Chapitre 20 : Mission de sauvetage


Les vibrations étaient perceptibles jusque dans la bibliothèque mais Albus n'en avait pas besoin pour savoir que quelqu'un s'était introduit dans la maison de la famille Black. Cela aurait dû être virtuellement impossible avec le sortilège de Fidelitas, surtout sans que le gardien du secret eût été compromis et pourtant, c'était le cas. Le vénérable sorcier prit la parole d'une voix calme sans rompre un seul instant le contact visuel qui le liait au jeune Harry.

- Kingsley, Nymphadora, Alastor, pourriez-vous aller accueillir nos visiteurs et vous assurer que M. Potter et Mlle Granger sont en sécurité, s'il vous plaît ?

Les trois Aurors se levèrent et quittèrent la pièce sans un mot. Le directeur de Poudlard aurait aussi pu demander leur concours à James et Sirius mais il préférait que les deux Aurors restent dans la pièce. Leur invité actuel était déjà un mystère et même si Albus était confiant dans sa capacité à le maîtriser, il n'oubliait pas que Molly, Arthur ou Lily représentaient sans doute des otages potentiels aux yeux de l'adolescent.

En dépit de ses dénégations, Dumbledore suspectait toujours Harry d'être le Faucheur et si ses suspicions s'avéraient correctes, il avait beaucoup de choses à leur apprendre.

- Harry, lorsque nous t'avons trouvé à Pré-au-Lard, tu étais en possession d'un sabre japonais. Or, c'est le genre d'armes que les Mangemorts n'utiliseraient jamais et encore moins des loups-garous transformés. Sachant qu'il ne s'agissait pas d'un objet métamorphosé, peux-tu nous indiquer où tu te l'es procuré ?

L'adolescent pencha légèrement la tête sur le côté, signe qu'il réfléchissait ou peut-être qu'il préparait son prochain mensonge. Pour autant, le jeune Potter ne détourna pas le regard, presque comme une invitation envers Albus à recourir à la légilimencie. Le directeur de Poudlard s'en garderait bien, surtout après l'épisode de l'autre jour avec Hermione Granger.

- Il ne m'appartenait pas, si tel est le sens de votre question. Je l'ai arraché à une adversaire qui, à ma connaissance, n'était pas affiliée aux Mangemorts, répondit Harry avec calme.

- Une adversaire ? Répéta Dumbledore avec une once de curiosité. Sous-entends-tu qu'elle était venue spécialement pour te confronter ?

- Dix points pour Gryffondor ! Rétorqua l'adolescent, d'un ton mi-amusé, mi-sarcastique. Elle en avait effectivement après moi mais n'ayez crainte, elle s'est enfuie par portoloin avant que notre affrontement ne soit arrivé à sa conclusion.

- L'aurais-tu tuée si elle ne s'était pas enfuie ? Pressa Dumbledore, en essayant d'ignorer le bruit extérieur.

- Pas immédiatement, non. J'avais des questions à lui poser sur son employeur. Au risque de froisser votre ego, votre ancien élève mégalomaniaque et vous-même n'êtes pas les seules organisations magiques clandestines à opérer sur le sol britannique, expliqua Harry avec une pointe de condescendance.

Cette dernière information était précisément ce qui intéressait le vainqueur de Grindelwald. Mener un conflit larvé contre Tom s'avérait déjà suffisamment compliqué en soi mais si d'autres acteurs se mêlaient à leur partie d'échecs, cela ne lui faciliterait guère la tâche. Il avait besoin d'en savoir plus et le plus tôt serait le mieux.

- Pourquoi ton organisation t'a-t-elle envoyé à Poudlard ? Était-ce uniquement pour dérober l'épée de Gryffondor ?

- Tic-tac, professeur, tic-tac, répondit l'adolescent en tapotant une montre imaginaire sur son poignet gauche. Vous ne croyez pas que je vais répondre à vos questions alors je suis sur le point d'être exfiltré… ou tué, après tout qui sait si les personnes là-dehors veulent me récupérer ou me faire taire.

Albus soupira intérieurement devant le manque de coopération du Gryffondor. Il était sur le point d'ouvrir la bouche quand la porte de la bibliothèque s'ouvrit avec fracas, précédant une silhouette qui venait d'être projetée de plein fouet à l'intérieur.

Grâce à ses réflexes aiguisés, Remus Lupin rattrapa Tonks de justesse avant qu'elle ne heurte le sol. Un individu masqué se tenait dans l'encadrement de la porte, brandissant la silhouette stupefixée d'Andrew devant lui comme bouclier humain.

- Auriez-vous l'amabilité de me rendre M. Reese ici présent ? Nous avons un train à prendre et je déteste être en retard, s'exclama l'homme dont le masque était orné d'un serpent au niveau de la joue gauche.


Jack Simon était entré dans le repaire de l'Ordre du Phénix après Raphaël et il ne regrettait pas d'être venu. Les Aurors auxquels il faisait face étaient divertissants, en particulier l'homme boiteux qu'il reconnut comme le célèbre Alastor Maugrey. Le grand gaillard à la peau ébène ne se défendait pas mal non plus mais il était moins vicieux et inventif que le vieux briscard qui était réputé pour avoir rempli la moitié des geôles d'Azkaban pendant sa carrière.

Pour l'occasion, Balthazar avait revêtu une combinaison noire sous un manteau de la même couleur. Ses cheveux blonds étaient dissimulés par une cagoule tandis que son visage portait le traditionnel masque blanc, orné d'un flocon de neige sur la joue droite.

Dans la mesure du possible, il aurait préféré ne pas dévoiler son atout mais quelque chose lui disait que Fol'œil finirait par l'avoir à l'usure, soit par sa connaissance des lieux, soit par l'intervention de renforts. Or, la dernière chose qu'il souhaitait, c'était de voir Albus Dumbledore déchaîner sa magie contre lui dans un lieu clos.

Esquivant un sortilège de stupéfixion envoyé par Shacklebolt, puis un maléfice de découpe de Fol'œil, Jack lança son propre sort pour déverser sur eux ce qui ressemblait à un jet d'eau sous pression semblable à ceux des lances à incendie déployés par les pompiers moldus. Pour les deux Aurors, s'en protéger représentait un jeu d'enfant avec un sortilège du bouclier mais les blesser avec ce sort n'avait jamais été son intention.

Mettant un genou à terre, Balthazar plaqua ses mains sur l'eau qui inondait le couloir. Sous l'impulsion de sa magie, celle-ci se changea en glace à grande vitesse en direction des deux hommes. Les deux pieds de Shacklebolt se retrouvèrent prisonniers et son instant de surprise fut suffisant pour que Jack le stupéfixe d'un geste de sa baguette.

En revanche, à l'endroit où s'était trouvé Fol'œil un instant plus tôt ne restait plus que sa jambe de bois. Le satané Auror s'était réfugié dans l'escalier, dont les marches étaient sèches. Jack esquiva de justesse un sortilège orangé qui fit fondre le porte-parapluie en jambe de troll qui se trouvait derrière lui.

- J'imagine qu'un cessez-le-feu n'est pas envisageable ? Demanda Jack d'un ton jovial. Après tout, ce duel pourrait durer longtemps…

- Tu peux aussi te rendre, gamin, grogna Fol'œil avec un sourire carnassier qui démentait ses propos.

Nul doute que le vieil Auror avait envie de mener cet affrontement à son terme. Il ne restait plus qu'à espérer que Raphaël parvienne à ramener Azrael sans trop de difficulté. Balthazar se consolait à l'idée que l'élève de Poudlard n'ait pas pénétré seul dans la gueule du loup.


- Andy ! S'écria Lily Potter, les yeux écarquillés, à la vue de son fils inconscient.

Azrael aurait volontiers levé les yeux au ciel mais il ne pouvait pas se permettre de quitter Dumbledore du regard. Nul doute que le vieux bouc profiterait du moindre instant d'inattention pour le ligoter comme un saucisson ou le stupéfixer. Or, leur fenêtre de tir était mince et l'exécuteur aurait besoin de faire preuve d'ingéniosité s'il voulait que Raphaël et lui sortent d'ici en un seul morceau.

Cela ne voulait pas dire qu'il s'abstiendrait de distraire le professeur.

- Je crains de ne pas pouvoir abuser plus longtemps de votre hospitalité, Albus, déclara Azrael d'un ton faussement désolé, tout en quittant son siège.

- Je te prierais de rester exactement là où tu es, Harry, répliqua Dumbledore, dont le regard passait d'Azrael à Raphaël constamment.

L'heure n'était plus à la coopération pour l'exécuteur. Azrael se projeta sur le côté, non pas en direction de son ami mais des époux Weasley. Frappant Arthur à l'arrière de la nuque pour lui faire perdre connaissance, il n'eut malheureusement pas la possibilité d'attraper sa baguette magique au passage. Tout ce qu'il eut le temps de faire, ce fut de se jeter derrière le canapé pour éviter un sortilège de stupéfixion de Black qui le frôla de beaucoup trop près à son goût.

Molly Weasley poussa un cri d'horreur en voyant son époux s'effondrer sur le sol, supposant peut-être qu'il était mort.

Le Faucheur chercha quelque chose autour de lui dont il aurait pu se servir comme arme avant de remarquer quelque chose en mouvement non loin de lui. Un chat noir avançait silencieusement dans sa direction, se fondant presque parfaitement avec le parquet d'acajou. L'animal portait dans sa gueule une petite bourse tout aussi sombre, qu'il déposa à ses pieds.

- Le nécessaire est dedans, souffla le félin avant de déguerpir aussi silencieusement qu'il était arrivé.

Loué soit Mao, il lui offrirait une bouteille du meilleur lait en sortant d'ici. Ecartant la bourse au maximum, heureusement sans fond, il en sortit une de ses baguettes de rechange avec un holster qu'il attacha à son avant-bras gauche. Un sourire carnassier fleurit sur ses lèvres lorsqu'il referma ses doigts sur la poignée d'une de ses précieuses dagues en argent.

Ôtant la robe de sorcier empruntée à Andrew, qui gênait ses mouvements plus qu'autre chose, l'exécuteur enfila le holster dans lequel étaient logées ses dagues, refermant l'attache au niveau de son torse, comme une ceinture. Chacune de ses dagues se trouvait ainsi au niveau de ses côtes, facile d'accès.

Il retira ensuite de la bourse son long manteau noir et son masque habituel. Ses camarades avaient dû supposer que son identité de Faucheur était déjà éventée et fait le choix de l'armer en conséquence.

D'ailleurs, il retira de la bourse un dernier élément, qu'il devait probablement à Angelo. Il s'agissait d'une ceinture à laquelle était attaché un holster, contenant un Walther PPK et deux chargeurs. Vingt-et-une balles devraient être plus que suffisantes dans cette situation, surtout qu'il préférerait éviter d'utiliser son arme face à un adversaire tel que Dumbledore qui était tout à fait capable de les retourner à l'envoyeur. Son manteau avait des vertus mais il n'était pas exactement résistant à des balles de 9mm.

Choisissant de laisser le masque à l'intérieur de la bourse, il attacha cette dernière à sa ceinture et se risqua à regarder par-dessus le canapé. Raphaël n'était pas resté inactif, de larges racines étant sorties du plancher et formant une sorte de barricade derrière laquelle il était protégé jusqu'à la taille, Andrew lui servant toujours de bouclier humain.

Le Faucheur baissa à nouveau la tête pour esquiver un nouveau maléfice de Black. Ce fils de dégénérés consanguins commençait sérieusement à l'agacer. Son avantage résidait dans le fait que l'Auror ignorait que son adversaire était armé, ce pourquoi Black avait positionné le canapé qu'il occupait avec les Potter de façon à le protéger d'attaques de Raphaël mais pas de son côté à lui.

Quittant son refuge, Azrael lança un sortilège dans la direction de Black et des époux Potter. Sirius se plaqua au sol et James fit de même avec Lily. Le sortilège ne les frôla même pas, percutant uniquement sa cible prédestinée, en l'occurrence le canapé. Celui-ci s'anima et changea de forme avant de se coucher sur les trois personnes qui étaient assises sur lui un instant plus tôt. Azrael esquissa un léger sourire en entendant le juron étouffé de Black, qui cherchait à soulever le canapé.

Comme si le Faucheur allait lui en laisser la chance. Un nouveau coup de baguette et le canapé moelleux en cuir se changea en plomb. Qu'il essaie donc de soulever ça !

- Bolt !

L'avertissement de Raphaël lui permit d'esquiver de justesse un sortilège du stupéfixion lancé par le professeur Rogue. Azrael ne s'était pas attendu à ce que le directeur des Serpentard prenne une part active à l'affrontement mais soit, plus on est de fous, plus on rit !

- Vous auriez dû vous contenter de votre rôle d'observateur, professeur, l'interpella Azrael.

Le Faucheur savait qu'il ne pouvait pas rester à découvert tant que Dumbledore était débout et pour le moment, la tactique de Raphaël le tenait davantage en respect qu'autre chose. Par conséquent, il lui fallait une solution à distance pour se débarrasser du maître des potions, qui avait renversé son propre fauteuil et une table pour se réfugier derrière.

Mm ils connaissaient son identité de baptême et certains dons qui s'étaient manifestés pendant son enfance alors pourquoi ne pas les utiliser ?

Pointant sa baguette vers une théière, des tasses et des plateaux restés miraculeusement intacts entre Rogue et lui, Azrael les métamorphosa en serpents. Il s'agissait d'une métamorphose avancée parce qu'il ne s'agissait pas simplement de leur donner la forme des reptiles, il devait visualiser également la composition de leur venin s'il voulait qu'ils en soient dotés. Dans le cas présent, il ne s'agissait que de poisons paralysants plutôt que létaux, non pas par bonté d'âme mais par précaution. Si l'organisation s'intéressait à l'Ordre du Phénix, c'était probablement pour en extraire des informations… or, les morts étaient étonnement peu bavards d'ordinaire.

- Attaquez-le ! Mordez-le ! Ordonna-t-il en Fourchelang en pointant le professeur de potions avec sa baguette.

L'exécuteur dût reconnaître que le maître des potions était un duelliste plus adroit qu'il ne l'aurait cru au premier coup d'œil. Il parvint à garder en respect les serpents avec différents maléfices qui relevaient plus de la magie noire que d'autre chose mais qui s'avéraient tout à fait efficaces. Toutefois, Azrael n'avait pas estimé un seul instant que les reptiles seraient suffisants pour venir à bout d'un ancien Mangemort. Non, leur principale utilité était en tant que distraction ainsi que pour forcer l'enseignant à se mettre à découvert. C'était désormais chose faite.

Par réflexe, le professeur dévia le maléfice du saucisson envoyé par Azrael mais son inattention permit à l'un des serpents de le mordre à la jambe, arrachant un juron de douleur au directeur des Serpentard. Le poison ne tarderait pas à faire son effet mais mieux valait le mettre hors d'état de nuire immédiatement.

- Stupefix ! Lança Azrael silencieusement.

Le rayon rouge fût malheureusement intercepté non pas par le professeur, dont les réactions étaient devenues plus lentes mais par Lupin. De quoi se mêlait-il, ce lycan ?

L'ancien professeur de défense contre les forces du mal avait allongé Tonks derrière le canapé où ils étaient assis un peu plus tôt. Non content d'avoir protégé Rogue, il était en train d'inverser la métamorphose que le Faucheur avait faite sur le canapé… non, il s'était contenté de le transformer en ballon de baudruche !

C'était mauvais signe. Black et Potter étaient déjà en train de se redresser, couverts par Lupin. Molly Weasley avait traîné son mari à l'écart et, si elle n'avait pas pris part aux festivités jusqu'ici, elle affichait un air terrifiant et tenait sa baguette si fort que ses jointures en étaient devenues blanches.

Il était temps de tirer sa révérence avant que la situation n'échappe complètement à leur contrôle. Dumbledore commençait à gagner du terrain sur Raphaël, brûlant ses racines et ses branches plus vite que son ami n'arrivait à les faire sortir de terre. Ce terrain urbain n'était malheureusement pas le plus propice à la magie élémentaire de Raphaël.

- Bombarda maxima ! Pensa Azrael avec force en pointant sa baguette vers le plafond de la pièce, au-dessus des Potter.

- Albus ! S'écria Lupin en voyant le plafond se fissurer au-dessus de Sirius, James et Lily.

- Arresto Momentum ! Lança Dumbledore pour arrêter dans leur chute les débris qui commençaient déjà à tomber.

Le Faucheur profita de l'inattention du directeur pour se précipiter vers Raphaël. Ce dernier lui tendit la main pour l'aider à escalader les énormes racines qui lui avaient servi de barricade quelques instants plus tôt.

- Harry ! S'écria une voix féminine derrière lui.

Une fois de l'autre côté des racines, Azrael lança un regard vers Lily Potter mais ne répondit pas. A la place, il se contenta de tapoter l'épaule d'Andrew, toujours figé sur place, pour lui indiquer que c'était de ce dernier dont ils devaient se préoccuper.

- Tu veux qu'on l'emmène avec nous ? Demanda Raphaël d'un air incertain.

- Et que je devienne l'ennemi public numéro 1 de tout le monde sorcier britannique ? Non, laissons leur héros ici, nous allons déjà avoir assez d'ennuis comme ça.

Raphaël prit tout de même soin de resserrer les racines pour éviter que d'autres ne soient tentés de se lancer à leur poursuite. Azrael lui attrapa l'épaule et le serra brièvement contre lui.

- Merci d'être venu pour moi, Raph.

- Tu ne croyais pas qu'on allait te laisser moisir ici quand même ? Vu la réputation du vieux bouc, tu aurais très bien pu te faire lobotomiser et finir en bon petit soldat dégoulinant de compassion et rongé par les remords, capable de te suicider sur son ordre pour « le plus grand bien ». Non, on ne t'aurait jamais abandonné, Bolt. Angelo, Mao, Balthazar et moi, on était tous d'accord là-dessus.

- Je ne m'y attendais pas… surtout de la part de Mao. D'ailleurs, comment vous avez fait pour briser le Fidelitas ?

- Ah, à ce propos… tu me promets de ne pas t'énerver ? On a dû être un peu créatifs…

- Créatifs ? Raphaël, qu'est-ce que vous avez fait ?

Avant que son ami n'ait le temps de lui répondre, Azrael entendit un craquement sinistre. C'était les racines, elles menaçaient de céder d'un instant à l'autre.

- Sortons ! Cria-t-il en tirant Raphaël par le bras.

Après avoir refermé la porte derrière lui, Azraël la verrouilla avec tous les sortilèges rapides qui lui vinrent en tête. Il utilisa même sa baguette pour tracer une rune à la flamme sur la porte pour renforcer le verrou.

En se retournant, il ne s'attendait pas à trouver une patinoire dans le couloir de la maison, avec Balthazar en train de jouer au cow-boy avec Fol'œil à tirs interposés.

- Oh salut Bolt ! Raphaël ! Je ne voudrais pas presser leurs majestés mais est-ce que vous pourriez vous grouiller de sortir ? Ce vieil Auror est complètement cinglé et il a manqué de me faire fondre et de m'éviscérer à trois reprises. Je ne vais pas pouvoir le garder éternellement en respect !


Hermione avait davantage entendu qu'observé l'affrontement qui s'était produit au pied des escaliers. Elle ignorait où se trouvait Andrew mais elle savait que le professeur Maugrey avait besoin d'aide. Il affrontait seul un des hommes qui s'était introduit dans la maison et qui venait d'être rejoint par au moins un complice, peut-être deux.

Sa baguette en main, elle descendit les marches aussi silencieusement que possible et finit par apercevoir l'ancien Auror en train de jeter différents sorts tout en réfugiant régulièrement derrière un large vase gravé des armoiries de la famille Black. La Gryffondor préféra garder le silence, non seulement parce qu'elle ne souhaitait pas le déconcentrer mais aussi parce qu'elle se sentait complètement dépassée par l'intensité et la rapidité des sorts envoyés de part et d'autre.

Son cœur rata un battement lorsqu'elle reconnût Kyle au côté des deux hommes masqués et elle l'interpella malgré elle.

- Kyle !

- Silence, Granger ! Grogna Fol'œil en esquivant de justesse un sort de découpe qui lui lacéra superficiellement l'épaule gauche.

Kyle, enfin, Harry tourna la tête vers elle et lui adressa un geste de la main, comme un au revoir. Elle s'était doutée qu'il ne resterait pas éternellement au 12, Square Grimmaurd mais elle ne s'attendait pas à ce qu'il parte si vite. Elle avait tellement de questions à lui poser, elle avait besoin de savoir, de comprendre aussi. La préfète ne pouvait pas nier plus longtemps qu'elle nourrissait des sentiments très forts à son égard et l'incertitude quant aux sentiments que Kyle ressentait pour elle la dévorait de l'intérieur.

- Kyle, attends ! Je dois te parler, s'il te plait…

Malheureusement, il ne l'entendit pas ou alors il fit semblant de ne pas l'entendre. Tout en couvrant leurs arrières, les trois hommes passèrent le portail de lumière, qui se referma ensuite derrière eux.


Azrael inspira une bouffée d'air frais. Ils venaient à peine de quitter la maison des Black et devaient se trouver très à proximité mais il s'en fichait pour le moment. Ce n'est qu'au bout de quelques secondes qu'il réalisa la présence d'une autre silhouette encapuchonnée aux côtés de Raphaël et de Balthazar, plus petite qu'eux d'une bonne tête.

Son souffle fut coupé lorsque la personne releva son visage vers lui, révélant quelques mèches de cheveux bruns et des yeux bleus.

- Salut Bolt, lui dit l'adolescente âgée d'environ quatorze ans, avec un léger sourire.

- Salut Selena, lui répondit-il avec douceur. Je suis content de te voir. Est-ce que tu peux aller voir Mao un instant ?

Après qu'elle se fut éloignée de quelques mètres pour parler au chat, l'Ange de la Mort tourna un regard assassin vers ses deux autres acolytes, qu'il attrapa par les cols de leurs capes.

- Ecoutez-moi très attentivement tous les deux, commença-t-il à voix basse mais dont chaque mot avait le tranchant d'une lame de rasoir. Je ne sais pas qui a eu la brillante idée d'emmener Selena en opération et je ne tiens pas à le savoir. Pour cette fois, et seulement pour cette fois, je vais faire comme s'il ne s'était rien passé… mais si vous recommencez, je vous jure que je vous le ferai regretter d'une façon tellement lente et douloureuse que vous me supplierez, en vain, de vous achever. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?

- Oui, Bolt. Désolé, se contenta de répondre Raphaël d'un ton penaud.

- Message reçu, gamin mais j'ai passé l'âge de faire dans mon froc qu'on me menace des pires atrocités. Si tu veux ma peau, il faudra te battre pour l'avoir, rétorqua Balthazar d'un ton tranquille.

Azrael les relâcha et secoua la tête. Il était temps de quitter les lieux. A l'aide d'un portoloin, ils disparurent du Square Grimmaurd, quelques secondes avant que la silhouette d'un vieux sorcier à la longue barbe blanche couverte de plâtre ne jaillisse du perron du numéro 12.


A plusieurs centaines de kilomètres de Londres, un mage noir avait pris possession du somptueux manoir d'un de ses subordonnés. Comme les rois de jadis, il allait de la demeure d'un vassal à celle d'un autre, se faisant offrir le gîte et le couvert. Il s'octroyait évidemment la meilleure chambre ainsi qu'une pièce pour lui servir de lieu de travail et il reconfigurait généralement la salle à manger ou le hall de réception pour accueillir son trône. Cette itinérance présentait l'avantage tactique de ne jamais être longtemps au même endroit tout en conservant un certain degré de confort. Elle lui permettait également de rappeler plus ou moins subtilement à ses fidèles qu'il était leur maître et que tout ce qu'ils possédaient était aussi à son service.

Pour l'heure, Lord Voldemort s'était installé dans la demeure des Lestrange, qui avait nécessité quelques rénovations suite à leur longue période d'emprisonnement. Il se trouvait actuellement dans la pièce qui servait jadis de bureau au père de Rodolphus et Rabastan. Les murs étaient couverts de livres, certains plus remarquables que d'autres et la large cheminée chauffait et éclairait convenablement la pièce. Le mage noir appréciait de s'asseoir dans le fauteuil situé au coin du feu et y réfléchissait à loisir en abîmant son regard dans les flammes.

L'opération de Pré-au-Lard avait été un échec complet, dans lequel le ministère de magie et l'armée privée de Dumbledore n'avaient joué aucun rôle. A sa connaissance, il avait été mis en échec par deux sorciers dont un assassin qui semblait avoir quelque renommée dans son milieu. Douze Mangemorts et une vingtaine de lycanthropes avaient péri de leurs mains. Il ne s'agissait pas d'une si grosse perte, même si Fenrir Greyback s'était montré absolument furieux que son fils Lycaon ait été abattu comme un vulgaire chien enragé. Il réclamait à corps et à cri de pouvoir partir à la recherche du misérable qui avait tué son louveteau, si fort qu'il avait fallu au seigneur des ténèbres plusieurs secondes sous le Doloris pour qu'il prenne conscience de son insubordination.

Les deux individus responsables de l'échec de l'opération ne semblaient pas être spécialement ses ennemis donc il aurait très bien pu les laisser tranquilles. Toutefois, il était intéressé par celui qu'on surnommait le Faucheur. Les sorts qu'il avait utilisés sur les lycans étaient appréciables par leur ingéniosité et ce n'était visiblement pas le genre d'homme qui hésitait à recourir à la magie noire. Disposer des services d'un tel homme à son service faciliterait grandement certaines de ses entreprises, que ce soit contre Dumbledore ou les incompétents du ministère.

Malheureusement, la tâche ne semblait pas si simple. Lorsqu'il s'était enquis de la possibilité de l'engager, il s'était avéré que le fameux « Ange de la Mort » n'était pas un professionnel indépendant mais au service d'une organisation, une organisation criminelle dont Lord Voldemort ne savait rien ou presque. C'était d'autant plus intrigant puisqu'il semblait que celle-ci n'opérait pas depuis l'Allée des Embrumes, ni même depuis le Chemin de Traverse en général. C'était comme si elle n'existait pas, au détail près que les cadavres qu'elle laissait sur son passage étaient bien réels.

Dans sa jeunesse, Tom Jédusor avait toujours aimé les puzzles, surtout lorsqu'ils aboutissaient à obtenir du pouvoir. C'était ainsi qu'il avait découvert la Chambre des Secrets, ses origines liées à la maison des Gaunt et à la lignée de Salazar Serpentard et bien sûr, le secret des horcruxes. Il s'agissait simplement d'un mystère de plus à percer et il se ferait un plaisir de découvrir qui était ce Faucheur et de le mettre à son service. Si son organisation refusait de se mettre sous ses ordres, il se contenterait de l'anéantir. Avec Lord Voldemort, il y avait généralement que deux options : se soumettre ou périr.