Chapitre 2

Coucou. Merci à ceux qui ont posté des reviews.

J'ai réussi à finir le chapitre entre les cartons à finir, les meubles à descendre et toutes les joies du déménagement.

Je le poste en « Complète » car il peut se lire comme ça, mais je ferais une suite dès que je serais installée, parce qu'il y a encore des points nons traités: que vont faire Lucius et les Mangemorts ? Théo dans tout ça ? Les amis et ennemis, la guerre, la bataille finale, etc...

POV Harry, 17 ans

J'ai croisé Malfoy dans le couloir. Les politesses d'usage entre nous ont été rapidement échangées. Je l'accusais d'être un Mangemort et je lui affirmais à quel point je trouvais grossier le plan de Voldemort en mettant en scène ces deux profs ridicules. Je crois que c'est à ce moment là qu'ils sont arrivés et qu'ils ont fini par nous séparer. J'avais ma cape avec moi.

Donc, je suis là, à écouter tranquillement la conversation. Et je tombe de haut. Apparemment, Malfoy se méfie d'eux autant que moi. Eux, ils semblent vraiment inquiets pour le blondinet. Je suis épater, le plus âgé des Malfoy prononce le nom de Voldemort ! Bon, ça pousserait à penser que ce n'est pas un Mangemort, finalement. Donc, ils seraient vraiment nous? Voilà mon double qui le supplie – attendez, je supplierais Malfoy, moi? - de faire attention.

- Et le balafré qui s'y met. Les gars, vous ne jouez pas bien votre rôle. Potter s'en fiche de savoir si je vais bien ou pas et si Vol... enfin, le Seigneur des Ténèbres veut ma peau.

Pour une fois il n'a pas tord... Alors, pourquoi je me sens mal ?

- Non, je ne m'en fiche pas, Draco. »

Ah ? Parce que c'est mon soi-disant futur moi qui l'a dit, ça. Donc, il paraît que je n'en ficherais pas. Enfin, si lui c'est moi, c'est que dans le futur, cela ne serait pas égal, mais pour l'instant ? C'est compliquééééé... En tout cas, ça a le mérite d'en boucher un coin à Malfoy qui paraît presque gêné. Sa version adulte lui conseille de faire attention et d'aller dormir. Je le vois passer juste à côté de moi et je le suis des yeux malgré moi, oubliant que ma mission, c'est ces deux soi-disant nous. Je n'y crois pas, il se désillusionne ! On dirait qu'il a la même idée que moi. Retournons à nos dragons...

Le professeur Malfoy est appuyé contre la fenêtre, me tournant le dos. Mon double s'est placé près de lui, mais face à moi, les coudes sur le rebord.

« Quel idiot j'étais en ce temps-là, dit le blond.

J'aimerais presque ce Malfoy-là. Ça veut dire qu'il est capable de reconnaître une vérité profonde. Oh ! En même temps, comme ils ignorent que nous sommes là et qu'il dit ça, ça veut dire.. ça veut dire qu'ils disent la vérité et que...

- Je l'étais plus que toi, Dray. Je n'avais pas encore réalisé, moi.

Réalisé quoi? Et en quoi je suis plus idiot que Malfoy, c'est n'importe quoi !

- Merlin, Harry, j'avais si mal et je ne comprenais pas... Je n'arrivais pas à savoir si ces deux profs, c'était nous. Je voulais me raccrocher à l'idée que c'était vrai mais quand je voyais ton attitude, ta haine...

Mal ? Malfoy a mal quand je lui crache ma haine ? Mince, le malaise de tout à l'heure revient. Je tourne vraiment pas rond de m'en faire pour lui, moi. Oh. Mon. Dieu ! J'ai des hallucinations, ce n'est pas possible: ne voilà t-il pas que Grand Harry – bien obligé maintenant de reconnaître que c'est moi âgé de 25 ans – retourner Malfoy vers lui et le... prendre dans ses bras. Mon coeur s'accélère, allez savoir pourquoi. Je les vois, front contre front, qui s'observent avec... amour ? Non, je rêve, ou plutôt je cauchemarde, ce n'est pas possible. Oui, je confirme, en fait, j'ai du m'endormir dans mon dortoir et je rêve que je suis là, parce que là, ils n'en sont plus aux regards. Le blond vient de se jeter sur les lèvres de son vis-à-vis et ils échangent ce que j'appellerais le baiser du siècle. Oh. Mon. Dieu. Mon alter ego du futur semble apprécier, puisqu'il rapproche l'autre de lui et leurs mains se baladent sur le corps de l'autre et ... BOUM !

Ça, c'était moi, je crois que le choc est trop fort. Mes traitresses de jambes m'ont lâché.

POV Draco, 25 ans

Qui ose me déranger, alors que j'embrasse Harry et que nous étions à deux doigts de faire ça dans le couloir? Bon, ok, mauvaise idée pour des profs d'oublier qu'ils ne sont pas sensés se faire l'amour dans les couloirs de l'école. Harry pouffe.

- Oups, j'avais oublié. Harry, Draco, montrez-vous. »

Mais oui ! C'est comme ça, en surprenant les deux voyageurs du temps que nous avions fini par comprendre... Je le savais et nous en avions d'ailleurs ri en venant à cette époque, mais je dois avouer que j'étais assez mal après avoir revu cette dispute et le baiser m'a fait perdre toute notion... Bon, nos mini nous vont avoir droit à la fameuse discution. D'ailleurs, je vois mini'Ry apparaître en faisant glisser sa cape, tandis que je lance un finite incantem à l'endroit où je me souviens avoir été. J'ai beau avoir vingt cinq ans et savoir que Harry est mon époux, je sens que je suis aussi rouge que l'est mon mari. C'est un peu idiot comme situation, non ? Après tout, il ne s'agit que de nous.

Bon, je vois que nous ne sommes pas les seuls à être gênés. Les deux adolescents arborrent la même couleur de joues, un peu penauds devant nous. Je sais que je n'étais pas que penaud, cependant. En bon Malfoy, je me reprends et c'est pourtant avec un sourire timide et non malfoyen que je leur dis:

« Je crois que nous devons parler. Suivez-nous dans notre appartement. »

Ils hochent la tête et marchent derrière nous en silence. Je me rappelle qu'on avait échangé un regard en coin, timide et que nous avions tous deux rougi comme deux collégiennes. Je me retiens de les regarder pour surprendre cet échange. En un sens, 'Ry et moi, nous avons de la chance: nous pouvons vivre une seconde fois nos premières fois. Enfin, pas toutes. Je rigole tout seul et je surprends deux émeraudes qui me fixent avec curiosité.

« Plus tard, lui dis-je. »

Nous arrivons enfin devant l'horrible tableau qui garde notre appartement: une reproduction sorcière d'un tableau moldu assez connu je crois, Mona Lisa. Harry lui glisse le mot de passe - « Drarry »- et avec son sourire bizarre qui me fout les jetons à chaque fois – on dirait une espèce de Dumbledore jeune, féminin, et d'une époque lointaine qui sourit pour un truc qu'elle est seule à savoir – elle nous laisse entrer.

Notre appartement à Poudlard ressemble à tous ceux de ce château, les couleurs des Maisons en moins. Enfin, ça, c'est notre oeuvre à 'Ry et moi : ce n'est pas parce qu'on a dû se coltiner du Verts/Argent et du Rouge/Or toute notre jeunesse qu'on allait continuer ça. En arrivant, on a changé toutes les couleurs. Donc, je disais que l'appartement ressemble à tous ceux de l'école : une grande cheminée qui donne cet aspect si chaleureux à une maison, des meubles anciens composés de deux canapés, deux fauteuils, une table basse, une grande table ronde qui fait à la fois office de bureau et de salle à manger quand nous voulons des moments à nous, une bibliothèque remplie de vieux livres qui sentent bon les ans, de hautes fenêtres à vitraux...

Cependant, comme je l'ai dit, nous avons changé les couleurs de l'appartement, à l'origine vert et or. Les lourdes tentures vertes sont devenues d'un blanc immaculé, identique aux deux canapés sur lequel des coussins noirs reposent. Les fauteuils aussi sont noirs et le tapis au sol alterne les deux teintes. J'aime beaucoup le blanc. Et Harry pensait que les deux opposés de couleurs ensemble seraient du plus bel effet. Il n'a pas eu tort. En fait, cet appart nous ressemble, maintenant. Harry invite nos convives à prendre place en face de nous sur un canapé. Je fais apparaître un service à thé et je sers tout le monde. Harry étouffe un petit rire.

« Je pensais qu'un Whisky Pur Feu aurait été plus approprié pour les faire avaler tout ce qu'ils vont apprendre.

- C'est ça, chéri. Tu oublies que Dumby sait tout dans ce château et que le règlement interdit de saoûler les élèves?

Il s'assoit à côté de moi. En face de nous, nous. Version plus jeunes. Un peu hagards. Des questions plein les yeux. A l'affût du moindre de nos gestes l'un envers l'autre. Le thé est servi, je vais les gâter. J'enroule mon bras droit autour des épaules de mon époux qui sourit avant de laisser retomber sa tête au creux de mon cou. Réaction des Minis: les joues rouge feu.

- Bon, fait Ry d'une voix douce. Je pense que vous pouvez lâcher les questions.

Aucune réaction en face. Normal: aucun de nous ne voulait paraître intéressé face à l'autre. Ça, on ne l'a su qu'après. Je prends les choses en main, tout en jouant machinalement avec les cheveux brun d'Harry.

- Vous êtes vraiment nous ? Demande enfin Mini Draco d'une voix hésitante que je peine moi-même à reconnaître.

- Indubitablement, lui réponds-je.

Mini-Ry s'apprête à parler, mais il est coupé par Mini-Moi. Tiens, Harry a raison, c'est pratique de les différencier de nous en les appelant comme ça.

- Je ne comprends pas. Pourquoi êtes-vous ici ? Normalement c'est impossible, interdit, à cause des risques de folie si...

- Oui, Hermione l'a dit aussi, interrompt Mini-Ry.

- Nous avons trouvé un moyen pour contrer ces effets, répond Harry. Nous sommes venus, notamment parce que nous savions que nous avons eu, en septième année, deux profs de défense qui n'étaient autres que nous-mêmes, âgés de huit ans de plus.

- Et c'est cette venue qui m'a empêché de faire la plus grosse connerie de ma vie, continue-je.

- Devenir Mangemort, murmure Draco en fixant mon bras que mon mari frôle avec tendresse.

Je peux sentir son sourire attendri contre mon épaule. Son double par contre, nous fixe complètement effaré. Ah oui. Catastrophe en vue en fin d'entretien. Bon sang, j'ai pas pu choisir plus compliqué comme mec. Enfin, il l'était à cette époque là. Quoiqu'il arrive encore aujourd'hui à me destabiliser par certaines réactions qui me rappellent l'ancien Harry. Je continue, il faut bien faire avancer les choses, même si je sais comment va réagir Mini-Ry.

- Oui. C'est quand j'ai vu ce que me réservait l'avenir que j'ai fait le choix de ne pas prendre la Marque. Je ne voulais pas perdre ça.

- L'avenir? Je ne peux pas croire que mon avenir, c'est ... ça !

- Nous ? Demande Mini-moi.

- Enfin, Malfoy, s'insurge le petit brun. Tu crois vraiment que c'est possible, toi et moi ?

- Non seulement c'est possible, Harry, mais mon mariage avec Draco est la chose la plus merveilleuse qui me soit arrivée, répond mon mari à la place de Mini-Draco – qui de toute façon est tiraillé entre le bonheur de savoir qu'il finira avec Harry et la réaction négative de ce dernier.

- Ma... ma... mariage...

Mon petit brun de dix sept ans est à la limite de l'apoplexie. Il est tout pâle. C'était donc vraiment si dur, Harry? Je me mords l'intérieur des joues. Je sais qu'il m'aime aujourd'hui, il vient d'ailleurs de le confirmer, alors pourquoi ça reste douloureux ? Peut-être parce que je vois l'ancien moi qui serre les poings pour masquer sa détresse devant la réaction de son camarade. Je ne sais pas.

- Nous sommes mariés en effet, continue Harry d'une voix plus dure. Nous nous aimons.

- C'est impossible, nie le Gryffondor. Je ne suis pas gay et puis... Malfoy...

Le ton est sans appel : dégouté. Je fais abstraction des lames qui semblent me déchirer le coeur. Je pensais être vacciné.

- Ouvre les yeux, Harry, supplie mon mari en se détachant de moi pour se pencher vers l'élève. Draco est un homme extraordinaire. Personne ne t'apportera plus d'amour et de bonheur que lui.

- Le bonheur? Le seul bonheur que Malfoy pourrait m'apporter, c'est quand je lui lancerais l'Avada en pleine face sur un champ de bataille. Le seul bonheur qui me viendrait de lui serait d'apprendre sa mort, oui !

Harry ! Aujourd'hui encore, elles font mal, ces paroles. Draco est sur le point de sombrer. Je le sais pour avoir été à sa place. Sais-tu qu'il va les prendre pour gallions comptant, ces mots? Tes mots ?

- Ne dis pas ce que tu ne penses pas, Harry, hurle mon mari hors de lui. Cet homme que j'ai choisi d'épouser, je l'aime comme tu l'aimes. Je l'aime, tu m'entends?

Oui, ça c'est mon petit mari !

- Tu l'aimes ! Crie Harry-le-Borné. Tu peux aimer ce crétin arrogant ? Ce gosse de riche qui t'a pourri l'existence depuis que tu l'as rencontré ? Toi, peut-être, tu l'aimes mais tu n'es pas moi, car jamais, tu entends, jamais, je ne verrais ce type autrement que comme une sous-bouse de dragon.

- Harry, je reconnais que je n'ai pas été... disons le camarade d'école idéal, interviens-je. Arrogant ? Oui, je l'ai été et 'Ry pourra te dire qu'il m'arrive encore de l'être. Crétin ? Je l'ai été mais toi aussi. Ça ne nous empêche pas de nous aimer. Riche, tu l'es aussi. Et si je t'ai pourri l'existence toute ta scolarité ou presque, comme tu dis, j'avais mes raisons. Elles me paraissent complètement idiotes aujourd'hui, mais à l'époque, je croyais dur comme fer que c'était la seule solution pour...

- Tais-toi ! Coupe d'un ton alarmé Mini-moi.

Non, je ne voulais pas qu'il le sache. Mais il le fallait. Pardon moi-même, mais c'est pour notre bien, même si je vais déclencher un drame.

- Je suis désolé, Draco. Harry, sache que ce jeune homme assis à tes côté est dingue de toi depuis le premier jour où il t'a rencontré. Je suis bien placé pour le savoir.

Le jeune brun observe Mini-moi, les yeux écarquillés, attendant certainement un éclat de rire pour nier mes paroles. Me lançant un regard outré, plein de larmes, mon double se lève pour quitter l'appartement en courant. L'orgueil Malfoy. Toute une histoire...

« J'y vais, dit mon mari en se levant à son tour.

- Tour d'astronomie. »

Il me laisse seul avec cet autre lui complètement hostile. Je l'ai dompté à dix sept ans, ce jeune lion, je peux bien le refaire, non?

POV Draco 17 ans

Comment cet avenir-là est possible? Il me hait. Je le vois chaque jour dans ses yeux. Je l'ai vu à l'instant. J'ai mal. Si mal... Je ne sais pas qui sont ces deux démons qui sont venus me torturer pour me faire croire que mon rêve pouvait devenir ma vie. Ils ont réussi à m'abattre, je suis effondré. Je cours pour fuir Harry et sa haine, pour fuir ces démons et leurs moqueries. Ils n'avaient pas le droit de me faire espérer. Pas le droit...

Je cours sans rien voir de mon chemin: mes larmes masquent tout. Quand ils sont venus, le jour de la rentrée, j'étais sous le choc. Comme tout le monde, j'ai douté d'eux. Cependant, au fond de moi, j'avais tellement envie de croire que c'était possible: me tenir, plus tard, près d'Harry sans qu'il me crache son mépris et sa haine, échanger avec lui ces sourires complices que j'avais surpris... Je ne savais s'ils étaient amis ou amants. Et ce soir, j'ai eu l'idée de les espionner en me désillusionnant. Désillusion... Un sortilège simple qui m'a bien appris, finalement, le sens de ce mot. J'ai mal.

Ce soir, les voyant s'embrasser, puis en écoutant leur récit, j'ai cru. J'ai vraiment cru que c'était possible, qu'enfin Harry m'aimerait un jour, que nous nous maririons. Et il a tout détruit. Je serre les dents pour ne pas hurler. La seule joie que je lui peux lui apporter est ma mort. Alors, soit.

La tour d'astronomie est déserte. Il est encore trop tôt pour que les amoureux s'y rejoignent. C'est parfait. Je monte sur le parapet.

« Arrête ! »

Hein ? Je tourne la tête. C'est le démon brun. Il est tout pâle sous la pleine lune. Ses yeux brillent de douleur et d'inquiétude. Quel comédien...

« Ne fais pas ça, Draco. S'il te plait.

- Laissez-moi tranquile, qui que vous soyez.

- Je suis Harry, Dray. Je te le jure.

Je ris. Un rire froid, dément, cruel. Pourquoi je parlemente avec lui ?

- Bien sûr. Alors, Harry, laisse-moi faire ton bonheur et sors de là que je puisse sauter.

Il avance d'un pas, le visage tendu et suppliant. Ne me regarde pas avec ces yeux, avec ses yeux. Je ne pourrais pas résister à ta volonté avec ses émeraudes à lui pour tenter de me convaincre.

- Draco. S'il te plait. Je... je veux te parler avant. Tu décideras après. S'il te plait.

Je le savais, ces yeux-là me vaincraient une fois de plus. Même s'il n'est pas mon Harry. Je baisse les armes pour l'instant et je m'asseois sur le rebord de la tour. Prudemment, il me rejoint.

- Je ne pensais pas un mot de ce que je t'avais dit dans l'appartement. Je veux dire le moi adolescent. Je m'en veux encore aujourd'hui de les avoir prononcé et huit années ont passé. Draco, je te promets que si tu fais le choix de sauter, je te suis immédiatement.

- Si tu es vraiment Harry, si je fais le choix de sauter, tu n'existeras même pas. Il existera une autre version de toi, qui vit dans un monde sans Draco Malfoy. Donc, tu n'aurais jamais pu venir avec lui dans mon présent pour me convaincre de ne pas devenir Mangemort et convaincre Harry de ne pas me hair. Et si tu ne viens pas dans mon présent, je n'ai aucune raison de me suicider, ce qui fait que, dans l'éventualité où vous n'avez pas menti, nous nous retrouverions de toute façon ici, toi et moi, ce soir.

- Hein ?

J'aurais ri si je n'étais pas si triste. Il n'a pas compris un mot de ce que j'ai dit. Curieusement, il a vraiment la tête de mon Harry – je veux dire le Harry de mon monde – quand il ne comprend pas un concept. Alors, malgré moi, cette petite chose vicieuse qu'est l'espoir pointe son nez dans mon coeur.

- Tu es vraiment lui ? Je veux dire Harry.

- Oui.

Ses émeraudes ne mentent pas.

- Pourquoi, alors?

Il soupire et se mordille la lèvre. Les mêmes tics.

- J'étais jeune et un peu immature. Je ne connaissais rien de l'amour. Je ne savais donc pas reconnaître ses signes. Je m'étais cru amoureux de Cho, puis de Ginny. Je croyais que l'amour, c'était ça, trouver une fille jolie. Et puis, je ne m'étais jamais imaginé avec un homme.

- Donc, tu ne m'aimes pas.

- Bien sûr que je t'aime.

Comme j'aimerais les entendre de mon Harry, ces mots ! C'est lui sans doute, mais pas vraiment. Le mien n'est pas encore cet homme-là.

- Ecoute, reprend-il. Mini-moi t'expliquera ça plus tard, je pense que c'est à lui de le faire. Je n'ai pas à me voler à moi-même mon histoire d'amour avec toi. Cependant, je pense que je peux te donner quelques indications. Harry t'aime déjà. Il ne le sait pas encore ou plutôt, si je suis honnête, il refuse de le savoir. Je sais que ce n'est pas juste, mais c'est à toi de faire en sorte qu'il accepte son amour pour toi.

- Comment?

- Tu trouveras bien. Si tu as pu me sortir cette théorie fumeuse sur les voyages temporels, tu as assez d'imagination pour me séduire. Tu es plein de ressources, Draco, ajoute t-il d'un air rêveur et ... je rêve ... lubrique. Oui, plein de ressources.

Je crois que mes joues viennent d'entrer en lice pour concurencer les cheveux de Weasley.

- Nous sommes vraiment heureux ensemble, là d'où tu viens?

- Nous n'aurions pu être plus heureux. Je ne te dis pas que tu t'engages dans une voie facile : toi et moi, nous avons deux tempéraments de feu et nos disputes sont assez spectaculaires, même si notre amour est plus fort que ça. Nos réconciliations sont aussi grandioses, ajoute t-il avec cet air gourmand qui me fait rougir. Ron et Pansy disent d'ailleurs que les disputes ne sont qu'un prétexte comme un autre pour finir sous la couette.

- Pansy ?

- Ton choix aura un effet boule de neige. Tu verras bien. Mais attention à Nott quand même.

- Donc, tu ne regrettes pas d'avoir fait ta vie avec le crétin arrogant qui t'a pourri la vie ?

- Je suis désolé pour ces mots. Et non, je ne regrette pas ma vie avec toi. Allons, il est temps de redescendre, Draco, tu as une conversation à avoir avec Mini-moi.

- Mini-moi? S'il te plait, c'est horrible, ça !

- Dray et moi on vous appelle Mini-nous, Mini-Ry et Mini-Draco. »

POV Harry, 17 ans

Malfoy et l'autre abruti qui se dit être moi viennent de partir. Un silence pesant règne dans la pièce. Je vois le prof de DCFM qui observe ses longues mains blanches. Je me demande si Malfoy fait du piano. Qu'est ce qui me prend de penser un truc aussi idiot dans un moment pareil ?

« La diva va faire son show dans la tour d'astronomie ? Dis-je d'un ton moqueur. On doit aller assister à ça aussi?

- Tais-toi, Harry ! Répond-il d'une voix sourde. Tu ne sais pas ce que tu dis.

- Parce que toi, tu sais ?

- J'ai été là-bas, il y a huit ans. Je n'avais qu'une idée en tête : réaliser le souhait qui te rendrait heureux.

Sa voix est amère. De quoi il parle?

- Tu ne vois pas de quoi je parle ?

Il lit dans les pensées ou quoi ?

- Non, Harry, mais je te connais mieux que personne. Donc, je vais t'éclairer. N'as-tu pas dit à l'instant que la seule façon dont je pourrais te rendre heureux c'était en mourant?

Mon coeur s'arrête. Malfoy penserait vraiment à ... pour moi ...

- Mais, je ne... on s'est toujours envoyé des insultes pareilles à la figure, qu'est ce que celle-là a de différent?

- Le moment où elle a été prononcée, fait-il lentement en pinçant l'arrête de son nez. Jusqu'à ce que tu prononces ces mots, Draco était comme dans un rêve éveillé. Putain, Harry, tu ne peux pas comprendre qu'à ce moment-là, j'avais l'impression qu'on m'apportait sur un plateau tout ce dont j'osais à peine rêver ? Un avenir avec toi, un toi qui semblait m'aimer autant que je t'aimais...

- Tu m'aimes donc vraiment ?

Non, ça ne peut pas être de l'espoir, dans mon coeur. Pourtant...

- Harry, je suis amoureux de toi depuis que je t'ai vu entrer chez Madame Guipure.

Ce coeur stupide qui s'affole et malgré moi a envie d'exploser de bonheur ! Depuis tout ce temps, il m'aimerait?

- Alors pourquoi étais-tu aussi odieux ?

- L'orgueil. Tu as refusé ma main tendue et j'ai décidé que je te hairais. J'ai essayé de toutes mes forces.

Il semble plongé dans ses souvenirs, qui ne sont pas très joyeux on dirait. Il reprend.

- Je n'ai jamais pu. Malgré moi, mon coeur t'appartenait. J'ai chaque jour béni mon éducation qui m'a appris à cacher mes émotions. J'ai travesti mon amour en haine. Quand je t'insultais, mon coeur te criait pardon.

Pourquoi je me sens si mal? Pourquoi ai-je envie d'aller trouver Malfoy dehors et de lui demander pardon? De lui dire que cet avenir, je pense, enfin je crois, je peux l'envisager. Et mon coeur qui pulse à cette pensée. Je suis perdu, je ne comprends plus.

- Je ne comprends pas, murmure-je. Je... enfin, vous avez l'air si bien ensemble.

- Nous le sommes, en dépit de nos différences et de nos différents.

- Tu... tu étais gay dès le départ, mais moi ?

- Je ne sais pas si on peut considérer que je suis gay. Certes, j'adore quand 'Ry et moi, on fait l'amour, mais je n'ai connu que lui : je suis amoureux fou du même type depuis que j'ai onze ans. L'amour n'a pas de sexe, Harry. Il n'y a que les moldus et les nés de moldus pour parler d'homo ou d'hétérosexualité. Chez nous, les sorciers, on parle d'amour, plus simplement: un homme et une femme amoureux l'un de l'autre, ou encore deux hommes qui s'aiment, ou deux femmes qui sont tombées amoureuses... Même les Sang-Purs traditionnalistes qui sont pourtant les champions des préjugés n'ont jamais fait de différence.

Je ne savais pas les sorciers si tolérents en matières de sexualité. Pourtant, je n'ai rencontré que des couples hétéro, depuis que je suis en contact avec la magie. Ce n'est pas que je fréquente non plus beaucoup de sorciers adultes... Bon, j'ai sans doute des lacunes.

- Ton... ton Harry t'aime.

Il sourit. Depuis que je connais ce mec – le Draco adulte – je reste complètement ébahi par la gamme de sourires qu'il a. Je ne connais de Malfoy que le rictus méprisant. C'est vrai qu'il est encore plus beau avec ces sourires sincères. C'est de ce Malfoy-là dont je pourrais tomber amoureux?

- Oui, il m'aime. Harry, est ce que tu peux imaginer ta vie sans moi? Sans ton Draco, je veux dire.

Mon Draco ? Mes joues chauffent, ça veut dire que je rougis. Depuis quand les mots 'mon' et 'Draco' vont si bien ensemble? Je voudrais faire taire une partie de moi qui trouve ça complètement logique, euphorisant et merveilleux. Ce n'est surtout pas normal et sans doute pas vrai. Je dois répondre à sa question et je ne connais pas la réponse. Pourtant, elle sort de mes lèvres sans que je le veuille.

- Non.

Je me rends compte que c'est la vérité. Simplement, je n'y avais jamais pensé avant. J'évitais de penser à après Poudlard. Je réalise que j'avais peur. Une peur, qui, au moment où j'en prends conscience, me glace le sang. Et cette peur, je l'avais exorcisée en me persuadant que c'était ce que je souhaitais, que rien ne serait plus normal: Draco et moi, face à face dans un combat à mort. La douleur qui m'enserre le coeur est celle qui me révèle à moi-même et qui m'apprend mon amour pour lui.

- Harry, ça va?

Non. Non, ça ne va pas. J'ai les yeux qui me brûlent. J'ai le coeur qui se serre. Je suis un idiot fini. J'ai réussi l'exploit de tomber amoureux de mon rival, fils du bras droit de mon pire ennemi, et de ne pas m'en être rendu compte jusqu'à présent. Comment j'ai pu passer à côté de ça?

- Je... je l'aime depuis si longtemps...

- Bien entendu, répond-il avec un ton suffisant mais je vois ses yeux briller d'émotion contenue. Vous avez plein de choses à vous dire, maintenant.

- Mais... Je ne suis pas prêt, je viens tout juste de comprendre...

- Harry, tu es un Gryffondor. Généralement, tu fonces et tu réfléchis aux conséquences après. C'est comme ça que ça marche avec toi.

- Je n'arrive pas y croire.

POV Draco 25 ans

Voir le Draco que j'étais vivre cet épisode de notre vie m'a un peu secoué. Mais aujourd'hui ce n'est plus moi qui vis ces émotions et ce déchirement. Aujourd'hui, je dois aider le jeune Harry à faire le tri dans ses sentiments afin qu'il devienne l'homme qui m'a épousé. Je suis touché d'avoir assisté au moment où il a pris conscience de ses sentiments pour moi. C'est un rare privilège. Une bouffée damour m'a envahi à ce moment-là.

La porte s'ouvre. C'est mon Harry et Mini-moi reste à la porte. Il fait un signe de tête à mon mari et j'indique au jeune brun de le rejoindre. Comme un zombi, il sort et ferme la porte derrière lui. Harry se jette dans mes bras et son visage, stoique queqlues minutes avant s'affaise, de grosses larmes roulant sur ses joues.

- Pardonne-moi. Pardonne-moi, Dray.

Je suis désemparé devant sa détresse. Je ne comprends pas ce que je dois lui pardonner.

- De quoi?

- De mon aveuglement de l'époque. Je t'aime tant, Draco !

- Je t'aime aussi, petit lion, lui dis-je en posant un baiser sur ses cheveux. Je t'aime... »

Je le serre fort contre moi. Il faut qu'il soit fort, notre amour, mon Harry, pour avoir survécu à tout ça...

POV Draco 17 ans

Potter a refermé la porte de l'appartement de nos futurs nous. Je n'ose pas le regarder. Que s'est-il passé avec mon double? Nous restons quelques secondes silencieux.

« Tu... tu veux bien me suivre ? Demande t-il enfin. »

J'aquiesce de la tête. Il m'entraine dans les couloirs et je me rends compte qu'il me conduit vers sa fameuse salle sur demande. Grimper sept étages en silence nous laisse des minutes de répit avant d'avoir à nous affronter sur un terrain qui nous est encore inconnu. Il passe trois fois devant la tapisserie et la porte apparaît. Curieusement, la salle a exactement le même décor que le séjour des professeurs que nous venons de quitter.

« Tu vas mieux ? »

Je ne m'attendais pas à ça comme entrée en matière. En même temps, c'est Harry Potter. Respire, Draco et évite de lui balancer un sarcasme en pleine tête.

« Oui.

- Euh... je voulais te dire. Je suis désolé pour ce que j'ai dit. Je ne le pensais pas.

Il est tout rouge. Il se mord la lèvre et j'adore ce tic. Mais je ne peux pas céder maintenant, non ?

- Quand? Lorsque tu as dit que j'étais un crétin de mangemort ou lorsque tu as dit que tu me voulais mort?

Il baisse les yeux.

- Les deux.

Sa voix a changé. Elle n'était plus qu'un murmure mouillé par les larmes. Il continue.

- Je te supplie vraiment de me pardonner, Malfoy. Je n'ai jamais réalisé la portée de mes paroles envers toi.

- Je n'ai pas besoin de ta pitié, Potter.

- Il ne s'agit pas de pitié... J'ai envie de cet avenir-là, dit-il après une pause alors que ses joues prennent feu. Pour ça, il faut que tu me pardonnes. Je regrette vraiment de t'avoir fait du mal, pas seulement aujourd'hui, mais depuis le départ. Je ne t'ai donné aucune chance, je n'ai jamais chercher à te connaître.

Il a envie de cet avenir ? Cet avenir avec moi ? Oh Merlin! Mon coeur, qui battait déjà très fort s'accélère. Serait-ce enfin la fin de mon cauchemar de six longues années ?

- Malfoy ? Demande t-il d'une voix hésitante devant mon silence.

- Que veux-tu que je te dises? Que je peux tout oublier comme ça, parce que tu as envie de vivre cet avenir, comme tu dis si bien ?

Oh Harry, comme ton regard blessé me brise en ce moment ! Mon coeur se serre devant ces émeraudes remplies de douleur. Tu penses m'avoir perdu, je crois. Harry... Je te vois baisser les épaules et partir vers la porte.

- Harry!

Tu t'immobilises à mon appel. Ma voix n'était plus contrôlée, quand j'ai dit ton prénom : elle reflétait ma peur de te voir franchir cette porte et de te perdre. C'est moi qui te rejoins, et je me mets face à toi.

POV Harry, 17 ans

Je n'ai découvert que tout à l'heure mon amour pour lui et je comprends déjà la douleur de le perdre. Il a raison, ce n'est pas parce que je veux vivre avec lui qu'il doit me pardonner. Pourtant, tout mon être aspire à effacer toute la souffrance que j'ai pu lui causer. Je peux comprendre qu'il se soit lassé de moi, après tout. J'ai agi comme un imbécile de première quand j'ai appris que nous étions mariés dans le futur d'où viennent nos professeurs et qu'il m'aimait depuis toujours. Ces mots me rendent et heureux et déchiré : heureux de son amour et déchiré de le perdre...

Je vais partir, le laisser. Peut-être m'oubliera t-il et qu'il sera heureux. Je retiens avec peine mes larmes. Je ne le mérite pas. Je ne mérite pas un amour aussi constant malgré la haine que je pensais lui vouer et dont je le gratifiais chaque jour.

« Harry!

Sa voix n'a jamais été plus douce ni plus angoissée. Je m'arrête. Il me rejoint et me fait face. Que ses yeux sont beaux! C'est la toute première fois que je regarde vraiment ses deux perles grises. Y aurais-je lu cette tendresse passionnée, si j'avais prêté attention à son regard autrefois?

- Harry...

Cette fois, sa voix n'est qu'une caresse et je me sens pousser des ailes. Son sourire est doux, rassurant et je ne sais si je dois me noyer dans son regard amoureux ou dans ce sourire d'une tendresse ineffable.

- Je n'ai pas été à la hauteur non plus avec toi. J'ai tout fait pour attirer ta haine et ton mépris. Harry, je voulais même être Mangemort pour étouffer mon amour pour toi ! Je me disais qu'en épousant le camps de ton ennemi, j'oublierais forcément à quel point je t'aimais. J'avais fini par croire que seule ta mort me sauverait de toi. Or, je sais très bien que si tu mourais...

Sa voix se noie dans les larmes refoulées.

- Que si tu mourais, je ne pourrais survivre, que la douleur de te perdre, d'avoir peut-être favorisé ta mort en devenant un des leurs, m'aurait terrassé plus sûrement que ta haine.

- Je ne te hais pas. Draco. »

Son sourire ! Son merveilleux sourire de joie que je distingue à peine maintenant que ses lèvres se rapprochent des miennes... Son baiser est à l'image du Draco que j'apprends maintenant à connaître, que j'ai pu deviner chez sa version plus âgée et que j'ai surpris dans ces yeux: à la fois passionné, doux et amoureux. Je crois que ce Draco me plait de plus en plus. Je crois que plus jamais il ne devra décoller sa bouche de la mienne, parce qu'alors, on m'enlèverait l'oxygène qu'il me faut pour vivre.

« Je t'aime, murmure t-il en brisant notre baiser.

Bon, s'il doit quitter mes lèvres pour me dire ça, je crois que je peux m'y faire aussi.

- Je t'aime aussi, Draco. »

C'est décidé: je ne vivrais plus que pour allumer cette lueur de bonheur dans ses yeux. C'est ma première mission dans la vie aujourd'hui...