Titre : Chasse Gardée !

Source : Gundam Wing AC.

Auteur(e) : Lysanea

Genre : yaoi, romance, UA.

Disclamer : aucun des personnages ne m'appartient pas sauf mention contraire

Pairing : 1x2, 6x2 (ne hurlez pas c'est temporaire) 3x4

Personnages : Heero Yuy, Duo Maxwell, Trowa Barton, Quatre Raberba Winner, Rashid Kurama, Milliardo Peacecraft

Résumé : Le Cirque Mobile Suits revient après six mois d'itinérance. Ce qui signifie également le retour d'Heero et les retrouvailles avec un Duo qui n'a pas vraiment apprécié la manière dont il est parti. Une confrontation sur un terrain de chasse miné, une nouvelle chance à la clé...

Notes : Bonjour à tous. Il y a six mois, je publiais l'épilogue de Cible verrouillée dans lequel Heero disait justement "à dans six mois". Nous y sommes donc ! J'ai mis le temps, je sais, mais la voilà enfin, cette séquelle ! Je ne sais pas si elle est aussi attendue qu'elle l'était à la fin de la fic, alors qu'à l'époque, je n'avais pas l'intention d'en faire une séquelle, mais l'inspi est finalement venue, certes au compte-goutte, et j'espère qu'elle vous plaira !

Je pense qu'il vaut mieux avoir lu Cible verrouillée avant.

Pour le pairing, ne stressez pas, allez jusqu'au bout de ce chapitre et vous aurez toutes les explications... ou presque !

Enfin, il y a aussi beaucoup de personnes à qui je n'ai pas encore répondu, que ce soit pour les reviews ou les messages, je m'en excuse mais promis, ce sera fait tout bientôt ! Ca ne m'empêche pas de penser à vous...
Sur ce...

Bonne lecture à tous !


Trame (prévisionnelle) :

Chapitre Un: Une nouvelle saison
Chapitre Deux : Le retour du Chasseur
Chapitre Trois : Qui va à la chasse...
Chapitre Quatre : ... perd sa place ?
Chapitre Cinq : Chasse gardée.

...


Chapitre Un : une nouvelle saison

-

-

Palais résidentiel des Raberba Winner
Décembre 203

-

- Tout le monde a bien repris son poste ?

- Oui, chef ! Ne reste plus que moi, j'y vais de ce pas !

- Je t'accompagne.

- Je ne crois pas, chef !

- Et pourquoi non ? gronde Rashid Kurama, Chef de la sécurité de Quatre Raberba Winner, en jetant un regard soupçonneux sur l'un des gardes sous ses ordres. C'est un point de départ comme un autre, pour commencer mon passage en revue de mon effectif. Aurais-tu quelque chose à me dissimuler ?

Auda, habitué à son patron depuis de si nombreuses années qu'elles ne se comptent plus, se contente de lui sourire.

- Absolument pas, chef ! Mais notre jeune ami Duo vient vers nous, alors je suppose que vous allez rester un peu avec lui. Quant à moi, je dois rejoindre mon poste au plus vite !

- Alors que fais-tu encore là ? tempête Rashid pour la forme.

Le garde ne se fait pas prier et après un bref salut de la tête vers Duo, et un plus officiel vers son patron, il regagne le palais.

Rashid se tourne alors vers Duo, qui l'a rejoint entre-temps, le visage illuminé par un grand sourire qui fait chaud au coeur du grand homme.

- Bonjour, Rashid !

- Bonjour, Monsieur Duo. Vous me semblez d'excellente humeur, ce matin.

- Je le suis !

- La raison serait-elle le retour du Cirque Mobile Suits dans notre ville... De toute évidence, je fais fausse route. Pardonnez-moi, Mr Duo.

L'éclatant sourire de Duo a subitement disparu, dès l'évocation du retour du Cirque.

- Ce n'est rien, Rashid, le rassure rapidement Duo, avec un nouveau sourire. Dites-moi, est-ce que Quatre est occupé ?

S'en voulant encore un peu de sa maladresse, Rashid respecte le voeu de Duo de ne pas s'attarder sur le sujet et n'insiste pas plus.

- Nous venons de rentrer du souk, Maître Quatre devrait être...

- Du souk ? le coupe Duo, ouvrant de grands yeux surpris. Vous avez été au souk ? Avec Quatre ?

- Oui, Mr Duo.

- Ca alors... C'est vraiment génial ! Quatre devait être aux anges !

- Il a tenté de vous joindre, il aurait vraiment aimé que vous soyez là.

- J'ai vu ses appels arès coup, c'est pour ça que je suis venu. Mais je n'étais pas tellement en mesure de répondre à qui que ce soit, ce matin, jusqu'à il y a au moins... une bonne heure ! explique-t-il en regardant sa montre. Je saurais me faire pardonner. Mais sincèrement, si j'avais su, je serais venu !

- La présence de Mr Trowa lui offre une plus grande liberté. Nul n'ignore plus qu'il est un ancien mercenaire, bien que Maître Quatre ne l'ai pas confirmé. Et nous vous le devons, également.

- Il m'a juste suffit, un soir, de raconter, à deux ou trois grands bavards, l'incroyable histoire du mercenaire blessé, laissé pour mort, trouvé par une jolie lanceuse de couteaux au bord de la route, recueilli par le cirque auquel elle appartenait, et qu'il a fini par rejoindre, une fois guéri de toutes ses blessures, excepté de son amnésie. Le lendemain, ça avait déjà fait le tour de la ville. Et je ne me lasse toujours pas de la raconter à qui veut l'entendre...

- Vous êtes un véritable conteur, Mr Duo. Ce ne sont pas les orphelins qui diraient le contraire.

- Heureusement pour nous, personne ne prend cette histoire pour une légende ou un simple conte, remarque Duo en mâchouillant le bout de sa natte. Évidemment, que Trowa aie déjoué deux tentatives d'assassinats, lors de leurs premières sorties, il y a quelques mois, y est pour beaucoup : la démonstration a fait force de loi.

- Certes. Ses méthodes sont quelques peu brusques, mais il protège mon Maître et le rend heureux, c'est tout ce qui doit compter.

- C'est vrai. Vous savez, je songeais souvent, avant l'arrivée de Trowa, que si je pouvais révéler quelques unes de mes activités ayant trait à la protection de Quatre, alors il m'aurait été possible de le faire sortir un peu de sa prison dorée, sans craindre pour sa vie. Mais Quatre ne devait rien savoir, je ne pouvais rien lui dire... Enfin, tout ça, c'est du passé. Avec Trowa, les choses ont réellement changé, et apparemment, ça continue.

Rashid jette un oeil en direction de l'aile sud, où se trouvent les appartements de Quatre, bien qu'ils soient invisibles depuis cette partie-là du palais.

- Maître Quatre est très heureux, c'est un fait. Pourtant, il s'inquiète toujours beaucoup pour vous, Mr Duo, ajoute-t-il en posant sa grande main sur l'épaule de Duo.

- Ca ne changera jamais ! Il s'inquiète toujours trop pour les autres, de toute façon.

- Vous nous avez tous inquiétés, jusqu'à il y a trois mois, Mr Duo.

- Oui, mais je vais mieux, depuis, sourit Duo en posant sa petite main sur la patte d'ours qui recouvre toujours son épaule. Et j'en profite pour vous remercier encore pour votre soutien.

- Nous avons fait notre possible, Mr Duo. Mais il faut dire que c'est votre rencontre avec le Prince de Sank qui a véritablement permis que vous vous en sortiez. Ce fut réellement une rencontre des plus bénéfiques, qu'Allah en soit remercié, éternellement.

Libéré de la tendre poigne du Chef de la sécurité, Duo fait quelques pas dans le jardin, sans trop s'éloigner, plongé dans ses pensées.

- La vie nous joue parfois de drôles de tours, vous ne pensez pas, Rashid ? reprend-il après un silence, en faisant de nouveau face à l'homme.

- Et ils ont toujours un sens, Mr Duo. Peu importe si vous ne pouvez encore connaître lequel. L'important, c'est que vous soyez heureux.

- Je le suis ! Et je compte bien le rester le plus longtemps possible, Rashid, faites-moi confiance.

- Je vous fais confiance.

- Merci.

Ils échangent un long regard entendu, dans lequel Duo lui témoigne toute sa reconnaissance.

- Je vais y aller, j'ai assez pris de votre temps, Rashid. Où est Quatre ? Ou plutôt, où sont-ils tous les deux ?

- C'est toujours un plaisir de vous voir et de parler avec vous, Mr Duo. Mais vous avez raison, je ne dois pas négliger mon travail pour autant. Vous trouverez Maître Quatre dans ses appartements, accompagné de Mr Trowa, effectivement, occupés à trier les objets achetés au souk.

- Ok ! Je vais l'appeler, dans ce cas, c'est plus sûr. Etant donné la joie et l'excitation de Quatre, il est fort possible qu'il soit en train de faire subir à Trowa les pires outrages...

- Mr Duo...

- Désolé, Rashid ! Je présente mes plus plates excuses à vos chastes oreilles qui ont pourtant dû entendre bien pire ! ajoute-t-il en s'éloignant sur un clin d'oeil.

Duo entend distinctement le soupir du colosse, ce qui le fait encore plus sourire, alors qu'il entre dans le palais en sortant son portable.

Il appelle Quatre tout en s'avançant vers ses appartements.

- Oui, mon Duo ?

- Hello, Little angel ! Je ne te dérange pas ?

- Pas du tout, je suis content de t'entendre ! J'ai essayé plusieurs fois de te joindre. Je suis en train de faire du tri, parce que ce matin, j'ai été... au souk ! Tu y crois ? Et tu sais...

- Angel, stop ! le coupe Duo en riant, même s'il s'attendait bien à ce que son meilleur ami soit dans un tel état. Je sais tout ça, je suis au palais, je viens juste de quitter Rashid et je suis pratiquement arrivé à tes appartements.

- Mais pourquoi appelles-tu ?

- Parce que dès que j'ai su où tu avais pu aller, ce matin, j'ai compris dans quel état d'excitation tu serais sûrement, maintenant. Je ne voulais pas vous déranger. En plus, généralement, quand Trowa et toi avez envie d'être un peu seuls, vous vous isolez dans tes appartements et tu coupes tous les téléphones. Donc, si tu n'avais pas décroché...

- Oui ?

- J'aurais fait demi-tour, termine Duo de vive voix, en arrivant devant les portes ouvertes des appartements de Quatre, où le jeune héritier l'attend.

Ils coupent leurs téléphones et se retrouvent rapidement dans les bras l'un de l'autre.

- T'es vraiment un amour, mon Duo. Entre, je suis tellement content de te voir !

- Moi aussi, même si on s'est vu pas plus tard qu'hier midi. Salut, Trowa.

- Duo.

Quatre regarde avec tristesse la poignée de main et le sourire poli qu'ils échangent ; il aurait tant aimé qu'ils reprennent leur relation comme avant cette fameuse nuit...
Une réelle amitié se nouait entre eux, avant que la vérité n'éclate, dévoilant l'identité de Trowa et ses réelles motivations.
Duo a fini par lui pardonner et Trowa s'est même largement racheté, en sauvant Quatre à de nombreuses reprises, ces derniers mois.
Mais les échanges entre Duo et Trowa, les deux personnes comptant le plus au monde, pour lui, restent désespéramment distants et courtois.
Ou à l'inverse, tendus et froids, lorsqu'ils en viennent à parler de certaines choses.
Notamment d'Heero.

Duo s'avance dans la pièce et siffle devant l'amas d'objets, un immense bric-à-brac envahissant le petit salon.

- Mais Quatre, tu as dévalisé le souk !

- C'est bientôt Noël, se défend-il en s'accrochant au bras de Duo. Je voulais des cadeaux les plus authentiques possible, cette année.

- C'est pour l'orphelinat ?

- Oui, nous ne le fêtons toujours pas ici, au Palais. Quoi qu'avec la présence du Cirque, je suis en train d'y réfléchir autrement. Mais rien n'est encore décidé. En tous les cas, cela ne change rien, pour l'orphelinat.

- C'est vraiment adorable, Quatre. Merci pour eux, murmure Duo, ému, en l'embrassant sur le front.

- Ca me fait plaisir. Assis-toi, lui propose-t-il en libérant son bras, je vais te servir un jus de fruits.

- Merci, je veux bien !

- Tu veux autre chose, tu as pris ton petit-déjeuner ?

- Oui, t'inquiète pas, angel, répond Duo en s'asseyant dans l'un des fauteuil qui n'est pas encombré. J'ai eu le droit à un délicieux et copieux petit-déjeuner au lit, à la Résidence.

Quatre lui tend son jus de fruits, avant de prendre place face à lui, rejoint par Trowa qui s'installe sur le bras du fauteuil.

Lorsque Duo souhaite voir Quatre seul, il ne s'assoit pas tant que Trowa n'est pas sorti.
C'est ainsi que, sans en venir aux mots, qui peuvent être dits ou interprétés et donc, blesser, ils se mettent d'accord sans risques.
Trowa ne proteste jamais et s'exécute, quel que soit le lieu et le moment ; la seule autre personne avec laquelle Quatre est parfaitement en sécurité, exception faite de Rashid, c'est bien Duo.
Et ce, depuis bien avant qu'il ne débarque dans leur vie.

- Tu étais chez Milliardo, alors, reprend Quatre.

- Ouais.

- Ca fait un moment que t'es pas rentré à l'orphelinat.

- J'y bosse, quand même !

- Tu sais très bien ce que je veux dire, Duo. Après le boulot, ce n'est plus chez toi que tu rentres. Est-ce que tu te serais... installé avec Milliardo ?

- Tu penses pas que je te l'aurais dit, si ça avait été le cas ?

- Je l'espère.

- Tu as beau toujours tout prendre de travers quand il s'agit de Milliardo, je te l'aurais quand même dit, réplique Duo enposant son verre sur la petite table basse.

- Je m'inquiète, c'est tout.

- Inutile, je vais bien ! J'étais un peu fatigué, mais j'ai pu prendre quelques jours de vacances, qui commencent aujourd'hui, d'ailleurs.

- Non, c'est vrai ? Il y a du progrès ! le taquine gentiment Quatre, en souriant.

Duo hausse les épaules.

- Mill' voulait qu'on passe plus de temps ensemble.

- C'est aussi ce que tu veux ? intervient Trowa pour la première fois.

Duo ne bouge pas d'un millimètre, seul son regard - glacial - glisse jusqu'à Trowa.

- A ton avis ?

- Je ne poserais pas la question si la réponse me paraissait si évidente.

- Et bien oui, Trowa, je le veux autant que lui. Je commençais à en avoir assez de devoir me sauver le matin pour aller bosser. Ça fait du bien de pouvoir traîner au lit, avec lui. C'est un plaisir de se faire servir le peti-déj' au lit, entre autres. Parce que oui, Milliardo est un homme très attentionné.

- Un véritable Prince charmant.

Le ton de Trowa n'a rien d'ironique, mais Duo ne s'y trompe pas.

- Exactement.

Celui de Duo n'a rien d'agressif, mais Trowa ne s'y trompe pas non plus.

Quatre pose sa main sur la cuisse de son amant, lui demandant, d'une pression, de ne pas insister.

- Et où est-il, en ce moment ? Il aurait pu t'accompagner, il a toujours été le bienvenu, ici.

- Il ne l'a pas oublié et moi non plus. Personne, en fait, ne peut oublier ça, parce que je ne l'aurais peut-être jamais rencontré, si vous n'étiez pas en aussi bons termes.

- Effectivement.

Quatre décide d'ignorer la provocation de Duo.
Car effectivement, c'est au cours d'une réception donnée ici, au Palais, que Quatre a présenté Milliardo, qui venait d'arriver de Sank pour passer quelques vacances ici, à Duo, alors enfoncé dans une profonde dépression.

Milliardo a été la seule personne à réussir à sortir Duo de sa léthargie, ce soir-là.
Il ne lui a guère fallu que quelques semaines supplémentaires pour faire de nouveau briller le regard de Duo.

Si Quatre a été ravi de retrouver son meilleur ami, qu'il sentait devenir de jour en plus inaccessible, il ne peut s'empêcher de craindre cette relation qu'il entretient avec Milliardo.
Pour lui, quelque chose ne va pas, et il ne cesse de mettre Duo en garde.

Ce qui l'agace prodigieusement.

Aussi, dès que Duo en a l'occasion, il lui rappelle que c'est en partie grâce à lui qu'il a rencontré le Prince de Sank, et l'en remercie comme si ça avait été la meilleure chose qui lui soit arrivé.
Ce dont Duo est persuadé, à l'inverse de Quatre, qui redoute les conséquences.
Pour lui, Duo se voile la face et fuit la réalité de sa vie et de ses sentiments, trop douloureux à assumer, depuis le départ d'Heero.

Et Quatre est terrifié à l'avance par le mal que ça fera à Duo, le jour où il réalisera son erreur...

- Il serait venu avec moi, ne serait-ce que pour te saluer, mais il a pas mal de choses à faire. Il doit régler quelques affaires, parce qu'il repart bientôt pour Sank.

- Quand ? demande Trowa.

Rien, en lui, ne trahit la joie immense qu'il doit pourtant ressentir, à cet instant.

- Dans dix jours.

- Dans six, ce serait mieux.

- Qu'est-ce que je dois comprendre, Trowa ?

- Le cirque revient dans six jours, Duo, explique Quatre à la place de son compagnon.

- Et tu penses que le retour de ton ancienne couverture est vraiment important, pour moi ?

- Ça l'est pour Heero, répond Trowa toujours aussi calmement, fixant Duo à travers sa mèche, qui ne cache rien de l'intensité de son regard.

- Tout tourne toujours autour de lui, hein ? réplique-t-il en se levant. Bah tu sais quoi, Trowa ? Cette fois, ça sera pas le cas !

- Ça fait trop longtemps que tu te voiles la face, Duo, intervient Quatre, en suivant du regard son ami qui marche à travers la pièce, sûrement pour se calmer. Milliardo te divertit, te fait oublier ta douleur, mais tu aimes Heero, et dans six jours, il sera enfin là !

Duo se fige et se tourne vers Quatre.

- Dammit ! ne peut-il s'empêcher de jurer. "Enfin là" ? "Enfin là" ? répète-t-il, s'étranglant presque. Mais bordel, tu crois vraiment que je l'attends ? Ah oui, quelque part, tu as bien raison de le penser ! Bien sûr que j'attends Heero, et tu sais pourquoi, angel ? Si je l'avais gardé, ça aurait été pour pouvoir enfin lui faire bouffer sa putain de lettre ! Mais comme je m'en suis servi pour torcher un gamin qui s'était fait foudroyé par sa gastro en plein milieu de la rue, je me contenterai parfaitement de lui foutre mon poing dans la gueule !

- Évidemment.

Duo lance un regard noir à Trowa, avant d'ancrer de nouveau ses yeux dans ceux, clairement tristes et réprobateurs, de son meilleur ami.

- Ta phrase est un véritable concentré de conneries, Quatre, reprend-il plus calmement. Je n'attends pas Heero, si ce n'est pour ce que je t'ai dit. Et autre connerie : je ne me voile pas la face. Je sais exactement quelle est la nature de ma relation avec Milliardo, et lui aussi. C'est vous qui refusez de la reconnaître et de lui donner toute sa valeur.

- Je ne veux pas que tu souffres...

- Mais tu me les gonfles, Quatre ! le coupe-t-il en tapant du poing contre le dossier du fauteuil, près de lui. Es-tu donc si aveuglé par ton amour pour Trowa que tu n'aies même pas remarqué que je vais beaucoup mieux, depuis que je suis avec Mill' ?

- Je l'ai remarqué, bien évidemment, mais c'est illusoire et éphémère, et c'est toi qui refuse de le voir. Cette relation est superficielle et risque de te détruire !

Duo soupire et se remet à marcher dans la pièce, toujours sous le regard inquiet de son meilleur ami.

- Je ne comprends pas comment tu peux dire ça, angel. Comment les sentiments qui nous lient, Milliardo et moi, peuvent-ils seulement échapper à ton empathie ?

- Je sens que vous êtes sincères, je sens que vous êtes très liés, mais... mais tu te trompes sur le sens de tout ça !

- Tu cherches dans nos liens un sentiment que tu ne trouveras jamais, Quatre. Tu nous sondes avec une idée bien précise et tu ne vois rien de ce qui existe vraiment.

- Alors dis-moi ce que je devrais voir et sentir, mon Duo ! réplique Quatre en se levant. Je ne demande qu'à être rassuré, tu le sais.

Duo s'immobilise devant la fenêtre et soupire de nouveau.

- Dans notre relation, à Milliardo et moi, il y a beaucoup de...

- ... sexe.

- ... tendresse. Tendresse, répète Duo en s'avançant vers Trowa, n'ayant visiblement pas apprécié son intervention. Je t'interdis de salir mon lien avec Milliardo avec tes pensées mesquines, Trowa Barton. Nous avons souvent passé de très longues nuits à simplement parler ou dormir dans les bras l'un de l'autre. Nous ne sommes pas aussi actifs que vous, désolé de ne pouvoir alimenter ton imagination débridée et tes théories fumeuses.

- Quatre et moi sommes un couple et nous sommes très amoureux l'un de l'autre. L'amour physique est le prolongement logique de l'amour qui lie nos coeurs et nos âmes.

- Amen !

- Ce que Trowa veut dire, Duo, c'est que c'est normal pour nous de faire l'amour aussi souvent, étant donné que nous sommes un couple normal.

- Ce que Milliardo et moi ne sommes donc pas, si je suis votre raisonnement ?

- Votre relation est dangereuse...

- N'importe quoi...

- Duo...

- Il m'a sauvé, Quatre, et a sauvé notre amitié ! le coupe-t-il se plantant devant lui, les poings sur les hanches. Aie au moins le respect de lui reconnaître ça, si le reste t'est trop difficile. J'étais trop profondément abattu par le départ d'Heero, sa p'tain de lettre, et toi, t'étais trop profondément heureux avec Trowa pour qu'on puisse partager quoi que ce soit. Et tu sais que ce n'est pas un reproche. Après tout ce que tu as vécu, c'était juste normal de réagir comme ça. Et bien sûr, moi, j'étais content pour toi, mais je ne parvenais pas à te le faire ressentir, je n'arrivais pas à te communiquer le moindre sentiment de joie et de soulagement de te voir enfin libre d'aimer et d'être aimé. De la même façon, tu étais près de moi pour m'aider, mais même si ta présence me faisait du bien, tu ne pouvais pas imaginer combien ma détresse était profonde. Je ne voulais pas t'entraîner avec moi dans mon puits de désespoir.

- Tu as pourtant si souvent plongé dans le mien pour m'en sortir...

- Mais toi, tu ne pouvais pas, Quatre, et ce n'était pas à toi de le faire, de toute façon. Et tu comprends que toi, si haut sur ton petit nuage et moi, si bas sous terre, il est arrivé un moment où nous nous sommes complètement perdus à tous les niveaux. Tu ne m'aurais jamais retrouvé, Quatre, je ne l'aurais pas permis, de toute façon.

- J'ai tout fait pour t'aider, murmure-t-il, la gorge nouée.

Duo se rapproche encore de lui et essuie les larmes qui se sont échappées de ses grands yeux tristes, en passant ses pouces sous chacun d'eux.

- Je sais, Little angel et encore une fois, je t'en remercie. Mais tu dois comprendre que j'étais hors de portée. Milliardo m'a donné la force de sortir du trou que je m'étais creusé seul, et de remonter pour reprendre le cours de ma vie. Tu as pu alors me retrouver et me soutenir. Me faire partager ton bonheur m'a beaucoup aidé, aussi. Être heureux pour toi n'était plus au-dessus de mes forces. Et ça, angel, c'est à Milliardo que tu le dois et à lui seul.

- Il te suffisait d'attendre le retour d'Heero pour retrouver le bonheur.

Duo laisse échapper un petit rire et s'éloigne d'eux, se demandant ce qu'il peut bien répondre à Trowa.

- Vous ne comprenez vraiment rien, soupire-t-il en s'asseyant sur le rebord de la fenêtre, les yeux perdus dans l'horizon du ciel.

- Pourtant, on essaie, Duo.

- Je vois ça...

Le silence s'installe alors, lourd, jusqu'à ce que Duo ne se tourne de nouveau vers eux.

- Milliardo m'a proposé de l'accompagner avec lui, à Sank.

Quatre sent une sueur froide lui couler le long du dos ; instinctivement, sa main trouve celle de Trowa, debout à ses côtés, qu'il serre à lui en broyer les os, sans que l'ancien mercenaire n'exprime la moindre douleur ou simple incommodité.
Au contraire, il lui communique tout son soutien en lui rendant sa pression, mais bien évidemment, seulement avec douceur et tendresse.

- Tu as refusé... n'est-ce pas ?

- Et pourquoi est-ce que je n'irais pas, Quatre ? répond Duo avec un ton doux qu'il n'a pas beaucoup employé, depuis qu'il est entré. Trowa est avec toi, je ne suis plus aussi indispensable, tu ne risques pas de dépérir. A l'orphelinat aussi, ils peuvent se passer de moi. J'ai envie de bouger, j'ai besoin de changement.

- Mais Duo... Sank est si loin...

- Un peu. Mais Sank correspond à mes attentes. C'est peut-être un royaume paumé au nord de l'Amérique, mais c'est quand même le plus proche endroit où je puisse aller qui me rapproche de mes origines. J'ai envie et besoin de retrouver mes racines, même si concrètement, je n'y trouverais rien. Tu peux comprendre, angel, non ?

- Bien sûr, mais j'ai l'impression que tu cherches à fuir... Tu l'as fait par ta relation avec Milliardo, et maintenant, tu passes à une autre étape. Le retour du Cirque t'oblige à affronter certaines choses, alors tu t'en vas...

- Ca n'a rien à voir. Je saisis juste une opportunité, vraiment. Tu sais que je ne te mentirai pas.

- D'accord, mais... tu vas revenir, n'est-ce pas ?

- Certainement. Je ne sais pas quand, c'est tout.

- N'accorderas-tu donc pas une seule chance à Heero ? intervient Trowa. Tout ce qu'il a fait et que tu as refusé de connaître, depuis son départ, ne lui donneras-tu donc pas l'occasion de te démontrer que c'était pour toi et pour vous ?

- Tu veux certainement parler de ce qu'il aurait fait et dont il t'a interdit de me donner le plus petit indice.

- Jusqu'à il y a six semaines, c'était le cas. Mais depuis, tu refuses de m'écouter.

- Je n'apprécie pas d'être traité comme ça. Je ne suis pas soumis à sa volonté, je n'ai pas à attendre son bon vouloir. Il n'a rien voulu que je sache, et bien soit, je ne veux rien savoir. Qu'il ait changé d'avis ou non, ça ne me concerne plus.

- Je ne te croyais pas homme à tourner le dos à une personne qui a tant fait pour toi. Que tu ignores de quoi est fait ce "tant" ne te permet pas d'être aussi indifférent au fait qu'il existe.

- Heero a écrit que j'étais la raison pour laquelle il voulait changer certaines choses. Ca ne veut pas dire que s'il a réussi à le faire, il l'a fait pour moi. C'est uniquement pour lui qu'il a agi.

- Il est parti pour pouvoir devenir digne de se représenter devant toi. C'est ce que tu voulais, Duo.

- Ce n'est pas ce que je lui ai demandé.

- Tu lui demandais sans cesse de changer, c'est pareil.

Duo se lève et vient se camper devant Trowa.

- Faux. Je lui demandais une seule chose, et s'il me l'avait accordé, nous ne serions pas là à avoir cette conversation inutile, Trowa.

- Éclaire-moi donc.

- Avec plaisir : j'ai juste demandé à Heero d'accepter les sentiments qui nous liaient, ce qu'il a fait à mots couverts, je le reconnais. Mais je voulais qu'il le fasse pour qu'on puisse ensuite avancer ensemble. Comme Wufei et Sally sont parvenus à le faire, ainsi que Quatre et toi. C'est ça qu'il m'a refusé. Il ne m'a pas fait confiance ou ne m'aimait pas assez, j'en sais rien. Ça n'a plus d'importance, de toute façon, je me suis assez posé la question, conclut-il avant de retourner s'asseoir dans le fauteuil.

Soulagé qu'il n'ait pas décidé de partir, Quatre va leur resservir un jus de fruits pour tenter de le retenir et de le raisonner encore.

- Laisse-lui au moins t'expliquer ses raisons, lui demande-t-il en lui tendant son verre.

- Merci. Pas la peine de vous en faire, j'ai pas l'intention de l'ignorer. Enfin, dans un premier temps. Ce dépendra aussi de son attitude, mais je ne me fais pas d'illusions.

- Tu lui manques.

Duo boit une gorgée de son jus de fruits pour reprendre contenance.
Ca fait mal de s'entendre dire ce genre de choses, qu'on s'interdit d'espérer pour ne pas replonger dans la souffrance.

- Tu n'as pas pour habitude de parler pas pour ne rien dire, Trowa, alors continues, répond-il ensuite sans reposer son verre.

- Ca n'a pas changé.

Cette fois, Duo préfère se lever.

- Si vous voulez tout savoir, j'aurais préféré ne pas le revoir. Ça aurait été plus simple pour nous tous. Seulement, j'ai une targniole à lui mettre.

- Je pense qu'il l'acceptera, il sait sûrement qu'il le mérite. Et j'espère qu'à partir de là, tout se passera au mieux.

- Ce sera le cas, mon ange, si Duo y met du sien.

- Et ça veut dire quoi, ça, Trowa ?

- Ne t'affiche pas avec Milliardo en présence d'Heero.

- Tu ne lui as rien dit ? s'étonne Duo, la surprise balayant toute l'irritation qu'l ressentait, jusque là.

- Je tenais à ce qu'il continue ses efforts. Je vais lui en parler pour qu'il sache à quoi s'attendre. Ceci dit, je serai ravi de le faire au passé.

- Dans tes rêves, Barton ! Et de toute façon, quand Milliardo et moi, on aura décidé de mettre un terme à notre relation, je peux t'assurer que tu ne seras pas l'un des premiers au courant. Alors t'avise pas de mettre la charrue avant les boeufs, tu pourrais avoir de mauvaises surprises.

- Je cherche seulement à ce que ça se passe au mieux pour vous.

- Tu veux dire pour Heero.

- Dans la tête d'Heero, vous n'allez plus l'un sans l'autre. Dommage que ce ne soit pas ton cas.

- Ne cherche pas à me culpabiliser, on ne s'est fait aucune promesse !

- Sa lettre était pourtant claire.

- Combien de fois n'a-t-on pas eu cette conversation stérile, Trowa ? Ça me fatigue... On se voit plus tard, conclut-il en se dirigeant vers la porte.

- Attends...

- Je sais ce que tu vas me demander, le coupe Duo en s'arrêtant, la main sur la poignée de la porte. J'ai encore des sentiments pour Heero, ce serait stupide de le nier. Ca a été hyper court, mais on a vécu quelque chose de très fort, ensemble, et il y a quelque chose d'inachevé, dans notre lien... Ce que je vis avec Milliardo est complètement différent.

- Tu ne l'aimes pas, intervient Quatre.

- Pas de cette façon-là, mais... j'aurais pu l'aimer, assure Duo en leur faisant face une dernière fois, espère-t-il. Souvent, je me dis que si être avec la personne que j'aime me fait souffrir, je préfèrerais être avec une personne qui me rendrait heureux et que je pourrais aimer un jour, ne serait-ce que pour ça.

- Heero mérite sa chance, insiste Trowa, que les propos de Duo ont inquiété. Tout le monde a droit à une seconde chance.

- Écoute, mon Trowa, intervient de nouveau Quatre, si Duo décide de partir quelque temps avec Milliardo, dans dix jours, il en restera tout de même quatre, dès le retour du Cirque, durant lesquels Heero et lui pourront se voir et discuter. Peut-être arrivera-t-il à te convaincre, Duo ?

- Je ne lui demande rien, encore une fois. Mon envie de partir ne le concerne en rien. S'il veut tenter de me retenir, c'est son problème, qu'il essaie ! La seule chose qu'il a vraiment intérêt à faire, c'est d'éviter tout ce qui pourrait causer un tort ou une souffrance à Milliardo ou même à moi, d'ailleurs. S'il a vraiment changé, comme tu ne cesses de le répéter, Trowa, et bien quand tu lui auras transmis ce message, il comprendra sûrement que ce n'est pas gagné d'avance. Sur ce...

- Attends, Duo !

- What now ? demande-t-il, limite exaspéré.(1)

- Tu ne m'embrasses pas ? répond Quatre d'une toute petite voix si craquante.

Duo soupire et son visage se détend, alors que Quatre le rejoint pour se pendre à son cou.

- Bonne journée, mon Duo, et fais attention à toi ... Tu sais comme je t'aime.

- Oui, et moi aussi, Little angel, répond Duo en le serrant dans ses bras un moment. Bonne journée à tous les deux. Trowa.

- Duo.

Le jeune homme passe encore sa main dans les mèches blondes de son meilleur ami, qui proteste pour la forme, avant de sortir, épuisé par ce temps passé avec eux.

Un coup d'oeil à sa montre lui indique pourtant qu'il n'est pas resté plus d'une heure et demie au palais...

Dans l'état dans lequel il est, il préfère regagner la Résidence Peacecraft, plutôt que de passer à l'orphelinat.
Même si les enfants lui apportent un réel réconfort, quand il ne se sent pas bien, à cet instant, c'est d'autre chose dont il a besoin et que seul Milliardo peut lui apporter.

Pressé de revoir l'homme qu'il a quitté seulement deux heures plus tôt, il accélère le pas et se retrouve rapidement devant le heurtoir de la grande porte en marbre de la Résidence, dont il saisit le marteau pour frapper trois coups.

En attendant qu'on vienne lui ouvrir, il admire encore l'objet qui le fascine vraiment : il représente un visage d'homme qui porte une sorte de casque lui couvrant la tête et descendant devant jusqu'à la moitié du visage, ne laissant que le bas de visible ; de son casque s'échappent également de longues mèches de cheveux.
Il y a quelque chose d'indéniablement masculin qui se dégage de l'ensemble, qui fait qu'on ne se pose pas la question de savoir s'il représente un homme ou une femme.

Erreur qui pourrait être induite par la longueur des cheveux.
Quand on connaît le propriétaire des lieux, cependant, qui porte long ses cheveux blond platine, on se pose pas la question non plus.

D'ailleurs, Milliardo a révélé à Duo que beaucoup de gens lui demandent souvent si c'est lui qui est représenté sur le heurtoir.
Les Princes sont-ils tous censés être si narcissiques ? s'est gentiment moqué celui de Sank, faisait rire Duo, qui en avait bien besoin, ce soir-là.

- Mr Duo, je vous en prie, entrez...

- Merci, Pagan, répond Duo à l'intendant qui vient de le tirer de sa contemplation en ouvrant la porte.

- Monsieur le Prince est dans sa bibliothèque. Dois-je vous y conduire ?

- Non, merci, je connais le chemin et Milliardo sait que je dois repasser... même si j'ai pas donné d'heure, c'est vrai...

Le vieil intendant sourit.

- Vous n'êtes pas un invité, Mr Duo, vous êtes libre d'aller et venir ici comme chez vous. Monsieur le Prince nous l'a bien dit et répété. Si vous avez besoin de quoi que ce soit...

- Je sonne. Merci, Pagan.

Duo gagne la bibliothèque, où une voix chaude et familière l'invite à entrer, après qu'il ait frappé.

La porte s'ouvre sur la grande bibliothèque de Milliardo Peaceraft, aux multiples rayonnages éclairés par la coupole en verre, au-dessus d'eux et les grandes vitres qui séparent les étagères par groupes de deux, et contre lesquelles sont disposés alternativement une table de travail et un fauteuil de lecture avec une table basse.

Milliardo est d'ailleurs assis dans l'un d'eux, le visage tourné vers Duo qu'il accueille d'un tendre sourire, tout en reposant son livre sur la petite table.

- Déjà de retour ? Oh toi, ça ne va pas, remarque-t-il en lui tendant la main.

Duo s'en saisit sans hésitation et se laisse attirer jusqu'à se retrouver assis sur les genoux du prince.

Une de ses places préférées.

- J'aurais mieux fait de rester avec toi, soupire Duo en posant sa tête sur son épaule. Ca m'aurait évité un mal de crâne et un mal de coeur.

- Tu veux me raconter ?

- Comme je te l'ai dit en partant, ce matin, je suis passé voir Quatre, au Palais, pour savoir pourquoi il m'avait appelé plusieurs fois. En fait, il a été au souk, il était tout content.

- Ce qui n'est pas étonnant, lorsque l'on connaît son histoire, telle que tu as eu la gentillesse et la confiance de me confier.

- Oui, et j'étais vraiment content pour lui ! J'aurais dû juste le rappeler, en partant d'ici, il m'aurait dit ça et j'aurais pu couper la conversation rapidement, restant sur de bonnes choses. Mais là, on en est venu à parler du Cirque et il m'a dit la date exacte de leur arrivée.

- Je comprends mieux, murmure Milliardo en resserrant légèrement sa prise autour du corps de Duo.

- Tu vois, je leur ai parlé de mon possible départ avec toi, mais ni Quatre, ni Trowa n'ont vraiment compris ou cherché à comprendre. Ça m'étonne pas de la part de Trowa, mais j'attendais plus de Quatre. Mais non, y en a que pour Heero, ce qu'il va pouvoir penser, ce qu'il espère, tout ce qu'il a fait... Et moi, dans tout ça ? C'est comme si les trois mois après son départ, où j'étais en plein cauchemar, n'avaient jamais existé.

- Ce ne sont pas de très bons souvenirs, pour eux, ne leur en veux pas de ne pas revenir dessus. Cela ne veut pas dire qu'ils ont oublié, au contraire.

- Je leur en veux seulement parce qu'ils ne réalisent pas que sans toi, Mill', Dieu seul sait dans quel état je serais, aujourd'hui, ce que je serais devenu... C'est si injuste pour toi !

Le Prince de Sank caresse tendrement les cheveux de Duo, qu'il a libéré et dépose un baiser sur sa tempe, ce qui le calme rapidement.

- Si tu oubliais un peu tes amis, et que tu me disais ce que toi, tu ressens, depuis que tu sais le nombre exact de jours qui te séparent encore de tes retrouvailles avec Heero ?

Duo soupire, puis se serre un peu plus contre Milliardo, qui sent son coeur battre plus fort.

- J'ai pas envie d'en parler.

- Il te faudra bien faire face à tes sentiments, avant de le revoir, Duo.

- Pas maintenant, s'il te plaît. Je veux juste que tu me serres fort dans tes bras.

- Duo...

- Embrasse-moi, ajoute-t-il contre ses lèvres, ses bras entourant fermement son cou.

- Tu ne pourras pas fuir très longtemps, tu en es conscient, résiste encore le Prince, entre deux baisers.

- Je te demande seulement quelques heures, Mill, mais si tu ne veux pas, je ne t'en voudrais pas, tu le sais... assure Duo en reculant légèrement son visage, pour pouvoir plonger ses yeux dans le bleu glacier de ceux de son prince.

- On sera mieux dans la chambre, cède celui-ci, avant de se lever et d'emporter Duo dans ses bras.

- Si seulement nos coeurs n'étaient pas pris, on serait si bien ensemble...

- Tu n'as pas encore perdu Heero, je t'interdis d'abandonner. Et quant à moi, je suis toujours aussi incapable d'oublier Treize. Notre rencontre nous a permis d'avoir la force et le courage d'y croire encore, pour toi, et de tenir le coup, pour moi.

- On était censé oublier dans les bras l'un de l'autre.

- Oublier notre désespoir et notre douleur, oui, mais pas tes rêves, tes espoirs, ni notre amour pour ces deux hommes.

- J'aurais pu t'aimer, Milliardo.

- Je croyais que c'était déjà le cas, le taquine-t-il en le déposant avec douceur sur le lit.

- Pas de cette façon-là, tu le sais bien !

Milliardo retire sa chemise et s'allonge près de lui, le débarrassant de son t-shirt au passage.

- Oui, je le sais, et je partage ton sentiment, Duo. Tu es le deuxième homme à qui j'ai dit un jour ce "je t'aime" si perturbant, bien que ce soit d'une manière totalement différente de celle avec laquelle je le disais à Treize. Et que je ne dirais jamais plus ainsi, désormais...

Duo caresse la joue du Prince au regard triste avec un tendre sourire, qu'il fait disparaître sous ses lèvres avec la même tendresse, avant que d'autres sentiments ne s'en mêlent, changeant la nature de leur échange.

Une fois encore, les deux hommes partagent une étreinte salvatrice où ils puisent la force de continuer à avancer, malgré le vide qui oppresse leurs coeurs.

Un vide aux causes identiques : l'absence de l'être aimé, l'impossibilité d'être avec lui.

-

-

A suivre...


Notes :
What now: quoi encore ?

-

Notes de l'auteure :

Je sais très bien que Milliardo - et donc Réléna mais on s'en fout ici - sont présentés comme originaires du nord de l'Europe et non de l'Amérique, comme je l'ai écrit dans ma fic. Mais c'est pour les besoins de l'histoire, alors désolée pour cette petite entorse !

Ceci étant dit...

Merci beaucoup d'avoir lu ce premier chapitre !

J'espère avoir réussi à garder - et donc à vous replonger - dans l'ambiance de "Cible Verrouillée"... et que vous voulez donc la suite !

Je suis en plein dans mes cours et ils sont ma priorité, mais si j'ai pris le parti de poster ce premier chapitre, c'est bien que je n'ai pas l'intention de vous faire trop attendre pour le second.

Je vise un chapitre tous les dix à quinze jours, en moyenne, pour les premiers, au moins.
J'espère que vous serez au rendez-vous !

Un petit mot également concernant mon dernier os "l'odeur d'un souvenir" ; après de longues délibérations avec Madame MaMuse, je peux enfin annoncer qu'à la demande de certains d'entre vous, il y aura bien une séquelle.
J'ai réussi à concevoir les choses en respectant l'idée et l'esprit de l'os, ainsi que la fin, qui, selon moi, donnait toute sa force à l'histoire.
Dès que je pourrais finaliser ça, je m'en occuperai et vous le "soumettrai" !

D'ici là, bonne continuation à tous !

Lysa

-