NdlA : Merci de m'avoir accompagnée jusqu'à la fin de cette histoire ! J'espère de tout coeur qu'elle aura réussi à vous divertir. Si vous l'avez aimée, merci de me laisser une petite review... Et même si vous ne l'avez pas aimée, je vous serai très reconnaissante pour tout commentaire qui m'aidera à m'améliorer.

Tsuzuki et Hisoka ont maintenant bouclé leur enquête, et l'histoire pourrait s'arrêter ici... mais je m'en voudrais de vous laisser sur cette note un peu triste. Et, puisque nous avons déjà envoyé les enfants se coucher au début du chapitre 5, je n'hésite pas à vous offrir cet épilogue, qui profite pleinement du fait que cette fic est **RATED M** !!

Et maintenant, tournée générale de Lemonade !! ^_^


ÉPILOGUE

— Dis donc, Hisoka, ce matin nous n'avons pas prévenu la réception que nous quittions l'hôtel, non ?

— Ah, zut, c'est vrai.

Le jeune shinigami leva les yeux en direction de son partenaire, surpris. Ça ne ressemblait pas à Tsuzuki de se préoccuper de ce genre de questions matérielles. En fait, en temps normal c'était lui, Hisoka, qui aurait été le premier à le faire. Il fronça les sourcils, furieux contre lui-même. Le fait qu'il ait totalement oublié qu'ils devaient libérer la chambre prouvait que les sévices qu'il avait subi la veille aux mains de Muraki l'avaient affecté plus qu'il ne voulait l'admettre.

En quittant la clinique, les deux hommes avaient marché en silence, sans direction précise, et leurs pas les avaient menés jusqu'au front de mer. Accoudés à une balustrade qui surplombait l'océan, ils avaient passé un long moment à contempler les vagues s'écrasant sur les rochers dans un nuage d'écume. Ils avaient besoin de calme, de temps pour assimiler les émotions contradictoires qu'ils ressentaient : satisfaction d'avoir élucidé l'affaire, tristesse pour les deux âmes qu'ils avaient dû exorciser, soulagement d'avoir pu sauver Kiyoshi et l'âme d'Ichirô, colère que Muraki leur ait une fois de plus filé entre les doigts. Sans compter ce tourbillon d'émotions nouvelles, à la fois exaltantes et effrayantes, qui naissaient du récent changement dans leur relation et plongeaient Hisoka dans la plus totale confusion.

— En plus, nous n'avons pas rendu la clef, donc nous avons automatiquement prolongé notre séjour d'une nuit, n'est-ce-pas ? continua Tsuzuki.

— Oui. Tatsumi va être furieux, lui qui avait insisté pour que nous partagions une chambre pour faire des économies...

Tsuzuki eut un petit sourire en coin.

— Va-t'en savoir... Tatsumi a parfois des réactions surprenantes. Enfin, quoi qu'il en soit, ni Tatsumi ni Konoe n'ont besoin de savoir que toute l'enquête était bouclée cet après-midi, non ?

Hisoka leva un sourcil soupçonneux vers son partenaire. Le visage de Tsuzuki s'éclairait d'un sourire malicieux. Il paraissait beaucoup plus jeune que ses vingt-six ans biologiques et prêt à faire une farce de collégien.

— Tu ne crois pas que nous avons bien mérité un jour de repos ? dit-il avec un clin d'œil en direction de son partenaire.

La lueur d'anticipation qui illuminait les yeux de l'aîné des shinigami, la joie qui se peignait déjà sur son visage, étaient presque plus que Hisoka ne pouvait supporter. Par miracle, le jeune homme réussit tout de même à conserver son air sévère. Tsuzuki lui lança un regard suppliant, plongeant ses grands yeux violets brillants d'espoir dans ceux de son partenaire.

— Allez, quoi, Hisoka... S'il te plaît... Tu sais bien ce qui va se passer si nous rentrons tout de suite, non ? D'abord, tout le monde va nous tomber dessus avec des centaines de questions, et nous allons devoir raconter en détail tout ce qui s'est passé...

Hisoka soupira. Tsuzuki avait raison. Il ne se sentait pas d'humeur à affronter les questions du chef et la curiosité de leurs collègues pour le moment. Sentant vaciller la résolution de son partenaire, Tsuzuki essaya de pousser son avantage :

— Ensuite, nous allons devoir taper notre rapport...

Ce qui voulait dire que lui, Hisoka, allait devoir taper le rapport. Il n'avait jamais vu une seule fois Tsuzuki s'acquitter de cette tâche, même sous les menaces de Tatsumi. Le regard noir qu'il jeta à son partenaire persuada ce dernier de s'éloigner rapidement de ce sujet sensible.

— Enfin, avec notre chance, je te parie tout ce que tu veux que dès demain le chef aura une nouvelle mission sur laquelle nous envoyer.

Ça, c'était plus que probable...

Mais à ce point, Hisoka n'avait même plus besoin d'être convaincu. Il savait déjà qu'il ne pourrait rien refuser aux grands yeux de cocker de son partenaire. Cependant, il n'allait certainement pas laisser Tsuzuki réaliser l'étendue du pouvoir qu'il avait sur lui. Il se força à prendre un ton bougon.

— Bon, bon, d'accord. On reste une nuit de plus. Puisque nous devrons payer la chambre, de toute façon... Mais je te préviens, c'est la première et la dernière fois que je fais une telle entorse au règlement !

— Yahouuu ! Merci, Hisoka ! Tu es un ange !

Dans un élan d'enthousiasme juvénile, l'aîné des shinigami sauta au cou de son partenaire et lui déposa un baiser sonore sur la joue, sous les regards surpris des passants.

Hisoka se recula brutalement. Son visage était écarlate, son cœur battait la chamade. Il savait que le geste de son compagnon avait été innocent. Tsuzuki avait toujours eu une tendance aux manifestations impulsives et Hisoka avait depuis longtemps cessé de s'en offusquer. Mais cette fois-ci, sa propre réaction, la vague de désir qui l'avait submergé lorsqu'il avait senti le corps de Tsuzuki se coller au sien, ses bras l'enserrer, ses lèvres chaudes se poser sur sa joue, n'avait rien eu d'innocent. Le jeune shinigami se rendit soudain compte que, en l'espace de deux jours, tout avait changé entre eux. Qu'il leur serait impossible de revenir à la confortable camaraderie qu'ils avaient mis des mois à construire et que ce qui la remplacerait était encore inconnu, effrayant.

Et, avec un choc qui lui fit bondir le cœur dans la poitrine, il réalisa exactement ce à quoi il venait de donner son accord. Une après-midi en compagnie de Tsuzuki, sans la préoccupation d'une enquête en cours, sans la nécessité de parler du travail. Puis une soirée en tête-à-tête. Cela ressemblait à un rendez-vous amoureux. Son premier rendez-vous, pensa-t-il, la gorge nouée. Une après-midi, une soirée, et... toute une nuit... Il ne savait plus s'il devait sauter de joie ou s'enfuir à toutes jambes.

La caresse furtive d'un doigt sur le dos de sa main l'arracha à ses pensées. Il tourna la tête et sursauta de trouver Tsuzuki à quelques dizaines de centimètres de lui. Tsuzuki aux joues un peu rouges, au souffle un peu court, qui tenait son regard avec insistance. Hisoka réalisa que son partenaire n'avait pas eu besoin d'être un empathe pour se faire une bonne idée de la direction dans laquelle ses pensées s'étaient égarées.

— Alors, puisqu'on a le temps, si on commençait par une petite promenade romantique ? demanda Tsuzuki avec un sourire, d'une voix douce.

Se renfrognant pour cacher son embarras, enfouissant les poings dans ses poches pour que Tsuzuki ne remarque pas le tremblement de ses mains, mais sans pouvoir empêcher ses joues de s'empourprer une fois de plus, Hisoka acquiesça d'un bref hochement de tête et emboîta le pas à son partenaire, les yeux fixés au sol, le cœur battant.

Romantisme mis à part, l'estomac de Tsuzuki leur rappela très vite que l'heure du déjeuner était passée depuis longtemps. Ils achetèrent une poignée de yakitori à un marchand ambulant et, en grignotant les petites brochettes de poulet épicées, ils se mirent à flâner dans les rues animées du centre ville. Tsuzuki ne pouvait retenir ses exclamations enthousiastes devant chaque vitrine. Son sourire ravi ne le quittait plus, et Hisoka ne pouvait s'empêcher de sourire à son tour devant la joie enfantine de son compagnon. C'était bon de retrouver le Tsuzuki d'avant Kyoto, le Tsuzuki gamin, volubile et impulsif qui avait réussi, un an plus tôt, à faire sortir le jeune empathe de sa réserve.

Tsuzuki avait maintenant pris l'habitude de bloquer en permanence ses émotions et ses pensées. Pourtant Hisoka sentait que, s'il avait pu les lire, il n'aurait pas perçu autre chose que la joie qui, pour la première fois depuis deux mois, éclairait sans réserve le visage de son partenaire. Et, entre deux nouvelles découvertes, c'était toujours sur Hisoka que se reposaient les yeux violets avec tendresse, c'était vers lui que Tsuzuki lançait son plus chaleureux sourire.

Le soir venant, ils se dirigèrent de nouveau vers l'océan. Il marchèrent longuement sur la plage en contemplant les reflets flamboyants du soleil qui s'enfonçait dans la mer. Ils avançaient côte à côte, mais fréquemment Hisoka, le cœur battant, sentait le regard intense de Tsuzuki se poser sur lui.

Aucun des deux n'avait osé saisir la main de l'autre, mais à chaque balancement de leurs bras leurs doigts se frôlaient. Chaque toucher fugitif faisait courir des frissons de plaisir sur la peau du jeune empathe, alors qu'à chaque séparation son cœur s'accélérait en anticipation du prochain contact.

Tsuzuki était maintenant calme et silencieux, ce qui contrastait fortement avec son enthousiasme de l'après-midi. Pourtant ses yeux brillaient, un léger sourire flottait sur ses lèvres, et l'expression qui illuminait son visage... Hisoka, s'il avait eu plus d'expérience avec cette émotion, se serait presque aventuré à penser que c'était une expression de bonheur. Et le jeune empathe aurait aimé pouvoir comparer l'émotion de son compagnon à celle qui, en ce moment, faisait palpiter son cœur, nouait son ventre et lui donnait l'impression de flotter au-dessus du sol.

Pour avoir le plaisir d'entendre l'exclamation d'extase de Tsuzuki, pour voir son sourire ravi fendre son visage jusqu'aux oreilles, Hisoka lui rappela que, l'avant-veille, il lui avait promis de lui offrir un festin.

Leur choix se porta sur un restaurant chinois qui semblait de bonne qualité sans être chic. Ils s'installèrent à une table écartée, dans un coin de la grande salle à l'éclairage tamisé.

La cuisine était en effet excellente, mais Hisoka s'aperçut qu'il était pratiquement incapable de manger. Il ne pouvait plus penser qu'à une seule chose : lorsqu'ils finiraient leur repas, il ne leur resterait plus qu'à retourner à leur chambre d'hôtel. Il se refusait à imaginer la suite, mais terreur et anticipation s'étaient tout de même liguées pour nouer sa gorge et son estomac.

Quant à Tsuzuki, s'il n'avait pas perdu l'appétit, ses pensées semblaient tout de même avoir suivi un cours similaire, car son regard intense, brûlant, ne quittait plus Hisoka. Il avait avancé un pied sous la table pour caresser doucement la jambe de son partenaire et il ne perdait aucune occasion de frôler de ses doigts la main ou le bras de l'autre shinigami. Les sourires qu'il lui adressait étaient toujours aussi tendres, mais avec maintenant une tension sous-jacente qui faisait frémir le jeune homme, lui donnant un peu l'impression d'être un dim sum particulièrement délicieux dans l'assiette de son gourmand partenaire.

Hisoka ne se plaignait pas de l'attention complète qu'il recevait, mais il ne pouvait s'empêcher de la comparer avec l'attitude d'indifférence amicale que son partenaire lui avait témoignée la dernière fois qu'ils avaient mangé au restaurant en tête-à-tête. Il ne savait trop comment réconcilier le Tsuzuki qui lui lançait maintenant des œillades incendiaires avec celui qui lui avait presque brisé le cœur la veille.

— Tsuzuki...

— Oui ?

Hisoka n'était pas sûr de savoir comment exprimer ce qui le préoccupait. Il commença d'une voix mal assurée :

— Hier matin... au petit déjeuner... qu'est-ce qui s'est passé ?

— De quoi parles-tu ? Je ne comprends pas...

Mais Tsuzuki se figea, son pied lui-même s'immobilisant sur le mollet de Hisoka. L'expression de tension qui traversa son visage, la difficulté avec laquelle il avala sa salive laissaient penser qu'il avait en fait une bonne idée de ce qui allait suivre.

— Tu étais si distant, hier, durant toute la matinée... Alors j'ai pensé que, après ce qui s'était passé la veille... J'ai pensé que tu avais changé d'avis pendant la nuit, et que...

Hisoka déglutit avec peine avant de terminer :

— ... que tu ne voulais plus de moi !

Hisoka serra les dents. Il détestait le ton geignard sur lequel sa dernière phrase était sortie de sa bouche. Mais au moins il l'avait dit, et maintenant il allait peut-être obtenir une réponse.

L'expression de peine sincère qui traversa le visage de son compagnon faillit lui briser le cœur une seconde fois. Sans plus se préoccuper de leur entourage, Tsuzuki saisit la main de Hisoka et la porta à ses lèvres, déposant de légers baisers sur le bout de ses doigts.

— Hisoka... C'est ce que tu as pensé ? je suis tellement, tellement désolé...

Tsuzuki ramena la main sur la table mais continua de serrer les doigts de Hisoka, tout en caressant du pouce le dos de sa main.

— C'est que moi, c'est le contraire que j'ai pensé, poursuivit-il. Hier matin, lorsque je me suis réveillé, j'ai vu que tu étais allé dormir dans le second lit. Alors j'ai pensé que, la veille, tu t'étais laissé entraîner, ou bien que tu n'avais pas osé me dire non... Mais qu'ensuite, lorsque tu t'étais réveillé durant la nuit, tu avais réalisé que ce n'était pas ce que tu voulais. Donc, je me suis dit qu'il valait mieux te laisser un peu d'espace et revenir à une relation purement amicale. Ça n'a pas été très facile, ajouta Tsuzuki avec une grimace.

Hisoka dégagea ses doigts pour se prendre la tête entre les mains et fixa son bol de riz d'un air découragé. Il poussa un long soupir.

— Alors, comme ça, nous avons tous les deux pensé que c'était l'autre qui... Oh, Tsuzuki… C'est tellement stupide...

Le jeune homme releva brutalement la tête.

— Mais enfin, espèce d'idiot ! Tu ne pouvais pas demander ? s'écria-t-il en oubliant qu'il se serait lui-même épargné une matinée misérable s'il avait posé la moindre question. Si j'ai changé de lit pendant la nuit, ce n'était pas parce que je ne voulais pas de ta compagnie ! C'était parce que, durant la nuit, je me suis retrouvé attrapé dans ton cauchemar !

Tsuzuki se mordit la lèvre.

— Flûte ! Je n'avais pas pensé à ça ! Quand je dors, je ne contrôle plus mon esprit...

Il saisit de nouveau les mains de son compagnon dans les siennes.

— Pardonne-moi, Hisoka. Je suis vraiment, vraiment désolé pour ce qui s'est passé.

Hisoka, qui n'avait eu aucune rancune dès le départ, n'eut même pas le cœur de prétendre qu'il était vexé lorsqu'il vit le regard tendre et peiné que posa sur lui son partenaire. Pour toute réponse, il lui sourit. Puis, tenant fort son regard, il leva à son tour lentement leurs mains jointes jusqu'à ses lèvres et posa un baiser sur les doigts de Tsuzuki. L'expression de pure joie qui traversa le visage de ce dernier le consola largement de toutes ses peines de la veille.

Pendant ce qui sembla une éternité, les deux hommes restèrent ainsi, les yeux dans les yeux, les doigts enlacés. Hisoka sentit le pied de Tsuzuki reprendre sa lente caresse contre sa jambe. Son cœur s'accéléra lorsqu'il remarqua que l'éclat brûlant illuminait de nouveau les yeux de Tsuzuki, que sa respiration se faisait plus rapide. Tsuzuki se passa nerveusement la langue sur les lèvres et Hisoka déglutit en suivant des yeux le petit bout de chair rose qui laissait une trace humide sur la bouche fine de son compagnon. Fixant les yeux de Hisoka avec une intensité croissante, augmentant aussi la pression de ses doigts sur les mains de son partenaire, Tsuzuki se pencha au-dessus de la table.

— Hisoka... murmura-t-il d'une voix rauque et douce qui fit frémir le jeune shinigami.

Ses mots suivants furent prononcés d'une voix si basse que Hisoka les déchiffra sur ses lèvres plus qu'il ne les entendit :

— Hisoka, si nous ne partons pas au plus vite, je jure que je vais t'embrasser ici même, devant tout le monde, et après ça je ne réponds plus de rien.

Le cœur battant, les mains tremblantes, les joues cramoisies, le jeune shinigami se leva et alla payer directement au comptoir. Au regard un peu gêné que lui jeta la jeune serveuse, il réalisa que la scène qui venait de se dérouler entre eux n'était pas passée inaperçue et son embarras redoubla. Il rejoignit en hâte Tsuzuki qui attendait déjà près de la porte.

À peine furent-il sortis qu'il sentit les bras de Tsuzuki se glisser autour de ses épaules et l'attirer dans le renfoncement de la porte qui suivait celle du restaurant. Puis le corps de son compagnon pressa contre le sien. Ses mains solides se refermèrent sur ses épaules, lui coupant toute retraite. Le corps de l'aîné des shinigami était incroyablement chaud et tous ses muscles étaient tendus, tremblant légèrement de désir contenu. Bloqué entre une porte et le corps robuste de Tsuzuki, Hisoka aurait pu se sentir menacé, mais ce n'était pas le cas. Au contraire, il lui sembla que toute la tension accumulée durant ces derniers jours s'échappait enfin de lui et il soupira de soulagement.

Dans l'obscurité de la porte, il ne distingua qu'une ombre alors que le visage de Tsuzuki descendait vers le sien. Les cheveux bruns chatouillèrent son front, un souffle chaud caressa ses joues et son nez alors que la bouche de Tsuzuki cherchait la sienne à tâtons. Enfin les lèvres légèrement entrouvertes de son aîné se pressèrent contre les siennes. Bientôt il sentit la langue de Tsuzuki s'insinuer entre ses lèvres closes, butant contre ses dents, réclamant le passage. Le jeune shinigami entrouvrit les lèvres. Tsuzuki gémit alors que sa langue pénétrait profondément dans la bouche de Hisoka, caressant son palais, glissant et virevoltant autour de la langue qui l'accueillait. Hisoka ferma les yeux, s'abandonnant à la sensation enivrante du baiser, sentant des étincelles de plaisir courir le long de son buste pour aller allumer un feu dans son bas-ventre.

Toujours étroitement pressé contre Hisoka, Tsuzuki glissa un genou entre les jambes de son partenaire. Hisoka jeta un cri étouffé. Il pouvait sentir contre sa hanche la forme dure d'un sexe dressé, ainsi que la délicieuse pression de la jambe de Tsuzuki contre sa propre érection. Ses hanches se mirent à onduler, s'efforçant d'augmenter le contact entre leurs deux corps. Déjà il sentait le plaisir monter en lui.

Soudain, Tsuzuki rompit le baiser et fit un pas en arrière. Ses mains qui avaient servi un instant plus tôt à serrer contre lui son jeune compagnon le maintenaient maintenant à distance au bout de ses bras tendus.

— Dé... désolé, Hisoka... Je n'ai... pas pu me retenir...

Sa voix était rauque, haletante, alors qu'il tentait de reprendre haleine.

— ... Mais je n'ai pas envie de le faire comme ça... Dans la rue, debout contre une porte. Viens, retournons à l'hôtel.

Hisoka avait envie de hurler de frustration. Cependant il hocha la tête et pris une longue inspiration, tâchant de contrôler suffisamment son corps en feu pour pouvoir au moins rentrer dans l'hôtel sans causer d'esclandre. Tsuzuki lui lança un sourire accompagné d'un clin d'œil et prit sa main dans la sienne. Puis, avec un dernier hochement de tête l'un vers l'autre, les deux hommes se dématérialisèrent.

***

Les deux shinigami réapparurent près de la porte de l'hôtel, dans une rue heureusement vide et obscure. Hisoka faillit protester en sentant les doigt de Tsuzuki lâcher les siens, avant de réaliser l'effet qu'ils produiraient s'ils entraient dans l'hôtel main dans la main. Les deux shinigami poussèrent la porte, jetèrent un « bonsoir » hâtif à la réceptionniste et se dirigèrent vers l'escalier aussi rapidement qu'ils l'osaient, rasant les murs du petit hall d'entrée.

Devant leur porte, Tsuzuki batailla quelques instant avant de réussir à introduire la clef dans la serrure. Hisoka, le cœur battant à tout rompre, observait le tremblement qui agitait les longs doigts de son compagnon. Lui même se sentait incapable de toute pensée cohérente, entièrement absorbé par le désir, l'anticipation qui avaient pris possession de lui.

Finalement la porte s'ouvrit, et Hisoka sentit le bras de Tsuzuki se glisser autour de sa taille et l'attirer à l'intérieur. D'une main, l'aîné des shinigami referma la porte ; de l'autre, il poussa de nouveau son jeune amant contre le mur et, murmurant son prénom d'une voix haletante, reprit leur baiser interrompu. Dans un gémissement de plaisir, Hisoka s'abandonna aux lèvres brûlantes qui glissaient sur ses lèvres, à la langue qui s'insinuait dans sa bouche, cherchant la sienne, aux mains qui caressaient son visage et sa nuque, aux doigts qui se glissaient dans ses cheveux.

Hisoka à son tour étreignit son partenaire, l'attirant étroitement contre lui. Il poussa un cri de surprise et plaisir mêlés lorsque leurs hanches entrèrent en contact, pressant leurs érections l'une contre l'autre. Tsuzuki aussi réagit, l'embrassant plus fougueusement, faisant tournoyer sa langue autour de la sienne avec urgence.

Hisoka sentit les mains de son amant descendre le long de son cou et faire glisser sa veste de ses épaules. À peine le vêtement avait-il touché le sol que les mains de Tsuzuki avaient déjà rejoint sa taille et s'insinuaient maintenant sous son T-shirt, caressant lentement la peau nue de son ventre, remontant sur son torse. Deux pouces s'attardèrent à caresser ses tétons et Hisoka gémit doucement sous la délicieuse sensation qui embrasait son corps. Puis les mains de Tsuzuki continuèrent à monter, entraînant le T-shirt, et Hisoka leva les bras presque par réflexe, laissant son partenaire le dévêtir.

Tsuzuki s'arrêta un instant, les joues rouges, la bouche entrouverte, pour admirer le buste svelte et lisse de son jeune amant. Puis, délicatement, il l'enlaça de nouveau et fit courir ses lèvres le long du cou gracile du jeune homme, saisissant le lobe de son oreille entre ses dents, mordillant doucement la zone sensible entre le cou et l'épaule. Hisoka, haletant, la tête rejetée en arrière pour offrir un meilleur accès, s'abandonna au plaisir.

Tsuzuki fléchit lentement les genoux sans rompre le contact avec le corps de son amant, faisant glisser ses lèvres le long de son torse, de son ventre, jusqu'à s'arrêter à la ceinture de son pantalon. L'aîné des shinigami contempla pendant quelques instants la forme dure et allongée de l'érection qui se devinait sous la toile du jean. Puis il rapprocha son visage et posa ses lèvres sur la forme chaude et frémissante, arrachant un gémissement à Hisoka. Tsuzuki sourit. Lentement, tendrement, il dégrafa le bouton du jean, descendit la fermeture Éclair, et fit glisser le pantalon le long des cuisses du jeune homme.

Tsuzuki enlaça les hanches de son jeune partenaire et pressa son visage contre le membre qui tendait l'étoffe du sous-vêtement, le mordillant doucement à travers le tissu. Il ferma les yeux et inspira profondément. Puis il avança les lèvres vers la tête luisante qui débordait des confins du slip de Hisoka et la parcourut de la langue, collectant la goutte translucide qui s'était formée au sommet.

— Aah... Tsuzuki...

Le jeune shinigami gémit plus qu'il ne murmura le nom de son amant. Il glissa les doigts dans les mèches brunes, tremblant de désir, se retenant à grand peine de projeter brutalement ses hanches contre le visage de son partenaire. Tsuzuki rit doucement, et fit glisser le slip le long des hanches de Hisoka, l'envoyant rejoindre le pantalon, avant d'ouvrir la bouche et d'engloutir le sexe de son amant.

Hisoka ne put s'empêcher de fermer les yeux sous l'assaut des sensations qu'il ressentait pour la première fois : l'incroyable chaleur, la douceur délicieuse de la bouche qui l'enserrait, et l'enivrante pression de la langue qui tournoyait autour de la pointe de son sexe, envoyant des étincelles de plaisir dans tout son corps.

Lentement, Tsuzuki fit descendre ses lèvres le long de la verge tendue. Hisoka écarquilla les yeux, hypnotisé par le spectacle de son sexe qui pénétrait profondément dans la bouche de Tsuzuki, jusqu'à ce que le nez de ce dernier s'enfouisse presque dans les boucles châtain clair qui couvraient son bas-ventre. Tsuzuki leva un instant le regard. En voyant l'expression de Hisoka, les commissures de ses lèvres se relevèrent et ses yeux se plissèrent d'amusement. Puis il remonta, ne laissant dans sa bouche que le gland qu'il caressa d'un rapide coup de langue avant de faire pénétrer de nouveau le membre dur jusqu'au fond de sa gorge.

Tsuzuki recommença encore et encore, accélérant progressivement le rythme. Hisoka haletait, les mains crispées sur les épaules de son partenaire. Il savait qu'il ne résisterait pas longtemps au plaisir qu'il sentait monter en lui, s'accumulant au creux de ses reins, se répandant en lui en vagues de chaleur. L'ondulation de ses hanches accompagnait le mouvement, faisant pénétrer son sexe encore plus profondément dans la gorge de son amant. Le plaisir tendait son corps comme un ressort. Enfin il balbutia : « Tsuzuki... Je vais... Je vais... » et il explosa dans un gémissement, d'intenses spasmes de plaisir agitant son corps alors qu'il emplissait la bouche de son amant de longs jets chauds.

Epuisés par la force de son orgasme, Les genoux de Hisoka cédèrent sous son poids et il s'affaissa lentement. Comme il l'avait fait la veille, Tsuzuki le recueillit dans ses bras, l'étreignant avec tendresse. Puis il se releva et le déposa délicatement sur le lit le plus proche. Il s'agenouilla pour le débarrasser de ses chaussures et du pantalon qui lui entravait encore les chevilles, avant d'enlever rapidement ses propres chaussures et de s'allonger aux côtés du jeune homme.

Pendant quelques minutes, Hisoka resta allongé, les yeux mi-clos, le corps lourd de plaisir, la respiration encore profonde mais reprenant peu à peu un rythme normal, savourant la caresse légère des doigts de Tsuzuki sur son visage. Il prit soudain conscience du contact de l'étoffe des vêtements de son amant contre sa peau nue.

— Tsuzuki...

— Oui ?

— Tu es beaucoup trop habillé.

— Ça peut s'arranger, répondit en riant l'aîné des shinigami.

Tsuzuki se leva, et Hisoka se dressa légèrement sur les coudes pour ne pas perdre une miette du spectacle. Tsuzuki, qui se tenait maintenant debout au pied du lit, dégrafa lentement sa chemise et la laissa tomber au sol. Puis, rougissant un peu sous l'intensité du regard de son partenaire, il ouvrit son pantalon et le fit glisser le long de ses jambes, entraînant aussi son caleçon et ses chaussettes. Il se releva et se tint immobile, entièrement nu et offert au regard de son amant, les joues de plus en plus rouges, détournant les yeux.

Hisoka, les yeux ronds et la bouche ouverte, ne pouvait quitter du regard le spectacle qui s'offrait à lui. Tsuzuki était mince, mais solidement bâti. Ses épaules étaient larges ; ses muscles, sans être excessivement développés, se dessinaient nettement sous sa peau claire. Sa poitrine était parsemée d'un duvet sombre, faisant écho à la forêt de poils noirs d'où se dressait fièrement son sexe dur, à peu près de la même longueur mais plus large que celui de Hisoka. Le jeune homme, fasciné, regarda la goutte translucide qui coulait lentement le long de la verge raide. Une autre se formait déjà au bout, et Hisoka réalisa soudain avec honte qu'il était le seul à avoir été satisfait et que Tsuzuki bouillait toujours d'un désir qu'il ne contenait que par respect pour son amant. Levant une main, le jeune shinigami murmura :

— Viens...

Il vit la pomme d'Adam de son partenaire monter et descendre sur sa gorge. Sans un mot, Tsuzuki s'avança vers le lit et s'allongea de nouveau aux côtés du jeune homme, sa peau douce et tiède maintenant en contact avec le corps nu de Hisoka, son sexe dur pressé contre sa hanche. Tsuzuki passa l'un de ses bras sous le cou de Hisoka et le serra un peu plus étroitement contre lui, leurs corps glissant l'un contre l'autre dans une longue caresse.

Hisoka sentit le souffle de Tsuzuki effleurer ses cheveux. Il sursauta et lança un cri étouffé lorsqu'une langue humide s'insinua dans son oreille, caressant le pavillon, s'attardant sur le lobe puis se glissant dessous, allant et venant sur son cou. Hisoka gémit sous la caresse et sentit son corps se ranimer, le sang affluer de nouveau vers son bas-ventre. Il percevait contre son épaule le battement rapide du cœur de son amant, auquel faisait écho la pulsation du sexe raide contre sa cuisse.

Tsuzuki respirait profondément. Ses caresses se faisaient plus pressantes. Sa main libre parcourut la poitrine de son amant, glissant le long de son ventre, jusqu'à finalement se refermer autour de la verge qui se redressait lentement. Il caressa Hisoka quelques instants avant d'avancer la main plus bas, effleurant les bourses du jeune homme puis s'aventurant encore plus loin, s'insinuant entre ses fesses, un doigt cherchant déjà l'entrée étroite...

Hurlant soudain, Hisoka bondit et se rejeta en arrière, reculant le plus loin possible sur le lit. Ses yeux étaient écarquillés de peur, son souffle haletant. Se redressant aussi, Tsuzuki se plaqua une main contre la bouche.

— Pardon ! Pardon, Hisoka. Je me suis laissé emporter et je n'ai plus pensé...

Le jeune homme luttait pour reprendre son calme. Physiquement, son corps était entièrement remis. Mais la douleur intense qu'il avait ressenti, à être pénétré brutalement et contre son gré ; la terreur, l'humiliation de n'être plus qu'un pantin entre les mains du docteur fou ; l'odeur de la sueur, de l'excitation de l'homme, la pression des mains agrippant ses jambes, le regard fiévreux, le rire dément, tous ces souvenirs qu'il avait jusqu'ici réussi à bannir dans un recoin de sa mémoire lui revenaient en pleine force, lui coupant le souffle.

— C'était vraiment stupide de ma part. Bien sûr, tu n'es pas encore prêt, et qui le serait ? On arrête immédiatement, reprit l'aîné des shinigami.

Hisoka, encore incapable de parler, secoua la tête. Prenant ce geste pour une confirmation du refus de son partenaire, Tsuzuki s'assit sur le bord du lit en se pencha pour ramasser sa chemise et son pantalon.

— Non !

Tsuzuki stoppa son geste et se retourna, surpris par la véhémence dans la voix du jeune homme.

— Non, reprit ce dernier, je ne veux pas arrêter ! Reviens, s'il te plaît.

— Mais enfin, Hisoka...

Hisoka secoua la tête une fois de plus et regarda fixement les yeux violets qui retournaient son regard avec confusion. Le jeune homme cherchait désespérément un moyen d'expliquer ce qu'il ressentait. Jusqu'ici, contre sa volonté et à son plus grand regret, son premier et seul amant avait été Muraki. De la sexualité, il lui avait enseigné le côté le plus sombre : la douleur d'être pris de force, la honte d'être utilisé. Mais il lui avait aussi appris le plaisir que le toucher d'un autre pouvait lui procurer – ce dont Hisoka avait encore trop honte pour l'avouer à Tsuzuki. L'orgasme que Muraki lui avait arraché avait été une humiliation de plus, une façon pour le docteur de faire du jeune shinigami sa chose, de lui ôter son humanité, de le réduire à l'état d'une poupée à laquelle il pouvait, au gré de sa fantaisie, apporter douleur ou plaisir. De faire en sorte qu'il lui appartienne, corps et âme, en sa présence comme loin de lui.

Et il avait réussi, pensa Hisoka avec rage. Chaque fois qu'il avait été dans les bras de Tsuzuki, le souvenir du docteur fou s'était interposé entre eux. Il ne voulait pas que toute sa vie soit régentée par les actes d'un sadique. Il voulait être libre d'aimer, libre de se donner, libre de donner du plaisir à la personne qu'il aimait. Il lui semblait que, s'il renonçait maintenant, jamais plus il ne pourrait partager avec Tsuzuki ce qu'ils étaient sur le point de partager.

— Je ne veux pas que ce soit lui qui gagne, dit-il enfin.

Tsuzuki le regarda gravement puis hocha la tête. S'allongeant de nouveau sur le lit, appuyé sur un coude, il tendit son autre bras en invitation. Hisoka respira profondément, s'efforçant de chasser les douloureux souvenirs. Sans quitter du regard le visage familier de son partenaire, ses yeux doux dans lesquels se lisaient profonde tendresse, compassion, complète acceptation, il s'avança lentement jusqu'à venir se blottir contre la poitrine de Tsuzuki, laissant les battements réguliers le bercer, l'apaiser. Tendrement, Tsuzuki referma ses bras autour de lui.

Pendant plusieurs minutes ils restèrent immobiles, serrés l'un contre l'autre. Lorsqu'il sentit enfin la respiration de Hisoka redevenir normale, son corps se détendre entre ses bras, Tsuzuki reprit sa lente caresse du visage et des cheveux du jeune homme. Peu à peu, il descendit sur son cou et ses épaules mais ne chercha pas à aller plus bas, ne voulant pas le brusquer.

Hisoka était stupéfait du soin avec lequel Tsuzuki le traitait. Bien sûr, il avait toujours été particulièrement gentil avec lui, même au début de leur association, lorsque Hisoka était renfrogné en permanence et ne s'adressait à son partenaire que pour le rabrouer. Mais le jeune shinigami n'aurait pas imaginé que Tsuzuki lui témoignerait une telle patience, une telle compréhension, s'adaptant à son rythme, faisant passer les besoins de son jeune amant avant les siens sans l'ombre d'une hésitation. Hisoka en était profondément touché.

Pourtant, il était clair que Tsuzuki désirait plus. Ses caresses étaient presque chastes, mais sa respiration était rapide. Ses pupilles brûlantes, à demi recouvertes par des paupières lourdes, parcouraient avec intensité le corps du jeune shinigami. Hisoka l'observait, cherchant à deviner les pensées qui se dissimulaient sous ce front serein. Seulement deux jours plus tôt, il avait pu lire chaque émotion qui agitait son partenaire et avait détesté cette faculté. Mais avec leur nouvelle intimité, Tsuzuki, paradoxalement, lui était devenu hermétique. Et maintenant, le jeune empathe souhaitait du fond du cœur pouvoir de nouveau ressentir les émotions qui faisaient briller les yeux d'améthyste posés sur lui avec tant d'insistance.

Hisoka leva lentement la main vers le visage penché sur lui et tapota du doigt le front pâle.

— Toc toc toc...

Tsuzuki était un peu surpris, mais prêt à entrer dans le jeu de son partenaire. Il répondit donc ce qu'on attendait de lui :

— Qui est là ?

Hisoka eut un sourire malicieux et répliqua :

— Le grand méchant loup.

Ce qui aurait probablement eu plus d'effet s'il n'avait pas rougi en même temps. Tsuzuki sourit lui aussi et inclina la tête, déposant un baiser furtif sur l'avant-bras qui passait devant son visage.

— Que me veux-tu, grand méchant loup ?

— Ouvre-moi la porte de ta maison, murmura lentement le jeune empathe en tenant fort le regard de son amant pour lui faire comprendre ce qu'il lui demandait.

Et Tsuzuki comprit. Un éclair de panique traversa son visage. Il ferma les yeux et déglutit avec peine. Cependant, quant il les rouvrit son visage était calme, avec seulement une trace d'appréhension.

— Souffle sur la maison, et elle s'envolera, murmura-t-il.

Hisoka se dressa sur les coudes jusqu'à ce que son visage effleure celui de son amant et il se mit à souffler un mince filet d'air, commençant sur le nez de Tsuzuki et remontant jusqu'au sommet de son front. Il sentit l'écran mental se dissiper.

La violence du tourbillon d'émotion qui l'assaillit, en saisissant contraste avec l'expression calme de son partenaire, lui coupa le souffle, et il retomba sur le lit, les yeux écarquillés. Ce n'était pas, comme ce matin, les sentiments de douleur, de dépression et de culpabilité auxquels il s'était presque habitué durant les deux derniers mois. En ce moment, chaque émotion, chaque pensée de Tsuzuki était tournée vers lui, Hisoka.

Il s'était attendu, dans une certaine mesure, au désir brûlant, urgent, qui habitait Tsuzuki ; mais il n'avait pas anticipé que cette émotion provenant de son amant le submergerait lui aussi, ranimant un feu intense dans son corps.

Et le désir était loin d'être la seule chose que Tsuzuki éprouvait. La gorge nouée d'émotion, Hisoka descendit plus loin dans l'esprit de son partenaire et il put lire la profonde tendresse que Tsuzuki avait pour lui, l'affection, la confiance, le désir de protection, ainsi que des émotions plus sombres, jalousie, possessivité. Mais, par dessus tout, l'émotion qui envahissait chaque recoin de l'esprit de Tsuzuki, même Hisoka dans son inexpérience ne pouvait que la reconnaître pour ce qu'elle était : un amour profond, intense.

Le cœur battant, les mains tremblantes, incapable de prononcer un seul mot, Hisoka resta figé, les yeux toujours plongés dans ceux de son compagnon, son esprit tentant d'assimiler ce qui était la plus claire, la plus évidente, la plus incontestable des déclarations d'amour.

Tsuzuki, dont le visage était maintenant cramoisi, baissa les yeux, incapable de soutenir plus longtemps le regard du jeune homme. Plusieurs minutes s'écoulèrent avant que l'aîné des shinigami ne rompe le silence d'une voix hésitante :

— Je... J'étais un peu intimidé de me déshabiller devant toi tout-à-l'heure, tu sais. Mais ça, c'est... bien pire...

Tsuzuki fixait avec insistance un point du matelas, près de l'épaule de Hisoka. Même ses oreilles étaient écarlates. Il poursuivit pourtant dans un murmure :

— Enfin... Qu'est-ce que je peux dire... Tu peux probablement voir... Tu peux voir que tu ne me laisses pas indifférent...

Hisoka sentit des larmes d'émotion lui monter aux paupières. Il aurait voulu pouvoir ouvrir grand son esprit lui aussi, laisser Tsuzuki pénétrer jusqu'au fond de ses pensées pour le remercier de sa confiance et lui montrer que les mêmes émotions l'agitaient. Il aurait voulu trouver les mots pour lui dire que chacun de ses sentiments était réciproque. Mais sa gorge était nouée, son esprit incapable d'élaborer la moindre phrase. Alors, il s'exprima de la seule façon qui lui restait : se relevant sur un avant-bras, il posa ses lèvres sur la première partie du corps de Tsuzuki qu'il atteignit, le creux de son cou, en mettant toute son affection dans le baiser.

Tsuzuki soupira doucement et pencha la tête, s'offrant à la caresse, mais Hisoka se recula brutalement, stupéfait.

Il avait senti le plaisir de Tsuzuki recevant le baiser. Il avait même perçu la sensation délicieuse, mi-chatouille, mi-caresse, des lèvres se posant sur la peau fine. C'était comme si son propre cou avait été embrassé.

Expérimentalement, Hisoka caressa doucement la joue de Tsuzuki. Aussitôt, il ressentit la caresse comme si une main était posée sur son visage. Il continua en faisant courir ses doigts le long du cou de son amant, sur ses épaules, descendant jusqu'à la courbe ferme des pectoraux, et le fantôme d'une main parcourut son propre corps, le faisant frissonner de plaisir.

C'était comme se toucher soi-même dans un miroir.

— Ça alors !

— Que se passe-t-il ?

— Je ressens ce que tu ressens... comme si je recevais aussi les caresses que je te fais, essaya d'expliquer Hisoka. C'est vraiment bizarre. C'est la première fois que ça m'arrive. Il faut dire que c'est la première fois que je touche quelqu'un... comme ça, termina le jeune homme en rougissant.

— Hmm... Ça doit être intéressant. Parce que, de mon point de vue, ce que tu me fais est vraiment, vraiment agréable. Mais ça, tu t'en aperçois, non ?

Hisoka rougit sous le regard appuyé de Tsuzuki. En effet, chaque fois qu'il le touchait, il était conscient des étincelles de plaisir qui parcouraient le corps de son amant, rendu hypersensible par le désir. Il ne savait pas comment Tsuzuki pouvait rester si calme dans cette tempête de sensations. Lui-même était de nouveau dur comme un roc et il ne ressentait le désir de son amant que depuis quelques minutes seulement.

Tsuzuki lui lança un regard malicieux et son visage s'éclaira d'un large sourire.

— Eh bien, continue tes expériences, dit-il en s'allongeant sur le dos et en écartant les bras, offrant tout son corps à la curiosité de son partenaire.

Hisoka releva volontiers le défi. Il approcha le visage de la poitrine de Tsuzuki et referma ses lèvres autour d'un mamelon. Des lèvres des deux hommes s'échappèrent, en même temps, les mêmes gémissements de plaisir.

S'enhardissant, Hisoka descendit plus bas, jusqu'à ce que son visage ne soit plus qu'à quelques centimètres de l'érection de son amant. Il resta quelques secondes immobile, un peu intimidé, les yeux fixés sur le membre raide. Il prit une longue inspiration, ferma les yeux, et referma ses lèvres sur le gland rougi au sommet duquel perlait une goutte translucide.

Il fut presque étourdi par la multitude de sensations qui l'assaillirent. La chaleur du sexe dur qui emplissait sa bouche, la surprenante douceur de la peau fine contre sa langue, le goût salé-acide ; et entre ses jambes, une soudaine vague de plaisir lorsqu'il lui sembla qu'une bouche chaude et humide se refermait sur sa propre érection. Il ne put retenir un gémissement, et la vibration sonore envoya une nouvelle onde de plaisir parcourir leurs deux corps.

Tsuzuki crispa les doigts dans le drap, les yeux étroitement clos. Il rejeta la tête en arrière, cambra le dos, et murmura d'une voix haletante :

— Oui... Hisoka...

Imitant ce que Tsuzuki lui avait fait plus tôt, Hisoka s'avança, faisant pénétrer plus profondément dans sa bouche le sexe engorgé qui distendait ses lèvres, mais après seulement quelques centimètres le gland toucha le fond de sa gorge et il se releva brusquement en toussant, le visage écarlate.

Tsuzuki rit gentiment et lui saisit les épaules, l'attirant contre lui. Puis il bascula sur le côté, entraînant Hisoka, roulant avec lui jusqu'à se retrouver allongé de tout son long sur son jeune amant. Le regardant avec des yeux mi-clos noyés de désir, il posa sa bouche sur la sienne avec une soudaine urgence. Leurs lèvres s'entrouvrirent, leurs langues se joignirent, glissant, tournoyant, tour à tour s'attirant et se repoussant avec frénésie.

Tsuzuki avança les hanches jusqu'à ce que leurs deux érections glissent l'une contre l'autre. Les deux hommes gémirent dans le même souffle. L'aîné des shinigami insinua une main entre leurs corps, la refermant dans un même geste autour de leurs sexes, pressant l'un contre l'autre leurs membres raides. Hisoka cria sous l'effet combiné de son propre plaisir et de celui de son partenaire.

Tsuzuki rompit le baiser une seconde pour murmurer : « Donne-moi ta main », puis ses lèvres s'emparèrent de nouveau avidement de celles de son jeune amant. Il saisit doucement la main offerte de Hisoka et la guida entre leurs corps. Leurs doigts s'enlacèrent, leurs mains jointes créant un étroit fourreau autour de leurs sexes tendus.

Les deux hommes haletaient, mêlant leurs souffles. Leurs hanches ondulaient au même rythme. Hisoka ferma les yeux, se laissant emporter par la violence des sensations, désir, plaisir, le sien et celui de Tsuzuki, se confondant en lui jusqu'à ce qu'il ne sache plus qui ressentait quoi.

Immobilisant soudain ses hanches, Tsuzuki, comme pris d'une inspiration soudaine, se redressa jusqu'à se trouver assis à califourchon sur le ventre de Hisoka, et approcha deux doigts de la bouche de ce dernier.

— Suce, commanda-t-il.

Hisoka eut un moment d'appréhension mais il s'exécuta, glissant sa langue autour des doigts de Tsuzuki, entre eux, jusqu'à les envelopper complètement de salive. Tsuzuki retira doucement sa main et l'amena derrière lui, en bas de son dos... entre ses fesses, devina Hisoka qui se redressa sur les coudes, soudain très curieux. Mais il ne put voir que le poignet de Tsuzuki qui disparaissait derrière sa hanche, sa poitrine qui se soulevait au rythme de sa respiration profonde.

Tsuzuki gémit doucement, les yeux mi-clos. Hisoka, le cœur battant, se concentra sur leur connexion mentale, guettant un signe de douleur, mais tout ce qu'il perçut fut une anticipation excitée et de fugaces étincelles de plaisir.

Tsuzuki retira sa main et approcha les doigts de son érection, collectant soigneusement le filet de liquide visqueux. Il ramena la main derrière lui et Hisoka lança un cri de surprise, puis de plaisir, au contact soudain des doigts humides parcourant son sexe, l'enduisant de fluide, tournoyant parfois au sommet pour collecter la perle qui naissait là aussi.

Puis la main de Tsuzuki s'immobilisa à la base de la verge de Hisoka, la maintenant fermement. Plongeant son regard intense dans celui mi-ébahi, mi-émerveillé de son amant, Tsuzuki recula les hanches, s'empalant lentement sur le membre pulsant et plus dur que jamais.

Hisoka avait l'impression que son cœur allait s'échapper de sa poitrine. Il oublia un instant de respirer lorsqu'il sentit le bout de son sexe pousser contre l'anneau de muscle, l'élargissant lentement. Finalement le muscle céda et le gland entra d'un coup. Hisoka surveillait anxieusement les sensations de Tsuzuki, mais l'aîné des shinigami ne ressentit qu'une vague brûlure qui se dissipa rapidement. La différence avec ce qu'il avait lui même éprouvé dans la même situation était si grande que Hisoka fut soudain envahi d'une vague inattendue de jalousie. Combien Tsuzuki avait-il d'expérience, au juste ?

La main de Tsuzuki caressant doucement sa joue interrompit heureusement ses pensées. Il releva les yeux et croisa le regard brûlant rivé sur lui. Tsuzuki continua lentement à descendre les hanches. Un frisson de plaisir parcourut son corps alors que le sexe dur l'emplissait lentement. Hisoka gémit en écho avec son amant.

Tsuzuki était maintenant assis contre les hanches de Hisoka, dont la verge entière s'était enfouie dans les profondeurs de son corps. Hisoka écarquilla les yeux, submergé de sensations. À travers leur connexion mentale, il ressentait lui aussi l'étirement presque douloureux de la pénétration. C'était comme si un membre raide s'était frayé un chemin dans son propre corps. En même temps, il tremblait de plaisir sous l'incroyable chaleur, la délicieuse pression des muscles qui enveloppaient son érection.

— Ça va ? lui demanda doucement Tsuzuki.

Hisoka, trop ému pour répondre, hocha la tête et caressa doucement les cuisses de son amant. Tsuzuki lui sourit tendrement et commença à balancer les hanches d'avant en arrière. Hisoka ferma les yeux et gémit de plaisir. À l'incroyable sensation de son propre membre pénétrant l'étroit passage s'ajoutait le plaisir que Tsuzuki recevait du sexe dur stimulant l'intérieur de son corps.

Tsuzuki accéléra le rythme et amplifia ses mouvements.

— Tsuzuki... Tsuzuki... Oui... Plus fort... gémit Hisoka, sentant le plaisir monter simultanément en lui et dans le corps l'autre shinigami.

Il perçut le désir que sa voix haletante éveillait en son partenaire. Il sentit croître l'excitation de Tsuzuki qui augmenta la puissance de ses coups de reins. Ses mains se crispèrent sur les hanches de Tsuzuki. La pièce s'emplit du bruit de leurs souffles rauques.

Sans modifier son rythme, Tsuzuki se cambra et se pencha en arrière, posant les mains sur les cuisses de Hisoka. Au coup de rein suivant, les deux amants crièrent ensemble sous les étincelles de plaisir qui explosaient dans le corps de Tsuzuki quand le sexe de Hisoka frappa sa prostate.

—Hisoka... Oui… haleta Tsuzuki en faisant maintenant aller et venir ses hanches sur un rythme rapide.

Il sentait le plaisir l'envahir, tendre chaque muscle de son corps. Il était proche, si proche, et il ne lui manquait qu'une légère stimulation de plus... Il était sur le point de ramener une main devant lui pour toucher sa propre érection lorsqu'il sentit les doigts de Hisoka, qui avait perçu ce dont il avait besoin, s'enrouler autour de sa verge.

Deux ou trois va-et-vient furent suffisant pour lui faire atteindre le paroxysme. Le plaisir monta jusqu'à devenir presque intolérable, ses mouvements devinrent désordonnés et il explosa.

— Aah ! Hisoka ! … Hisoka ! … Hisoka !

Il cria le prénom de son amant, encore et encore, avec chacun des puissants spasmes, alors que de longs jets blancs s'élevaient en arc-de-cercle pour retomber sur le torse du jeune homme allongé sous lui.

Hisoka eut l'impression qu'une myriade d'étoiles explosaient devant ses yeux. Le plaisir de son partenaire le submergea, chacun de ses spasmes résonna en lui, déclenchant son propre orgasme.

— Tsuzuki... Aaah... Je t'aime... Je t'aime...

Les mots qu'il pensait si fort, échappant à son contrôle, jaillirent de ses lèvres. Son corps se tendit dans une ultime contraction avant de s'abandonner finalement au plaisir combiné de leurs deux orgasmes.

***

Lorsqu'il rouvrit les yeux un instant plus tard, Tsuzuki n'était plus sur lui mais allongé à ses côtés, caressant doucement son visage. L'aîné des shinigami avait retrouvé une respiration paisible. Hisoka sursauta et regarda autour de lui, désorienté, avant de réaliser ce qui s'était passé.

« Oh, non, c'est pas vrai ! Je suis tombé dans les pommes ? Je suis vraiment lamentable ! »

Il leva un œil inquiet vers son amant, mais aucune trace de moquerie n'était visible dans le sourire tendre que ce dernier lui adressa. Hisoka déglutit, le creux de l'estomac soudain noué.

C'était inquiétant. Il était en train de développer rapidement une addiction à ce sourire.

Tsuzuki se pencha vers lui et effleura son front de ses lèvres.

— Overdose de sensations ? murmura-t-il.

Hisoka hocha la tête. Il porta son attention vers les pensées de son amant pour constater que l'écran mental était de nouveau en place et sourit avec reconnaissance. Il avait adoré partager avec Tsuzuki l'intensité de ses émotions, mais pour le moment un peu de calme était le bienvenu. Il savait que Tsuzuki lui ouvrirait de nouveau les portes de son esprit quand il le demanderait.

Au premier mouvement qu'il tenta de faire, il sentit une raideur dans son dos, une lourdeur dans ses bras et ses jambes. Il ne put retenir un long bâillement.

— Bon, je crois qu'on ferait bien de dormir un peu si on veut être tant soit peu présentables demain matin, dit Tsuzuki en s'allongeant de tout son long et en remontant sur eux les couvertures.

Hisoka se blottit contre lui, le dos contre la poitrine de son amant. Tsuzuki referma ses bras sur lui et lui embrassa doucement l'oreille. Le jeune shinigami soupira de contentement.

— Hisoka...

— Hm ?

Le jeune homme, qui était sur le point de s'endormir, ouvrit un œil.

— Tu ne préfères pas aller dormir dans l'autre lit ? N'hésite pas. Je ne serai pas vexé, tu sais.

Tsuzuki ponctua ses mots d'un second baiser.

Hisoka considéra la question pendant quelques secondes. « Hm-hm », répondit-il en secouant la tête. La perspective de partager de nouveau les cauchemars de Tsuzuki était un faible prix à payer en comparaison du plaisir qu'il aurait à dormir contre son corps chaud toute la nuit pour se réveiller entre ses bras. De plus, il se sentait prêt à tout partager avec Tsuzuki, l'extase comme les cauchemars. Avec un sourire, il ferma de nouveau les yeux.

— Hisoka...

— Hm ?

— Si jamais tu te retrouves coincé dans un de mes rêves... J'espère que ce sera un rêve érotique !

— Idiot !

Hisoka lança une main vers l'arrière, en aveugle, dans la direction où il estimait que se trouvait la tête de Tsuzuki. En riant, celui-ci saisit la main au vol et déposa un baiser sur la paume avant de la relâcher.

— Je t'aime aussi, répondit Tsuzuki qui riait toujours. Mais ses bras se refermèrent un peu plus étroitement autour du jeune shinigami.

Le cœur de Hisoka sauta dans sa poitrine. Était-ce une façon pour Tsuzuki de répondre en plaisantant à son insulte amicale… ou bien était-ce quelque chose de plus profond, la réponse de son amant à l'aveu qui lui avait échappé ?

Quelle que soit la réponse, réalisa Hisoka, en ce moment, blotti contre Tsuzuki, enveloppé par ses bras robustes, il se sentait, pour la première fois peut-être, incroyablement heureux.

Le corps de Tsuzuki s'enfonçant dans le matelas, son bras qui se faisait pesant, son souffle calme et régulier apprirent à Hisoka que son amant s'était endormi. Un sourire flottant encore sur ses lèvres, le jeune shinigami le rejoignit bientôt dans le sommeil.

FIN.