- LES BÂTISSEURS -


Comme vous le savez tous, mon histoire exploite la série Harry Potter de J.K. Rowling, ainsi que tous les à-côtés officiels (notamment les interviews accordées après la sortie du tome 7).

A mes côtés, j'ai une super équipe de correcteurs qui font un travail formidable. J'ai nommé : Monsieur Alixe, Fenice, Steamboat Willie et Xenon.


XXXIII : James Sirius Potter


Chronologie :
2 mai 1998 : Bataille de Poudlard
Septembre 1999 : Harry entre chez les Aurors
31 décembre 2001 : Mariage de Ron et Hermione
Décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny
20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique
Période couverte par le chapitre
: 17 au 23 juillet 2005


Après l'entraînement, Harry convia Janice à déjeuner au Square Grimmaurd pour mettre sur pied le cours suivant. Ils se mirent à table avec Ginny mais celle-ci les quitta au milieu du repas, se plaignant de douleurs dans le dos et n'arrivant pas à se sentir à l'aise sur sa chaise, malgré les sorts de Harry pour la rendre moins droite et plus confortable.

— Ne vous en faites pas pour moi, assura-t-elle. Je n'ai plus faim, de toute manière. Je crois que je vais faire la sieste.

— Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi, ma chérie, proposa Harry, inquiet.

— J'ai juste besoin de m'allonger, répondit Ginny.

Quand elle passa devant lui, elle plia les genoux pour se mettre à sa hauteur — cela faisait longtemps qu'elle ne pouvait plus se pencher — et lui planta un baiser sur le front.

Harry la suivit des yeux, avant de reporter son regard vers son invitée qui regardait la scène d'un air attendri.

— J'imagine que le terme n'est plus très loin, commenta-t-elle.

— C'est dans dix jours, normalement, l'informa Harry. Je suis pressé que cela arrive, elle semble à bout de force.

— Ma mère disait toujours que la nature est bien faite, car autant on peut apprécier sa grossesse, autant on n'en peut plus au bout des quarante semaines et qu'on est soulagée d'enfin accoucher.

— Je crois que nous sommes bien dans ce cas de figure, approuva Harry. Tu as des frères et sœurs ? demanda-t-il.

— J'avais une sœur et deux frères. Je me suis fâchée avec le plus jeune et je n'ai plus de nouvelles de lui depuis qu'il est parti vivre en Australie. Les deux autres n'ont pas survécu à la Première Guerre. Mes parents sont décédés dans les années quatre-vingt.

Harry tenta de trouver un sujet un peu moins lourd :

— Tu ne vois pas Belléclair, ce week-end ?

— Non, il est chez sa femme.

Harry en resta bouche bée.

— Ne prend pas cet air choqué, continua Janice d'une voix amusée. Cela faisait déjà des années qu'ils vivaient séparés, quand Pierre et moi nous sommes retrouvés. Je n'ai brisé aucun ménage. Le boulot s'en est chargé avant moi.

— Le boulot ?

— Ça peut être très prenant, si on n'y prend pas garde.

— Être Auror n'est pas forcément incompatible avec une famille, protesta Harry. Pritchard va fêter ses vingt ans de mariage. Je n'ai pas l'impression que ses rapports avec sa femme s'en sont ressentis.

— Stan a su trouver l'équilibre, je suppose, commenta Janice. Vu comme les choses ont tourné, c'est une chance pour lui.

Harry songea à l'année où il n'avait pratiquement pas croisé Ginny à cause de la Coupe du monde. Il ne savait pas si leur couple aurait résisté si cette situation avait perduré trop longtemps. Mais Ginny n'avait jamais eu l'intention de jouer toute sa vie. Si elle avait fait passer sa carrière avant tout à un moment donné, c'est parce qu'elle savait que cela n'aurait qu'un temps. Cette conviction avait permis à Harry de prendre son mal en patience, se réconfortant à l'idée que cette situation n'était que temporaire.

— C'est aussi un choix, déclara-t-il.

— Il faut croire que Pierre a choisi le travail, alors, répondit Janice en haussant les épaules. Cela n'a pas d'importance pour nous. J'ai un métier prenant et je n'ai pas l'intention d'élever un enfant avec lui.

Harry se demanda si c'était une forme de fidélité envers son défunt fiancé ou un intérêt modéré pour la maternité. À moins qu'elle ne considère qu'à son âge, le temps soit passé pour elle.

— Lui non plus n'en a pas ? s'enquit-il.

— Si. C'est pour fêter la réussite des études de son fils qu'il s'est rendu là-bas, ce week-end. François sort juste de Beauxbâtons.

Harry estima qu'il serait diplomate de changer de nouveau de sujet. Ils commentèrent donc la séance de travail du matin et discutèrent de l'organisation qu'ils pourraient adopter à l'avenir, pressentant déjà que leurs nouvelles fonctions ne prendraient pas fin en août quand les aspirants passeraient leur concours.

— Pourquoi n'as-tu jamais utilisé tes compétences d'entraîneur chez les Aurors ? s'enquit Harry après que Janice lui eut fait de nombreuses et intéressantes propositions pour les séances à venir.

— On ne me l'a jamais demandé.

— Tu ne l'as jamais proposé ?

— Si, au début. Et puis j'ai vu qu'ils ne voulaient pas être dirigés par une femme. J'avais d'autres batailles à mener, alors j'ai laissé tomber, expliqua-t-elle en haussant les épaules.

— Aujourd'hui, cela n'a pas eu l'air de les gêner, souligna Harry.

— Les mentalités ont changé.

Harry espéra que c'était vrai. Ceux qui faisaient le plus de remarques sexistes, Cyprien Muldoon et Simon Belby n'étaient pas venus. Mais c'était sans doute parce qu'ils ne l'appréciaient pas tellement. Maintenant que Janice était officiellement formatrice avec lui, ils ne risquaient pas de se présenter... ce qui le soulageait car leur animosité le gênait quand il devait leur parler.

— Maintenant, Faucett est favorable à la féminisation de notre équipe, fit remarquer Harry. Pourquoi n'a-t-il pas organisé ce genre de sessions plus tôt ?

— Le problème, quand on a vingt-cinq ans de maison, c'est qu'on a l'impression que les choses sont très bien comme elles sont. Toi, tu as un regard neuf et suffisamment de légitimité pour faire des propositions, malgré ton peu d'années de service.

Harry se dit que c'était peut-être pour cela que Kingsley avait tellement insisté pour qu'il fasse partie des Aurors. Quand il le lui avait expliqué, quelques semaines après la bataille de Poudlard, Harry n'avait pas compris ou, plus exactement, sous-estimé la marge de manœuvre que son combat contre Voldemort lui avait donné.

— On va rattraper le temps perdu, décida-t-il.

Ginny se plaignit de douleurs toute la journée du lendemain, peinant à trouver une position confortable. Elle passa de longues heures dans la baignoire, le seul endroit où elle se sentait bien.

La nuit du dimanche au lundi, Harry dormait profondément quand une poigne robuste le secoua.

— Harry ! appela une voix calme.

Trop calme, jugea Harry. La voix qu'on prend pour se persuader qu'on n'est pas en train de céder à la panique. Complètement réveillé, il saisit d'un geste sa baguette et ses lunettes.

Lumos ! C'est le moment, ma chérie ?

La veille au soir, Ginny s'était plainte que son mal de dos ne passait pas malgré la position allongée qu'elle avait maintenue toute l'après-midi. Molly, qu'ils avaient eue par cheminée avant d'aller se coucher, avait décrété que c'était un signe que les choses allaient se déclencher prochainement.

— Je crois, je suis toute mouillée.

Harry déplaça sa baguette et vit qu'effectivement la chemise de nuit était détrempée au niveau des cuisses de sa femme.

— Tu es sûre que ce sont les eaux ? s'inquiéta-t-il.

— Oui, ça fait vraiment bizarre comme sensation, certifia-t-elle. Ça coule et je ne peux pas l'arrêter.

— Tu as des contractions ?

— Non, je ne crois pas, indiqua-t-elle après quelques secondes de réflexion. Mais j'ai toujours aussi mal au dos.

— Ste-Mangouste, décida Harry.

Il s'habilla rapidement, prit la petite valise qui était préparée depuis un mois puis aida Ginny à se relever et à enfiler sa robe de chambre. Soudain, elle se cambra en se tenant les reins.

— Je ne vais pas y arriver, souffla-t-elle. Surtout l'escalier.

— Alors, recouche-toi et détends-toi, lui demanda-t-il.

Elle obtempéra et il lança un Corpus Mobilis. Elle se mit à flotter au-dessus du lit.

— Laisse-toi aller ma chérie, lui conseilla-t-il en la voyant tenter de se redresser, sinon tu vas tomber.

— J'ai justement l'impression de tomber, protesta-t-elle.

— Je sais, mon cœur, mais c'est la meilleure façon de t'emmener à l'hôpital.

Il jongla un peu avec la valise et sa baguette pour libérer une main qu'il lui tendit. Elle s'y agrippa et arriva finalement à fermer les yeux et se détendre malgré l'impression de déséquilibre. Doucement, il progressa vers l'escalier, puis descendit marche à marche. Dans le vestibule, il obliqua vers la cheminée qu'ils avaient raccordée au réseau deux ans auparavant, en se félicitant de ne pas avoir à négocier le passage qui menait à la cuisine.

Il ramena le corps flottant de Ginny le plus près possible du sien et lança la poudre de cheminette dans l'âtre. Puis il les fit entrer dans les flammes vertes et cria sa destination. N'ayant pas pensé modifier sa physionomie, il ne passa pas inaperçu en débarquant dans le hall d'accueil de l'hôpital. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas le but recherché :

— Ma femme est en train d'accoucher ! Quelqu'un ! Vite ! appela-t-il.

Très rapidement, sans qu'il puisse démêler si c'était grâce à sa renommée ou si l'établissement était particulièrement efficace, un soignant vint à lui avec un brancard flottant où Harry déposa doucement Ginny. L'infirmier prit ensuite les opérations en main et la dirigea vers le service adéquat.

Une sage-mage et deux infirmières prirent en main la jeune femme : on la changea, on l'examina, on fit des passes savantes avec une baguette magique au-dessus de son ventre rebondi sous le regard inquiet de Harry qui avait été relégué dans un coin de la pièce.

Quand le ballet autour de la parturiente prit fin, Harry remarqua que Ginny avait les mains crispées sur son ventre.

— Tu as mal, ma chérie ? On peut lui donner quelque chose ? demanda-t-il à l'infirmière qui était restée.

Celle-ci examina Ginny du regard et déclara :

— Non, elle ne grimace pas encore assez.

Elle sortit à son tour, en laissant Harry stupéfait.

— Mais..., commença-t-il.

— Laisse, c'est passé, assura sa femme. Viens près de moi.

Après avoir lancé un regard meurtrier vers la porte, Harry obtempéra et rapprocha une chaise du lit.

— Tu vas bien ? Je peux faire quelque chose ?

— Je pense qu'il ne nous reste plus qu'à attendre. Tu peux me verser un verre d'eau ?

Une fois qu'elle eut bu quelques gorgées, elle dit :

— Il faudra avertir mes parents. Il est quelle heure ?

— Trois heures. Je les appellerai plus tard, inutile de les réveiller. Pourquoi les bébés naissent-ils la nuit ?

— Certains naissent en journée, lui assura-t-elle. Comme Victoire et Frederick. Je pense que le nôtre voulait s'assurer que tu serais bien à côté de moi quand il déciderait de venir.

Ils ne dirent pas grand-chose alors que les heures s'écoulaient, se contentant d'attendre ensemble que l'accouchement suive son cours. Ginny éprouva le besoin de marcher vers cinq heures du matin et Harry la soutint dans ses va-et-vient. Très régulièrement, une sage-mage passait, faisait un examen rapide puis repartait d'un pas pressé, sans doute vers une autre naissance. Jamais elles ne regardaient Harry, qui ne s'était jamais senti aussi insignifiant. Visiblement, les hommes ne comptaient pas ici. D'ailleurs, excepté l'infirmier qui les avait amenés là, ils n'avaient été pris en charge que par des femmes.

Petit à petit, les douleurs qu'endurait Ginny furent plus insistantes et la jeune femme ne pouvait s'empêcher de gémir sous les contractions. Harry s'apprêtait à aller chercher du secours quand une soignante arriva :

— Elle souffre beaucoup, maintenant ! Donnez-lui quelque chose ! ordonna Harry de sa voix la plus autoritaire.

Sans même lui faire l'aumône d'un regard, la sage-mage fit tourner sa baguette au-dessus du ventre de la parturiente qui s'était recouchée puis, d'une arabesque gracieuse, fit apparaître un gobelet rempli d'un liquide fumant sur la table de nuit. Elle le tendit à Ginny pour qu'elle puisse y boire.

— Nous ne vous en redonnerons que lorsque la douleur reviendra, indiqua-t-elle quand Ginny l'eut vidé. Mais vous ne pouvez pas en prendre plus de trois de suite, d'accord ?

Ginny fit signe qu'elle avait compris et se laissa aller sur son lit, visiblement apaisée.

— Ça va ? demanda Harry qui ne savait que dire d'autre.

— Oui, c'est mieux…

Elle s'interrompit alors qu'une nouvelle contraction venait. La femme l'examina une fois de plus et repartit en promettant de revenir une demi-heure plus tard.

— Tu veux que je la rappelle ? s'enquit Harry.

— Elle sait ce qu'elle fait, l'apaisa Ginny. Si elle pense que le bébé ne va pas arriver tout de suite, elle a sans doute raison. Tu peux m'aider à me relever ?

Il faut croire que c'était vrai car, quand elle reparut avec une infirmière, le bébé n'avait pas encore pointé le bout de son nez.

— Bien, on n'en est plus loin, maintenant, affirma la sage-mage.

D'une voix à la fois douce et encourageante, elle guida Ginny pour la suite des opérations. La praticienne aida la future mère à trouver la position qu'elle estimait la plus confortable pour accompagner les contractions qui étaient désormais très rapprochées. Ginny, qui s'était accroupie sur le matelas qu'on avait fait apparaître par terre à sa demande, s'agrippait à son mari pour garder son équilibre. Finalement, après bien des efforts et une nouvelle rasade de potion, un couinement aigu se fit entendre. Une petite masse humide et gluante fut posée dans les bras de sa mère qui était désormais assise, appuyée sur Harry qui s'était agenouillé près d'elle.

— Félicitations, vous avez un petit garçon, leur apprit la sage-mage d'une voix chaleureuse.

Ginny caressa son enfant du bout des doigts en murmurant :

— James...

— Né à neuf heures quinze du matin, compléta l'infirmière en notant sur un parchemin. Un second prénom ?

— Sirius, prononça Harry. James Sirius Potter, arriva-t-il à préciser malgré sa gorge serrée.

Un quart d'heure plus tard, l'enfant avait été nettoyé, pesé et enveloppé dans un linge blanc. Sous les conseils du personnel soignant, Ginny lui donnait son premier repas. Harry le jugea fort glouton pour une si petite chose. Il se souvint soudain que sa femme lui avait demandé de prévenir sa famille, mais qu'il avait complètement oublié de s'acquitter de sa mission.

— Je vais passer un ou deux coups de cheminée, lui dit-il avant de l'embrasser sur la joue et sortir de la chambre.

Une fois dans le couloir, il regarda autour de lui pour tenter de se repérer, quand un homme en robe de chambre — sans doute un malade — s'exclama :

— Ça alors, mais vous êtes Harry Potter !

D'habitude, Harry tentait de se faire le plus discret possible et ne discutait pas avec ses admirateurs davantage que la politesse ne le lui commandait. Mais cette fois-ci, il avait une nouvelle à annoncer qu'il ne pouvait garder pour lui :

— C'est un garçon ! claironna-t-il fièrement.

— Bravo ! répondit le patient en riant.

Harry lui serra vigoureusement la main et continua son chemin vers l'ascenseur qu'il venait de repérer. Le temps qu'il parvienne au rez-de-chaussée, une vingtaine de personnes avait été mise au courant et lui avaient adressé leurs félicitations. Dans le hall, il se dirigea vers les cheminées mais fut arrêté dans son élan par George.

— Alors ? questionna-t-il.

— C'est un garçon ! indiqua Harry une fois de plus.

Une explosion de joie s'éleva, et Harry fut serré dans les bras de tout le clan sous le regard amusé de tous ceux qui passèrent par là.

— Mais comment avez-vous su ? s'étonna Harry en réalisant que toute la tribu était présente.

— Je vous ai passé un coup de cheminée ce matin, lui répondit Molly, et Miffy m'a dit que vous étiez partis. Ce n'était pas bien difficile de deviner où. Ça fait une heure qu'on attend, ils n'ont pas voulu nous laisser venir vous voir.

— On était en plein travail, justifia Harry.

— C'est crevant, hein ? confirma George.

— Oui, j'en peux plus, répondit sincèrement Harry. Et je meurs de faim. On a donné une potion reconstituante à Ginny, mais à moi, rien !

— On se demande pourquoi, commenta Hermione.

— Mon pauvre garçon compatit Molly. Ron, emmène-le au restaurant. Moi, je vais voir mon petit-fils. Où est la chambre, Harry ?

Sachant qu'ils ne seraient pas tous admis tout de suite à visiter la mère et l'enfant, la majorité de la famille repartit, promettant de revenir plus tard. Molly et Arthur rejoignirent leur fille tandis que Ron et Hermione emmenaient Harry à la cafétéria pour qu'il puisse se restaurer un peu. Le nouveau père se jeta voracement sur son assiette d'œufs au plat et de charcuterie et but trois tasses de café.

— Ça a l'air dur, commenta Ron.

— Tu ne peux pas savoir ! C'est usant de ne rien pouvoir faire.

— C'est sûr que Ginny n'a pas eu le temps de s'ennuyer, la chanceuse, persifla Hermione.

— Bon courage, Ron, pour le jour J ! retourna un peu lâchement Harry.

— Merci, mon vieux, lui répondit son ami en lui chipant une saucisse s'attirant le regard habitué de son épouse.

— Vous venez voir la merveille ? demanda Harry à ses amis quand il eut terminé.

— Ginny ne nous le pardonnerait pas si nous ne le faisions pas, plaisanta Ron.

Une heure plus tard, James avait fait connaissance avec son oncle et sa tante. Ginny sombra dans le sommeil, son bébé en faisant autant dans son berceau. Harry en profita pour retourner chez lui prendre une douche. Il était onze heures et demie quand il fut prêt à repartir, et décida de passer voir Teddy.

L'enfant venait de rentrer de l'école avec sa grand-mère :

— Harry, Harry, je veux voir mon filleul, cria-t-il dès que le jeune père mit le pied hors de la cheminée d'Andromeda.

— Laisse-le arriver ! le reprit Andromeda.

— Bien sûr, mon bonhomme, que tu vas y aller, le rassura Harry. Je peux l'emmener maintenant ?

— On allait passer à table, fit remarquer la grand-mère.

— Mais après il doit retourner à l'école, plaida Harry. Je vous le ramène dans une demi-heure.

— Il n'aura pas le temps de manger correctement, opposa Andromeda.

— Je n'ai pas faim, affirma Teddy.

— Pour une fois, insista Harry.

— Bon, d'accord. Embrassez bien Ginny pour moi. J'irai la voir demain, quand elle sera un peu reposée.

— Merci. Allez, mets ta cape, Teddy.

Ginny sommeillait encore quand ils arrivèrent. Harry l'embrassa sur le front puis prit son fils qui avait les yeux ouverts pour le déposer dans les bras de Teddy.

— Il ressemble à Ginny, chuchota l'enfant en contemplant le petit crâne roux et les yeux marron.

— Comment tu le trouves ? demanda Ginny d'une voix endormie en soulevant difficilement les paupières.

L'enfant fit une petite moue, n'arrivant sans doute pas à trouver mignonne la figure encore boursouflée, et s'adressa au nourrisson :

— Je suis ton parrain, expliqua-t-il d'une voix sérieuse. C'est moi qui m'occuperai de toi quand ton papa et ta maman seront morts. En attendant, je te ferai plein de cadeaux.

Le nouveau-né et l'enfant se contemplèrent un moment pendant que Harry et Ginny échangeaient un regard amusé.

— On dirait qu'il me reconnaît, s'étonna Teddy.

— Bien sûr, confirma Ginny. Il a souvent entendu ta voix quand il était dans mon ventre.

Finalement, le bébé s'agita en ouvrant la bouche et sa mère le reprit pour le nourrir.

— Il faut que je te ramène à ta grand-mère, en profita Harry. Toi aussi, tu dois manger.

Teddy soupira, mais suivit son parrain sans protester. De retour chez Andromeda, ils constatèrent que celle-ci leur avait préparé des sandwichs qu'ils engloutirent rapidement. Ensuite, Harry ramena Teddy à l'école. Avant de replonger dans la cheminée en direction de Ste-Mangouste, il entendit Teddy clamer :

— Je suis parrain ! Mon filleul s'appelle James Sirius Potter !

Cinq jours plus tard, le samedi 23 juillet, la mère et l'enfant devaient revenir au Square Grimmaurd et toute la famille fut invitée pour lui souhaiter la bienvenue. Pour ne pas fatiguer la jeune maman, Molly avait apporté les vivres et était venue superviser les elfes pour dresser un buffet dans le salon et le garnir.

Tout était prêt quand Ginny arriva.

— Je t'ai préparé une chaise longue, lui indiqua sa mère.

— Oh, mais je peux enfin bouger comme avant, lui opposa Ginny. Et j'ai bien l'intention d'en profiter.

Elle apprécia par contre que le berceau ait été installé dans la même pièce et elle y déposa James. Elle l'avait nourri avant de partir de l'hôpital et il digérait, un sourire de bien-être sur son visage encore bouffi.

Elle se redressait à peine que les pas de Ron et Hermione résonnaient dans le hall. Harry étreignit ses amis puis ils embrassèrent Ginny avant d'aller contempler le roi de la fête.

Fleur et Bill arrivèrent ensuite avec Victoire et Dominique, âgées désormais de cinq et deux ans, suivis de près par George et Angelina avec Frederik qui, à dix-huit mois, était à surveiller de très près.

Des pas précipités accompagnés d'une marche plus mesurée annoncèrent l'arrivée de Teddy, sept ans, et de sa grand-mère.

— James ! Je suis là, claironna le garçonnet en déboulant dans la pièce.

— Chut ! tu vas réveiller le bébé ! le tança Victoire qui avait dû entendre cette phrase prononcée à son encontre un certain nombre de fois.

— Je peux le prendre ? demanda Teddy en s'approchant du berceau.

— Quand il se réveillera, promit Ginny.

Percy arriva à son tour, avec un énorme paquet en guise de cadeau de naissance.

— Fallait pas ! protesta Harry.

— Oh, ce n'est rien, assura Percy. Jusque quelques robes.

— Hermione a fait une razzia dans un magasin pour enfants moldus, commenta Ron en montrant un paquet qu'il avait discrètement posé dans un coin de la pièce.

— Cet enfant aura de quoi s'habiller en toutes circonstances, se félicita Harry.

Il avait décidé — et fais savoir — que son fils ne porterait que des vêtements neufs, quel que soit le nombre de cousins qui pourrait lui passer ce qui était désormais trop petit pour eux.

Andromeda en profita pour remettre son présent : une série de bavoirs, linge de toilette et couches brodés par ses soins de petits personnages et animaux bariolés. On les fit passer dans l'assistance pour que tous puissent les admirer.

— Nous avons fait venir de France les jouets préférés de Victoire et Dominique, compléta Fleur en tendant à Ginny un paquet conséquent entouré de rubans multicolores.

— Mais où est Charlie ? protesta Molly. Il ne peut pas être à l'heure, pour une fois ?

— Tu sais bien que c'est la saison de la ponte pour les dragons et qu'il a souvent des imprévus, la calma Ginny.

Le gong du heurtoir de la porte d'entrée résonna dans le hall.

— Qui peut bien venir par la rue moldue ? s'étonna Angelina.

— Ça doit être Luna, s'écria Ginny en courant ouvrir.

Après une bonne minute d'exclamations et d'embrassades, les deux amies rejoignirent les autres. Luna repéra le bouquet qu'elle avait composé pour le mariage de Ginny et Harry en bonne place sur la cheminée et lui souhaita le bonjour en lui gratouillant les feuilles. Ensuite, elle alla admirer l'enfant qui dormait toujours et commença à installer sur le dais du berceau une guirlande de fleurs tirée de son sac en bandoulière. Personne ne broncha, plus rien ne les étonnait venant d'elle.

Charlie arriva enfin. Il fit le tour de l'assistance pour saluer tout le monde, dérida sa mère en débitant des excuses loufoques et admira son nouveau neveu. Il termina par Luna. Ce n'était pas la première fois qu'ils se croisaient, mais le décolleté particulièrement plongeant de la jeune femme la fit remarquer par l'infatigable charmeur qu'était le second fils des Weasley. Il entreprit de lui raconter des anecdotes concernant sa vie dans la réserve avec force sourires et compliments, ce qui fit de nouveau froncer les sourcils de sa mère. Au vu de l'air absent de Luna, Harry jugea que son beau-frère avait fort peu de chances de parvenir à ses fins. Il fallait sans doute davantage que des histoires de dragons pour éblouir la naturaliste.

Le petit James s'éveilla et commença à faire le tour des bras de la famille.

— Un vrai Weasley, celui-là, statua Arthur en admirant le teint blanc, le duvet roux et les yeux marrons.

— Il est vrai que nos petits-enfants nous ont jusqu'à maintenant amené beaucoup de diversité, fit remarquer Molly en parcourant d'un regard aimant ses deux petites filles blondes et délicates et le petit Frederik à la peau sombre et aux cheveux noirs et crépus.

— C'est une bonne chose, trancha Ron. Quelle barbe à Poudlard d'entendre « T'as vu le rouquin, ça doit être un Weasley ! »

— Il n'y a pas de quoi en avoir honte, s'insurgea son père.

Harry, qui avait reconnu l'accent traînant de Drago Malefoy dans la réflexion de son ami, vint à sa rescousse :

— C'est pénible d'être sans cesse comparé à d'autres membres de sa famille. C'est comme si on nous niait le droit d'avoir notre propre caractère.

— C'est vrai, renchérit Percy. Le nombre de fois où on m'a demandé pourquoi je ne voulais pas jouer au Quidditch !

Lors des rencontres du dimanche, Harry avait constaté que Percy ne se débrouillait pas si mal. C'était par choix, et non par manque de talent, qu'il n'avait pas cherché à entrer dans l'équipe des Gryffondors.

— Et McGo qui ne voulait pas comprendre que nous n'avions aucunement l'intention d'être préfets comme nos frères, appuya George. Elle aurait dû nous remercier : comment aurait-elle fait pour choisir entre Fred et moi ? Je ne pense pas qu'elle aurait accepté qu'on le soit un jour sur deux !

Malgré l'allusion à Fred, toute la famille éclata de rire.

— On peut prendre du gâteau ? demanda à ce moment Teddy.

— Bien sûr, mon chéri, s'élança Molly, horrifiée à l'idée qu'un enfant put souffrir de la faim en sa présence.

Après avoir servi tous les moins de dix ans, elle emplit les verres de champagne pour les adultes. Ginny en profita pour reprendre son bébé des bras de Charlie au grand soulagement de Teddy qui ne semblait pas faire confiance à l'oncle de son filleul.

— Que la paix des licornes vienne à vous, s'éleva la voix de Luna.

Le sourire aux lèvres, tout le monde répéta ce vœu.

Durant la nuit, les pleurs du bébé tirèrent Harry du sommeil.

— C'est ton tour, murmura une voix endormie.

Harry n'était pas assez éveillé pour faire appel à sa mémoire et vérifier cette assertion. Il jugea plus sage de ne pas chercher à savoir et s'extirpa du lit péniblement. Pour ne pas être dans le noir complet, ils avaient laissé leurs rideaux entrouverts et bénéficiaient ainsi de la faible lueur des lampadaires moldus. Dans la chambre de l'enfant, les étoiles du plafond rendaient les ténèbres moins impénétrables.

Les pleurs ne cessèrent pas quand il récupéra le paquet tout chaud qui s'agitait dans son berceau mais ils devinrent moins virulents. Lorsque le jeune père arriva près de Ginny, celle-ci, toujours à moitié assoupie, s'était redressée contre ses oreillers et avait dégrafé sa chemise de nuit. Il posa avec précaution son fils dans les bras maternels. Le silence revint enfin pendant que le bébé, le bec ouvert comme un oisillon, recherchait fébrilement la mamelle nourricière. Harry sut qu'il l'avait saisie quand des bruits de succion se firent entendre.

Il se recoucha contre sa compagne. Ginny s'était rendormie et glissait lentement sur le côté. Il la cala contre lui pendant que son fils continuait à se nourrir vigoureusement. Il laissa ses pensées s'écouler sans but et sans logique, ni complètement endormi ni tout à fait réveillé. Un long moment plus tard, une pression sur son bras le ramena à la réalité. Ginny lui indiquait que la collation nocturne était terminée et qu'il était temps que chacun rejoigne sa place.

Il inspira profondément, se leva et fit le tour du lit pour reprendre son précieux fardeau qu'il déposa dans sa minuscule couche. Quand il revint vers son épouse, sa mission accomplie, Ginny lui murmura :

— Dire qu'on se croyait heureux avant.

Harry admit qu'elle avait raison. Jamais son bonheur n'avait été aussi complet.

- FIN DE LA PARTIE 2 -

ooOoo


03/10/2009 :

Et voilà ! On va laisser Harry profiter de sa nouvelle famille et on le retrouvera dans quelques mois, sans doute en janvier 2010.

Pour me retrouver, je vous invite à vous inscrire sur le site et à mettre mon nom d'auteur en alerte, ainsi vous recevrez un mail quand la partie suivante commencera (manuel d'utilisation du site en français, voir le lien sur mon profil).

Je vous engage vivement à venir me lire sur mon LiveJournal (lien sur mon profil). Non seulement vous verrez mon avancée, mais je mettrais aussi des bonus, le début du chapitre 1 en avant-première et éventuellement, je vous demanderais votre avis sur certains points. Je posterai un message au minimum une fois par semaine (dimanche soir ou lundi).

Un dernier point avant de se quitter.

Je n'en ai pas tellement parlé parce que je ne voulais pas avoir l'air de m'en vanter, mais j'ai été touchée, transportée, étonnée, ravie par l'avalanche de commentaires que j'ai reçus. Je voulais vous assurer que chacun de vos petits mots me sont précieux. Ils sont lus avec attention et j'y réponds du mieux que je peux.

D'Alpharah black à Zoubi, vous avez été plus de 200 à vous manifester, pour 1 000 lecteurs à peu près. Certains ne se sont attardés qu'une seule fois, d'autre sont venus pointer à chaque chapitre. Des simples 'j'ai aimé', des tranches de vie, des encouragements, des explications de texte, des citations, des critiques aussi, chacun s'est exprimé à sa façon.

Quand je vous lis, je me dis que la publication sur Internet est une expérience formidable !

Alors un grand merci à tous ceux qui m'ont laissé un mot.

Il n'est pas question ici de culpabiliser ceux qui lisent en silence. Je sais que chacun donne en fonction de son temps et de sa capacité à exprimer ce qu'il ressent. Je vois votre passage dans mes statistiques et je suis réchauffée par votre présence. C'est déjà un beau cadeau que vous me faites. Merci à vous aussi.

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