Bonjour à tous ! Merci encore à vous, chers lecteurs, pour les commentaires qui me motivent toujours à écrire. Les deux chapitres précédents étaient très importants, et je suis contente qu'ils aient été aussi bien reçus. Maintenant concernant celui-ci je dois dire un immense, gigantissime (au moins ça) merci à Hagarenn, auteure formidable et qui m'a beaucoup aidée à organiser mes idées et travailler ce chapitre. Je ne suis pas sûre que j'y serai arrivée sans son aide, alors encore merci.

Maintenant passons au sujet qui fâche (qui me fâche en tout cas). Je vais devoir ralentir mon rythme de parution car je n'ai malheureusement plus beaucoup de temps pour écrire, et ça ne va pas s'arranger dans les semaines à venir. Je ne peux donc pas vous dire quel rythme je vais adopter, je pense que ça dépendra des moments et du temps dont je disposerai. J'espère que vous continuerez à suivre cette histoire que je promets de ne pas abandonner (promis, juré) et je vais essayer de me dégager des créneaux pour écrire.

Bon, sur ce je vous laisse avec ce chapitre et j'espère qu'il vous plaira.


Chapitre 19

Les balles sifflaient tout autour d'eux et les hommes ne les évitaient que par miracle. Leurs visages burinés par le soleil étaient couverts de sueur et de poussière alors qu'ils couraient dans les rues de Lior pour échapper aux soldats qui les poursuivaient. La ville n'était plus qu'un champ de ruines, les immeubles bombardés menaçaient de s'écrouler à tout moment. Les hommes résistaient encore mais pour combien de temps ?

- Par ici ! hurla l'un des fuyards en entraînant ses compagnons dans une ruelle.

Mais il s'arrêta au bout de quelques mètres en se rendant compte que les immeubles s'étaient tous écroulés et bloquaient la voie. C'était un cul-de-sac. Les hommes se retournèrent, décidés à faire face à leurs ennemis jusqu'au bout. Les soldats investirent les lieux et braquèrent leurs fusils sur les hommes de Lior.

- Rendez-vous ! cria l'un des militaires.

- Pas la peine, lança son supérieur avec un rictus. Les ordres sont clairs, on ne laisse pas de survivants.

Quelques murmures vite étouffés se firent entendre dans les rangs des soldats alors que les hommes de l'Est se contentaient de les toiser sans répondre. Finalement, à la grande surprise des militaires, ils se mirent à sourire, voire même à ricaner un à un.

- Qu'est-ce que…, commença le militaire qui commandait les opérations avant de pousser un juron.

Sans prévenir des hommes armés tombèrent littéralement du ciel, des immeubles tenant encore debout, alors que d'autres sortaient de sous les gravats.

- On se replie ! cria le soldat en se retournant.

Mais il était trop tard, d'autres combattants venaient de surgir de nulle part, bloquant la ruelle derrière eux. Sans un cri les hommes de Lior se jetèrent sur leurs ennemis pris par surprise et en sous-nombre et, en quelques gestes précis, ils les égorgèrent.

Un jeune soldat réussit néanmoins à leur échapper et à se faufiler entre eux, espérant trouver du renfort. Mais alors qu'il pensait s'en sortir, un bras étonnamment musclé et couvert de tatouages se tendit devant lui et lui barra le passage. Le militaire sursauta et eut un mouvement de recul en voyant un homme sortir de l'ombre.

Le teint foncé et les yeux rouges, le visage barré de deux larges cicatrices, il prit le jeune homme par la gorge et le souleva de terre sans effort apparent. Il n'y avait nulle pitié dans ces yeux-la, et le soldat sut instantanément qui il avait devant lui. Scar, le criminel le plus recherché d'Amestris, l'Ishbal tueur d'alchimistes d'Etat. Il n'avait aucune chance de s'en sortir.

Des éclairs rouges illuminèrent les lieux et dans un hurlement, le jeune homme explosa littéralement de l'intérieur devant le visage inexpressif de l'Ishbal. En entendant cela, les autres combattants le rejoignirent et comprirent instantanément ce qui venait de se passer. Ils levèrent les yeux vers celui qui était leur leader, qui leur avait appris à se battre et donné le courage de résister, et ils lui firent un signe de tête. Encore une mission réussie, les soldats gisaient tous morts dans l'impasse.

- Encore dix aujourd'hui, lança l'un des hommes à Scar. C'est pas croyable, ils continuent à les envoyer, toujours aussi nombreux, alors qu'ils savent bien qu'on a le dessus dans la ville.

- On dirait presque qu'ils se moquent de sacrifier tous ces soldats, ajouta quelqu'un.

- C'est vrai ça, pourquoi ils nous envoient que la piétaille ? Dans le reste du pays ils ont envoyé les alchimistes d'Etat, alors pourquoi pas ici ?

- C'est comme s'ils nous envoyaient tous ces soldats pour s'en débarrasser…

L'Ishbal, lui, ne disait rien. Il se posait les même questions que ses hommes, et ce depuis le début du conflit. Mais un cri le sortit de sa réflexion.

- Scar ! cria un jeune garçon en courant vers lui, trébuchant sur les gravats.

- Tommy ? Qu'est-ce qui se passe ?

- C'est… moment… bébé… Rose… C'est le moment ! répéta-t-il en reprenant son souffle.

Dès qu'il fut sûr que Scar avait compris le message il repartit en courant dans l'autre sens, l'Ishbal sur les talons. Derrière eux les combattants reprirent position, attendant les prochains groupes de soldats qu'ils pourraient piéger dans les ruelles de Lior.

Arrivant devant une petite maison tenant encore debout par miracle, Scar en ouvrit la porte à la volée et fut accueilli par un hurlement déchirant. Il cilla à peine en voyant le spectacle. Rose était allongée sur le sol, le visage figé dans un masque de douleur et ses cheveux châtains collés sur son crâne par la transpiration, comme les deux étranges mèches roses qui encadraient son visage. Deux femmes se tenaient près d'elle, l'une près de sa tête pour lui passer un linge mouillé sur le visage, l'autre près de ses genoux relevés, suivant la progression de l'accouchement.

La sage-femme se leva et braqua un regard réprobateur sur Scar en s'approchant de lui.

- Tu n'as rien à faire ici, lança-t-elle en pointant un index accusateur sur lui. C'est une affaire de femmes et… Tu écoutes ce que je dis ? glapit-elle en voyant l'Ishbal se diriger vers la jeune fille allongée sur le sol.

Il se tourna alors et, sans un mot, la fixa de son regard rouge si particulier. Elle soutint ce regard quelques instants mais compris rapidement que rien ne pourrait empêcher cet homme de faire ce qu'il voulait. Elle haussa alors les épaules et grommela dans sa barbe contre les hommes qui se mêlaient des affaires de dame nature, tout en reprenant sa place au chevet de Rose.

Scar, lui, s'agenouilla près de la jeune fille et prit le linge mouillé des mains de l'autre femme pour le passer sur le visage de la future mère. Les mâchoires complètement serrées et des larmes coulant sur ses joues, elle lui agrippa la main et la serra aussi fort qu'elle put alors qu'une nouvelle contraction la secouait, la faisant hurler de douleur.

- Il faut qu'elle pousse ! cria la sage-femme. Sinon nous perdrons l'enfant !

- Non… Je ne veux pas, gémit la jeune fille en regardant Scar. Pourquoi moi ?

Il y avait une telle panique dans le regard brun de Rose que l'Ishbal ne sut pas quoi répondre sur le moment. Il comprenait qu'elle soit terrifiée, elle était tellement jeune. Et cet enfant, loin d'être le fruit de l'amour, était plutôt le résultat de la monstruosité et de la violence des hommes. Comment, dans ces conditions et dans le contexte actuel, ne pas avoir peur de le mettre au monde ?

Devant son regard implorant il s'assit derrière elle, en tailleur, et appuya la jeune fille contre lui avant de lui caresser les cheveux avec une douceur étonnante pour un tel homme. Rose essayait de reprendre sa respiration, tentant de suivre les conseils des sages-femmes, et la présence de l'Ishbal l'y aida, elle se calma un peu. Mais ses larmes, au lieu de se tarir, redoublèrent.

- Pourquoi moi ? répéta-t-elle. Je ne peux pas, je n'y arriverai pas. Je ne suis pas prête, je ne suis pas assez forte. Je ne veux pas…

- Rose…

- Cet enfant ne devrait même pas venir au monde !

Les deux femmes la regardèrent avec des yeux ronds, choquées par de telles paroles alors qu'elle baissait les yeux, en colère contre le monde entier.

- Rose, dit soudain Scar sans cesser de lui tenir la main. Tu vas avoir cet enfant, tu vas y arriver parce que tu es forte. Tu vas le mettre au monde, même s'il est le fruit de la pire des horreurs. Et tu vas l'aimer, tu seras la meilleure des mères parce que tu es comme ça. Tu es… une bonne personne, Rose.

- Je n'y arriverai pas, protesta-t-elle, pas seule.

- Tu ne seras jamais seule, se contenta-t-il de répondre en lui serrant un peu plus la main.

Elle ouvrit la bouche pour répondre mais se tut finalement et respira profondément. La sage-femme comprit qu'elle était prête désormais et fit signe à son assistante de la rejoindre. Rose se prépara, sentant la contraction suivante arriver. Serrant les dents et fermant les yeux, elle poussa aussi fort qu'elle put et hurla.

Scar ne l'encouragea pas, se contentant d'être là et de la rassurer par sa présence. De l'extérieur il entendait des tirs et des cris. Les combats avaient repris. Elle avait raison, ça n'était pas dans un tel monde qu'un enfant devait venir au monde. Il fallait en finir.

oOo

- Vous êtes tous prêts ? Il est trop tard pour reculer maintenant, dit Olivia en toisant ses hommes. Peu importe ce qu'on va trouver là-dedans, il faudra vaincre et reprendre la forteresse.

Mustang acquiesça en silence, comme les autres, et il se tint prêt. D'ici quelques instants l'enfer allait se déchaîner autour d'eux.

-ooooo-

Les jours suivants la mort d'Hakuro avaient été consacrés à la préparation de la contre-attaque. Le général de brigade et ses hommes avaient reconstitués de mémoire le plan exact de la forteresse et de ses environs.

Des tunnels existaient depuis la création de Briggs, prévus pour une évacuation en cas d'urgence, et débouchant pour certains dans la vallée ou dans les montagnes environnantes. Ils étaient soigneusement dissimulés, et la plupart des occupants de la forteresse en ignoraient l'existence. Olivia était persuadée que les drachmiens ne les avaient pas trouvés. La forteresse était truffée de galeries, de coins et recoins dissimulant des secrets, des passages, des chausse-trappes. C'était un vrai labyrinthe qu'ils n'avaient sûrement même pas exploré au quart de sa surface.

Ils avaient décidé de lancer une énorme offensive à l'extérieur, contre les murs de Briggs, une sorte de charge héroïque pour détourner l'attention des troupes drachmiennes. Pendant ce temps, un groupe réduit investirait la forteresse en toute discrétion, mené par Olivia et Mustang, et ferait le ménage parmi les chimères.

A l'extérieur, c'était une vraie mission suicide, le but étant d'attirer le plus possible l'attention de leurs ennemis. Il y aurait énormément de pertes, tous en étaient conscients. Mais personne ne rechignait, ils connaissaient tous l'enjeu. Même les anciens proches du général Hakuro étaient maintenant totalement fidèles à Armstrong et Mustang, comprenant qu'eux seuls étaient capables de les mener à la victoire.

Les deux militaires travaillaient de concert, avec leurs proches respectifs, et la jeune femme devait avouer qu'elle était agréablement surprise par l'attitude et les compétences du colonel. Elle l'avait toujours pris pour un jeune loup aux dents trop longues, arrogant, trop sûr de lui et de son alchimie, juste bon à cirer les pompes de ses supérieurs. Mais il se révélait un vrai meneur d'hommes, intelligent et vif, avec une conscience et une éthique poussées, accordant de l'importance aux vies de ses soldats. Ceux-ci, même s'ils avaient un peu peur de ses flammes impressionnantes, avaient confiance en lui. Ils savaient qu'il se battait en première ligne, avec eux, et qu'il les protégeait avec son alchimie. Ils avaient tous foi en lui.

C'était également un excellent tacticien, qui savait mettre en pratique les heures passées à jouer aux échecs avec le général Grumman, dans l'Est, montrant que tout ça n'avait pas été vain. En fait cet homme n'avait qu'une seule faiblesse mais elle était de taille : ses hommes. Et surtout elle, son bras droit. Elle avait été la cause d'une dispute terrible entre lui et Olivia, qui avait fait trembler tout le camp et avait dû s'entendre jusqu'à Central.

Tout avait commencé alors qu'ils mettaient au point les derniers détails au plan de reconquête de Briggs.

- Les hommes savent ce qui les attend, dit l'un des anciens proches d'Hakuro.

- Bien. Il faut qu'ils soient tous conscients des risques et des enjeux pour que le plan fonctionne, répondit le général Armstrong.

- Combien d'équipes participeront à l'assaut ?

- On a six groupes, expliqua Mustang en désignant le plan des lieux, qui attaqueront simultanément ces points stratégiques. Le but est simple. Foutre le plus gros bordel possible, les aveugler, les rendre sourds à toute autre chose, attirer toute leur attention pour qu'ils soient débordés par les évènements afin qu'on puisse s'introduire discrètement dans la forteresse. Il faudra vraiment faire le plus de bruit et de dégâts possibles.

- Bien compris.

- Général, demanda l'alchimiste en se tournant vers la jeune femme blonde. Est-ce que l'équipe qui va s'introduire dans la forteresse est enfin au complet ?

- Ce sera un groupe réduit, répondit-elle en lui tournant le dos pour regarder le camp, à l'extérieur de la tente de commandement. Dix personnes en tout, en nous comptant tous les deux. Rajoutez Miles et Buccaneer, mes deux adjoints qui connaissent la forteresse presqu'aussi bien que moi. Sherman, Hawks et Miller pour les commandos. Et enfin, vous trois, messieurs, ajouta-t-elle en regardant trois des anciens hommes d'Hakuro. Vos talents de combattants à l'arme blanche sont connus dans tout Amestris, nous aurons besoin de vous.

- Nous sommes à vos ordres, répondirent les intéressés d'une seule voix.

- Qui d'autre ? demanda Mustang.

Olivia se tourna enfin vers lui, sourcils froncés.

- On a fait l'impasse sur les cours d'arithmétiques ? demanda-t-elle d'un air sarcastique. Le groupe est complet.

- Oh… Vous ne retenez donc aucun membre de mon équipe ? Je pensais que le lieutenant Hawkeye, au moins, serait…

- Les membres de votre équipe sont compétents, et ils auront tous un rôle à jouer. Vos deux lieutenants surtout, L'œil de faucon et le fumeur.

- Mais alors…

- Ils coordonneront l'assaut à l'extérieur et commanderont des unités…

- Non !

Le colonel n'avait pu retenir ce cri du cœur qui avait éclaté, comme un coup de feu, faisant sursauter les hommes présents. Seule Olivia n'avait pas bougé. Son regard s'était juste durci.

- Pardon ?

- Vous m'avez bien compris, répéta fermement l'alchimiste en la fixant. Mes hommes ne participeront pas à l'assaut. Point.

Incrédule, Olivia ne sut pas quoi répondre. C'était bien la première fois, depuis très longtemps, qu'un homme était capable de lui clouer le bec ainsi. Un ange passa dans la tente et, sans même se consulter, les soldats laissèrent leurs deux leaders seuls.

La jeune femme n'en revenait toujours pas. Elle fixait le visage de Mustang et n'y trouvait plus trace de son habituelle arrogance, de cet air supérieur qui la hérissait toujours. Cette fois-ci, il affichait une expression butée et inflexible, et il n'hésitait pas à la fixer sans ciller. Ce diable d'homme recelait décidément bien des surprises.

- Et en quel honneur je vous prie ? demanda-t-elle soudain, reprenant ses esprits.

- Je…

En un instant il venait de perdre sa belle assurance. Il se retourna et passa une main dans ses cheveux bruns, les ébouriffant. Elle avait raison. De quel droit décidait-il que ses hommes ne participeraient pas à l'assaut alors que tous les autres iraient

Il serra les dents. Il était attaché à ses hommes, ils étaient ses subordonnés bien sûr mais pas seulement, ils étaient devenus au fil du temps des alliés, des frères d'arme, des amis. Savoir qu'ils allaient se jeter dans la gueule du loup, contre les infranchissables remparts de Briggs, dans une mission dont ils n'avaient quasiment aucune chance de revenir, c'était… Il soupira. Il avait tort de réagir comme ça, ils étaient tous forts et courageux, et ils savaient parfaitement ce qui les attendait. Et puis la mission passait avant tout le reste.

Oui, même si c'était une déchirure, il était prêt à les voir partir pour le bien commun, pour la mission. Parce que l'objectif final les dépassait tous et qu'il méritait le sacrifice d'hommes valeureux. Mustang savait tout ça, il le comprenait, l'acceptait. Mais pas pour elle.

- Mustang, lança Olivia d'une voix trop douce pour être honnête. C'est quoi votre problème ?

- …

- Vos hommes savaient bien ce qu'ils risquaient en s'engageant, ou quand ils se sont mutinés avec les autres. Alors encore une fois, quel est le problème ?

Le jeune homme ne répondait toujours pas mais elle voyait à la tension de sa nuque et de ses épaules qu'il était crispé. Elle plissa les yeux et l'observa encore un instant, puis la lumière se fit dans son esprit et son regard devint aussi dur que la lame de son sabre.

- C'est à cause d'elle, siffla-t-elle. L'œil de faucon.

Ca n'était pas une question et Mustang ne prit même pas la peine de nier. Il était suffisamment en colère contre lui-même, contre ce maelström d'émotions qui le submergeait. Pourquoi réagissait-il comme ça ? Quel était son problème ?

Est-ce qu'il pouvait lui expliquer que la seule idée d'être séparé de son lieutenant le rendait malade ? Qu'il avait autant besoin d'elle que de l'air qui gonflait ses poumons ?

Quand elle était près de lui il se sentait fort, serein, puissant. Il ne craignait rien, il ne surveillait pas ses arrières, se contentant de regarder droit devant lui vers son objectif. Parce que son ange gardien, sa nounou comme disait Edward, était derrière lui. Hawkeye était ses pas, son ombre, tout autant mère protectrice, subordonnée zélée, qu'amie fidèle. Elle était aussi comme une amante, son regard lui renvoyait un reflet flatteur et il se sentait plus intelligent, plus sûr de lui, capable de porter le monde sur son épaule

Il sentait sur sa nuque le regard polaire, chargé d'incompréhension, du général de brigade.

Est-ce qu'il pouvait lui dire que la peur de la perdre le paralysait ? Il avait déjà perdu son meilleur ami, et il savait que certains de ses hommes les plus proches ne survivraient pas à cette guerre. Il avait même accepté l'idée qu'Arthur, son frère d'arme, ait disparu et qu'il ne puisse rien y faire. Oui, il avait accepté tout ça. Difficilement. Parce que c'était la guerre et qu'il n'avait pas le choix. Et encore maintenant, il était prêt à tout accepter pour reprendre cette foutue forteresse et sauver son pays.

Tout. Ou presque. Il ne serait jamais prêt à sacrifier Riza.

- Mais qu'est-ce que vous foutez ? s'énerva soudain Olivia, le forçant à se retourner. Vous vous laissez perturber par… vos sentiments, ajouta-t-elle d'un air méprisant. Est-ce que vous êtes devenu fou ? Vous seriez prêt à mettre en péril la mission pour… Pour elle ?

- Je… Je pense que c'est une mauvaise idée, répondit Mustang en tentant d'afficher un air impassible, sans succès. Le lieutenant Hawkeye fait partie de nos meilleurs éléments, nous ne pouvons pas…

- Mais justement ! explosa la jeune femme. C'est un bon soldat, un excellent soldat même, ses qualités ne sont pas remises en question bien au contraire. C'est justement pour ça que nous avons besoin d'elle à l'extérieur. Elle saura tirer son groupe vers le haut, par son courage, sa force de caractère et de conviction. C'est une meneuse d'hommes, tous lui font confiance. Elle les mènera au combat mieux que personne. C'est pour ça qu'elle doit prendre l'un des commandements à l'extérieur !

- C'est idiot, rétorqua Mustang qui commençait à perdre son sang-froid. Vous sacrifiez nos meilleurs hommes ? Et quand nous auront repris Briggs, qu'est-ce qu'il nous restera ? Tous nos meilleurs éléments morts, comment comptez-vous reconquérir le reste du pays ?

- Mais nous ne reprendrons pas la forteresse si nous laissons nos meneurs à l'arrière, répliqua le général.

- Mais…

Son cerveau fonctionnait à plein régime, mais il était empli de pensées parasites. Comment lui opposer des arguments logiques, sensés, irréfutables, quand il ne pouvait même pas aligner une pensée cohérente à l'idée de voir Riza partir à l'assaut des remparts ?

- Le lieutenant Hawkeye est notre meilleur sniper, lança-t-il soudain. Nous avons besoin d'elle…

- Besoin d'elle à l'intérieur ? railla Olivia. Alors que ce qu'il nous faut ce sont des commandos et des experts du corps à corps ? Vous pouvez me dire à quoi nous servira un sniper ?

- Est-ce que vous remettez en cause les capacités du lieutenant ? répliqua le colonel, piqué au vif.

- Bien sûr que non, je viens de vous le dire. Vous essayez de noyer le poisson, Mustang, et ça commence à me…

- Elle refusera, la coupa-t-il, manquant d'arguments. Elle… Elle s'est juré de me protéger, de toujours être mon ombre, mes yeux, mes oreilles, de… Elle refusera.

- Pas si vous le lui ordonnez, répondit Olivia.

Roy ne put retenir un petit cri de colère et il serra les poings, se retenant à grand peine de faire voler la table de travail du général d'un coup de pied.

- Mustang ! aboya soudain le général de brigade qui perdait patience. Arrêtez vos conneries. Nous n'avons pas le temps d'être sentimentaux, c'est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre.

- Sentimentaux ?

- Bon sang, ne faites pas semblant de ne pas comprendre ! explosa la jeune femme, faisant sursauter les gardes de faction dehors.

- Et vous arrêtez de prendre des décisions aussi idiotes ! répondit le colonel sur le même ton, perdant toute mesure.

- Idiotes ?

Elle tremblait elle aussi, désormais, mais de colère. Pour qui se prenait-il ? Est-ce qu'il pensait qu'elle se fichait de sacrifier tous ces valeureux soldats qui attendaient dehors ? Ces hommes qui avaient des familles, des amis, des vies qui les attendaient ? Est-ce qu'il la croyait capable d'envoyer ses hommes de confiance au casse-pipe sans sourciller parce qu'elle s'en fichait ?

- Vous ne comprenez pas que les sentiments personnels doivent être laissés de côté ? Que votre amitié pour vos hommes, ou pour votre lieutenant, ne pèsent pas dans la balance ? On parle du bien du pays tout entier, là !

- Et vous vous ne comprenez pas que cette mission est un suicide organisé ? Que nos hommes risquent de perdre la vie en vain ?

- Mais ils en sont tous conscients, cria-t-elle en tapant du poing sur la table. Et pourtant ils sont volontaires ! Parce qu'ils ont tous compris ce que je n'arrive pas à faire rentrer dans votre putain de tête : ils font ça dans l'intérêt général. Les sentiments personnels de font pas le poids face au bien du plus grand nombre.

Elle tapa une nouvelle fois sur la table et désigna le plan de la forteresse.

- Le plan est parfait et vous le savez mieux que personne, cette mission nous l'avons planifiée de concert ! Nous les aveuglons, nous les attirons devant, et pendant ce temps nous nous glissons furtivement dans les tunnels, nous les attaquons de l'intérieur en nous débarrassant de leur arme secrète. Nous ouvrons une brèche pour nos troupes à l'extérieur et nous les prenons en tenailles. Le plan est parfait ! scanda-t-elle. C'est la seule solution pour leur reprendre Briggs.

- Je sais, murmura-t-il.

Bien sûr qu'il le savait. Sa raison lui hurlait de l'écouter, de cesser cette dispute stérile qui devait mettre les nerfs de leurs hommes à vif, à l'extérieur. Jusqu'à maintenant il avait toujours fait confiance à sa raison, son instinct de conservation, sa logique. Il se croyait rationnel, sensé. Mais aujourd'hui il était déchiré, littéralement. Sa raison se heurtait à ses sentiments.

Olivia, elle, tournait comme un fauve en cage dans la tente. Pour un peu il aurait pu la voir rugir. A cet instant une tigresse en colère devait être moins impressionnante que cette femme.

- Mais qu'est-ce que vous croyez ? lança-t-elle finalement en croisant les bras sur sa poitrine. Que je n'ai pas moi aussi des intérêts en jeu ? Que je sacrifie mes propres hommes sans y penser ? Ils iront tous face à ces chiens de drachmiens, et sans sourciller. Parce qu'ils me suivent les yeux fermés. Est-ce que vous imaginez seulement la pression sur mes épaules ? J'ai la vie de ces hommes dans la paume de ma main, ils vivront ou mourront selon ma décision. Est-ce que vous pensez que je les enverrais à la mort à la légère ? Si je suis prête à prendre tous ces risques pour ce plan, c'est parce que je suis sûre de moi. Nous n'avons pas d'autre alternative.

- Je sais, répéta-t-il en baissant les yeux. Je sais tout ça, dit-il à nouveau mais en la regardant dans les yeux. Mais ça ne change rien…

-ooooo-

Le colonel reprit ses esprits dans un sursaut en entendant une immense clameur venant de l'extérieur de la forteresse. Lui et le reste de l'équipe, cachés depuis des heures dans l'un des tunnels, avaient pâlis. Ils savaient tous ce qu'annonçait ce cri. L'assaut avait commencé. Seule Olivia n'avait pas tressailli, se contentant d'attendre sans bouger ni parler. On se demandait même si elle respirait. Mais Mustang, en fin observateur, avait remarqué la tension dans ses épaules et la force avec laquelle sa main serrait la garde de son sabre.

Il repensa à leur conversation. Il avait découvert une nouvelle facette de sa personnalité à cette occasion, aspect du général de brigade qu'il n'imaginait même pas. C'était une Armstrong mais, contrairement au reste de sa famille et à son frère Alex, connus pour leur immense sensibilité et leur compassion, elle était froide, impitoyable, totalement à contre-courant par rapport à eux.

Et pourtant, il avait enfin vu derrière cette carapace en acier renforcé, une jeune femme qui, telle le roseau, ployait sous la pression mais ne cédait pas. Elle avait le destin de milliers d'hommes entre les mains, voire même de tout un pays. Ils avaient tous une foi inébranlable en elle. Même lui l'avouait. Il pensait qu'elle était la seule capable de mener à bien la reconquête de Briggs. Jusqu'alors il n'avait jamais pensé à la pression qu'ils lui imposaient tous. Des centaines, non des milliers d'hommes allaient mourir aujourd'hui, sans doute, pour suivre son plan. Si elle s'était trompée, elle aurait leur sang sur les mains. Et pourtant elle ne tremblait pas. Parce qu'elle avait compris que malgré ses sentiments, malgré la peur qu'elle ressentait forcément au fond d'elle, elle n'avait pas le choix.

Mustang avait été impressionné par sa détermination, et ça n'avait fait que renforcer le respect qu'il ressentait pour la jeune femme blonde. Elle était capable de prendre cette décision sans hésiter alors que lui tergiversait pendant des heures, incapable de taire ses sentiments au profit de sa raison.

-ooooo-

La discussion avait encore duré longtemps, ce jour-là. A chacune de ses pitoyables tentatives pour défendre sa position, elle opposait un argument clair, logique, tellement sensé qu'il ne savait plus quoi ajouter. Et finalement il s'était rangé à son avis. Depuis le début l'un comme l'autre savaient qu'il en serait ainsi, il ne pouvait pas en être autrement de toute façon. Mais cette discussion les avait encore renforcés dans leur conviction. Ce plan était leur dernière chance, à tous.

Finalement ils étaient sortis de la tente. Les hommes avaient fait mine de rien, et Mustang leur en était reconnaissant. Olivia avait fait réunir tout le monde et leur avait expliqué que l'assaut serait lancé le lendemain à l'aube.

Pendant ce laïus, Mustang l'avait cherchée des yeux. Hawkeye. Elle était là, non loin de lui, perdue au milieu des hommes et pourtant encore à portée de tir du colonel, au cas où. Sa mission était un véritable sacerdoce pour elle. Il n'osait pas imaginer sa réaction quand il lui annoncerait qu'elle ne pourrait venir avec lui. Elle allait protester, se mettre en colère, lui rappeler son engagement : le protéger coûte que coûte.

Autour d'elle, il vit ses hommes de confiance, son équipe. Ils avaient tous les yeux fixés sur Olivia et l'écoutaient avec attention. A cet instant Mustang avait senti un poids énorme oppresser sa poitrine. Il y avait de fortes chance pour qu'au moins l'un d'entre eux, voir tous, ne survive pas à cette mission. Ils le savaient d'ailleurs mais ne cillaient pas. Même Jean Havoc, habituellement peu sérieux en apparence, surtout quand Olivia était dans les parages, se taisait ce jour-là et écoutait avec intention.

Mais son regard était surtout attiré par son lieutenant, Hawkeye. Oui, il appréhendait sa réaction plus qu'aucune autre.

- Le colonel Mustang, qui dirigera la mission en second, va vous donner les affectations.

L'alchimiste sursauta et lui lança un regard chargé d'incompréhension. Elle voulait qu'il annonce ainsi, devant tout le monde, à ses hommes qu'il les envoyait au casse-pipe ? Il croisa alors son regard inflexible et comprit. Cette annonce serait un moyen pour lui de mettre un terme à ses dernières hésitations, il n'y aurait plus de retour en arrière possible, il ne pourrait plus se cacher derrière le général de brigade. Il allait être obligé de prendre ses responsabilités.

A cet instant mettre un pied devant l'autre pour la rejoindre était la chose la plus difficile qu'il ait faite. Est-ce que ses mains allaient trembler ? Est-ce sa voix allait se casser en prononçant leurs noms, son nom ? Ce serait le pire qui pourrait arriver, comment les hommes pourraient-ils le prendre au sérieux ? Il en était encore là de ses pensées quand Olivia lui tendit une liste et qu'il prit la parole, mécaniquement.

- Il y aura six groupes menés par six soldats, sous l'autorité d'un seul à qui reviendront les décisions et le commandement de cette partie de la mission. Nous serons à l'intérieur, ajouta-t-il, donc ce sera lui qui sera notre délégué à l'extérieur. Vous lui devrez le même respect qu'à nous, et une totale obéissance.

Personne n'avait répondu. Mustang s'était rendu compte avec soulagement que ses craintes n'étaient pas fondées. Son aisance et sa maîtrise habituelles avaient pris le pas sur ses doutes, et c'est avec force et assurance qu'il avait annoncé les noms.

- Les six responsables des unités seront le général de brigade Matthews, qui prendra aussi le commandement, les colonels Schumacher et Barker, le lieutenant-colonel Stuart, et les lieutenants Havoc et Hawkeye.

Son regard était braqué sur ces deux derniers et il s'aperçut avec surprise qu'ils ne manifestaient aucune réaction. Est-ce qu'ils avaient été prévenus ? C'était impossible. La seule autre explication était qu'ils assumaient leur rôle de soldat jusqu'au bout, quels que soient les ordres. Il ressentit une bouffée d'orgueil. Olivia avait bien choisi, ils seraient à la hauteur de la mission.

-ooooo-

- Tenez-vous prêts, souffla Olivia, sortant Mustang de ses pensées.

Machinalement, celui-ci tira un peu sur ses gants et vérifia qu'il en avait une deuxième paire dans une poche. Il se retourna pour regarder Hawkeye mais se rendit compte au même instant que ça ne servait à rien. Elle n'était pas là.

Des cris et une sirène d'alarme retentirent soudain au dessus de leurs têtes et ils levèrent tous les yeux. La poussière tombait du plafond alors que des centaines de bottes martelaient le plancher au-dessus d'eux. Le plan fonctionnait, c'était la panique dans le camp drachmien.

L'alchimiste se rendit compte qu'il sentait des vibrations venant du sol, des murs, du plafond, de partout. Les autres aussi le sentaient et regardaient autour d'eux, surpris.

- C'est l'assaut, dit soudain Olivia, le regard braqué sur le mur. Des milliers d'hommes se jetant contre les murs de la forteresse, comme une vague furieuse déferlant sur nos ennemis. Ce sont eux…

Mustang repensa à la soirée de la veille.

-ooooo-

Olivia avait décidé que rien ne devait changer. Pas de menu spécial, de discours sur la force et l'honneur, rien ne devait montrer que cette soirée serait peut-être la dernière. Les hommes avaient vaqué à leurs occupations et à leurs corvées, tentant de faire comme si de rien n'était. Au contraire, on n'avait jamais entendu autant d'éclats de rire retentir entre les tentes, comme un moyen de repousser la peur.

Le général de brigade, comme lui, était passée entre les groupes de soldats, buvant une gorgée de rhum ici, regardant la photo d'une famille là, jouant aux cartes ou écoutant les histoires des hommes. Les soldats appréciaient ça, que leurs chefs se mêlent à eux pour cette soirée, prouvant que malgré leurs responsabilités ils étaient avant tout des militaires tout comme eux.

La peur était pourtant palpable, mais la détermination également. Mustang ne comptait plus le nombre de médailles, de photos, de souvenirs qu'on lui avait donnés pour les transmettre aux familles. « C'est pour eux qu'on fait ça » était la phrase qui revenait le plus souvent dans ces moments-là.

Mustang, lui, avait tenté d'oublier qu'il n'avait pas de famille à qui léguer quoique ce soit, pas même de petite amie. Quant à ses amis, les derniers étaient là, où au front comme Armstrong. Il ne restait qu'Edward, son frère et Emma, en fait. Il avait d'ailleurs décidé d'écrire aux jeunes gens ce soir, pour leur dire… Il ne savait même pas quoi. Mais ça lui ferait du bien.

La nuit était tombée et Olivia venait de décréter l'extinction des feux, comme toujours à cette heure. Ils avaient sans doute été nombreux à ne pas fermer l'œil de la nuit, mais encore une fois Olivia avait tenu à ce que rien ne change du quotidien. Il avait donc fait le tour du camp une dernière fois, officiellement pour être sûr d'avoir vu tout le monde, mais en réalité pour chercher une personne en particulier. Une personne qui aurait dû être près de lui mais qui, inexplicablement, manquait à l'appel.

- Colonel…

Le jeune homme s'était retourné et avait croisé le regard de Jean Havoc, appuyé contre un arbre à quelques mètres de lui. Alors qu'il le rejoignait, Mustang avait encore une fois été frappé par son expression. Où était le jeune homme jovial et qui aimait faire le pitre, le dragueur malchanceux toujours éconduit ? Ne restait plus que la fatigue et le doute sur son visage.

- Lieutenant ? Qu'est-ce que vous faites là ?

- Besoin d'être un peu seul, mon colonel, avait répondu le jeune homme en regardant fixement une cigarette qu'il tenait à la main, pas encore allumée.

- Oh… Est-ce que vous ne comptez pas la fumer ? avait demandé Roy en regardant sa main.

- Je ne sais pas. Je crois que j'ai envie de la garder pour demain, au cas où je serai encore en état de fumer après l'assaut.

Le sang de Mustang s'était glacé en entendant ça mais Jean ne s'en était pas rendu compte.

- D'un autre côté, il y a de fortes chances pour que je puisse plus jamais fumer après cette nuit. Et j'en ai terriblement envie. Alors est-ce que je ne devrais pas plutôt en profiter maintenant ? Jusqu'à la dernière bouffée ?

- Lieutenant…

Mustang avait secoué la tête et sorti un cigare de la poche intérieure de sa poche.

- Je n'ai jamais aimé ça, avait-il expliqué en le tournant entre ses doigts. Mais c'est le général Grumman qui me l'a offert il y a quelques mois. Je le gardais pour une occasion… spéciale.

- C'est un bon ça, mon colonel, avait dit Jean avec un regard de connaisseur. Vous avez de la chance…

- Tenez, avait répondu Roy en le mettant dans sa main. Et profitez-en.

- Mais…

- Vous l'apprécierez plus que moi, avait expliqué l'alchimiste en se tournant vers le camp. Et comme ça, il vous restera une cigarette à fumer après la victoire.

- …

- Restez en vie Jean, c'est un ordre, avait murmuré Roy avant de commencer à s'éloigner.

- Merci, avait simplement répondu le lieutenant après quelques instants, avant d'allumer le cigare avec un sourire.

Mustang avait traversé le camp presque vide désormais, déçu. Il n'y avait aucune trace d'elle nulle part. Elle avait dû avoir besoin de s'isoler pour se préparer psychologiquement à la bataille du lendemain. Il le comprenait mais il aurait préféré passer ces derniers moments près d'elle. Ou alors elle lui en voulait ? Elle ne lui avait pas adressé une parole depuis l'annonce de son affectation. Il pouvait comprendre qu'elle soit en colère. Elle avait juré de toujours être près de lui pour le protéger, et il avait vu depuis qu'elle prenait ce serment très à cœur. Et lui, il l'obligeait à le rompre…

Il avait soulevé le battant de sa tente et s'était figé. Elle était là, assise par terre, la tête sur les genoux. Elle était dans en fait dans la même position que le jour où il l'avait trouvée blessée. Il se souviendrait toujours de ce moment où, pour la première fois, il l'avait vue fragile, vulnérable.

Elle n'avait pas relevé la tête en l'entendant entrer et il était venu s'asseoir près d'elle. Le silence avait duré longtemps mais il n'était pas pesant, ni gêné. Ils profitaient simplement de leur présence mutuelle, et ne voulait pas rompre ce moment. Qui sait si une autre occasion se présenterait un jour ?

-ooooo-

- Tenez-vous prêts, répéta Olivia.

Elle s'était levée, comme tous les hommes, et ils attendaient maintenant le moment, le cœur battant. Roy tentait de rester sourd aux hurlements et aux fracas de la bataille qui leur parvenait jusqu'ici. Il devait avoir l'esprit clair pour pouvoir se battre efficacement. De cette manière il pourrait plus vite rejoindre les hommes à l'extérieur et leur prêter main forte. Il tira une nouvelle fois sur ses gants et serra les poings.

Olivia entrouvrit la porte du tunnel et tous plissèrent les yeux à cause de la lumière.

Et la bataille pour Briggs commença.