Disclaimers: Shin Kidousenki Gundam Wing, personnages et produits dérivés appartiennent à Sunrise, Bandai, Sotsu Agency et aux parties associées.

Genre : Yaoi, univers alternatif - si vous n'aimez pas, fuyez, y a pas de Gundam là-dedans, je prends le temps de poser un univers :p, fic à 6 chapitres, pour votre confort visuel.

Rating : T, mignon, un brin chacal.

Micis ? A ceux qui m'ont laissé un petit mot et souhaité un joyeux anniversaire, c'est adorable ! (dont Dame Coquillette que je câline respectueusement de par son grade de Colonel :p)

Pour qui ? à ma Lunanamoi parce qu'elle est elle :p et un peu pour moi parce que happy b-day to me :p

Conseil : allez sur deezer .com ou sur youtube et regardez tous les clips que je préconise quand je précise les ambiances musicales :p

Voilà c'est fini ! J'espère que ça vous aura plu malgré la longueur mais hey :p ça vous fait un tit peu de lecture avant la disette qui forcément viendra !


Fausses notes et vrais coups de coeur

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Chapitre VI : A smoky room, a small café

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Le T Club, Paris, 03h30, le jeudi 30... ou plutôt vendredi 31 octobre 2008, salle du haut (Duo !! :p)

Ce qu'ils diffusent à ce moment-là : Toni Braxton (Spanish Guitar)

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- … Vous non plus vous ne réagissez pas à ma présence, cela fait-il de vous un gay ? Cela fait-il de moi quelqu'un de moche ?

- Je ne suis pas gay.

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Le GPS du manager avait eu une sacrée perte de signal.

Il était à deux doigts de pincer l'arête de son nez quand le docteur Maxwell poursuivit, un petit sourire narquois au coin des lèvres.

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- Je suis bi.

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Le manager se redressa imperceptiblement.

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- Et donc, si je suis votre théorie foireuse, je suis moche puisque je ne vous fais aucun effet. Vous non plus n'avez aucune réaction.

- Il y a bien quelqu'un sur terre pour lequel vous serez laid, M. le manager.

- Trop aimable, doc.

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Le grand gagnant lui décocha un sourire plein de dents.

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- Non mais c'est vrai ! Tout comme moi aussi je suis laid pour quelqu'un.

- Vous avez l'esprit de contradiction.

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Duo se rendit compte qu'il tombait dans un piège à la seconde où il répondit.

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- Non, je…

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Petit sourire de vainqueur.

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- Ah, vous voyez !

- Roh, elle était facile, celle-là ! Oh…

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L'expression du docteur changea tout doucement et le manager l'observa un peu plus encore.

Ses yeux allaient et venaient, comme un chat suivant une petite souris en plastique.

Il semblait suivre des lignes imaginaires sur la main de Heero, comme si des chemins se formaient sous ses yeux.

Un petit sourire différent flottait sur son visage. Comme quelqu'un qui savait un joli secret.

Cela ramenait le manager presque des siècles en arrière, quand sa mère lui offrait des cadeaux extrêmement simples, si simples qu'ils le touchaient toujours. D'autant qu'il ne devinait jamais ce que c'était.

Il redevenait presque un enfant quand il voyait le docteur avec cette expression. Il restait diablement homme quand il le voyait se mordre la lèvre.

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- Quoi ? Qu'est-ce que vous voyez ?

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Duo plissa doucement les yeux, penchant légèrement la tête sur le côté. De jolis sentiers se formaient sous son regard bleu violet… en même temps qu'une petite boule de coton, un petit nuage blanc.

Si Durriken Joe Maxwell décrivait précisément ce qu'il voyait, on le mettrait là où on mettait tous ses « semblables » : dans un joli pavillon blanc, et on lui offrirait de magnifiques chemises Gucci qui s'attachaient dans le dos.

Mais… il ne pouvait pas ne pas lui dire ce qu'il se passait, qu'il le croie ou non.

Déjà, Duo Maxwell n'aimait pas mentir, alors il évitait au maximum.

Et puis ce qu'il se passait était vraiment… il devait le dire au manager, quitte à passer pour un débile profond.

Il n'était pas à ça près.

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- Il y a… il y a une toute nouvelle ligne toute fine, qui s'épaissit tout doucement. C'est comme un fil d'or relié à un nuage. C'est joli. Et j'ai des images qui naissent.

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Scepticisme absolu.

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- C'est new age votre truc…

- Non pas vraiment.

- Le T Club n'est pas un coffee shop, vous vous l'êtes procurée où la…

- Ha. Ha. Ha. Jamais pendant le service ou quand je conduis.

- Vous conduisiez ce soir ?

- Et votre sœur elle conduit aussi ?

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Le manager rit malgré lui au snipe et répondit.

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- Je ne crois que ce que je vois. Et je ne vois rien.

- Moi je le vois.

- Vois quoi ?

- Je vois que vous tombez amoureux.

- Je suis amoureux ?

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Duo Maxwell devait être très fatigué ou dire ce que les gens aimaient entendre la plupart du temps.

Il était très mal tombé.

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- Vous tombez amoureux. C'est progressif.

- Et vous savez de qui vous qui savez tout ?

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Ah oui Heero aimerait bien le savoir vu qu'il n'était pas du tout au courant.

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- Non. Je vois juste que vous ne l'êtes pas encore.

- Je le suis sans l'être c'est ça ?

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Le docteur expliqua, caressant distraitement les lignes de la main, du bout des doigts.

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- En fait, c'est comme si vous sautiez en parachute au ralenti.

- J'ai fait du parachute ascensionnel la semaine dernière. C'est peut-être…

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Le manager était ironique même si effectivement il avait fait du parachute ascensionnel la semaine précédente.

Le docteur secoua lentement la tête.

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- Je vous vois figurativement sauter et ouvrir votre parachute à l'aide de votre fil d'or, descendre progressivement, inexorablement. Votre terre de destination est la personne qui grandit dans votre tête et dans votre cœur.

- Et quand sera le point d'impact ?

- Oh vous le saurez, votre main ne me le dit pas. Tout comme elle ne me dit pas si la personne que vous apprenez à aimer vous aime en retour. Votre main est aussi secrète que vous, Heero. Je vous souhaite plein de bonheur.

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Le sourire du docteur était heureux.

L'expression du manager était sceptique.

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- Elle en dit des choses ma main secrète.

- Non. Elle me parle brièvement de choses qui vous sont arrivées ou qui vous arriveront, mais elle ne me dit rien de vous, de vos ambitions, de vos envies ou de vos désirs. Rien de vraiment personnel, comme peuvent ou ne peuvent pas faire d'autres mains. Et elle ne me dira rien de plus, l'image s'estompe.

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Le docteur lâcha la main et s'apprêta à se lever du canapé.

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- J'ai des fils d'or dans la main. Je crois que je vais me mettre en pause et boire un verre, peut-être que je les verrais aussi, que je les arracherais et les mettrais aux enchères sur ebay

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Duo éclata de rire, ne s'offusquant pas le moins du monde du scepticisme et de la moquerie. Tant qu'elle était taquine. Et elle l'était devenue au fil de la conversation.

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- Si je ne conduisais pas, je vous accompagnerais. Mais blague à part, que vous le croyiez ou non peu importe, vos pensées vous appartiennent. En tous cas c'est beau ce qui vous arrive.

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Duo se leva et ajouta.

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- Et vous avez une jolie main, la main d'un homme bon, même si vous êtes très, très con.

- Et ma main dans votre figure elle dirait quoi ?

- Liste non exhaustive. Que je vais vous arracher le bras ? Que vous êtes encore plus con que vous n'en avez l'air ? Parce que les lunettes de soleil en pleine nuit à l'intérieur c'est débile.

- Je suis photosensible.

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Le docteur haussa un sourcil.

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- Toutes les raisons médicales du monde ne vous empêcheront pas d'avoir l'air con. J'en croise toute la journée des durs à cuire qui se baladent en blouse les fesses à l'air. Ils ont des circonstances et ils ont l'air con.

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Le manager rejeta la tête en arrière et libéra ce rire qui était coincé dans son cœur.

Le docteur, qui allait partir, resta quelques instants pour le regarder.

Il avait l'air détendu, heureux, incrédule, surpris.

Peu de personnes – si ce n'était personne – ne devait lui parler de cette façon.

Apparemment il en avait bien besoin d'une remise en place.

Il avait un rire rauque, tout en souffle, masculin. D'une sensualité étonnante en contraste avec sa froideur.

Le docteur allait s'éloigner quand le manager, toujours assis, l'attrapa par le poignet, lui posant une question.

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- Est-ce que les mains peuvent mentir, doc ?

- A ma connaissance, non. Mais elles peuvent se taire, tout simplement.

-

Une idée.

Dans tout ce blabla surréaliste Heero, qui était un homme jusqu'au bout des doigts n'avait retenu qu'un seul et unique mot, ces dernières minutes.

« Bi »

Et ah oui, un autre : con.

Il fallait rectifier le tir, ne serait-ce que pour l'image que Maxwell aurait du T Club.

Ne serait-ce que pour l'image qu'il aurait de lui.

Le docteur se libéra de l'emprise au moment où le manager poursuivait.

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- Donnez-moi votre main, moi aussi je vais lire ce qu'il y a dessus.

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Une main qui transpirait est une main nerveuse.

Une main pouvait dévoiler autant que les yeux, même si leur éclat était tempéré par les verres transparents.

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- Pourquoi faire ?

- Juste essayer de voir si j'y lis quelque chose, on ne sait jamais, on peut se découvrir des talents. Allez, donnez-moi la main.

-

Le manager essaya de prendre la main gauche du docteur mais ce dernier esquiva.

Il avait bien lu dans sa main, c'était de bonne guerre.

-

- Vous voulez vous recycler c'est ça ?

- Pourquoi pas. Donnez-moi votre main.

- Si ça vous amuse.

-

Le manager profita qu'il lui parle pour attraper sa main.

Elle était assez douce et… elle sentait l'antiseptique.

-

- Je vois…

- Moi je vois un bon chirurgien et une future ride du lion si vous continuez à vous foutre de ma gueule en fronçant vos sourcils comme ça !

-

Le manager ignora le sarcasme et poursuivit, méritant sans contexte le césar du meilleur espoir masculin dans un rôle dramatique – au sens propre du terme.

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- Il faut qu'une image se forme…

- Oh, la ferme…

-

Le docteur éclata de rire.

Le manager enchaîna.

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- Je vois… qu'avec vous les apparences sont trompeuses, ce qui n'est pas qu'une mauvaise chose en soit.

- Trop aimable.

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Le manager tira doucement sur la main et cligna des… lunettes comme pour « mieux voir »

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- Je vois… que j'ai un fou rire et que c'est de votre faute.

- Je l'entends, merci.

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Le docteur rit doucement avant d'essayer de dégager sa main de l'emprise. Il devait partir.

Mais la main du manager la retenait encore.

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- Je vois… un chocolat chaud, qui vous sera apporté incessamment sous peu pour vous remercier de votre patience.

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Clignement d'yeux bleu-violets.

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- Merci mais… Ah non je préfère le café.

- Trop de café ce n'est pas bon pour la santé. Vous êtes médecin, vous en abusez forcément.

- Pas faux.

- Je vois une invitation à dîner… et je vois un oui.

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Froncement de sourcil du docteur.

Le manager n'était pas en train de…

Réponse du tac au tac.

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- Ah oui ?

- Ah, vous voyez ?

- Oh ? Je n'ai…

- …

-

Au haussement de sourcil de Heero

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- Oh.

-

et au petit piège qui lui avait été tendu,

-

- Mon petit doigt me dit que tu t'es fait eu.

-

Duo ne put que faire trois choses :

Secouer la tête.

S'asseoir de surprise.

Sourire de la boutade.


Même moment, salle-lounge du bas

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Un Quatre pas vraiment enlacé mais presque, quand même.

Pas encore trop près.

Un Spanish Guitar qui parlait à son oreille, entre deux fredonnements des paroles.

Il savait chanter le bougre. Il fallait objectivement reconnaître que c'était plus joli que nanana.

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- Vous êtes plus grand que je le pensais.

- Vous aussi. C'est sûr qu'on paraît rarement plus grand assis que quand on est debout.

-

Sarcasme, sarcasme.

Taquinerie.

Pour ne pas se laisser emporter par les mains sagement posées sur ses hanches, glissant sur les reins recouverts au gré de leur balancement.

Ni par le souffle contre son oreille.

-

- Vous êtes musclé.

- Oui, du t-shirt.

-

Quatre sentait la distance qu'il espérait désespérément de maintenir s'effriter à mesure que le temps passait, que l'espace entre leurs deux corps s'amoindrissait, même si elle restait présente.

-

- Non, pas que du t-shirt. Ce que je sens sous mes doigts... est plus dur que le tissu.

- C'est peut-être un os.

-

Sarcasme, causticité pour avoir le recul nécessaire.

Mais ça n'allait pas marcher cette fois.

L'une des mains du musicien glissa furtivement sur son ventre, pressant oh juste un peu sur une ligne abdominale athlétique.

Quatre étant chatouilleux, il faillit s'en prendre une, par réflexe.

Spanish Guitar émit un rire tout en souffle, alors que sa main reprenait sa place initiale au bas du dos du blond.

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- Ce n'était pas un os, ça.

- D'accord. J'ai fait une dizaine d'année de squash deux fois par semaine dans un petit club de quartier.

- Musclé du t-shirt, bien sûr.

- ... Je n'ai plus du tout le temps d'en faire depuis des lustres. J'ai forcément perdu.

- Je vous rassure ça ne se sent pas. Qu'est-ce que ça devait être quand vous étiez assidu.

-

Ca ne se sentait pas, non...

Par contre Quatre se savait presque marqué au fer rouge sur le côté droit du ventre.

Il avait si chaud d'un seul coup...

Il lui fallait une cigarette.

-

- Rien de plus ou de moins que quelqu'un qui pratiquait au même rythme que moi.

- Rythme... c'est un mot qui me parle.

- …

-

Ca allait être très, très compliqué de ne pas fermer les yeux et de se laisser aller.

Surtout s'il se mettait à fredonner un couplet contre son oreille, ses mains essayant distraitement de trouver une position, de les caler.

Il était difficile pour elles de rester statiques si le corps contre lequel elles se trouvaient étaient en mouvement, si léger fut-il.

Futile...

Quatre ne répondit pas.

Le musicien laissa ses doigts trottiner sur le bas du t-shirt, profitant que l'électricité statique ou un sacré coup de chance/j'arnaque, il se soit relevé juste à la lisière du jean pour toucher la peau nue.

Carrément sous le tissu.

Oh, à peine l'extrémité de ses ongles courts. Et Quatre sursauta. Et trébucha.

Ce qui accentua la position compromettante.

-

- Doucement… tu vas te faire mal.

- …

-

Le temps que Quatre se ressaisisse et pose une main ferme sur une main décidément bien baladeuse, cette même main découvrait ce nouveau territoire.

Elle souleva un peu plus le t-shirt et le blond se contracta, frissonna un peu alors qu'il se faufilait, restait toujours raisonnable, tout en étant un brin coquin.

Les doigts se promenaient, cherchaient…

Et trouvaient.

Les doigts s'arrêtèrent sur une surface légèrement différente.

Passèrent une première fois. Une deuxième fois. Quatre ne comprenait pas ce qui semblait le faire tiquer ainsi.

Le musicien lui donna la réponse.

-

- C'est un tatouage, ça.

- ...

-

Quatre, interloqué, ne répondit toujours pas alors que Trowa passait le bout des doigts sur la forme, cherchant la forme...

Le musicien murmura à son oreille :

-

- Qu'est-ce que c'est ?

-

Quatre aurait bien dit quelque chose, bien essayé de le repousser un peu plus fermement.

Il l'aurait fait s'il avait seulement pu reprendre son souffle.

C'était un point sensible. Très sensible.

Mais Trowa ne l'entendait pas de cette oreille apparemment.

C'était un souvenir, la rébellion qui laisserait une trace indélébile.

Un coup de tête coup de coeur et coup de gueule.

Cela faisait si longtemps...

Il l'avait presque oublié, évidemment c'était plus facile de ne plus y penser, jusqu'à preuve du contraire il n'avait pas les yeux dans le dos.

C'était plus facile...

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- C'est... inattendu sur un si sérieux contrôleur de gestion...

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C'était un supplice.

C'était à faire froid dans le dos.

C'était une remise des pendules à l'heure.

Quatre Raberba Winner compartimentait sa vie, rangeait tout, prévoyait tout et c'était volontaire.

Tout était calculé, programmé. C'était plus facile de se diriger quand on savait où on allait et comment y aller.

Logique.

Il n'aimait pas l'imprévu. Et il se l'était pris en pleine poire.

Et la plus grosse surprise ne venait pas de Spanish Guitar.

Mais de lui-même.

Comment avait-il pu oublier l'un de ses plus jolis souvenirs ? Comment avait-il pu oublier que Duo lui avait donné l'idée ?

Duo qui- lui avait dit, la seule et unique fois où il avait accepté de lire dans sa main...

La seule et unique fois où Quatre l'avait vraiment voulu...

Comment avait-il pu l'oublier ? S'était-il perdu à ce point dans son travail ?

Ses doigts avaient appréhendé la base et s'essayaient aux contours.

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- C'est...

-

Quatre secoua la tête pour se sortir du sortilège mais c'était difficile.

Il était plongé dans un océan de langueur.

S'il arrivait à connecter ses deux neurones chamallows, il essaierait d'arrêter la main doucement baladeuse : ce faisant il se rapprochait encore plus du corps de son

partenaire.

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- C'est... doux...

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Partenaire, oui. Parce que Quatre ne se rendait pas compte que leurs pas étaient accordés et qu'ils tournaient très très lentement sur eux-mêmes.

Quatre ne se rendait pas compte qu'il était en train de danser, vraiment, une main sur le poignet un peu trop malin du musicien, l'autre main à plat sur son épaule, pour essayer de le repousser.

-

- On dirait une... ?

-

Quatre aurait voulu qu'il ne devine pas, mais ses doigts, après quelques essais infructueux, suivaient à présent parfaitement le dessin, passant le tracé généreux et la

douce courbe pour remonter doucement à la verticale, sur une petite longueur.

Et redescendre ce qui s'apparentait à un manche.

De haut en bas.

Du bout des doigts.

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- Une guitare au creux des reins...

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A 16 ans Quatre avait voulu un tatouage, un petit quelque chose sur sa peau, mais il ne savait pas quoi.

Certains diraient que c'était peut-être en rapport avec le départ de sa mère, lui ne le pensait sincèrement pas.

Son père était contre : comme il était mineur il avait besoin d'une autorisation.

Autorisation que Quatre avait jeté à la poubelle.

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- ça me donne envie…

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Duo voulait un tatouage aussi. A eux deux ils étaient allés voir un copain qui connaissait un copain. C'était stupide, complètement stupide et dangereux. Ils avaient risqué gros,

risqué la maladie, ils avaient été cons. Mais ils l'avaient fait. Il ne regretterait jamais ce tatouage. Il regrettait d'avoir mis sa vie en jeu. Si c'était à refaire, il l'aurait fait dans d'autres conditions.

Duo avait eu une vision complètement surréaliste : il avait lu dans sa main qu'une guitare changerait sa vie.

Quatre, cartésien au possible mais décidé à rêver un peu, s'était fait tatouer une guitare électrique noire dans le bas de son dos, à droite.

Duo s'était fait tatouer…

Mais Spanish Guitar parlait à son oreille.

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- ça me donne envie de… jouer...

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Jouer...

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Quatre se mordit la lèvre alors que le musicien, sans merci, glissait sur le corps de la guitare pour se mettre à gratter tout tout doucement, réprimant un frisson.

Il ne se rendit même pas compte que sa main, sur l'épaule pour repousser, avait migré sur la nuque de Spanish Guitar.

La main qui essayait vainement de retenir le poignet glissa le long de son corps.

La voix de Trowa murmura avec un sourire.

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- Autant que ça ?

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Quatre répondit en mordillant doucement son épaule à travers sa chemise, en le serrant plus fort contre lui, sans se rendre compte de la portée de ses actions.

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- Je vois… je vais recommencer alors…

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Dont acte.

Quatre mordit plus fort.

-

- Je ne sais pas ce que je te fais mais je crois que tu me fais la même chose.

-

Quatre essaya de se rappeler pourquoi tout ceci était une très mauvaise idée.

Mais lorsqu'il se redressa, la tête lourde, ouvrant des yeux si sombres qu'à cet instant personne n'aurait pu se douter qu'ils étaient bleus…

Lorsqu'il entrouvrit les lèvres pour casser le moment, rire un peu, quelque chose, n'importe quoi…

Spanish Guitar, T, Trowa, quelle que soit son identité décida de répondre « non » à même sa bouche. Un non, je ne veux pas. Un non, tu ne veux pas. Un non, pas cette fois.

Non. Non. Non.

D'abord en emprisonnant sa lèvre inférieure.

Puis la supérieure.

Puis en se faufilant, entrouvrant un peu plus le passage, glissant la pointe de sa langue, retraçant avec une lenteur délibérée l'intérieur de sa bouche, goûtant par la même occasion le chocolat qui réussissait à envelopper la cigarette.

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- Non…

-

Puis il pénétra plus franchement, venant chercher sa langue pour réitérer son refus en un « non » humide, suçoté. Embrassé. Comme on gobait une glace.

Non était un mot très sensuel quand on le prononçait à deux.

La vibration du son, des soupirs, qui glissait d'une bouche à l'autre.

Les mouvements subtils de la langue.

Les dents qui laissaient leur délicate empreinte dans la chair tendre.

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- Non…

-

Et ce désir complètement insensé qui transforma ce baiser électricité statique… en baiser-foudre.

En baiser-chair de poule.

Un baiser qui voulait dire « je n'ai pas envie d'en discuter, j'ai juste envie de t'embrasser »

Un baiser volé, puis donné pour retourner, enflammer. Un baiser-danger.

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- Nn…

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N'y tenant plus, Trowa le plaqua complètement contre son corps, le décolla presque du sol, la pulpe des doigts sur son dos en sueur, le laissant sur la pointe des pieds.

Et il lui dévora copieusement, langoureusement la bouche, bougeant toujours l'un contre l'autre, cette fois lascivement.

Et Quatre adora chaque seconde son dévorement.

Et dévora à son tour goulument, alors que ses mains attrapaient le bandana noir sans même s'en rendre compte, alors que ses doigts glissaient dans une chevelure douce.

Alors que le musicien ronronnait plus fort contre sa bouche, griffant doucement le tatouage, comme il gratterait les cordes de sa guitare.

Alors qu'enlacé, enveloppé dans des bras aussi puissants que les siens, les pieds du blond finissaient par retoucher terre. Ils étaient bien les seuls.

Réflexion 0. Passion 100000000 %

Audition – 20000000, car aucun d'entre eux n'entendit les sifflements d'une Hilde absolument abasourdie mais heureuse.


Au même moment, salle du haut

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Chang était venu leur apporter un chocolat chaud et des gâteaux - madeleines, marbrés, brownies, cookies, muffins maison - et une bouteille de véritable Château Lafitte pour se faire pardonner de quelque chose, Duo n'avait pas bien compris quoi, il supposait que c'était l'attente. Et vu que la star n'était pas encore là…

On ne pouvait même pas dire qu'il pouvait se consoler en buvant un coup, vu qu'il n'allait pas tarder à partir.

M'enfin, il partagerait avec Quatre. Il avait beau bien aimer le pitbull à lunettes, il ne partagerait pas une bouteille de bon vin avec son tortionnaire, eut-il seulement fait son travail avec un peu trop de zèle.

Depuis le départ du beau Chang – parfaitement à son goût avec une parfaite alliance au doigt - le manager et lui devisaient gentiment. Et Duo avait récupéré sa main.

-

L'expression du Manager quand il regardait Duo n'était plus vraiment froide.

Le docteur regardait Heero d'un air qui n'était plus trop méfiant même si.

Oui "trop" il se trouvait que de parler à quelqu'un qui conservait des lunettes de soleil à l'intérieur, c'était toujours bizarre, à défaut d'être déstabilisant.

Le manager avait fini par expliquer la raison de la bouteille de vin.

Il avait été tenté de ne rien dire, mais il devait le faire, pour que l'image du T Club ne soit pas plus alternée qu'elle ne l'était déjà.

Heero Yuy pensait vraiment à la réputation du Club, le flirt c'était bien gentil mais ça ne payait pas son loyer.

Ou plutôt il y pensait aussi. C'était de plus en plus difficile de se concentrer sur le travail avec ce petit phénomène.

Mais il y arriverait.

Le dit phénomène écarquilla les yeux, partagé entre le rire dépité et l'indignation.

Il choisit de rire.

-

- Alors comme ça vous avez cru que j'avais volé le ticket à table ? Mais ça va pas la tête ? Elle se prend pour qui la star inconnue que je rencontrerais jamais et dont je me fous comme de mon premier slip sexy ?

-

Heero eut la décence de rougir un peu.

Avant d'éclater d'un rire aussi discret que bref. Il n'était plus à un rire près.

-

- Tu serais surpris de ce que peuvent faire les gens pour leurs fantasmes. Parce que Barton fait fantasmer, même si apparemment il ne te fait pas fantasmer toi.

- Barton ?

- T.

- Ah, ok.

-

Duo essayait vraiment de comprendre.

Et le manager ne lui facilitait pas la tâche en le tutoyant.

La pause Chang avait été salutaire, lui avait permis de reprendre un peu son souffle.

Il avait l'impression d'avoir couru.

-

- Donc Quatre a gagné et j'ai pris le mauvais ticket alors. C'est pour ça que la star veut pas me voir ? Parce que je ne suis pas le vrai gagnant ? D'un côté je comprends, de l'autre… qu'est-ce que vous êtes cons… vous pouviez pas demander ?

-

Heero hocha la tête et poursuivit, préférant ne pas répondre directement à la question.

Ou plutôt, préférant ne pas s'embarquer dans un futur débat qui allait lui retourner le cerveau.

Même s'il était intelligent et méthodique, il ne pouvait pas faire passer un rond pour un triangle. Il n'était ni illusionniste, ni commercial.

Cette situation était surréaliste et le débat aurait été gagné d'avance.

-

- Je ne sais pas pourquoi ton ami t'a fait ce coup. A bien y réfléchir... peut-être souhaitait-il que l'on se rencontre à nouveau.

-

Le docteur observa un peu le manager.

Ses cheveux bruns foncés, ses lunettes noires, son nez fin, sa bouche bien dessinée.

L'examen restait clinique mais il lui faisait de l'effet quand même.

Encore plus depuis qu'il l'avait vraiment fait rire.

Encore plus depuis qu'il lui avait dit tu, naturellement.

Depuis qu'il s'était fait eu.

Le docteur se fit catégorique.

-

- C'est impossible. Avant ce soir je ne vous avais jamais vu.

-

Le manager prit une madeleine dans la petite assiette qui était entre eux sur le canapé, la mangea et répondit.

-

- Non, tu m'es juste rentré dedans et ton ami s'est excusé à ta place. Tu ne risquais pas de me voir.

-

Duo avait beau essayer de fouiller sa mémoire – tout en mangeant des cookies -, il ne voyait pas, vraiment pas.

A moins qu'il ne lui ait pas laissé un souvenir impérissable.

-

- Je ne m'en rappelle pas du tout. Je suis désolé.

- Tu sortais du fumoir. Apparemment tu avais les yeux qui te brûlaient, ce qui expliquerait pourquoi tu n'avais pas tes carreaux.

- Mes carreaux vous emmerdent. Comment vous savez que c'était moi ?

-

Un signe de tête indulgent.

-

- Je suis aussi physionomiste, je te le rappelle.

-

Un Duo Maxwell pas du tout impressionné pour deux sous.

-

- Et ? Les yeux fermés comme pas possibles, le visage contorsionné de douleur et sans mes lunettes, j'y crois difficilement à votre physionomie.

- Je me rappelle du bleu sur mon épaule. Je me rappelle de ton ami qui s'excuse. Et je me rappelle de tes longs cheveux nattés. En fait, je ne me serais pas forcément rappelé du

« quand » si je n'avais pas passé du temps avec toi… malgré toi. Et malgré moi.

-

...

tu, tu tu...

tu rends les choses très difficiles… tu as très envie de revenir quelques minutes en arrière, M. le Manager.

Duo avait un peu de mal avec le tu, et pourtant il était nécessaire pour se rapprocher, en dehors du chocolat et de l'invitation.

Même si Duo n'était pas contre ce tu. Ce tu qui tuait ses scrupules.

Mais le tu, le soupçon de familiarité dans la bouche d'un homme stoïque avait tendance à le faire doucement perdre pied.

A le faire fondre un peu… plus.

Il ne pouvait pas dire qu'il était son genre, mais il avait un certain charisme. Il était bel homme. Il était intelligent. Il le découvrait adorable sous ses dehors glacés, la preuve il l'avait invité à dîner – même si ça ressemblait à un goûter.

Et vu la méprise, le docteur comprenait parfaitement que le manager essaie de faire profil bas à sa manière.

Duo Maxwell était un être de paradoxe et il se trouvait face à un homme tout aussi paradoxal. Complexe tout en étant simple, enfin, il avait l'air.

Même s'il n'était pas forcément son genre, Heero Yuy l'était un peu quelque part.

Parce qu'il avait la combinaison qui lui permettait d'avoir une place privilégié dans sa tête.

Ce n'était pas le seul à avoir eu cette combinaison. Mais c'était bien la première fois que ça arrivait si vite.

Et s'il était plutôt ouvert à tout, curieux de nature...

Mais il revint à Quatre, sa soupape ici.

Pour ne pas perdre pied trop tôt.

-

- C'est plausible mais franchement c'est pas le genre de Quatre.

- Il s'appelle Quatre ?

- Oui, il n'y est pour rien le pauvre. Il déteste ce genre de conneries, attirer l'attention, tout ça...

- C'est sûr que là il a plus attiré l'attention sur sa personne qu'il ne l'a jamais fait au Club. Personne ne savait qui il était avant ce soir.

-

Duo fronça un peu le nez en finissant un brownie.

Il s'attaqua à un carré de chocolat qui croquait doucement avant de le laisser fondre sur sa langue, laissant une petite trace sur sa lèvre supérieure, qu'il lécha rapidement.

Il émit un petit ronronnement appréciatif alors qu'il répondait, ne pouvant pas se douter que les pupilles de son vis-à-vis rétrécissaient derrière ses verres.

-

- Mais pourquoi il ne me l'a pas dit qu'il m'avait filé son ticket ?

- Parce que tu aurais refusé d'y aller ? En tous cas, je ne m'en plains plus.

-

Duo réfléchit un peu, perdu dans ses pensées.

-

- Il devait forcément y avoir une autre raison... c'est pas logique.

- Difficile de répondre à une question rhétorique.

- C'est clair. Mais…

- Tu devrais lire sa main, tu le saurais peut-être ?

-

Duo eut comme un instant de recul. Comme s'il s'était pris un ballon de baudruche dans la tête.

Un tout petit choc mais un choc quand même.

Il avait mal aux yeux, retira ses lunettes pour le soulager.

Heero Yuy le regarda avec un intérêt grandissant.

Le docteur Maxwell avait des yeux inhabituels, il le savait.

Mais c'était la première fois qu'il les voyait sans rempart.

C'était... intéressant. Limite fascinant. Et le bon docteur ne s'en rendait même pas compte.

-

- Non.

-

Les yeux de Duo se perdirent dans le vide un moment. Il avait un flash back.

La réflexion anodine et taquine de Heero l'avait ramené loin.

Duo se revoyait plus jeune, les cheveux bien plus courts avec un Quatre aux cheveux bien plus longs, la seule et unique fois où il avait accepté de regarder dans sa main lui qui refusait de regarder celles de ses plus proches amis.

Les nouvelles pouvant être difficiles à assimiler et à assumer.

La seule et unique fois où un Quatre désespéré par sa vie d'adolescent trop injuste - et qui ne voulait pas admettre que le départ de sa mère quelques mois plus tôt l'avait vraiment touché au tout tout début - avait décidé d'essayer de savoir.

-

- Non quoi, doc ?

-

Duo avait oublié ce qu'il avait lu dans la main de son meilleur ami jusqu'à aujourd'hui.

Il n'avait pas vu grand-chose au début. Puis il avait vu une forme.

Un instrument de musique. Une guitare.

C'était tellement présent, tellement fort. Il en avait déduit que quelque chose qui avait un rapport avec une guitare allait changer la vie de Quatre pour de bon.

Contribuer à son bonheur.

-

- Doc ?

-

Quatre ne connaissait personne avec une guitare, adorait le son de cet instrument mais savait pertinemment qu'il ne saurait jamais en jouer, n'ayant aucun talent artistique. Le sage Quatre, l'aîné, le plus responsable décida d'ajouter un grain de folie à sa vie et décida de se faire tatouer son futur bonheur à même la peau.

Puisqu'il n'aurait strictement ni raison, ni occasion de toucher une guitare de près.

Puis, Quatre en avait déduit que le tatoueur tomberait amoureux de lui et qu'ils feraient ensemble le tour du monde en Harley.

Le vieux barbu était si moche que Quatre en aurait pleuré.

-

- Maxwell ?

-

Duo, qui voulait lui aussi se faire tatouer quelque chose vu que c'était sii cool, décida de se faire dessiner la Mort. Ou plutôt la Faucheuse. Une carte synonyme de neuf, de renaissance.

Une carte qui faisait peur et pourtant l'interprétation dépendait du caractère et des événements.

Il s'était fait dessiner la carte préférée de sa grand-mère en son souvenir ; il l'avait perdue quelques temps plus tôt.

Duo avait perdu ses parents très jeunes dans un accident de voiture. Il était trop petit pour se rappeler d'eux. La sœur de sa mère et son mari avaient eu sa garde. Ils étaient généreux mais excessivement strictes, refusant tout ce qu'ils considéraient comme une fantaisie. Refusant les prédictions de la grand-mère et tout ce qui avait un rapport avec l'extrasensoriel, le charlatanisme.

-

Duo s'évadait dans ses rêves, dans ses escapades avec Quatre et chez sa grand-mère paternelle, fantasque à souhait, excentrique au possible, que tout le monde prenait pour folle mais qui était extrêmement lucide. Extralucide, même.

Elle savait qu'elle avait transmis son don à son petit-fils, aussi sûrement qu'elle lui avait transmis son regard indigo.

Hélène était un saint thomas à sa manière : elle ne croyait que ce qu'elle voyait, que ce qu'elle avait vécu.

Hélène ne crut pas aux lignes de la main jusqu'à ce qu'elle vit son petit-fils en action, regardant la paume de sa maîtresse d'école préférée. Elle était en train de lui donner des bonbons quand le petit Duo lui dit qu'elle devait en garder un peu pour le bébé qu'elle avait dans son ventre. Elle ne se savait pas enceinte.

Duo ne crut pas aux cartes jusqu'à ce qu'elles annoncèrent qu'il aurait un ami – son premier ami - Quatre, lui qui jusque-là faisait un peu peur à ses camarades à cause de sa grand-mère et de ses yeux bizarres.

Les cartes avaient sorti la faucheuse pour la mère de Quatre, venue consulter par hasard, en venant récupérer son fils. Renouveau. Renaissance. Départ.

-

Duo croyait peu aux cartes comme sa grand-mère croyait peu aux lignes de la main. Et pourtant.

Hélène lui avait donné de l'amour, de la fantaisie et lui avait permis de ne pas avoir peur de son don tout en ne comptant jamais sur lui. Elle lui avait appris qu'il était comme les autres lui qui s'était si souvent senti à part, à cause des chemins qu'il voyait parfois dans les mains.

Il avait tatoué sa faucheuse sur son omoplate droite. Un être drapé de noir avec une faux à la longue lame dans la main.

Il avait tatoué la mort sur son omoplate. Un signe de changement, de renouvellement, d'évolution.

-

- Hey…

-

La tête était recouverte d'une cape et le visage invisible, sans tête de mort.

Les mains étaient refermées, de sorte à ce qu'on ne voit pas vraiment qu'elles étaient squelettiques.

Son tatouage recouvrait une petite partie de son omoplate. Il était magnifique et réussissait à ne pas être morbide, malgré le thème.

Cela tenait au talent de l'artiste même si les conditions… il s'en serait passé.

Heureusement que le « grand gagnant » avait fait son tatouage tôt, il n'aurait pas été sûr d'avoir toute latitude pour pratiquer.

-

Il n'avait jamais oublié son tatouage, ses racines, n'avait jamais pris ses visions pour argent comptant, même si elles se vérifiaient souvent.

Mais s'il n'avait jamais oublié ces événements, il n'y avait jamais vraiment prêté d'importance.

Quatre était apparemment en entretien avec un guitariste.

Une conversation sur la cartomancie l'avait poussé à connaître un peu mieux un manager très particulier.

C'était étrange. Il lui plaisait de plus en plus au fur et à mesure que les minutes passaient, ce qui était… problématique dans le cas présent.

Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais, laissez-vous aller, vivez un peu…

-

- Hm ? Non, je ne lirais pas sa main. Elle serait capable de se taire. Et puis la bouche s'exprime plus clairement parfois.

- Hmm à retenir.

-

Tu parles.

Pas en ayant lu sa main.

Pas en ayant lu une main qui tombait amoureuse progressivement.

Et dans cette main il ne s'était pas vu.

A côté de ça il ne se voyait jamais, il n'arrivait pas à avoir d'image pour lui.

Et il en était très heureux, d'ailleurs, ça aurait été impossible à vivre, aurait ôté toute spontanéité.

Sortir avec un homme pris ce n'était pas super mais pourquoi pas.

Sortir avec un homme qui allait très bientôt avoir le cœur pris… c'était suicidaire. C'était autre chose.

Duo secoua la tête, souhaitant revenir dans le concret.

Parce que l'abstrait, le surréalisme ou autre ne lui faisaient pas peur tant qu'il le maîtrisait ne serait-ce qu'un peu.

Et là il ne comprenait plus rien, pas plus que ses propres réactions.

Pas plus que les réactions de Quatre.

Il avait juste besoin d'une bonne nuit de sommeil... il poserait les choses tranquillement et continuerait à prendre les choses avec le sourire, sans prise de tête.

Voilà.

-

- Enfin, y a pas mort d'hommes, c'était plutôt drôle et je m'en sors avec une bouteille de bon vin.

- Merci pour moi.

-

Petit sourire narquois derrière des verres fumés versus sourire taquin, naturel.

C'était drôle cette sensation de connaître quelqu'un que l'on n'avait jamais vraiment côtoyé.

Quand on s'entendait bien avec les gens, cette impression pouvait vite arriver.

-

- Et la compagnie se révèle être bien plus agréable qu'au départ, je l'admets. Enfin, je demanderai à Quatre ce qui ne va pas tout à l'heure.

-

Duo finit son chocolat avant de regarder sa montre et de presque faire un bond.

-

- Oula. En fait je vais lui demander tout de suite. Il se faire tard et je commence assez tôt dem...

- J'habite à deux pas d'ici.

- ...

-

Haussement de sourcil aux yeux violets versus haussement d'épaules carrées et air pseudo innocent.

Ah. Le « goûter » n'était pas un « dîner ». Dommage.

-

- Au cas où.

- Vous ne tournez pas autour du pot, vous.

- Est-ce mal d'être clair après tout ce flou ? J'aime les choses carrées à défaut d'être simples.

- C'est brut de décoffrage. A côté de ça on est des gars.

- J'aimerais que tu restes plus longtemps. Si chez moi c'est plus près, je propose.

- Ouais. Ouais.

- A la base, c'était pour dormir. Mais si tu n'as pas sommeil... je veux bien jouer au docteur, moi.

-

Un sourire.

Tu... tu… tu... encore

Tout ça pour un petit coup dans les chaussettes ?

-

- C'est tentant. Mais je dois me lever tôt demain. Et si je vais chez v...

- Duo.

-

Un ton ferme et doux.

Une main qui éloigne l'assiette pour la poser par terre, juste au pied de l'accoudoir du canapé.

Une autre main qui se pose sur le genou de Duo, pour la première fois.

Une seule signification.

Dis-moi tu.

Et une autre : sois franc, on est adultes. Je ne suis pas voyant mais je te vois, Duo.

Je vois qu'il y a un truc. Et je ne veux pas le lâcher.

-

- toi... je sais que je ne te laisserai pas dormir. Et ce ne serait paas bien.

-

Un sourire qui réussissait à être aussi doux que carnassier devant un peu de franchise.

-

- Raison de plus pour venir, doc.

- Merci mais honnêtement j'ai pas envie d'opérer une jambe saine.

- Hm. Plausible. Si c'est une fracture, je peux t'aider à la réduire. Je l'ai déjà fait tout seul.

- Je vais quand même avoir pitié du gosse que j'opère même s'il a un caractère de merde.

-

Sourire bis.

Une main sur le genou qui remontait lentement, naturellement vers la cuisse, pour avoir une meilleure position.

Une main qui réussissait à ne pas être intrusive.

Une voix qui réussissait à demander sans être demandeuse.

Un savoureux mélange de détermination et de retenue.

-

- Tu reviens quand ?

-

Un petit instant de réflexion, puis.

-

- Ca va être tendu, Heero, je bosse beaucoup et mes jours de repos...

- Ok. Alors je viens quand ? Je t'ai proposé de déjeuner, ça peut se faire dans ton secteur.

-

Heero avait senti le 'on s'appelle' et l'avait donc désamorcé.

Parce qu'un docteur et son emploi du temps surchargé... il voyait déjà les messageries, les rappelle-moi plus tard et autres sms dans le vent.

Ça allait être tendu, oui… et ça n'allait pas être possible, surtout.

-

- Mais vous m'avez offert le chocolat et les gâteaux…

- J'ai parlé d'une invitation à dîner, pas d'un goûter.

-

Le docteur sourit, les esprits complètement fêlés pouvaient se rencontrer.

Le manager allait la garder sa petite étoile urbaine et surbookée, cette écharde lumineuse.

Elle ne lui filerait pas entre les doigts.

-

- Je vais être crevé. Faudrait ptet attendre que ça...

- Si tu es trop crevé Je ramènerais à déjeuner...

- ...

- ou à dîner.

-

Duo ne put que secouer la tête.

-

- Pushy thing. Tu ne perds pas le nord...

- Tu exerces l'un des métiers les plus terre à terre du monde et tu me dis ça ?

-

Ce serait le comble pour une étoile, non, de perdre le nord ?

Et quel était le comble d'un manager ?

-

- Tu es en train de tomber amoureux, Heero.

- Je ne crois pas à la divination et n'y croirais probablement jamais. Par contre je crois aux hasards qui font bien les choses.

- Je ne parlais pas de moi.

-

Heero savait bien qu'il ne parlait pas de lui.

Heero savait comment le prendre à contre-pied.

Il saurait bientôt comment le prendre.

-

- Alors parle-moi de toi. Si j'écoute ton emploi du temps et le mien on se connaîtra par sms. Ou on fera du phone-sex ou de la webcam. Ça ne m'intéresse ni ne m'excite plus que ça. Je suis plutôt "The Real Thing", comme on dirait chez toi.

- Oh... Hm hm hm hm hm hm hm... hm hm hm hm hm hm hm hm... hm hm hm... hm hm hm....

-

You to me are everything

the sweetest song that i could sing

Oh baby... oh baby...

To you I guess I'm just a clown

Who picks you up each time you're down

Oh baby oh baby...

-

Duo s'était pris à fredonner cette chanson du groupe, The Real Thing, le manager lui faisant penser à une chanson qu'il aimait beaucoup.

Une chanson que lui fredonnait sa grand-mère quand il était petit.

Oh certes, le mana - Heero lui disait qu'il aimait les choses vraies, concrètes.

Oh certes, le mana Heero devait rester terre à terre, solide dans ce corps de métier.

Surtout avec le type de rencontre qu'il faisait.

Heero, celui qui devait être le plus froid et lucide était en train d'avoir un petit grain de folie.

Un petit grain de folie planifié, structuré.

Un toubib avec lequel un type du showbizz - ou aspirant showbizz - voulait fricoter.

Duo secoua la tête alors qu'il était gentiment amené contre un corps ma foi bien sympathique.

Il ne pouvait pas lui dire qu'il ne voulait pas sortir avec lui parce qu'il ne se voyait pas dans sa main.

-

- Alors, c'est oui ?

- Ca va être dur.

- Tu as fait médecine, tu as vu pire. J'ai éjecté des fans en furie, j'ai donc vu pire.

- Mon dernier copain trouvait que je ne lui accordais pas assez de temps.

- C'est parce qu'il t'a laissé lui accorder quelque chose. Moi je préfère qu'on s'accorde.

- Tu as…

-

Non, non, non.

Heero n'allait pas se faire semer.

Il avait mis son GPS.

Heero releva ses lunettes noires sur sa tête, laissant pour la première fois son visage entièrement nu.

Et Duo se retrouva à ne plus pouvoir l'observer cliniquement, comme il l'avait à peu près fait jusqu'alors.

Heero avait mis son GPS et il était déterminé à arriver à destination.

-

- Tu as dix secondes pour me donner une date, Durriken.

- Dix secondes avant quoi ?

- Avant ça.

-

Des lèvres attrapées par surprise.

Happées.

Lèvres qui se retirèrent avant qu'on ne les repousse.

-

- Euh...

- Quand, Duo ?

- On se connaît à peine.

- Je te l'ai dit, parle-moi de toi ?

- Tu te crois dans un entretien d'embauche ou quoi ? Je cherche pas un…

-

Tut tut tut

Il n'allait pas le semer avec l'humour.

Des lèvres happées de nouveau, la bouche s'exprimait mieux que les mains, non.

La pointe de la langue de Heero retraçait lentement l'extérieur des lèvres du docteur.

-

- Hm… Duo ?

- Hm ?

- Quand… ?

- J'ai… j'ai pas mon palm...

-

Un baiser.

Une lèvre inférieure attrapée, suçotée.

Apparemment il ne fallait pas lui laisser trop de choix, à ce docteur.

Une main placée sur un torse, pour repousser, essayer.

-

- Demain.

- Je ne...

-

Un autre baiser.

-

- Ça ne te fait pas peur…

- Quoi, que tu penses ou saches lire dans les mains ? Moi j'ai une solution toute trouvée. Je n'ai qu'à mettre mes mains… à un endroit où tu ne les verras pas. Ça ne t'empêchera pas de les sentir.

-

Des mains qui se faufilaient juste sous son long t-shirt.

Un frisson et un rire incrédule.

Et une fois que ses lèvres eurent été relâchées, qu'une bouche sensuelle se faufilait gentiment dans son cou, il ne put que murmurer sa réponse.

-

- Ok. Demain.

- Ryoukai.

-

Duo ferma les yeux et fondit dans ses bras, le laissant l'allonger sur le canapé et recouvrir son corps.

Les 3 S.

Un long soupir…

… avant de s'étourdir de désir…

… et succomber aux baisers-chocolatés.

-

-

So now you got the best of me...

Come on and take the rest of me...

oh baby...

The Real Thing, you to me are everything


Même moment, salle du bas, sur The Real Thing, you to me are everything

-

Un Quatre qui essayait de reprendre un tout petit peu pied quand même.

-

- Il faut que je rentre.

- Hmm... je sais. Si raisonnable. Si responsable Quatre.

-

Quatre ne se sentait pas raisonnable du tout à cet instant.

-

- Duo...

- Duo m'emmerde.

-

Ou plutôt Duo mmmm mmmmm... ce qui adoucissait quelque peu les propos. Une dernière protestation entravée par des lèvres avant que leurs bouches et leurs corps ne se

décollent pour de bon. Spanish Guitar était fini et ils avaient enchaîné sur « Breathe Again », Toni Braxton était un vivier de sensualité rythmée.

Mais toutes les bonnes choses avaient une fin.

-

- Allons-y.

-

Le trajet se fit dans le silence. Raisonnable et Responsable Quatre se sentait rougir, bouillir, exploser sous le regard des rares qui avaient vraiment fait attention.

-

Quand l'auditoire reconnu le musicien - qui ne portait plus son bandana - il lui fut de plus en plus difficile de se déplacer.

Le blond eut l'idée saugrenue de le semer.

Mais d'une, le semer... pour se perdre lui-même ?

De deux, il avait du percevoir son hésitation puisque l'emprise sur son poignet s'était faite un peu plus forte.

Tout en restant douce. Si douce qu'il ne s'était même pas aperçu que son poignet était capturé.

Puis Wu Fei était arrivé avec sa beauté, son autorité naturelle et surtout ses sourcils froncés, et la foule s'était séparée, telle la mer rouge devant Moïse.

Il ne faisait pas bon énerver le Boss.

Ils fendirent la foule.

-

Ils finirent par arriver à l'étage et prendre un petit couloir.

Au fond il y avait une porte noire et bleue, légèrement entrouverte.

Spanish Guitar lâcha le poignet de Quatre pour se rapprocher. On distinguait deux voix, dont une qui était particulièrement sexy. Et qui n'était pas la voix de Duo.

Quatre allait sérieusement commencer à perdre patience - mais qu'est-ce qu'ils foutaient là à écouter aux portes, il en avait un peu rien à foutre de tout ça...

Quand il entendit une autre voix. Une voix alanguie.

Une voix qui ressemblait beaucoup à la voix de Duo.

-

Quatre se rapprocha de Trowa... et vit que Duo... était en train de faire connaissance avec Bodyguard.

Et qu'ils avaient l'air de bien s'entendre même s'ils ne s'écoutaient pas vraiment, trop occupés à utiliser leurs lèvres.

Et ce n'était pas pour parler - quoique.

Les mots étaient entrecoupés de bouche à bouche mouillés, de murmures, de gémissements et accessoirement de ce qui ressemblait fortement à une succession de chiffres ?

-

- O-six hmmm two-one-eight...six... stop it, i can't think...

- 06 21 86... allez, encore quatre.

- quatre... quatre... QUATRE ?????

-

Duo se redressa en sursaut, éjectant Heero par la même occasion.

Duo venait d'apercevoir Quatre dans l'entrebâillement de la porte.

La porte s'ouvrit un peu plus, révélant un musicien avec un magnifique sourire en coin, la main posée sur le mur à quelques centimètres d'une tête blonde.

Heero se redressa, sans perdre de sa superbe, remettant ses lunettes noires sur son nez.

Un Duo échevelé mais ayant conservé le catogan qui fixait sa natte, se redressa un peu moins dignement, mais gagna de la dignité de seconde en seconde en voyant la main du musicien un peu trop près de Quatre, son corps un peu trop dans son espace personnel.

En voyant les joues de son blond ami un peu trop rouges.

Duo se leva du canapé et se dirigea vers Quatre qui rougit de plus belle.

Le musicien dit, de sa voix onctueuse comme du bon chocolat.

-

- Je vois que mon manager et toi avez fait plus ample connaissance.

-

Duo ne lui adressa pas un regard, concentré qu'il était sur un Quatre qui piquait un fard.

Ce qui n'était pas arrivé depuis... depuis l'adolescence.

Le manager, nullement impressionné, répondit à sa star.

-

- Je vois que le vainqueur officiel n'est pas le seul à avoir un « ticket gagnant ». Un ticket, tout court avec quelqu'un.

-

Manager et star se sourirent.

Duo additionna 2 et 2. Il réfléchit aux 5 derniers mois et observa un Quatre qui intérieurement regardait ses orteils mais extérieurement soutenait son regard, le mettant au défi d'émettre le moindre commentaire.

Duo garda le silence, se contentant de lui mettre une tape derrière la tête.

Ils rirent tous les deux de leur bêtise, de s'être comportés comme des adolescents. Mine de rien ça faisait un bien fou.

Ils étaient persuadés que tout serait sous contrôle.

-

Lorsqu'ils arrivèrent au parking, Trowa et Quatre étaient toujours aussi silencieux.

Duo et Heero l'étaient aussi, sauf qu'au moment où ce dernier aperçut la moto de son petit ami.

-

- Tu vas pas rentrer à moto avec le temps qu'il fait ?

- Euh, si, pourquoi ?

- Il fait un temps de merde.

- Oh j'ai l'habitude.

- On s'est pas compris, là.

-

Heero le plaqua contre la voiture.

-

- Il flotte à mort. C'est suffisamment suicidaire de te laisser partir maintenant pour qu'en plus ça se fasse sous la pluie.

-

Duo leva les yeux au ciel, se mordillant la lèvre, ne se rendant pas compte à quel point il tentait le diable en étant si sexy.

-

- Le parking…

- Est surveillé.

-

Et le manager entreprit de l'embrasser encore et encore et encore.

Et encore.

-

- Euh... Quatre ? Je peux dormir avec toi cette nuit.

-

Regard assombri derrière les lunettes.

-

- Je crois pas, non.

- Mais non, imbécile. Quat', je peux dormir chez toi ?

-

« Quatre » aurait bien voulu répondre mais Trowa, qui en avait un peu marre du silence et du statu quo, venait de subtiliser son palm, insérant son numéro et s'envoyant un sms pour recevoir le numéro de son petit ami réfractaire.

Quatre essaya d'attraper son palm mais c'était peine perdue.

Il fallait embrasser Trowa pour le récupérer. Et même en l'embrassant... il ne pouvait pas le récupérer, simplement parce qu'il n'était pas en état.

-

- Trowa, il faut que j'y aille. Je n'ai plus le temps…

- Plus le temps, plus le temps... de temps en temps il faut prendre le temps de vivre, Quatre.

- Pardon ?

- Je dis... que de temps en temps... il faut prendre le temps de vivre, d'être heureux. Sans se prendre la tête.

- Attends…

- Non.

- ?

-

Entre un, deux, mille baisers contre une portière, les lèvres d'un docteur entre les dents d'un manager, la langue chocolatée suçotée lascivement, les doigts glacés par le parking réchauffés à même une peau qui se perlait doucement.

Des mouvements, des vêtements qui se frottaient, protégeant à peine les corps du feu qui les traversaient.

Si Duo continuait à être aussi... chaud... Heero allait faire une grosse bêtise et ce n'était pas sa voiture.

-

- Je dois y aller...

- Je sais, doc. Je t'appelle.

- Ok... Guitar Heero.

-

Guitar Heero consentit à lâcher Duo uniquement lorsqu'il eut l'intégralité du numéro de téléphone et un souvenir de la nuit : le catogan.

Duo rentra dans la voiture avec une paire de lunette de soleil sur le nez, lui donnant vraiment l'air d'être une star.

Mais bon, une star en 107 c'était pas crédible.

-

Quatre monta dans la voiture avec des suçons et un bandana noir sur la tête.

Il ne fut lâché qu'après avoir donné sa parole qu'il ne ferait pas franchir de haies improbables à Trowa…

-

- Je te vois d'ici. Si je te laisse faire tu vas me faire courir un 10000 mètres steeple version hardcore. A chaque tour de stade que je ferai tu élèveras la haie, d'ailleurs tu le fais déjà. Jusqu'à ce que je ne puisse plus la franchir et que je passe à une autre course.

- …

- Alors ça va être très clair. Je refuse de tourner en rond. Je ne franchiras pas d'obstacles dans le vent. On va courir en équipe.

- Et pourquoi pas faire la course en sac. Tu as besoin de dormir, Trowa.

- Ne. Me. Tente. Pas.


Quatre avait failli ne pas rentrer chez lui. Même à l'abri dans sa voiture il ressentait encore.

Il était reparti avec des souvenirs, avec son odeur, sa voix… son corps… ses mots…

Il était parti en se persuadant qu'il pourrait contrôler encore un petit peu, sachant pertinemment qu'il lui faudrait du courage pour arrêter la machine.

Espérant presque que T l'oublierait. Le blond savait qu'il ne pourrait pas être courageux cette fois-ci, pas dans ces conditions.

Duo avait passé le trajet à regarder sa main, sachant pourtant pertinemment qu'elle ne lui répondrait pas.

-

Le lendemain – enfin quelques heures plus tard -, Quatre était parti travailler complètement épuisé, mais il avait été efficace, professionnel.

Tout était sous contrôle. Rien n'avait changé.Et pourtant si, quand même.

Immergé dans son travail, loin du T Club et fidèle à lui-même, il avait essayé de prendre son temps, de reculer pour… reculer. Enfin, prendre du recul. Mais Spanish Guitar n'acceptait pas la 5ème marche arrière.

Et le petit cœur de Quatre ne prenait pas son temps, lui, surtout quand un portable sonnait et que la musique de « smooth » se diffusait.

La première musique, la première interprétation, la première fois.

C'était compliqué, ça chamboulait son existence. Mais c'était une bien jolie complication.

Il avait voulu éviter les surprises et il ne faisait que foncer dedans. Il continuerait à bosser comme quatre, certaines choses ne changeraient jamais.

Il continuerait à voir Trowa parce qu'il l'avait changé. Il avait changé sa vie.

Quand celui-ci apprit son nom de famille – Winner – il eut un fou rire sur scène de 15 minutes.

-

Duo avait un emploi du temps terrible à décourager les plus courageux mais voir un manager débarquer à sa pause déjeuner quand il avait le temps, avec des gâteaux faits maison et surtout sans lunettes ne lui faisaient pas oublier les heures, oh non, au contraire ça les allongeait.

Mais ça le rendait heureux et surtout ça faisait jaser les filles et garçons du service qui trouvaient son manager à leur goût. Le docteur Maxwell n'avait même pas besoin de dire qu'il était pris : la façon possessive dont le Bodyguard le regardait parfois était bien plus éloquente.

Le comble du manager ? Ne pas vouloir partager sa star.

Qu'importait si Duo ne se voyait pas dans sa main quand il se voyait un peu dans ses yeux.

-

Quatre et Duo alternaient à présent, quand ils le pouvaient, le T Club et le squash.

Ils feraient ce qu'ils pourraient pour ne plus se perdre de vue, se perdre tout court.

Même si parfois, emprunter une autre route, comme Quatre l'avait fait des mois plus tôt, pouvaient le conduire à quelque chose qu'il n'aurait jamais soupçonné.

A smoky room, a small café...Toni Braxton, Spanish Guitar.

Il faut changer de trajectoire de temps en temps, pour retrouver son chemin.

I'm too lost in you... Sugababes...

-

-

OWARI


Happy bday to me avec un peu de retard !

J'espère que ça vous aura plu les gens, surtout à toi ma Lunanamoi ! Merci d'être toi, merci pour tout, ce séjour a été un joli cadeau d'anniv'. C'est fini !

Mithy Mini Globetrotter ¤ rentrée de Suisse mardi, objectif Moselle fin décembre :p ¤