Voici sonner l'heure du grand retour ! trompettes, cors, tambours

Noooon, vous ne rêvez pas, c'est bien lui, le chapitre DIX-NEUF ! Le vrai de vrai !

Je ne vais même pas faire de commentaire sur ma lenteur, vous savez ce que c'est Enfin. Encore une fois désolée de ne pas répondre aux reviews, mais, pour ne pas frustrer mes habitudes, je publie juste avant de me tirer à Bab-El-Wed donc je n'ai pas le temps Mais pour me faire pardonner voilà un beau chapitre plein de révélations !

Merci à tous ceux qui m'ont encouragée, harcelée, tapé sur la tête, pour leur soutien. C'est vous qui me donnez envie d'écrire.

Et tout de suite.

CHAPITRE 19

" Sois maudit ! Puisses-tu ne jamais trouver aucune paix ni aucun refuge sur Terre ! Puisses-tu vivre pour voir tomber tous ceux que tu aimes ! D'autres d'autres sont déjà en chemin "

Tom était allongé sur son lit, les yeux embrumés. Il n'avait jamais remarqué à quel point le plafond pouvait être fascinant. Il suivit des yeux les légères fissures qui couraient d'un bout à l'autre de la pièce en soupirant. Il devrait sans doute se lever, c'était l'heure pour lui de reprendre son entraînement.

Sa dernière séance l'avait laissé sans force et plein de courbatures. Il se redressa péniblement et secoua la tête pour en chasser le brouillard.

L'entraînement, oui. Il faut que je m'y remette.

Le soleil pâle du mois de février filtrait timidement à travers sa fenêtre lorsqu'il se leva pour aller l'ouvrir. Il aspira une grande bouffée d'air froid, embrassant le paysage du regard. Sous l'épaisse couche de neige, le parc ressemblait à une immense meringue hérissée d'arbres nus. Tom regarda avec lassitude les adolescents qui couraient dans la neige en criant de joie et les boules de givre qui volaient à travers l'air glacé.

Rien ne semblait indiquer que, il y avait moins de deux mois de cela, l'état d'urgence avait été déclaré à Poudlard. Armando Dippet avait en effet réuni les différents ministres pour leur demander l'autorisation de sceller l'école. Il était bien sûr interdit aux élèves, toutes années confondues, de quitter l'établissement par toutes autres voies que celle du train, au moment des vacances scolaires. La sécurité autour de la forêt avait été renforcée et les sous-sols, hormis l'aile des cachots, avaient tous étaient condamnés.

Depuis l'attaque de l'homme en noir à Pré-au-lard, les enseignants, le personnel et même les fantômes semblaient avoir les nerfs à vif. Il ne faisait plus aucun doute pour eux que Grindelwald, le mage noir le plus terrifiant du siècle, le plus puissant sorcier des ténèbres, avait jeté son dévolu sur leur précieuse école. Et il ne faisait plus aucun doute pour Tom qu'il était lui-même l'une des cible du mage.

L'homme qui avait manqué de le tuer l'avait clairement laissé entendre : il était en danger. Apparemment, il n'était pas le seul à avoir découvert son appartenance au Cercle des Pouvoirs. Et si, comme il le pensait, il était destiné à combattre Grindelwald, il lui faudrait être prêt à faire face aux émissaires qui lui seraient envoyés. De toute évidence, Grindelwald n'avait pas l'intention d'attendre que Tom soit prêt à l'affronter.

Depuis deux mois, donc, Tom s'était résolu à prendre son destin en main. Il y avait quelques années de cela, jamais il ne se serait donné la peine de lutter pour sa propre vie, ou pour celles des autres. Mais tout avait changé maintenant. Il devait vivre. Pour Danaë, pour Améthyste, Chloé et Ophélia.

Pour Jenny.

Il soupira et referma la fenêtre. Il allait se transformer en glaçon géant s'il laissait le vent froid mordre sa peau plus longtemps.

Ma baguette, se rappela-t-il. J'ai dû l'oublier sur mon lit

Il ramassa le morceau de bois qu'il contempla longuement. Il était fin prêt pour une séance d'entraînement aux sortilèges. Le professeur Dumbledore avait manifesté le désir de voir tous les élèves, quel que soit leur niveau, s'atteler à la défense en duel. Après tout, Tom ne désobéissait pas vraiment au règlement. Il ne faisait que le détourner légèrement

Je ne sauverai pas ma vie avec un sortilège de désarmement, se répétait-il sans cesse. J'ai besoin de savoir attaquer mon adversaire. Ça ne fait pas de moi quelqu'un de dangereux

Mais il n'en était pas convaincu. Très peu de sorts d'attaque étaient enseignés à Poudlard et il était certain qu'il y avait à cela une raison bien précise. Mais il se devait de travailler, de s'entraîner, de maîtriser chacun des sorts que mentionnaient les livres sous lesquels il s'ensevelissait. Il devait être le meilleur et il le serait.

Jetant sa cape sur ses épaules, sa baguette serrée dans son poing fermé, il dévala les escaliers de son dortoir jusqu'à la salle commune. Il s'apprêtait à rejoindre les cachots, vides à cette heure-ci, pour aller s'y exercer en secret lorsqu'une voix sévère retentit derrière lui.

- Tom Jedusor !

Il se figea sur place, à la fois surpris et contrarié. Faisant volte-face, il se trouva nez à nez avec les lunettes carrées et les sourcils arqués de la préfète en chef de Poudlard, Minerva McGonagall. Ses verres lancèrent des éclairs sur le visage du pauvre Tom. Cette fille lui donnait toujours l'impression d'être pris la main dans le sac.

- Où vas-tu ? Demanda-t-elle sèchement.

- Je me promène, répondit-il sur le même ton. J'ai le droit, non ?

Elle fronça le nez, mais ignora sa question. Elle lissa sa robe et réajusta ses lunettes avant de poursuivre :

- Pourquoi ne vas-tu pas assister au match de Quidditch ? s'enquit-elle. Gryffondor contre Serpentard, tu devrais te sentir concerné.

Un très léger sourire effleura son visage, un sourire qui semblait parfaitement déplacé sur cette bouche austère.

- Je suis curieuse de voir où iront tes encouragements.

Tom rougit aussitôt. Depuis que Danaë était entrée dans l'équipe de Gryffondor, tout le monde semblait considérer qu'il était d'ores et déjà un renégat et que son seul désir était de voir perdre sa propre maison. Minerva paraissait, quant à elle, trouver la situation hautement divertissante. Il n'était pas sûr d'éprouver pour elle beaucoup d'affection, mais quelque chose en elle lui inspirait un respect inexplicable. Et il lui était reconnaissant de ne pas se montrer hostile envers lui.

- Le Quidditch ne m'intéresse pas beaucoup, répondit-il en songeant à ce que lui feraient Ophélia et Danaë s'il ne venait pas assister à leur match.

- Vraiment ? reprit Minerva. Les cachots te paraissent plus engageants ?

Le visage de Tom brûla violemment tandis qu'il bafouillait quelque chose en rapport avec les cours de potions et l'état délabré du plafond qu'il était nécessaire d'inspecter pour la sécurité commune, bien qu'il n'ait lui-même pas faim. Elle ne sembla pas convaincue et lui jeta un regard tétanisant par-dessus ses montures.

- Je ne sais pas ce que tu essayes de faire, Jedusor, mais je te conseille d'être prudent. Je crois que tu es conscient d'être spécialement concerné par les mesures prises par le directeur.

Elle baissa légèrement la voix et lui jeta un regard presque compatissant.

- Écoute bien ce que dit Dumbledore. C'est un homme en qui tu peux avoir toute confiance.

Cela dit, elle tourna les talons et disparut à l'angle du couloir. Incrédule, Tom fixa longuement le mur derrière lequel elle s'était effacée, assailli par la très désagréable impression qu'on parlait de lui derrière son dos. Depuis son agression, élèves et professeurs lui jetaient des regards inquiets et chuchotaient sur son passage. Bien sûr, personne n'avait jugé utile de le mettre au courant de quoi que ce soit. On s'était contenté de lui répéter d'être prudent et de ne pas faire de bêtises.

Furieux, Tom se retourna et reprit sa marche vers les cachots à grands pas. Il venait de perdre de précieuses minutes qu'il aurait pu consacrer à

- Tom !

- C'est pas vrai, grinça-t-il entre ses dents, pas elle

Myrtille surgit de derrière une statue de marbre décapitée et Tom eut la certitude qu'elle l'attendait là depuis de longues minutes.

- Mimi ! Dit-il sans se donner la peine d'avoir l'air aimable. Qu'est-ce que tu fais là ?

- Oh rien, répondit-elle en se renfrognant, ses longs cheveux retombant sur visage en signe de désespoir.

Tom se sentit aussitôt coupable. Il tenta de prendre un ton plus enjoué.

- Tu vas voir le match, tout à l'heure ? Demanda-t-il en approchant d'un pas.

Elle hocha la tête sans répondre. Tom devina qu'elle reniflait sous son voile de cheveux sale. Elle méritait sans aucun doute le surnom de " Mimi Geignarde " que lui avaient attribué les autres élèves, mais Tom ne put s'empêcher d'éprouver de la compassion pour elle. Il ne souhaitait à personne d'être le souffre-douleur d'une marée de gamins écervelés. Le fait que Mimi se soit éprise de lui n'arrangeait pas les choses, bien sûr, ni pour lui, ni pour elle.

- Bon Dit-il sur le ton de la conversation, tant mieux alors

Il se tordit les doigts, cherchant désespérément comment se débarrasser d'elle sans la blesser. Il n'aurait jamais le temps de se rendre aux cachots s'il était constamment retardé. Il soupira bruyamment et se pencha sur la jeune fille.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda-t-il entre ses dents.

- Je Je suis tellement laide ! Explosa-t-elle soudain.

Tom resta stupéfait. Il ne s'attendait pas à ces paroles qui lui parurent totalement hors de propos. Tom n'avait jamais été très doué pour consoler les autres mais la perspective de voir Mimi pleurer sur sa veste le décida à prendre une nouvelle initiative.

- Mais non, tu n'es pas laide, mentit-il en tapotant l'épaule agitée de soubresauts de la pauvre Myrtille. Allez ne pleure pas

- Si, je suis laide ! Dit-elle férocement, comme si démentir ce fait indéniable était pour elle une insulte plus cruelle encore. J'en ai assez qu'on se moque de moi à cause de mes cheveux !

- De tes cheveux ? Interrogea Tom.

- Oui ! Vociféra-t-elle, de mes cheveux gras !

Tom fut sur le point d'éclater de rire, mais se contint. Il tapota à nouveau l'épaule de la jeune fille.

- Tu devrais Aller dehors. Pour te changer les idées.

Elle leva vers lui un regard humide et méprisant qu'il ne lui avait encore jamais vu.

- En fait, tu espères seulement te débarrasser de moi, murmura-t-elle d'une voix rauque. Tu es comme les autres.

- Myrtille

- Tout le monde veut éviter la pauvre Mimi qui pleurniche tout le temps ! Mais moi Moi je ne suis pas comme les autres, Tom.

Elle baissa la voix et il se pencha instinctivement pour l'écouter.

Moi je sais ce que tu fais dans les cachots.

Elle fit volte-face et partit en courant pour se réfugier dans les toilettes des filles qui se trouvaient être son sanctuaire. Tom demeura paralysé pendant une bonne minute. Mimi savait. Elle savait qu'il pratiquait la magie en dehors des heures de cours. Elle savait qu'il s'entraînait à maîtriser des sorts interdits.

Et les livres que tu as empruntés ? Chuchota la Voix à son oreille. Est-ce qu'elle n'est pas au courant, aussi ? Peut-être est-elle déjà allé dire au professeur Dumbledore que tu t'intéressais à la magie noire ?

Tom siffla à cette pensée. Il ne s'intéressait pas à la magie noire. Il l'étudiait, simplement. Ne fallait-il pas toujours connaître son ennemi " à fond et sous la peau " ? L'école était sans doute en grand danger et lui plus que les autres. Pouvait-on le blâmer d'essayer de s'en sortir ? Mais il lui resta un goût âpre de cendres et de bile au fond de la gorge. Ce n'était pas tant d'être pris qui peinait Tom. Mais si le professeur Dumbledore l'apprenait, alors il cesserait de lui faire confiance. Et Tom ne supporterait pas de l'avoir déçu.

Lentement il se retourna et rebroussa chemin. Une chose était sûre : il n'irait pas aux cachots aujourd'hui. Il reprit la route de sa salle commune en traînant les pieds, ruminant de sombres pensées.

Il fut heureux de trouver la salle de Serpentard vide à son retour. Un seul quolibet d'Electra ou de Nathan l'aurait probablement fait court-circuiter. Il s'affala sur l'un des longs canapés verts qui bordaient les murs et fixa à nouveau le plafond, accablé de fatigue. À douze ans, il lui semblait qu'il était déjà affreusement vieux, les membres brisés par l'arthrite et l'esprit parasité de remords et de cauchemars. Il ferma les yeux.

À cet instant, un bruit mat le tira de son demi-sommeil. Quelque chose frappait avec insistance à la fenêtre de la salle commune. Tom se redressa brusquement et, pris d'un léger vertige, tituba jusqu'à la vitre.

Un grand hibou noir aux yeux ambrés le scrutait paisiblement de l'autre côté de l'embrasure de pierre. Tom frissonna. Le regard de l'animal lui fit irrésistiblement penser à celui des aigles qu'il avait vus dans la forêt interdite.

Et à celui qu'il avait tué.

Ne pense pas à ça, se dit-il, cédant presque à la panique. Ne pense plus jamais à ça !

Il fit tourner la poignée de la fenêtre et l'ouvrit en grand pour laisser place aux larges ailes de l'oiseau qui les déploya avec grâce avant de venir se poser sur la cheminée où crépitait le feu mourant. Le hibou lui lança un regard vitreux et hulula gravement avant de tendre sa patte.

Intrigué, Tom s'approcha prudemment. Pourquoi le hibou n'avait-il pas porté cette lettre le matin même, pendant le petit-déjeuner ? Et, surtout, qui pouvait bien lui écrire maintenant que Jenny était

Il détacha le petit morceau de parchemin et le déroula. Aussitôt, l'oiseau rouvrit ses ailes et s'envola, franchissant la fenêtre d'un seul mouvement. Ce n'était pas une attitude habituelle pour un hibou messager. Ils attendaient généralement une éventuelle réponse, ou au moins une récompense pour leur tâche accomplie. Mais Tom ne se soucia pas le moins du monde du comportement du volatile. Décontenancé, il lisait la lettre que celui-ci venait de lui apporter. L'écriture était droite et serrée, parfaitement inconnue.

Tom Jedusor, salle commune de Serpentard, Poudlard.

N'ignore pas les signes. N'ignore pas le sang. Ne te laisse pas aveugler par les folies des impies.

Il est encore temps, rejoins-nous au plus vite.

La courte missive n'était même pas signée. Éberlué, Tom la tourna et la retourna, cherchant une information supplémentaire sur son mystérieux correspondant et sur le sens de sa lettre. " N'ignore pas les signes " De quoi pouvait-il s'agir ? Cherchait-on à le mettre en garde ?

" Rejoins-nous au plus vite ". Mais qui cela ? Qui devait-il rejoindre ?

Irrité, il jeta la lettre sur le sol. C'était peut-être une nouvelle plaisanterie d'Electra. Depuis son agression, elle mettait un point d'honneur à tenter de l'effrayer. Mais Electra n'aurait jamais eu une idée aussi brillante pour le troubler. Il porta les doigts à sa bouche et mordilla nerveusement ses ongles. Pourquoi ne le laissait-on jamais en paix ? il n'avait rien demandé à personne, il n'avait jamais fait le moindre mal ! Pourquoi tout s'acharnait-il à briser sa tranquillité, lorsque ce n'était pas son cur ? Les larmes lui montèrent aux yeux, des larmes qui n'avaient pas coulé depuis la mort de Jenny.

Jenny, tu saurais quoi faire, toi, n'est-ce pas ? Tu me dirais ce que je dois faire de cette lettre et si je dois la prendre au sérieux. Tu me dirais si je vois juste ou si je délire depuis le début

Mais Jenny était morte et il n'y avait plus personne pour éclairer Tom. Il avait bien songé à parler de ses problèmes à Danaë, mais il ne voulait pas lui faire partager son angoisse. Il l'avait suffisamment blessée l'été passé.

- Tom ! S'écria une voix enthousiaste derrière lui. Dépêche-toi, tu vas rater le début du match !

Il tourna un regard vide sur Justin Starkyson, emmitouflé dans son manteau, une écharpe enveloppée autour du cou. Ses joues étaient rosies par le froid et ses yeux pétillaient d'impatience. Tom s'imagina le spectacle qu'il devait lui-même offrir. Blême, fébrile, les cheveux en bataille, une lettre froissée à ses pieds. Il se pencha rapidement pour la ramasser et la fourra dans sa poche.

- J'arrive, répondit-il faiblement.

Il jeta sa cape sur ses épaules et suivit Justin dans les couloirs.

- Tu ne portes pas les couleurs de Serpentard, fit remarquer ce dernier avec sévérité. C'est vrai que tu soutiens Gryffondor ?

- Je ne soutiens personne, fit-il, irrité par l'importance que tout le monde semblait attacher à ce genre de détails. Le Quidditch ne m'intéresse pas et je trouve mal venu d'arborer ces couleurs en cette situation. C'est un match amical. Pas besoin d'être sectaire.

- Tu trouves ça mal venu parce que ta petite amie est dans l'équipe adverse, répliqua Justin sans se retourner.

Tom ne répondit pas. Il se renfrogna et enfonça ses mains dans ses poches. Justin n'avait pas tort, bien sûr, mais ses insinuations commençaient à l'agacer. Après tout, n'était-il pas libre de soutenir qui bon lui semblait ? Évidemment, Ophélia était également son amie et jouait dans l'équipe de Serpentard À aucun moment cela n'avait posé problème entre elle et Danaë, pourquoi devrait-il s'en inquiéter, lui ? Il avait d'autres soucis pour le moment. Il essaya ardemment de ne pas songer à la lettre. Ce n'était qu'un canular. Ça ne pouvait être que ça.

- Moi, ce que j'en dis Maugréa Justin en haussant les épaules.

En arrivant sur le stade, cependant, il avait recouvré toute sa bonne humeur. Les gradins étaient déjà presque tous pleins et seuls quelques retardataires cherchaient encore une place parmi les élèves de leur maison. Tom s'assit avec réluctance entre Justin et un garçon de quatrième année à la mine torve qui le jaugea avec hostilité. Il voyait briller tout autour de lui des capes vert émeraude constellées de motifs argentés. Sa robe noire lui parut soudain tout à fait déplacée.

Une forte rumeur monta bientôt du stade. Les joueurs venaient de faire leur apparition sur le terrain. Les deux capitaines d'équipe se lancèrent un regard mortel et se serrèrent brièvement la main, s'éloignant le plus vite possible l'un de l'autre. Il vit Danaë et Ophélia se sourire faiblement et le sifflet retentit, annonçant le début du match.

Il regarda Danaë s'élever rapidement vers les buts qu'elle était chargée de défendre tandis qu'Ophélia zigzaguait dans les airs prête à recevoir le souaffle. Tom suivit le jeu quelques minutes durant, puis se désintéressa petit à petit de la partie. Il vit Ophélia marquer un but au bout d'une vingtaine de minutes et Danaë en arrêter trois. Pour des élèves de deuxième année, force était de dire qu'elles se débrouillaient plutôt bien. Il sentait bien que toutes les deux étaient nerveuses — bien sûr, elles jouaient leur premier match — et qu'un certain nombre de leurs maladresses étaient à mettre sur le compte du trac.

Au bout d'une demi-heure de jeu — Serpentard menait quarante à vingt, Tom sentit ses paupières s'alourdir. Le froid engourdissait peu à peu ses membres et, au lieu de le tenir éveillé, le plongeait lentement dans un demi sommeil. Il se demanda fugitivement comment les quatorze joueurs supportaient le vent glacial sur leur peau pendant si longtemps. Il ne sentit pas sa tête rouler sur le côté et personne ne sembla le remarquer.

Tom savait qu'il rêvait. Pourtant ce n'était pas un rêve comme les autres. Il n'y voyait aucun spectre menaçant, pas de ruines, de cadavre, de flammes. Il se trouvait dans une large pièce circulaire dans laquelle il ne lui semblait pas être jamais entré. Pourtant, il la reconnut immédiatement. Un large panneau de bois était suspendu à la porte et portait l'inscription : Bureau du Directeur. Il avança prudemment inspectant les étranges objets qui l'entouraient. Des fioles de toutes tailles et toutes formes, de grands miroirs, des montagnes de papiers et de plumes, des instruments d'alchimie et une multitude d'autres choses dont il n'aurait jamais soupçonné l'existence.

Un bruit de pas lui fit faire volte-face.

Le directeur revient, songea-t-il.

Mais ce n'était pas Dippet qui pénétra dans la salle. C'était le professeur Dumbledore. Tom fut aussitôt frappé par son apparence. Il lui sembla que Dumbledore avait pris une cinquantaine d'années. Ses cheveux et sa barbe étaient d'un blanc nacré et son visage affable, bien que toujours aussi ouvert, portait la marque du temps.

Lentement, il se dirigea vers son bureau et se laissa lourdement tomber sur une chaise. Il semblait épuisé. D'autres pas résonnèrent alors derrière Tom. Beaucoup plus pesants que ceux de Dumbledore, ils firent craquer le plancher et trembler les étagères couvertes de bibelots. Un homme immense, au moins deux fois la taille de Tom, se dessina dans l'encadrement de la porte. Il avait une barbe noire et fournie et un regard grave. Il inclina respectueusement la tête devant Dumbledore.

- Hagrid, lui dit celui-ci avec un mélange de soulagement et de lassitude, je vous attendais.

- Vous aviez besoin de moi, monsieur le directeur ?

- C'est exact. Nous avons un problème.

Le géant lui lança un regard étonné. Il se gratta le bout du nez et dodelina de la tête, manifestement impatient de savoir ce qu'il devrait faire. Dumbledore réajusta ses petites lunettes

Elles n'ont pas changée, remarqua Tom avec une certaine affection.

sur son grand nez et regarda sérieusement le dénommé Hagrid.

- Il semblerait que les lettres ne lui soient pas parvenues. Il va falloir agir.

- Pas parvenues ? S'étonna Hagrid. Mais Pourquoi ?

- Je l'ignore, mais ce n'est pas là un point capital. Il y a une grande agitation à l'Est.

Le géant eut un instant l'air perplexe, puis son expression songeuse laissa place à l'horreur.

- Vous voulez dire Que Qu'il pourrait revenir ?

- Je n'ai pas dit cela, répliqua calmement le vieil homme. Toutefois, il ne faut rien laisser au hasard. La négligence nous a déjà coûté trop cher. Disons que s'il avait la possibilité de revenir Le moment ne serait que trop propice. Il faut ramener ce garçon à Poudlard.

Un long frisson agita le corps d'Hagrid et, par la même occasion, celui de Tom. Il ne comprenait rien à, ce qui se tramait, mais les choses semblaient sérieuses.

- Il va falloir que vous le rameniez, déclara Dumbledore, avant que quelqu'un d'autre ne le trouve.

Le géant hocha vigoureusement la tête, visiblement secoué.

- Vous pourrez lui révéler ce qui vous semble bon, ajouta-t-il, mais inutile de l'effrayer pour le moment. Nos craintes ne sont peut-être pas fondées.

- Bien sûr, bien sûr, répondit fébrilement Hagrid, je vais faire mon possible, monsieur.

Dumbledore lui sourit aimablement et croisa les mains.

- Très bien. Je vous charge donc de retrouver Harry Potter pour lui remettre sa lettre.

Un très désagréable frisson secoua le corps de Tom, remontant jusqu'à sa tête et dressant les cheveux sur sa tête.

Harry Potter

Sans qu'il ne sût pourquoi, ce nom sonna exécrablement à ses oreilles. C'était un nom qu'il n'avait pourtant jamais entendu mais qui évoquait une vive douleur dans sa poitrine. Un nom qui évoquait un éclair verdâtre, les hurlements d'une femme et d'un enfant et surtout, surtout, une insoutenable rage qui brûlait dans ses veines.

Mais je ne connais personne de ce nom, se raisonna-t-il.

Pourquoi, alors, éprouvait-il tant de haine à l'égard de ce garçon qui apparemment n'était même pas encore entré au collège ? Pourquoi son seul nom lui brûlait-il la gorge comme du venin ?

Qu'est-ce que tout cela veut dire ? Est-ce que c'est une vision ? Cela va-t-il réellement se produire ou bien est-ce simplement un rêve ?

Mais Tom était certain qu'il ne s'agissait pas seulement d'un rêve. Tout était d'une netteté trop parfaite pour cela. Toutefois, si, comme il le pensait, c'était là une scène du futur, elle se situait probablement dans un avenir fort lointain et il voyait mal en quoi elle pouvait le concerner.

Mais pourquoi cette vision ? Pourquoi maintenant ? Elle ne ressemble pas aux autres, il doit y avoir une raison

Il suivit des yeux la lourde silhouette gauche qui se dirigeait résolument vers la porte.

- Hagrid ! Lança Dumbledore en se relevant.

Le géant se retourna.

- Surtout soyez prudent. Évitez de vous faire remarquer. Par qui que ce soit.

L'étrange emphase qu'il y avait dans ces mots intrigua Tom. Étaient-ils en danger ? Quel pouvait bien être son rôle là-dedans ?

Soudain, une décharge douloureuse lui traversa les côtes.

- C'est pas possible ! il s'est endormi !

Tom releva brusquement la tête. Un instant, sa vision se troubla, hésita, puis se raffermit. Devant lui, le terrain de Quidditch se vidait lentement et les joueurs remettaient tant bien que mal les balles dans leurs étuis.

- C'est fini ? Demanda Tom en se frottant les yeux.

Combien de temps avait-il dormi ?

- Bien sûr que c'est fini, lança joyeusement Justin en lui envoyant une grande accolade qui manqua de le faire basculer par-dessus les bancs au rang inférieur. On a gagné !

- Vraiment ? Fit Tom en réprimant un bâillement. Le score ?

Il ne s'en souciait pas le moins du monde, mais s'il pouvait feindre ne serait-ce que quelques instants de s'intéresser à ce jeu qui passionnait tellement tous les élèves, peut-être cesserait-on de le harceler. Justin le regarda de travers.

- Quand est-ce que tu t'es endormi, au juste ? Demanda-t-il un peu sèchement.

- Sais pas 40 à 20 pour nous, je crois.

- Aha ! s'exclama Justin en le pointant du doigt. Tu as dit " nous " ! Tu te considères donc comme un supporter à part entière de notre équipe !

- Justin, le score.

- 210 à 90. Heureusement que Barckley a attrapé le Vif d'Or, les deux poursuiveurs de Gryffondor étaient drôlement efficaces.

Il regarda Tom et lui tapota l'épaule.

- Elle non plus, elle n'était pas mal. J'espère qu'elle n'a pas remarqué que tu dormais.

Il l'espérait aussi. Sans doute Danaë ne dirait-elle rien, mais ce n'était pas une conduite très fair-play de sa part. Il s'ébroua et se leva en titubant. Contrairement à ses habituelles visions oniriques, son rêve s'évaporait rapidement. Déjà, il ne se souvenait que très vaguement de quoi il était question. Il y avait Dumbledore avec une barbe blanche Un homme à qui l'on confiait une mission Et puis quelqu'un à retrouver, un garçon Mais comment s'appelait-il déjà ?

Alors, sûrement, c'était juste un rêve. Un délire parfaitement normal provoqué par une grande frustration et un ennui mortel

Il hocha la tête, presque satisfait de cette version des faits. Mais pourquoi cette sensation désagréable, ce goût encore légèrement amer dans sa bouche ?

- Toooom !

Ophélia bondit sur lui comme un chat sauvage et s'agrippa à son dos.

- Alors, j'ai pas le droit à tes félicitations ? Demanda-t-elle en lui ébouriffant les cheveux.

- Ah, si Bien sûr ! Très beau match, vraiment !

- Je te remercie pour ta promptitude, dit-elle modestement.

Elle s'accrocha au bras que Justin lui tendait en la contemplant avec adoration.

- Où est Danaë ? S'inquiéta Tom qui retrouvait enfin ses esprits. Tu l'as vue après le match ?

- Aux vestiaires, je pense, répondit Ophélia d'un ton léger. Je crois Walker est en train de leur passer un savon

- Oh Les pauvres.

Elle hocha la tête, mais elle n'avait pas l'air particulièrement affecté par le sort réservé à l'autre équipe. Tom songea qu'elle n'avait pas tort. Pourquoi était-il incapable d'apprécier la victoire de sa propre maison ? Pourquoi, au fond de lui, n'avait-il jamais réussi à accepter son affectation à Serpentard ? Il soupira et releva la tête pour sentir une froide bourrasque lui balayer le visage. Soudain, la lettre qu'il avait reçue lui revint en mémoire. Ne ferait-il pas mieux de la montrer à un professeur ? Après tout, il ne pouvait être totalement certain qu'il ne s'agissait là que d'une plaisanterie. Mais un frisson parcourut ses doigts gelés. Il était déjà le petit menacé, l'enfant étrange, doté de toutes sortes de bizarreries inexplicables Il ne manquerait plus qu'il reçoive en plus de drôles de missives venues dont ne sait où. Non Il n'était pas nécessaire d'aller inquiéter ses professeurs plus avant.

Il remonta le parc enneigé, oublieux des rires, du vent, du froid. Lentement, il laissa ses pas le guider vers l'intérieur du château quasiment déserté. Il aimait écouter l'écho de ses pas se répercuter dans les couloirs vides lorsqu'il réfléchissait. Cela alimentait sa concentration.

Non, il ne pouvait rien dire. Parce que, peut-être, cette lettre n'était pas une plaisanterie. Peut-être venait-elle d'un ennemi. Le visage de l'homme en noir fusa devant ses yeux.

D'autres sont déjà en chemin

C'est un envoyé de Grindelwald !

Tom Tu sais qui est Qui est Grindelwald ?

C'est un mage. Un mage noir. Le plus puissant de ce siècle sans aucun doute.

D'autres D'autres qui savaient qu'il serait un jour l'adversaire de ce mage. D'autres qui voulaient l'éliminer avant qu'il ne soit en mesure de l'affronter. L'éliminer ou bien le rallier à leur cause. " Il est encore temps, rejoins-nous au plus vite. " Il songea fugitivement au livre qu'il avait découvert.

Le Talisman est le symbole du Pouvoir. Nul ne connaît exactement les secrets qu'il renferme, cependant, à chaque génération des Cercles des Pouvoirs, les deux mages se le disputeront. Celui qui pourra se l'attribuer et se servir de ses pouvoirs remportera la lutte et anéantira son adversaire.

Et ce talisman, se rappela-t-il en portant la main à la poitrine, c'est lui qui le détenait. Alors peut-être serait-il plus sage pour Grindelwald de le retrouver vivant Pour récupérer l'amulette.

Mais cela n'expliquait pas le message. " N'ignore pas le sang. " Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? cela sonnait étrangement, comme un avertissement, et quelque chose au fond de lui, dans un recoin de sa tête se mettait à battre frénétiquement alors que les mots lui revenaient en mémoire. Il secoua la tête et la pulsation s'atténua.

Quoi qu'il en soit et quoi que représente cette lettre, il savait une chose. Il ne devait pas relâcher son entraînement. Il fallait qu'il travaille plus dur que jamais. Pourtant, il lui semblait que tous ses efforts ne le menaient pas bien loin. Il lui faudrait autre chose Quelque chose de difficile, de complexe, d'utile. Une vraie mission qu'il pourrait accomplir à titre de préparation, quelque chose qui mettrait à l'épreuve ses dons de sorcier et ses capacités intellectuelles. L'idée l'avait souvent effleuré, mais jamais il n'avait pu lui donner de forme concrète. Sans doute parce que, tout au fond de lui, il savait qu'il ne désirait pas seulement aiguiser ses pouvoirs en prévision du combat. S'il avait pu faire quelque chose, n'importe quoi dont on puisse lui être redevable à Poudlard Une chose que personne n'avait jamais fait et grâce à laquelle on se souviendrait de lui Une chose qui écraserait enfin tous ces regards suspicieux et ces grimaces.

Perdu dans ses pensées, il n'entendit pas les petits pieds pressés qui se mouvaient derrière lui. La main qui s'abattit sur son épaule faillit le faire basculer en arrière.

- Ça, c'est un sévère manquement aux devoirs conjugaux, déclara Danaë en croisant les bras. Où tu allais comme ça ?

- Oh ! Danaë ! Fit-il légèrement étourdi. Je Euh Je suis vraiment désolé. Je te cherchais et puis mes pieds Tu sais ce que c'est

Elle ne semblait pas vraiment fâchée, mais il pouvait voir qu'il l'avait vexée. Elle leva un sourcil d'un air dubitatif fronça le nez.

- Surtout que nous avons perdu, lui reprocha-t-elle. Tu aurais au moins pu venir me consoler.

Elle prit une pose dramatique qui lui arracha un sourire puis tira sur son bras.

- Bon, pour te faire pardonner, tu vas m'accompagner à la Tour Ouest.

- La Tour Ouest ? S'étonna-t-il. Pour quoi faire ?

- Pour voir le coucher de soleil, évidemment ! Dit-elle en lui donnant un coup de coude dans les côtes. Pas pour jouer à la marelle !

- Aah, le coucher Bien sûr, je viens

Tom la suivit à contre-cur. Pour une fois, il n'avait pas très envie d'être avec Danaë. Il se sentait trop troublé par les pensées qui tourbillonnaient dans sa tête. Il laissa la jeune fille le guider dans le dédale de couloirs sombres et froids, l'esprit à cent lieues de son corps. Pour la première fois, il lui semblait qu'il était à deux doigts seulement de la vérité, des réponses qu'il attendait. Petit à petit, les pièces s'encastraient les unes dans les autres

- M. Jedusor !

Sans doute seule la voix du professeur Dumbledore détenait le pouvoir de le ramener sur terre à cet instant. Tom se retourna et se retrouva nez à nez avec le grand homme. Son visage avait une pâleur inhabituelle et ses yeux d'ordinaire si joyeux étincelaient d'un éclat fiévreux.

- Veuillez nous excuser quelques instants, Mademoiselle Cembre, il faut que je m'entretienne avec Tom. Ça ne sera pas long, rassurez-vous.

- Oh Dit simplement Danaë, un peu décontenancée. Bien sûr, je Je t'attends ici, Tom.

Le regard du garçon passa rapidement de son professeur à sa petite amie. Ses jambes étaient clouées au sol, ses membres roides comme ceux d'un cadavre. Une voix dans sa tête lui ordonnait fermement de ne pas suivre Dumbledore, lui assurant qu'il n'avait aucune envie de savoir ce que ce dernier avait à lui dire.

Alors pourquoi, pourquoi sa bouche prononça-t-elle son accord, pourquoi ses pas se posèrent-ils sur ceux de Dumbledore pour s'enfoncer dans la salle de classe la plus proche ?

Une question que Tom devrait se poser jusqu'à la fin de ses jours.

- Asseyez-vous, Tom, déclara machinalement Dumbledore.

Tom prit une chaise près de l'estrade. Ses épaules étaient secouées de frissons et ses dents claquaient irrépressiblement. Il agrippa fortement ses genoux pour se donner une constance et se força à relever la tête pour regarder son professeur. Ce dernier avait pris place au bureau et l'observait avec gravité derrière ses petites lunettes. Ce n'était pas de la tristesse que Tom voyait luire dans son regard, comme le soir de la mort de Jenny. Non, c'était de l'inquiétude et de l'épuisement.

- Il y a sans doute longtemps que j'aurais dû vous mettre au courant, commença-t-il. Mais beaucoup de choses sont très confuses. Je crois que vous le savez, Tom Vous n'êtes pas comme les autres.

Le cur de Tom rata un battement. Il savait ? Il avait connaissance de son appartenance au Pouvoir ?

- Je l'ai remarqué dès votre arrivée, continua Dumbledore. Votre main.

Tom contempla ses mains sans comprendre.

- Vous êtes gaucher, n'est-ce pas ?

Il hocha la tête sans mot dire. Alors cette histoire revenait sur le tapis ! Mais qu'est-ce qui n'allait pas avec sa main gauche ?

Oh, pas grand-chose, de vieilles superstitions...

- Il s'agit principalement de généralités, de rumeurs, poursuivit Dumbledore avec un geste distrait, de ces choses auxquelles j'attache bien peu d'importance. Mais dans votre cas Personne ne vous a rien dit, n'est-ce pas ?

La gorge de Tom était aussi sèche que du papier mâché durci.

- Non, souffla-t-il. Pourquoi être gaucher, qu'est-ce que ça signifie ?

- À l'origine, répondit lentement Dumbledore, c'était un signe de reconnaissance. Celui des mages obscurs.

La bile lui monta à la bouche comme si un coup de poing venait de s'enfoncer dans son ventre. Le sang de tous ses membres cessa instantanément de circuler et se tarit, comme recraché par une blessure invisible.

Ce n'est pas possible.

- Toutefois, reprit son professeur, visiblement désireux de mettre fin à son émoi, c'est également un gène familial. C'est pour cela qu'il est indispensable que je vous parle ce soir. Ce stigmate que vous portez ne donne aucune indication sue vous-même.

- Quoi ? croassa Tom. Mais vous avez dit

- C'est un signe distinctif De votre famille.

Dumbledore retira ses petites lunettes et les inspecta longuement, puis il les réajusta sur son grand nez et regarda Tom avec sérieux.

- Vous a-t-on déjà parlé de vos grands-parents, Tom ?

Rien de ce que Dumbledore aurait pu dire ne l'eût figé de cette façon. Alors Il y avait un rapport ! Enfin quelqu'un s'apprêtait à lui révéler quelque chose !

Ils sont... morts, tous les deux.

Et avec une famille comme la sienne

Il croit morts ses grands-parents maternels

- Jamais, murmura-t-il, chaque parcelle de son corps pulsant au rythme effréné de son cur.

Dumbledore marqua une longue pause puis inspira profondément.

- Cyrus et Verna Betley furent de brillants élèves à Poudlard. J'ai fait une partie de ma scolarité avec eux. Mais en sortant du collège Ils ont choisi de rejoindre les forces de l'ombre.

Tom resta interdit, les bras ballants et les jambes en coton.

- Ils ont fréquenté de nombreux cercles de magie noire pendant des années. Environ jusqu'à la naissance de leur fille unique. Votre mère. Pendant une dizaine d'années, ils se sont retirés de cette vie et puis Grindelwald est arrivé. C'était il y a 26 ans, alors que Lyra entrait à Poudlard, si je me souviens bien. Les six ou sept années suivantes furent relativement calmes, mais le pouvoir de Grindelwald grandissait Et un jour, il a attaqué Poudlard. La tour de Serpentard a entièrement brûlé.

Des flammes gigantesques dansèrent sous les yeux de Tom. L'incendie. Celui qu'il avait vu dans la forêt interdite. Trois silhouettes se dessinèrent peu à peu, un éclair vert et sa mère qui courait pour lui échapper.

- Il me semble qu'il devait chercher quelque chose, dit tristement Dumbledore, car il n'a pas cherché à recruter des partisans. Tout porte à croire, cependant, qu'il n'a pas eu ce qu'il désirait. Quoi qu'il n soit, Cyrus et Verna ont été ce jour-là comptés parmi ces disciples. C'est une des raisons pour lesquelles votre mère n'a jamais pu rentré chez elle après son mariage. Elle n'acceptait pas le camp qu'avaient choisi ses parents. Être l'ennemie de sa propre famille a été très éprouvant pour elle.

Dumbledore fit à nouveau une pause et soupira.

- Grindelwald n'était pas préparé à se dresser contre le ministère. Rapidement, il a dû se cacher hors d'Angleterre et y est resté durant de longues années, rassemblant de plus en plus de fidèles. Et aujourd'hui

- Il est de retour, acheva Tom, la voix tremblante.

Dumbledore hocha la tête.

- Comme vous l'avez constaté, vous êtes vous-même en danger. Il est probable que Grindelwald en veuille à votre vie ou cherche à vous fléchir pour vous convaincre de le rejoindre Vous êtes le dernier d'une longue et illustre lignée et s'il ne peut vous avoir à ses côtés J'ai pensé que vous deviez savoir.

Un long silence s'abattit sur eux. Tom ferma les yeux et écouta les coups de marteaux dans sa poitrine. Alors c'était cela, la vérité. Il descendait de mages noirs et il en portait la marque. Ses propres grands-parents qui aujourd'hui voulait sans doute l'éradiquer à son tour Mais Dumbledore ne savait pas. Il ne savait pas qu'il était le treizième élu du Cercle et que c'était la raison pour laquelle Grindelwald le cherchait. Soudain, un éclair de lucidité traversa son esprit.

- Professeur ! s'écria-t-il en se relevant d'un bond. Je crois que

Il enfonça sa main dans sa poche et en sortit un morceau de papier froissé. La lettre. Il la tendit à Dumbledore, les mains moites et tremblantes.

- Je l'ai reçue aujourd'hui. Je pensais que c'était une plaisanterie, mais

Le professeur Dumbledore prit la lettre et la lut attentivement, son visage pâlissant à vu d'il.

- Je vois Murmura-t-il au bout d'un instant. Vous avez eu raison de me donner ça, Tom. Alors, nos soupçons ne sont pas infondés. Ils vous cherchent

- Monsieur, demanda timidement Tom, d'où viennent-ils Les aigles ?

Dumbledore se figea et jeta à Tom un regard pétrifié.

- Vous les avez vus ? Ils vous ont attaqué ?

- Non Non, mentit-il. Mais je les ai vus, oui

- Surtout, surtout ne vous approchez jamais des aigles, lui dit-il en saisissant son épaule, le regard flamboyant. Vous comprenez ?

- Ou-Oui, balbutia Tom. Mais

- Ce sont les oiseaux de Grindelwald, dit sombrement Dumbledore. Ils sont extrêmement dangereux et s'ils sont ici, c'est qu'ils ont une mission à accomplir. Ne l'oubliez pas.

Il se redressa et toute trace de colère déserta son visage.

- Je ne veux que vous protéger, Tom, vous devez me faire confiance. Nous sommes tous en danger, mais vous l'êtes particulièrement. Il faudra redoubler e vigilance.

Tom hocha la tête, incapable de prononcer un mot. Lui qui avait voulu des réponses, il croulait désormais sous leur poids, sous leur ampleur qu'il ne mesurait même pas.

- Je sais que tout cela est terriblement lourd à porter pour vous, murmura Dumbledore en posa une main sur son bras. Je sais que ce n'est pas juste. Mais on ne peut rien faire d'autre qu'assumer, pour le moment. Soyez prudent et ne dits rien à personne.

- Oui Bien professeur. Je

- Si vous avez le moindre problème, venez me voir. Je vous promets que tout ira bien.

Tom acquiesça à nouveau, la douleur et la reconnaissance se mélangeant étrangement dans sa poitrine. Il était au moins sûr d'une chose. Jamais, tant qu'il lui resterait un souffle de vie, il ne se permettrait de décevoir Dumbledore. Jamais.

Il sortit en titubant, la tête bourdonnante et les jambes faibles. Encore une fois, le sort s'acharnait sur Tom Jedusor.

- Tom, est-ce que ça va ?

Il sentit la main de Danaë sur la sienne et leva les yeux vers elle. Ses deux grands iris vert l'observaient avec attention, pleins d'affection et d'inquiétude. Il se sentit légèrement revigoré.

- Oui, ça va.

- Qu'est-ce qu'il voulait ? S'enquit-elle en reprenant sa marche vers la Tour Ouest.

- Me parler Des cours de métamorphose, répondit-il. Rien de bien grave. Tu ne crois pas que le soleil est déjà couché ?

Ils marchèrent un moment en silence vers la tour puis Danaë lui parla du match de Quidditch et des examens de vols. Il hochait la tête sans vraiment écouter, tous ses sens perdus, sa poitrine frigorifiée. Sans doute ne serait-il pas revenu à lui si un garçon ne lui était pas rentré dedans au détour d'un couloir.

- Oh pardon, s'excusa celui-ci en ramassant son livre qui avait glissé au sol.

Tom observa ses cheveux noirs et désordonnés, étonnamment semblables aux siens. Le garçon se redressa et leur adressa un sourire un peu flou.

- Je suis tellement distrait Au fait, beau match, Danaë.

- Ouais, répliqua-t-elle avec une moue dubitative, on s'est juste fait écrasés

- Mais non ! Lança le garçon avec entrain tu t'es très bien défendue. Si Barckley n'avait pas eu le Vif d'Or Enfin, je vous laisse, j'ai rendez-vous !

Il s'éloigna rapidement en tentant de remettre ses cheveux en ordre. Tom le regarda partir, relativement surpris. L'interruption de ce garçon lui avait presque fait oublier ses problèmes.

- Qui c'est ? Demanda-t-il à Danaë qui s'apprêtait à continuer sa route.

- C'est un Gryffondor de quatrième année, répondit-elle. Il s'appelle Howard Potter. Il ne s'intéresse pas vraiment au Quidditch, mais Tom, tu ne te sens pas bien ?

Cloué au sol, Tom dévisagea Danaë comme s'il la voyait pour la première fois.

Potter

Très bien. Je vous charge donc

Je vous charge donc de retrouver

De retrouver

Harry Potter

- Potter, murmura-t-il.

Un éclair verdâtre explosa devant ses yeux. Après viendraient les cris. Les cris venaient toujours.

- Je Je me sens un peu mal je suis désolé je vais pardon

Et avec cela, Tom détala dans les escaliers. Il courut comme si sa vie en dépendait, assailli d'images grises et noires, criblé de hurlements et de suppliques. Soudain une vision s'imposa à lui. Deux longues silhouettes sombres qui tendaient vers lui leurs mains crochues.

Eux

Il trébucha et s'étala sur le sol, haletant.

- Non, gémit-il en se recroquevillant sur lui-même alors que les cris résonnaient de plus en plus puissants, de plus en plus nets à ses oreilles

" Je vous en supplie ! Tuez-moi si vous voulez, tuez-moi à sa place ! "

- Par pitié, souffla-t-il, faite que cela cesse

Mais au fond de lui, il savait que tout ne faisait que commencer

Taaaadaaaaaa !

Enfin, chapitre fini ! ! ! Oh, ça m'aura pris, allez, quoi, 8 ou 9 mois ? Mais bon, au moins cette fois-ci vous commencez à avoir des réponses, non ? Et le pauvre Tom qui ne sait pas encore que c'est le début de sa descente aux Enfers

Ah oui, au cas où vous vous poseriez la question, le Howard Potter de ce chapitre est bien le père de James, le grand-père de Harry. Bref, vous en apprendrez plus sur lui en temps voulu

Et bien sur ce bonne fin de vacances, joyeuse rentrée et, pendant que j'y suis Review, anyone ?