour d'astronomie, mais l'idée d'une chute de cinquante mètres ne l'attirait pas follement.

Voilà quelles étaient les pensées qui tournaient sous les cheveux parfaitement coiffés du préfet de Serpentard alors qu'il attendait seul devant la salle de potion.

Au souvenir de sa réaction quelques minutes auparavant le désespoir l'envahi de nouveau. Des années d'efforts pour se créer un personnage glacial, imperturbable et voilà qu'il s'enfuyait de la grande salle comme un poufsouffle effarouché. Merlin, son image ne s'en remettrait jamais. Il loucha vers le mur aux pierres disjointes, caressant soudain l'idée de s'y fracasser méthodiquement le crâne avec l'espoir de s'en sortir amnésique. Mais il ne put mettre en œuvre son alléchant projet, gêné par l'arrivée des élèves de Gryffondor dans une cacophonie aux relents d'hystérie. Il sut immédiatement qu'il devait en être le principal sujet. A nouveau, la paroi suintante d'humidité lui fit de l'œil.

Quand à son tour le groupe des septièmes années de Serpentard l'atteignit il l'aspira, l'intégrant avec naturel à leur conversation sur le devoir de métamorphose à rendre pour le lendemain. Faire comme si de rien n'était, conserver les apparences, tel semblait être le mot d'ordre et Draco aurait bien adressé un fervent regard de remerciement à Pansy, il se doutait que l'idée devait venir d'elle, s'il n'avait pas si peur d'intercepter le regard de Potter qui riait juste derrière la jeune fille.

Il déglutit et s'engouffra dans la salle dès que son parrain ouvrit la porte, sans prendre la peine d'écouter les habituelles remarques acerbes du sombre maître des cachots en direction de ses proies favorites. Il ne décrocha pas un mot alors que Zabini, qu'il sentait de plus en plus inquiet, s'installait à côté de lui en lui jetant un regard scrutateur.

Bien décidé à empêcher son esprit de vagabonder il se concentra sur la voix de velours de Snape, qui détaillait les composants de la potion du jour d'un air sadique.

Mais quand apparurent sur le tableau noir les mots « trois écailles de sirène » la mélopée envoutante lui revint, ainsi que le bruissement affolant d'un tee shirt frôlant la peau avant de s'échouer au sol en une flaque de tissus sombre. Il retrouva instantanément l'atmosphère saturée d'humidité brûlante et l'éclat ambré d'un dragon.

Il se prit la tête entre les mains et poussa un gémissement de désespoir, avant d'abandonner et d'enfouir son visage entre ses bras croisés, affalé sur son bureau.

Blaise lui jeta un regard effaré et partiellement terrifié alors qu'au fond de la classe un petit brun ébouriffé fronçait les sourcils

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Effondré dans l'un des fauteuils de velours vert disposé autour de l'immense cheminée de pierre, Malfoy essayait de diluer sa journée dans un verre de whisky pur feu. Il savait qu'il avait l'air pitoyable, mais s'en fichait royalement. Il avait pensé qu'il ne pourrait vivre un calvaire semblable à celui de la veille, et pourtant il venait de passer ce qui comptait parmi les pires heures de sa vie. Il avait oscillé toute la journée entre paranoïa, déni et désespoir profond. Pour être honnête, l'alcool ne l'avait pas vraiment avancé dans son analyse de la situation mais il lui apportait un certain réconfort.

Trois coups secs contre sa porte et un mot de passe prononcé avant même qu'il n'ai eut le temps de les autoriser à entrer. Inutile de se retourner pour savoir exactement qui étaient les personne se tenant sur le seuil de sa chambre, et il les invita à s'asseoir d'un geste désabusé de sa main libre. Il s'attendait à leur venue, il devait même avouer qu'il l'espérait. La situation commençait à le dépasser et il avait besoin d'avis extérieurs. Ses deux meilleurs amis prirent place en face de lui, le fixant avec inquiétude. Draco les dévisagea longuement, pensif.

A sa gauche, Théodore Nott. Theo qui la plupart du temps semblait autant à sa place à Serpentard qu'un ange ayant loupé une marche et s'écrasant en enfer. Trop doux, trop naïf au sein de cette maison dangereuse, n'autorisant aucune faiblesse. Mais il y avait quelque chose dans ce petit châtain fragile aux yeux bleus qui amadouait les plus revêches. Un charme fragile, corrosif, qui ne laissait personne indifférent. Theo, c'était le petit protégé du groupe les premières années à Poudlard. Il était le petit frère de toutes les filles et tous les serpents mâles montraient les crocs à la moindre attaque sur leur mascotte.

Le temps était passé et s'il était resté très fin et d'une taille modeste, il s'était suffisamment serpentardisé pour pouvoir se défendre seul. Sa naïveté déchue s'était changée en une sensualité acérée, son intelligence s'était encore aiguisée et la guerre l'avait endurci. Malgré tout, il gardait un caractère très doux, qui poussait toujours ses camarades à le surprotéger, comme autant de mères poules possessives et hargneuses, situation qu'il acceptait avec un flegme amusé.

Sur le second fauteuil était assit Blaise Zabini. Un métis à la beauté sulfureuse, au grand corps musclé et au sourire communicatif, et son meilleur ami devant l'éternel. Un être qu'il savait être très dangereux quand il le voulait, aussi doué que lui pour se créer un personnage et maniant les mots à la perfection, les utilisant comme autant de poignards pour détruire quiconque le dérangeait. Le genre d'homme qu'il valait mieux compter parmi ses amis.

Mais pour Draco qui l'avait connu enfant, il restait ce petit garçon à la bouille ronde et à la voix chaleureuse, et il lui vouait une confiance absolue. Car autant Blaise Zabini aimait à détruire ses ennemis, autant il était un ami hors norme. Du moment qu'une personne lui plaisait, il l'acceptait entièrement, avec ses qualités et ses défauts. Il riait souvent du caractère extrême de son préfet, disait apprécier la voix parfois désagréable et perçante de Pansy, ne se moquait jamais des éventuelles difficultés de compréhension des deux géants patauds mais aux grands cœurs qu'étaient Vincent et Grégory et il était le premier à rattraper les gaffes que faisaient de temps à autre Theo. Il était un conciliateur surdoué, usant avec génie de son autorité et de son charme pour maintenir uni leur groupe aux caractères explosifs.

Le blond jeta un regard presque tendre à Blaise qui croisait ses jambes interminables avec grâce, dans un mouvement vif qui sembla fasciner un instant Theo. Ils avaient toujours été proches, mais d'une façon étrange, que Draco ne parvenait pas tout à fait à cerner. C'était différent de l'amitié, tout aussi fort pourtant. Ces deux là changeaient toujours imperceptiblement en présence l'un de l'autre. C'était dans leur regard, dans leur attitude, chaque fois que l'autre pénétrait dans la pièce. Comme s'ils s'éclairaient de l'intérieur.

Le préfet l'avait constaté pour la première fois durant la fin de leur sixième année, lorsqu'ils avaient quitté Poudlard pour aider l'ordre du phénix. Même dans ces réunions morbides, où le sujet principal consistait à dénombrer les pertes et à mettre sur pied des plans désespérés, ces deux là rayonnaient littéralement. Juste parce qu'ils pouvaient enfin se retrouver entre deux missions.

De retour à l'école, cette particularité n'avait fait que s'accentuer, au grand amusement de Draco. Il savait qu'il était à deux doigts de mettre un nom sur leur relation exacte, et pourtant elle lui échappait toujours. Quoiqu'il en soit, il aimait observer les petites différences, de moins en moins discrètes, qui s'opéraient chez ses amis dès qu'ils étaient réunis. Theo se faisait plus lascif, plus posé, comme si la seule présence de Blaise pouvait l'apaiser, alors que Zabini ressemblait de plus en plus à un fauve, possessif, emporté, tout en regards feutrés et mouvements félins.

Un peu comme Potter en fait…

Les longs doigts blancs se serrèrent brusquement autour du verre vide, lequel éclata sous la pression.

Le châtain se précipita vers lui, paniqué, alors que Blaise se contentait de le fixer les yeux ronds du fond de son fauteuil. Draco rassura Theo, lui assurant qu'il ne s'était pas blessé et lui montrant sa main pour preuve, avant de soupirer, las

« Je crois que j'ai un énorme problème »

Nott haussa un sourcil ironique- c'était définitif il déteignait trop sur ses amis- mais garda son air inquiet alors que le regard de Zabini se faisait soudain sérieux.

Draco s'accorda quelques secondes pour essayer de formuler ce qui le hantait d'une façon moins effrayante, mais abandonna.

« Je fais une fixation sur le dos de Potter »

La bombe était lâchée, et leurs réactions furent exactement celles qu'il soupçonnait. Theo avait l'air sous le choc alors que les sourcils de Blaise étaient remontés si haut qu'ils semblaient essayer de s'arracher de son visage. Il en aurait rit si la situation ne le désespérait pas autant

« Eh bien…Je dois dire que je ne m'attendais pas à ça du tout » Commença prudemment Blaise avant de se corriger « Enfin si, je m'attendais évidemment que ça ait un rapport avec Potter. Mais pas avec son dos… »

Captant le regard étonné du préfet, Theo compléta

« Ca a toujours été Potter Draco »

Cette affirmation sereine mit le blond mal à l'aise et il chercha en vain quelque chose à répliquer, mais ne trouva rien. Il mit cette information de côté, bien décidé à leur demander des explications plus tard

« Et si tu nous racontais tout depuis le début ? » Proposa le châtain.

Malfoy hocha la tête

« Hier soir, après l'entrainement, j'ai décidé d'aller me laver dans la salle de bain de préfet vu que Blaise squattait la douche » Le métis eut un sourire en coin et le blond continua son récit « Quand je suis arrivé la bas, elle était déjà occupée et je suis tombée sur Potty en train de se déshabiller. C'est là que… » Draco s'interrompit et hésita. Il n'avait pas pour habitude de cacher des choses à ses amis, mais il sentait confusément qu'il devait garder pour lui ce qu'il avait découvert, qu'il n'avait pas le droit de révéler ce genre de choses aux autres. Cette simple pensée le stupéfia : voilà qu'il se mettait à dissimuler une faiblesse des gryffis pour protéger le garçon qu'il haïssait le plus au monde.

Interprétant de travers le silence soudain de son ami, Blaise s'écria les yeux écarquillés

« Tu as vu Potter complètement à poil ? »

« Ca va pas non ? » S'offusqua Draco, s'apercevant avec horreur qu'il rougissait. Les yeux de son meilleur ami devinrent soudain deux fentes noires calculatrices et le blond détourna la tête, gêné, sans savoir réellement ce qu'il ne souhaitait pas que son ami lise en lui.

« Et après ? » Le relança Nott, tentant de comprendre ce qui avait bien pu chambouler à ce point Draco

« Ben après rien, j'ai tourné les talons et je suis rentré » Répondit le préfet en haussant les épaules

« Et c'était pour ça ta crise de diva d'hier ? On aurait dit ma mère quand elle accusait mon père de la tromper » Se moqua Blaise

« Je t'emmerde Zab' »

« Et tu vas faire quoi ? » Reprit-il sans se démonter

« Eh bien tu vois, j'envisageais de noyer mon malheur dans cette merveilleuse bouteille de whisky pur feu de dix ans d'âge » Lui confia Malfoy en faisant apparaître un autre verre plein du précieux liquide ambré d'un gracieux geste de la main. Alors qu'il en buvait une gorgée, appréciant à se juste valeur la morsure de l'alcool et la douce chaleur qui se rependait dans ses veines, Blaise continua avec un sourire matois

« Tu vas te le taper ? »

Aussitôt Draco recracha sa boisson à la tête d'un Zabini impassible et tenta tant bien que mal de reprendre une respiration normale

« Non mais ça va pas toi ? » Siffla-t-il une main sur le cœur « Dois-je te rappeler que je suis hétéro Blaise ? Je pensais que tu étais pourtant le plus au fait de ma vie sexuelle vu que tu es aussi celui qui encaisse les paris »

« Et je t'en donne la moitié » Rappela t'il en s'enfonçant voluptueusement dans le fauteuil moelleux alors qu'il remerciait d'un clin d'œil complice Theo qui venait de murmurer un sort de récurage et de séchage « Et puis, c'est ce qu'ils disent tous, jusqu'au jour où… »

« Zab', aux dernières nouvelles tu courrais toujours les jupons il me semble »

Le métis repoussa l'argument d'un geste nonchalant de la main

« Détail mon cher, un détail »

Malfoy jeta un regard torve au brun avant de hausser les épaules, renonçant provisoirement à comprendre la logique tordue de son ami

« Et puis de toute façon, c'est Potter » Conclut t'il d'un ton qui ne souffrait aucune contestation, buvant d'un air distrait une autre gorgée d'alcool.

Ses deux invités n'ajoutèrent rien, se contentant de d'échanger un regard éloquent. Ils connaissaient Draco, et savaient que vu son état d'esprit actuel il serait parfaitement imperméable à toute argumentation. Ils essayèrent tant bien que mal de le distraire mais leur tentative tomba lamentablement à l'eau, le blond se contentant de décrocher de vagues onomatopées de temps à autres. Ils finirent par le laisser, leur ami ayant visiblement besoin de solitude pour essayer de faire le point.

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Dans le dortoir des septièmes années de Serpentard, il y eut ce jour là un second évènement choc. Gregory, Vincent et Pansy discutaient dans la chambre des garçons de l'attitude étrange de leur préfet et ami quand débarquèrent en trombe Zabini et Nott. Ces derniers semblaient perturbés par quelques choses, comme en témoigna le dialogue de sourds qui s'engagea

« Ca va les gars ? » Demanda Goyle, question légitime s'il en est

« Tout pareil » Lui répondit distraitement Blaise

« A dix heures, en salle 208 » Fit simultanément le petit châtain

Puis, plantant là leurs amis désarçonnés, ils plongèrent dans le lit à baldaquin du métis et tous purent entendre nettement un sort de verrouillage et de silence. Les trois adolescents jetèrent un regard de pure incompréhension aux teintures vertes

« Que.. » Commença Vincent, stupéfait

« Je ne veux pas savoir » L'interrompit Pansy d'une voix froide « Apparemment ils ont décidés de tous devenir fous aujourd'hui, et je n'ai absolument pas l'intention de les suivre dans leurs délires. Il faut bien que quelqu'un sauve l'honneur de notre maison »

Elle se leva, lissa un pli imaginaire sur sa jupe noire et sortit de la chambre d'une démarche royale. Cependant, juste avant de franchir le seuil, elle se retourna et lança, les yeux pétillants de malice et un sourire narquois aux lèvres

« Je serais vous, je jetterais un sort de silence sur les rideaux du baldaquin. Les sortilèges de Blaise ont une fâcheuse tendance à s'estomper quand son attention flanche. Croyez moi, nous ne voulons vraiment pas savoir ce que ces deux là sont capables de faire dans un lit insonorisé »

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Loin de ce qui pouvait naitre dans l'imagination fertiles de leurs amis, Theodore et Blaise était en plein débat sur le thème « Malfoy/Potter ».

« Tu vois Theo, c'est pour ça que j'apprécie autant Draco : Dès que je crois avoir cerné parfaitement sa personnalité il arrive à me surprendre. Mais je dois avouer que cette fois je n'avais pas vu le coup venir… Merde, c'est Potter quoi ! »

« En même temps, ça n'est pas comme si la vie de Draco n'avait pas toujours tourné autour de Potter. On aurait quand même put s'en douter pourtant. Il doit être la seule personne au monde à se délecter autant d'une haine réciproque. A détester aussi…passionnément quelqu'un. »

« Non. Ils sont au moins deux. »

Ils restèrent songeurs un moment

« Qu'est ce qu'on doit faire à ton avis ? » S'inquiéta le châtain

« Hum… Je suis pour rester spectateur un petit moment, le temps de laisser Draco démêler un peu tout ça dans sa tête. Le connaissant, il est capable d'en tirer des conclusions surréalistes, il va donc falloir qu'on lui ouvre les yeux petit à petit. Surtout ne pas le brusquer, il serait capable de se refermer comme une huître »

« Une huître ? » Releva Theo.

Il n'était toujours pas au courant de toutes les expressions moldues utilisées par son ami. Le métis éprouvait une fascination étrange pour les non-magiciens, et passaient des heures durant les vacances devant sa télé. Au début, Malfoy grognait tout ce qu'il pouvait et refusait d'entrer dans la même pièce que la chose, mais le temps aidant il s'était laissé amadouer. Il n'était désormais plus rare de le surprendre en train de jeter des coups d'œil furtifs à l'écran, pensant que personne ne s'en apercevait, tandis que Blaise était avachi sur le canapé de cuir fatigué et fixait la télévision avec une attention proche de la vénération.

« Un coquillage qui se mange vivant. Très bon d'ailleurs avec un peu de citron » Expliqua ce dernier

Il haussa les épaules alors que le visage fin de Theo se tordait en un rictus écœuré. Il y eut un silence confortable avant que Blaise ne reprenne la parole, la voix soudain incertaine

« Dis-moi Theo… »

« Hum ? » Fit distraitement son camarade en se calant plus confortablement entre les coussins. Blaise hésita, se racla la gorge avant de détourner les yeux. Theo haussa un sourcil surprit

« Eh bien, je me disais… Nous sommes dans mon lit, protégé par un sort de silence…On pourrait, je propose ça comme ça hein, se trouver une occupation plus…agréable que de parler de fruits de mer dévorés vifs… »

Il osa enfin se retourner vers le châtain, et son cœur loupa un battement à la vue du sourire sensuel qui étirait paresseusement les lèvres de son ami. Il se sentit sourire à son tour alors qu'une tempête d'une rare violence gagnait les yeux bleus, les transformant en un vortex sombre.

« En voilà une bonne idée Blaise » Ronronna Theo en lui ouvrant les bras dans une invitation explicite à laquelle le métis s'empressa de répondre.

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Le lendemain midi, un Draco Malfoy au bord du gouffre n'accueillit l'arrivée de ses deux meilleurs amis que par un borborygme rauque. Il ne remarqua absolument pas que ces derniers étaient aussi heureux que s'ils venaient d'avaler un plein chaudron de felix felicis et qu'ils semblaient étrangement complices. Pas plus qu'il ne s'intrigua du fait qu'ils ne se soient pas levés avant onze heure, fait rare même pour un week end, ou que Blaise dissimulait relativement mal un magnifique ovale tirant sur le mauve à la base de son cou.

Non, toute son attention était focalisée sur le fait de ne pas regarder Potter, même si le regard vert visiblement frustré était rivé sur lui depuis ce matin. Il ne céderait pas. Si cette stupide scène lui revenait dès qu'il était en présence de sa némésis, il ne lui restait plus qu'à l'éviter jusqu'à ce que le phénomène cesse et voilà tout.

Malheureusement la cause du dit phénomène ne paraissait pas vraiment coopérative. Et du haut de leur petit nuage, Theodore et Blaise observèrent avec une hilarité contenue les tentatives désespérées du blond pour échapper à un sauveur de plus en plus perplexe.

Mais finalement il s'avéra que malgré tous les exploits inscrits sur son CV, le brun fut incapable d'obtenir une confrontation avec un serpentard perturbé.

A suivre

Note du champi : Voila voila, juste pour vous faire remarquer que toutes les tomates sont à envoyer à Sean conneraille, 12 avenue… :p

Merci (et bravo) à tous ceux ayant réussit à survivre jusque là. Je n'ai aucune idée de la façon dont cette fic va être reçut (je suis si souvent absente du net en ce moment…) mais pour ceux à qui elle plairait éventuellement, le rythme de publication sera beaucoup plus régulier que mes autres fics ^^

Champignonnesquement votre

Temis ^^