1 – le choc

Le silence régnant dans la maison est quasi surnaturelle, pesant, intolérable. Dans le salon, les six « enfants » Cullen sont assis, immobile. Ils donnent l'impression qu'on les a posé là et qu'ils n'ont pas pu bouger, leur peau pâle leur donne un aspect de statue plus que jamais. Ils ne se regardent pas, ne se parlent pas, ne bouge pas. Les minutes passent, s'éternisant…

Un gémissement retentit soudain dans le salon, d'abord faible puis de plus en plus puissant se transformant en véritable hurlement de douleur et de rage. Edward est le premier à réagir, à bouger enfin. Il tourne la tête vers l'escalier montant à l'étage, l'air perdu. Le hurlement résonne de plus en plus fort, semblant ne jamais vouloir s'arrêter.

Edward bondit dans l'escalier, suivit de prés par les cinq autres, et se précipite dans la chambre de Carlisle, là d'où vient ce cri, ce déchirement. Ils se stoppent tous net dans l'encadrement de la porte.

Le spectacle qu'ils ont sous les yeux les bloque une fois de plus, Carlisle est effondré contre le mur prés de son lit, la bouche à moitié ouverte d'où sort toujours ce son déchirant. Lui si maitre de lui habituellement, lui qui ne perd jamais son sang-froid, qui est la sagesse même, lui qui en cet instant souffre tellement.

Jasper tombe à genoux, prenant sa tête entre ses mains et se balançant d'avant en arrière, en marmonnant

- C'est trop, c'est trop, non, non….

Edward se reprend

- Alice, emmène Jasper ailleurs

Alice tourne lentement la tête vers Edward, l'air de ne pas comprendre ce qu'il dit, puis vers Carlisle qui souffre tant et enfin vers l'homme qu'elle aime. Voir la souffrance de son mari en plus de celle de son « père » semble la sortie à son tour de sa torpeur. Elle se baisse vers Jasper, lui entourant les épaules avec ses bras, l'aidant à se relever.

- Viens, mon amour

Alice et Jasper sortent de la pièce, Rosalie, Emmet et Bella, eux n'ont toujours pas réagi, restant planté là, agars. Edward s'avance doucement vers Carlisle, s'agenouille devant lui et lui parle doucement

- Carlisle, Carlisle, tu n'es pas seul, nous sommes là.

Carlisle ne semble pas l'entendre, mais le cri se transforme à nouveau en gémissement, baisant d'intensité jusqu'à n'être plus qu'un murmure de pur douleur. Bella semble alors sortir à son tour de sa léthargie et vient se placer à coté de lui, le prenant dans ses bras et le berçant doucement comme un enfant.

Carlisle cesse de gémir, mais ne bougent toujours pas, ces yeux semblant vidé de tout. Edward sent monté en lui une bouffé de colère et cogne violement contre le mur, faisant sursauté Bella, Emmet et Rosalie.

- Restez avec lui, ne le laissez jamais seul

Alors qu'il franchit la porte, la main de Rosalie le stop

- Ou vas-tu ?

- Je vais la chercher, lui demander pourquoi elle est partie comme ça, pourquoi elle lui fait ça, elle nous fait ça. (Le ton de sa voix augmentant de colère au fur et à mesure qu'il parle)

Toujours berçant Carlisle, Bella lui dit

- Ne fait pas de bêtise, ne laisse pas ta colère l'emporter.

Edward hausse les épaules et rejoint Alice et Jasper dans le salon. Jasper est toujours prostré sur lui-même aspirant malgré lui la souffrance de Carlisle en plus de la sienne. Alice le tient dans ses bras, lui murmurant ou plutôt tentant de lui murmurer des mots apaisant.

- Alice, je pars chercher Esmée, je dois comprendre, essayer de la ramener à la raison, je ne sais pas, mais je dois faire quelque chose, je ne peux pas laisser Carlisle dans cet état… (il s'interrompt un instant, refoulant sa propre douleur). Alice, ou est elle ?

- Je… Je… Je…

- Je t'en prie, Alice, pense à Carlisle, on ne peut pas… (sa voix se brise, douloureuse)

- D'acc… D'accord, je vais essayer

Alice se concentre un instant, essayant de faire le vide dans sa tête, d'oublier la douleur de son « père » et celle de son mari

- Port Angeles, elle est… à Port Angeles. Fais vite, elle n'y sera pas longtemps.

A peine eut elle finie sa phrase qu'Edward était déjà parti.