Titre : A bout de nerfs

(Titre original : Wit's End)

Auteur : Greywolf Lupous

Traducteur : SuperMiss (aka Nao-asakura)

Nombre de mots : environ 24000


Notes de l'Auteur :

Avertissement : Sans dévoiler quoi que ce soit… en raison de la nature de l'histoire, je ne peux que vous assurer que rien n'est permanent et qu'à la fin tout est remis à sa place.

Spoilers : Aucun en particulier, bien que dans mon esprit l'histoire se situe vers la fin de la saison 3, donc il se peut qu'il y en ait certains en arrière plan.

Beta : Gayle, Gayle, la merveilleuse Gayle qui est restée debout très tard avec moi la nuit de dimanche et de lundi tandis que je tapais furieusement les scènes finales.

Remerciements spéciaux : Water Soter, pour m'avoir tenu la main et avoir exigé de voir chaque scène après qu'elle eut été terminée. Mon pote, Muzz, pour m'avoir laissé utiliser son téléphone portable, pour m'avoir aidé à trouver le nom du méchant et, bien sûr, l'image dérangeante de John Sheppard dans un costume de pom-pom-girl. Et un grand merci à X-Parrot pour avoir écrit "Games of Chance", qui a contribué à inspirer cette monstruosité.

Note de la Traductrice : Après un débat intérieur grave (sans rire), j'ai décidé de conserver le tutoiement entre Sheppard et McKay, même si j'ai cru comprendre que la VF (que je ne regarde pas) les faisait se vouvoyer.

Résumé : « Crois-moi, Sheppard, le jour où je craquerai pour de bon  dans un futur lointain après qu'un de ces idiots qu'on appelle mon équipe aura enclenché l'autodestruction de la cité pour la millième fois  je peux t'assurer qu'à ce moment-là ça sera pas beau à voir. »


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Une goutte de sueur tomba le long du cou de Rodney alors même que le fusil s'enfonçait davantage entre ses omoplates. Du coin de l'œil il voyait ses coéquipiers se rebiffer alors qu'ils recevaient un traitement similaire de la part de leurs ravisseurs.

La rage faisait quasiment trembler Ronon et le sang qui coulait de la coupure près de sa tempe ne faisait qu'ajouter à son apparence féroce. Teyla s'était raidie, mais il voyait la colère qui se dégageait de sa forme menue tandis qu'elle suivait des yeux la silhouette qui faisait les cent pas. La mâchoire de Sheppard se contracta davantage encore quand la silhouette s'arrêta et s'agenouilla devant Rodney.

Rodney se raidit et le mouvement fit que la brute enfonça encore plus le canon de l'arme primitive dans sa colonne vertébrale. Il se força à regarder l'homme qui lui faisait face et il ne savait pas encore avec certitude s'il devait voir rouge comme ses partenaires ou s'étrangler de riant.

« Vous allez me dire comme utiliser cette machine. » Le villageois ridiculement trop habillé agita la main en direction de la console au centre de la plateforme. « Ou bien. »

– Ou bien quoi ? » Rodney roula des yeux. « Vous allez me tuer avec vos gestes mélodramatiques ? »

La main s'agita inutilement en réponse à l'outrage que constituait l'absence de peur qu'il inspirait chez sa victime. « Je ne suis pas mélodramatique ! »

– Vous venez de terminer un monologue digne d'un méchant dans James Bond, complet, avec des projets ridicules de conquête galactique !

– Rodney, » avertit Sheppard sans élever la voix.

– Comme si j'allais prendre au sérieux un type qui porte une cape en fourrure !

– Hé ! » Le méchant étreignit ladite cape.

– Il fait au moins trente degrés ici. Pourquoi diable est-ce que vous portez de la fourrure ?

– C'est le seul matériau qui sied à mon statut royal…

– Royal ? » Rodney laissa échapper un rire. « Vous êtes le roi des clichés maintenant ? »

L'expression de son adversaire se changea en dégoût et il claqua des doigts en se relevant. Le fusil enfoncé dans le dos de Rodney disparut, mais avant que le soulagement ne puisse le submerger une solide paire de mains le remit sur pied.

« Aie ! Faites attention ! »

Du coin de l'œil il vit Sheppard plonger en avant, uniquement pour être récompensé d'un coup sur la tête.

Le cri que poussa Rodney fut quasiment étouffé par le grognement grave de Ronon et les protestations énervées de Teyla.

Un petit mouvement de poignet mélodramatique de la part de son employeur et l'homme qui gardait Sheppard levait le canon de son fusil pour le frapper de nouveau.

« Arrêtez ! » cria Rodney, se contorsionnant pour échapper à la poigne qui le traînait à l'écart de son équipe. « Je… je vais le faire. Arrêtez. »

Honnêtement, il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il était censé faire, mais en voyant le corps de Sheppard affaissé en avant, il réalisa qu'il devrait au moins faire semblant. Ils étaient deux à présent pour retenir Ronon en arrière, même si Rodney soupçonnât que c'était la main de Teyla sur son front qui l'empêchait d'agir, davantage que la double garde.

« Excellent. » le méchant fit claquer ses longs doigts quand il s'arrêta devant la large console au centre des ruines.

Rodney s'ébroua pour se débarrasser des mains qui le retenaient ; il trébucha en avant et se rattrapa à la machine. Un grondement de colère s'éleva derrière lui et Rodney espéra juste que Ronon serait capable de conserver son calme assez longtemps pour que le scientifique trouve comment se tirer de cette situation. Il attrapa la tablette qu'il avait laissée sur le dessus de la station, fronçant les sourcils en lisant les données affichées.

« Ça ne va pas, » marmonna-t-il doucement tout en faisant défiler les graphiques variés qui détaillaient l'utilisation de l'énergie.

Rodney s'était contenté de rallumer le système, lui fournissant juste assez d'énergie pour lui permettre de faire quelques tests afin de découvrir sa fonction au sein des ruines. Selon l'interface du programme, la machine fonctionnait à présent à plein régime, ce qui l'inquiétait, mais pas tout à fait autant que le message d'erreur qui clignotait. Le logiciel de traduction n'arrêtait pas de lui fournir des résultats confus, ce qui n'était pas bon signe non plus. On aurait dit que quelqu'un s'était mis à presser des boutons au hasard.

La sensation désagréable de la fourrure effleurant son bras indiqua à Rodney que le chef de leur joyeuse bande de kidnappeurs s'était approché de lui. « Ne marmonnez pas.

– Je ne marmonne pas. » Rodney le transperça du regard, parce que certaines habitudes ont la vie dure. « Qu'est-ce que vous avez foutu ?

– Foutu ? » S'étouffa l'autre homme. « J'essayais de la faire marcher !

– Eh bien, félicitations, ça ne marche pas ! »

L'étranger lui arracha la tablette des mains en fronçant les sourcils devant les affichages extraterrestres. « Je ne comprends pas.

– Peut être que vous le pourriez si votre cerveau n'avait pas la taille d'une cacahuète ! »

La douleur explosa sur le coté de sa tête quasiment au moment où Rodney se retrouva en train de tituber et de chercher aveuglément à se rattraper à quelque chose pour ne pas tomber. Des bruits de lutte l'obligèrent à ouvrir les yeux. Ronon et Teyla étaient en train de réduire en une bouillie sanglante les brutes qui les retenaient et Sheppard, qui avait apparemment fait semblant d'être plus gravement blessé qu'il ne l'était en réalité, était pour l'heure en pleine bagarre avec son propre gardien pour s'emparer de la version indigène et primitive d'un fusil.

Un poing le tira par l'épaule et désigna l'écran fissuré de la tablette. « Réparez ça ! »

Le sang lui battait les tempes quand il fixa des yeux les images sous le plastique fissuré et taché de sang. Il toucha brièvement sa tempe d'une main tremblante qui lui revint collante et humide, ce qui le récompensa d'un éclair de douleur à l'endroit de la blessure. Cela expliquait certainement le battement féroce dans sa tête – mais il n'était pas certain que ce fût à l'origine de ce qu'il voyait sur l'écran endommagé.

Sous l'écran brisé, un graphique illustrait un niveau d'énergie qui montait en flèche de manière dramatique. « Oh, c'est vraiment pas bon. »

L'autre homme le secoua violemment et Rodney tenta maladroitement de reprendre le contrôle de la console. Quelque chose s'enfonça sous les tâtonnements de sa main et une sensation désagréable lui étreignit l'estomac. « Oh, merde. »

L'électricité crépita autour de la console, remontant le long de ses bras et descendant le long de sa colonne vertébrale. Il entendit à peine que l'on criait son nom, un cri lointain et inquiet, puis le monde tout entier disparut dans un éclair blanc. Quelque chose d'impossible, à la fois chaud et froid, l'entourait, puis le monde revint petit à petit.

Rodney se tenait à côté de la console, serrant la tablette dans ses bras. Il essaya de cligner des yeux pour dissiper sa désorientation – il aurait dû être en train de cligner des yeux pour faire disparaître des points noirs causés par le flash de lumière – mais il voyait parfaitement bien. En fait, sa tête ne le faisait pas souffrir et quand il leva la main pour toucher sa tempe, il ne rencontra que de la peau douce et intacte.

« Peut-être que tu manques juste d'entraînement. »

Rodney leva les yeux de l'écran de la tablette qui affichait des courbes folles pour rencontrer le sourire éclatant, malicieux de Sheppard.

Après avoir senti sa gorge s'assécher d'un seul coup, Rodney se contenta de le fixer des yeux. « Quoi ?

– Je disais, peut être que tu manques juste d'entraînement. »

Rodney secoua la tête. « C'est… c'est pas normal. »

Le sourire s'effaça un peu quand Sheppard sembla se rendre compte qu'il était réellement perdu. « Hé, ça va ? »

Les yeux de Rodney dérivèrent jusqu'à la tablette qu'il avait en main : l'énergie sur le graphique s'était stabilisée, mais des icônes confuses tournaient encore dans un des coins de l'écran. Il lança un coup d'œil rapide à la ronde, apercevant Teyla qui se tenait à la lisière des ruines tandis que Ronon faisait le tour du périmètre d'un pas impatient. Il n'y avait qu'eux, tout seuls. Il se retourna pour jeter à Sheppard un regard empli de confusion.

« Qu'est-ce qui vient de se passer ? »

Sheppard fronça les sourcils. « Qu'est-ce que tu veux dire ?

– Je veux dire mais où est-ce qu'ils sont, bon sang ?

– Qui ça "ils" ?

– Qui… le Docteur Denfer qui vient de nous prendre en embuscade ! »

Le froncement de sourcils s'accentua et Rodney se rendit compte qu'une main s'était posée sur son épaule quand le pilote la serra, se penchant trop près du visage de Rodney pour que la situation soit confortable, comme s'il essayait de deviner quelque chose. « Est-ce que tu t'es cogné la tête ?

– Non je… » Commença Rodney, « oui, en fait.

– Tes pupilles ne sont pas dilatées. »

Rodney laissa errer son regard sur la main qui était toujours appuyée nonchalamment sur son épaule, mais il se figea quand il vit l'heure qu'indiquait la montre de Sheppard. « Qu'est-ce que ça veut dire ? »

Un léger soupir, presque offensé, répondit à sa plainte. « Quoi encore ?

– Ta montre s'est arrêtée.

– Non, je ne crois pas. »

Rodney haussa les épaules pour se débarrasser de la main, lâchant sans ménagement la tablette sur la console en sortant sa propre montre, découvrant la même heure. « Et merde.

– Tu commences à m'inquiéter.

– Et merde, et merde, et merde, » psalmodia Rodney, attrapant la tablette pour vérifier l'heure en bas à droite de l'écran de l'ordinateur.

– Rodney…

– Impossible, c'est forcément impossible.

– Hé, McKay, » la main se posa de nouveau sur son épaule et Rodney fut obligé de regarder Sheppard dans les yeux, « ça t'ennuierait de me mettre dans la confidence ?

– Ça va te paraître un peu dingue, mais je crois…

– Quoi ?

– Je crois, » Rodney déglutit, « que je viens d'être renvoyé dans le passé.

– D'accord, c'est ça. » La main qui agrippait son épaule le dirigea vers les marches. « Tu vas t'asseoir un peu pendant qu'on emballe tout.

– Non, je suis sérieux, je…

– Teyla, » Sheppard croisa son regard, « va chercher Ronon et rassemble l'équipement. Il faut qu'on ramène McKay sur Atlantis. »

Elle lui lança un regard inquiet et Rodney essaya de se lever, mais on le repoussa fermement afin qu'il reste assis. « Vous ne comprenez pas… »

Sheppard implora Teyla du regard et elle se retira sans un mot.

« Je vais bien ! » insista Rodney, mais la main qui le maintenait assis ne bougea pas.

– Tu viens d'admettre que tu t'étais cogné la tête.

– Eh bien, techniquement ça ne s'est pas encore produit.

– Oh, vraiment ?

– Oui, vraiment !

– Parce que tu as été renvoyé dans le passé ?

– Ne sois pas condescendant avec moi ! » Rodney se libéra d'un mouvement d'épaule et se remit debout. « Quelle excuse stupide : un mégalomane m'a frappé à la tête avec la tablette.

– Et pourquoi cet homme mystère ferait-il ça ?

– Parce que je l'ai insulté.

– Ah, c'est bien ton genre de faire ça.

– Mouais, merci, » ricana Rodney, revenant jusqu'à la console au centre de la plateforme. « Je crois que j'ai accidentellement appuyé sur quelque chose quand on se battait pour prendre le contrôle.

– Tu crois ?

– Ben j'avais peut-être une légère commotion cérébrale après m'être pris mon propre ordinateur dans la tête.

– Mais à présent tu n'en as plus.

– Exactement, parce que ça ne s'est pas encore produit.

– Et quand est-ce que notre mystérieux méchant est censé apparaître et te maltraiter de la sorte ?

– Oh, » Rodney consulta sa montre, écarquillant les yeux, « à peu près maintenant.

– T'es sérieux ? » La voix de Sheppard baissa d'un coup tandis qu'il levait son arme et jetait un regard aux alentours de la clairière.

– Oh, oui, » fit Rodney en riant bêtement avant d'allumer son oreillette. « Euh, Ronon. Ça serait bien que tu guettes l'arrivée de brutes stupides maniant des fusils. »

Sa requête ne rencontra que le silence. Sheppard plissa les yeux et alluma sa propre oreillette. « Ronon, Teyla, revenez. »

Il échangea un regard hésitant avec Rodney alors que leurs appels demeuraient sans réponse. « Je n'aime pas ça…

– C'est ce que tu as dit la dernière fois.

– Alors je suis sûr que tu vas faire comme la dernière fois et rester ici pendant que je vais voir ce qui se passe.

– Non, ne fais pas ça ! »

Mais il était déjà parti, le canon de son P-90 relevé. Rodney était en proie à l'indécision mais il reposa la tablette et se mit à courir après Sheppard. La dernière fois, il l'avait vraiment écouté et tout ce que ça lui avait rapporté c'était un fusil enfoncé entre les épaules tandis que ses coéquipiers étaient contraints de se rendre. Cette fois il n'allait pas jouer au scientifique pris en otage.

« Attends ! » Cria-t-il en direction de la silhouette qui s'éloignait. Il avait atteint la lisière de la plateforme quand une main costaude se referma sur le dos de sa veste de mission et le tira violemment en arrière.

Il déglutit. « Je suppose que c'est pas toi, Ronon. »

La sensation bien précise et inconfortable d'un bras pressé contre sa trachée lui confirma que, non, ce n'était pas Ronon.

« Putain, Rodney je t'avais dit de… » La tirade agacée de Sheppard mourut quand il releva d'un geste brusque son P-90. « Lâchez-le.

– Baissez votre arme. »

Le canon du P-90 ne bougea pas. « Tu n'étais pas censé le voir venir, toi le voyageur temporel ?

– Oh, la ferme ! » Hoqueta Rodney malgré la pression autour de sa gorge.
Il voyait que les mains de Sheppard agrippaient plus fort le P-90 tandis qu'il plissait les yeux. « Je ne le dirai pas deux fois. »

Le bras resserra sa prise et la vision de Rodney devint floue alors qu'il essayait désespérément de prendre une bouffée d'air. Il griffa le bras qui entourait sa gorge, mais il n'arrivait pas à trouver une bonne prise. Les ténèbres commencèrent envahir sa vision avant que la pression ne soit enfin relâchée. Il ne réalisa pas qu'il était en train de tomber jusqu'à ce que deux mains ne se posent sur ses épaules, prévenant sa chute.

« Une petite mise en garde serait utile, la prochaine fois. » Les doigts de Sheppard s'enfoncèrent dans son uniforme, le ramenant à la réalité.

– Je t'ai mis en garde, » dit Rodney en s'étranglant entre deux grandes bouffées d'air, « tu as seulement pensé que j'étais dingue.

– Non.» Sheppard l'aida à marcher droit en le tenant alors qu'ils avançaient jusqu'à la plateforme. « J'ai pensé que tu avais une blessure à la tête.

– C'était le cas, euh, non. Enfin pas encore.

– Tu comprends pourquoi j'étais un peu embrouillé.

– Fait chier ! »

On les poussa à genoux une nouvelle fois et la pression bien trop familière d'un canon de fusil s'enfonça dans son dos.

« Déjà vu, » marmonna Rodney.

– Je parie que ça s'est passé comme ça la dernière fois aussi, » grommela Sheppard en se retrouvant du mauvais côté de sa propre arme.

– A peu de choses près. »

Le cliquetis métallique fit frémir Rodney tandis que leur ennemi mal habillé déambulait sur la plateforme. « Eh bien, eh bien, eh bien. Comme on se retrouve.

– Qui… Oh, c'est vous. » Le visage de Sheppard se renferma quand il reconnut le villageois fou qu'ils avaient croisé plus tôt dans la journée. Enfin, plus tôt plus tôt, avant toute cette histoire de kidnapping et de voyage temporel, quand l'homme s'était montré un peu trop désireux de s'entretenir en privé avec Rodney. Plus tard, quand Ronon eut fait déguerpir le petit homme, leur guide leur avait assuré qu'il était globalement inoffensif ; le fils pourri gâté, légèrement dégénéré de l'homme le plus riche de la ville. Le guide avait omis de mentionner que la richesse pouvait également acheter une bande d'hommes de mains armés.

« Oui, c'est moi…

– Par pitié, qu'il ne se lance pas à nouveau dans une grande tirade, » soupira bien fort Rodney. « La dernière fois il a passé cinq minutes à nous exposer des plans ennuyeux à mourir pour la domination de la galaxie.

– La domination ? » Sheppard détailla du regard l'homme maigrichon et drapé dans une fourrure qui se tenait devant eux. « Vraiment ?

– Mon plan est de m'emparer du pouvoir de cette machine…

– Devenir impossible à arrêter oui, on a déjà entendu tout ça !

– Pas moi, » dit Sheppard en haussant les épaules.

– Eh ben moi oui, et une seule fois me suffit ! » Fit Rodney d'un ton brusque.

– J'ai du mal à croire qu'on se soit fait capturer par ce type deux fois de suite.

– Eh bien, euh, » Rodney détourna les yeux d'un air coupable, « à vrai dire, vous n'avez pas tout à fait été capturés la dernière fois.

– Oh ?

– Vous aviez le dessus, euh, avant que je sois pris en otage.

– Beau travail pour éviter ça, cette fois.

– Je pourrais jurer que ce type n'était pas là avant !

– T'es sûr que c'est pas juste ta "non-blessure à la tête" qui t'embrouille ?

– Tu sais quoi ? Je te parle plus.

– C'est censé être vexant ? »

Rodney se contenta de regarder devant lui d'un air absent.

« McKay ?

– Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans la phrase "je ne te parle plus", Sheppard ?

– Le fait que tu viennes juste de me parler.

– Je ne t'ai pas… oh, laisse tomber ! » Rodney commença à se lever mais le canon s'enfonça davantage dans son dos. « D'accord, tu sais quoi ? Ça commence à m'énerver.

– Je ne vois vraiment pas pourquoi ils ont essayé de t'ouvrir le crâne la dernière fois. » Sheppard roula des yeux.

Leur ennemi garni de fourrure claqua dans ses mains, obtenant pour de bon leur attention. « C'est pas bientôt fini ?

– Oh, c'est l'heure des menaces vaines et autoritaires maintenant ?

– Hé, McKay, essaie de ne pas provoquer les types qui tiennent les armes.

– Oh, comme si je le savais pas, » ricana Rodney. « Écoutez, Machin…

– Turner, » corrigea ce dernier, agacé.

Si vous voulez. Toute cette histoire s'est déjà produite et comme je vous l'ai dit la première fois, avant que vous ne cassiez la machine, ce n'est pas comme ça qu'elle fonctionne.

Je ne casse pas les choses, Dr. Maquereau !

– McKay ! »

Turner haussa les épaules, déambulant entre la console et la tablette.

« Hé, ça vous ennuierait de ne pas toucher à ça. Je dis juste ça parce que la dernière fois… aie ! »

Le coup à l'arrière de son crâne n'avait pas vraiment été assez fort pour le blesser pour de bon, mais Rodney reçut le message et arrêta de parler. Sheppard s'était tendu, mais au moins cette fois il avait eu le bon sens de ne pas se faire assommer. Peut-être qu'il attendait juste un mouvement de la part de Ronon et Teyla, et Rodney n'avait pas le cœur de lui dire qu'il n'arriverait probablement aucune aide, si son expérience précédente était un véritable point de référence.

« Vous, » fit Turner en claquant des doigts en direction de Rodney tout en étudiant la tablette, « expliquez-moi ceci.

– Je ne préfère pas. » Rodney leva le menton d'un air indigné. « La dernière fois que j'ai essayé, vous avez décidé de me la fracasser sur le crâne.

Rodney. » La voix de Sheppard avait de nouveau pris ce ton prudent et il fut de nouveau assailli par cette impression de déjà vu. Il n'y prêta pas attention, parce que, eh bien, cet avertissement arrivait à peu près à chaque mission.

« C'est bon, » dit-il en se calmant, et la pression à la base de sa colonne vertébrale se fit un peu moins forte. « Cela dit, il ne va pas aimer ce que j'ai à dire.

Et tu vas dire ?

Cette machine ne confère pas de pouvoir, comme il le pense, elle a été conçue comme faisant partie de cet observatoire.

Et qu'est-ce qu'elle est censée faire ? » Turner était revenu à grands pas devant eux.

– Euh, ça je l'ai pas encore trouvé. » Rodney haussa les épaules, signalant son impuissance. « Vous n'avez vraiment pas un bon timing. »

Un des sourcils de Turner se souleva. « Peut être que c'est vous qui avez un mauvais timing, Dr. Matté.

– Je suis quoi ? Français ? C'est McKay ! »

Il entendit Sheppard jurer à voix basse et il se détourna de sa joute verbale pour voir que Teyla et Ronon sortaient des bois qui bordaient les ruines, les mains sur la tête.

« Comme vous pouvez le constater, j'ai tous vos amis. » Un doigt manucuré donna un petit coup sur le front de Rodney et il dût réfréner une envie grandissante de le mordre. « Maintenant si vous vouliez bien arrêter d'être si entêté, nous pourrions éviter que cette situation ne devienne encore plus désagréable. »

Rodney pinça les lèvres jusqu'à ce qu'elles ne dessinent plus qu'une fine ligne. La dernière chose qu'il souhaitait c'était que son équipe ne soit blessée parce qu'il n'avait pas fait attention. Encore une fois.

« D'accord, d'accord. Laissez-les partir.

– Quand vous aurez mis la machine en marche. »

Il lança à Sheppard un regard désespéré, connaissant ses penchants pour les actes héroïques. « Ne fais rien de stupide. »

On le remit sur pied d'une façon bien trop familière. Cette fois il ne protesta pas et du coin de l'œil il vit Ronon et Teyla brutalement forcés à s'agenouiller à côté de Sheppard. En se mordant les lèvres, il tenta d'ignorer sa panique grandissante en prenant la tablette que lui tendait Turner.

« Réparez-la. »

Rodney étudia les données affichées et les icônes qui tournaient toujours de manière folle. « C'est étrange.

– Quoi ?

– La dernière fois on aurait dit que qu'elle était au bord de la surcharge, » répondit-il d'un ton renfrogné, mais il omit l'accusation. « On dirait qu'elle est bloquée.

– Bloquée comment ?

– J'en sais rien, vous venez à peine de me donner cette putain de tablette ! » Il lança un regard à la dérobée en direction de ses coéquipiers pour s'apercevoir qu'ils étaient tous tendus, prêts à passer à l'action. Se rappelant ce qui s'était produit la dernière fois, il radoucit sa voix. « Je veux dire, j'ai besoin de plus de temps. »

Turner lissa d'un air impatient la fourrure sur le col de sa cape. « J'ai tout le temps qu'il faut. »

Rodney serra les dents et dirigea de nouveau son attention sur la tablette, espérant qu'une réponse quelconque allait lui sauter aux yeux. Quelques minutes s'écoulèrent et sa frustration grandit, vu qu'il ne pouvait apparemment pas en tirer la moindre réponse.

« Fait chier !

– Vous essayez de gagner du temps.

– C'est pas vrai ! » Fit Rodney d'un ton abrupt. « Ce con de truc est cassé !

– Peut-être que vous manquez juste de motivation, » dit Turner en faisantun pas en avant pour emprunter à un de ses gardes un des P-90 volés.

Rodney écarquilla les yeux. « Non, non, je vais la faire marcher !

– Vous me l'avez déjà promis. »

Il leva le P-90, visant Sheppard. Rodney cria "non" mais tout disparut quand le monde devint de nouveau blanc.

« Peut-être que tu manques juste d'entraînement. »

Le monde revint en place, centré sur le sourire de Sheppard, et Rodney relâcha sa prise sur la tablette.

« Pas encore, » grogna-t-il.

– T'inquiète pas ; ça arrive aux meilleurs d'entre nous.

– Non, non, non ! » Jura Rodney, sortant sa montre. « C'est même pas drôle.

– D'accord. » Le sourire disparut devant l'agitation de Rodney. « Je retire ce que j'ai dit.

– Pas toi ! » Fit Rodney d'un ton brusque, avant de s'arrêter. « Cela dit, oui, toi aussi.

– Ça va ?

– Je vais bien ! » Rodney se saisit brusquement de la tablette. « Et non, je ne me suis pas cogné la tête.

– Comment tu…

– Déjà vu, déjà entendu. C'est la troisième fois, essaie de suivre.

– De quoi tu parles ?

– Tu te souviens du rapport de la mission de SG-1 sur P4X-639.

– Euh, vaguement ?

– Il y avait un appareil sur cette planète qui faisait se reproduire les mêmes six heures en boucle encore et encore.

– Qu'est-ce que ça a à voir avec quoi que ce soit ?

– Ouvre grand les yeux, » Rodney agita une main en direction de la console, « tu as apparemment devant toi la version de la galaxie de Pégase. Mis à part qu'au lieu de six heures on a dix-sept minutes.

– C'est un peu arbitraire.

– Oui, eh ben, c'est la vie.

– T'es vraiment sûr que tu ne t'es pas cogné la tête ?

– Oui j'en suis sûr, et non, n'envoie pas Teyla et Ronon emballer nos affaires. On va bientôt avoir de la compagnie.

– De la compagnie ?

– Tu te souviens de la petite tapette de ce matin ? »

Sheppard grimaça. « Malheureusement oui.

– Eh bien, il est sur le point de nous prendre en embuscade. Et ça va mal finir pour nous – surtout si tu pars en vadrouille dans les bois.

– Je ne suis pas sûr… »

Rodney tapa sur le bouton d'appel de sa radio. « Ronon, Teyla, ici McKay. Revenez aux ruines.

– McKay ? » La réponse radio de Ronon oscillait entre la surprise et l'amusement. « C'est pas Sheppard qui donne les ordres ?

– Oui, eh ben il est un peu lent à la détente en ce moment. Embuscade imminente, alors on resserre les rangs, d'accord ?

– De quoi est-ce qu'il parle ? » La question s'adressait visiblement à Sheppard.

« Faites ce qu'il dit. » Sheppard jeta un coup d'œil méfiant au scientifique. 

« Revenez. »

Les épaules de Rodney se détendirent un peu. « Merci.

– J'espère que tu es conscient que ça parait un peu…

– Dingue ? Oui, c'est déjà ce que t'as dit la dernière fois.

– En fait je pensais toujours à une blessure à la tête.

– Oh, ouais, » fredonna-t-il doucement, « c'est vrai.

– Quoi ?

– Tu n'as pas pensé que j'étais dingue la dernière fois. Merci pour ça.

– Euh… y a pas de quoi ? »

Rodney tapota la tablette plusieurs fois, mais elle ne répondait toujours pas. Il poussa un gros soupir et la replaça sur la console. « C'est pas très bon.

– Qu'est-ce qui n'est pas bon ? » Teyla monta sur la plateforme, son regard passant de l'un à l'autre.

– Ce truc est complètement bloqué.

– Tu as essayé de faire ctrl, alt., suppr ? » Demanda Sheppard, en ne rigolant qu'à moitié.

– Oui, parce que les Anciens utilisent des raccourcis clavier Windows ! »

Sheppard haussa les épaules, hochant la tête à l'arrivée de Ronon. « Bon, on est tous là. Et maintenant quoi ? »

Rodney cligna des yeux et les regarda fixement. « J'en sais rien.

– T'en sais rien ?

– J'étais trop occupé à être pris en otage pour mettre au point des stratégies.

– Est-ce que tu sais au moins à quel moment ils sont censés passer à l'action ? »

Rodney vérifia sa montre. « Bientôt.

– Ce n'est pas vraiment l'endroit idéal pour repousser une attaque.

– Je m'assurerai que la prochaine boucle temporelle dans laquelle on sera pris soit conforme à tes standards militaires ! »

Sheppard poussa un grand soupir. « Ça va, toi continue de travailler sur cette machine. Nous on va voir si on ne peut te couvrir un peu. »

Rodney pinça les lèvres. « D'accord, euh… d'accord. »

Sheppard lui lança un regard méfiant et fit signe à Teyla et Ronon d'essayer de se mettre à couvert derrière certains pans de murs écroulés.

Sans (trop) se plaindre davantage, Rodney rampa sous la console, déterminé à trouver comment couper manuellement le courant de la machine. C'était sombre, exigu, mais il retrouva quand même les câbles qui couraient jusqu'au panneau qu'il avait ouvert pour raccorder son ordinateur à la machine. Le courant faisait des étincelles à l'endroit du branchement et il arrêta sa main.

« Merde.

– Ça va, là-dessous ? » La voix de Sheppard dériva jusqu'à lui.

– Ouais, » fit Rodney dans un souffle, observant les fils électriques qui faisaient des étincelles, « je viens juste de tomber sur un léger problème.

– Léger comment ?

– Léger comme un risque d'électrocution, » fit Rodney en contemplant les fils qui grésillaient, essayant de se rappeler s'il avait apporté des gants isolants avec lui. Quelque chose tira sur la jambe de son pantalon. « Quoi ? »

On tira plus fort. En soufflant d'un air énervé, il ressortit en glissant pour faire face à Sheppard. « Quoi ?

– Ils sont là. »

Rodney déglutit. « Oh, d'accord. »

Les lèvres de Sheppard ne formaient plus qu'une mince ligne. « Ne sors pas tant que je t'ai pas donné le feu vert.

– Et si tu le fais pas ? » La peur l'étreignit quand il se rappela ce que Turner avait été sur le point de faire au cours de la dernière boucle.

Cela lui valut seulement un sourire narquois bien connu. « Homme de peu de foi.

– Juste…

– Tout ira bien. Toi tu fais tes réparations. »

Rodney hocha la tête et disparut de nouveau sous la console. Les étincelles continuaient de pleuvoir du panneau et dans son esprit il passa en revue la gamme d'options qui s'offraient à lui pour réparer ça sans se transformer en sapin de Noël humain. Il entendait des échos de tirs saccadés de P-90 et cela lui faisait remonter l'estomac dans la gorge. Il commença à ressortir, mais un bref coup de pied dans le tibia le renvoya sous la protection de la console.

Il se recroquevilla dans un coin, se contorsionnant pour s'éloigner du panneau qui crépitait furieusement, jusqu'à ce que les coups de feu ne disparaissent dans un flamboiement blanc.

« Peut-être que tu manques juste d'entraînement. »

Rodney grogna et se laissa glisser au sol.


NdA: Oh, quel problème ces boucles temporelles folles. Que va-t-il bien pouvoir se passer ensuite ? Du whump… ben quoi ?