Auteur: Violette Poète

e-mail: .fr

Résumé: On ne suit jamais les recommandations de nos parents.

Genre: Romance. Eh oui, on se refait pas !

Note: merci à Sheikan pour la relecture !

Prière de ne pas publier cette fic sans mon autorisation

Bonne lecture!


Toi, moi et le reste du monde

Rose Ginevra Weasley était arrivée depuis moins d'une semaine à l'école de sorcellerie de Poudlard qu'elle désobéit à la seule recommandation que son père aurait voulu qu'elle tienne : Ne jamais approcher Scorpius Hyperion Malefoy. Ils devinrent amis, déclenchant beaucoup de réactions différentes au sein de la famille de la jeune sorcière (Scorpius écrivait peu à ses parents et n'avait pas autant de cousins et de cousines). Dans sa première lettre de l'année à ses parents, James l'évoqua avec un certain dédain, Victoire avec amusement, Freddy et Roxanne n'en parlèrent pas, trop occupés à raconter à leur père leurs nouvelles farces ; quant aux autres, ils firent comme s'ils ne savaient rien. Rose expliqua à son père qu'elle était « vraiment navrée mais qu'il s'avérait que Scorpius Malefoy était une compagnie des plus sympathiques. ».

Il n'y eut qu'Albus Potter pour approfondir le sujet. « Il y quelque chose d'étrange, Papa, écrivait-il, le soir, ils semblaient ne pas se connaître et le lendemain, ils ne se quittaient plus. Pour le petit déjeuner, elle le rejoint à la table des Serpentard, pour le repas de midi, c'est lui qui se déplace et mange avec nous, tout comme un soir sur deux. C'est… bizarre. N'en parle pas à Oncle Ron, peut-être, il est si prompt à s'inquiéter pour Rosie. Qu'il ne s'en fasse pas, je veille. »

Harry et Ginevra furent fiers de leur cadet, il avait toujours protégé sa cousine comme le grand frère qu'elle n'avait pas. Ce qu'ils ignoraient, c'est que, depuis leur plus tendre enfance ou plutôt, depuis qu'il était en âge de comprendre certaines choses, il nourrissait un béguin sans retour pour la jolie fille de son oncle.

Il avait eu la sagesse de contenir ses sentiments, ses émotions, si bien que personne n'avait jamais rien vu ou imaginé. Le même sang coulait dans leurs veines : ç'aurait été incongru. Ainsi donc, Albus s'était tu, jouant un rôle auquel il n'aspirait pas : celui du meilleur ami. Un soir, alors qu'ils faisaient leurs devoirs dans la Salle Commune, la curiosité fut si forte qu'il céda à son exigence et, se tournant vers sa jeune amie, demanda :

-Pourquoi es-tu amie avec Scorpius Malefoy ?

C'était quelque chose qui l'intéressait vraiment. Il existait bien d'autres élèves plus attachants que lui et dans la même maison qu'elle. Mais Rose ne paraissait pas au courant. Elle sourit, avec cette gentillesse qui l'exaspérait puisque ce n'était rien de plus et dit, consciente de la Vie, intelligente comme sa mère.

-Parce qu'on est trop jeunes pour l'amour !

Andromeda, la grand-mère de Teddy, le grand frère de la fratrie Potter, lui avait dit un jour que les yeux ne pouvaient pas mentir, qu'ils étaient les fenêtres de l'âme. Ceux de Rose étaient clairs, lucides et vaillants. Et ils ne se trompaient pas. Ce fut à cet instant précis que les sentiments d'Albus commencèrent à changer pour devenir cet attachement sans bornes, cette loyauté indéfectible qu'il éprouva pour elle tous les jours de sa vie.

Et, effectivement, au début de leur Troisième Année, Rose Weasley et Scorpius Malefoy commencèrent à sortir ensemble. Au cours des deux années précédentes, leurs familles avaient eu le temps de se faire à l'idée, si bien que cela ne choqua guère de les voir se tenir la main. D'ailleurs, il ne s'agissait simplement que de ça et de quelques petits baisers échangés dans les couloirs, rien de plus. Al, pour tranquilliser Ron, tenait un bilan hebdomadaire de leurs agissements, et l'envoyait régulièrement. Il veillait, encore et toujours, au mépris de ses études et de ses loisirs. Et plus il grandissait, plus il veillait, négligeant ses amis, puis sa petite amie, qui, douce et compréhensive, se contentait des moments qu'il lui offrait.

Mais, en janvier de leur Septième Année, les choses changèrent. Et alors qu'Albus, pauvre naïf, croyait les avoir enfin cerner (elle, sublime, avec son caractère de feu ; lui, d'une beauté froide, étrangement calculateur, mais si vivant avec elle), ils devinrent tout ce qu'ils n'étaient pas. Ils se disputaient. Sans cesse. Les éclats bruyants de leurs voix troublaient continuellement la quiétude du château. Désormais, on ne parlait que de la dernière altercation de Roméo et Juliette, comme les avait surnommés les élèves, en raison de leur nom de famille. Mais cela allait bien au-delà de tout ça. Un jour, devant la Grande Salle, alors qu'elle avait, au vu et au su de tout le monde, embrasser un autre garçon, ils avaient eu une de ces fameuses disputes qui faisait leur réputation et leur gloire. Il hurlait, lui lançant des Gallions, qu'elle vous ferait n'importe quoi si on lui donnait assez. Elle n'était pas en reste, en face de lui, sarcastique et mauvaise, méchamment belle et attirante.

Le soir même, Albus les surprit, enlacés dans une sombre salle de classe vide. Etonné de ne pas l'être, il les avait laissé et avait rejoint sa si parfaite Léto en pensant à ce qu'il pourrait écrire dans sa lettre à ses parents.

Durant des semaines, des mois, ce fut ainsi. Ils se disputaient à propos de tout et n'importe quoi. Ç'aurait pu être attendrissant, mais ça ne l'était pas. Les filles qu'il avait l'audace de regarder se trouvait soudain aux prises avec des malédictions terrifiantes, les garçons à qui elle souriait étaient menacés. Plus personne n'osait les approcher. Albus était le seul et encore ; leur comportement l'écœurait tant qu'il les évitait de son mieux.

Début juin, alors qu'il rentrait de la bibliothèque, ses livres et sa petite amie sous le bras, il l'aperçut dans le parc. Elle tournoyait sur elle-même, les bras à l'horizontale, comme l'enfant qu'elle n'était plus. Un attroupement s'était formé autour d'elle et il comprit que ce n'était pas à cause de sa joie de vivre. Ses mouvements soulevaient sa jupe déjà excessivement courte, révélant ses cuisses fermes. Son chemisier, de deux boutons trop ouverts, laissait apercevoir une poitrine généreuse.

La main d'Albus se crispa sur la bretelle de son sac, il devinait une revanche et une jalousie stupide. Léto Williams, sa petite amie, superbe de compréhension et de calme, ne chercha pas à le suivre ou à protester lorsqu'il la lâcha brusquement, virant son sac sur ses pieds. Elle le ramassa doucement, le plaça sur son épaule et rentra à la tour. Il y avait bien longtemps qu'elle avait cessé d'essayer de s'immiscer entre Albus Potter et Rose Weasley.

Il marcha vers elle, tentant de réprimer sa colère, mais il la haïssait tant en cette seconde qu'elle prit le pas sur toute l'excellente éducation dispensée par ses parents. Il la prit par le bras pour la faire arrêter. Elle rouvrit brusquement les yeux et fit mine de se dégager. Il resserra son emprise sur elle, enfonçant ses doigts dans son avant-bras. Elle piailla, faussement faible. Il la connaissait, bon Dieu, il savait bien qu'elle était pas comme ça, il savait qu'elle pourrait le mettre par terre si elle voulait ! Mais non, il y avait son public.

-Foutez le camp, bordel !, leur beugla t-il. Foutez le camp !

La fille Weasley ne dansait plus, son cousin Potter était furieux, la foule se dispersa. Dès qu'il n'y eut plus personne, elle se dégagea de sa poigne, mais il la prit par les épaules et la secoua.

-Qu'est-ce que tu fais ? Si tu l'aimes, reste avec lui ; sinon, quitte le !

Elle le regarda, ne comprenant pas. Soudain, un sourire éclaira ses lèvres. Un sourire gentil, comme elle lui en faisait tout le temps, peu importait son humeur.

-Albus… Tu ne comprends pas. La haine, l'amour… Pourquoi choisir si je peux avoir les deux ?

Un air subitement sérieux sur le visage, elle continua.

-Je veux tout, Al. Je veux… le haïr pour l'aimer encore davantage, je veux me battre contre lui ou l'embrasser passionnément pour choquer les puritains. Je veux monter au sommet de la tour Eiffel avec lui, là où il n'y a aura plus de la place que pour nos pieds, je veux l'enlacer et nous jeter dans le vide. Et de là où on sera, de l'Enfer ou du Paradis, je lui montrerai nos corps disloqués et nos sangs se mélangeant et je lui dirais « Regarde ! Ton sang a la même couleur que le mien. » Qu'ils aillent tous se faire foutre, avec leur pureté du sang, ça veut rien dire ! Je suis persuadée qu'eux-mêmes le savent. Al. Je veux vivre. Même si je dois en crever.

Elle avait parlé avec une telle force, que toute colère, toute haine l'avait quitté. Ça n'importait plus, son petit jeu de tout à l'heure, c'était loin. Merlin, qu'il l'aimait, sa petite rousse, d'à peine deux mois de moins que lui. Elle sourit et s'éloigna, de sa démarche langoureuse et impitoyable.

Le lendemain, tout recommençait. Les cris, les disputes, les injures. Et un jour, un jour de calme sur le château, un jour d'amour pour Roméo et Juliette, ils avaient créés un nouveau jeu. Dès qu'il en entendit parler, Albus alla voir Rose, alla voir Scorpius pour essayer de les faire arrêter. Mais ils étaient comme ça, tous les deux, rien ne pouvait les faire changer d'avis.

Ils avaient décidé de se quitter, pour voir s'ils arrivaient à vivre l'un sans l'autre.